Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 5 décembre 2020

Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade »


Alma Ata, la cathédrale de l'Ascension, construite entre 1904 et 1907 par l'architecte russe Andrey Zenkov.
Cette cathédrale fut transformée en musée par la Révolution bolchevique…
C'est là qu'en 1937 exerçait Zybine le personnage central de la Faculté de l'Inutile

Pas très loin de là, au marché Vert (le Zelyony Bazaar), marché kolkhozien, peignait et haranguait la foule Sergey Kalmikov.


"Moon Suite III" oil on paper laid down on masonite, 33.5 x 28 cm

« Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. Personne n’a le loisir d’entendre des choses sérieuses. Or, à force de causer, chaque jour, dans la rue, avec les uns et les autres, on s’entraîne à l’éloquence. Il vous vient à l’esprit des formules qui frappent. On ramène de dehors des trouvailles. Je marchais en silence et soliloquais… » [Serge Ivanovitch Kalmykov,  Samarkand 1891-Alma-Ata 1967]
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’Inutile, p. 41



Republican Museum of Fine Arts named after A. Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression

Répertoire des Musées du Goulag

Mémorial pour les millions de victimes du communisme

Organisations agissant pour les victimes du communisme

Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937

ALZHIR memorial, Kazakhstan

KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan

Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy



mercredi 2 décembre 2020

Serge lvanovitch Kalmykov, génie n°1 de la Terre et de la Galaxie


« Star Cup » 1941, huile sur carton. 62x44 cm

Zybine… aperçut un peintre devant son chevalet. Un fameux hurluberlu ! Un mois auparavant, des voisins ayant porté, plainte il avait signé ses explications à la milice : « Serge lvanovitch Kalmykov, génie N°1 de la Terre et de la Galaxie, décorateur des ballets Abaï. »  En ces temps où un seul être passait pour être le génie de l'humanité, pareille audace pouvait coûter cher, marquant soit une dérision, soit une intention de concurrence. Des hypothèses de cet ordre avaient, semble-t-il, été émises en haut lieu. Les choses en restèrent là. Un personnage important, ayant croisé Kalmykov dans la rue, s'était dit sans doute que cette tête-là ne lui rapporterait pas lourd. Il avait tort. Que le peintre fît son apparition dans la rue, et il se produisait aussitôt un brouhaha. La circulation ralentissait. Les gens s'arrêtaient. Un être insolite s'offrait à leurs regards : rouge, jaune, vert, bleu, couvert de passepoils, de franges, de rubans. « Imaginez, disait-il, qu'on nous regarde du fin fond de l'Univers. Que verrait-on ?  Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi ! »

 Cette fois aussi, il s'était vêtu pour la Galaxie. Son béret semblait prêt à l'arracher au sol. Une cape bleue pendait à ses épaules décharnées, laissant voir un vêtement furieusement coloré. Kalmykov jetait sur la toile une touche, une seconde, une troisième, avec une espèce de nonchalance, comme en se jouant. Puis il reculait, abaissant son pinceau d'un mouvement brusque. La foule s'écartait. Lui visait, pointait, projetait la main en avant, et une grasse touche noire se collait à la toile, dans le bas, de travers, gauchement, comme hors de propos. Mais d'autres giclées suivaient et, aussi, des effleurements du pinceau, c'est-à-dire des taches jaunes, vertes, bleues et, du brouillard des couleurs, quelque chose émergeait, surgissait prenait corps, un fragment de marché, de la poussière, du sable chauffé à blanc, un tombereau de pastèques. Le soleil estompait les contours, apaisait les couleurs, amollissait les formes, et le tombereau fondait dans la vibration de l'air incandescent. Cependant, les badauds regardaient, jugeaient, rigolaient, se bousculaient pour mieux voir : des poivrots, des enfants, des femmes. Les gens sérieux n'avaient que faire de ces amusements. Si même ils jetaient un coup d’œil, ils passaient vite leur chemin. « Un barbouilleur, disaient de Kalmykov les gens de poids. Dans le temps, les individus pareils, on les mettait à l'asile ! »
 

*     *    *


Bien des années plus tard, après la mort du peintre, le carnet de notes de Kalmykov tomba entre les mains de Zybine. Le défunt y consignait par ordre alphabétique tout ce qui lui passait par la tête. Ainsi Zybine lut à la lettre « P » :


Personne plus que moi n'aime à dessiner dans la rue. C'est ma force. Les gens badaudent et bayent aux corneilles. Les enfants voient peindre pour la première fois. Les envieux me brocardent. Je me rebiffe. Je pérore, je fais des mots. Là je suis dans mon élément. je n'ai pas d'égal. Il semblerait qu'on dût pour cela me couvrir d'honneurs. Non ! Ma vie durant, j'ai travaillé gratis. Travaillé pour dix dans le désintérêt universel. Mais le jour viendra où ces idiots auront de mes nouvelles !

Serge Ivanovitch Kalmykov : Ultime autoportrait, 1967

Et encore, à la lettre « S » :


Si l'on parle de l’essentiel, c'est la débandade. Personne n'a le loisir d'entendre des choses sérieuses. Or, à force de causer, chaque jour, dans la rue, avec les uns et les autres, on s'entraîne à l’éloquence. Il vous vient à l'esprit des formules qui frappent. On ramène de dehors des trouvailles. Je marchais en silence et soliloquais…

Tel il était effectivement : sûr de soi, insensible aux quolibets, hors de portée de la critique, génie méconnu qui ne tenait d'ailleurs pas à être reconnu. De tous les peintres, poètes et philosophes connus ou obscurs, il était le seul, pensait Zybine, à qui pût pleinement s'appliquer la formule de Pouchkine : « Tu es le souverain, vis seul. »  

Kalmykov vivait ainsi : conscient de son droit divin. Ce souverain ne se laissait troubler que par de futiles détails : « Il y a du papier ciré à 1 rouble 54, mais je ne possède que 80 kopecks. »  Encore cela ne le peinait-il pas outre mesure.

En matière de manque, d'absence, le calepin révélait un vocabulaire d'une précision mathématique.
 Le premier article qui lui fut consacré post mortem se terminait ainsi :
 « On voyait marcher dans les rues d'Alma-Ata un homme étrange, le chef hirsute coiffé d'un béret, portant un vaste pantalon en toile à sac,  cousu avec des fils de couleur et, sur le côté, une immense besace peinturlurée ». Ces dernières années,  il avait noté dans son carnet : « Que m’importent les théâtres et les cirques ? Pour moi, le monde entier est un théâtre. Et la Galaxie, plus encore que le monde entier. »

Mais on s’en rendait mal compte en 1937. C’était justement en 1937 qu'à propos de l'exposition organisée par l'Union des peintres pour le vingtième anniversaire de la révolution, le Kazakhstan Littéraire avait jeté feu et flamme. Et Zybine y avait lu :
 « On ne comprend pas pourquoi les organisateurs ont toléré les tableaux d'un nommé Kalmykov. L'un représente deux citoyens qui brandissent des valises. De toute évidence, ces valises sont vides, parce que des valises pleines ne se laisseraient pas manipuler comme cela. C'est un déplaisant et inculte barbouillage.»


« Le miroir » 1945, huile sur carton. 60x40 cm

Or les plus beaux dessins de Kalmykov datent de cette période. Les femmes y ressemblent à des palmiers ou à des fruits du Sud. Elles ont les mains fines, les yeux en amande. De haute taille, debout ou couchées, elles emplissent toute la surface de la feuille. Quelques-unes ont des ailes, telles des fées. D'autres sont simplement des femmes. Sur des dessins publiés, le long et lourd vêtement d'intérieur n'est que jeté sur les épaules. Il laisse voir la jambe, la poitrine, le torse. La femme porte un vase de style oriental, comme on en fait dans les montagnes. Sur une petite table, un candélabre allumé (on dirait un rameau avec trois fleurs écloses) et un livre ouvert avec un signet. Dans le silence de la nuit, où donc va cette belle solitaire, que suit - chien ou chat ? - une créature étrange. 
Un autre dessin est intitulé Jazz lunaire. Une blonde élancée, douce et froide (il est à présumer que Kalmykov n'admettait qu'un seul type de beauté féminine), avec des ailes de papillon, porte sur un plateau une bouteille à col fin et un vase d'où jaillit une branche. Ici encore, les vêtements laissent voir le corps. (Plus exactement, tout le corps est une ligne ondoyante enfermée dans l'ovale des vêtements.) Et, ici encore, il fait nuit. Au fond, un serviteur, en coiffure et cape baroques, descend les marches d'une estrade.
 

Kalmykov a laissé deux ou trois cents de ces dessins dont la vertu d'envoûtement est indicible. Les techniques employées sont diverses : le pointillé et la ligne continue, des contours vides ou habités de couleur, le crayon aussi bien que l'aquarelle. Dans le Chevalier Motte, le personnage n'est pas sans ressembler à Kalmykov : même cape tumultueuse, même béret, même capuchon de couleur démente, et les décorations de tous les pays existants ou non !

L'homme va, il rit, il vous regarde. En public. Kalmykov n'a jamais ri. Jamais il n'a laissé entrer personne dans cet univers de jazz lunaire, de belles ailées qui prennent leur vol et de cavaliers superbes. Dans cet univers-là, il a toujours été seul

.

*      *    *



« Le Prince Noir » 1930…, huile sur carton. 58x48 cm


Zybine avait déjà rencontré Kalmykov. Le directeur, athée militant, rêvait de faire bâtir, près du parc Gorki, une filiale du musée  qui s’appellerait « Science et Religion ». Il avait demandé au peintre un projet de décoration et, au conservateur, son avis sur ledit Projet.

- C’est fort bien, avait dit Zybine, mais je comprends mal cette représentation de l’espace. Il n'est ni plan, ni sphérique, tout en échappant à la perspective habituelle.


- Exact avait répliqué Kalmykov : j'ai aboli le temps, parce  qu’il suffit de perturber l’équilibre des angles et des lignes  pour qu’ils tendent à l’infini. Savez-vous ce que c’est qu’un point ? Eh bien, un point, c’est l'état zéro d'un nombre infini de cercles concentriques, dont les uns, sous un signe déterminé, se propagent vers le pourtour du cercle, alors que les autres, sous le signe inverse, se propagent du zéro vers l'intérieur. C'est ainsi qu’un point peut avoir la dimension du Cosmos.

« Ce gars est parfaitement siphonné », avait pensé Zybine.



« Le réveil d'un loup-garou » 1937, huile sur carton. 70x56 cm


De longues années plus tard, il devait écrire :
Ce fut mon seul entretien avec Kalmykov. Je savais qu'il avait pris sa retraite, obtenu un studio dans un immeuble neuf, après avoir habité dans de vétustes baraquements de caserne, et qu’il y vivait seul, se nourrissant de lait et de kacha, parce que végétarien convaincu. On le voyait souvent dans la rue. Il avait maigri, jauni. Son visage s’était sénilement effilé, desséché. Les deux rides profondes qui partaient des ailes du nez s’étaient encore creusées. Il s'accoutrait d'un pantalon bouffant à passepoil doré, et portait au côté un immense tambourin à langues de feu, d’où pendaient des glands écarlates, jaunes, violets et pourpres. Il se ruinait, disait-on, à acheter tous les journaux dont disposait le kiosque. Je m'en ressouvins en entrant dans sa chambre, le surlendemain de sa mort. Il n'y avait pour meubles que des poufs faits de liasses de journaux ficelés. c'est là qu’il révait de couleurs, ou notait - à la lettre D - dans ses carnets : "
Des ours blancs m'ont emporté sur une civière noire vernie. Des Nègres de Bakst marchaient en tête de la procession. De petits singes capucins les suivaient.

 Ou encore, à la lettre « V » :
 Vu des enfilades de salles resplendissantes à carreaux de couleur.
 C'est alors que, parmi les jazz lunaires, les fées et les cavaliers, j’ai remarqué, sur un bout de carton, quelque chose de trouble, de glauque, de tordu, d'écumant, de déchirant, de presque effrayant. J'ai consulté la date : c'était ce que Kalmykov peignait le jour de notre seule et unique conversation, il y a un quart de siècle. À grandes touches de blanc, d'ocre et de bleu de Prusse, il avait représenté le lieu où aurait dû être érigé, sur la rive de l'Alma-Atinka et par décret du directeur, le pavillon « Science et Religion » : des rochers, des blocs, de menus galets aux couleurs vives, une rive en pente douce, un torrent écumant avec ses tourbillons, ses embruns, sa rumeur ; sur les plus grosses pierres, des hommes en caleçon de bain se prélassant au soleil. Et tout était dans ce soleil. Sous l'impact brûlant de sa lumière dure, jaune, perçante, la rivière ressemblait à un écorché. On distinguait nettement les faisceaux de muscles, renflements blanc ocré, figés dans une convulsion. Le tableau était si discordant qu'il faisait mal. Ce n'était pas de ces paysages qu'on aimerait accrocher au mur de sa chambre. Mais, dans une exposition, et quel que fût le nombre des autres tableaux, cette chose âpre, déplaisante, ne ressemblant à rien, arrêterait immanquablement. Et, un jour, dans la rue, en prenant le thé, ou même au lit, on s'en ressouviendrait sans qu'il fût besoin d'un prétexte, on se demanderait ce que le peintre a voulu dire.
 Il m'a fallu une bonne semaine pour comprendre. Kalmykov avait peint la Terre. La Terre en général, telle qu'il l'avait imaginée en ce matin déjà si éloigné. Une planète étrangère, encore inhabitée. Un réceptacle de forces instables. Ces garçons qui se bronzent au soleil, la rivière s'en fout : elle a sa signification cosmique propre, sa tâche dont elle s'acquitte avec la sereine ténacité de toute matière inerte. C'est bien pourquoi elle ressemble à un faisceau de muscles tendus à craquer. Et ce ne sont pas des rochers, mais des débris de planète. Ces couleurs sont sauvages parce que les hommes ne les utilisent jamais. Nous sommes face à la nature même, à la «  Nature naturée » du philosophe. Sur ce bout de carton, représentant dix mètres d'une rivière minable, c'est le cosmos qui se déchaîne, le même cosmos que parmi les étoiles de la Galaxie et des métagalaxies. Les gars peuvent toujours jouer aux galets : ça ne concerne pas le Grand Tout.

 …
… … … …

*     *    *


« Clair de Lune Suite № V ». 1947, huile sur carton. 34x28 cm


… il a été relâché. Chez nous aussi, ça arrive. Les voies du destin… sont impénétrables… 
Zybine sortit deux heures plus tard et marcha droit sur la cabine téléphonique. Comme elle était occupée, il s'assit sur un banc, à quelque distance. Le soleil tapait encore dur, mais, déjà, déambulaient des couples très vespéraux, et un tambour roulait allègrement derrière les sapins. Un détachement de pionniers en foulards rouges déferla d'un pas martial vers la grille où une sonnerie de clairon salua son arrivée. Le bar ouvrait ses portes.



Au centre du terrain de jeux, entre deux chevaux-dragons, un peintre travaillait. Des gamins, des petits vieux et des poivrots entouraient son chevalet. Il ne leur prêtait aucune attention. À toute allure, avec une sorte de fringale, il piquait dans l'air une touche de couleur après l'autre, et les lançait sur le carton. Ses traits exprimaient le recueillement, et ses sourcils froncés, la gravité. Il était pressé, s'étant mis à l’œuvre avec quelque retard, et résolu à terminer avant le coucher du soleil. Pour l'essentiel, d'ailleurs, c'était au point. Il sentait toutefois que quelque chose manquait. Il se retourna, regarda et vit Zybine.
Zybine était recroquevillé, bras ballants, sur son banc. Exactement le détail qui manquait : une tache noire biscornue sur la blancheur éclatante de la cabine téléphonique, avec un premier plan de sable jaune déjà mat, et un fond de sapins bleus. Le peintre crut reconnaître cet employé du musée, avec qui il s'était entretenu naguère. Au moment qu'il criait : « Ne bougez pas d'une minute, je vous en prie », deux promeneurs vinrent s'asseoir sur le banc. Il fit la grimace, mais les garda dans sa pochade. Ainsi un rectangle de carton conserva pour les siècles des siècles l'image de cette trinité : un commandant de la Sûreté rayé des cadres ; un indicateur ivre, baptisé le Taon par ses employeurs ; et celui sans qui les deux autres n'auraient pas existé.


« Clair de Lune Suite № IV» 1947, huile sur carton. 34x28 cm

Le soleil déclinait. Le peintre pressait l'allure. Il portait béret couleur de feu, pantalon bleu à passepoil doré, cape verte à rubans, et un tambourin à broderies cendre et flamme pendait à sa hanche. Il ne se vêtait de la sorte ni pour autrui ni pour soi, mais pour Mercure, pour Mars, pour le Cosmos, étant le génie N° 1 de la Terre et de la Galaxie, peintre décorateur du Théâtre Abaï, Serge Ivanovitch Kalmykov, ainsi qu'il se présentait.
 Et les sages Martiens, qui nous observent par instruments ultra-sensibles, se demandaient comment pareil miracle de lumière pouvait jaillir d'un incolore magma d'humanité. Seuls les plus doctes savaient que ce miracle s'appelle le rêve, phénomène lumineux qui atteint son maximum d'intensité lorsque Ia Terre, dans son mouvement planétaire, entre dans les zones d'ombre du Cancer et du Scorpion, et que la réalité devient intolérable parmi ces émanations maléfiques.

 

Quant à cette peu réjouissante histoire, elle est arrivée l'an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline, le génial guide des peuples, c'est-à-dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance de Jésus-Christ, année néfaste, torride, grosse d'un avenir terrifiant.


Moscou, 10 décembre 1964 - 5 mars 1975



Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. »

On va au bout ?
Republican Museum of Fine Arts named after A.Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
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ALZHIR memorial, Kazakhstan

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Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy







lundi 30 novembre 2020

Serge Ivanovitch Kalmykov : « Imaginez qu’on nous regarde du fin fond de l’Univers… »



"Cercle" : Serge Ivanovitch Kalmykov (1891-1967) était fasciné par la théosophie…

« Imaginez qu’on nous regarde du fin fond de l’Univers. Que verrait-on ? Une masse rampante, morne et grise. Mais, soudain, comme un coup de feu, éclaterait une tache de lumière. Et ce serait moi ! »   [Serge Ivanovitch Kalmykov,  Samarkand 1891-Alma-Ata 1967]
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’Inutile, p. 40

mercredi 18 novembre 2020

Pierre Desproges : irrévérence et liberté d'expression…



"Desproges était un génie, les génies sont éternels
, Desproges est donc éternel. Une démonstration aussi acrobatique qu’inutile quand on aborde le sujet ô combien riche de cet artiste qui maniait le rire, l’humour, le caustique, le grinçant, le cinglant et l’irrévérencieux avec un goût prononcé pour le maniement périlleux de la langue française… allez savoir ce qu’un gars comme lui aurait eu le droit de dire aujourd’hui… Fort heureusement, il s’est révélé au bon moment et a eu largement le temps de nous livrer sa verve douce-amère avant de nous abandonner."






Pierre Desproges sur Wikipédia

Pierre Desproges, issu d'une famille de commerçants de Châlus, était un mauvais élève à l'école. Il passe une partie de son enfance à Luang Prabang (Laos) où son père enseigne le français. En 1959, il part pour vingt-huit mois en Algérie où il doit accomplir un service militaire dont il garde un souvenir exécrable. Ne sachant trop que faire pour gagner sa vie, il entreprend des études de kinésithérapie qu'il abandonne assez vite, il écrit des photo-romans qu'il confectionne avec ses amis (et qui paraissent), il vend des assurances-vie (qu'il rebaptise assurances-mort) puis des poutres en polystyrène expansé.

Il devient ensuite journaliste à l'Aurore où il entre grâce à son amie d'enfance, la journaliste Annette Kahn. Son chef de service aux informations générales, Jacques Perrier, qui ne le supporte pas, le fait renvoyer. Il travaille alors dans le journal hippique du même groupe de presse, Paris Turf. Lorsque Perrier est à son tour licencié, Bernard Morrot, qui est nommé pour le remplacer, le fait revenir à l'Aurore et lui confie une rubrique de brèves insolites à l'humour acide que Pierre Desproges appelle la « rubrique des chats écrasés ». Jugé un peu trop caustique, il évite son licenciement grâce à Françoise Sagan (qu'il interviewera pour « le Petit Rapporteur ») qui écrit une lettre au journal en affirmant qu'elle n'achète l'Aurore que pour la rubrique de Desproges. Remarqué par ses confrères de la télévision, il devient chroniqueur dans l'émission télévisée le Petit Rapporteur, sur TF1. Sa prestation dans cette émission dominicale de Jacques Martin, au côté de son complice Daniel Prévost, demeure gravée dans l'esprit des amateurs d'humour noir et de cynisme. Il claque la porte car il est coupé de plus en plus souvent au montage. Après ces oppressions, il se réinstalle à l'Aurore, car il s'y sent mieux… … suite

mardi 17 novembre 2020

"Hold-Up" et "Manigances", l'épopée médiatique du Covid-19



Connaissez-vous l'effet Streisand ?…
Plus l'on veut censurer des faits, plus on leur fait de publicité !
Voilà nos médias "mondialement bien pensants" pris à leur propre piège…

Et si tout ce qui est censuré était vérité ? Que de critiques, majoritairement négatives émises par les médias officiels du Régime et leurs collabos imbéciles !… Quelle serait leur critique prédominante ? Les points de suspension du reportage. Autrement dit cette liberté laissée à chacun d’interpréter en son âme et conscience, selon son expérience, sa culture… Nous sommes-là à l’opposé de ces présentations de certains journaux de France 2 qui nous assènent au tableau électronique le surgissement de vérités et d’impératifs auxquels nul ne saurait se soustraire ! Voilà bien tout le danger et la perversité de ce reportage, Hold-Up : inviter chacun de nous, librement, à la réflexion ! Points de suspension !…

Alors, pour se faire une opinion personnelle quoi de mieux que de regarder ce film ?



Du "bon boulot" ?… pas seulement en Syrie !



Lien de téléchargement :
https://www.myairbridge.com/fr/#!/link/ZEQURCkh2

HOLD-UP : Le film documentaire sur la « Plandémie »

Un film documentaire de 02h43 qu’il faut avoir vu !
Croyez moi vous n’en sortirez pas indemne après avoir vu ce film …

Les dix commandements du Nouvel Ordre Mondial gravés sur le monument le plus étrange des États-Unis













*   *   *




Manigance 19 !


Vidéo dénonciatrice des mensonges et vérités sur le Covid1-9 et pour la sauvegarde de nos droits et libertés humaines dans notre monde, au sens plus large.

Si vous tenez à votre liberté, à celle de vos proches, enfants ou futurs enfants si vous en avez, ainsi qu'à celle des futurs générations s'il y en a, écoutez très attentivement ces 50 modestes minutes d'une importance CAPITALE qui comprennent un grand condensé d'éléments sur tout ce que vous devez savoir, car cela nous concerne toutes et tous.

Manigance-19 est une vidéo au format documentaire qui évoque et dénonce ce que 99% des journalistes et des médias traditionnels ne vous diront et montreront JAMAIS sur la réalité de la "pandémie" de la Covid-19 et sur le futur de ce monde et de nos droits et libertés en tant qu'être humain, le tout de manière claire et concise, grâce au concours de différents intervenants.

Vous découvrirez tous les mensonges et vérités sur cette "pandémie", les diverses formes de manipulation utilisées et leurs conséquences, et ce que les gouvernements prévoient avec le vaccin, le traçage numérique et autres pour un contrôle total de la population mondiale entraînant une dictature profonde et sévère à l'échelle toute entière de l'humanité, la vôtre, la nôtre, et des futures générations s'il y en a.

Enfin, cette vidéo se termine avec un appel à l'action fort, incitant à la désobéissance civile non violente, et cela dès aujourd'hui.

Sommaire (le visionnage intégral est fortement recommandé pour une compréhension optimale) :

01:19 - Masques et manipulation (inutilité, dangerosité, conséquences) ;
11:28 - Le confinement (inutilité, dangerosité, conséquences) ;
17:57 - Tests pcr et manipulation (inutilité, dangerosité, conséquences) ;
31:18 - Le vaccin et son but (dangerosité et conséquences) ;
41:57 - Le traçage numérique (l'extrême surveillance et le contrôle de la population mondiale) ;
48:39 - Conclusion (vivre libre ou mourir esclave).

Partagez en masse cette vidéo avant qu'elle ne soit supprimée...

Et téléchargez-là en la publiant vous-même sur vos réseaux pour alerter et sensibiliser le plus de monde possible…
Ce sont deux actions simples et importantes que vous puissiez faire à votre échelle.

Réalisateur de la vidéo Manigance-19 :
Florian Piana (montage / narration, mixage)

Toutes les sources et liens se trouvent dans le générique de fin.


*   *   *



"Vous vous demandez sûrement comment ça se fait que ceux qui étaient vos amis il y a peu, ces personnes avec qui vous partagiez les mêmes valeurs… puissent maintenant avoir perdu tout contrôle de leur raison… vous leur expliquez les chiffres, leur apportez des études, des faits. Mais les yeux restent vides, rien ne se passe. Et vous vous dites : c’est pas possible ! Ils dorment ! En réalité, vous n’avez pas si tort que ça. En réalité, le monde est sous hypnose…
Avez-vous déjà entendu parler de l’ingénierie sociale ? De la fabrique du consentement ? Je vais aller droit au but aujourd’hui. J’ai une question pour vous: pensez-vous que ceux qui vous dirigent souhaitent votre bien ? Pensez-vous qu’il serait possible qu’ils vous connaissent mieux que vous ?"
Réalisation/Post-production: Ema Krusi & Pascal Prod'

*   *   *



Un ex-agent des services du renseignement russe, se disant « parasitologue », déclare que le coronavirus est un complot sioniste (publiée en mars 2020, version originale sous-titrée à partir de l'anglais).

‘Ils’ pensent que votre consommation de médicaments, de fluor, de mal-bouffe, etc. et le fait que vous soyez distraits par l’industrie du rêve sans intérêt a atteint un tel niveau que vous n’êtes pas en mesure de relier les points… Dans cet entretien, un ancien colonel du service de renseignement militaire russe déclare que la pandémie actuelle de coronavirus (ou l'absence de pandémie ?) sert quatre objectifs principaux :
1) Initiative de dépeuplement ;
2) Contrôle politique sur le reste de la population ;
3) La déflation de la bulle financière actuelle ;
4) Liquidation des concurrents géo-économiques.

lundi 16 novembre 2020

Lettre ouverte d'un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron






الأب الياس زحلاوي


Père Élias Zahlaoui
Damas, 2 novembre 2020

Monsieur le Président,
Dans le désarroi où vous vous débattez, et où, avec vos deux « géniaux » prédécesseurs, vous avez plongé toute la France, et peut-être bientôt, toute l’Europe, permettez à un vieux prêtre arabe catholique de Syrie, de vous faire part de quelques propos tout simples, mais, hélas, « politiquement incorrects » !

En Président de la République Française, vous vous indignez devant l’assassinat d’un ou de plusieurs Français. Les Parlementaires français, à leur tour, protestent un moment, debout, en silence. Et l’Église de France de sonner le glas en tous ses clochers.

C’est donc tous ensemble, les Trois Corps Représentatifs de la France, qui se dressent et s’indignent, face au monde !

Il le fallait. Tout assassinat, quel qu’il soit, où qu’il soit, et pour quelque motif que ce soit, est à condamner d’une façon absolue. Avec vous tous, je déclare que tout être humain est SACRÉ ! Oui, TOUT ÊTRE HUMAIN EST SACRÉ !

Je ne puis, en homme et en prêtre, qu’approuver ces triples prises de position, on ne peut plus légitimes, vis-à-vis de vos concitoyens français, voire européens.

En conséquence, laissez-moi, en homme et en prêtre de Syrie, vous poser, à vous, Monsieur le Président, à vos « dignes » prédécesseurs, ainsi qu’aux Parlementaires français qui se sont succédés depuis 10 ans, et surtout à toute l’Église de France, cette question toute simple :
Si la vie humaine est à vos yeux de Français, si précieuse, pourquoi, VOUS TOUS en France, vous vous êtes arrogé le DROIT et le DEVOIR, d’acheminer en Syrie, durant dix longues années, des centaines de milliers d’assassins, dont dix mille Français au moins, pour détruire de fond en comble, tout un pays, ma patrie la Syrie – cette Syrie dont votre savant André Parrot avait dit qu’elle était « la patrie de tout être civilisé » – sous le prétexte d’y instaurer « la Démocratie, la Liberté et les Droits de l’Homme » ?
Monsieur le Président, Messieurs les Parlementaires, Messieurs les Prélats de l’Église de France, auriez-vous oublié, dans votre opulence et arrogance d’Occidentaux, tout autant que d’anciens colonisateurs à l’histoire si peu honorable, cette vérité terrible qui dit qu’on ne récolte que ce qu’on sème ?

Hélas, vous récoltez déjà, et vous récolterez bientôt, ce que vous avez semé en toute impunité. Puisse cette récolte ne pas être à la mesure de ce que vous avez, en toute tranquillité de conscience, semé rien qu’en Syrie !

Monsieur le Président,
Vous n’êtes pas sans savoir que l’Histoire ne pardonne pas. Reste que pour vous, Politiciens de tous bords, vous pourriez prétexter du fait plus qu’évident, que vous êtes en fin de compte, manipulés par des Pouvoirs mondialistes, occultes et tout-puissants.

Mais l’Église de France, cette Église de Jésus-Christ mort par amour pour tout être humain, et que Saint Paul a qualifiée de « Colonne de Vérité », de quel prétexte peut-elle se prévaloir, pour laisser commettre cet ASSASSINAT systématique, absolument inexpiable, de tout un peuple, dont les descendants de la toute première Église, SANS MOT DIRE ?

Ce silence, aussi indigne que lâche, sonne pour moi prêtre de Jésus-Christ, rien moins que le glas de toute l’Église de France.

Monsieur le Président,
Il est déjà tard.

De grâce, hâtez-vous de retrouver votre dignité d’homme, pour aider toute la France à se faire enfin humaine.

Père Élias Zahlaoui
Damas, 2/11/2020


Source :

Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron


Lire aussi :

Qui sème le vent, récolte la tempête !

Allocution d’un prêtre de Syrie devant le Parlement européen

Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie au Président Hollande (30 mai 2012)
Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie à Sa Sainteté le Pape Benoît XVI (30 juillet 2012)

Lettre ouverte du père Jean-Paul Devedeux à Mr François Hollande (30 mai 2012)

Hollande annonce l'expulsion de l'ambassadrice de Syrie (29 mai 2012)

Témoignage du père Élias Zahlaoui, prêtre à Notre-Dame de Damas, quartier de Koussour

Questions ouvertes du Père Élias Zahlaoui à Laurent Fabius

Bruchez Anne, « La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères », Relations internationales, 2/2005 (n° 122), p. 17-32

"La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères" : autres publications sur un sujet proche

Pierre Magnan : Quand la Syrie était administrée par la France

Soheila Ghaderi-Mameli, « L'histoire mouvementée des frontières orientales de la Turquie », Confluences Méditerranée, 2/2005 (N°53), p. 91-102

"L'histoire mouvementée des frontières orientales de la Turquie" : autres publications sur un sujet proche




mardi 27 octobre 2020

Macron : la République, l'islam, l'islamisme et le choc des civilisations…


L'Éducation nationale a-t-elle perdu la tête ? Ou bien est-ce la France toute entière ? Une mort qui tombe à pic pour alimenter les bavardages de nos politiciens qui en fait s’en foutent totalement de la victime… tout en chérissant un acte bienvenu pour leur propagande. Mais où veulent-ils donc en venir ? Au choc des civilisations ? Avons-nous à craindre pour la santé mentale de Macron comme voudrait nous en avertir Erdogan ? Certes nous avons pu constater son air ahuri en présence d'élèves d'une école de Berd'huis en avril 2018. Certes nous avons pu déplorer sa collusion avec le terrorisme islamique en Syrie alors qu'il recevait ostensiblement des délégations et des Casques blancs et de Syrian Charity. Mieux, il leur offrait 50 millions d'euros au nom des Français. C'était au printemps 2018. Et le voilà qui, à l'automne 2020, dénonce de toute la vigueur qui lui a été donnée le terrorisme de l'islam en France. Où serait la cohérence ? Une incohérence en fait toute illusoire. Rassurez-vous, M. Erdogan, non M. Macron n'est pas fou, ou s'il l'était il reste bien cornaqué.



Une photo ô combien probante ?... C’était le jeudi 12 avril 2018 dans une école de Berd’huis... Lui aussi !
Macron perdu... complètement dépassé… gazé ?
Les gaz du président Bachar el-Assad auraient-ils été portés par des vents malicieux jusqu'ici ?
Constatant son état ahuri les Français sont fondés à se demander si
la charge que lui a confiée Attali n'est décidément pas trop lourde pour ce gamin…
Il finance le terrorisme, 50 millions d'euros c'est pas rien…
Il voudrait encore faire la guerre en Syrie ?
Quels soldats accepteront encore longtemps de suivre un tel chef des Armée ?…
… Et pourtant !

Après avoir reçu le groupe terroriste des Casques blancs réalisateurs récidivistes attitrés des enregistrements de simulacres d'attaques chimiques… Macron accueillait le 16 avril 2018 le président de l'organisation islamiste Syria Charity (Frères musulmans) qui collecte des fonds en France et assure la logistique des groupes terroristes en Syrie. Cette organisation a des agents en Syrie principalement dans toutes les zones contrôlées par Al-Qaïda… Bien plus, Macron étend sa complicité avec le terrorisme à tout son Régime en faisant bénéficier de réduction d'impôts les Français abusés qui financent cette organisation terroriste, Syria Charity…





À l'issue de cette réunion avec les ONG présentes sur le terrain en Syrie, Emmanuel Macron a annoncé un programme humanitaire d'urgence de 50 millions d'euros destiné à financer des projets dans la Ghouta orientale, "cible d'une offensive sanglante du régime".














En France, la liberté d’expression est un droit fondamental, mais l’insulte et la diffamation sont des délits, rappelle l’éditeur Arno Mansouri. De ce point de vue, si l’on a le courage de regarder les faits en face et non pas de se laisser subvertir par le discours dominant, Samuel Paty ne défendait pas la liberté d’expression, mais insultait tous les musulmans. Nous ne pouvons ni soutenir les intégristes islamistes qui l’ont abjectement assassiné, ni les intégristes laïcs qui masquent leurs insultes contre des religions derrière un droit fondamental. Nous militons au contraire pour liberté de conscience, pour la laïcité au sens de la loi de 1905.

Le discours de toute la caste médiatique (et politique) selon lequel Samuel Paty ne faisait que son travail, que son devoir républicain, et qu’il enseignait à ses élèves la tolérance et la liberté d’expression, ainsi que la laïcité, me met hors de moi.

Je m’insurge totalement contre ce discours totalement faux, parfaitement biaisé, complètement coupé de la réalité et du bon sens, et surtout dangereux !

Dans tous les médias, la caricature incriminée est décrite comme un dessin représentant le « prophète accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses ». Si ce n’est pas entièrement faux, cette description relève pour le moins de l’euphémisme ; en fait, on peut même parler de mauvaise foi abyssale. Il est d’ailleurs à noter que la plupart des médias ont pris grand soin de ne pas montrer l’image en question (elle est parfois accessible si l’on clique sur un lien dans l’article). Pourquoi donc un tel luxe de précaution, si elle était réellement aussi anodine, inoffensive ?

La réponse est évidente à qui voit le dessin, ci-dessous, car il faut voir les choses pour pouvoir les analyser :

Le prophète n’est pas juste « accroupi » : hormis son turban, il est à poil, à 4 pattes, cul levé ou tendu, de trois-quarts dos, de manière à ce que l’on voit ses couilles poilues, sa bistouquette, y compris avec une goutte de pisse… et l’étoile n’est pas « dessinée sur ses fesses » : elle est exactement à la place de son trou de cul (comme si c’était son anus).

Alors, je m’exprime en tant qu’athée (au mieux agnostique), c’est-à-dire ni musulman, ni catholique, ni croyant et encore moins fondamentaliste : j’ai eu beau chercher longtemps, me creuser longuement les méninges, j’avoue que je ne comprends pas ce qui est intelligent, signifiant, pertinent, spirituel, ou même simplement drôle dans cette image.

Bien au contraire, je n’y vois qu’un gribouillis laid, mais surtout extraordinairement insultant pour la communauté musulmane, pas seulement en France, mais partout dans le monde. Ce n’est pas un simple blasphème, c’est une véritable injure adressée à plus d’un milliard d’êtres humains qui, il serait bon de s’en souvenir, partagent la planète avec nous, Occidentaux. Il est légitime de constater, à l’instar de M. Delfeil de Ton (l’un des fondateurs du Charlie Hebdo historique, qui n’a rien à voir, à part le titre, avec le journal homonyme, créé en 1992 par Philippe Val) qui écrivait au lendemain des attentats de janvier 2015 : « Il fallait pas le faire mais Charb (Charlie) l’a refait ». Tout était déjà dit dans sa tribune que je vous invite à relire, ici.
Cette image dégradante n’avait pas sa place même dans un magazine satirique, car elle n’est nullement emblématique d’un soi-disant « droit au blasphème » et encore moins de la « liberté d’expression » ou (comble du ridicule) du « respect de la laïcité ». Je ne vais pas me faire l’exégète de son auteur (j’en serais bien incapable) ; j’imagine que Mme Corinne Rey (qui signe Coco) s’en prenait aux seuls fous d’Allah (du type des djihadistes de Daesh) qui pervertissent la religion musulmane et la souillent ; je veux croire, en lui laissant le bénéfice du doute, qu’elle ne souhaitait pas insulter les musulmans dans leur ensemble, qu’ils soient nos compatriotes ou non. Et cependant, c’est un fait, qu’il n’est à vrai dire pas difficile de comprendre : les musulmans de France, et bien plus encore ceux qui vivent au-delà de nos frontières, se sentent profondément humiliés, injuriés et dégradés par ce dessin. Et pas seulement eux : il en va de même pour beaucoup de croyants d’autres religions, et même des athées qui comme moi respectent les croyances religieuses de leurs frères en humanité.

Coco peut gribouiller un tel dessin : c’est son droit le plus absolu. Elle a payé un lourd tribu 3 ans plus tard lors des attentats, et je compatis à son calvaire. La décision de Charlie de le publier en 2012 est en revanche éminemment questionnable, et je vais expliquer pourquoi. Bien sûr, il faut remettre les choses dans leur contexte. Les premières « caricatures de Mahomet » ont été publiées en France en février 2006, par France-Soir puis par Charlie Hebdo (alors toujours possédé et dirigé par Philippe Val) qui ajoute les siennes propres, ainsi que d’autres journaux européens ou même dans le monde arabe. (Il est à noter qu’au Royaume-Uni, aucun journal ne les a publiées, pas même un tabloïd, et qu’aux USA – pays qu’on ne soupçonnera pas d’entraver la liberté d’expression -, seul Harper’s l’a fait dans le cadre d’un article quasi universitaire.) Au départ, c’est-à-dire fin septembre 2005 soit moins de 3 mois après les attentats meurtriers de Londres, elles émanaient d’un quotidien danois conservateur (le Jyllands-Posten) dont l’éditeur des pages Culture de l’époque, Flemming Rose, était un proche du néo-conservateur Daniel Pipes [1]. Le Premier ministre danois est alors Anders Fogh Rasmussen qui deviendra le secrétaire général de l’Otan en 2009.

Les 12 caricatures étaient presque anodines en regard de ce qui suivra. La plus « scandaleuse » présentait un musulman barbu coiffé d’un turban prenant la forme d’une bombe, sur laquelle s’inscrivait la profession de foi musulmane (« Dieu est Grand et Mahomet est son prophète »).

Toutefois, malgré l’innocuité de ces dessins, les autres quotidiens danois prennent leurs distances et critiquent un coup d’éclat publicitaire réussi. Un des caricaturistes avouera même que « le Jyllands-Posten voulait dès le départ uniquement provoquer ».

D’ailleurs, le président Jacques Chirac, l’ex-président Bill Clinton et le secrétaire général de l’Onu, parmi d’autres dirigeants, condamnent un usage abusif de la liberté de parole et appellent à plus de « responsabilité et de respect envers les sentiments religieux ». Ils sont évidemment conscients que le contexte géopolitique est explosif. Rappelons quand même aux plus jeunes lecteurs comme à ceux qui ont le moins de mémoire qu’en 2006, les guerres illégales en Afghanistan et en Irak battent leur plein, et font des ravages inouïs dans la population civile… musulmane. Ils ne se trompent pas, car des boycotts des produits danois sont lancés, des menaces de mort proférées, de nombreuses émeutes et manifestations violentes se produisent dans différents pays musulmans, d’autant que les Frères musulmans continuent de jeter de l’huile sur le feu, comme ils le font depuis le début.
En novembre 2011, année des prétendus « Printemps arabes », les locaux de Charlie sont incendiés après la parution du numéro spécial Charia Hebdo. Le dessinateur Wolinski confie : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire. » La surenchère dans la provocation continue pourtant. Comme l’écrit Delfeil de Ton dans sa tribune : « Un an plus tard, septembre 2012, après une provocation qui avait fait mettre nos ambassades en état de siège dans les pays musulmans, déployer toutes nos polices dans nos villes, je fus amené à écrire, m’adressant à Charb, toujours dans l’Obs : "Se situer à l’extrême gauche et s’entendre dire par le NPA qu’on « participe à l’imbécillité réactionnaire du choc des civilisations », se définir écologistes et être traités de « cons » par Daniel Cohn-Bendit, ça devrait donner à réfléchir. Surtout quand dans le même temps on est applaudi par la famille Le Pen, Rioufol du Figaro et le Premier ministre de Sarkozy". »

Puis c’est l’attentat du 7 janvier 2015. Toujours sous la plume d’un Delfeil de Ton extrêmement lucide : « 
Cet attentat entre dans le cadre d’une guerre déclarée à la France mais aussi dans celui de guerres que mène la France, se mêlant d’intervenir militairement dans des conflits où sa participation ne s’imposait pas, où des tueries pires encore que celle de Charlie Hebdo ont lieu tous les jours, et plusieurs fois par jour, et auxquelles nos bombardements ajoutent des morts aux morts, dans l’espoir de sauver des potentats qui se sentent menacés, pas plus recommandables que ceux qui les menacent, dont le pouvoir s’est certainement assis sur le versement de beaucoup de sang et qui décapitent aussi bien que leurs adversaires, torturent et tranchent mains et pieds au nom d’Allah, comme leurs adversaires, et pourquoi donc, grands dieux, notre République, si fière d’être laïque, va-t-elle choisir entre ces sectateurs qui brandissent pareillement d’une main le cimeterre, de l’autre le Coran ? Si Barack Obama n’avait pas retenu notre François Hollande, celui-ci partait en Syrie à la chasse de Bachar al-Assad, comme Sarkozy son prédécesseur est parti à la chasse en Libye de Mouammar Kadhafi, qu’il a éliminé, mais avec le résultat que l’on sait. Combien de Syriens la France aurait-elle tués et probablement tuerait-elle toujours ? Laisser les peuples disposer d’eux-mêmes, n’est-ce pas un principe sacré ? S’ils sont en guerre intestine, de quel droit nous en mêler ? Nous ne comprenons rien à leurs querelles, nous ne faisons que les faire durer davantage et il nous faut nous étonner, ensuite, s’ils les transportent sur notre sol ? »

Un simple article ne permet pas d’aborder le vaste sujet, bien documenté, de l’instrumentalisation géopolitique de l’Islam : j’ai publié des livres essentiels qui traitent la question comme Sous nos yeux de Meyssan, Le Charme discret du Djihad de F.W. Engdahl ou Les Guerres illégales de l’Otan de Ganser ou La Guerre contre la vérité de Nafeez Ahmed.

Mais revenons maintenant au dessin « Mahomet : une étoile est née ». Si ce n’était pas un dessin, mais une photographie, il aurait été qualifié de pornographique. Figurer le fondateur d’une religion, pas seulement nu mais dans sa nudité la plus crue (bite et couilles poilues pendantes) et la plus crasse (goutte pendant du vit), quand on sait l’importance de la pudeur dans le monde musulman est bien au-delà de l’irrespect. Détourner la position physique d’un musulman en prière (c’est-à-dire dans l’attitude humble de soumission devant son Créateur) en le montrant en levrette, c’est-à-dire en en faisant un sujet de lascivité (voire de luxure) est le comble de l’injure. Mais je dirais que le pire aspect de ce dessin est de réduire le prophète (symbolisé par sa barbe et son turban) à son anus (« une étoile est née »), dont la fonction physiologique est d’excréter les déjections.
Bien sûr, la puissance dévastatrice de la caricature réside dans le fait de ne pas dire les choses, mais de les suggérer, de les faire sentir et ressentir. La caricature nous fait réagir, émotionnellement, jamais penser. Pourtant, sans filtre, ce dessin signifie littéralement que « les musulmans vénèrent un faux prophète lubrique qui n’est qu’un trou du cul ; leur religion est littéralement de la merde ; qu’ils aillent se faire enculer, ces faux-culs obsédés ». Ce n’est certes pas écrit en toutes lettres, auquel cas cela tomberait sous le coup de la loi pour incitation à la haine, mais que Coco, Charlie, ou M. Paty le veuillent ou non, c’est ainsi que le message est perçu, plus ou moins consciemment, par toute une communauté de croyants, dont plus de 99,99 % ne sont pas des intégristes islamistes ou djihadistes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est violent.

Mais c’est aussi illégal. L’injure n’a rien à voir avec la liberté d’expression, laquelle est strictement encadrée, justement pour empêcher les dérives. Il est en effet clairement établi dans l’article 29 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse que l’injure et la diffamation sont passibles de prison et d’amendes. « Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure » et « Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation ». Renseignements pris, il s’avère que le Prophète Mohammed n’a pas porté plainte contre la diffusion de ce dessin, pas plus que la LICRA, ou les organisations représentatives des musulmans, échaudées il est vrai par les articles de presse, qui lors du premier procès contre les caricatures en 2007 furent présentées à tort comme voulant établir en France l’interdiction du blasphème, voire celle de représenter leur prophète. Les caricaturistes sont eux aussi soumis aux lois régissant la presse et la liberté d’expression ; ils ne peuvent s’y soustraire en prétendant que l’art (même si dans le cas précis de ce dessin, il est difficile de parler d’art) serait au-dessus des lois : ce n’est pas le cas. Par ailleurs, la jurisprudence sur la menace de troubles à l’ordre public à elle seule pourrait justifier de l’interdiction d’un tel dessin.
Enfin, et surtout, d’un point de vue pénal, le fait de montrer des images pornographiques à des enfants de moins de 15 ans, qui plus est par un enseignant dans l’enceinte scolaire (circonstance aggravante puisqu’il devient personne ayant autorité de fait sur les enfants) pourrait tomber sous le coup de l’article 227-24 du code pénal (mise en péril des mineurs) qui punit de 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende, « Le fait (…) de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine (…) lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »
Qu’a-t-il bien pu passer par la tête de M. Samuel Paty, un enseignant de 47 ans, pour qu’il choisisse précisément cette image pour illustrer son cours d’EMC (enseignement moral et civique) à destination de ses élèves adolescents de 13-14 ans ? Cela me laisse sans voix. Car pour parler de la liberté d’expression, il avait pléthore de choix, à commencer par le plus emblématique de tous : le procès en cours contre Julian Assange au Royaume-Uni, autrement plus signifiant et important. Mais non, le professeur d’histoire a choisi le dessin le plus ordurier, le plus obscène, le plus incendiaire de toute la série des caricatures de Mahomet. Je me demande ce que cela est supposé apporter, réellement, aux élèves… Les musulmans vont non sans raison se sentir insultés, pas seulement dans leur foi, mais dans leur existence même ; et les autres vont penser que ce n’est pas grave de nier les valeurs spirituelles de l’autre puisque c’est légal et par ailleurs enseigné en classe, (donc avalisé en bloc par l’État, la République, le Savoir). Franchement, si je voulais faire de l’humour « à la Charlie », j’écrirais que M. Paty avait perdu la tête avant même l’intervention de son assassin !
Mais le plus grave dans ce fait divers qui est aussi un fait de société majeur à bien des égards est que l’Éducation nationale accepte et cautionne de telles pratiques, qui ne participent en rien du vivre ensemble, de la morale ou du civisme mais bien au contraire violent les principes mêmes de la Charte de la laïcité à l’école.

À savoir :
§6. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.
§7. La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.
§8. La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.
§9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.
§10. Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République.
§11. Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.
Je pense avoir fait la démonstration plus haut que le dessin incriminé n’a rien à voir avec « une culture du respect et de la compréhension de l’autre », qu’il soumet les musulmans, les croyants d’autres religions et les athées à une intense « pression qui les empêchent de faire leurs propres choix » (que vaut la parole d’un ado de 14 ans face à celle d’un enseignant de 47 ans représentant de l’institution scolaire), qu’il ne « rejette pas la violence » mais la promeut, et qu’il dévoie « le sens et la valeur de la laïcité », et qu’en conséquence, M. Paty, en manifestant ses « convictions politiques ou [anti-]religieuses dans l’exercice de [ses] fonctions » a enfreint « son devoir de stricte neutralité ».

Dans un monde normal, M. Paty aurait dû au minimum être vivement rappelé à l’ordre par sa hiérarchie, blâmé, voire sanctionné.
Il est évident pour tous que ses graves et multiples atteintes à la Charte de la laïcité n’auraient pas dû mener à son exécution capitale dans ses conditions abominables par un adolescent mentalement dérangé. Un fait divers ignoble et macabre que l’on ne peut que s’étonner de voir les autorités politiques et judiciaires tenter, pour l’instant sans succès, de présenter comme un attentat terroriste aux vastes ramifications.

Mais je suis stupéfié de constater que sous le coup d’une émotion compréhensible, des voix se sont élevées pour faire entrer M. Paty au Panthéon, un hommage national lui est rendu par le Président de la République en personne, et la classe politique dans son ensemble, tout comme la presse, est unanime pour célébrer le « héros mort pour la liberté ».
Notre pays est clairement devenu fou ; il a littéralement perdu la tête. Au fil des 3 dernières décennies, la loi de 1905 codifiant la laïcité (la séparation de l’Église et de l’État) a été pervertie, jusqu’à être totalement dévoyée. Rappelons qu’elle stipule dans son Article premier : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. » Elle ne promeut pas la haine des religions ou des croyants, ni l’injure, ni la stigmatisation ou l’ostracisation d’une partie de nos concitoyens du fait de leurs convictions religieuses.

À ceux qui n’ont pas été convaincus par mon analyse du dessin « Mahomet : une étoile est née », je propose un exercice de pensée. Qu’ils imaginent l’impact que pourraient avoir dans notre beau pays laïc et dans le monde, l’équivalent chrétien d’une telle caricature, présentant la Vierge Marie nue en levrette, de trois-quarts dos, croupe offerte, con poilu ouvert et dégorgeant du foutre (du Saint-Esprit), avec en légende : « Exclusif : la PMA a 2000 ans ! » [2]
Deux voies s’offrent à nous : continuer dans la surenchère de provocations ou reprendre ses esprits et revenir à l’esprit de la loi de 1905. La première, celle qui malheureusement semble se profiler chaque jour un peu plus, est certaine de nous mener à terme à la prophétie auto-réalisatrice des guerres de civilisations, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Est-ce souhaitable ? D’évidence non. L’intégrisme islamiste ne peut être combattu par la guerre sainte de la laïcité. Refuser d’« Être Charlie » en 2015 ne signifie pas justifier ou avaliser les crimes, refuser d’« Être enseignant » aujourd’hui ne signifie nullement se réjouir du sort de M. Paty ; dans un cas comme dans l’autre, c’est simplement refuser le faux choix qui nous est offert : ni Charlie, ni Kouachi (ou ni Prof, ni assassin) car nous n’avons pas à choisir quelle voie nous mènera à la guerre des civilisations : nous devons impérativement la refuser. C’est fort heureusement le souhait de l’immense majorité de nos concitoyens.
Certains me rétorqueront que renoncer, c’est abdiquer face aux intégristes et aux djihadistes. Déjà, il faudrait bien prendre conscience que l’islamisme politique a été favorisé de longue date par différentes puissances occidentales à des fins géopolitiques, comme ce fut le cas lors de la Grande Révolte arabe pilotée par les Anglais contre l’Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale. Ou pour prendre un exemple plus récent, on oublie un peu facilement qu’il fut un temps où certaines femmes afghanes allaient en jupe à l’université de Kaboul dans les années 1970 (certes une infime minorité appartenant à l’élite) ; c’était avant que le pays ne soit déstabilisé par les États-Unis qui souhaitaient offrir à l’URSS son propre Vietnam. Qui peut dire ce que serait ce pays, 50 ans plus tard, s’il n’avait pas connu 40 ans de guerre ininterrompue ? À l’époque, les djihadistes étaient présentés en Occident, et accueillis à la Maison-Blanche comme des combattants de la liberté, une stratégie funeste maintes fois reprises par la suite, jusqu’à nos jours (de la Bosnie et du Kossovo, en passant par la Tchétchénie, la Libye ou au front al-Nosra ou Daesh en Syrie).

L’intégrisme, le fanatisme ne sont l’apanage exclusif d’aucune religion spécifique. On peut aussi être un intégriste fondamentaliste de la laïcité, et la dévoyer de la même manière que les fous de Dieu, quelle que soit leur obédience, peuvent dévoyer une religion. Croire que l’on peut combattre l’intégrisme religieux en adoptant une position antagoniste et violente (même si la violence n’est en l’occurrence que symbolique, elle demeure réelle) n’est pas seulement une illusion dénuée de fondement : c’est une posture intellectuellement et humainement irrecevable, qui s’avère dangereuse, mortifère et comme le prouvent les attentats contre Charlie Hebdo ou la décapitation de M. Paty, mortelle et sans issue.
Arno Mansouri

Notes

[1] « Daniel Pipes, expert de la haine », Réseau Voltaire, 5 mai 2004.

[2] Attention, je n’incite pas les caricaturistes de Charlie ni quiconque à la mettre en pratique, car cela risquerait fort non seulement de heurter la sensibilité des Chrétiens partout dans le monde, mais de déclencher des émeutes, des manifestations violentes, et très probablement des morts, (que l’on se souvienne des réactions que suscita lors de sa sortie en France en 1988 le film La Dernière Tentation du Christ, du pourtant très respectueux et très catholique Martin Scorcese). En fait, la problématique peut être facilement résumée : le droit au blasphème implique-t-il de facto la nécessité ou l’obligation de blasphémer de la manière la plus injurieuse possible ?

Source : Arno Mansouri : L’Éducation nationale a-t-elle perdu la tête ? Ou bien est-ce la France tout entière ? Réseau Voltaire, 22 octobre 2020
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La République, athée et laïque, aujourd'hui privée de son adversaire traditionnel, le catholicisme, qui la structurait négativement, a trouvé dans l'islam un élément restructurant. Après les catholiques, voilà donc les musulmans pointés comme nouveaux exclus… Toute nouvelle action terroriste islamique violente confortera la République dans cette stratégie. En ce sens le terrorisme islamique reste un allié objectif du Régime. L'incohérence entre l'appui au terroristes de Syrie et le tohubohu après un attentat islamique sur le sol métropolitain n'est qu'illusion. En paraphrasant Fabius - aujourd'hui président du Conseil constitutionnel - louant l'action des terroristes islamistes en Syrie, disons que Zemmour fait du bon boulot.

La catastrophe pour la République et le sionisme en France serait la jonction des catholiques (historiquement au judaïsme et au républicanisme) et des musulmans (foncièrement hostiles à l'État d'Israël et au sionisme). On comprend ainsi l'hostilité à la Russie orthodoxe et autres pays ou organisations musulmanes du Proche-Orient (Syrie, Irak, Iran, Hezbollah). Empêcher que la République ne s'effondre sur ceux qui ont pris la France en otage, tel est le rôle des tenants de la stratégie du choc des civilisations. À l'échelle française : les Éric Zemmour, Alain Finkielkraut, Élysabeth Lévy.

Extrait de la Révolution en marche de Youssef Hindi :











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