Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

jeudi 1 septembre 2011

Le prix Goethe décerné au poète syrien Adonis

Adonis, de son vrai nom Ali Ahmed Saïd Esber, le plus grand écrivain et poète syrien et l’une des principales références littéraires contemporaines du monde arabe, vient de se voir décerner le prix littéraire allemand Goethe, l’un des plus prestigieux d’Europe.

Adonis est le premier écrivain arabe à remporter cette récompense, un prix qui a jadis été attribué à Sigmund Freud, à Herman Hesse, plus récemment à la chorégraphe allemande Pina Bausch en 2008. Ce prix, d’un montant de 50 000 euros, est décerné, à Francfort, tous les trois ans le 28 août, jour anniversaire de la naissance de Goethe.

Si l’on en croit le communiqué du jury, l’écrivain syrien « a diffusé les idées européennes modernes dans les cercles culturels arabes » . Dans le contexte difficile que connait son pays, cette appréciation prend une résonance particulière, la vision politique d’Adonis se caractérise par deux idées-force : d’abord le nationalisme syrien qui lui a valu la prison puis l’exil au Liban dans les années cinquante ; ensuite son attachement à une société laïque, dans un monde arabe travaillé par le fondamentalisme religieux.

Et ce sont précisément ces deux fondamentaux – effectivement deux « idées européennes modernes » – qui font qu’Adonis a toujours refusé, depuis le début du mouvement, de cautionner l’opposition syrienne interne et externe. À la première il reproche ses liens avec les radicaux islamistes partisans d’un califat, observant que la plupart des manifestations d’opposants démarrent le vendredi à partir des mosquées. Quant à la seconde, il ne peut que stigmatiser ses appuis étrangers et son instrumentalisation par des forces peu connues pour leur engagement en faveur du monde arabe et de l’indépendance de la Syrie.

Adonis avait notamment développé cette analyse des événements dès le mois de juin, notamment dans une lettre adressée au président Bachar al-Assad. Dans cette lettre, le poète demandait au président syrien de « moderniser » son régime. Et dans un entretien accordé à la télévision saoudienne Al Arabia il exhortait l’opposition à se dégager des influences religieuses extrémistes.

Cette attitude constante n’a pas valu à Adonis que des louanges et des récompenses. Il vient de subir les critiques de l’écrivain irako-américain Sinan Antoon, qui lui reproche de ne pas hurler avec les loups de l’opposition et de la bien-pensance internationale.

C’est pourquoi, dans le climat d’unanimisme, de conformisme et même d’hystérie anti-Bachar que connaît l’Europe, cette attribution du prix Goethe à un homme libre, à un patriote syrien lucide et responsable, à un opposant honnête et mesuré, est une surprise, une excellente surprise.

Attendons les glousseries indignées des Bazar-Henri-Lévy & Glucksmann : « leur aigreur sera comme une seconde distinction pour Ali Ahmed Saïd Esber, alias Adonis, immense poète et écrivain arabe, intransigeant nationaliste syrien » se réjouit Info Syrie.

Lire l'article et les précédentes prises de position d'Adonis sur Info Syrie



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