Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 6 février 2021

Pierre Fresnay : "Les Poèmes de Fresnes" de Robert Brasillach, l'intégrale



Poèmes du temps d'un autre confinement…
ô combien toujours d'actualité, seuls ont changé les juges et la taule !




6-Février : "La mort en face"… Robert Brasillach, le poète assassiné






Robert Brasillach, le poète assassiné

Robert Brasillach, lors de son procès

La mort en face
6 février 1945

Si j'en avais eu le loisir, j'aurais sans doute écrit le récit des journées que j'ai vécues dans la cellule des condamnés à mort de Fresnes, sous ce titre. On dit que la mort ni le soleil ne se regardent en face. J'ai essayé pourtant. Je n'ai rien d'un stoïcien, et c'est dur de s'arracher à ce qu'on aime. Mais j'ai essayé pourtant de ne pas laisser à ceux qui me voyaient ou pensaient à moi une image indigne. Les journées, les dernières surtout, ont été riches et pleines. Je n'avais plus beaucoup d'illusions, surtout depuis le jour où j'ai appris le rejet de mon pourvoi en cassation, rejet pourtant prévu. J'ai achevé le petit travail sur Chénier que j'avais commencé, j'ai encore écrit quelques poèmes. Une des mes nuits a été mauvaise, et le matin j'attendais. Mais les autres nuits, ensuite, j'ai dormi bien calmement. Les trois derniers soirs, j'ai relu le récit de la Passion, chaque soir, dans chacun des quatre Évangiles. Je priais beaucoup et c'est la prière, je le sais, qui me donnait un sommeil calme. Le matin, l'aumônier venait m'apporter la communion. Je pensais avec douceur à tous ceux que j'aimais, à tous ceux que j'avais rencontrés dans ma vie. Je pensais avec peine à leur peine. Mais j'essayais le plus possible d'accepter.
Robert Brasillach, Poèmes de Fresnes




Au berceau de l’enfant Honneur
On a vu deux fées apporter
Deux présents pour l’enfant Honneur
Le courage avec la gaieté.

- A quoi, dit-on à la première,
Sert un présent comme le vôtre ?
– Presqu’à rien répond la première
A donner du courage aux autres.

- L’autre, dit-on à la seconde,
N’est-il pas de trop pour l’Honneur?
– Un enfant, répond la seconde,
A toujours besoin d’une fleur.

Robert Brasillach (30 janvier 1945)


*   *    *

6 février 1945 à 9 heures du matin

Robert Brasillach à Maître Isorni :
« Vous savez, j’ai parfaitement dormi ! »

À 8 heures 30, devant les grilles du Palais de Justice, se forme le cortège des six voitures noires qui doivent conduire à Fresnes les personnes requises par la loi et l’usage pour l’exécution. Tout le long du parcours un important service d’ordre constitué par des gardiens de la paix armés de mitraillettes. Aux abords de Fresnes, le service d’ordre est beaucoup plus dense. Dans l’allée de la prison des gardes mobiles font la haie. Nous attendons quelques instants avec les différentes personnalités devant la grille d’accès au grand couloir qui mène à la détention.

À 9 heures juste, nous nous rendons, suivis d’un peloton de gardes mobiles, à la division des condamnés à mort. Le commissaire du gouvernement François ouvre la porte de la cellule de Robert Brasillach et lui annonce d’une voix sèche que son recours en grâce a été rejeté.

Je pénètre à ce moment dans sa cellule avec Maître Mireille Noël et l’aumônier. Robert Brasillach nous embrasse tous les trois. Puis il demande à rester seul avec l’aumônier. Deux gardiens viennent lui retirer ses chaînes. Après sa confession et quelques minutes d’entretien avec le prêtre il me fait appeler ainsi que Mademoiselle Noël. Il me donne alors ses dernières lettres qu’il a préparées pour sa mère, pour sa famille, pour ses amis, pour Mademoiselle Noël et pour moi-même.

Il me donne également les manuscrits des poèmes écrits en prison et une feuille contenant quelques lignes avec ce titre : « La mort en face ». De temps en temps il me regarde avec un bon sourire d’enfant. Il avait compris, dès hier, que ce serait pour ce matin.

« Vous savez, me dit-il, j’ai parfaitement dormi ! »

Comme il doit revêtir son costume civil à la place du costume du condamné à mort qu’il porte, Mademoiselle Noël se retire et je demeure seul avec lui.

« Oui, restez près de moi », me dit-il.

Il me montre la photographie de sa mère et celle de ses deux neveux.

Il les met dans son portefeuille et m’exprime le désir de mourir avec ces photographies sur son cœur. À ce moment, il a une légère défaillance, il pousse un soupir, et des larmes coulent de ses yeux. Il se tourne vers moi et dit, comme s’il voulait s’excuser : « C’est un peu naturel. Tout à l’heure je ne manquerai pas de courage. Rassurez-vous ».

Il s’habille alors tranquillement, avec beaucoup de soin, refait la raie de ses cheveux devant sa petite glace, puis, songeant à tout, retire d’une miche de pain un petit canif et une paire de ciseaux qu’il y avait dissimulés et qu’il me remet. Il m’explique : « pour que personne n’ait d’ennuis ».

Il range ses affaires personnelles dans un grand sac. À ce moment, il a soif. Il boit un peu d’eau dans sa gamelle. Puis il achève sa toilette. Il a le pardessus bleu qu’il portait au procès. Autour de son cou il a passé un foulard de laine rouge.

Il demande à s’entretenir avec Monsieur le Commissaire du Gouvernement Reboul.

Celui-ci s’avance. Il est raidi par l’émotion, le visage tourmenté, d’une grande pâleur.

D’une voix sourde, Brasillach lui fait alors la déclaration suivante :

« Je ne vous en veux pas, Monsieur Reboul, je sais que vous croyez avoir agi selon votre devoir ; mais je tiens à vous dire que je n’ai songé, moi, qu’à servir ma patrie. Je sais que vous êtes chrétien comme moi. C’est Dieu seul qui nous jugera. Puis-je vous demander un service ? »

Monsieur Reboul s’incline. Robert Brasillach continue :

« Ma famille a été très éprouvée, mon beau-frère est en prison, sans raison, depuis six mois. Ma sœur a besoin de lui. Je vous demande de faire tout ce que vous pourrez pour qu’il soit libéré. Il a été aussi le compagnon de toute ma jeunesse ».

Le commissaire du Gouvernement lui répond : « Je vous le promets ».

Robert Brasillach lui dit pour terminer : « Consentirez-vous, Monsieur Reboul, à me serrer la main ? »

Le commissaire du Gouvernement la lui serre longuement.

Robert Brasillach m’embrasse une fois encore. Il embrasse également Maître Mireille Noël qui vient de rentrer et lui dit : « Ayez du courage et restez près de ma pauvre sœur ».

Il est prêt. Il ouvre lui-même la porte de sa cellule. Il s’avance au devant des personnalités qui attendent et leur dit : « Messieurs, je suis à vos ordres ».

Deux gardes mobiles se dirigent vers lui et lui passent les menottes. Nous gagnons le grand couloir de la sortie. En passant devant une cellule, d’une voix claire, Robert Brasillach crie : « Au revoir Béraud ! » et, quelques mètres plus loin : « Au revoir Lucien Combelle ! ».

Sa voix résonne sous la voûte, au-dessus du bruit des pas.

Lorsque nous arrivons à la petite cour où attend la voiture cellulaire, il se retourne vers Mademoiselle Noël et lui baise la main en lui disant : « Je vous confie Suzanne et ses deux petits ». Il rajoute : « C’est aujourd’hui le 6 février, vous penserez à moi et vous penserez aussi aux autres qui sont morts, le même jour, il y a onze ans ».

Je monte avec lui dans la voiture qui va nous conduire au fort de Montrouge. Il s’est assis, impassible, en me prenant la main. À partir de ce moment, il ne parlera plus.

Le poteau est dressé au pied d’une butte de gazon. Le peloton, qui comprend 12 hommes et un sous-officier, nous tourne le dos. Robert Brasillach m’embrasse en me tapotant sur l’épaule en signe d’encouragement. Un sourire pur illumine son visage et son regard n’est pas malheureux. Puis, très calme, très à l’aise, sans le moindre tressaillement, il se dirige vers le poteau. Je me suis un peu détaché du groupe officiel. Il s’est retourné, adossé au poteau. Il me regarde. Il a l’air de dire : « Voilà… c’est fini ».

Un soldat sort du peloton pour lui lier les mains. Mais le soldat s’affole et n’y parvient pas. Le maréchal des logis, sur ordre du lieutenant essaye à son tour. Les secondes passent… On entend la voix du lieutenant qui coupe le silence : « Maréchal des logis !… Maréchal des logis !… ».

Robert Brasillach tourne lentement la tête de gauche à droite. Ses lèvres dessinent un sourire presque ironique. Les deux soldats rejoignent enfin le peloton.

Robert Brasillach est lié à son poteau, très droit, la tête levée et fière. Au-dessus du cache-col rouge elle apparaît toute pâle. Le greffier lit l’arrêt par lequel le pourvoi est rejeté.

Puis, d’une voix forte, Robert Brasillach crie au peloton : « Courage ! » et, les yeux levés : « Vive la France ! ».

Le feu de salve retentit. Le haut du corps se sépare du poteau, semble se dresser vers le ciel ; la bouche se crispe. Le maréchal des logis se précipite et lui donne le coup de grâce. Le corps glisse doucement jusqu’à terre. Il est 9 heures 38.

Le docteur Paul s’avance pour constater le décès. L’aumônier et moi-même le suivons et nous inclinons. Le corps est apparemment intact. Je recueille, pour ceux qui l’aiment, la grosse goutte de sang qui roule sur son front.

Fait à Paris le 6 février 1945,

Jacques Isorni, avocat à la Cour d’Appel


Pierre Fresnay




En 1944, Robert Brasillach, arrêté et emprisonné à Fresnes, est condamné à mort pour ses écrits dans Je suis partout. Ne se faisant aucune illusion sur le résultat des recours déposés par son avocat ou de la demande en grâce signée par les plus grands écrivains français et adressée à DeGaulle, il attendait son exécution dans sa cellule. Les Poèmes de Fresnes ont été écrits dans cette prison alors que l’auteur n’avait ni stylo ni papier. Il avait réussi à se procurer une plume qu’il cachait dans une pipe et du papier qu’il arrachait d’un carnet. C’est par son avocat que ces poèmes sont sortis de Fresnes.


*  *   *


La tombe de Robert Brasillach
au cimetière de Charonne ce 6 février 2021



Le 6 février 1945 Robert Brasillach était fusillé, victime des vagues de l'Épuration… L'avocat général Philippe Bilger retrace le parcours de Robert Brasillach ainsi que son procès dans son livre : "20 minutes pour la mort, Robert Brasillach : le procès expédié" publié aux éditions du Rocher.

Un procès qui n'a duré que 6h et dont le délibéré a pris 20 minutes (du jamais vu) pour aboutir à la sentence de mort. 20 minutes pour tout revoir, tout peser, tout analyser. Bref, 20 minutes pour rien, car tout était déjà décidé bien avant l'heure :
"… rien, jamais, ne parviendra à justifier cette froide résolution mise en œuvre par une cour d'exception et validée par un général de faire disparaitre un esprit, une âme, une vie de la surface de la France."

Messes





 

*   *    *



TRADITIONNELLEMENT, depuis maintenant près de quarante ans, la première semaine du mois de février est pour moi l’occasion d’un pèlerinage. Pèlerinage non pas en un lieu mais dans une œuvre. Dans l’œuvre de Robert Brasillach. À l’aventure, par monts et par vaux, selon le conseil de Montaigne, par sauts et par gambades, je pérégrine sur les sentiers des phrases qui tombent souvent si juste, au détour des tournures heureuses, le long des formules tracées au cordeau, je replonge dans les romans, essais et poèmes de l’auteur de Notre avant-guerre, et dans les essais et biographies consacrés à cet écrivain maudit, fusillé le 6 février 1945, au fort de Montrouge. Voilà donc soixante-dix ans déjà.

ÉCRIVAIN MAUDIT, ÉCRIVAIN HONNI

Je sais comme il est difficile de parler publiquement de Robert Brasillach [1], excepté dans les milieux autorisés, c’est-à-dire ceux qui ne le sont pas par le Saint-Siège de la bienpensance, sous peine d’être considéré comme un horrible fasciste, un monstre faisant l’apologie des pires crimes contre l’humanité, alors qu’il ne s’agit que d’évoquer, avec une bienveillance admirative, la mémoire d’un écrivain d’immense culture, d’un érudit de talent et de conviction, qui fût devenu, cela ne fait de doute pour personne, un intellectuel de premier plan, si les circonstances et les hommes ne l’avaient empêché de continuer de vivre.

Fauché par des balles françaises à l’âge de trente-cinq ans seulement, Robert Brasillach était loin d’avoir réalisé toutes les potentialités de son intelligence, toute la puissance de sa force créatrice, bien qu’au moment de sa mort, il fût déjà à la tête d’une œuvre grande, forte, originale et variée. Ce qui me peine, m’attriste, m’horripile et me révolte le plus dans l’histoire de l’auteur de Comme le temps passe, c’est que soixante-dix ans après sa mort, il continue de faire figure de coupable absolu, définitif, impardonnable. Rebatet a été republié, Céline suscite des débats, voire des controverses… Brasillach est maintenu enseveli dans un silence total. Il fut condamné à mort pour intelligence avec l’ennemi, il demeure ignoré et interdit par les ennemis de l’intelligence.

Car, s’il est une qualité qui fut la sienne, et qui le plaça au-dessus de tous ses camarades de la rue d’Ulm, ou de l’Action française, ou de Je suis partout..., c’est bien son intelligence. Comme souvent les jeunes gens suprêmement intelligents, Robert Brasillach fut un jeune homme à la fois studieux et désinvolte, travailleur et dilettante, érudit et rieur, grave et léger. Pétri de culture antique et classique, il publie, à vingt-deux à peine, un ouvrage consacré au poète latin Virgile [2]. C’est un essai qui annonce, résume et condense, les thèmes de sa vie et de son œuvre : le soleil, l’été, la chaleur, la Méditerranée, la terre et les morts, l’exaltation de la vertu de jeunesse, l’amitié, le goût des joies simples, la beauté de la nature, les plaisirs que procurent les voyages... Robert Brasillach est tout le contraire d’un intellectuel triste et tourmenté. Pour lui, l’intelligence est une joie. La culture coule en lui comme un vin de soif. Les savoirs et les connaissances, il les fait siens sans souffrance ; sans travail.

LE PRINCE DE LA JEUNESSE

Dans son essai (cité en note), Pascal Louvrier consacre quelques belles pages à cette période de la jeunesse de Robert Brasillach, classes préparatoires au lycée Louis-le-Grand puis scolarité à l’École normale supérieure. Ce sont des années de formation, de découvertes, d’émulation et d’insouciance. « Le 23 novembre, Robert pénètre pour la première fois dans la grande cour bordée d’arbres du lycée Louis-le-Grand. À l’intérieur de cet édifice gris et sale, il va faire la connaissance de jeunes gens promis à un bel avenir : José Lupin, Fred Sémach, Roger Vailland, Jean Beaufret, Lucien Paye, Jacques Talagrand connu aujourd’hui sous le pseudonyme de Thierry Maulnier. Il y rencontre surtout “une petite brute à la blouse noire de paysan avec une ceinture”, Maurice Bardèche [3], qui épousera sa sœur Suzanne, et deviendra son “frère de jeunesse”. La première impression que Maurice eut de Robert fut pourtant bien mauvaise. Il trouva horribles ses lunettes rondes en fer, et probablement aussi son visage poupin, qu’une enfance et une adolescence paisibles avaient su préserver des scories de l’existence... »

Robert Brasillach
Ne nous lassons pas de redécouvrir, sous la plume de Pascal Louvrier [4], quelques passages de ce merveilleux livre qu’est Notre avant-guerre : « Maurice Bardèche aide également Robert à travailler avec logique. Il lui apprend à lire Proust et Barrès. Et, lorsqu’ils ont un peu de temps libre, ils partent ensemble découvrir Paris, ses “petites gens”, ses métiers, des commerçants, ses lieux insolites. Leur déambulation joyeuse les conduit, sans qu’ ils l’ aient vraiment décidé, aux Halles, rue Mouffetard ou boulevard Montmartre, enfin partout. ... “Nous découvrions le Paris matinal, celui qui nous était le plus secret, avec ses cris, ses montagnes de légumes, l’odeur fraîche des boutiques ouvertes, les viandes en tas, les poissons gris et blancs. Par les beaux jours de printemps, se dessinaient ainsi devant nous la Seine entre les livres, les petites églises rouillées, la ville grise et unique...” écrira plus tard Robert dans Notre avant-guerre. [...]


Robert boit la vie telle qu’elle se présente. Sans ordre, sans “compétence”, il savoure les joies simples que chaque quartier de la capitale offre. Relisons une fois encore la minutieuse description qu’ il fait de ces moments intenses dans Notre avant-guerre. “Je me rappelle comme les plus beaux moments de ma vie cette soirée où nous revenions de l’annonce faite à Marie, à l’Œuvre, en nous arrêtant pour gober des huîtres et boire du vin blanc, dans les rues en pente de Montmartre. Je me rappelle la veille du 14-Juillet où nous allions dans les bals de la colline Sainte-Geneviève, en 1927, boire du vin rouge à quatorze sous le verre, rue Mouffetard, sous les lampions roses et bleus, au son des accordéons et des violons fringants”. »

UN POÈTE ROMANCIER, CRITIQUE ET JOURNALISTE

N’en déplaise à tous ceux qui le détestent — certainement parce que même mort, ils le redoutent ! —, Robert Brasillach est un très grand écrivain, un auteur majeur, et même si — pourquoi pas ? — certains peuvent regretter quelques-uns de ses excès journalistiques ou lui reprocher quelques-unes de ses diatribes, on ne peut nier le plaisir que donne la lecture de ses livres, un plaisir juste né de l’émotion littéraire que procurent les phrases lorsqu’elles sont marquées au sceau du style, et qu’en évoquant des éléments de l’histoire personnelle de l’auteur, elles parviennent à remuer l’histoire intime, réelle ou rêvée, du lecteur.

C’est là le propre du poète, et du “danger” qu’il court à devenir son propre poème. Robert Brasillach est un poète. Sa personnalité est le produit de ses mots. Il est un poète qui a commis des essais, des critiques littéraires, des romans, des poèmes et des articles politiques. Et si on le lit avec attention et intelligence, donc avec bienveillance, on découvre que même dans ses articles les plus furieux, c’est toujours, d’abord et avant tout, le poète qui est à la manœuvre. Il y a poésie dès lors que les mots dépassent la pensée. Lorsque les mots suivent la pensée et sont à sa traîne, ils ne composent bien souvent qu’une bouillie langagière laborieuse et sans éclat. Mais lorsque les mots mènent la danse, la pensée bouillonne, s’exalte, tourbillonne, s’affole et va, souvent involontairement, vers des endroits par elle insoupçonnés. Lorsque les mots sont animés par l’énergie de la poésie, ils produisent de la pensée qui se prend parfois au piège de la violence verbale qui la construit. C’est dans cet esprit qu’il faut lire Brasillach, même le Brasillach politique.

POURQUOI L’ONT-ILS ASSASSINÉ ?

C’est la raison pour laquelle une question ne cesse de me tarauder : a-t-on foncièrement, humainement, politiquement, le droit de fusiller un homme pour ce qu’il a écrit ? A-t-on le droit de le fusiller pour ses textes, de quelque nature qu’ils soient, et qui forment un tout qui s’appelle une œuvre. Céline, c’est bien sûr le génial Voyage au bout de la nuit mais c’est aussi, qu’on le veuille ou non, le non moins génial Bagatelles pour un massacre. De la même façon, Rebatet, c’est et Les Décombres ou Mémoires d’un fasciste et Une Histoire de la musique...

Oui, a-t-on le droit de mettre un terme à la vie d’un écrivain véritable ? Que les vainqueurs le condamnent à une peine de prison parce qu’il s’est engagé aux côtés des vaincus, je veux bien encore l’admettre. Mais qu’on l’assassine ? Certainement pas ! Au reste, s’agissant de Robert Brasillach, son exécution était bien un assassinat sordide, éhonté, scandaleux. Instruction bâclée, production de pièces truquées (la prétendue photographie où l’on a voulu voir un Brasillach en uniforme allemand), parodie de procès, demande de grâce rejetée avec mépris par De Gaulle... Tout montre qu’on a voulu se débarrasser de Robert Brasillach, dans la précipitation et l’urgence, avant que le scandale du projet d’exécution de ce grand écrivain n’éveillât les consciences. Il leur fallait un mort illustre, un mort emblématique. Le malheur a voulu que ce fût Robert Brasillach.

Malheur pour lui, pour ses proches, pour la littérature du XXe siècle. Car Robert Brasillach, plus encore que les idées politiques, aimait avant tout et par-dessus tout la littérature. La sienne et celle des autres, dont il savait parler avec pertinence et admiration. Dans les douze volumes des Œuvres complètes de Robert Brasillach, plus de deux mille pages sont consacrées aux seuls écrits critiques [6]. Citons au moins un extrait : dans un article consacré à L’homme à cheval (Gallimard 1943) de Pierre Drieu La Rochelle, Robert Brasillach écrit ce passage savoureux : «... Cette ordonnance est bien savoureuse. Ce qui la rend plus savoureuse encore, il faut le dire tout de suite, c’est le style. La littérature de l’armistice nous a valu un nombre consternant de romans ou d’essais écrits par des analphabètes soudain possédés dont ne sait quel démon. On a précipité sur le papier, denrée rarissime, des élucubrations ahurissantes, auprès desquelles les romans à dix sous des anciennes collections littéraires semblent des merveilles de goût et de psychologie. Des retraités alcooliques ont consigné leurs réflexions sur la crise de moralité qui n’était au vrai, pour eux qu’une crise de l’apéritif. Des jeunes gens un peu montés en graine ont mis en scène leurs émois dans une langue directement empruntée aux prospectus pharmaceutiques. Et soudain, dans ce navrant désert, un livre, un vrai livre. Un style où se mêlent l’élégance, la passion, l’allure, et une certaine sécheresse fiévreuse où Drieu la Rochelle me semble avoir tout à fait exorcisé les musiques romantiques qui laissaient encore chez lui comme des souvenirs de Barrès... » On aimerait citer tout l’article, et tant d’autres, généreux et incisifs, cultivés et éblouissants, qualificatifs qui sont la marque de Brasillach. De tout Brasillach !

Lecteurs de RIVAROL, il n’est qu’une façon aujourd’hui de rendre hommage à Robert Brasillach, d’honorer sa mémoire, c’est de le lire et de le faire lire. À vos bibliothèques !

Jean-Philippe ROBIQUET

Notes :

1. En 1989, un jeune intellectuel courageux, Pascal Louvrier, a commis un essai sur Brasillach : Brasillach, L’illusion fasciste, préface d’Alain Griotteray, Éditions Perrin. C’était un ouvrage critique, au sens littéraire du terme, non pas haineux mais nuancé et sympathique. La préface d’Alain Griotteray — à l’époque homme politique affichant des opinions marquées très à droite mais immunisé par son action dans la résistance — qui fut très certainement pour Louvrier une manière d’Ausweis littéraire, commença par les phrases suivantes : « Il faut un beau courage, aujourd’hui, pour oser ouvrir de nouveau le “dossier “Brasillach”. Il y a quelques temps, pour avoir voulu, elle aussi, entreprendre cette tâche, Anne Brassié a reçu son lot d’opprobre. Elle avait prétendu, l’inconsciente, rédiger une biographie et non un acte d’accusation. C’est que notre temps, qui se veut ouvert à toutes les opinions, est en fait d’un conformisme hallucinant. Il a mis en œuvre, dans le domaine des idées, la célèbre formule prêtée à André Citroën : “Choisissez la couleur de voiture que vous voulez à condition qu’elle soit noire.” En 1950, Roger Nimier pouvait dans Les Épées, tracer le portrait d’un milicien somme toute sympathique. Je ne sais s’il aurait pu se permettre une telle audace de nos jours. Et je ne suis pas certain, pour tout dire, que la célèbre pétition pour le recours en grâce de Robert Brasillach, si elle devait circuler à présent, recueillerait autant de noms, et autant de noms prestigieux. Que l’on prenne le temps d’y réfléchir un peu et l’on mesurera que la liberté, dont beaucoup se gargarisent, n’ est qu’ une marge qui se rétrécit au gré des conformismes. » Que dirait et qu’écrirait Alain Griotteray aujourd’hui s’il vivait encore et qu’il constaterait la situation dramatique de la liberté d’expression dans la société française de ce début du XXIe siècle ?
2. Présence de Virgile
3. Maurice Bardèche, que les anciens lecteurs de RIVAROL connaissent bien, et qui publia, avec Brasillach, en 1935, une magistrale Histoire du cinéma.
4. Parce qu’il se trouve que pour préparer ma chronique, c’est le sien que j’eus envie de relire...
5. Club de l’Honnête Homme, de 1963 à 1966. Édition réalisée par Maurice Bardèche. Certains textes de Brasillach ont été volontairement exclus.
6. De nombreux articles critiques n’ont pas été retrouvés.


vendredi 29 janvier 2021

Juin 1940 : les tirailleurs sénégalais sont massacrés à Chasselay

Juin 1940 :
Les tirailleurs sénégalais sont massacrés à Chasselay

 

Le tata de Chasselay vu de la route © Patrice Robin

Du 19 au 20 juin 1940, les soldats du 25e régiment de tirailleurs sénégalais reçoivent l’ordre de “résister sans esprit de recul”. Face à eux, l’armée nazie en surnombre et mieux équipée. Alors que la France a déjà capitulé, les soldats vont se battre jusqu’à la mort, et être les victimes du racisme des Allemands.

Lyon, 19 juin 1940. Les Allemands prennent la préfecture ; l’occupation de Lyon est officielle. La veille, des réservoirs d’essence situés quai Rambaud ont été incendiés. La fumée masque le soleil dans certains quartiers adjacents. Il faudra attendre le 7 juillet pour que les soldats se retirent ; Lyon fera alors partie de la zone libre. L’armée française ne parvient pas à tenir tête à l’invasion allemande. En son sein, des tirailleurs sénégalais recrutés dans les colonies. Contrairement à ce que leur nom indique, ceux-ci ne sont pas issus d’un seul pays, mais de toute l’Afrique noire, et dépendent des troupes coloniales.

Les victimes oubliées de la Seconde Guerre mondiale

À la fin de la Première Guerre mondiale, des troupes françaises issues des colonies d’Afrique sont stationnées en Allemagne, notamment en Sarre. À propos de leurs enfants nés d’unions avec des femmes de la région, Hitler écrira dans Mein Kampf qu’il s’agit d’“un complot juif visant à bâtardiser l’Europe”. Rapidement, ils vont être mis au ban de la société et devenir des boucs émissaires. À partir de 1935, suite aux lois de Nuremberg, les mariages mixtes entre Noirs et Blancs sont interdits. En 1937, la Gestapo effectue des rafles et fait stériliser de force les Noirs. Considérés comme des animaux, traités de “honte noire”, ils sont capturés et envoyés en camp de concentration.

Les soldats des colonies, cibles prioritaires ?

En France, les troupes des colonies vont être les premières victimes de la répression nazie. Pour certains historiens, telle Catherine Coquery-Vidrovitch, 65 000 tirailleurs s’engagèrent au combat entre mai et juin 1940 ; 29 000 seront massacrés. Les consignes de Goebbels ont été claires : il faut “dénoncer les Français comme des sadiques négrifiés [...] cette racaille de couleur”. L’infanterie SS a pour ordre de “ne prendre vivant aucun prisonnier nègre”. Dès lors, les soldats capturés sont automatiquement fusillés. Entre le 12 et le 16 juin 1940, 105 hommes du 26e régiment résistent contre les nazis près de Chartres et donnent une leçon de bravoure aux Allemands. Lorsque ces derniers réussissent à renverser la situation, ils massacrent les hommes en prétextant qu’il s’agirait de violeurs de femmes et d’enfants.

Au début de la guerre, des mises en scène sont régulièrement organisées après les captures de “Sénégalais”. Les troupes coloniales sont montrées comme des “sauvages”, usant du “coupe-coupe”, mutilant et violant sans aucune pitié. Lorsqu’un officier nazi a besoin de montrer l’exemple dans les rangs de prisonniers, les Noirs sont abattus en priorité. Chaque acte de rébellion de leur part engendre inévitablement l’exécution de plusieurs d’entre eux. La convention de Genève sur le statut des prisonniers de guerre ne sera jamais respectée, et la population française ne protégera que rarement les survivants et autres évadés. Résolus à attiser la haine envers le soldat noir, les Allemands se plaisent à détruire les plaques d’identification des tirailleurs et abandonnent leurs corps à l’air libre.

L’héroïque résistance du 25e régiment de tirailleurs sénégalais

Le 19 juin 1940, à Chasselay-Montluzin, près de Lyon, alors que l’armée française recule, la 3e compagnie du 25e régiment de tirailleurs sénégalais ne reçoit pas l’ordre de retraite. Le régiment d’infanterie Gross Deutschland avance vers eux en compagnie de la division SS Totenkopf (connue pour avoir massacré une centaine de prisonniers britanniques au lieu-dit le Paradis). Ils vont rencontrer une résistance inattendue. Alors qu’ils n’ont presque aucune expérience du combat, les soldats africains vont résister avec une rage inédite. Pourtant, Pétain a demandé le cessez-le-feu, Lyon est abandonnée aux Allemands et déclarée ville ouverte. La Panzerdivision est déjà aux portes de la ville.

L’une des dernières batailles se déroulera au couvent de Montluzin à Chasselay. À l’intérieur, les religieuses soignent les blessés. Un officier allemand arborant un drapeau blanc s’approche d’un barrage français et proclame que l’armistice a été signé – ce qui est faux (elle ne le sera que le 22 juin). Le nazi hurle de ne pas tirer. Pourtant l’adjudant français Requier fait feu. L’homme s’écroule, les mitraillettes allemandes s’abattent sur le régiment. Les tirailleurs se battent, utilisant le couvent comme place forte, et surprennent les nazis, qui tentent plusieurs contre-attaques en vain. Ils doivent se résoudre à envoyer les blindés. Le 19 juin, les Allemands réussissent à prendre les lieux, abattent les tirailleurs et deux des trois officiers blancs accusés d’avoir dirigé des “nègres”.

Un dernier groupe, commandé par le capitaine Gouzy, s’est retranché à proximité, dans le château du Plantin. Le caporal mitrailleur Scandariato apporte un précieux témoignage sur la suite : “Nous étions environ une vingtaine de Blancs d’encadrement et un grand nombre de tirailleurs sénégalais. Le capitaine nous demanda quels étaient les volontaires pour le dernier baroud d’honneur, la coloniale ne se rendant pas sans un dernier combat. Tous répondirent présents et nous prîmes nos dispositions de combat tout autour du parc.” Les nazis perdront une centaine d’hommes et auront cinquante blessés. Les tirailleurs se battent jusqu’à ne plus avoir de munitions.

Contraints de se rendre, ils sont immédiatement capturés. Huit officiers français ainsi que soixante-dix soldats africains sont amenés dans un champ. Les officiers sont sommés de se plaquer au sol tandis que les nazis obligent les tirailleurs à fuir en courant. Les mitraillettes des chars ouvrent alors le feu, abattant les hommes dans le dos. Les blindés avancent et achèvent les blessés sous leurs chenilles. Le capitaine Gouzy se rebelle et reçoit une balle de pistolet dans le genou pour seule réponse. Le 20 juin, c'est au tour de 27 tirailleurs d'être fusillés montée de Balmont à Vaise.

Après les massacres de Chasselay, Françoise Meifredy, membre de l’Amitié africaine cherchera les survivants et les aidera à se cacher. Aujourd’hui, il est encore difficile de savoir combien ont survécu. Plus d’une centaine de prisonniers trouvèrent la mort près de Lyon, dans l’indifférence générale. Ils furent les derniers à tomber pour la France avant l’armistice.

Le tata sénégalais

En 1942, apprenant le massacre, le secrétaire général de l’office départemental des mutilés de guerre, des anciens combattants et des victimes de guerre, Jean Marchiani, ancien combattant de 14-18, décide de réunir des fonds pour acheter un terrain à Chasselay. Au lieu-dit le Vide-Sac, où ont été mitraillés les soldats, il fait construire un tata. En Afrique, ce terme qualifie un lieu dédié aux guerriers morts au combat. Ici, il s’agira avant tout d’une nécropole en hommage aux disparus. À l’intérieur, sont inhumés les corps de 196 tirailleurs, de plusieurs nationalités, et de la terre venue d’Afrique est répandue sur les tombes. Symbole d’une période sombre, le lieu sera pourtant officiellement inauguré le 8 novembre 1942 par les autorités de Vichy. Ces dernières auraient souhaité lever une armée coloniale pour ralentir les alliés en Afrique du Nord, mais les nazis ne virent pas l’idée d’un bon œil. Trois jours plus tard, les nazis envahissent la zone libre.

À la Libération, les tirailleurs survivants sont placés dans des camps, attendant d’être rapatriés. En novembre 1944, 1 200 d'entre eux sont rassemblés à Thiaroye à proximité de Dakar au Sénégal. Le 1er décembre 1944. Ils demandent le paiement de leurs indemnités et soldes lors d'une manifestation. Ils ne recevront que les balles tirées par les gendarmes français. Le bilan officiel fait état de 35 morts. Quant au tata, il faudra attendre 1966 pour qu'il soit déclaré nécropole nationale.


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jeudi 21 janvier 2021

Que notre roi-martyr Louis XVI triomphe !…





Alban Guillemois,
artiste, illustrateur et scénariste de bande dessinée / auteur cinéma d'animation :
"Le virus républicain tue en masse depuis plus de 200 ans et, pourtant, personne n’en parle."




Le Roi ne meurt pas en France
Que notre roi-martyr Louis XVI soit désormais triomphant !…

Au matin du 19 janvier 1793, Chrétien de Lamoignon de Malesherbes, défenseur du Roi lors de son procès, vint dans la chambre où se tenait Louis XVI et lui annonça la sentence fatale qui venait d'être confirmée, puis il ajouta :
"Sire, tous les scélérats ne sont pas encore les maîtres et tout ce qu'il y a d'honnêtes gens viendra sauver votre Majesté ou périr à ses pieds".
Le Roi répondit :
"Monsieur de Malesherbes, cela compromettrait beaucoup de monde et mettrait la guerre civile dans Paris : j'aime mieux mourir. Je vous prie de leur ordonner de ma part de ne faire aucun mouvement pour me sauver. Le Roi ne meurt pas en France"…

Louis XVI en habit de sacre (manteau d'hermine) couronnement 11 juin 1775, [Antoine François Callet, 1779]

Quelle était la taille du Roi Louis XVI, les Français en ont une vague idée ! On l'a souvent décrit comme celle d'un petit rondouillard, idée qui persiste de nos jours hérité des caricatures révolutionnaires à vouloir jouer à rabaisser le roi dans l'imaginaire collectif. En réalité, le Roi Louis XVI mesurait entre 1,85 et 1,90 m. D'ailleurs, les dimensions du manteau confectionné pour le sacre révélé, 1,62 m de l'encolure aux pieds, ce qui accréditer une haute stature.

Le Roi Louis XVI, était également un homme de culture, Le roi parlait couramment l'anglais, l'allemand et pratiqué l'italien et l'espagnol. Très au fait des nouvelles techniques, le Roi contribua au financement du ballon des frères Montgolfier. C'est aussi sous son règne qu'il eu lieu, en 1785 la première traversée de la Manche par voie aérienne, à bord d'un aérostat piloté par Jean-Pierre Blanchard. Le roi ouvre au public, (bien avant les journées portes ouvertes républicaine) un bâtiment où celui-ci assistera à des démonstrations du fonctionnement des machines nouvelles, jetant ainsi, les jalons des Arts et des Métiers. Le Roi, n'hésita pas à se faire inoculer afin de prouver une méthode, ( celle qui consiste à introduire dans l'organisme une goutte de pus d'un individu en voie de guérir de la petite vérole ) peut préserver de la maladie, ( le vaccin de Jenner n'apparaîtra qu'en 1796. Un des faits majeurs du Roi Louis XVI, la torture est aboli avant 1789.

( Loin d'un Roi aux allures médiocre décrit trop souvent par des historiens à la solde de la république ), notre Roi fut avant tout un Roi moderne qui fit avancer la monarchie sous l'ère du progrès et de l'ambition. Un Roi très chrétien qui su aimer son peuple, et le pardonner lors de son exécution ! )



Portrait officiel du roi Louis XVI, roi de France (1754-1793), en grand manteau royal
[Joseph Siffred Duplessis, 1777]
Louis XVI, par Joseph Siffred Duplessis

Duplessis reçut en 1774 la commande d’un portrait en pied de Louis XVI vêtu du costume du sacre. L’œuvre devait couronner sa carrière. Aussi apporta-t-il un soin tout particulier à son exécution. Alors même qu’il travaillait à l’effigie monumentale, le peintre peignit aussi un portrait en buste de son royal modèle. Sur les deux œuvres, le visage du souverain devait être identique, Louis XVI n’ayant accepté de poser que très peu de temps. Au Salon de 1775, le maître put exposer le portrait en buste. La toile connut un immense succès, louée tant pour la vérité de sa couleur, la fermeté de sa touche, la finesse de ses détails (Mercure de France), que pour l’air de majesté et le regard noble et tendre qui faisaient lire sur le front royal les vertus du cœur (Nodille de Rosny). Aussitôt, Duplessis fut invité à livrer des copies de son œuvre. Avec l’aide de son atelier, il en produisit de 1776 à 1783 un très grand nombre. La toile de Versailles compte parmi les plus belles versions du portrait.

« Marie-Antoinette » Catalogue de l’exposition à Paris en 2008




Cette vidéo vous propose quelques éléments de réponse pour montrer à quel point le Roi Louis XVI était loin de l'imagerie révolutionnaire, malheureusement encore trop souvent d'actualité. Ce grand roi avait un réel souci du sort du peuple français, et les réformes qu'il fit durant son règne en sont la preuve la plus évidente !



Le 21 janvier 2020, à 19h à Saint-Eugène - Sainte-Cécile (Paris IX), messe solennelle de requiem pour le roi Louis XVI






Messes pour le salut éternel de Sa Majesté le Très Chrétien Roi de France Louis XVI,
victime de la barbarie révolutionnaire (liste non exhaustive)


À Montpellier, le 21 janvier


En Bourgogne, ce 18 janvier

À Avignon, le 18 janvier

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Chers Amis,

Avant de commencer mon message, permettez-moi de dire quelques mots à la mémoire de M. le duc de Bauffremont qui vient de nous quitter. Durant plus de soixante ans il s’est consacré, corps et âme, à la cause de la royauté légitime. Il a été au côté de mon grand-père, puis de mon père et depuis 1989 auprès de moi, j’ai pu constater combien sa fidélité était à toute épreuve. Il savait braver les tempêtes et assurer la continuité de l’action. La cause de la monarchie lui doit beaucoup à travers tout le travail qu’il a accompli. Je redis à ses enfants et à toute sa famille, combien ma peine a été profonde en apprenant l’élévation au Ciel, de celui qui ne pouvait concevoir le service du roi sans celui vis-à-vis de Dieu. Qu’il repose en paix et demeure dans vos prières à vous qui savez aussi être fidèles.

Une nouvelle fois, merci de votre fidélité. Elle trouve sa source dans le souvenir du Roi Martyr et se développe dans l’espérance que vous mettez en l’avenir de notre Pays.

La France, comme en 1793, parait de nos jours bien malade. Depuis des années une crise la ronge en la faisant douter d’elle-même puisque chaque jour on l’appelle au reniement. Il faudrait qu’elle oublie les gloires de son passé, qu’elle oublie la grandeur de son histoire ? Elle se devrait d’être en repentance ? Mais de quelle repentance pourrait-il s’agir ?

Regardons le règne de Louis XVI qui, à lui seul, synthétise tous ceux qui l’ont précédé. Pour la gloire et la grandeur du pays, mises à mal par le Traité de Paris, il a su, mettre un frein à la puissance anglaise, en privant la couronne britannique de ses colonies américaines et en créant le port moderne de Cherbourg ; en matière de « justice sociale » expression qu’il fut le premier à utiliser, Louis XVI prôna la réforme fiscale ; pour tenir compte des évolutions de son temps il reconnut des droits aux Protestants et aux Juifs ; dans le domaine scientifique, il encouragea les recherches les plus novatrices de l’aérostation à la machine à vapeur et à l’expédition de La Pérouse ; pour améliorer les conditions de vie des « exclus sociaux » du temps il soutint les œuvres en faveur des sourds-muets et des aveugles. Oui, son règne a été grand notamment par ses innovations. Il le fut car il était animé par la promesse qu’il avait faite lors de son sacre, celle du décalogue. Le roi très chrétien, le fils aîné de l’Église, avait comme objectif d’assurer le bien commun de ses peuples et le salut des âmes. Voilà en quelques mots, résumé, le programme des Rois. Cela ne vaut-il pas mieux que toutes les explications peu crédibles et tentatives peu convaincantes tant elles sont loin des réalités, de nos gouvernants contemporains.

Le testament de Louis XVI, relu après la messe, est empreint de Vérité, Vérité absente du langage politique actuel, ni vrai ni juste. L’ensemble du Testament reflète ainsi cette humilité du Roi qui ne cherche nullement à se justifier devant les hommes, mais s’en remet à Dieu, vrai souverain et vrai juge. Ne pas se tromper de valeur et rester en cohérence avec sa conscience. Ainsi, le premier reproche à adresser à la révolution et à la république naissante, est d’avoir inversé le sens des mots. La Liberté a supprimé les libertés ; la société ancienne reposant sur les solidarités a été peu à peu sacrifiée à tous les égoïsmes et à l’individualisme alors même qu’étaient prônées l’égalité et la fraternité. Deux siècles après Louis XVI, la société n’a jamais été aussi éclatée. Elle est à reconstruire !

Alors, continuons à honorer la mémoire du Roy-Martyr, et sachons pour l’époque dans laquelle nous vivons, en retirer toutes les leçons. Sachons, nous aussi, concilier la tradition et le progrès. Sachons donner du sens à nos actions. Comme Louis XVI pensons à nos compatriotes et sachons par ce que nous portons et représentons leur redonner espoir et leur rappeler les principes qui doivent régir la société humaine. Nous ne devons pas être des nostalgiques d’un ordre ancien qui ne reviendra pas, mais, au contraire, nous devons être les artisans d’un monde nouveau qui attend beaucoup de l’exemple de ce que fut la royauté française et ses réussites. Si l’histoire ne se reproduit pas, en revanche, elle peut apporter des recettes. Les deux principales qu’il faut retenir en ce début d’année sont la place centrale reconnue à l’homme de la naissance à ses fins dernières et le sens du Bien commun. Disons non à toutes les manipulations et travestissements de la vie naturelle. Disons non à la société individualiste et à ses excès depuis qu’elle a perdu le sens des autres tout en proclamant le contraire. Disons non au mensonge.

Cela c’est à chacun de nous qu’il appartient de le faire. Il faut savoir s’engager dans nos vies professionnelles et familiales. La société ne se réformera que si nous savons, les uns et les autres prendre nos responsabilités et, pour les chrétiens, être fidèles aux promesses de notre baptême. N’est-ce pas le symbole du sacrifice de Louis XVI, il faut savoir dire non si nécessaire quand notre conscience nous le demande.

Au-delà de ce message, je souhaite, malgré les nuages amoncelés sur nos têtes, à vous tous, à vos familles, vos proches, une bonne et sainte année 2020 sous la protection de Sainte-Jeanne d’Arc.

Louis, Duc d’Anjou









Pour témoigner de son attachement à la loi naturelle et défendre la famille, notre roi Louis XX se mêle aux manifestants de la "Manif pour tous" contre la PMA et la GPA.















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Parmi les lectures qui s'imposent, l'abbé Augustin Barruel, mort en 1820 et Augustin Cochin, mort pour la France en 1916, qui développa son analyse.

Les travaux de l'abbé Augustin Barruel consistent à affirmer que la Révolution française n'a pas été un mouvement de révolte spontanée du peuple, mais un processus organisé pendant plusieurs décennies dans des loges et dans des clubs — en particulier celui des Jacobins — afin de permettre à la bourgeoisie libérale de s'emparer du pouvoir. Barruel explique la Révolution par le complotisme contre les tenants d'une révolution spontanée et populaire.

Augustin Cochin désigne la franc-maçonnerie comme une des instigatrices de la Révolution française avec d'autres « sociétés de pensée » mais en cherchant à dépasser la thèse du complot défendue par l'abbé Barruel pour se baser sur une analyse plus factuelle du processus de la Révolution de 1789.

Pour cela il prit appui sur la méthode sociologique que venait d'introduire Émile Durkheim, en cherchant à en éliminer le déterminisme. Sa thèse principale est que la démocratie moderne est née d'une prise de pouvoir d'un genre radicalement nouveau, caractérisé par une dualité entre la réalité des rapports politiques et la fantasmagorie de leur représentation sociale, dualité rendue possible et durable par le mécanisme d'entraînement sophistique extrêmement efficace des « sociétés de pensée » (salons philosophiques, clubs politiques, loges maçonniques, plus tard, partis idéologiques).

Pour Cochin, une règle générale détermine le corps maçonnique : toute délibération officielle est précédée d’une délibération officieuse et déterminée par elle ; autrement dit tout groupe franc-maçon est dirigé sans le savoir par un groupe plus restreint, assez peu nombreux pour être uni et avoir une ligne de conduite.

Abbé Augustin Barruel : Mémoires pour servir à l'histoire du jacobinisme

 






Augustin Cochin : La Machine révolutionnaire (19 avril 2018)
Patrice Gueniffey : « Si un historien fut longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c’est bien Augustin Cochin. On peut même dire que l’homme et l’oeuvre seraient tombés dans un oubli complet si François Furet ne les avait tirés du sépulcre où l’historiographie révolutionnaire de la Révolution les avait ensevelis. À l’heure où l’on se gargarise de mots, à l’heure où le despotisme de “l’opinion”, ou de ce qui en tient lieu, se fait plus sentir que jamais, à l’heure où la démocratie partout célébrée est davantage un mantra qu’une réalité, en ces temps de disette et de médiocrité de la pensée, le retour aux grandes œuvres, originales et puissantes, est toujours comme un bain de Jouvence ». Chartiste de formation, historien de métier et sociologue de tempérament, Augustin Cochin est mort au champ d’Honneur à trente-neuf ans, en 1916. François Furet le considérait comme l’un des deux historiens, qui, avec Tocqueville, surent penser la Révolution française. Cochin est assurément celui qui a mis à jour le mécanisme de la Révolution, au sein de sociétés de pensée qui vont modeler une opinion publique nouvelle et l’esprit démocratique moderne. Cette œuvre majeure, pour la première fois accessible dans sa quasi-exhaustivité, permet à la fois de comprendre l’effondrement de l’Ancien Régime et de visiter les soubassements du phénomène démocratique. Outre l’essentiel du corpus d’histoire de la Révolution, dont le fameux "Les Sociétés de pensée et la démocratie", cet ouvrage contient l’ensemble des études de Cochin sur le protestantisme français, jusqu’ici jamais publiées en volume. Il donne aussi à lire la correspondance inédite de l’historien où la finesse de l’homme vient percer la carapace du chercheur. Augustin Cochin fera toujours débat. Mais les questions qu’il entreprit d’explorer en solitaire il y a un siècle sont encore d’aujourd’hui. C’est déjà beaucoup, et assez pour lui accorder toute notre attention.




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Herodote - Louis XVI (1754 - 1793) : La bonté couronnée

Groupe d'Action Royaliste

Nos raisons pour la Monarchie

Manufacture royale

Il faisait froid, ce tragique matin du 21 janvier 1793

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2017)…

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2016)…

À Notre Bon Roi Très-Chrétien et Martyr, Louis XVI le Bienfaisant (2015)…  

21 janvier 1793 : Louis XVI, notre bon roi assassiné par la franc-maçonnerie
Messes pour Louis XVI… 2013… la Dérévolution de la France, bientôt une réalité

21 janvier 2012 - Hommage à Louis XVI

Testament de Louis XVI

 

Testament de Louis XVI

le 25 décembre 1792

Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du fils et du Saint Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième de décembre mil sept cent quatre vingt douze. Moi, Louis, XVIème du nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille. De plus impliqué dans un Procès dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser. Je déclare ici en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments. Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, et je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus Christ qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes, quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier. Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église Catholique, Apostolique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel J.C. les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église Catholique les enseigne et les a toujours enseignés. Je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de J.C., mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs Ecclésiastiques unis à la Sainte Église Catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon coeur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aime pas moins tous en J.C. suivant ce que la charité Chrétienne nous l’enseigne. Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés, j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence, ne pouvant me servir du Ministère d’un Prêtre Catholique. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite, et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom, (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de coeur. Je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis, s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du Ministère d’un Prêtre Catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence. Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou à ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales, de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait. Je prie tous ceux qui ont de la Charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés. Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu, m’ont fait beaucoup de mal. Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma Soeur, mes Tantes, mes Frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être. Je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma soeur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable. Je recommande mes enfants à ma femme, je n’ai jamais douté de sa tendresse maternelle pour eux ; je lui recommande surtout d’en faire de bons Chrétiens et d’honnêtes hommes, de leur faire regarder les grandeurs de ce monde ci (s’ils sont condamnés à les éprouver) que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire solide et durable de l’Éternité. Je prie ma soeur de vouloir bien continuer sa tendresse à mes enfants, et de leur tenir lieu de mère, s’ils avaient le malheur de perdre la leur. Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher. Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi. Je les prie de regarder ma soeur comme une seconde mère. Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir Roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément tout ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve. Qu’il ne peut faire le bonheur des Peuples qu’en régnant suivant les Lois, mais en même temps qu’un Roi ne peut les faire respecter, et faire le bien qui est dans son coeur, qu’autant qu’il a l’autorité nécessaire, et qu’autrement, étant lié dans ses opérations et n’inspirant point de respect, il est plus nuisible qu’utile. Je recommande à mon fils d’avoir soin de toutes les personnes qui m’étaient attachées, autant que les circonstances où il se trouvera lui en donneront les facultés, de songer que c’est une dette sacrée que j’ai contractée envers les enfants ou les parents de ceux qui ont péri pour moi, et ensuite de ceux qui sont malheureux pour moi. Je sais qu’il y a plusieurs personnes de celles qui m’étaient attachées, qui ne se sont pas conduites envers moi comme elles le devaient, et qui ont même montré de l’ingratitude, mais je leur pardonne, (souvent, dans les moment de troubles et d’effervescence, on n’est pas le maître de soi) et je prie mon fils, s’il en trouve l’occasion, de ne songer qu’à leur malheur. Je voudrais pouvoir témoigner ici ma reconnaissance à ceux qui m’ont montré un véritable attachement et désintéressé. D’un côté si j’étais sensiblement touché de l’ingratitude et de la déloyauté de gens à qui je n’avais jamais témoigné que des bontés, à eux et à leurs parents ou amis, de l’autre, j’ai eu de la consolation à voir l’attachement et l’intérêt gratuit que beaucoup de personnes m’ont montrés. Je les prie d’en recevoir tous mes remerciements ; dans la situation où sont encore les choses, je craindrais de les compromettre si je parlais plus explicitement, mais je recommande spécialement à mon fils de chercher les occasions de pouvoir les reconnaître. Je croirais calomnier cependant les sentiments de la Nation, si je ne recommandais ouvertement à mon fils MM de Chamilly et Hue, que leur véritable attachement pour moi avait portés à s’enfermer avec moi dans ce triste séjour, et qui ont pensé en être les malheureuses victimes. Je lui recommande aussi Cléry des soins duquel j’ai eu tout lieu de me louer depuis qu’il est avec moi. Comme c’est lui qui est resté avec moi jusqu’à la fin, je prie MM de la Commune de lui remettre mes hardes, mes livres, ma montre, ma bourse, et les autres petits effets qui ont été déposés au Conseil de la Commune. Je pardonne encore très volontiers à ceux qui me gardaient, les mauvais traitements et les gênes dont ils ont cru devoir user envers moi. J’ai trouvé quelques âmes sensibles et compatissantes, que celles-là jouissent dans leur coeur de la tranquillité que doit leur donner leur façon de penser. Je prie MM de Malesherbes, Tronchet et de Sèze, de recevoir ici tous mes remerciements et l’expression de ma sensibilité pour tous les soins et les peines qu’ils se sont donnés pour moi. Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait double à la Tour du Temple le 25 décembre 1792. Louis

Fac-simile du Testament de Louis XVI  [Gallica]

Testament de Louis XVI  - feuillet 1

Testament de Louis XVI  - feuillet 2

Testament de Louis XVI  - feuillet 3

Testament de Louis XVI  - feuillet 4