La
Communauté syrienne de France, au
matin de notre deuxième jour à Alep, a rendez-vous à la
Chambre de Commerce et d'Industrie à al-Shahba el-Djadida [الشهباء
الجديدة]. Nous sommes reçus par une forte délégation de la Chambre, le
président de la Chambre de Commerce et d'Industrie, monsieur Nasri
Basir ainsi que de nombreux membres du Conseil
d'administration…
Une brève réunion lors de laquelle nous est présentée Alep, principale ville industrielle de
Syrie… Cette fois nous nous rendrons dans la zone industrielle Cheikh Najar [الشيخ نجار], située à l'Est d'Alep occupée jusqu'en novembre 2016… alors que lors de notre voyage, au tout début novembre 2016, nous avions déjà visité la
zone industrielle d'al-Layramoun [الليرمون] plus à l'Ouest… Dans chacune de ces deux zones même volonté délibérée de la Turquie, appuyée par ses hommes de
main - les "terroristes islamistes" -, de détruire et piller le
potentiel industriel d'Alep… Alep n'oubliera jamais…
Le
grand Alep abrite 17
zones industrielles peuplées d'entreprises à 90% majoritairement
privées, le plus souvent familiales… surtout des industrie textiles.
Comme lors de notre
précédente visite début novembre 2016
nos interlocuteurs nous rappellent que le tissu industriel a été
démantelé selon une logique pré-établie de pillage et de destruction
systématiques… La plupart des équipements ont été démontés et
transférés vers la Turquie … Certains des ouvriers ont été déportés pour
assurer tant bien que mal le fonctionnement de ces équipements chez
leurs nouveaux maîtres turcs. Ce qui ne pouvait être transféré a été
détruit ou reconditionné sur place au profit des terroristes, hommes de
main mandatés de l'étranger…
Redémarrer et se
reconstruire tel est le défi que s'est aujourd'hui lancé l''industrie
d'Alep… Face à l'ampleur des destructions ses premiers succès, quoique
encore modestes, portent d'immenses promesses… L'embargo imposé par les
États-voyous sionisisé d'Occident atteint la Syrie dans la maintenance
d'équipements jadis imprudemment importés de ces pays qui en infraction
avec toutes les règles du droit du commerce refusent de fournir les
pièces de rechange nécessaires aux bons fonctionnement de ces matériels…
Cela est vrai dans l'industrie, cela l'est également dans les hôpitaux
qui ne souffrent pas tellement d'une pénurie des médicaments mais
surtout de l'impossibilité de maintenir en service nombre de leurs
équipements… Une leçon à retenir pour de futur investissement ! L'autre
problème est celui du financement des réhabilitations… Les entreprises
familiales étaient nombreuses bâties grâce à une épargne souvent
accumulée de générations en générations… Des entreprises par culture peu
disposées à recourir à des financements externes… Certains consentent à
présent à s'adresser aux banques… toujours avec méfiance. Reste que le
système bancaire syrien ne pourra pas à lui seul répondre aux besoins de
financement d'une reconstruction d'une telle ampleur…
En
route vers la zone industrielle de Cheikh Najar… D'une étendue de 4400
hectares… Toute une ville à elle seule ! Une cité ouvrière de 900
hectares… 50000 personnes avant l'attaque commanditée par la Turquie…
Certains, nous rappelle-t-on, ont été déportés en même temps que leur
outil de travail en Turquie… Appréciable reprise cependant, la cité
abriterait à présent environ 15000 personnes… Ici les immeubles semblent
avoir moins souffert de ceux des usines…
La Chambre de
Commerce et d'Industrie a piloté d'importants travaux pour la
réhabilitation des équipements collectifs… Des bâtiments administratifs
- provisoires - ont été ouverts… Une priorité a été donnée à
l'approvisionnement en eau rétabli dès trois mois après le contrôle de
la zone… Le réseau électrique serait rétabli à 70% lors de notre
visite…
Au plus fort de son occupation, entre 2012 et
2014, par les mandataires de la Turquie cette zone a perdu plus de 90%
de son potentiel… Démantelé et pillé selon un plan minutieusement
pré-établi… comme d'ailleurs l'a également été celui des souks de la
vieille ville et leurs inestimables richesse. Avant son invasion cette
zone recensait environ 7000 entreprises en activité… 500 d'entre-elles
auraient aujourd'hui redémarré, partiellement le plus souvent… alors que
déjà 3500 investisseurs sont intéressés par une reprise des activités
dont 7% d'étrangers, associés à des partenaires syriens comme l'exige de
Code des Investissements…
Accompagnés de la
délégation qui nous a préalablement reçus dans ses bureaux, nous
visitons plusieurs usines en pleine activité… Avant d'être conviés à
déjeuner dans une autre réhabilitation : un restaurant fréquenté
majoritairement à midi par une clientèle d'affaires, face à la
Citadelle…