Zybine vivait hors du temps. Il fermait les yeux et la nuit venait : l’ampoule projetait une lumière lisse, le corridor était silencieux, dehors, dans l’air cristallin, sifflaient de tendres locomotives, des chiens aboyaient… Il ouvrait les yeux et c’était le matin : le gardien criait : « Debout ! », tout en tapant avec sa clef à la tôle de la porte, les bouilloires chaudières cliquetaient sur les dalles, les guichets se rabattaient, des femmes à tabliers gris posaient sans bruit sur la tablette le pain avec l’eau chaude, le gardien de nuit, en compagnie du gardien de jour, venait s’enquérir si le détenu avait des demandes ou des réclamations à formuler, et le détenu n’avait rien à demander ni contre quoi réclamer. Il flottait dans un vide diaphane, s’y dissolvait et devenait ce vide même… Il ne se levait que pour des besoins pressants, buvait l’eau, mangeait le pain (on le laissait en paix : ce n’était pas la grève de la faim), contemplait le plafond blême, l’ampoule inextinguible, et planait.
Il s’était à peu près dématérialisé le jour que des intrus firent irruption dans sa cellule : le commandant de la prison, un gardien, le jeune médecin blond qui ressemblait à un slavophile de jadis, et Miatchine, le procureur, lequel demanda :
— Comment allez-vous ?
— Pas mal, merci, et vous ? lui fut-il répondu.
— Pouvez-vous marcher ? …
…
— Mais il se porte à merveille ! déclara en souriant le slavophile…
…
— Mais vous restez couché ? Vous êtes malade ?
— Non
— Qu’avez-vous ?
— Je meurs.
Il en avait la tranquille certitude : il n’était pas malade ; il mourait. On ne pouvait plus rien contre lui. Il ne devait plus rien à ces gens.
… … Puis tout sombra dans le brouillard : il avait fermé les yeux…
… Deux gardiens le prirent délicatement sous les bras et l’emmenèrent. Dans le corridor, il reprit un peu conscience. « On va au bout ? » demanda-t-il. On lui répondit que oui. Tranquillisé, il hocha la tête. Tout se déroulait comme prévu. Le jeune et beau médecin allait arriver pour les constatations d’usage… … …
… … … cette peu réjouissante histoire, elle est arrivée l'an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline, le génial guide des peuples, c'est à dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance de Jésus-Christ, année néfaste, grosse d'un avenir terrifiant.
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’inutile, p. 419, p. 429
Serge lvanovitch Kalmykov, génie n°1 de la Terre et de la Galaxie
Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. »
On va au bout ?
Republican Museum of Fine Arts named after A.Kasteev :
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Répertoire des Musées du Goulag
Mémorial pour les millions de victimes du communisme
Organisations agissant pour les victimes du communisme
Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937
ALZHIR memorial, Kazakhstan
KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan
Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy
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