Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mercredi 28 décembre 2016

"La Propreté est fille de la Foi " - "النظافة مِنَ ٱلإيمان "



"La Propreté est fille de la Foi" - "النظافة مِنَ ٱلإيمان"

النظافة مِنَ ٱلإيمان

La Propreté est fille de la Foi…
jusque dans les chiottes seront traqués les GI'distes


Dans Alep libérée, constat de la désolation semée par les GI'distes agents de l'OTAN




Cendres, ruines, tristesse, désolation… pourtant, images furtives : palmiers altiers, tels ces Syriens fiers face à la lâcheté de cette coalition manipulant le terrorisme… bouquets de bougainvilliers tentant encore de sourire, tels ces Syriens dont courage et espérance restent inébranlables. Invincible et immortelle Syrie !


dimanche 25 décembre 2016

Alep libérée, les Syriens affirment ici comme partout volonté de vivre et reconstruire…





مسيحيو حلب يحتفلون بعيد الميلاد
 



Les chrétiens d'Alep célèbrent Noël pour la première fois en cinq ans


Après la libération d'Alep, première messe ce dimanche 25 décembre, jour de Noël, en la cathédrale maronite Saint-Élias

Quatre ans durant la vieille ville d'Alep a été l'un des fronts les plus violents. Les "rebelles modérés" ouvertement soutenus par la France ont semé la désolation, en cette cathédrale comme partout ailleurs dans la vieille ville et les quartiers Est d'Alep. Trois jours seulement après la libération de la ville les fidèles sont revenus dans la cathédrale maronite Saint-Élie déterminés à  y célébrer la toute prochaine messe de minuit à Noël… Et d'abord il s'agissait de ressusciter malgré tout une crèche… Une volonté de vivre et de reconstruire partout affirmée en Syrie dès que l'agresseur a été repoussé…









Le toit de la cathédrale s'est effondré sous les bombardements des islamistes soutenus par la France















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Regardez cette vidéo tournée juste avant Noël : chacun sans exception est déterminé à s'engager dans la reconstruction… Reconstruire mieux que ce n'était avant !



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C'était le 26 avril 2015 : 

! انا مسيحي


Ce dimanche 26 avril, la cathédrale maronite Saint-Élie d'Alep, déjà plusieurs fois attaquée, a été totalement détruite par les terroristes de l'Armée syrienne libre. Les terroristes ont pu progresser vers la vieille ville loyaliste à partir d'un tunnel… Rappelons que l'Armée syrienne libre est inconditionnellement appuyée par la France et la Turquie ainsi que l'Arabie saoudite et le Qatar… Une haine des Chrétiens qui ne peut que rappeler les heures les plus sombres de la Révolution française et de la franc-maçonnerie… un acharnement contre la civilisation chrétienne aujourd'hui réactivé en France par la franc-maçonnerie… Les combats en Syrie nous concernent tous… et ne sont que les prémisses de ceux qui viendront en Europe.


Another success for the revolution and its Al-Qaeda allies: Aleppo's beautiful Maronite cathedral and a very large area...
Posted by Camille Alexandre Otrakji on dimanche 26 avril 2015








Depuis deux ans et demi, les habitants d’Alep, deuxième ville de Syrie, vivent sous les bombes. Ce calvaire s’est intensifié ces dernières semaines. Les islamistes dirigent précisément leurs tirs de missiles sur les quartiers chrétiens et les églises. Et cela, dans l’indifférence des politiques occidentaux !

Face à la détresse des chrétiens d’Orient, François Hollande fait le sourd. Nicolas Sarkozy reste aveugle. Pour Laurent Fabius, les fanatiques du front Al-Nosra, la banche syrienne d’Al-Qaïda à l’œuvre à Alep, « font du bon boulot ». C’est effectivement du très bon boulot. À Alep la cathédrale maronite et l’archevêché grec melkite catholique ont été détruits. Abandonnés de tous, les habitants en sont réduits à crier leur détresse sur les réseaux sociaux. Leurs photos montrent des cadavres et des immeubles éventrés, comme dans le quartier de Souleimaniyeh, où, il y a une quinzaine de jours encore, on sortait en famille presque sans crainte.

Ces gens sont impitoyablement massacrés en raison de leur appartenance à une religion et une communauté. Ils sont tués simplement parce qu’ils sont chrétiens. Cela se passe AUJOURD’HUI, au grand jour. Il s’agit d’un nouveau génocide. Il se déroule sous nos yeux, aux portes de l’Union européenne. Nul ne pourra dire qu’il ne savait pas.

Allez-vous laisser mourir les chrétiens sans rien faire ? Allez-vous tranquillement attendre qu’il soit trop tard pour dénoncer un nouveau crime contre l’humanité ? Allez-vous laisser prospérer la base arrière de tous les terroristes désireux de frapper la France et de multiplier les attentats contre des innocents ?



SOS CHRÉTIENS D’ORIENT RÉCLAME :
- Un cessez le feu immédiat à Alep, pour que cesse le massacre des chrétiens ;
- L’obligation, pour la France, de suivre les résolutions 2161 et 2170 de l’ONU, interdisant de fournir des armes aux terroristes du Front Al-Nosra ;
- La levée des sanctions internationales et l’autorisation, pour les organisations humanitaires, de venir au secours des victimes du conflit.




Soldats de l'Armée arabe syrienne en prière avant le combat


Sources : This Is Christian Syria, La Syrie enchaînée, Fondation d'Alep, SOS Chrétiens d'Orient

Explosion de la cathédrale maronite d’Alep

Cathédrale Saint-Élie d'Alep

Alep : la cathédrale maronite d’Alep sérieusement endommagée lors des bombardements ciblés sur le quartier chrétien

Syrie: la situation critique des chrétiens à Alep


TVL : Benjamin Blanchard de retour de Syrie pour "SOS Chrétiens d'Orient"






Les chrétiens d'Alep célèbrent Noël pour la première fois en cinq ans


Avec la Communauté Syrienne de France, manifestation de soutien à la Syrie à Paris



وعادت حلب
أحتفالا بعودة الأمن والامان الى حلب خرج أبناء الجالية السورية في فرنسا وبمشاركة اتحاد الطلبة السوريين الى ساحة جوفرية بباريس يوم السبت 24 كانون الاول محيين الجيش العربي السوري لما فدمه من انجازات ووقفوا دقيقة صمت على أرواح الشهداء ورددوا هتفات يأكدون من خلالها تمسكهم وتأييدهم لسياسة حكومتهم لمحاربة الارهاب في كامل سورية، كما استنكروا السياسة الفرنسية في دعم المجموعات المسلحة والتزييف الاعلامي الممنهج لتدمير سورية ...مؤكدين فشل المخطط الامبريالي والصهيوني بانتصار سورية وعودة حلب لحضن الوطن




Alep de retour au sein de la Mère Patrie…
La Communauté Syrienne en France en partenariat avec l'Union des Étudiants Syriens s'est rendue, ce samedi 24 décembre, place Joffre à Paris pour manifester sa joie après le retour de la paix et de la sécurité à Alep… D'abord a été exprimée leur reconnaissance à la glorieuse Armée Arabe Syrienne pour sa bravoure et ses sacrifices. Une minute de silence a été observée pour le repos de l'âme des martyrs. Ensuite la foule a longuement scandé son soutien et sa confiance dans la politique du Gouvernement légitime de la Syrie dans sa lutte contre le terrorisme sur l'ensemble du territoire national. Également ont été condamnées la politique française de soutien aux groupes armés et la falsification systématique des informations en complicité avec le plan impérialiste sioniste de destruction de la Syrie… La victoire d'Alep et son retour au sein de la Nation inflige à tous ceux-là ennemis de la Syrie un cuisant échec !


La Communauté Syrienne de France et l'Union des Étudiants Syriens célèbrent la victoire d'Alep à Paris



Prise de parole d'Ali Ismaël et de Roueida Khoury…  entretien avec Bassam Tahhan,
place du Maréchal Joffre à Paris le 24 décembre 2016






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Vendredi 23 décembre, déjà une première manifestation de la Syrie authentique à Paris
en faveur du président Bachar al-Assad et de la Russie






samedi 24 décembre 2016

Bienvenue à Idlib, patrie d’al-Nusra et prototype américain de ville syrienne



Après avoir enfin sécurisé Alep, Bachar al-Assad a déjà exprimé publiquement son prochain objectif stratégique, la province et la ville d’Idlib. Il faut s’attendre au même battage médiatique occidental que pour Alep. Alors faisons le point sur la situation actuelle de cette ville.




Un rapport publié par The Century Foundation (TCF), un groupe de réflexion sur les politiques américaines, aide à éclairer le fonctionnement interne de la petite ville du nord de la Syrie, Idlib.

Idlib est à l’organisation terroriste Jabhat al-Nusra (également connue sous le nom de Jabhat Fateh al-Sham ou al-Qaïda en Syrie), ce que la ville d’al-Raqqa est au soit disant État islamique, sa « capitale ».

Mais la ville abrite également un large éventail d’autres groupes militants coopérant avec l’organisation terroriste, ainsi qu’une myriade d’organisations non gouvernementales (ONG) financées et dirigées par les États-Unis, l’Europe, la Turquie et les États du Golfe.

Bien que de grands espoirs soient proclamés dans les déclarations des politiciens des États-Unis, de l’Europe et du Golfe, espoirs répercutés par leurs plates-formes médiatiques respectives, pour le rôle possible de cette ville comme « capitale » alternative pour un « gouvernement » alternatif, c’est-à-dire opposé à l’État et à la nation syrienne, ce rapport est une douche froide sur ce qui n’était qu’une étincelle, pas même une flamme d’espoir.

L’« opposition » n’existe que grâce au soutien d’intérêts étrangers

@deSyracuse Syria civil war (2 November 2016) par deSyracuse — Accéder à la carte interactive, cliquer  ICI

Le rapport intitulé Garder les lumières allumées dans l’Idlib rebelle, décrit une ville si dangereuse et dysfonctionnelle que les auteurs du rapport n’ont même pas pu s’y risquer pour réaliser leurs entrevues, qui ont plutôt été menées à distance de l’autre côté de la frontière turco- syrienne. Le rapport admet même que le « conseil provincial », destiné à remplacer le gouvernement syrien, est resté en Turquie pendant des années et y maintient encore un bureau.

Ce rapport dit :

« Dans la province d’Idlib détenue par les rebelles en Syrie, les habitants ont créé des organes locaux de gouvernance qui fournissent les services nécessaires et posent simultanément un défi politique au régime de Bachar al-Assad. Aucune autorité dominante n’a remplacé l’État après qu’il a été évincé d’Idlib. Les groupes armés islamistes et jihadistes détiennent le pouvoir au niveau local et ont développé des organes de coordination des services relativement sophistiqués. Pourtant, le pouvoir décisionnel ultime reste généralement entre les mains des organisations donatrices étrangères. »

Le rapport souligne que les groupes armés sont en compétition non seulement pour exercer une influence au sein d’Idlib, mais aussi pour avoir accès au flux constant de ressources dont disposent les bailleurs de fonds étrangers. Le rapport admet que cette aide étrangère (dominée par l’USAID) soutient les occupants d’Idlib qui n’ont pas la capacité d’unifier la ville, de financer leurs activités, et encore moins de contester l’État syrien par eux-mêmes.

Le rapport admet également qu’au départ, le gouvernement syrien était en mesure de protéger les centres urbains d’Idlib et qu’ils ne sont tombés qu’après la prise de possession de la frontière de Bab al-Hawa, qui rejoint la Turquie. Cela suggère qu’un afflux d’armes, de fournitures et de combattants passant par la frontière turque, avec le soutien des Turcs et d’autres sponsors étatiques, ont aidé à inverser la tendance contre les forces syriennes, et non l’élan du « soulèvement » lui-même.

La province d’Idlib est maintenant l’une des rares régions du pays qui a encore une frontière non sécurisée avec la Turquie, ce qui explique qu’Idlib continue à échapper au contrôle du gouvernement syrien. Le rapport admet également que les organisations terroristes (Ahrar al-Sham et al-Nusra) dominent cette région, contrairement à la rhétorique américaine et européenne [qui l’a dit aux mains de « modérés », NdT].

Le dysfonctionnement d’Idlib reflète ceux de la Libye ou de l’Afghanistan

Le rapport de TCF explore les différentes facettes du dysfonctionnement qui afflige Idlib, y compris la corruption, le népotisme et l’ingérence des groupes armés. La dépendance à l’égard de l’aide étrangère et les luttes intestines constantes ne sont pas qu’un avant goût des choses à venir dans tout le pays si le gouvernement syrien était renversé, c’est aussi le reflet de la situation en Libye et en Afghanistan après l’intervention des États-Unis et de l’OTAN.

Avec des entrepreneurs intéressés seulement par être payés, et des groupes locaux consumés par les luttes intestines, Idlib fournit le dernier exemple de l’échec de la politique de « construction de nation » occidental. Idlib une ville faillie, présiderait un État failli.

Le rapport présente Idlib comme un « microcosme de la guerre ». Il stipule :

« L’administration et le secteur des services d’Idlib ont été, à bien des égards, un microcosme de la guerre syrienne et du mode de gouvernance des rebelles. Comme pour l’opposition armée de la province, une tendance au localisme et des flux disparates et non coordonnés de soutien extérieur ont abouti à un secteur des services déchiré et inefficace. »

Même si les États-Unis et leurs alliés pensaient qu’il était politiquement possible de présenter Idlib comme une « capitale » pouvant remplacer Damas, en réalité un tel rôle lui serait impossible à assumer. Entre sa petite taille, le fait qu’elle soit dominée de façon transparente par des terroristes armés et complètement dépendante de l’aide étrangère signifie qu’Idlib ne peut même pas s’auto-administrer, ni la province dans laquelle elle réside, et encore moins tout le pays. Tout État soumis au pouvoir de la ville défaillante d’Idlib serait sans aucun doute un État failli.

Idlib ne sert qu’à entretenir l’illusion d’une opposition viable. L’administration de la ville et de la province est aussi artificielle que le conflit armé qui est la cause de son état actuel de dysfonctionnement. L’administration municipale et provinciale dépend entièrement du soutien étranger qui ne s’intéresse qu’au renversement de Damas, pas à la paix ni à la prospérité d’Idlib. Comme l’Afghanistan, l’Irak et la Libye, une fois la guerre terminée et le changement de régime accompli, les entrepreneurs chercheront à faire autant d’argent que possible sur la reconstruction, plus intéressés à retourner à la maison pour dépenser leurs nouvelles fortunes qu’à partir en laissant un État-nation libre et fonctionnant bien.

Le rapport conclut sur la question de savoir si oui ou non le gouvernement syrien peut se réinstaller à Idlib. Le gouvernement syrien possède absolument tout ce qui manque aux « administrateurs » actuels d’Idlib, à savoir l’unité, la capacité et les ressources. Tout comme ce qui se passe à Alep, quand les zones sont finalement retournées au contrôle syrien et la fourniture d’aide étrangère sous forme d’armes a été arrêté, l’illusion d’une opposition s’est d’elle-même arrêté.

Ulson Gunnar

Sources :







Joyeux Noël de la part des Chrétiens de Syrie






vendredi 23 décembre 2016

Alep : Éric Denécé dénonce la falsification de l'information face au terrorisme islamique






Alep : Éric Dénécé dénonce la falsification de l'information par les médias (LCI, 21/12/16, 23h37)



Transcription :
Éric Dénécé : Un autre point me paraît tout à fait important de signaler, c'est ce qui se passe à Alep en ce moment. Parce que là, on est à mon sens sur une falsification de l'information qui est énorme. Bien sûr qu'il y a une guerre civile en Syrie, bien sûr que la situation est inadmissible. Ceci dit, ça ne concerne que 30% d'Alep, ça concerne soit des civils qui sont pris en otage par des djihadistes, soit des gens qui refusent de quitter les quartiers parce qu'ils soutiennent ces mêmes djihadistes. On ne vous parle pas de tout ce qui se passe ailleurs en Syrie.

Yves Calvi : On se fait rouler dans la farine avec Alep ?

Éric Dénécé : On se fait rouler dans la farine avec Alep. Ca ne veut pas dire qu'il n'y a pas des victimes innocentes qui périssent mais j'insiste sur ce point...

Yves Calvi : Il y a bien une ville qui est détruite quand même.

Éric Dénécé : Non. Il y a un tiers du quartier d'Alep, seulement un tiers, qui sont victimes des bombardements, et j'insiste, c'est un tiers de la ville dans lequel des djihadistes dangereux sont présents. Et ce sont ces djihadistes qui depuis des années tirent sur les quartiers chrétiens, tirent sur le reste de la ville, ce dont on ne parle jamais. On ne parle pas non plus du massacre humanitaire que conduisent les Saoudiens aujourd'hui au Yémen où systématiquement des hôpitaux sont ciblés, où des sites archéologiques sont détruits. Un de nos contacts qui est rentré du terrain l'autre jour nous disait la chose suivante : il nous disait qu'en Syrie, il y a des tas d'endroits où les choses se passent bien. C'est vrai qu'on peut aller dîner dans la rue le soir dans les quartiers de Damas, les gens de Damas vont passer l'été dans des bungalows à Lattaquié au bord de la mer...

Yves Calvi : Je rappelle que c'est une situation qu'on a connue notamment au Liban.

Éric Dénécé : Voilà, donc le pays n'est pas à feu et à sang. Au Yémen, c'est totalement différent, il n'y a quasiment pas 1 km² qui ne soit pas bombardé par les Saoudiens, dans lequel des combats n'aient pas lieu, et on ne parle pas de cela. Il y a un autre point que je voudrais évoquer, c'est que nous avons eu dans les années 90, dans une ancienne colonie française, le Congo, une guerre civile qui a fait 400 000 morts sur 4 millions d'habitants, c'est-à-dire 10% de la population. On n'en parle pas non plus. Donc aujourd'hui, le focus qui est mis sur la Syrie d'une part et sur Alep avec les désinformations qui les accompagnent est une falsification complète de la réalité, ce qui ne veut pas dire qu'on défende Bachar al-Assad, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de victimes civiles qui disparaissent, mais il y a quelque chose d'extrêmement dangereux : pour un jeune islamiste aujourd'hui, la façon dont les médias occidentaux présentent la crise d'Alep est une motivation pour passer à l'action.

Yves Calvi : Comment expliquez-vous justement cette situation, ce manque de lucidité ? En l'occurrence, ce que vous êtes en train de nous expliquer l'a été à ma surprise aussi en partie très largement par les invités de l'émission que nous avons consacrée la semaine dernière à Alep, donc...

Éric Dénécé :Je pense qu'il y a une stratégie...

Yves Calvi : ...je vous le dis franchement, je m'inquiétais tout simplement d'être en train de faire une émission révisionniste sur ce qui est en train de se passer au même moment et qui tire des larmes au monde entier...

Éric Dénécé : Par exemple, ce qui est très frappant, on voit la communauté syrienne en France et dans d'autres pays européens qui est absolument scandalisée de voir la façon dont les médias présentent la situation. Alors je pense que nos médias en France (et je suis obligé de rester un peu général) sont un peu suivistes du mainstream médiatique qui est impulsé et imposé par les médias anglo-saxons et par les médias arabes qui, eux, ont intérêt à présenter la situation en Syrie comme quelque chose d'absolument scandaleux. Et comme toujours, 300 000 morts dans cette guerre, 5 ans de guerre civile, c'est quelque chose d'horrible. Il y a à peu près 90 000 militaires qui ont été tués, il y a à peu près 60-70 000 personnes soutenant le régime ou en tout cas neutres qui ont été massacrées, on nous présente les faits comme si Bachar avait tué 90% de la population, ce qui est inexact, ce qui ne veut pas dire que ce soit un saint.

Yves Calvi : C'est extrêmement grave ce que vous nous dites, parce que ça veut dire que nous participons d'une façon ou d'une autre à la naissance des djihadistes et des assassins de demain.

Éric Dénécé : De deux façons : en étant toujours en relation avec des États qui encouragent directement ou indirectement le djihadisme - par le wahhabisme notamment, l'Arabie Saoudite et le Qatar -, et de l'autre côté, sur ce qui se passe aujourd'hui à Alep, le fait de mettre le focus en montrant à tort que les pauvres populations islamistes de ces quelques quartiers d'Alep sont des victimes de l'Occident, eh bien on redonne du carburant à ceux qui dans nos banlieues ou à l'étranger considèrent que le peuple arabe dans le monde est victime de l'ostracisme occidental, et ça les pousse à passer à l'action.

Yves Calvi : Et on a aussi des attentats sur le sol français.




Interview intégrale d'Eric Dénécé, directeur du CF2R - Alep, Terrorisme (LCI, 21/12/16, 23h30)


Interview le 21 décembre 2016 sur LCI d'Éric Dénécé (directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement - CF2R) qui s'exprimait sur Alep et sur le terrorisme. EXTRAITS :

"On est à mon sens sur une falsification de l'information qui est énorme. Bien sûr qu'on est sur une guerre civile en Syrie, mais ça ne concerne que 30% d'Alep, ce sont soit des civils qui sont pris en otage par des djihadistes, soit des gens qui refusent de quitter les quartiers parce qu'ils soutiennent ces mêmes djihadistes. On ne vous parle pas de tout ce qui se passe ailleurs en Syrie. On se fait rouler dans la farine avec Alep. Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de victimes innocentes qui périssent (...) Seul 1/3 d'Alep est victime des bombardements, et j'insiste, c'est 1/3 de la ville dans lequel des jihadistes dangereux sont présents qui depuis des années tirent sur les quartiers chrétiens et le reste de la ville, ce dont on ne parle jamais. On ne parle pas non plus du massacre humanitaire que conduisent les Saoudiens aujourd'hui au Yémen où systématiquement des hôpitaux sont ciblés, des sites archéologiques détruits. Un de nos contacts qui est rentré du terrain l'autre jour nous disait qu'en Syrie, il y a des tas d'endroits où les choses se passent bien où on peut dîner dans la rue le soir dans les quartiers de Damas, aller au bord de la mer, donc le pays n'est pas à feu et à sang. Au Yémen, c'est totalement différent, il n'y a quasiment pas 1 km² qui ne soit pas bombardé par les Saoudiens, et on ne parle pas de cela. Dans les années 90, dans une ancienne colonie belge, le Congo, une guerre civile a fait 400 000 morts sur 4M d'habitants, soit 10% de la population. On n'en parle pas non plus. Aujourd'hui, le focus qui est mis sur la Syrie d'une part et sur Alep avec les désinformations qui les accompagnent est une falsification complète de la réalité, ce qui ne veut pas dire qu'on défende Bachar El Assad, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y ait pas de victimes civiles qui disparaissent, mais il y a quelque chose d'extrêmement dangereux : pour un jeune islamiste aujourd'hui, la façon dont les médias occidentaux présentent la crise d'Alep est une motivation pour passer à l'action.

(Yves Calvi fait remarquer qu'Eric Dénécé tient les mêmes propos que les invités qu'il avait reçus la semaine précédente qui dénonçaient aussi la présentation biaisée de la crise d'Alep https://www.youtube.com/watch?v=k0XkDfi8OnY)

La communauté Syrienne en France et dans d'autres pays européens est absolument scandalisée de voir la façon dont les médias présentent la situation. Nos médias en France sont suivistes du mainstream médiatique qui est impulsé et imposé par les médias anglo-saxons et par les médias arabes qui, eux, ont intérêt à présenter la situation en Syrie comme quelque chose d'absolument scandaleux. Et comme toujours, 300 000 morts dans cette guerre, 5 ans de guerre civile, c'est quelque chose d'horrible, 90 000 militaires tués, 70 000 personnes soutenant le régime ou en tout cas neutres massacrés, on nous présente les faits comme si Bachar avait tué 90% de la population, ce qui est inexact, ce qui ne veut pas dire que ce soit un saint.

(Nous participons à la naissance des djihadistes et des assassins de demain) en étant toujours en relation avec des États qui encouragent directement ou indirectement le djihadisme - par le wahhabisme notamment - comme l'Arabie Saoudite et le Qatar. Et de l'autre côté, sur ce qui se passe aujourd'hui à Alep, le fait de mettre le focus en montrant à tort que "les pauvres populations islamistes" de ces quelques quartiers d'Alep sont des victimes de l'Occident, on redonne du carburant à ceux qui dans nos banlieues ou à l'étranger considèrent que le peuple arabe dans le monde est victime de l'ostracisme occidental, et ça les pousse à passer à l'action."

"Faire de la lutte antiterroriste, c'est chercher une aiguille dans une botte de foin. C'est ce qu'il y a de plus dur. Plus on augmente la taille de la botte de foin, plus le travail est dur. Ca veut dire qu'on cherche toujours que des aiguilles, ça veut pas dire que les migrants sont un danger en tant que tel mais à chaque fois qu'on fait rentrer 1 millier de migrants, il y a probablement 1 ou 2 terroristes. Donc, plus on fait rentrer de migrants, sans avoir les moyens de les filtrer, plus on augmente la difficulté du traitement du risque antiterroriste derrière, et c'est ce que les Allemands ont fait de manière un peu inconsidérée."



samedi 17 décembre 2016

Hollande digne successeur de DeGaulle dans l'odieux, en Syrie et ailleurs…



Damas, Souk Hamidiyé - سوق الحميدية دمشق


Alors que DeGaulle présidait le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) son représentant à Damas donne l’ordre à ses troupes de prendre la capitale, le 29 mai 1945. La Banque de Syrie et la direction de la police sont investies. La ville est bombardée pendant 36 heures d'affilée. On dénombre plus de 400 morts et des centaines de blessés. Une partie de la ville est détruite par ce bombardement, dont le parlement syrien et le quartier environnant, aujourd'hui encore surnommé "al-Hariqa" [الحريقة], la "Brûlée". Le reste du pays subit les mêmes violences.

Les conditions dramatiques qui ont entouré cette accession à l'indépendance provoque la déconsidération définitive de la France aux yeux des pays arabes. Elle met aussi en évidence l’incapacité des dirigeants français, DeGaulle tout particulièrement, à instaurer pacifiquement de nouveaux rapports de souveraineté avec les pays encore sous domination française.

Plus de 70 ans après, la toiture transpercée du souk Hamidiyé rappelle cette imbécile agression française aux milliers de Damascènes qui chaque jour le parcourent…




Anne Bruchez : "La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères"

vendredi 16 décembre 2016

Bachar al-Assad : « La défaite des terroristes à Alep est celle de l'Occident »





Le Président Obama a tout récemment suspendu l’interdiction d’armer certains terroristes en Syrie… La date de l’annonce et l’attaque contre Palmyre coïncident. Il existe un lien direct entre ces deux événements, et la question est donc : à qui ces armements sont-ils envoyés ? Dans quelles mains vont-ils se retrouver ? Dans les mains de Daesh et du Front al-Nosra qui se coordonnent entre eux.
L’annonce de la levée de l’embargo est donc directement liée à l’attaque contre Palmyre et au soutien d’autres terroristes à l’extérieur d’Alep, parce que lorsqu’ils subissent une défaite à Alep, les États-Unis et l’Occident ont besoin de soutenir leurs forces par procuration ailleurs, parce qu’ils n’ont aucun intérêt à résoudre le conflit en Syrie.
Ainsi, le but crucial de cette annonce est de créer plus de chaos, car les États-Unis créent le chaos afin de le gérer, et lorsqu’ils le gèrent, ils souhaitent utiliser les différents facteurs de ce chaos pour exploiter les différentes parties du conflit, qu’elles soient internes ou externes.


Bachar al-Assad : « La défaite des terroristes à Alep est celle de l'Occident » (1/2)




Bachar al-Assad : « Les médias occidentaux ont perdu toute crédibilité » (2/2)


Transcription (par Sayed Hasan) :

Russia Today : Monsieur le Président, merci beaucoup d’avoir accepté de nous recevoir.

Bachar al-Assad : Vous êtes les bienvenus à Damas.

RT : Nous commençons avec Alep, bien sûr. Alep connaît actuellement ce qui est peut-être les combats les plus féroces depuis que la guerre a commencé il y a près de six ans ici en Syrie. Mais les politiciens et les médias occidentaux portent un regard très négatif au sujet de l’avance de votre armée. Pourquoi cela se produit-il selon vous ? La considèrent-ils comme leur propre défaite ?

Bachar al-Assad : En fait, après qu’ils aient échoué à Damas, parce que le récit des 3 premières années était « la libération de Damas des mains de l’État ». Quand ils ont échoué, ils sont allés à Homs, puis (ils ont échoué à Homs et) ils se sont concentrés sur Alep durant les 3 dernières années. Et pour eux, c’était la dernière carte majeure à jouer sur le champ de bataille syrien.

Bien sûr, ils ont toujours des terroristes dans différentes régions de la Syrie, mais ce n’est pas comme Alep qui est la deuxième plus grande ville (du pays), qui a une dimension politique, militaire, économique, et même morale (toute particulière) lorsque leurs terroristes sont vaincus.

Donc pour eux, la défaite des terroristes est la défaite de leurs forces par procuration, pour dire les choses clairement. Ce sont leurs forces par procuration, et pour eux, la défaite de ces terroristes est la défaite de tous les pays qui les ont supervisés, que ce soit des pays régionaux ou des pays occidentaux comme les États-Unis en premier lieu, la France et le Royaume-Uni.

RT : Vous pensez donc qu’ils considèrent cela comme leur propre défaite, n’est-ce pas ?

Bachar al-Assad : Exactement, c’est ce que je veux dire. La défaite des terroristes est leur propre défaite parce qu’ils constituent leur véritable armée sur le terrain. Ces pays ne sont pas directement intervenus en Syrie : ils sont intervenus à travers ces forces par procuration. Voilà comment nous devons considérer les choses si nous voulons être réalistes, indépendamment de leurs déclarations, bien sûr.

RT : Palmyre est maintenant une autre zone de troubles, et elle a été prise par Daech. Mais nous n’entendons pas beaucoup de condamnations à ce sujet. Est-ce pour la même raison ?

Bachar al-Assad : Exactement, car si Palmyre avait été prise par le gouvernement, ils auraient exprimé des craintes à propos du patrimoine historique. Lorsqu’on libère Alep des terroristes, les responsables occidentaux et les médias dominants expriment des craintes au sujet des civils. Mais ils ne s’inquiètent pas lorsque c’est l’inverse qui se produit, lorsque les terroristes tuent ces civils ou attaquent Palmyre et commencent à détruire le patrimoine de l’humanité - et pas seulement de la Syrie.

Exactement, vous avez raison. Car si vous considérez le moment choisi pour l’attaque contre Palmyre, vous voyez bien qu’il est lié à ce qui se passe à Alep. C’est une réponse à ce qui se passe à Alep, à l’avance de l’Armée Arabe Syrienne, et ils ont voulu saper la victoire à Alep et en même temps distraire l’armée syrienne d’Alep pour l’attirer vers Palmyre et stopper sa progression. Mais bien sûr, cela n’a pas marché.

RT : Il y a également des informations selon lesquelles le siège de Palmyre ne serait pas seulement lié à la bataille d’Alep, mais également à ce qui se passait en Irak. La coalition menée par les États-Unis, qui comporte près de 70 pays, aurait permis aux combattants de Daech à Mossoul de partir, ce qui aurait renforcé Daech ici en Syrie. Pensez-vous que cela puisse être le cas ?

Bachar al-Assad : C’est possible, mais ce serait seulement pour laver les mains des hommes politiques américains (et les libérer) de leur responsabilité dans cette attaque. Ils prétendent que l’armée irakienne a attaqué Mossoul et que Daech a quitté Mossoul pour la Syrie, voilà tout, mais ce n’est pas l’explication.

Pourquoi ? Car les terroristes ont attaqué Palmyre avec une puissance de feu et des effectifs d’une nature et d’une ampleur sans précédent, que Daech n’a jamais eus auparavant dans cette guerre. Ils ont attaqué sur un front très large, des dizaines de kilomètres, ce qui peut correspondre à plusieurs armées. Daech n’a pu réaliser cela qu’avec le soutien de différents États, pas seulement d’un seul État mais de plusieurs. Ils sont arrivés avec des mitrailleuses, des canons et de l’artillerie différents. Ils n’ont pu progresser dans ce désert que sous la supervision de l’alliance américaine qui est censée les attaquer à Raqqa, Mossoul et Deir-Ezzor. Mais cela n’a pas eu lieu, ils ont fermé les yeux sur les actions de Daech ou même, et c’est ce que je crois, ils les ont eux-mêmes poussés vers Palmyre.

Il ne s’agit pas de Mossoul, nous ne devons pas tomber dans ce piège. Il s’agit de Raqqa et Deir-Ezzor, tout près, seulement à quelques centaines de kilomètres, Ils ont pu venir sous la supervision des satellites et des drones américains, et avec le soutien américain.

RT : Quel est l’état des forces de Daech aujourd’hui ?

Bachar al-Assad : Leur force est à la hauteur du soutien qu’ils obtiennent de l’Occident et des puissances régionales. En réalité, si on les considère de manière isolée, ils ne sont pas forts, car ils n’ont pas d’incubateur social naturel. Sans cela, les terroristes ne peuvent pas avoir assez de force.

Le véritable soutien qu’ils ont (l’argent, les investissements pétroliers, le soutien des forces aériennes de l’alliance américaine…) est la (seule) cause de leur force, et c’est pourquoi (je vous dis) que leur force est à la hauteur de celle de leur soutiens ou superviseurs.

RT : À Alep, nous avons entendu que vous aviez permis à certains de ces terroristes de quitter librement le champ de bataille. Pourquoi faire cela ? Il est clair qu’ils peuvent revenir à Idlib, par exemple, se procurer des armes et se préparer à d’autres attaques, puis peut-être retourner attaquer ceux qui libèrent Alep.

Bachar al-Assad : Exactement, c’est vrai, et cela se produit depuis plusieurs années. Mais il faut toujours considérer les avantages et les inconvénients, et quand les gains sont supérieurs aux pertes, il faut y aller. Dans ce cas, notre priorité est de préserver la zone de la destruction causée par la guerre, protéger les civils qui y vivent, laisser la possibilité à ces civils de quitter cette zone par des couloirs humanitaires pour rejoindre celles contrôlées par le gouvernement et donner la chance à ces terroristes de changer d’avis, de rejoindre le gouvernement, de retourner à leur vie normale et d’être amnistiés.

S’ils ne le font pas, ils peuvent partir avec leurs armes, avec les inconvénients que cela implique, mais ce n’est pas notre priorité, car si vous les combattez dans n’importe quel autre secteur en dehors des villes, vous aurez moins de destructions et moins de victimes parmi les civils, voilà la raison.

RT : J’ai l’impression que vous les appelez terroristes, mais qu’en même temps, vous les traitez comme des êtres humains, vous leur dites : « Vous avez une chance de retourner à la vie normale. »

Bachar al-Assad : Exactement. Ce sont des terroristes parce qu’ils portent des mitrailleuses, ils tuent, ils détruisent, ils commettent des actes de vandalisme, et ainsi de suite. C’est naturel – partout dans le monde on qualifie ces actes de terrorisme.

Mais en même temps, ce sont des êtres humains qui ont commis des actes de terrorisme. Ils pourraient être d’autres personnes. Ils ont rejoint les terroristes pour différentes raisons, que ce soit par crainte, pour l’argent, parfois pour des raisons idéologiques. Donc, si vous pouvez les faire retourner à leur vie normale, pour qu’ils redeviennent des citoyens normaux, c’est notre travail en tant que gouvernement.

Il ne suffit pas de dire : « Nous allons combattre les terroristes ». La lutte contre les terroristes c’est comme un jeu vidéo. Vous pouvez détruire votre ennemi, mais le jeu va générer et régénérer des milliers d’autres ennemis, donc vous ne pouvez pas le traiter à la manière américaine : simplement tuer, encore tuer ! Ce n’est pas notre objectif ; c’est notre dernière option. Si vous pouvez changer les choses, c’est une bonne option.

Et cela a fonctionné. Cela a été un succès car un grand nombre de ces terroristes, quand ils changent de perspective, certains reviennent à une vie normale et certains rejoignent l’armée syrienne, ils combattent avec l’armée syrienne contre les autres terroristes. C’est un succès, de notre point de vue.

RT : Monsieur le Président, vous venez de dire qu’on gagne et qu’on perd. Considérez-vous en avoir fait suffisamment pour minimiser les pertes civiles durant ce conflit ?

Bachar al-Assad : Nous faisons de notre mieux. Ce qui est suffisant, c’est subjectif, chacun peut le voir à sa façon. Au bout du compte, ce qui est assez, c’est ce que vous êtes capables de faire. Ma capacité en tant que personne, la capacité du gouvernement, la capacité de la Syrie en tant que petit pays qui fait face à une guerre soutenue par des dizaines de pays, des centaines de chaînes médiatiques dominantes et d’autres moyens qui œuvrent contre vous.

Donc, cela dépend de la définition de « suffisamment », c’est, comme je l’ai dit, très subjectif, mais je suis certain que nous faisons de notre mieux. Au final, rien n’est suffisant, et les actions humaines sont toujours pleines de choses bonnes et justes et imparfaites ou erronées, disons, c’est quelque chose de naturel.

RT : Les pays occidentaux ont demandé à maintes reprises à la Russie et à l’Iran de faire pression sur vous pour mettre fin aux violences, comme ils disent. Tout récemment, six pays occidentaux, dans un message sans précédent, ont à nouveau demandé à la Russie et à l’Iran de faire pression sur vous, exigeant un cessez-le-feu à Alep.

Bachar al-Assad : Oui.

RT : Allez-vous le faire ? Ils demandent un cessez-le-feu au moment même où votre armée progresse.

Bachar al-Assad : C’est exactement ça. Il est toujours important en politique de lire entre les lignes, de ne pas s’arrêter à la lettre. Ce qu’ils demandent importe peu. La traduction de leur déclaration c’est : « Vous les Russes, s’il vous plaît, stoppez l’avance de l’armée syrienne contre les terroristes. » C’est le sens de leur déclaration, oubliez le reste : « Vous êtes allés trop loin dans votre victoire contre les terroristes, cela ne devait pas se produire. Vous devriez dire aux Syriens de mettre fin à cela. Nous devons préserver les terroristes et les sauver. » Voici en bref (le sens de leur appel).

Deuxièmement, la Russie n’a jamais – ni ces jours-ci, ni pendant la guerre, ni avant la guerre, ni à l’époque de l’Union Soviétiquev– la Russie n’a jamais essayé d’interférer dans nos prises de décision. Jusqu’à présent, chaque fois que la Russie avait des opinions ou des conseils, peu importe comment on les considère, ils finissaient toujours par dire : « C’est votre pays, vous savez quelle est la meilleure décision à prendre. C’est comme ça que nous voyons les choses, mais si vous les voyez de façon différente, vous savez mieux que nous, c’est vous les Syriens. » Ils sont réalistes, ils respectent notre souveraineté et défendent toujours la souveraineté qui repose sur le droit international et la Charte des Nations unies. Il ne leur est donc jamais arrivé de faire pression, et ils ne le feront jamais. Ce n’est pas leur façon de faire.

RT : Dans quel été se trouve actuellement l’armée syrienne ?

Bachar al-Assad : Il faut l’évaluer par rapport à deux choses : tout d’abord à la guerre elle-même et ensuite à la taille de la Syrie. La Syrie n’est pas un grand pays, donc elle ne peut pas avoir une grande armée en termes quantitatifs. Le soutien de nos alliés a été très important, en particulier de la Russie et de l’Iran. Après six ans, ou presque six ans, de guerre, ce qui est plus long que la Première et la Seconde Guerres mondiales, il est sûr et évident que l’armée syrienne ne peut pas être aussi large qu’elle l’était auparavant.

Mais ce que nous avons c’est la détermination à défendre notre pays. C’est la chose la plus importante. Notre armée a perdu tant de vies, nous avons tant de martyrs, tant de soldats handicapés. Nous avons subi des pertes énormes en matériel. Du point de vue des chiffres, nous avons perdu beaucoup, mais nous avons toujours cette détermination. Et je peux vous dire que cette détermination est beaucoup plus forte qu’avant la guerre. Mais bien sûr, nous ne pouvons pas ignorer le soutien de la Russie, celui de l’Iran, qui rendent notre détermination plus efficace et concrète.

RT : Le Président Obama a tout récemment suspendu l’interdiction d’armer certains rebelles syriens.

Bachar al-Assad : Oui.

RT : Comment cela pourrait-il, à votre avis, se traduire sur le terrain ? Cela est-il susceptible de renforcer directement ou indirectement les terroristes ?

Bachar al-Assad : Nous ne sommes pas sûrs qu’il a levé cet embargo au moment où il l’a annoncé. Il a pu l’avoir levé plus tôt, mais il l’a annoncé plus tard en vue de lui donner, disons, une légitimité politique. C’est la première chose.

Le deuxième point est très important : la date de l’annonce et l’attaque contre Palmyre coïncident. Il existe un lien direct entre ces deux événements, et la question est donc : à qui ces armements sont-ils envoyés ? Dans quelles mains vont-ils se retrouver ? Dans les mains de Daesh et du Front al-Nosra qui se coordonnent entre eux.

L’annonce de la levée de l’embargo est donc directement liée à l’attaque contre Palmyre et au soutien d’autres terroristes à l’extérieur d’Alep, parce que lorsqu’ils subissent une défaite à Alep, les États-Unis et l’Occident ont besoin de soutenir leurs forces par procuration ailleurs, parce qu’ils n’ont aucun intérêt à résoudre le conflit en Syrie.

Ainsi, le but crucial de cette annonce est de créer plus de chaos, car les États-Unis créent le chaos afin de le gérer, et lorsqu’ils le gèrent, ils souhaitent utiliser les différents facteurs de ce chaos pour exploiter les différentes parties du conflit, qu’elles soient internes ou externes.

RT : Monsieur le Président, comment vous sentez-vous en tant que petit pays au milieu de cette trombe d’autres pays qui n'ont aucun intérêt à mettre fin à cette guerre ?

Bachar al-Assad : Exactement. C'est quelque chose que nous avons toujours ressenti, avant même cette guerre, mais aujourd'hui on le ressent encore plus, bien sûr, parce que les petits pays se sentent plus en sécurité lorsqu’il y a un équilibre international. Nous avons ressenti ce que vous évoquez après l’effondrement de l’URSS, quand il n'y avait plus que l’hégémonie américaine, et les États-Unis souhaitaient en faire à leur guise et dicter leur politique à tout le monde. Ce sont les petits pays qui souffrent le plus.

Nous le sentons donc aujourd'hui, mais en même temps, il y a plus d'équilibre aujourd'hui avec le rôle de la Russie. C'est pourquoi nous considérons que plus la Russie est forte – et je ne parle pas seulement de la Syrie, mais de tout petit pays dans le monde –, plus la Russie est forte, plus la Chine émerge, plus nous nous sentons en sécurité.

La situation dans laquelle nous vivons est très douloureuse, à tous les niveaux : au niveau humanitaire, des sentiments, des pertes, à tous les niveaux. Mais en fin de compte, la question n'est pas de perdre ou de gagner ; il s’agit de gagner ou de perdre votre pays. C’est une menace existentielle pour la Syrie. Ce n'est pas un gouvernement qui va perdre face à un autre gouvernement, ou une armée face à une autre armée ; soit le pays va gagner, soit il va disparaître. Voilà comment nous considérons les choses. C'est pourquoi vous n’avez pas le temps de ressentir la douleur ; vous n'avez de temps que pour lutter, vous défendre et faire quelque chose sur le terrain.

RT : Parlons du rôle des médias dans ce conflit.

Bachar al-Assad : Très bien.

RT : Tous les belligérants de cette guerre ont été accusés d'avoir causé des victimes civiles, mais les médias occidentaux ont gardé un silence presque total au sujet des atrocités commises par les rebelles. Quel rôle les médias jouent-ils dans ce conflit ?

Bachar al-Assad : En premier lieu, les médias dominants ainsi que leurs confrères parmi les hommes politiques souffrent depuis quelques décennies d'une corruption morale. Ils n’ont aucune morale. Quelle que soit la chose dont ils parlent, qu'ils évoquent ou qu’ils utilisent comme masque (les droits de l’homme, les civils, les enfants…), ils ne recourent à tout cela que pour leur agenda politique, afin de toucher leur opinion publique et de la pousser à les soutenir dans leur intervention dans cette région, qu'il s'agisse d'une intervention militaire ou politique. Ils n'ont donc aucune crédibilité à cet égard.

Il suffit de regarder ce qui se passe aux États-Unis, où une véritable rébellion a lieu contre les médias dominants, parce qu'ils ont menti et continuent à mentir à leur public. Nous pouvons dire que l’opinion publique ou les populations en Occident ignorent ce qui se passe vraiment dans notre région, mais ils savent au moins que les médias dominants et leurs hommes politiques leur ont menti pour servir leurs propres intérêts et leur agenda.

C'est pourquoi je ne pense pas que les médias dominants puissent encore faire croire à leurs histoires, et c'est pourquoi ils luttent pour leur survie en Occident, bien qu'ils aient une très grande expérience et des soutiens, de l'argent et des ressources considérables. Mais il leur manque néanmoins quelque chose d'essentiel pour survivre : la crédibilité. Ils n'en ont pas, ils l'ont perdue. Ils ne sont pas transparents, et c'est pourquoi ils ne sont donc plus crédibles.

C'est pourquoi ils font preuve de tant de lâcheté aujourd'hui, ils ont peur de votre chaîne [Russia Today], de toute déclaration qui pourrait révéler la vérité, parce que cela démystifierait leurs manipulations. Voilà pourquoi.

RT : Par exemple, l'agence de presse Reuters a cité Amaq, l’organe de propagande de Daesh, à propos du siège de Palmyre.

Bachar al-Assad : Oui.

RT : Pensez-vous qu'ils donnent de la légitimité aux extrémistes en agissant ainsi, en citant leurs médias ?

Bachar al-Assad : Même s'ils ne citent pas leurs agences de presse, ils adoptent de toute façon leur rhétorique. Mais si vous considérez l'aspect technique de la manière dont Daech se présente depuis le début, via ses vidéos, les actualités, les médias en général et les relations publiques, ils utilisent des techniques occidentales. Regardez bien, c'est très sophistiqué.

Comment quelqu'un qui est assiégé, méprisé partout dans le monde, attaqué par des avions, que le monde entier veut chasser de chaque ville qu’il occupe, comment un tel groupe pourrait-il se montrer aussi sophistiqué, à moins d'être parfaitement à son aise et de recevoir tout le soutien possible ? Ce n’est pas tant Amaq qu'il faut souligner selon moi, mais bien le fait que l'Occident épouse le point de vue des terroristes, parfois directement et parfois de façon indirecte.

RT : Donald Trump prendra ses fonctions de Président américain dans quelques semaines. Vous avez mentionné l'Amérique de nombreuses fois aujourd'hui. Qu'attendez-vous de la nouvelle administration américaine ?

Bachar al-Assad : Sa rhétorique pendant la campagne a été positive au sujet du terrorisme, qui est notre priorité aujourd'hui. Toute autre chose n'est pas prioritaire, donc je ne vais concentrer sur rien d'autre, le reste est américain, disons, des questions internes, cela ne me concerne pas.

Mais la question est de savoir si Trump a la volonté ou la capacité de mettre en œuvre ce qu'il vient de mentionner. Vous savez que la plupart des médias dominants et des grandes entreprises, les lobbies, le Congrès, même certains de son parti étaient opposés à lui. Ils veulent avoir plus d'hégémonie, plus de conflits avec la Russie, plus d'ingérence dans les différents pays, renverser les gouvernements, et ainsi de suite. Il a dit quelque chose qui allait dans l'autre sens. Pourra-t-il tenir ce cap contre tous ceux-là quand il prendra ses fonctions le mois prochain ? Telle est la question.

S'il le pouvait, je pense que le monde sera différent, parce que la chose la plus importante, comme je l'ai mentionné, est la relation entre la Russie et les États-Unis. S'il va vers cette relation, la plupart des tensions dans le monde seront apaisées. C'est très important pour nous en Syrie, mais je ne pense pas que quiconque ait la réponse à cela. Premièrement, ce n'était pas un homme politique, donc, nous n'avons aucune référence pour le juger. Deuxièmement, personne ne peut prévoir comment iront les choses le mois prochain et au-delà.

RT : La situation humanitaire en Syrie est catastrophique, et Mme Mogherini, chef de la politique étrangère de l'UE, nous dit que l'UE est la seule entité à fournir de l'aide humanitaire à la Syrie. Est-ce vrai ?

Bachar al-Assad : En réalité, toute l'aide envoyée par les pays occidentaux était destinée aux terroristes, pour être parfaitement clair, franc et transparent. Ils ne se sont jamais souciés de la moindre vie humaine syrienne. Nous avons beaucoup de villes en Syrie qui restent, jusqu'à aujourd'hui, entourées et assiégées par les terroristes. Ils ont fait en sorte que rien ne puisse leur parvenir : nourriture, eau, quoi que ce soit, tous les besoins fondamentaux de la vie. Bien sûr, ils les attaquent quotidiennement par des tirs de mortiers et essaient de les tuer. Qu'est-ce que l'UE leur a envoyé ? S'ils s'inquiètent des vies humaines, s'ils parlent de l'aspect humanitaire, parce que lorsque vous parlez de l'aspect ou du problème humanitaire, vous ne faites pas de discrimination. Tous les Syriens sont des humains, tous les gens sont des humains. Mais ils ne le font pas. C'est le double standard, c'est le mensonge qu'ils continuent à raconter, et ça devient un mensonge ignoble, que personne ne croit plus. Ce n'est pas vrai, ce qu'elle a prétendu est faux.

RT : Certains suggèrent que pour la Syrie, la meilleure solution serait une partition en différents pays gouvernés par les sunnites, les chiites, les Kurdes. Serait-ce possible ?

Bachar al-Assad : C'est l'espoir ou le rêve de l'Occident et de certains pays de la région, et ce n'est pas nouveau, pas lié à cette guerre. C'était avant la guerre, et des cartes ont été composées en vue de cette division et cette désintégration. Mais en fait, si vous regardez la société d'aujourd'hui, la société syrienne est plus unifiée qu'avant la guerre. C'est la réalité. Je ne dis pas cela pour donner courage à qui que ce soit, je ne m'adresse pas ici au public syrien de toute façon, je parle de la réalité.

En raison des leçons de la guerre, la société est devenue plus réaliste et pragmatique et beaucoup de Syriens ont compris les dangers du fanatisme, et de toute forme d'extrémisme, pas seulement religieux : politiquement, socialement, culturellement, tout cela est dangereux pour la Syrie. Ce n'est qu'en s'acceptant les uns les autres, en se respectant que nous pouvons vivre ensemble et avoir un pays.

Alors, en ce qui concerne la désintégration de la Syrie, si cette désintégration n'est pas effective au sein de la société, parmi les différentes nuances et couches de la société syrienne, le tissu syrien, vous ne pouvez pas avoir de division. Ce n'est pas une simple carte à dessiner, je veux dire, même si vous avez un pays au sein duquel les gens sont divisés, il y a désintégration. Regardez l'Irak, c'est un même pays, mais il est désintégré en réalité.

Donc non, je ne suis pas inquiet à ce sujet. Les Syriens n'accepteront jamais cela. Je parle maintenant de la grande majorité des Syriens, parce que ce n'est pas nouveau, ce n'est pas un sujet qui est apparu durant les dernières semaines ou les derniers mois. C'est le sujet de cette guerre. Donc après près de six ans, je peux vous dire que la majorité des Syriens n'accepteraient rien en rapport avec la désintégration, ils vont vivre comme une seule Syrie.

RT : En tant que mère, je ressens la douleur de toutes les mères syriennes. Je parle des enfants en Syrie, que leur réserve l'avenir ?

Bachar al-Assad : C'est l'aspect le plus dangereux de notre problème, et pas seulement en Syrie, mais où que vous parliez de cette sombre idéologie wahhabite, parce que beaucoup de ces enfants qui sont devenus jeunes au cours de la dernière décennie, ou plus d'une décennie, qui ont rejoint les terroristes sur une base idéologique, pas par manque d'argent ou quoi que ce soit d'autre, ou par espoir, disons, ils venaient de familles ouvertes d'esprit. Des familles instruites, des familles intellectuelles. Donc, vous pouvez imaginer la force du terrorisme.

RT : Donc vous pensez que c'est arrivé à cause de leur propagande ?

Bachar al-Assad : Exactement, parce que cette idéologie est très dangereuse, et elle ne connaît pas de frontières, pas de frontières politiques, et Internet a aidé ces terroristes à utiliser des outils rapides et peu coûteux pour promouvoir leur idéologie, et ils pourraient infiltrer n'importe quelle famille n'importe où dans le monde, que ce soit en Europe, dans votre pays, dans mon pays, n'importe où.

RT : Et c'est ce qui se passe.

Bachar al-Assad : Vous avez une société séculière, j'ai une société séculière, mais cela n'a pas empêché la société d'être infiltrée. Avez-vous une contre-idéologie pour faire face à cela ? Effectivement. Parce qu'ils ont construit leur idéologie sur l'Islam, vous devez recourir à la même idéologie, en utilisant le véritable islam, le véritable islam modéré, afin de contrer leur idéologie. C'est la manière la plus rapide, disons.

Si nous voulons parler du moyen terme et du long terme, il s'agit de savoir dans quelle mesure vous pouvez faire évoluer la société, la façon dont les gens analysent et pensent, parce que cette idéologie ne peut fonctionner que lorsque vous ne pouvez pas analyser, quand vous ne savez pas réfléchir correctement. Donc, il s'agit de l'algorithme de l'esprit, si vous avez un système d'exploitation naturel ou sain, pour faire une analogie avec l'informatique, si vous avez de bons systèmes d'exploitation dans l'esprit, ils ne peuvent pas l'infiltrer comme un virus.

Donc, il s'agit de l'éducation, des médias et de la politique parce que parfois, quand on a une cause, une cause nationale et que les gens perdent espoir, on peut pousser ces gens vers l'extrémisme, et c'est l'une des influences dans notre région depuis les années 1970, après la guerre entre les Arabes et les Israéliens, et l'échec de la paix dans tous les aspects (échec de la reconquête de la terre, de l'octroi de la terre et des droits au peuple [palestinien]), vous avez plus de désespoir, et cela a joué entre les mains des extrémistes. C'est là que les Wahhabites trouvent un sol fertile pour promouvoir leur idéologie.

RT : Monsieur le Président, je vous remercie beaucoup pour votre temps, et je souhaite à votre pays la paix et la prospérité, et dès que possible.

Bachar al-Assad : Merci beaucoup d'être venus.

RT : La situation a été très difficile, et je souhaite que tout cela finisse bientôt. Merci.

Bachar al-Assad : Je vous remercie beaucoup d'être venus en Syrie. Je suis très heureux de vous recevoir.




Jean Michel Carré : « Poutine, le Nouvel Empire »




Poutine, le nouvel empire


Ce jeudi 15 décembre France 2 proposait une programmation 100% Russie, ou plutôt 100% Poutine, avec deux documentaires « Le mystère Poutine » et « Poutine, le Nouvel Empire ». Deux documentaires radicalement différents, contradictoires même, dans le premier d’entre eux, de nombreuses approximations sont à souligner. 

La grille de France 2, jeudi 15 décembre au soir, était donc placée sous l'étoile du Kremlin. En effet, deux documentaires sur le président russe ont été diffusés coup sur coup. En première partie de soirée, présenté par Laurent Delahousse, une émission avec plusieurs entretiens et un documentaire intitulé « le mystère Poutine » s'attardant sur l'ascension au pouvoir de Vladimir Poutine et sur sa personne, le tout suivi du documentaire réalisé par Jean-Michel Carré « Poutine, le Nouvel Empire ».

Une programmation qui n'a pas laissé indifférent Jean-Robert Raviot, professeur de civilisation russe contemporaine à Paris-Ouest Nanterre La Défense, qui a été « très agréablement surpris du ton général de la soirée ». Jean-Robert Raviot, auteur de « Démocratie à la russe » (Ellipses, 2008) était d'ailleurs interrogé dans le documentaire de Jean-Michel Carré.

Toutefois, dans le documentaire diffusé en première partie de soirée, plusieurs approximations sont à relever, des passages qui s'en retrouvaient même contredits par le documentaire de Jean Michel Carré qui suivait. Il faut dire que Jean-Michel Carré est rodé à l'exercice, il est l'auteur de nombreux films-documentaires sur la Russie de Vladimir Poutine tels que « Le Koursk, un sous-marin en eaux troubles » en 2004 ou encore « Le Système Poutinev» env2007. Mais sa connaissance du sujet peut-elle expliquer la différence notoire entre son documentaire et celui de la chaine publique ? Si Jean-Michel Carré ne manque pas de critiquer Vladimir Poutine dans son documentaire, il s'attarde néanmoins sur la logique et sur la vision qu'ont les Russes de leur Président, n'oubliant jamais d'évoquer le contexte dans lequel se sont déroulés les différents épisodes de sa présidence.

Un aspect détaillé, contextualisé, qui fait cruellement défaut au documentaire de France 2, qui donne l'impression de ressasser des idées reçues, voire des clichés, sur le président russe sans rien apporter de nouveau sur lui ou la Russie. Un vide que l'on observe dès le début du film, lorsqu'on présente un Vladimir Poutine pantin des oligarques se partageant le pouvoir dans l'ombre d'un Boris Eltsine au bord de l'impotence… et qui aurait profité des attentats de Moscou pour lancer l'armée russe dans le Caucase, contre Grozny.

Un épisode qui manque cruellement de contexte, pour Jean-Robert Raviot, qui vivait à cette période à Moscou. Il en garde « un souvenir très vivant ». S'il évoque « une zone d'ombre, qui n'a jamais clairement été levée » concernant cet attentat, il s'étonne qu'on continue « à l'isoler » des autres, car il faut dire qu'à ce moment précis, Moscou n'était pas la seule ville frappée.

Source Sputnik News : France 2 : décryptage de la soirée spéciale Russie