Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.
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samedi 5 juillet 2014

Guy Pervillé : "Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre"


Guy Pervillé est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Toulouse-le Mirail, spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale ainsi que de la guerre d’Algérie. Il a notamment publié Pour une histoire de la guerre d’Algérie (Paris, Picard, 2002), La Guerre d’Algérie (PUF, Que-sais-je ?, 2007), Atlas de la guerre d’Algérie (Autremeent, 2003), Les accords d’Évian, succès ou échec de la réconciliation franco-algérienne (Armand Colin, 2012), et chez Vendémiaire, La France en Algérie, 1830-1954 (2012, prix Lyautey 2012 de l’Académie des sciences d’outre-mer).




Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre. (2014) Paris, éditions Vendémiaire, 2014, 317 p. (l'ouvrage ne sera disponible qu'après le 1er mai) :

De tous les événements liés à la guerre d’Algérie, aucun n’a subi une occultation aussi complète que le massacre subi à Oran, le 5 juillet 1962, soit quelques mois après les accords d’Évian et deux jours après la proclamation officielle de l’indépendance de l’Algérie, par une partie de la population européenne de la ville. C’est pourtant celui dont le bilan est, de très loin, le plus lourd : en quelques heures, près de 700 personnes ont été tuées ou ont disparu sans laisser de traces.

Qui a organisé ce massacre ? S’agit-il d’un mouvement de foule spontané, dans une ville ravagée depuis des mois par les attentats de l’OAS ? Ou d’un règlement de compte entre les diverses tendances du nationalisme algérien ? Et pourquoi l’armée française, pourtant dûment informée, et-elle-restée des heures sans intervenir ? A Paris, le gouvernement était-il au courant et a-t-il délibérément laissé dégénérer une situation dont le règlement reveanit désormais à l’Algérie indépendante ?

Reprenant les témoignages, les ouvrages des journalistes et les travaux des historiens sur la question, Guy Pervillé propose ici une magistrale leçon d’histoire pour comprendre cet événement tragique, ainsi que le silence qui l’entoure.



Oran, le 5 juillet 1962… le "Mur des Disparus", Perpignan


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Stupéfiant… Robert Ménard, né à Oran un 6 juillet 1953, prétendu grand reporter, n'a eu connaissance des massacres du 5 juillet 1962 d'Oran que 50 ans après, en 2012 !!! Entretien émouvant. Très émouvant incontestablement… Magnifique ramage. Mais pour quelle efficacité ? Découvrir son enfance à 61 ans passés, c'est quand même un peu tard… Que n'a-t-il, devenu grand enfant,  davantage interrogé sa grand'mère… Si petit Robert ou un peu plus grand avait attentivement écouté sa grand'mère il aurait retenu que celle-ci n'a sans doute jamais parlé de "piénoirs" mais, étant catholique, se serait toujours identifiée comme "Européenne"… Petit Robert aurait appris et retenu que ce sobriquet "piénoirs" n'a été donné aux malheureux exilés que par les indignes patos qui par lâcheté, ces "veaux" avaient voté pour entériner la capitulation de DeGaulle… Mettre à part et déconsidérer ces pestiférés qu'ils avaient condamnés à l'exil, réflexe récurrent des coupables celui de diminuer leurs victimes… Petit Robert saurait que si en un autre temps certains avaient été contraints de porter une étoile, rose ou jaune, ces piénoirs débarqués en France malgré eux ont eu aussi leur marque longtemps indélébile : leurs vieilles voitures, celles qui avaient pu les accompagner dans l'exil, ont alors été systématiquement immatriculées dans des séries spéciales… Revenons à ce 5-Juillet longtemps ignoré de petit Robert… …  J'y pense : Perpignan, c'est quand même pas très éloigné de Béziers… Le grand chef des "grands reporters" n'a-t-il donc pas appris qu'y est érigé un "Mur des Disparus", voilà déjà bien plus qu'un an, plusieurs années même ! Craignons que dans cette poignante et "naïve" confession il n'y ait une belle part d'opportunisme… Bon réveil, Robert !

Un de mes amis né en 1961 - j'écris bien : né en 1961 - prétend avoir participer à l'action de l'OAS… En fait, son père fortement engagé dans la Secrète cachait ses armes dans le berceau de son bébé… Né en 1961, mais un héros par rapport à bien des piénoirs…




vendredi 5 juillet 2019

5 juillet 1962, Oran… chronique d'un massacre annoncé



Un témoignage sur les massacres du 5 juillet 1962 qui ont ensanglanté ma ville natale d'Oran… Un témoignage dont la publication date déjà de cinq ans mais qui ne me parvient qu'aujourd'hui… grâce à de bonnes fréquentations : le site qui reprend ce texte nous a été recommandé par notre hôte de la Communauté syrienne de France lors de son accueil en avril dernier dans son village perché haut sur la montagne des monts Alaouites, SF - Loyauté à la Syrie…   Un témoignage qui par ailleurs a été initialement publié sur un site qui se veut de réconciliation entre ces peuples qui jadis vivaient en harmonie sur cette terre chérie d'Algérie : d'Algérie - Djezaïr - Mouvement de réconciliation…  Un témoignage écrit certes par un "Martinez", un de ces "Martinez", ancien du lycée Lamoricère d'Oran - mon lycée -, fréquentant pourtant en 1950 une classe d'hypokhâgne parisienne, aux condisciples et amis pour la plupart communistes, chez lesquels du fiel d'un André Mandouze s'étaient répandues les salissures… Un "Martinez" dont tout francophone cultivé a déjà lu un texte, loin d'une idéologie communiste infestant encore la France des années 50,  puisqu'il est le traducteur du "Docteur Jivago"… Un khâgneux qui a su garder toute son intégrité ; qui face à l'endoctrinement d'une propagande, communiste ou autre, nauséabonde n'a toujours eu qu'un respect : celui des faits… Voilà donc un texte sans a priori doctrinal, qui ne se réfère qu'à ce que l'auteur a vécu et auquel je ne peux qu'adhérer ayant moi-même vécu cette même tragédie, mue par la conjonction de deux haines instillées par le régime sévissant alors en France, celui de DeGaulle abusant de la candeur et de la lâcheté des Patos… comme le suggère si bien la signification du nom en espagnol !… On ne comprendra vraiment le massacre d'Oran en juillet 62, insiste Louis Martinez, qu'en acceptant qu'il s'est produit à la convergence de deux haines jumelles : celle des tueurs du FLN et celle des témoins français, ces "Patos", passifs, amusés ou indifférents. Une haine méchamment nourrie par le maître d'œuvre de cette tragédie, DeGaulle… Un texte qui mérite comme complément de lecture le récent article publié sur ce blog : Hocine Aït Ahmed et Jean-Jacques Susini, deux Algériens d'exception… Un texte qui me confirme dans mon incompréhension de mes compatriotes Européens d'Algérie - rebaptisés après l'exode "Pieds-noirs" - qui sont allés se réfugier dans le pays qui précisément leur a fait la guerre et les a haïs avec le plus d'intensité, la France… Que mon incompréhension à l'égard des uns et ma haine à l'égard des autres, les Patos et leurs complices gaullo-communistes, demeurent intactes à jamais !… Sachant bien-sûr que toute généralisation reste une faute de raisonnement et que seule prévaut la chaleur de relations interpersonnelles…


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Arrivant dans mon hypokhâgne parisienne à l'automne 1950, j'ai vainement essayé d'intéresser mes camarades à l'Algérie et aux problèmes que l'insurrection de Sétif et sa répression avaient créés ou ravivés. La guerre d'Indochine n'était pas achevée, mais personne ne s'intéressait aux destinées d'un empire colonial ébranlé. Il faudrait attendre l'appel du contingent pour que la crainte de risquer sa peau pour une cause obscure réveille les consciences sans pour autant les éclairer sur les enjeux des « évènements » en cours. J'étais alors assez proche de camarades communistes dont certains avaient été « conscientisés » à Alger par André Mandouze. Je professais donc un anticolonialisme de principe, sentimental et superficiel. 






Le procès du cardinal Mindszenty avait ouvert dans ma sympathie pour le communisme une petite brèche que la révolte de Berlin en 1953 et un séjour en URSS de septembre 1955 à juillet 1956 devaient élargir jusqu'au rejet définitif de l'idéologie à laquelle nombre de mes amis devaient sacrifier tout esprit critique, sinon toute honnêteté intellectuelle. Ma vie à Moscou m'avait révélé à la fois la réalité du totalitarisme, la résolution cynique et hypocrite des problèmes ethniques et religieux et l'aspect géopolitique des guerres coloniales. Dans le même temps le terrorisme algérien qui s'en prenait à des civils, l'élimination systématique des notables comme des nationalistes modérés et la stratégie du FLN m'interdisaient la moindre sympathie pour une cause à laquelle devait se rattacher passionnément la majorité du monde intellectuel français.

Ce que j'apprenais du parti dirigeant la rébellion algérienne me laissait augurer des lendemains sinistres pour mon pays natal. L'amalgame de jacobinisme ou de léninisme féroces avec une religion réduite à la haine exterminatrice m'a semblé monstrueux et lourd de catastrophes imparables. Le système colonial, pour imparfait et injuste qu'il ait pu être, aurait pu être corrigé si l'accélération de l'histoire, le discrédit des puissances impériales, la mauvaise conscience des métropoles et l'appétit des idéologies rivales – marxiste dans un camp, mercantiliste dans l'autre – n'avaient empêché la réalisation ou la maturation de réformes nécessaires. C'est donc sans aucun remord que j'ai accompli mon service militaire dans une unité combattante du Sahara Occidental de janvier 1960 à juillet 1961. Démobilisé à cette date, j'ai demandé à être affecté à Oran, dans le lycée que j'avais fréquenté de l'enfantine à la philo. L'idée d'assister à distance, dans Paris, à l'agonie du monde que j'avais connu, parmi des concitoyens qui associaient candidement les terroristes totalitaires aux héros idéalisés de toutes les résistances romantiques, m'était insupportable.

J'ai donc assisté sur place à l'agonie sanglante de ce qui avait été pour moi une terre de voisinages dépourvus de haine sinon de tensions, ouvertes ou cachées. Ville longtemps épargnée par le terrorisme, Oran devait connaître une brutale ségrégation de deux communautés, l'échange d'actions sauvages entre leurs représentants et l'écrasement par la force et la collaboration cynique avec le FLN des désespérés de l'OAS et d'une population qui voyait dans ces rebelles un dernier recours contre l'abandon programmé. Mitraillages, par les forces de l'ordre, assassinats par les mêmes ou par le FLN, enlèvements, tortures, humiliations de tout ordre infligées à la population non musulmane furent cachés à l'opinion française par les médias. Mon ami André Bénichou communiquait à Beuve-Méry le détail des exactions commises par les « forces de l'ordre » ou du FLN, ou encore par les barbouzes. Rien n'en paraissait dans le journal de référence encore salué comme un modèle d'objectivité.

Il importait manifestement que tout opposant puis toute victime de la politique gouvernementale apparussent comme des ultras, des ratonneurs nés, bref de ces « fascistes » qui hantent l'imaginaire d'une majorité de Français. Que bon nombre de ces « fachos » aient voté communiste ou socialiste jusqu'à ce que le désespoir, la peur ou le deuil les aient acculés à voir dans l'OAS un dernier recours n'importait pas plus que l'origine et les ressources modestes de la plupart de ces damnés ou le fait que les juifs pouvaient se dire indigènes de ce pays à plus de titres que les envahisseurs arabes. Il ne fallait pas se perdre dans les nuances, il fallait trancher. Ce qui fut fait.

À peu d'exceptions près le comportement des CRS, des gendarmes mobiles [gendarmerie rouge] et même de la troupe était celui d'une armée en pays ennemi dont la population était méprisée et crainte à la fois. C'est après le cessez-le feu du 19 mars que les enlèvements se multiplièrent et que les « forces de l'ordre » se déchaînèrent contre une population considérée comme cause première et unique de cette maudite guerre d'Algérie.

Tout homme de 15 à 40 ans passait pour un militant de l'OAS. Quelques exemples : lors des contrôles de rue, mes élèves lycéens se voyaient ordonner de cracher sur leur carte d'identité s'ils voulaient la récupérer. Les soldats français assistaient placidement, l'arme au pied, à l'égorgement d'Européens ; comme j'en fus le témoin. Il importait de respecter le cessez-le feu décidé par les accords d'Évian. Sur dénonciation d'un gamin algérien le contenu entier d'un immeuble de la place Sébastopol, suspect d'abriter un repaire de l'OAS, fut transporté au centre de détention et d'interrogatoires du lycée Ardaillon. Une mère de famille, Mme Colombert, fut invitée à monter dans un camion : « Grimpe, poufiasse ! » M. Touboul, aviateur mutilé en 1914, protestant contre cette arrestation illégale et faisant valoir son passé héroïque, fut insulté et menotté avec sa prothèse, tandis qu'une amie, Dominique Queyrat, une fois au lycée Ardaillon, était menottée avec une septuagénaire incontinente. La même Dominique m'a rapporté qu'elle entendait, de la salle où elle était parquée, les hurlements des jeunes-gens que l'on battait dans un local voisin. Elle a retenu le dialogue suivant :
- Je ne suis pas un légionnaire en cavale, si je m'appelle Muller, c'est parce que je descends d'Alsaciens arrivés ici en 70 ! - Ça fait rien ! Attrape pour Cohen, attrape pour Gonzales !

Il est évident que les polices, parallèles ou non, [les barbouzes]chargées de faire appliquer la politique gaullienne et qu'une majorité du contingent considéraient la population européenne d'Algérie comme un ramassis de citoyens de deuxième zone et l'abondance à Oran de patronymes espagnols ou juifs les confortait dans l'idée qu'ils étaient en terre étrangère. On ne comprendra vraiment le massacre d'Oran en juillet 62 qu'en acceptant qu'il s'est produit à la convergence de deux haines jumelles : celle des tueurs et celle des témoins français, passifs, amusés ou indifférents.

En mai 1962 un journaliste suédois, Gunnar Nilson, qui avait enquêté en Ville Nouvelle pour le journal Expressen, m'a interrogé sur mes projets. J'entendais rester à Oran, « pour voir ».
- Même après la fin juin ?
- Bien sûr.
- Après la fin juin, ce sera LA (sic) massacre…

À tout hasard j'ai informé le maximum de personnes et jugé prudent de louer une villa pour l'été sur la corniche – à proximité des canons de Mers-el -Kébir ! - où j'ai abrité des amis de mon âge, a priori suspects d'appartenance à l'OAS et c'est là que nous avons appris par Europe I qu'il se déroulait de graves incidents à Oran. Après la mention de 58 victimes plus une information ne nous est parvenue. Le journal du CNRS mentionne 25 morts à la date du 5 juillet…

La ville vidée par la terreur m'incita à rentrer définitivement en France, plus tard que je ne l'aurais souhaité du fait d'une grève de la CGT…

Si un journaliste suédois a pu obtenir pareils renseignements on peut présumer que les RG n'en savaient pas moins. Je suis convaincu que l'existence d'une grande ville européenne à proximité d'une base navale alimentait dans le FLN et /ou l'ALN la crainte d'une partition ou d'un réduit français. Israël ? Fort Alamo ? Gibraltar ? Dans tous les cas, il fallait terroriser la population européenne et la forcer à l'exil. D'autre part Oran, longtemps épargné par le terrorisme, avait offert longtemps l'exemple d'une bonne entente entre trois communautés religieuses différentes, ce qui contredisait la devise de Ben Badis : une religion, l'islam ; une langue, l'arabe ; une nation, l'Algérie. Voilà pour le côté algérien. Côté français je pense qu'à l'esprit de démission se mêlait le mépris, d'ailleurs formulé par DeGaulle ("ces Lopez, ces Segura"), envers une cité où Espagnols et Juifs étaient majoritaires et qu'on ne pouvait considérer comme pleinement "française" malgré le nombre de ses enfants morts pour la France sur les champs de bataille de Crimée, de Tunisie, d'Italie, de France et d'Allemagne… On était alors loin du culte de la différence qu'on voudrait aujourd'hui nous imposer comme dogme !

Il est d'autre part assez remarquable que M. Chevènement, familier de la Préfecture, ait été opportunément chargé d'embarquer à Mers-el-Kébir une tapisserie de Lurçat tandis que se déroulait dans la ville la tuerie que l'on sait.

Louis Martinez, écrivain, traducteur (russe)

15 octobre 2013

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Louis Martinez est né en 1933 à Oran (Algérie) où il a grandi… Après ses études secondaires au lycée Lamoricière d'Oran, il entre en hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand à Paris puis à l'E.N.S. (Ulm). Étudiant boursier à Moscou de 1955 à 1956, il revient en France, obtient l'agrégation de russe, puis - son service militaire achevé - retourne à Oran comme enseignant de français et de russe (1961-62). Par la suite il enseignera la langue et la littérature russes à l'Université de Provence (1964-96). Outre sa participation à la traduction du Docteur Jivago après sa rencontre avec Boris Pasternak alors qu'il était encore étudiant à Moscou - dans l'anonymat afin de ne pas compromettre son séjour en URSS -, Louis Marinez est auteur de nombreuses autres traductions du russe (prose et poésie), de plusieurs romans et de diverses publications en français et en russe dans des revues scientifiques ou littéraires.


D'Algérie - Djezaïr - Mouvement de réconciliation - Massacre du 05 juillet 1962 à Oran : Témoignage de Louis Martinez


Source : D'Algérie - Djezaïr - Mouvement de réconciliation - Massacre du 05 juillet 1962 à Oran : Témoignage de Louis Martinez

http://dalgerie-djezair.viabloga.com/p_cette_histoire_qui_nous_rapproche.shtml

Jean-Pierre Pister : Le massacre d’Oran 5 juillet 1962, une mémoire déchirée
L'orientation politique des Français d'Algérie avant le rapatriement l'exil

Quand DeGaulle active des réseaux terroristes contre les Français d'Algérie, Lucien Bodart à propos des barbouzes : "La nouvelle force de choc anti-OAS sera importante. Cette force sera surtout composée de nouveaux : tous les as de l'espionnage, du contre-espionnage, de la guerre subversive, disponibles en France vont être envoyés en Algérie. Ce sont des gens sûrs, aux origines les plus diverses. L'expérience a en effet prouvé que l'on ne pouvait pas compter sur les Pieds-Noirs ni sur les Métropolitains installés depuis longtemps en Algérie… Cette force de choc sera indépendante… Les nouvelles formations anti-OAS ne feront partie d'aucune hiérarchie classique. Ce seront des organismes autonomes, sans sujétion à l'égard des autorités normales, agissant par leurs propres moyens et ne dépendant que des instances les plus hautes. Ils agissent largement en dehors de l'armée et de la police. Avant tout cette nouvelle force sera secrète. Un secret absolu couvrira les activités et surtout l'identité des membres des formations anti-OAS. Ils travailleront un peu à la façon des réseaux. On va assister à la lutte des réseaux secrets anti-OAS, contre les réseaux OAS."
Le massacre d’Oran 5 juillet 1962, une mémoire déchirée - Un demi-siècle d’amnésie, une historicisation émergente

Éditions Gallimard : L’histoire de la publication du Docteur Jivago de Boris Pasternak

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Commémoration des massacres
du 5 juillet 1962 à Oran
           
Cérémonies organisées le 5 juillet 2019 à Paris :
G.R.F.D.A : Groupe de recherche des Français disparus en Algérie
65 boulevard de la Plage - 33120 Arcachon
Présidente : Colette Ducos Ader - tél : +33 6 89 33 64 23.

M.A.F.A : Maison des Agriculteurs et des Français d'Afrique du Nord
95 rue d'Amsterdam - 75020 Paris
Président : Jean Félix Vallat - tél : +33 1 45 26 29 33, +33 1 45 26 29 33
Courriel : mafa.pn@free.fr
Site M.A.F.A www.mafa-pn.fr/

11 heures : Messe en l’Église Sainte Odile
(2 avenue Stéphane Mallarmé - 75017 Paris )
métro : ligne 2 station Porte de Champerret
bus : PC1 / PC3 / 92 / 93 / 84
À l’issue cette cérémonie religieuse, possibilité d’un déjeuner en commun à 12 heures 30 aux environs du quai Branly -
Contacter Monique Chavrondier pour inscription avant le 1er juillet par téléphone au +33 1 45 26 29 33.

15 heures : Recueillement et dépôt de gerbes
devant les colonnes du quai Branly
RER : ligne C (station Champs de Mars - Tour Eiffel)
métro : ligne 6 (station Bir hakeim)
18 heures 30 : Cérémonie à l’Arc de Triomphe
organisée par le C.L.A.N-R

Les participants sont priés de se rassembler en haut des Champs Élysées à partir de 17 heures 45

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Commémoration de l'assassinat du lieutenant Roger Degueldre


Samedi 6 juillet à 9 heures 30 : Messe à l’Abbaye Saint-Madeleine du Barroux
1201 Chemin des Rabassières -
84330 Le Barroux
Les moines bénédictins nous font l’amabilité, à l’issue de l’office, de nous convier à une collation : si vous comptez y participer, nous vous demandons de nous le signaler pour la bonne organisation du Père hôtelier.
Contacts :
Hervé Pignel-Dupont – courriel : herve.pigneldupont@gmail.com
Henri Baclet (tél. +33 6 45 21 97 57) - courriel : henri.baclet@cegetel.net

Samedi 6 juillet à 10 heures : messe en l'église Notre-Dame des Armées (4, impasse des Gendarmes - Versailles)
Samedi 6 juillet à 11 heures : cérémonie du souvenir sur la tombe du lieutenant Degueldre
cimetière des Gonards
(19, rue de la Porte de Buc - Versailles)
Contact :
Cercle National Combattants : cerclenationalcombattants@orange.fr
tél. +33 1 40 59 07 66
Cliquez sur :
Roger Holeindre, président du Cercle National des Combattants
https://www.youtube.com/watch?v=K6kgneOla7E


samedi 26 mars 2011

Fusillade du 26 mars 1962, rue d'Isly à Alger : l'un des crimes majeurs de DeGaulle…

 





 
PARIS - HOMMAGE AUX MORTS DE LA RUE D'ISLY,  le samedi 26 mars 2011 à  14 h 30
Association des Familles des victimes du 26 Mars 1962 et de leurs Alliés : 

Cérémonie de recueillement au Mémorial National de la guerre d'Algérie, quai Branly, Paris 7e,  Métro tour Eiffel.
Seront associés à cet hommage les disparus, les victimes d'attentats, d'exactions, dont les premiers noms de cette longue liste sont désormais inscrits sur le Monument, rejoignant ainsi ceux de la rue d'Isly. À 14 h 50, les drapeaux s'inclineront et la sonnerie aux Morts retentira pour tous les nôtres tombés en Algérie. 

- Merci de vous munir d'une fleur bleue, blanche ou rouge
.


Calendrier de quelques-unes des autres manifestations commémoratives du 26-Mars-1962 publié par l'Adimad

Mercredi 16 mars 2011

TOULOUSE (31000)
- Messe pour les Assassinés du 26 mars 1962
à 18 h 30, TOULOUSE (31000), Chapelle Notre-Dame du Feretra, Place Saint-Roch,
renseignements : basthiry@aol.com

Dimanche 20 mars 2011

CRONENBOURG (67200)
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962 :
dimanche 20 mars 2011
à 10 h, CRONENBOURG (67200) Stèle des Réfugiés : dépôt gerbe - Cimetière - Carré 18,
renseignements : FNR : Claude Garcia : 03 88 20 55 25

STRASBOURG (67000)
- Messe pour les Assassinés du 26 mars 1962 :
à 11 h, STRASBOURG (67000), Chapelle Œuvres Diocésaines, 27, rue des Juifs,
renseignements : FNR : Claude Garcia : 03 88 20 55 25

Vendredi 25 mars 2011

PARIS (75000)
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962 :
à 18 h 30, PARIS (75000), Arc de Triomphe Place de l'Etoile - Métro Étoile,
renseignements : Cl. Rochette : 04 90 08 37 76 ; 06 60 69 06 74. Association "Souvenir du 26 mars 1962",  cérémonie en hommage aux victimes du 26 mars 1962, le vendredi 25 mars 2011 à 18 h 30 à l'Arc de triomphe (PARIS). Rendez-vous à 17 h 30 avec les Drapeaux en haut des Champs Élysées. Nous demandons à tous les participants une attitude digne à la mesure du sacrifice consenti par celles et ceux que nous honorons ce jour là en ce lieu sacré. Les enfants sont spécialement invités. Une gerbe sera déposée à leur intention.

VILLENEUVE LEZ AVIGNONS (Vaucluse)
à 18 h 30, le Père Hervé REME, officiera en la Collégiale de Villeneuve-lez-Avisnon à la mémoire de toutes les victimes du combat pour l'Algérie française. Tous nos amis sont invités à participer à cette célébration. (renseignements : Anfanoma Vaucluse)

Samedi 26 mars 2011

HYERES (83400)
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962
à 9h, HYERES (83400), Stèle des Martyrs, Cimetière - Chemin de la Ritorte,
renseignements : ADIMAD : 06 11 28 55 90

MONTAUBAN (82000)
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962
à 10 h, MONTAUBAN (82000), Chapelle Immaculée Conception,
renseignements : Josiane Maggia : 06 08 42 45 80

AVIGNON (83000)
à 11h00, se déroulera au cimetière Saint-Véran, à Avignon (83000), une cérémonie devant la stèle des Rapatriés d'Afrique du Nord, afin de perdurer le Souvenir des civils tués, à Alger, ce funeste jour du 26 mars 1962.
Nous nous recueillerons, également, en mémoire de nos frères Harkis, de leurs familles et de tous les civils portés disparus sans oublier ceux qui ont trouvé la mort lors des massacres du 5 Juillet 1962 à Oran. Le Samedi le, rendez-vous est donné à l'entrée du cimetière Saint-Véran à 10h45.
 (renseignements : Anfanoma Vaucluse)

BÉZIERS (Hérault)
à 11 heures- Béziers - Cérémonie du souvenir au cimetière en commémoration du massacre de la rue d'Isly à Alger le 26 mars 1962.

ANTIBES (O6600)
- Messe pour les Assassinés du 26 mars et 5 juillet
à 18 h, ANTIBES (O6600), Église du Sacré Cœur,
renseignements : monique.gagean@dbmail.com

PARIS (75005)
- Messe de requiem en mémoire des victimes du 26 mars 1962, du 5 juillet 1962 à Oran, des disparus, des harkis et pour tous ceux tombés pour la présence française en Algérie
à 18 h 30, PARIS (75005), Église St-Nicolas Chardonnet, 23, rue des Bernardins - Métro : Maubert-Mutualité, renseignements : Association des familles des victimes du 26 mars 1962 BP 20 027 - 93321 St Leu La Foret Cedex loi : 01 45 74 09 91

MARIGNANE (13700)
- Messe pour les Assassinés du 26 mars 1962
à 10 h, MARIGNANE (13700), Chapelle Saint-Joseph, rue du Souvenir français,
renseignements : AOBR Manuel Florentino : 06 84 84 30 06
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962
à 10 h 45, MARIGNANE (13700), Stèle des Réfugiés d'AFN, Cimetière Saint-Nicolas,
renseignements : AOBR Manuel Florentino : 06 84 84 30 06
- Hommage aux 119 Morts de l'Organisation
à 11 h, MARIGNANE (13700), Stèle profanée par le maire, Cimetière St-Laurent Imbert,
renseignements : Jean-Joseph Guilabert : 06 67 62 66 76

TOULON (83000)
- Messe pour les Assassinés du 26 mars 1962
à 18 h, TOULON (83000), Cathédrale, 55, place de la Cathédrale
renseignements : Michel de Crousnilhon : 04 94 22 91 00
- Hommage aux Assassinés du 26 mars 1962
à 18 h, TOULON (83000), Stèle Morts Algérie française, Place d'Italie
renseignements : CNR : 04 94 91 33 45

REIMS (51100)
- Conférence d’O. Dard : L'Europe et la France face à leur passé colonial
à REIMS (51100), renseignements : Gérard Rosenzweig : 03 26 85 62 25

Renseignements : Association des familles des victimes du 26 mars 1962,    Adimad, les Réunions.
Voir également : Dossier "Affaire général Ailleret"      








mercredi 4 juillet 2018

Le gaullisme, maladie sénile de la droite



Le gaullisme, ces semelles compensées des nains en politique aux idées courtes…






Qu'est-ce, au juste, que le gaullisme ? Cette espèce de cancer, qui empoisonne depuis plus de sept décennies la vie politique française, semble être un ramassis d’ambiguïtés: né dans un esprit un esprit de rébellion et de guerre civile, il prêche pour l’unité nationale; ennemi de la politique des partis, il ne dédaigne pas de s’appuyer sur ces derniers quand il s’agit de prendre le pouvoir; anticommuniste, il laissa longtemps les communistes régner sur la société française et entretint avec l’Union soviétique des relations occultes. Le passionnant ouvrage de Gérard Bedel, qui vient de paraître sous le titre Le gaullisme, maladie sénile de la droite, est l’acte de courage, de justice et de vérité que l’on attendait depuis longtemps: il dénonce, preuves irréfutables à l’appui, le grandiose mais odieux montage sur lequel repose le mythe gaulliste…

Il était temps, en effet, de proclamer la vérité sur DeGaulle (1890-1970), ce général de guerre civile, qui, arborant une « certaine idée » de la France, c’est-à-dire de lui-même…, se donna sans peine toutes les apparences de la grandeur et s’évertua à accuser Vichy d’être un repaire de traîtres. Alors qu’une France malheureuse, épuisée par une guerre mal préparée et mal conduite, victime de plusieurs décennies de laisser-aller intellectuel et moral, en contact quotidien avec l’Occupant, se regroupait pour sauver ses terres, ses foyers et ses berceaux autour du vieux maréchal Philippe Pétain (1856-1951), lequel la préparait à recouvrer le sens de l’honneur !

GÉNÉRAL DE GUERRE CIVILE

Gérard Bedel n’a pas écrit une biographie de « l’homme du 18 juin », ni une histoire du gaullisme. « J’essaie, écrit-il, de comprendre ce qu’est le gaullisme à travers ceux qui s’en sont réclamés, à commencer par le héros éponyme ». Son livre a donc le mérite d’analyser le gaullisme sous l’éclairage de l’Histoire et de la science politique en évitant le dénigrement systématique et passionnel. Mais la simple réalité du personnage, dévoilée par ses écrits et ses discours, et par ceux qui l’ont connu et même servi, est déjà répugnante !

Protégé du maréchal Pétain dans les années qui suivirent la Grande Guerre, le colonel De Gaulle rompit avec lui pour une affaire de vanité froissée d’écrivain et à cause d’une dette de reconnaissance trop lourde à porter pour une âme enivrée d’orgueil comme la sienne ; alors, commença de s’affirmer son caractère profondément volontariste (c’est-à-dire qu’il croyait que sa propre volonté l’emporterait toujours sur le réel…), non sans une certaine dose d’égoïsme, d’orgueil, de dureté, de ruse, de cynisme et du machiavélisme le plus brutal ! Il importe de signaler que cet homme de tradition dont la vie personnelle fut irréprochable, appartenait au personnalisme chrétien d’Emmanuel Mounier (1905-1950), et qu’il était démocrate-chrétien, de la part la plus à gauche des héritiers du Sillon de Marc Sangnier (1873-1950) qu’avait condamné saint Pie X (1835-1914). Douteuses fréquentations…

L’IMPOSTURE DE L’APPEL DU 18-JUIN

Sur la défaite de mai 1940, Gérard Bedel rappelle, citations à l’appui, la responsabilité évidente de la classe politique. Au soir du 15 mai, le maréchal Pétain, soldat victorieux de 1918, fut le seul homme à qui on pensa confier le sort de la patrie. Le général de brigade à titre temporaire DeGaulle venait d’être nommé sous-secrétaire d’État à la Guerre et assumait le rôle de conseiller militaire et de chargé des relations avec Winston Churchill (1874-1965) auprès du président du Conseil Paul Reynaud (1878-1966), lequel, s’effaçant devant le Maréchal, démissionna le 16 juin. DeGaulle, apprenant qu’il n’était plus membre du gouvernement, repartit pour l’Angleterre dans l’avion d’Edward Spears (1886-1974), représentant personnel en France de Winston Churchill, « sans mission alors que son devoir de militaire en temps de guerre était de se mettre à la disposition de ses supérieurs ; il déserte ainsi devant l’ennemi ».



Le général Spears et sa «recrue», DeGaulle
Les Anglais qui avaient besoin d'un képi à opposer au prestige et l'action du Maréchal,
envoyèrent le général Spears de l'Intelligence service, débaucher
le vaniteux De Gaulle ulcéré de ne pas avoir été pris dans le gouvernement Pétain.


Le 17 juin, le Maréchal annonçait qu’il allait falloir cesser le combat ; le 22, l’armistice fut signé avec l’Allemagne et le 24 avec l’Italie. Alors, désireux d’entrer dans l’Histoire, le sous-ministre lança, de Londres, le 18 juin, un appel que les Français furent très rares à entendre en ces temps d’exode et qui les invitait à continuer la guerre. Pratiquement personne, aucun chef militaire ni aucun homme politique, n’y répondit ; l’Appel était un échec ! Suprême humiliation pour l’orgueilleux Charles, qui s’affola : il se trouvait à Londres totalement isolé et le gouvernement français le sommait de rentrer sous peine d’être jugé comme déserteur !

Ce fut à ce moment-là qu’il jugea utile de réécrire son « Appel du 18 juin ». Il fallait un texte où Charles apparût comme l’homme qui avait tout compris avant tout le monde et qui n’hésitait pas à appeler à une rébellion contre le gouvernement français. Ainsi, le texte de l’appel que l’on dit du 18 juin, écrit après coup, est-il un faux… Tout le monde croit donc que DeGaulle a dit, dès ce jour-là, à la radio de Londres, cette phrase de rébellion : « Des gouvernements de rencontre ont pu capituler, cédant à la panique, oubliant l’honneur, livrant le pays à la servitude. Cependant rien n’est perdu. »

HOMME “PROVIDENTIEL”

Il n’est pas possible que le “général” eût écrit le 18 juin un texte où se trouvaient si allègrement confondus armistice et capitulation, alors que, le 20 juin encore, il écrivait très respectueusement au général Weygand : « Je n’ai aucune autre résolution que de servir en combattant… » La question était qu’il ne disposait d’aucun moyen de communication pour regagner la France et que Churchill aurait refusé de lui donner un avion. « La dissidence de la « France libre », écrit Gérard Bedel, est donc née sous la contrainte de l’Angleterre, vérité que s’efforce de masquer l’imposture de la version officielle actuelle […] Si De Gaulle avait pu rejoindre Bordeaux, comme il en avait manifesté l’intention le 20 juin, il n’y aurait probablement jamais eu ni de saga ni de fabulation gaulliste. » C’est de ce faux « Appel du 18 juin » que naquit la légende de l’homme “providentiel”, entretenue par tous les media et par tous les manuels scolaires…

CHEF RÉVOLUTIONNAIRE

Puis le « chef de la France libre » lança le 30 juillet un appel à la résistance, ou plutôt à la dissidence, à tous les gouverneurs et administrateurs de nos colonies. « Tout était en place pour une guerre dans la guerre, une guerre franco-française au sein du conflit mondial, dont le responsable était l’homme de Londres », explique l’auteur. Les quatre années suivantes allaient montrer que DeGaulle n’était pas un chef de guerre, mais un politicien ambitieux avide de pouvoir, diffamant sans cesse le Maréchal, visant au transfert de souveraineté de celui-ci à lui-même, s’emparant de notre Empire, territoire après territoire, menant des actions subversives sur le sol français : sabotages, attentats, maquis…, faisant assassiner l’amiral François Darlan (1881-1942), lequel préparait la rentrée dans la guerre de l’Empire lié au gouvernement du maréchal Pétain.

DeGaulle fut un parfait révolutionnaire : il vit avec plaisir les communistes entrer dans la Résistance après avoir été, au service de l’URSS, les alliés du nazisme et entraîner la « France libre » sur la voie de la guerre civile par laquelle ils espéraient pouvoir dominer la société française lorsque l'Allemagne serait vaincue. Après la Libération, c'est à dire la prise de pouvoir par DeGaulle, les communistes allaient s’opposer à lui, mais, premier mouvement de Résistance, ils étaient devenus le premier parti de France et ils marquèrent encore longtemps la politique de la Libération de leur idéologie sanguinaire.

PAS DE HALTE POUR LA GUERRE CIVILE

La faute la plus impardonnable de « l’homme du 18 juin 40 » fut d’avoir le 25 août 1944 éconduit l’amiral Paul Auphan (1894-1982) chargé par le maréchal Pétain de rechercher à Paris avec les représentants de la Résistance une solution pour que la transmission du pouvoir se passât sans guerre civile. Les bombardements s'intensifiaient, la résistance communiste se livrait à un terrorisme qui provoquait des représailles allemandes, des soulèvements prématurés étaient lancés par le maquis, tandis que les Américains avançaient, que les gaullistes rebaptisés « commissaires de la république », s’emparaient à la course de tous les rouages de l’État et que le Maréchal était emmené le 20 août par les Allemands en captivité à Sigmaringen. DeGaulle entra donc dans Paris “libéré” le 25 août, puis forma son nouveau gouvernement le 31 avec deux ministres communistes.

LA HONTE DE L’ÉPURATION

Ce furent alors les heures honteuses de l’Épuration (1944-45) de sinistre mémoire pour bon nombre d’entre nous et au sujet de laquelle, il suffit, je crois, de rappeler ces paroles du terroriste Pierre-Henri Teitgen (1908- 1997), ministre de l’Intérieur, le 6 août 1946, qui déclarait sans vergogne : « Vous jugerez sans doute que, par rapport à Robespierre, Danton et d’autres, le garde des Sceaux qui est devant vous est un enfant. Eh bien, ce sont eux qui sont des enfants, si on en juge par les chiffres ». « La Révolution de 1944-45 fut la plus vaste et la plus profonde depuis 1789 », a écrit Pierre Gaxotte [Pierre Gaxotte : Histoire des Français. Flammarion, 1972]. On voulut éloigner des postes de commandement et d’influence les Français qui avaient préservé la France traditionnelle, les notables traditionnels, les anticommunistes, l’ensemble de la vraie droite. Et les conséquences pèsent encore…

DeGaulle n’allait garder le pouvoir que dix-huit mois durant lesquels, avec ses ministres communistes, dont le déserteur Maurice Thorez (1900-1964), il fit procéder à une foule de nationalisations et à l’élaboration du plan Langevin-Wallon qui, arrachant aux parents leurs responsabilités dans l’éducation de leurs enfants, reste encore, pour le malheur des familles, le texte de référence en matière éducative. Puis DeGaulle, se plaignant du régime des partis qu’il venait lui-même de remettre en place, abandonna l’État en pleine crise politique et économique, mais il ne cessa pas pour autant de se comporter en politicien hargneux et ambitieux jusqu’à ce qu’en mai 1958, la déconfiture de la IVe république lui offrît, à lui et à ses compagnons, une occasion de se réemparer du pouvoir.

Il osa alors se présenter comme le seul homme d’État capable de garder l’Algérie à la France ; on ne connaît que trop la suite : la politique criminelle d’abandon de nos départements d’Afrique du Nord, l’homme “providentiel” se couchant devant les terroristes fellaghas, les criminels accords d’Évian (19 mars 1962), encore des troubles et des violences en pagaille, nos fidèles harkis sacrifiés, les meilleurs de nos officiers fusillés…

Je vous laisse, chers lecteurs, le soin de lire l’analyse minutieuse que Gérard Bedel nous livre des faits de basse politique politicienne et électoraliste de la dernière scène de la tragédie gaullienne, des “affaires” qui la souillèrent, de la calamiteuse politique culturelle confiée à André Malraux, lequel abandonna la culture aux gauchistes marxisants, de la révolution de Mai-68 que DeGaulle n’avait pas vu venir, du rétablissement de l’ordre, une fois de plus par le “Sauveur”, sentiment qui ne dura pas au-delà d’un succès électoral dû à la peur du désordre. Un référendum raté suffit alors à abattre le chêne, qui abandonna le pouvoir le dimanche 27 avril 1969, à minuit, un an et demi avant sa mort le 9 novembre 1970.

CHARLES LE DÉRISOIRE

[Pour reprendre une expression très appropriée d’André Figueras, dans un livre de 1979]

Quand on achève la lecture du magistral ouvrage de Gérard Bedel, on comprend qu’il est plus facile d’exposer ce que n’est pas le gaullisme que ce qu’il est. Il ne reste aujourd’hui qu’un mythe né, semble-t-il, d’un contact quasi mystique entre le peuple français et le personnage providentiel. Montage qui s’effondre quand on considère que la France, en 1944, s’est trouvée dans le camp des vainqueurs, mais que la victoire ne fut pas sienne et ne fut pas celle du “peuple”. Il n’en reste pas moins que, fondé sur un lien exceptionnel, et mensonger, entre le chef historique et le peuple, le gaullisme n’est en rien monarchique, mais profondément démocratique et s’inscrit dans la ligne de la Révolution de 1789, ou plutôt de 1793 ; son chef a toujours été plus sangniériste que maurrassien. Gérard Bedel préfère désigner ce curieux régime comme un césarisme où se mêlent goût de l’ordre et idéologie démocratique, volonté de progrès social — il y eut un gaullisme de gauche ! — et complicité avec la Haute Finance, laquelle conserva le contrôle de la république, car toute démocratie est ploutocratie. Mais De Gaulle gouverna essentiellement par la manipulation des masses : « Doué d’un remarquable talent oratoire, acteur-né, DeGaulle a su dominer les foules par le prestige de la parole », dit très justement Gérard Bedel.

L’indépendance de la patrie est l’une des facettes du mythe gaulliste, mais il s’agit d’une indépendance beaucoup plus affirmée qu’accomplie : « La guerre mondiale et la liquidation de nos possessions d’outre-mer, dont il était pour beaucoup responsable, avaient amoindri notre pays, mais DeGaulle renouait avec la grandeur en claironnant notre indépendance face aux deux “grands”, en particulier face aux États-Unis qu’il défiait sans risque », ajoute notre auteur. Juste un vague “souverainisme”… Il ne saurait non plus être question de nationalisme, puisque DeGaulle n’eut jamais le souci de garder la France dans son identité intégrale et que la société qu’il envisageait n’était pas la société française traditionnelle. Sa patrie était mythique et seul lui-même prétendait la connaître et la comprendre.

Bedel se livre à une très instructive étude des variations de la famille gaulliste, où l’on voit que le monocrate DeGaulle, qui n’avait pas de doctrine et n’eut pas de successeur désigné ne voulut pas, contrairement aux Capétiens, inscrire son action dans la durée, si bien que, après lui, son œuvre s’effilocha au gré des contingences électorales, des cohabitations, des quinquennats et maintenant des primaires ! Le gaullisme n’est plus aujourd’hui qu’une référence historique, un gage d’honorabilité républicaine ; chacun y prend ce qu’il veut, et la Ve république est un bateau ivre.

Le gaullisme n’a fait qu’entretenir chez les Français l’illusion paresseuse d’une « bonne république » et a ainsi contaminé toute la droite dont la pensée ne cesse de tituber entre les contradictions de cette fausse mystique. Grâces soient rendues à l’ami Gérard Bedel pour ce livre de nature à réveiller les Français, à les guérir de cette « maladie sénile », pour enfin pouvoir penser clair et marcher droit, en se donnant, librement, un véritable cerveau.





Autres sources :


L'appel du 18 juin, le début d'un mythe qui perdure

Le Clan des Vénitiens - 18 juin : deux mythes à déconstruire, le bonapartiste et le gaulliste !

Le gaullisme, maladie sénile de la droite
R…appel pour un 18 juin !
Guillaume Zeller : "Oran 5 juillet 1962, un massacre oublié"… une nouvelle Saint-Barthélémy

Une gifle, 55 ans après, à la figure de tous les acteurs et complices de l’abandon de l’Algérie

Guy Pervillé : "Oran, 5 juillet 1962. Leçon d’histoire sur un massacre"

Oran, le 5 juillet 1962… le "Mur des Disparus", Perpignan

Dr Jean-Claude Perez : "DeGaulle, l'accélérateur majeur de la décadence occidentale"
Les disparus d'Algérie : Histoire d’un silence d’État

Marine Le Pen va rendre hommage à DeGaulle ce 18 juin 2020





vendredi 3 juillet 2015

Lieutenant Roger Degueldre, mort pour l’Algérie française



MÉMOIRE DE LA RÉSISTANCE ALGÉRIE FRANÇAISE


Le 53ème anniversaire du sacrifice du
Lieutenant Roger DEGUELDRE
exécuté au Fort d’Ivry le 6 juillet 1962 pour crime de fidélité à la parole donnée

et des Commandos Delta Albert DOVECAR et Claude PIEGTS
exécutés le 7 juin 1962 au « Trou d’Enfer »

sera marqué le samedi 4 juillet 2015 à Versailles, par les cérémonies suivantes :
- à 10h : Messe en l’Église Notre-Dame des Armées - 1, impasse des Gendarmes
- à 11h : Au cimetière des Gonards, 19 rue Porte de Buc, 
 prières et dépôt de gerbes sur la tombe du Lieutenant DEGUELDRE
Les anciens officiers, sous-officiers et soldats des 1er R.E.C, 1er R.E.P et 2ème R.E.P
sont instamment invités à participer ou à s’associer à ces cérémonies.
De la part de leurs familles, leurs amis et du Cercle National des Combattants
(contact : Yves Rossignol, tél. 06 14 40 55 70)


Ajaccio (20)
- samedi 4 juillet à 11 heures,  Stèle Français d'Algérie, La Parata - Les Sanguinaires : Hommage à Claude Piegts, Albert Dovecar, Roger Degueldre, Jean Bastien-Thiry et aux Morts d'Oran - (contact : andrebianchi@hotmail.fr). 
 
Le Barroux (84330), 
 - samedi 4 juillet à 9 heures 30 - Messe conventuelle pour Roger Degueldre, Abbaye Sainte-Madeleine, Le Devez - (contact : ADIMAD, tél. 06 11 28 55 90).

Nice (06) :
- dimanche 5 juillet à 10 heures, Chapelle de la Visitation, 17, place Sainte-Claire : Messe pour Roger Degueldre - (contact :monique.gagean@dbmail.com).

 
Nancy (54) :
- dimanche 5 juillet à 18 heures 30  à Nancy, messe en la Chapelle du Sacré Cœur, 65 rue du Maréchal Oudinot, en mémoire de Roger Degueldre - (contact : François Ferrer - 06 70 22 40 17).


Roger Degueldre

Roger Degueldre, lieutenant au 1er Régiment Étranger de Parachutistes, fondateur des commandos Delta en 1961, par DeGaulle assassiné le 6 juillet 1962... au sixième coup de grâce...





Né dans le nord de la France Roger Degueldre entre en résistance en 1942, à moins de 20 ans, auprès des partisans communistes FTP (Francs-Tireurs et Partisans)… Roger Degueldre s’engage dans la Légion étrangère, se bat en Indochine où il obtient la médaille militaire pour acte de courage, puis c’est l’Algérie…

Refusant de se renier devant le serment fait sur la tombe du colonel Jeanpierre : "Plutôt mourir, mon colonel, que de laisser l'Algérie aux mains du FLN. Je vous le jure !", il entre en clandestinité le 11 décembre 1960 et prend le commandement opérationnel des commandos « Delta ».

Roger Degueldre est arrêté le 7 avril 1962 et condamné à mort le 28 juin suivant, malgré la plaidoirie  de son avocat, Me Tixier-Vignancourt qui estime que le général Salan, supérieur du lieutenant Degueldre, ayant été épargné il est impensable que celui-ci soit exécuté.

Degueldre décroche ses nombreuses décorations et les remet à sa femme.

DeGaulle refuse de recevoir Me Tixier-Vignancourt. Il accepte cependant d’écouter distraitement l’autre avocat, Me Denise Macaigne, mais ne dit pas un mot ni ne pose aucune question. Pour lui Roger Degueldre est déjà mort…

Nous sommes au fort d’Ivry le 6 juillet 1962. C’est l’aurore. Il fait une belle journée d’été, presque aussi chaude que celles que Roger Degueldre a connues en Algérie. On le réveille. Il revêt sa tenue léopard, enroule autour de son cou le foulard de la Légion et pose sur sa tête le béret vert du 1er Régiment de Parachutistes, dont il porte l’insigne sur sa poitrine.

Roger Degueldre éprouve le besoin de s’exprimer une dernière fois : « Je suis fier de mourir pour tenir le serment qu’a fait tout officier ayant servi en Algérie. J'ai donné ma parole, je la tiens. Dîtes aux Algériens que, si je ne suis pas de leur race, n’étant pas né sur leur sol, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours ».

Se tournant ensuite vers l’avocat général Gerthoffer : « Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains ».

L’exécution de ce héros authentique fut une boucherie sans nom… Un assassinat d’État. Attaché au poteau, Degueldre refusa qu’on lui banda les yeux. La mort ne lui fait pas peur, il l’a tant côtoyée depuis ses vingt ans. 

Serrant le drapeau tricolore contre sa poitrine et posant sa main sur la poche de sa vareuse où se trouve la photo de son petit garçon, Philippe, qu’il n’a jamais vu - il avait conçu cet enfant dans la clandestinité ;  le bébé était venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort - il cria à son défenseur : « Dites bien que je suis mort pour la France. »

Regardant les soldats du peloton d’exécution, il leur cria… « Messieurs, vive la France », et il entonna La Marseillaise. Les jeunes soldats qui devaient l’exécuter, tétanisés par son courage, hésitèrent à tirer… puis le firent en tremblant… La première salve blessa seulement Roger Degueldre : une seule balle l’atteignit sur les douze qui furent tirées… au ventre dirent certains… au bras affirmèrent d’autres. Quoi qu’il en soit, le fait est certain… Roger Degueldre ne fut pas atteint de manière décisive.

L’adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipita, l’arme à la main, pour accomplir sa sinistre besogne et se rendit compte que le condamné était toujours en vie. Sa tâche ne consistait désormais plus à achever un quasi-mort censé avoir reçu douze bouts de métal… mais bel et bien de tuer un vivant. Et ce sont-là deux choses bien différentes… Il en eut si terriblement conscience, que sa main pourtant préparée à cette macabre mission trembla, et qu’il déchargea son révolver dans le vide. Un autre pistolet fut amené et… s’enraya. Exaspéré par cette situation (unique dans nos annales judiciaires), le procureur ordonna qu’une nouvelle arme soit fournie. Mais personne parmi les militaires présents n’en possédait.
Il fallait courir en chercher une. Et pendant ce temps, Roger Degueldre était toujours vivant… et regardait l’assistance. Me Tixier-Vignancourt, pourtant si prompt à saisir la moindre occasion devant un prétoire, reste pétrifié, hypnotisé par la scène à laquelle il assiste, et il s’en souviendra jusqu’à sa mort. Il aurait pu se précipiter, se jeter sur le corps de Degueldre, exiger que l’on arrête ce massacre, mais il ne bouge pas.

On remit un autre pistolet à l’adjudant-chef, aussi pâle que le lieutenant, écœuré par cette boucherie, mais obéissant aux ordres sans avoir le courage de se révolter. Un nouveau coup de feu claqua. Stupeur ! Celui-ci fut tiré, non pas au-dessus de l’oreille comme l’exige le règlement, mais dans l’omoplate. Une douleur atroce irradia le corps de l’officier français… Puis une nouvelle détonation retentit… et ce fut la fin.

Le 06 juillet 1962 un officier français a été assassiné sur ordre de DeGaulle :  aujourd’hui, 50 ans plus tard, quiconque fait  référence au gaullisme, tous les "héritiers" de DeGaulle, ont le sang du lieutenant Roger Degueldre sur leurs mains.

Source "Le Bourricot" : Roger Degueldre


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Lieutenant Roger Degueldre, martyr de l’Algérie française

« Le jour où les « fells » entreront à Alger, j’espère trouver trois compagnons pour garder les faces du Monument aux morts et tomber en tirant une dernière salve de PM » (Roger Degueldre)

Né le 19 mai 1925 à Louvroil, dans le Nord, Roger Degueldre, dissimulant son jeune âge derrière un physique impressionnant, entre en Résistance dans le maquis FTP de Roger Pannequin, surnommé « Commandant Marc ». Avide de combattre au plus près l’envahisseur allemand, il s’engage dans la 10ème Division d’Infanterie Motorisée qui participe à la réduction de la poche de Colmar, en janvier 1945.

La guerre terminée, c’est à titre étranger qu’il s’engage dans la Légion Etrangère. Il servira, en Indochine, au 1er Régiment Etranger de Cavalerie et fera très vite parler de lui… Le 21 janvier 1950, à Tra-Vinh, dans le delta du Mékong, au péril de sa vie, il sauve d’une mort certaine sous le feu ennemi, le Capitaine de Blignières… plus tard, colonel, commandant le 1er REC. Cette action héroïque lui vaut d’obtenir la Médaille Militaire.

La guerre d’Indochine se terminant, déçu, frustré et amer par l’issue des combats, l’adjudant Degueldre -Croix de Guerre des Théâtres d'Opérations Extérieures avec sept citations, (une Palme, deux Étoiles de Vermeil, deux Étoiles d'Argent et deux Étoiles de Bronze)- volontaire pour les parachutistes, rejoint le 1er Bataillon Etranger de Parachutistes qui prendra l’appellation de 1er Régiment Etranger de Parachutistes, dès 1955, durant la guerre d’Algérie.

Il participe avec son régiment, en 1956, à l’opération de Suez puis, dès son retour, à la Bataille d’Alger dans le but d’éradiquer les bandes terroristes qui sèment la mort et la désolation dans la ville.

En janvier 1958, il gagne ses galons d’officier, au feu, à Guelma, et participe à la bataille des frontières dans l’Est-Constantinois. Son ardeur au combat, son exemplarité et le dynamisme qu’il insuffle à ses hommes lui valent d’être décoré de la Croix de la Valeur Militaire avec Palme. Le 26 septembre, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.

Le temps passant, les atermoiements, les palinodies, les revirements et les reniements de De Gaulle sur le maintien de l’Algérie française sèment le doute puis la colère et l’amertume auprès de bon nombre d’officiers… Degueldre en fait partie. Il assiste, impuissant et rageur à la destruction d’une armée victorieuse et à la livraison de l’Algérie au FLN, rendant vains les sacrifices consentis.

Après la révolte des officiers du 1er REP, le 8 janvier 1961, il est muté disciplinairement au 4ème Régiment Etranger d’Infanterie mais il refuse de rejoindre son nouveau corps. Le 25 janvier 1961, il entre dans la clandestinité et effectue des missions secrètes pour le compte des services spéciaux commandés par le Colonel Jacquin.

Le 21 avril 1961, il réintègre son unité lors du putsch des généraux. La révolte avortée, il retrouve la clandestinité et rejoint les rangs de l’Organisation Armée Secrète (OAS) où il est nommé par le Colonel Godard, chef du Bureau d’Action Opérationnel (BAO).

Fidèle à son engagement « La mort plutôt que le déshonneur ! », il retrouve, dans la résistance à l’abandon, une raison de poursuivre le combat et une justification au serment qu’il a prêté sur le cercueil de son chef, le Colonel Jeanpierre : « Plutôt mourir, Mon Colonel, que de laisser l’Algérie aux mains du FLN, je vous le jure ! »

Au sein de l’Organisation, il s’emploie à forger une arme redoutable et redoutée de tous, tant de l’Elysée, des barbouzes, que du FLN : Les Commandos Delta qui, ayant pour slogan : « L’OAS frappe où elle veut, quand elle veut ! », mènent un combat de tous les instants, rude, chaotique, désespéré, mortel, mais si efficace qu’il sème l’angoisse et la crainte dans les plus hautes sphères… et que la fatalité des circonstances précipitera vers un dénouement tragique.

Le 7 avril 1962, Degueldre est arrêté à l’issue d’une réunion réunissant plusieurs responsables de l’Organisation. Reconnu, il est aussitôt transféré en métropole et écroué à la prison de la Santé.

Le 28 juin s’ouvre son procès qui n’est autre qu’une parodie. A cet effet, une juridiction d’exception, la Cour Militaire de Justice, est créée afin qu’il ne puisse, contrairement au général Salan, obtenir les « circonstances atténuantes » et sauver sa tête. Le général Larminat doit la présider. Ancien de l'armée coloniale, il refuse de juger le condamné et déclare : « Je ne serai pas le Fouquier-Tinville de la Ve République. Je me tuerai ce soir » Dans la soirée, il met fin à ses jours. Qu'importe ! Il est remplacé par le général Gardet. La justice expéditive gaulliste ne va pas s'arrêter sur un cas de conscience… En un minimum de temps, après une absence d’instruction et de témoins à décharge, l’officier parachutiste est condamné à la peine de mort.

Refusant dédaigneusement le recours en grâce présenté par la défense, c’est quelques heures seulement après le génocide du 5 juillet 1962 d’Oran qui fit plus de trois mille victimes parmi la population civile européenne, (lequel aurait dû pourtant l’inciter à la clémence), que De Gaulle prend la décision de faire fusiller le Lieutenant Roger Degueldre.

Le 6 juillet 1962, à 02h30, les deux défenseurs du condamné, Jean-Louis Tixier-Vignancour et Denise Macaigne arrivent à la prison de Fresnes en même temps que l'avocat général Gerthoffer qui a requis la peine capitale et l'aumônier de la prison. Avant de quitter sa cellule, il prononce, en guise d'adieu, ses dernières paroles : « Je suis fier de mourir pour tenir le serment qu'a fait tout officier ayant servi en Algérie. Dites aux Algériens que, si je ne suis pas de leur race, n'étant pas né sur leur sol, je les ai beaucoup aimés et je les aime toujours. » Se tournant vers le procureur Gerthoffer, il déclare : « Je ne vous garde pas rancune, mais je vous plains. »

Puis, c’est le départ vers le fort d’Ivry où doit avoir lieu l’exécution. Á 03h45, l’Officier se présente devant les douze soldats du peloton d’exécution, en tenue de parachutiste, le drapeau tricolore sur la poitrine, drapeau auquel il a tout sacrifié et qu’il a choisi comme linceul. Autour de son cou, il a noué un foulard de la légion. Dans la poche intérieure de sa vareuse, il y a la photo d’un bébé, son fils qu’il n’a jamais vu. Il a conçu cet enfant dans la clandestinité. Le bébé est venu au monde alors que le père se trouvait dans sa cellule de condamné à mort. « Dites que je suis mort pour la France ! » s’écrie-t-il à l’adresse de son défenseur. Puis il refuse qu’on lui bande les yeux et, au poteau crie : « Messieurs, Vive la France ! » avant d’entonner la Marseillaise.

Les trois premiers officiers désignés pour commander le peloton d'exécution ayant refusé d’accomplir cette sinistre besogne, les Capitaines Jean de Balby de Vernon, Michel Cabanes et Michel Martet, du 501ème régiment de cavalerie de Rambouillet, sont sanctionnés, rayés des cadres et mis aux arrêts. Les officiers suivants qui ont refusé l'ordre, ont été également sanctionnés. Il est 03h56. Le sous-officier remplaçant, chef de peloton, abaisse le bras. Les soldats qui doivent exécuter le Lieutenant Degueldre, émus par son courage, hésitent à tirer. Douze coups retentissent cependant dans la nuit… mais une seule balle l’atteint : au ventre diront certains.

L’adjudant chargé de donner le coup de grâce se précipite, l’arme à la main, pour accomplir sa « mission » et se rend compte que le condamné est toujours en vie. Sa tâche ne consiste désormais plus à achever un quasi-mort, censé avoir reçu douze bouts de métal… mais bel et bien de tuer un vivant. Et ce sont là deux choses bien différentes... Il en a si terriblement conscience, que sa main pourtant préparée à cette macabre mission tremble, et que le revolver se décharge dans le vide. Livide, désemparé, l’adjudant tire une deuxième fois et rate encore sa cible.

Les défenseurs, voyant que Roger Degueldre souffre atrocement, réclament l’intervention d’un médecin. Celui-ci, arrivé sept minutes plus tard, atteste que le supplicié vit toujours. Il faut donc l’achever au plus vite. Et pendant ce temps, Degueldre, à demi recroquevillé continue de gémir…

L’adjudant, toujours tremblant, pointe une nouvelle fois son arme sur la tête de l’officier parachutiste, ferme les yeux et appuie sur la détente. Stupeur ! Rien ne se produit. L’arme s’est enrayée. Exaspéré par cette situation –unique dans les annales de l’exécution- le procureur Gerthoffer ordonne qu’une nouvelle arme soit apportée. Mais personne parmi les militaires présents n’en possède. Il faut courir en chercher une… Et pendant ce temps, Degueldre est toujours vivant et son calvaire interminable.

À partir de ce moment là, tous les juristes s’accordent à dire que la sentence ayant été exécutée, puisque le condamné étant encore en vie, il fallait le détacher du poteau et lui donner les soins nécessaires. Autrement dit, on n’avait pas le droit d’achever le blessé. Mais les ordres étaient formels ; il fallait que Degueldre soit tué ! Il incarnait à lui seul, l’OAS, cette puissance qui avait fait trembler les Etats Majors, le FLN et l’Elysée… Il fallait exorciser jusqu’à son souvenir.

Et pendant que l’on s’affairait à se procurer une arme, celui qui, à cet instant, aurait pu (peut-être) changer le cours des événements ne réagit point. Pétrifié par la scène, glacé d’effroi, le défenseur du condamné demeurait inerte. Pourtant, il lui appartenait de tenter quelque chose, de courir jusqu’au supplicié, de le prendre dans ses bras et de le couvrir de son corps en invoquant la justice, en appelant à l’amour, en exigeant au nom de toutes les traditions humaines et chrétiennes qu’on fît grâce au condamné… Cela s’était déjà produit dans l’Histoire quand la corde du pendu avait cassé et que la grâce lui avait été accordée…

Enfin on remet un pistolet à l’adjudant qui, blanc comme un linge, dans un état second… mais obéissant servilement au commandement de tuer, doit en finir puisque tels sont les ordres. Un nouveau coup de feu claque. Stupeur ! Celui-ci est tiré, non pas au-dessus de l’oreille comme l’exige le règlement, mais dans l’omoplate… Une douleur atroce irradie le corps du supplicié. Il regarde vers le ciel et ouvre grands ses yeux. Peut-être perçoit-il à cet instant que son calvaire prend fin. Il est tout illuminé des illusions radieuses de ceux qui vont mourir et il lui semble entendre, là haut, les voix des martyrs du 5 juillet lui murmurer : « Roger… Roger… dès aujourd’hui tu seras avec nous dans le Paradis ».

Á 04h08, une nouvelle détonation retentit… et c’est la fin. La boucherie a duré 12 minutes… 12 atroces minutes…

C’est ainsi qu’après Claude PIEGTS et Albert DOVECAR, Sergent au 1er Régiment Etranger de Parachutistes, mourut, assassiné, le lieutenant Roger DEGUELDRE, également du 1er R.E.P, Chevalier de la Légion d’honneur… Et les salves du peloton couvrirent un instant les plaintes et les râles qui montaient d’Oran, tandis que la France, en vacances, n’entendit rien.

Huit mois plus tard, le 11 mars 1963, le Colonel Jean BASTIEN-THIRY, Polytechnicien, tombait à son tour à 35 ans, sous les salves du peloton. Décidément, le crime était profondément enraciné !…

Le Lieutenant Roger Degueldre aura respecté jusqu’à la fin son serment « la mort plutôt que le déshonneur ! ». Après avoir été enterré au carré des suppliciés dans le cimetière de Thiais, il repose aujourd’hui au cimetière des Gonards, à Versailles.


Source : "Chemin de mémoire des Parachutistes" -  Joseph Castaño : Lieutenant Roger Degueldre, martyr de l’Algérie française



samedi 23 février 2013

Hommage à Monseigneur Pierre Boz…


« Il nous reste l’immense regret de n’avoir pas eu assez tôt la conscience d’une communauté, d’un peuple nouveau qui était en train de naître dans ce pays. Communauté et peuple nouveau que nous n’avons pas pu défendre. »


Monseigneur Pierre Boz,
Exarque patriarcal des melchites catholiques
est décédé à l'âge de 87 ans  le 15 février 2013 à l’hôpital du Val de Grâce


Ses obsèques seront célébrées
ce samedi 23 février 2013 en la Chapelle du Val de Grâce
Place Laveran 75005 Paris


Monseigneur Pierre Boz était Exarque Patriarcal des Melkites catholiques (Exarque du patriarche de Damas et de tout l'Orient), président de l'Association des Chrétiens originaires de Kabylie et de leurs amis, conseiller pour l'islam auprès de l'archevêché de Paris.

Oranais d'adoption, père blanc à Fort national, assistant de Monseigneur Bertrand Lacaste évêque d’Oran en 1962, chargé de mission par le cardinal Feltin en 1965, arabisant de longue date, spécialiste des dialectes du Maghreb, fin connaisseur de la culture berbère, islamologue, Monseigneur Pierre Boz est l'auteur d'un livre à découvrir « L’islam découverte et rencontre ».

Le 29 juin 1962, alors aumônier de la Petite Chapelle, il a participé à des négociations officieuses afin de faciliter le départ des commandos de l'OAS-Oran dont une partie quitteront le port d'Oran à bord du bateau le « Ville d'Alger » destination Marseille en tenue de brancardiers de la Croix-Rouge.

Le 5 juillet 1962, Pierre Boz présent à Oran vivra l'horreur des massacres des Musulmans et Européens français d'Algérie par les hordes FLN…


Un livre à découvrir…


Très soucieux d'entendre l'intériorité religieuse de cette expérience, il met en valeur ses proximités et ses différences avec celle des juifs et des chrétiens. Lors de la première édition de ce livre au début des années 1990, le contexte de l'islam était différent, moins marqué par la percée des mouvements fondamentalistes, la question du terrorisme, le développement et l'organisation d'un islam propre à la France. Cette nouvelle édition propose donc des informations complémentaires, avec de nouveaux chapitres consacrés par exemple à la notion de Djihad, aux forces en présence au sein de l'islam de France, ou aux commentaires nouveaux du Coran. Une excellente initiation à l'islam, conçue dans un esprit de compréhension, de respect et de dialogue.

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Homélie de Monseigneur Pierre Boz à Notre Dame de Paris, le 5 juillet 2012

Membre du groupe de recherche des Français disparus en Algérie, le 5 juillet 2012 à Notre-Dame de Paris Monseigneur Pierre Boz concélèbre avec Monseigneur Éric de Moulins-Beaufort, évêque auxiliaire de Paris, président de la cérémonie, une messe solennelle du souvenir pour toutes victimes des évènements 1954-1962, avec une intention particulière pour les enlevés et disparus et les religieuses et les religieux tués lors de ces troubles. Lors de cette messe Monseigneur Pierre Boz, l'Oranais, a prononcé cette très belle homélie :


Pierre Boz a passé une grande partie de sa vie en Algérie, comme enseignant de la langue arabe, ouvrant sur la lecture du Coran. Initié également au monde berbère par des années passées chez les Pères Blancs à Fort-National (Béni-Iratem), il a vécu d'abord à Alger, et ensuite à Oran, durant les évènements d'Algérie qui ont abouti à son indépendance en juillet 1962. Comme des centaines de milliers de Pieds-noirs et d'Algériens musulmans, qui ne pouvaient plus vivre dans ce pays, il a connu l'Exode et une "fin des temps". Il témoigne.

Monseigneur,

Chers amis « Pieds-Noirs »,

Nous sommes ici ce soir pour le souvenir et la prière d’intercession pour toutes les victimes de la guerre d’Algérie de 1954 à 1962. Le Seigneur les a déjà sûrement prises en grâces et en pitié, quelles que furent leur religion et leur foi.

Nous aurons une intention particulière pour les religieuses et les religieux massacrés durant ces évènements et les hommes, les femmes, les enfants enlevés et disparus à jamais.

S’il nous arrive encore de nous souvenir des drames vécus, des atrocités, des enlèvements et de ne pouvoir encore effacer certaines images qui rendent nos nuits interminables, c’est que nous ne sommes pas totalement guéris de cette fin des temps que beaucoup d’entre nous ont vécue. Comment réparer des blessures, les fêlures irréversibles striées dans nos cœurs et nos vies ? Cela donnera à notre mémoire l’empreinte de la douleur, du mal subi qui nous rendent solidaires de tous les peuples ou communautés victimes de génocide, même si ce mot terrible n’a pas encore é appliqué à notre histoire.

Mais une longue marche, une longue maturation ont été accomplies et assurées depuis cinquante ans par les hommes et les femmes de communautés si diverses qui constituaient notre quotidien sur notre Algérie natale, Ces hommes et ces femmes, nous sommes de ceux-là, juifs, musulmans, chrétiens ou sans aucune religion, furent condamnés à la Dispersion à la suite d’un invraisemblable mélange d’erreurs de jugement, de passions et peut-être aussi de haine et de trahisons. Si pour les décisions au plus haut niveau, si pour les engagements de toutes sortes qui sont à l’origine de notre sinistre destinée, nous n’avons pas été consultés, et délibérément écartés, nous savons du moins comment tout cela s’est passé. Et nous avons eu le temps avec le temps qui passe, de prendre la mesure de nos propres responsabilités comme « pieds-noirs », mais aussi une plus grande clairvoyance sur les responsabilités des autres acteurs du drame qui fut le nôtre.

Et jamais, dans cette quête, aucun sentiment de repentance ou une quelconque demande de pardon ne se sont imposés à nous. Il nous reste l’immense regret de n’avoir pas eu assez tôt la conscience d’une communauté, d’un peuple nouveau qui était en train de naître dans ce pays. Communauté et peuple nouveau que nous n’avons pas pu défendre. Nous fûmes même traités d’assassins lorsqu’il fut question de défendre la terre de nos morts.

Au-delà de toute rancune, au-delà de toute haine, la mémoire de ce passé reste une nécessité absolue pour sa transmission dans les temps à venir, comme une part irremplaçable de l’Histoire de la France, de l’Europe, de notre Mer commune, et aussi de l’Église. Ce passé fait désormais partie de l’héritage spirituel de nos enfants et des générations à venir. Il doit également peser sur notre propre réflexion, pour un retour et la cohérence sur nous-mêmes, la réconciliation avec notre histoire et notre place dans le monde et dans notre nouvelle patrie. Pour aller de l’avant, la réconciliation est nécessaire et signe de notre humanité, avec tout homme de bonne volonté qui a pu être notre adversaire, peut-être même notre ennemi, jusqu’à celui qui, par temps de folie, a tué ou enlevé l’un des nôtres.

Comme dit l’Écriture, jusqu’en éternité, seront reconnus ceux qui ont « traversé la Grande Épreuve » et qui restent signés du Sang de l’Agneau.

Mais il fallait aussi que Lumière soit faite sur ce passé.

Il fallait à tout prix, extraire de l’histoire, nos communautés d’Algérie, du magma idéologique et tragique dans lequel a baigné pendant des décennies, toute l’Afrique du Nord : fin de l’Empire Ottoman (1917), première revendication d’indépendance de l’Algérie en 1926, à Paris, et les 10 000 Algériens assassinés ou disparus, victimes des combats en France entre partisans algériens du pour ou du contre la France (entre 1945 et 1954), proclamation au temps de la « guerre froide » de la Troisième Internationale du Komintern Soviétique, déclarant que toute colonisation, identifiée à l’exploitation « de l’homme par l’homme », était le crime absolu pour les pays qui en bénéficiaient.

Plus profondément, il fallait séparer la guerre de conquête de l’Algérie, guerre hélas semblable à toutes les guerres durant lesquelles assaillants et assaillis commirent des actes irréparables, séparer la guerre de conquête d’avec l’arrivée sur ces terres africaines, des hommes et des femmes les plus pauvres de la Méditerranée. Les Métropolitains eux-mêmes se rendirent compte, lors du l’Exode imposé en 1961-1962, que les descendants de ces premiers arrivés, appelés « Pieds Noirs » n’avaient aucune ressemblance avec les découvreurs conquérants d’Isabelle la Catholique, revenant des Amériques, sur des galions remplis des trophées et d’or. Plus de cent ans de « colonie » n’avaient pas transformé ces hommes et ces femmes en « maîtres d’esclaves », ni en possesseurs de trésors. Ils n’avaient que le souvenir de leurs morts, leurs ancêtres qui n’ont vécu, la plupart d’entre eux, sur cette terre, que les années de leur jeunesse de pionniers et d’ouvreurs d’espaces nouveaux, tant cette terre était ingrate et dure, et depuis des siècles fermée sur elle-même. Leur existence ne dépassait pas trente cinq ans.

Et pourtant que de liens créés, qui ne nous font que regretter cet immense gâchis de cette fausse guerre d’Algérie, durant laquelle les habitants de ce pays ont failli perdre leur âme et le culte héréditaire de la lumière et de terre et de la mer ! Ce fut une histoire achevée par un simulacre de traité de paix entre des communautés qui avaient déjà appris à vivre ensemble, à faire la fête ensemble, et à mourir ensemble.

Et mourir ensemble aussi pour une Patrie, découverte dans la douleur et dans le doute, mais avec quelle loyauté et quelle générosité. Ceux de nos frères algériens qui sont morts et ont souffert pour notre commune patrie ne sont ni des traitres ni des renégats. Ce sont les meilleurs d’entre nous. Car leur route fut plus longue et souvent plus cruelle que la nôtre, combien semée de malheurs. Mais ils sont avec les « Pieds-Noirs », les annonciateurs de temps nouveaux que nous vivons. Avec le retour parmi nous en « terres d’Occident » de nos frères d’Afrique du Nord. C’est avec eux qu’il faudra construire un monde nouveau. Si le chagrin, surgi de l’abandon de leur terre l’Algérie, a fait mourir prématurément, nombre de nos anciens, lors de leur exil en 1962 en France ou ailleurs en Méditerranée, jamais le suicide pratiqué par nos ancêtres les Donatistes n’a traversé le cerveau d’un « Pied-Noir ». Revenus en Europe, les «Pieds-Noirs » se sont remis à la tâche avec un courage et une persévérance qui étonnèrent les Métropolitains. Ceux-ci eurent du mal à reconnaître en ces hommes et ces femmes, ceux ou celles qui « auraient fait suer le burnous » ou auraient humilié l’ « indigène » comme on disait alors. C’est ainsi que certains observateurs de la vie économique de l’Europe n’hésitent pas à signaler, à décrire le rôle et la part non négligeable prise par les Français d’Algérie, dans l’embellie économique et les progrès acquis durant les « Trente Glorieuses » en France.

Nos frères des communautés ecclésiales d’Europe furent étonnés de la ferveur, de la chaleur des chrétiens venus d’Algérie dans l’expression de leur foi et aussi de leur expérience et des difficultés de la Rencontre avec l’Autre.

Mais à une autre échelle ou perspective, cette vie commune de plus d’un siècle, et cette rencontre au niveau de la pensée et du comportement quotidien, qui sont les bases de toute rencontre durable au-delà des cultures, cette première rencontre entre Orient et Occident après les Croisades, dans un tout autre contexte, n’a-t-elle pas semé des germes qui ont lentement mûri pour au moins initier ces mouvements profonds qui bouleversent actuellement, dans un sens positif, nous l’espérons de tour notre cœur, le monde arabo-musulman ?

C’est ce rôle qu’ont joué les chrétiens du Moyen-Orient auprès de leurs compatriotes, lors de la « Renaissance » de ce continent à la fin du 19e siècle.

Et commence à se lever au milieu de nous ce souffle, non pas de l’oubli qui serait une trahison pour notre histoire, commence à se lever au milieu de nous, ce Souffle de l’Esprit, ce souffle de l’Espérance, cet espoir qui purifie, qui dégage des horizons nouveaux pour des routes nouvelles, fi sabil lillah, « sur la voie de Dieu » comme on disait autrefois ?