Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mercredi 25 décembre 2019

Ceausescu… "On va au bout ?"





Zybine vivait hors du temps. Il fermait les yeux et la nuit venait : l’ampoule projetait une lumière lisse, le corridor était silencieux, dehors, dans l’air cristallin, sifflaient de tendres locomotives, des chiens aboyaient… Il ouvrait les yeux et c’était le matin : le gardien criait : « Debout ! », tout en tapant avec sa clef à la tôle de la porte, les bouilloires chaudières cliquetaient sur les dalles, les guichets se rabattaient, des femmes à tabliers gris posaient sans bruit sur la tablette le pain avec l’eau chaude, le gardien de nuit, en compagnie du gardien de jour, venait s’enquérir si le détenu avait des demandes ou des réclamations à formuler, et le détenu n’avait rien à demander ni contre quoi réclamer. Il flottait dans un vide diaphane, s’y dissolvait et devenait ce vide même… Il ne se levait que pour des besoins pressants, buvait l’eau, mangeait le pain (on le laissait en paix : ce n’était pas la grève de la faim), contemplait le plafond blême, l’ampoule inextinguible, et planait.
Il s’était à peu près dématérialisé le jour que des intrus firent irruption dans sa cellule : le commandant de la prison, un gardien, le jeune médecin blond qui ressemblait à un slavophile de jadis, et Miatchine, le procureur, lequel demanda :
—     Comment allez-vous ?
—     Pas mal, merci, et vous ? lui fut-il répondu.
—     Pouvez-vous marcher ? …

—     Mais il se porte à merveille ! déclara en souriant le slavophile…

—     Mais vous restez couché ? Vous êtes malade ?
—     Non
—     Qu’avez-vous ?
—     Je meurs.
Il en avait la tranquille certitude : il n’était pas malade ; il mourait. On ne pouvait plus rien contre lui. Il ne devait plus rien à ces gens.
… … Puis tout sombra dans le brouillard : il avait fermé les yeux…
… Deux gardiens le prirent délicatement sous les bras et l’emmenèrent. Dans le corridor, il reprit un peu conscience. « On va au bout ? » demanda-t-il. On lui répondit que oui. Tranquillisé, il hocha la tête. Tout se déroulait comme prévu. Le jeune et beau médecin allait arriver pour les constatations d’usage… … …
… … … cette peu réjouissante histoire, elle est arrivée l'an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline, le génial guide des peuples, c'est à dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance de Jésus-Christ, année néfaste, grosse d'un avenir terrifiant.
Iouri Dombrovski : La Faculté de l’inutile, p. 419, p. 429



Serge lvanovitch Kalmykov, génie n°1 de la Terre et de la Galaxie

Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. »

On va au bout ?
Republican Museum of Fine Arts named after A.Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression

Répertoire des Musées du Goulag

Mémorial pour les millions de victimes du communisme

Organisations agissant pour les victimes du communisme

Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937

ALZHIR memorial, Kazakhstan

KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan

Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy





mardi 24 décembre 2019

Parlons laïcité…



Quand le président d’un pays musulman et la première dame allument un cierge dans une église… voilà l’authentique laïcité, celle du respect et de l’empathie entre toutes les communautés.

Le président Bachar el-Assad et Asma el-Assad au monastère de Seidnaya




Alors qu’en ce 14 décembre nous nous souvenons de ces journées parmi les plus tragiques des ‘’noyades’’ de Nantes celles des 14-15 décembre 1793 (noyade du Bouffay), une bande de nervis Antifas, hommes-à-tout-faire du Régime sévissant sur la France, agresse et interdit une crèche vivante à Toulouse... Comme le rappelait le franc-maçon Vincent Peillon, la Révolution française n’est pas terminée...

La crèche vivante de Toulouse place Saint-Georges avant l'agression, samedi 14 décembre 2019



Communiqué de Mgr Le Gall au sujet de l'interruption de la crèche vivante à Toulouse



La Révolution française n’est pas terminée !...

Jean-Baptiste Carrier : "Nous ferons un cimetière de la France,
plutôt que de ne pas la régénérer à notre manière et de manquer le but que nous nous sommes proposé."



lundi 23 décembre 2019

Ahmed Gaid Salah, le général devenu un héros en Algérie




Le décès brutal du général de corps d’Armée Ahmed Gaid Salah, vice-ministre algérien de la Défense et Chef d’État-major des Armées du plus grand pays d’Afrique de par la superficie a ébranlé et choqué la majorité des populations algériennes. Ces dernières lui reconnaissent unanimement un mérite rarissime dans le monde arabe, celui d’avoir préservé le caractère pacifique des protestations secouant l’Algérie depuis le 22 février 2019.



Un général qui a interdit à ses troupes l’usage de la force létale contre la population

Contrairement à ses prédécesseurs, le vieux militaire algérien que fut le général Ahmed Gaid Salah a toujours refusé l’usage de la force contre un peuple désarmé en rappelant qu’il ne pouvait oublier les souffrances inouïes de ce peuple durant son combat contre le système colonial.
De fait, Ahmed Gaid Salah ne fut jamais compté parmi la coterie des généraux « éradicateurs » qui ont mis l’Algérie à feu et à sang tout le long des années 90 et n’a jamais adhéré à leur idéologie. Encore moins à leur politique de la terre brûlée.
Le vieux général s’est contenté de mener non sans un certain stoïcisme la lutte antiterroriste en se heurtant souvent à la manipulation des autres généraux et il n’étaient pas rare que des troupes régulières issues majoritairement du contingent, donc des appelés, tombaient par dizaines sous les balles assassines de « groupes armés » gérés par les généraux éradicateurs avec le soutien des services français afin de maintenir la terreur et instaurer un régime plus favorable aux intérêts de grandes multinationales françaises comme Total ou encore Lafarge.
La fin de la guerre civile et l’avènement d’Abdelaziz Bouteflika en 1999, un homme à la réputation sulfureuse du sérail réputé pour ses tendances pro-libérales, désigné par le clan des éradicateurs, aller inaugurer une nouvelle ère en Algérie. Celle du capitalisme sauvage le plus débridé en dépit de la persistance d’un solide filet social le plus souvent détourné à des fins mercantiles aussi bien par l’administration que la population.
Petit à petit, en fin matois, Bouteflika allait essayer de s’affranchir de la lourde et imposante tutelle de la coterie de généraux l’ayant appelé de son long exil dans le Golfe en généralisant une corruption jusqu’alors monopolisée par la nomenclature. Les revenus des hydrocarbures dont l’Algérie est dépendante à plus de 89 % étaient élevées et l’argent coulait à flots. Rien ne semblait impossible pour l’Algérie et Bouteflika exploita la manne pétrolière et gazière pour débaucher les soutiens des généraux au pouvoir. C’est dans cette optique qu’il nomma en 2004 le général Ahmed Gaid Salah, Chef d’État-major de l’Armée Nationale Populaire (ANP) après que ce dernier fut pendant presque une décennie le Commandant des Forces terrestres.
L’homme qui transforma l’Armée algérienne

Le général Gaid Salah avait dès lors les coudées franches pour régler ses comptes avec les généraux algériens issus de l’Armée française, dont il n’a cessé de subir le commandement tyrannique depuis 1962. Le général Ahmed Gaid Salah fut des lors l’un des alliés d’Abdelaziz Bouteflika même si au fond il ne l’appréciait guère. Entre 2004 et 2014, le général Ahmed Gaid Salah transforma radicalement les forces armées algériennes d’une force de police mal équipée et sous-entraînée que ses chefs jetaient en pâture aux hordes terroristes infestant les maquis durant la période 1992-1997 en une redoutable armée équipée du nec plus ultra en matière de systèmes d’armes dotée d’une impressionnante capacité à la guerre électronique et l’interception de missiles de croisière adverses. Cette modernisation des forces armées enclencha un début de « révolution dans les Affaires militaires » du géant maghrébin qui connut son apogée en 2018-2019, boostée par l’effondrement total des structures étatiques et sécuritaires en Libye et au Mali, par une instabilité cachée en Tunisie, la fragilité structurelle du Tchad, du Niger et de la Mauritanie ainsi que la persistance d’une vieille tension géopolitique avec le Maroc.
La défense aérienne du territoire fut renforcée par des systèmes Pantsir S-1, des systèmes de missiles Sol-Air S-300 PMU2 et surtout S-400, des avions de combat Su-30 MKA furent adaptés à la lutte anti-navires, acquisition de nouveaux hélicoptères d’attaque Mil Mi-28 « chasseurs de nuit » et de chars de bataille T-90, le nombre de submersibles a plus que doublé et l’Algérie est devenue l’un des rares pays méditerranéens à pouvoir lancer des missiles de croisières à partir de sous-marins pour atteindre des cibles situées dans le Sahara, création de nouveaux régiments des forces spéciales, acquisition de nouvelles frégates allemandes, italiennes et chinoises, coopération accrue avec l’Allemagne, les Émirats Arabes Unis, la Chine, la Serbie et la Turquie pour l’acquisition et la construction de véhicules blindés, de drones de reconnaissance et d’attaque, et renforcement de la production d’armes légères et de munitions d’artillerie, lancement d’une petite constellation de satellites de surveillance et de communication (4 sur 10) et, grosse surprise pour un pays comme l’Algérie qui a totalement abandonné en 1992 ses vecteurs balistiques (principalement des missiles Scud), reformation de régiments de missiles équipés cette fois de missile Iskander E (9K720) ou SS26 Stone.


Un homme allergique à l’État profond

Le général Ahmed Gaid Salah que ses détracteurs au sein de l’Armée raillaient pour le fait qu’il n’a jamais été à l’école, était connu pour son courage physique et son irascibilité. Il n’a jamais répondu à une invitation émanant de l’Ambassade de France ou des États-Unis à Alger et semblait totalement allergique à l’égard de l’État profond algérien dominé par les réseaux impénétrables et tortueux de la FrancAlgérie.
Une mort suspecte
Le décès du général Ahmed Gaid Salah, né en 1940, officiellement d’un crise cardiaque, suscite toutefois des interrogations. Après avoir maintenu coûte que coûte et contre vents et marées le caractère pacifique des protestations connues sous le nom du Hirak, Gaid Salah avait fort à faire avec les patrons des services secrets dont les affinités avec les anciens maîtres du pays sont encore solides et qui n’ont pas cessé de saboter ses initiatives et de tenter de prendre le pouvoir avec l’aide de leurs soutiens au sein de la société. La lutte de l’ex-chef d’État-major contre la corruption se heurta à une gigantesque levée de bouclier. Si la chute et l’emprisonnement des oligarques parvenus comme les Haddad et Rebrab fut facilitée par la mise hors circuit de leur mentors, il en fut autrement pour d’autres responsables corrompus. Des généraux extrêmement corrompus comme l’ex-patron de la Gendarmerie ou encore l’ex-ministre de la Défense purent prendre la fuite et se réfugier en Europe grâce à un large réseau de complicités à tous les échelons. Un autre éminent général qui tenta de prendre les armes contre Ahmed Gaid Salah parvint lui aussi à se faire exfiltrer du pays vers une destination inconnue, enfin un ancien ministre de l’Industrie et agent officiel d’un service de renseignement extérieur en mission commandée de sabotage de l’économie algérienne parvint à prendre la fuite et disparaître à partir du Liban (destination leurre). Ces fuites furent des coups durs pour l’État-major qui ne parvint pas également à se débarrasser de certains ministres corrompus et fortement soutenus au sein des services secrets comme la ministre des Télécommunications ou encore de centaines de hauts fonctionnaires dont l’allégeance à l’ancien système demeure entière et qui profitent du flottement des affaires algériennes pour s’accaparer à nouveau les rouages du pouvoir afin de permettre aux autres clans écartés de repartir à l’offensive. La tâche que s’était assignée le général Gaid Salah ne fut point aisée et il eut fort à faire avec des dizaines de défections et de trahisons, des infiltrations au sein même de son cercle restreint, un sabotage en règle de l’ensemble de ses initiatives, des tergiversations douteuses de certains ralliés de la dernière minute, de manipulations et de contre-manipulations, de campagnes d’intoxication et de guerre psychologique. À la fin, le vieux général qui parvint à faire élire tant bien que mal un Président issu du système mais en qui il avait une entière confiance à cause de sa probité, fut furieux de constater que des responsables tentaient d’exploiter la crise pour prendre le pouvoir occulte et réinstaller ce qu’il a un jour désigné de « bande criminelle ». La dernière réunion du Chef d’État-major pour neutraliser le général Wassiny Bouazza et ses compères au sein de la puissante Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) fut extrêmement houleuse et eut un impact certain sur la santé du vieux soldat devenu général. Les services voulaient faire perdurer le même schéma ayant prévalu depuis des décennies basé sur la fausse alternance du binôme FLN (Front de Libération Nationale) et le RND (Rassemblement National Démocratique/clone du FLN, créé de toutes pièces par les services spéciaux au milieu des années 90) alors que la logique aurait voulu que ses deux partis extrêmement nuisibles fussent immédiatement dissous et interdits par la loi.
Le soldat qui a sauvé un pays d’une destruction assurée 

Le général Ahmed Gaid Salah est entré dans l’histoire par la grande porte comme étant celui qui évita à l’Algérie un sort similaire ou pire à celui de la Syrie.


Cette affirmation est loin d’être gratuite. En 2017, la CIA prévoyaient avec une précision proche du zéro, un chaos sanglant en Algérie à partir de la fin de janvier 2019. Cette prédiction s’avéra erronée.
Ce qui explique l’hommage quasi unanime que les populations algériennes rendent à ce général peu connu mais dont la détermination et le courage - car il faut une sacrée dose de courage pour affronter les sables mouvants et souvent meurtriers de la politique algérienne - ont fait éviter le pire non seulement à son pays mais à l’ensemble de l’Afrique du Nord et la Méditerranée occidentale.
Source : Strategika51 Intelligence : Algérie - Disparition du général Gaid Salah, l’homme qui évita le pire des scénarios pour Afrique du Nord et la Méditerranée occidentale, devenu un héros dans son pays

Voir les Commentaires liés à cet article…

Algérie : le patron de la Sonatrach, la compagnie nationale des hydrocarbures, limogé… le général major Chentouf en fuite

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Ali Boukhlef, Liberté : Ahmed Gaïd Salah est mort

Karim Kebir, Liberté : Aït Ahmed, l’homme qui a prédit le sursaut révolutionnaire de la jeunesse

Sic Semper Tyrannis





dimanche 22 décembre 2019

Quand la France sombre dans l'absurde : « La Faculté de l'inutile »…


"En cette année néfaste, torride, grosse d'un avenir terrifiant", « La Faculté de l'Inutile », une lecture qui s'impose alors que la Macronie sombre dans la dictature… L'Inutile c'est le droit… bafoué par une justice exécutrice des basses œuvres du pouvoir, tout en assouvissant les fantasmes de juges dévoyés…
« … Quant à cette peu réjouissante histoire, elle est arrivée l'an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline, le génial guide des peuples, c'est-à-dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance de Jésus-Christ, année néfaste, torride, grosse d'un avenir terrifiant. »


Gilets jaunes blessés : un policier reconnaît « des blessures semblables à des blessures de guerre »


« La Faculté de l'inutile » c’est bien sûr la faculté de droit ainsi considérée par procureurs et policiers… une faculté de droit superflue depuis la rédaction du code pénal soviétique aux chefs d’inculpation larges et flous… Iouri Dombrovski en fera la pénible expérience… Son héros Zybine la vit pour nous… « La Faculté de l'inutile », le dernier roman de Iouri Dombrovski, un roman autobiographique, une critique libérée du système stalinien…

Même quand, par extraordinaire, elle épargne, la terreur reste absurde…


Libéré, Zybine débarque dans un monde lunaire. Seules deux larves l’accueillent : un Neumann [le procureur] révoqué, peut-être sur la voie du salut parce que l'épreuve suprême l'attend ; et Kornilov [le mouchard], détruit par la trahison. Lina est partie. Dacha aussi. Même Tamara. De Clara, il n'est plus question. Dans un univers dévasté, la liberté a perdu sa raison d'être… Âme errante, le héros, après boire, s'assied sur un banc de square. Neumann et Kornilov l'y rejoignent. Kalmykov, le peintre fou qui œuvre pour la Galaxie, fixe sur un bout de carton ce Christ minable entre deux larrons grotesques. Et, commente Dombrovski, cette pochade demeurera « pour les siècles des siècles », tandis que la Terre « entre dans les zones d'ombre » du Zodiaque.

Le roman semble s'achever sur une caricature ricanante de lui-même.
 Alors, en une phrase, une coda inattendue ramène les trois thèmes clés : celui de la terreur racontée («  Cette peu réjouissante histoire est arrivée… ») ; celui du protagoniste des ténèbres (« l’an cinquante-huit après la naissance de Joseph Vissarionovitch Staline… » ; et celui du protagoniste de lumière (« c’est-à-dire l'an mil neuf cent trente-sept après la naissance du Christ… »). Pour conclure sur un accord aux grondements d'apocalypse : « année grosse d'un avenir terrifiant ». C'est la leçon suprême, celle qui à la fois éclaire et a sous-tendu l’œuvre entière : le destin russe concerne tous les hommes.
 Et c'est à cause de cette dimension universelle que, dans le flot des livres suscités par le phénomène dit stalinien, ce roman étrange, étouffant, chaotique, sabré d'éclairs, pareil à un ciel d'orage dans la steppe kazakhe, est peut-être le chef-d’œuvre qui résistera le mieux à l'érosion du temps.

Postface de Jean Cathala, traducteur en français de "La Faculté de l'inutile",  Paris, octobre 1978



Serge lvanovitch Kalmykov, génie n°1 de la Terre et de la Galaxie

Sergey Ivanovitch Kalmykov : « Si l’on parle de l’essentiel, c’est la débandade. »

On va au bout ?
Republican Museum of Fine Arts named after A.Kasteev :
… Le fonds du musée comprend les œuvres de nombreux artistes interdits durant la période soviétique, dont environ 1100 œuvres du célèbre artiste d'avant-garde Sergey Kalmikov qui a passé la deuxième moitié de sa vie à Alma Ata et y a créé la plus grande partie de ses œuvres…
Museum of history of Almaty city : Department Museum of history of political repression

Répertoire des Musées du Goulag

Mémorial pour les millions de victimes du communisme

Organisations agissant pour les victimes du communisme

Guilt by Association – ALZHIR camp for Wives in 1937

ALZHIR memorial, Kazakhstan

KarLag memorial, Dolinka, Kazakhstan

Kazakhstan: Museum Recalls Stalin’s Devastating Legacy







samedi 21 décembre 2019

L'hôtel Baron, où l’histoire s’est écrite… goûtons au charme d'une bien belle époque



Alep, belle surprise : l’hôtel Baron a rouvert son bar… Un accueil privilégié pour des visiteurs étrangers avertis. Un hôtel authentique musée témoin d’une bien belle époque malheureusement révolue… Nostalgie…
L’hôtel Baron, indissociable de la vie politique à Alep et en Syrie, a ouvert en 1909… Halte obligée de tout ce que l’Europe de la première moitié du XXe siècle a connu d’aventuriers, explorateurs, voyageurs au long cours… voyageurs du Taurus-Express, ce bout d'Orient-Express au delà d'Istanbul, vers Damas et Bagdad via Alep en 1930… Parmi ses hôtes les plus illustres Thomas Edward Lawrence - Lawrence d’Arabie - et encore Charles Lindbergh, Gertrude Bell, Kim Philby. Agatha Christie y partageait avec son époux, l’archéologue Max Mallowan, la chambre 203. C'est sur la terrasse de l'hôtel Baron qu'Agatha Christie a écrit, dans les années 30, Le Crime de l'Orient-Express… Mais l'Histoire s'y était vraiment écrite en mars 1920 quand du balcon de la chambre n° 205 le roi Fayçal a proclamé l'indépendance de la Syrie… L'Hôtel Baron reçut aussi la visite de nombreux chefs d'État, le roi Gustave VI Adolphe de Suède, Mustafa Kemal Atatürk… En 1958, Gamal Abdel Nasser, alors président de l’Égypte, choisit également le balcon du Baron pour s’adresser aux Alépins…

Rubina Tashjian, épouse de feu Armen Mazloumian reçoit ses visiteurs

Moderne, central, dynamique, international comme autrefois Alep l’avait été, l'hôtel Baron faisait partie de la vie politique syrienne… Mais "moderne" n’était plus bien avant 2011 la première qualité du Baron qui a connu peu de changements depuis 1909. Passées ses années de gloire de la première moitié du XXe siècle, les voyageurs aisés de passage à Alep ont de plus en plus vu l'hôtel Baron comme un musée, un lieu hors du temps qui avait toujours gardé son attraction sans faste non en raison de ses prestations mais sur sa réputation et le charme désuet de son mobilier et de ses agencements, toujours inchangés. Il était devenu un rendez-vous privilégié où admirer les vestiges d’une bien belle époque, davantage qu’un lieu où dormir.
De plus, où était passée l’élégance des premiers touristes anglais ? Le temps béni où les voyageurs montraient une classe irréprochable ? Que doivent les globe-trotters contemporains à leurs illustres prédécesseurs ? En 2011, Armen Mazloumian petit-fils du fondateur et dernier propriétaire de l’hôtel Baron ne pensait plus qu’à vendre.

Vînt la guerre, en 2011. Il n’était plus question de vendre mais d’attendre des jours meilleurs. En 2013, Alep connaît bombardements et ruines. Il n’est pas question de fuir, car il faut protéger la bâtisse. Les obus tombent autour, mais le Baron en réchappe, quoique le toit et l’étage supérieur aient été atteints par quelques obus… L'Hôtel abrite des réfugiés… En janvier 2016, Armen Mazloumian décède… En ce mois d'octobre 2019, c'est son épouse Rubina Tashjian qui veille sur la mémoire de l’Hôtel… et nous reçoit…










































Charme désuet des équipements…









Hôtel Baron, l'unique hôtel de 1ère classe à Alep   Chauffage central partout
Confort parfait   Situation unique    Le seul hôtel recommandé par les agences de tourisme















Une note d'hôtel de Monsieur Lawrence (d’Arabie), chambre 202…
Une facture qui a bien été honorée nous assure
Rubina Tashjian.


























*   *   *

Le Taurus Express en 1930 (en rouge)
- Extensions et connexions(en pointillé rouge) - Simplon Orient-Express et Haifa-Cairo Express (en bleu)
- Chemins de fer à voie étroite (en noir) - Connexions routières et maritimes (pointillés gris).



Affiche pour les lignes Compagnie internationale des Wagons Lits,
Orient-Express
et Taurus Express.


L’Hôtel Baron, qui a hébergé Agatha Christie à Alep






 *   *   *

Autres étapes parmi les derniers voyages de "solidarité avec le peuple syrien"
de la Communauté syrienne de France





vendredi 20 décembre 2019

Alep n'est pas morte… Alep ressuscite !



En route vers Alep, avec la Communauté syrienne de France ! Parmi les lieux que nous visiterons, une certitude : nous attarderons longuement dans au moins l'un d'entre eux… la Citadelle, bien sûr !


La route venant de Hama, toujours détournée de la proximité d'Idlib, découvre de superbes paysages… Au Sud-Est d'Alep, une sebkha - heureux souvenir d'Algérie, Oran, Arzew ! -, le lac Jabbūl (Sabkhat al-Jabbul [سبخة الجبول]) deuxième plus grand lac de Syrie.

Dès Khanaser ‎[خناصر], dans le sous-district d'As-Safira [ناحية مركز السفيرة], nous traversons une région d'où les mercenaires de l'Occident, djihadistes de diverses obédiences, ont été chassés par l'Armée arabe syrienne après de terribles combats… à Khanaser, Qalayah, Rasm Al-Nafl [رسم النفل], As-Safira… Nombreuses traces de ces combats… Des villages pour la plupart encore largement abandonnés, quelques rares maisons faisant exception semblent occupées… Des cultures ont repris… Quelques troupeaux de moutons, parfois des bovins…

Une région remarquable par le style de ses habitations, évoquant ces villages en potopoto du Sahel… Maisons que la littérature anglaise voit en forme de ruches (beehive villages) !

Demande insistante d'un arrêt-photos… Sévère mise en garde cependant de Rima, notre animatrice de la Communauté syrienne de France… interdiction formelle de s'écarter de la route, de s'aventurer dans les maisons, le déminage reste incertain…










Après Khanaser en direction d'Alep, de nombreux villages traditionnels aux constructions telles qu'on les rencontrent plus au nord,
en Anatolie, dans l'une des plus anciennes cités, la ville de Harran 


Le lac Jabbūl ou Sabkhat al-Jabbul [سبخة الجبول], un lac salé au sud-est d'Alep, le deuxième plus grand lac du pays après le lac al-Assad




























Halte à As-Safira,  45 minutes avant Alep… Tentation d'un délicieux mankoucheh  [منقوشة] !

Déguster un délicieux mankoucheh [منقوشة] à As-Safira…





Une épicerie à As-Safira…


*   *   *

Alep !… Nous retrouvons notre hôtel préféré, le Riga Palace, voisin du légendaire hôtel Baron tout près du Musée national qui, nous l'apprenons, vient de rouvrir !… Et pas loin de la tour de l'Horloge…

Le Riga Palace,voisin du légendaire hôtel Baron…
et avant la libération de la ville d'Alep, près de l'ancienne ligne de séparation

Il se fait tard… Demain seulement nous visiterons vraiment la ville, avec une priorité pour le Musée national… Dîner derrière les murs de l'hôtel Baron, au frais en cette fin octobre de la terrasse du restaurant Al-Andabib… avant une brève incursion jusqu'à Bab al-Faraj…


Al-Andalib, notre restaurant tout près du Riga Palace… et de l'hôtel Baron, ici en arrière plan


Notre quartier à Alep… entre l'hôtel Baron et le restaurant Al-Andalib, le Musée national, la tour de l'Horloge


Bab al-Faraj, la porte de la Délivrance… de cette porte il ne reste plus que cette tour-horloge

Une nuit durant laquelle nous évoquerons des souvenirs de nos précédentes visites à Alep, dans les heures agitées de sa libération puis nos rencontres avec certains de ceux qui ont fait la prospérité d'Alep et sa région… Nous pensons entre autres aux acteurs de son industrie textile, rencontrés dans leurs usines renaissantes puis à Damas à l'occasion d'une mémorable exposition démonstration clamant cette volonté de vivre…
C'était en mars 2016, la Chambre d'industrie d'Alep avait invité la Communauté syrienne de France à visiter son exposition "Khan de la Soie" [خان الحرير] consacrée à la mode aux tissus dans les salons de l'hôtel Dama Rose, à Damas… Le "Khan de la Soie" est ce lieu historique de concentration de l'industrie et du commerce des textiles au cœur de l'ancienne cité d'Alep.
Nous avions pu à cette occasion apprécier l'extraordinaire résistance de la population d'Alep et sa détermination à faire face à la fois aux massacres, aux destructions, aux pillages orchestrés par la Turquie et la communauté dite "internationale"… Déjà cette exposition "Khan de la Soie" se révélait riche de nombreux produits de qualité, évoquant le prestige millénaire d'Alep, porte principale et carrefour stratégique sur la Route de la Soie entre la Chine et l'Europe.… Une occasion de nombreux et beaux achats…
Nous nous souvenons de ces paroles de M. Moustafa Kawaia, représentant le conseil d'administration de la Chambre d'industrie d'Alep, recevant notre groupe de la Communauté syrienne de France :
"Capitale de la soie pour tout le Moyen-Orient, capitale industrielle de la Syrie, malgré cendres et pillages, Alep tient à affirmer avec orgueil et prouver au monde entier qu'elle ne meurt pas ! Que l'industrie d'Alep ne périra jamais.


Hommes et femmes d'Alep se comportent aujourd'hui en héros face à l'agression de leur patrie. Leur volonté et leur détermination leur assurent une confiance inébranlable en la victoire. Foi en la victoire et la reconstruction, alors que la plupart des participants à cette exposition ont leurs installations dévastées et encore occupées par les groupes terroristes et ne peuvent y accéder. Ils se sont donc réinstallés ailleurs.


L'ennemi détruit. L'ennemi vole et pille. À ceux-là et tous leurs complices et commanditaires, les Alépins répondent : Allez vous faire foutre… Nous sommes une civilisation ancrée dans les temps les plus anciens de l'Histoire… Nous ne mourrons pas…  Notre avenir nous appartient… Nous conquérons des jours meilleurs."
Une promesse de résurrection qui ne se dément pas… Une résurrection qui concerne toutes les activités, industrielles et commerciales, culturelles comme cultuelles… Les destructions ont été d'une telles importance que la reconstruction continue et continuera encore bien des mois…

*   *   *
En ce mois d'octobre 2019, le principal évènement était la réouverture du Musée national d'Alep… Ce sera notre première visite… avant de parcourir à pied la ville, essentiellement l'Est ravagé par les djihadistes, en passant par Bab al-Faraj, la mosquée des Omeyyades, le Khan el-Wazir, la Citadelle, les souks… …  
Sur notre chemin partout des reconstructions… De petits chantiers, ce sont souvent les propriétaires des lieux et leur famille aidés parfois d'un ou deux ouvriers qui restaurent maisons et boutiques… 






















Le khan el-Wazir
Dans la vieille ville d'Alep entre la Mosquée des Ommeyaddes et la Citadelle, le khan al-Wazir est l'un des plus beaux et plus vastes caravansérails construits au XVIe siècle… quoique des parties sur son côté Nord aient été démolies pendant le Mandat français pour l'ouverture de la grande artère menant à la Citadelle.
Son organisation suit un plan traditionnel, une grande cour centrale au périmètre irrégulier s'adaptant au relief, un bloc de bâtiments de deux étages entourant cette cour. Les zones de stockage et les magasins des marchands occupaient le premier étage, les dortoirs pour les voyageurs nichaient au second. Au centre de la cour du khan les vestiges d'une mosquée désaffectée… L'entrée du khan se fait sur côté Ouest par une grande et belle guérite flanquée d'un ablaq [أبلق] noir et blanc et surmontée d'une fenêtre ornée.

L'entrée du khan al-Wazir,  en ablaq [أبلق] noir et blanc








La Citadelle d'Alep

La Citadelle


La magnifique citadelle d' Alep (de قلعة حلب) est l'une des fortifications les plus spectaculaires de Syrie, et du Moyen-Orient. Située sur une colline naturelle au centre de la vieille ville, le site a été occupé depuis au moins le 3ème millénaire avant notre ère. Il a été référencé dans les tablettes cunéiformes de Ebla (ايبلا) et Mari (ماري) , et un temple récemment excavés dédié à Hadad serait daté de 24 siècle av. J-C. La colline a joué à des fins défensives dès le 16ème siècle avant notre ère, lorsque les Hittites ont conquis la ville face aux Amorites.

Les Séleucides ont construit des fortifications sur ce site tout au long de la période 333 à 64 av. J-C. Nous avons peu de vestiges et de documentation sur le site lors de l'époque romaine, bien que l'on sache que  l' empereur Julien a visité la forteresse en 363 ap. J-C. Au cours de la période byzantine, la forteresse est connue pour avoir servi de défense de la ville contre les attaques sassanides perses, bien que peu de vestiges byzantins soient découverts. L'importance d'Alep (حلب) a considérablement diminué dans la période qui suit la conquête arabe, et l'état de la citadelle au cours des périodes omeyyade et abbasside est peu connue.

Alep (حلب) a commencé à retrouver son importance au 10ème siècle sous la dynastie Hamdanide puis au 11ème siècle sous celle des  Mirdassides. Durant cette période, deux églises de la forteresse ont été converties en mosquées. Les défenses de la ville et les renforts de la Citadelle d' Alep (قلعة حلب) ont été reconstruits pendant le règne au 12ème siècle de Nour al-Din Mahmoud Zenki (نور الدين محمود زنكي). Cependant, ce qui survit aujourd'hui date pour la plupart d'une reconstruction majeure de la citadelle entreprise sous al-Zahar Ghazi Bin Salah al-Din al-Ayoubi (الظاهر غازي بن صلاح الدين الايوبي), le souverain ayyoubide d' Alep et Mossoul (Irak) de 1186 à 1216. En plus des améliorations défensives, un grand palais, des bains et d'autres bâtiments ont été construits. Né en 1172, al-Zahar Ghazi (الظاهر غازي) était le troisième fils de Salah al-Din Yousef Bin Ayoub (صلاح الدين يوسف بن أيوب). Le contrôle de cette zone nord de l'empire ayyoubide lui a été donné alors qu'il n'était âgé que de quinze ans, tandis que ses deux frères aînés se sont partagé la domination les parties méridionales de l'empire de leur père. Al-Zahar Ghazi (الظاهر غازي) est décédé en 1216, et est enterré dans la mosquée voisine al-Sultaniyeh (حلب جامع السلطانية).








































Salle du Trône





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Plus tard dans l'après-midi… où que vous alliez à Alep, vous sentirez toujours le goût de la vie…









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Mosquée al-Sultaniyeh (جامع السلطانية), près de la Citadelle





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La Citadelle d'Alep - قلعة حلب


Comptant parmi les plus anciennes villes du monde, Alep n’a pas échappé à la « modernité ».



Coucher de soleil, vu depuis la Citadelle




La vieille ville d'Alep : itinéraire proposé par Soubhi Saouaf,
ex-attaché technique supérieur au Service des Antiquités et Musées,
conseiller technique de la Société archéologique d'Alep,
Croix d'Honneur "Cavaliere d'Italia"
dans son ouvrage "Alep , son histoire, sa citadelle, ses monuments antiques et son musée",
imprimerie Georges et Mathilde Salem, Alep.


Aleppo Citadel Restauration (1986 - 2008)

Carnet de route d'un voyage en Syrie : Alep (2 octobre 2010)

Une visite du site de Jean Dif et de ses photos datant d'octobre 2010 vous permettra de vous rendre compte de la splendeur d'Alep et de sa vieille ville avant l'agression subie avec la complicité active de l'Occident.




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À Alep, avec la Communauté syrienne de France et Horizon de l'Espoir [novembre 2016]


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TheDailyStar (Liban) : Displaced people of Syria’s ‘beehive’ villages dream of return (17 février 2017)

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Cityzeum : La citadelle d'Alep

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