Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mercredi 24 août 2016

Dans son délire criminel, DeGaulle avait ourdi l'assassinat du général Raoul Salan


Bien avant les assassinats de Claude Piegts, Albert Dovecar, Roger Degueldre, Jean Bastien-Thiry, DeGaulle avait décidé de l'assassinat de Raoul Salan…


Pour ceux qui désirent comprendre cette époque tragique endeuillée par la psychopathologie criminelle de DeGaulle… un article  de Maurice Villard, extrait de l’excellente revue "Ensemble", n° 234 d’octobre 2002 (ACEP- 130 avenue de Palavas  34070 - Montpellier (5 numéros par an).

La fin du procès du Général Raoul Salan

Le procès s’ouvre le 15 mai 1962 (L’Algérie est encore française, 150 000 harkis et leurs familles sont encore en majorité en vie, ainsi que 25 000 Européens et plus de 300 soldats français)…

Sténographie complète des audiences
Réquisitoire - Plaidoiries - Verdict
Note liminaire des Avocats.
Après son exposé qui se passe à la seconde audience, Salan va se taire jusqu’au dernier jour, où après la dernière plaidoirie, au moment où le tribunal se lèvera pour entrer en salle de délibérations, il se contentera de déclarer : « Dieu me garde ! ».

Debré à la barre - Complot, Bazooka, et comité des six. Tout est mis en œuvre par les avocats, ils ont gagné six jours et, en huit jours, le climat a changé. Des failles se sont creusées dans le bloc gouvernemental. On s’en rend compte le lundi 21 mai.

Tous les témoins ont été entendus. Seul le réquisitoire de M. Gavalda et les plaidoiries des défenseurs séparent le général Salan de son destin.

Le premier et les seconds sont d’accord pour une suspension de 24 heures, le temps de relire la sténographie et de mettre une dernière main à leur discours. En tant que Ministère public, M. Gavalda s’est engagé à demander ce délai après en avoir averti le président Bornet.

Mais le 21 mai, donc, à 19h20, au moment où l’audience va prendre fin, M. Gavalda ne pipe mot. C’est Tixier- Vignancour qui se lève et propose de se retrouver le surlendemain, mercredi 23 à 13 heures. À sa grand surprise, le Président lui oppose le refus le plus net. C’est l’incident, qu’il faut régler. D’ordinaire, ce genre de délibération ne prend que quelques minutes. Il en faut 45 au tribunal pour accorder le renvoi au mercredi.

- « Ah ! Je voudrais bien savoir ce qu’ils ont pu trouver à se raconter pendant tout ce temps », grommelle M° Tixier-Vignancour.

Les jurés sont divisés, Valéry-Radot doit se retrouver jeudi à Lisbonne pour un congrès médical. Ensuite le Président a posé une grave question :

 « Si nous accordons ce renvoi, de combien de jours ce décalage va-t-il retarder l'exécution ? ».

Là, il y a eu des remous. Une voix dominait les autres : « Vous êtes donc sûr du verdict ? ».

Le président Bornet est gêné : « Je crois… Je pense… ».

Tixier enregistre, sa plaidoirie est prête et le mercredi, quand il se lève dans la grande salle pleine d’une foule silencieuse et frémissante, il dit : 

« À mon sentiment, trois témoins ont dominé les débats sans que pour autant la qualité des autres soit diminuée. Ce sont le R.P. Pascal, le Général Valluy et le Docteur Georges Salan.

Comment se résument-ils ? Le Franciscain a dit : « Étant donné le personnage que je connais et ce qu’on lui attribue, je dis – Faîtes lumière ! -. Le chef militaire a dit : - Il nous faut découvrir le choc qui a bouleversé cet homme et qui en a fait le chef d’un « organisation secrète ». Et le frère, j’allais dire le fraternel adversaire, a dit : - DeGaulle a comblé tous mes vœux mais il a par là même abusé ceux qui, tel que mon frère, ont vu en lui, le mainteneur de l’Algérie Française. »

Ainsi Tixier, le chef de file et l’âme de la défense, a délibérément élagué. Il renonce au bazooka, il renonce à l’exploitation des responsabilités du pouvoir, il renonce à l’exégèse de la déclaration du général de Pouilly qui, en ayant choisi la « loyauté », s’était écrié : « J’ai choisi de partager avec mes concitoyens, la honte d’un abandon. Pour celui et pour ceux qui n’ont pas pu supporter cette honte, peut-être l’Histoire dira-t-elle que leur crime est moins grave que le nôtre ».

Tixier va à l’essentiel qui est de montrer que le général Salan, conditionné par sa personnalité et par son expérience, ne pouvait cesser d’être Salan parce que DeGaulle avait choisi de mener à son terme, une certaine politique.

Une chance sur mille de sauver Salan, songeait Tixier en plaidant. Mais c’est ainsi qu’il faut la jouer. Contre toute attente, il allait gagner, avec l’aide imprévue d’un adversaire politique : Pasteur-Valléry-Radot.

Le secret des délibérations des jurys est moins bien gardé qu’on le croit. On l’a vu lors du procès du maréchal Pétain. On va le voir à nouveau aujourd’hui. Il nous est impossible de citer nos témoins qui seraient passibles de poursuites, peut-être de basses vengeances, mais nous affirmons ce qui suit : la défense du Général Salan a eu une relation précise des discussions qui, pendant 2h30, ont ébranlé la salle des délibération.

Ainsi, nous pouvons affirmer que c’est le procureur Gavalda qui s’est trompé en transcrivant le verdict. Deuxième preuve de l’affolement, les juges oublièrent complètement d’ordonner la confiscation des biens de l’accusé, ce qui ajouta à la fureur de DeGaulle. Quand il apprit la bévue il s’écria : « Ces Cons ! Ils n’ont même pas été capables de lui prendre son pognon ! ».

Le pognon de Salan était bien mince. Une villa à, Alger, c’est-à-dire rien. Et un appartement à Paris. C’est cela qu’on avait oublié de lui confisquer, comme on avait fait 17 ans auparavant, pour l’appartement du vainqueur de Verdun, boulevard de Latour-Maubourg.

Autre trait révélateur du climat : les neuf juges du Haut Tribunal militaire ne pensèrent pas à détruire leurs bulletins de votre qui furent « récupérés » le lendemain. Il y en avait 45 : 35 oui et 10 non. Ce qui prouvait que 2 juges avaient voté l’acquittement et 7 la condamnation.

La dernière question, la plus importante, celle relative aux circonstances atténuantes, fut en effet tranchée par un vote à mains levées, à cause d’un incident dramatique qui se produisit après le 5ème scrutin.

Brusquement, un juré écarta sa chaise de la table oblongue, recouverte du rituel tapis vert. Il sortit un revolver et s’écria :

« Je vous préviens : si vous votez la mort de Salan, je me tue, là devant vous. »  C’était Pasteur-Vallery-Radot.

Le président Bornet sentit ses os se glacer et une sueur l’envahir. Il touchait au terme de cette sinistre corvée et tout était remis en cause. Car, s’il appelait à l’aide et faisait arrêter le juré (membre de l’Académie de Médecine, membre de l’Académie Française depuis 1944 , Grand-Croix de la Légion d’Honneur, docteur honoris-causa des universités de Munich, Jérusalem, Athènes, ex-député RPF), il fallait reprendre tout le procès à zéro… mais si on laissait Pasteur-Valléry-Radot se suicider d’une balle dans la tête, quels seraient le scandale et ses conséquences : À cette seule pensée, le président Bornet se sentait défaillir. Un instant, il essaya de raisonner Pasteur-Valléry-Radot. Mais les yeux de notre collègue brillaient d’un tel feu que le Président n’insista pas, dit un juré. « Nous nous demandions même si, avant de mettre fin à ses jours, il n’avait pas décidé d’entraîner quelques uns d’entre nous dans le trépas ».

À 23h15, donc, la Cour : Le président Cagne, le premier président Cavella, l’ambassadeur Hoppenot, le professeur Valléry-Radot, l’amiral Galleret, les généraux Gelée, Jousse et Gilliot, blêmes, dont on cherche en vain le regard, regagnent leurs rangs.

Le président Bornet ôte lentement sa toque.

Au nom du Peuple français, à la majorité, la réponse est « oui » à la première question, « oui » à la deuxième, « oui » à la 3ème ,« oui » à la 4ème, « oui » à la 5ème.

Un silence. Tout va se jouer. La 6ème question a trait aux circonstances atténuantes. Si le Tribunal ne les reconnaît pas, s’il dit non, c’est le peloton. La défense : M° Tixier Vignancourt, Guttermanoff, Le Coroller et Menuet, rassemblés, n’est plus qu’un bloc noir et tendu. Au dessus, le Général Salan, impassible, s’est figé. « Oui ! » à la 6ème question dit le Président.

Salan est sauvé. « Merci pour la France ! » crie Tixier. Il escalade le boxe et étreint Salan. M° Pierre Menuet entonne la Marseillaise. Dans la salle, on s’embrasse , se serre les mains. Les gardes débordés repoussent Tixier. Salan n’a pas desserré les dents.. « Algérie Française » scande Le Coroller et la foule reprend en chœur.

Tixier craque soudain et s’effondre sur son banc, un silence relatif s’établit dans lequel le président Bornet peut achever très vite le lecture de son jugement : « Détention criminelle à perpétuité ».

C’est une deuxième surprise car, s’il n’y a pas de réclusion dans les condamnations politiques, le Général Salan n’est pas seulement poursuivi pour un délit politique (atteinte à sûreté de l’État) mais aussi, et surtout, on lui reproche 18 000 crimes de droit commun, précise l’acte d’accusation (12 000 attentats, 4 500 blessés et 1 500 morts).

Alors, pourquoi détention et non réclusion ?  L’heure n’est pas aux interrogations. On saura plus tard que c’est une erreur de transcription.

Salan toujours impassible, regarde la scène, ne fait aucun geste théâtral, ne prononce aucune parole historique. Son escorte de gardes républicains, au commandement de l’officier : « À vos rangs , fixe ! » rend les honneurs, à l’homme que de DeGaulle et une partie de la presse s’emploient à essayer de déshonorer depuis des mois.

C’est à 23h42, très exactement, que la nouvelle frappa le front serein de l’Élysée comme une balle frappe le fronton. Après le dîner, DeGaulle recevait Moktar Ould Daddad, président de la Mauritanie, dans un salon du palais. Ce dernier put se rendre compte que le visage du chef de l’État se marbra de taches roses.

D’un geste brusque, il jeta à terre l’encrier et la parure d’un bureau de travail.

Dans la foulée, le Mauritanien reçut son congé et se dépêcha d’en profiter. L’amiral Galleret, auteur d’un livre à la gloire de l’Algérie, fut le lendemain le second témoin de l’auguste fureur. Pour qu’il oublie ce spectacle, on lui donna, à la promotion suivante, une 5ème étoile. Quant à l’ambassadeur Hoppenot, il faillit, lui, être endormi pour le compte : lancée à la volée, une chaise le percuta…

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Sinistre tragédie, qui atteindra son paroxysme dans les jours suivant ce procès… en Algérie, Oran livrée aux hordes fellaghas de la 25ème heure… les assassinats commandés de Claude Piegts et Albert Dovecar, le 7 juin, Roger Degueldre, le 6 juillet… Jean Bastien-Thiry, le 11 mars 1963.


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