Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 18 mars 2012

Voter François Bayrou, j’en tombe sur le cul ! Pourtant, réflexion faite pourquoi pas ?


Je reçois d’un vieux militant de droite, un courrier d’abord outré de la décision de ce blog de soutenir François Bayrou… pour ensuite se livrer à quelques réflexions, souvent assez pertinentes… Passons sur quelques paroles pas très aimables, pour ne retenir que les passages les plus constructifs d’une lettre qui malgré tout mérite d’être méditée…

La poule, la plus stupide des bestioles… et pourtant elle sait apprendre, par essais et erreurs… après avoir foncé bec en avant dans le grillage elle saura le contourner pour attraper le vermisseau… Ça un Français face à un bulletin de vote, il sait même pas le faire… Foncer, foncer, toujours tout droit, se meurtrir, prendre des coups, accuser des échecs, des défaites… et encore, encore, et toujours, sans jamais avoir rien appris… Il n’a pas compris qu’un vote n’est pas un choix individuel mais une démarche collective de conserve avec la majorité, celle des « cons » comme dirait Louis-Ferdinand Céline… L’individu, même lucide n’y peut rien… dans ce flot il n’a d’autre recours, avec d’autres qui auront la même vision que lui, que celui de tenter d’infléchir le mouvement de la masse… Aussi, tout vote affectif, tout vote passionnel est un vote perdu… pire un vote qui favorise le camp adverse… Le seul vote utile, le seul vote efficace ne peut être qu’un vote stratégique… pour des fruits à récolter, pas toujours dans l’immédiat… mais dans un avenir plus ou moins lointain…

Lors d’une révolution… d’un coup de force… d’un putsch… il en va autrement… Là, le résultat doit être rapide, quasi immédiat, dans l’urgence d’une situation désespérée ou d’une opportunité… En 1958, au lendemain du 13-Mai, DeGaulle et ses agents ont su parfaitement profiter d’une situation, longtemps attendue et préparée, pour réaliser le coup de force qui mettra habilement fin à la IVe République et instaurer un Système dont nous subissons toujours les méfaits… Depuis toutes les tentatives de contrer par la force ce Système n’ont connu que l’échec… les Barricades avec Pierre Lagaillarde en janvier 1960, le Petit-Clamart avec Jean Bastien-Thiry, et celle qui aurait dû être la plus déterminée mais la plus grave de conséquences par son échec : le Putsch d’avril 1961… Là encore la détermination et la volonté de réussir absolument ont manqué…  C’est Ramón Serrano Súñer, beau frère de Francisco Franco et alors ministre qui, s’adressant au général Raoul Salan résume le mieux l’erreur et le manque de volonté des protagonistes du putsch : « Votre affaire est perdue. Les généraux à Alger, manquent d'énergie. Ils n'ont fait fusiller ni Morin, ni Gambiez. Franco, lui, n'aurait pas hésité. »… Observation confortée par un autre vieux compagnon du Caudillo, qui s’adressant encore au général Raoul Salan : « Je crains que vous, Français, ne soyez trop civilisés pour faire une révolution. Nous sommes étonnés. À notre arrivée à Tétouan, l'état- major de la place refusait de suivre. Les officiers furent fusillés en quelques minutes. Oui, vraiment, nous sommes très inquiets pour vous »

La partie était d’évidence perdue d’avance… Le général Challe en acceptant la responsabilité du coup de force,  imposa ses conditions aux colonels. Le sang ne devrait pas couler et le soulèvement serait circonscrit à la seule Algérie. Jugeant que c’était là une grave erreur, le colonel Hervé de Blignières insista pour que le coup de force soit conjointement organisé en métropole. Le général Challe ne voulut rien entendre. Il envisageait uniquement « de reprendre le commandement de l’armée d’Algérie, d’appliquer son plan interrompu un an plus tôt, de démontrer ainsi à DeGaulle que la pacification de l’Algérie était possible, et de la lui apporter pacifiée au bout de quelques mois, sur un plateau d’argent ». De plus, il ne mobiliserait pas la population civile qui aurait pu, comme au 13 mai 1958, exercer une influence décisive. Angélisme criminel ! … …
… … …

Chacun devrait lire le récit du prince Mangkra Souvannaphouma :  « Laos : autopsie d’une monarchie assassinée »… Un ouvrage qui mériterait une grande audience, notamment chez les militants en quête de formation… Quel contraste entre la personnalité du prince, officier-pilote de la Royal Lao Air Force, diplômé de l’École supérieure de Guerre de Paris, homme éminemment respectable, homme de bien, homme courageux, fidèle aux siens et à ses engagements… et ses échecs, les siens et ceux de son camp… Son père est le prince Souvanna-Phouma, longtemps et à plusieurs reprises Premier ministre du Laos entre 1951 et 1975, et plus particulièrement, pour la dernière fois entre 1962 et 1975, période la plus dramatique qui verra la chute de la Monarchie… Le prince Mangkra Souvannaphouma pendant toute cette période a servi son père Premier ministre, chef de file de la droite neutraliste au Laos… Ailleurs et en d’autres temps, on pourrait dire, « un centriste »… Le récit du prince Mangkra Souvannaphouma est édifiant… Au-delà de l’intention de l’auteur, cet ouvrage peut être lu, en miroir, comme un véritable traité de guerre révolutionnaire… Comment le Pathet Lao et les Viets ont patiemment exploité le comportement d’un gouvernement dirigé par un homme intrinsèquement honnête, dévoué au Roi et à son peuple, soucieux de rétablir la paix civile donc pacifiste et conciliant envers tout le monde, bien que parfaitement lucide quant aux travers de la nature humaine…  Même le fameux et très populaire général Vang Pao n’est pas épargné… 

Sûr que si le FN était un véritable parti de militants, préalablement effectivement éduqués plutôt que manipulés comme des poulets sans cervelle, des groupies qui souvent s’épanchent sur des sites gais, ouvriers floués par les syndicats, résidents pauvres de quartiers sans sécurité, diaspora des Français d’Algérie fidèles à un parti qui se voudrait encore l’héritier de Jean-LouisTixier-Vignancour, il aurait renoncé à une candidature sans autre espoir que de renflouer des caisses vides pour soutenir discrètement mais fermement François Bayrou, le maillon faible du Système… François Bayrou, notre Mikhaïl Gorbatchev à nous. … Après Mikhaïl Gorbatchev il y a Vladimir Poutine et le renouveau de la puissance russe…

Ils seront drôles tous ceux-là après le 22 avril, quand ils n’auront plus de choix… Pas de Marine… Pleurs de militants floués dans leur bonne foi et leur naïveté… Cadres du parti vérifiant les comptes…  Hollande et Sarko… Juifs et francs-maçons… Le Système… Le Système toujours plus fort…

Voter FN au premier tour, ce serait en définitive vouloir encore et toujours ou Sarkozy ou Hollande… Lors du vote, il s’agira avant tout d’être efficace… Virer et les gaullistes et les socialos… Un vote au Kärcher ! Qu’on aime ou qu’on n’aime pas peu importe, seul François Bayrou peut offrir cette possibilité… avec en perspective une modification des règles fondamentales, qui ne pourra que profiter à l’expression future de toutes les sensibilités…






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