Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits… on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.…
Dernière journée hors de Damas, demain soir départ vers Beyrouth pour la plupart… Ce retour vers Damas - comme lors de tous nos précédents voyages, de jour ou qu'il fasse déjà nuit - n'échappe pas à une halte à Qara, en bord de route… Centre majeur d'intérêt, une pâtisserie… Comme l'annonce l'enseigne nous sommes chez "Abo Alezz" [أبوالعز]… Pâtisseries à consommer sur place… et une fois que l'on y a goûté achat irrésistible afin de prolonger le plaisir jusqu'après notre retour à la maison… Quelques commerçants aussi, tapis, peaux de mouton…
Intense animation… Voyageurs, mais aussi hommes armés en habits de combat… L'enseigne d'Abo Aleez nous dit, en y prêtant davantage attention, que l'établissement est tenu par des chiites… Ces hommes sont des combattants du Hezbollah… En pick-up ou en moto… Deux hommes venus ici pour quelques achats sont particulièrement remarqués… Ils sont sur le départ… Calmes, souriants… Une Kalachnikov affectueusement serrée près du corps, ils enfourchent une moto étincelante de chrome, la selle agrémentée de la douceur d'une peau de mouton… Ils ne peuvent que susciter attention admiration respect d'étrangers de passage… Tentation de photos, contre laquelle pas de résistance possible… Superbe indifférence des combattants face à ce mitraillage… Alors que partout ailleurs il y a prescription absolue de photographier un militaire - tout au moins sans son autorisation - doit-on voir dans cette impassibilité une belle assurance de combattants ne craignant plus rien ?…
قارة أبوالعز - Abo Alezz
Des pâtisseries mais aussi eau et autres boissons toujours servies avec le sourire…
Un grand choix de délicieuses pâtisseries à emporter
Tapis et peaux de mouton
* * *
Autres étapes du 8ème voyage de "solidarité avec le peuple syrien" de la Communauté syrienne de France, octobre 2017
Avec la Communauté syrienne de France, venant de Tartous, nous arrivons à Qara 80 km avant Damas, au sud de Homs près de la frontière libanaise aux environs de Baalbek…
Sœur Claire-Marie nous souhaite la bienvenue au monastère de Mar Yakub…
Qara… Sœur Claire-Marie nous souhaite la bienvenue au monastère Saint-Jacques le Mutilé ou Saint-Jacques le Persan… Mar Yakub en arabe… Ce monastère datant du VIe siècle abrite une petite communauté « L'unité d'Antioche » appartenant à l’Église grecque melkite catholique. « Melkites » (du syriaque mlaka et de l'araméen malik, « roi »), est le nom donné au Vème siècle aux chrétiens des patriarcats de Jérusalem, d'Alexandrie et d'Antioche. Tout comme le pape et l'empereur byzantin, ils acceptaient la définition des deux natures du Christ telle qu'elle fut énoncée par le concile de Chalcédoine en 451. C'est pourquoi les monophysites, qui soutenaient que le Christ n'avait qu'une seule nature (divine) et rejetaient de fait la position du Concile, les surnommèrent « melchites » (« royalistes », c'est-à-dire partisans de l'Empereur).
Après le schisme de 1054, les melchites rejoignirent l'Église orthodoxe mais au cours des siècles suivants certains groupes revinrent à l'Église catholique. On parla alors d'Église catholique melchite (l'une des Églises de rite oriental). De nos jours, la communauté catholique melchite est constituée de quelque 470 000 fidèles. Parmi eux, 270 000 résident sur le territoire du patriarcat, dont le centre est à Damas et l'actuel et nouveau patriarche melchite catholique Sa Béatitude Youssef. Leurs prêtres peuvent se marier, les services sont dits en arabe ou, si autorisation en est donnée, dans la langue vernaculaire du pays.
En la maison de Jésus : « Que tous soient un… afin que le monde croie ! » (Jean 17:21)
En la maison de Jésus, la communauté grecque-melkite catholique de Qara, « L'unité d'Antioche », de tradition carmélitaine, en pleine union avec le pape, se consacre à l'adoration de Dieu se voulant en communion avec tous les amoureux du Christ, renforçant et construisant des ponts entre protestants, orthodoxes et catholiques, et un regard d'amour envers nos frères musulmans… « Que tous soient un… afin que le monde croie ! »(Jean 17:21).
Mère Agnès-Mariam de la Croix : "Ce que nous vivons en Syrie" (début 2016)
Mère Agnès Mariam de la Croix est l'higoumène du monastère de Mar Yakub. Elle court le monde pour ouvrir les yeux des Occidentaux sur le drame syrien dont leurs politiciens sont les seuls responsables.
"Qara" est un mot araméen. Il signifie "le grand froid", un vent froid a tendance à souffler ici de l'ouest. Le village de Qara est bâti dans une long plateau de 55 kilomètres s’étendant entre la chaîne de montagnes de l’Anti-Liban à l'ouest et la chaîne de montagnes du Qalamun à l'est. L’altitude du village est d'environ 1300 mètres.
L'église du XIème siècle
Crucifix orthodoxe
Crucifix catholique
Crucifix, cellules des sœurs
L'église du XIème siècle… autour de l'iconostase des traces de fresques anciennes
De la crypte, un souterrain conduisait jusqu'au Liban, à 15 km… Ce tunnel est aujourd'hui condamné du fait d'éboulements
Centre Notre-Dame de l'Unité, son logo
L'église principale sert actuellement d'entrepôt à une communauté aux activités intenses…
Frère Jean nous accueille ce jour-là en tenue de travail… Autour des fresques murales décorant la crypte, il nous conte l'histoire de Saint Jacques le Persan
Pour nous recevoir, frère Jean a abandonné son travail quelques brefs instants…
Environ 30 hectares de terres dépendent de Mar Yakub, qui sont plantés et cultivés. L’eau y provient d’un puits creusé à 300 mètres de profondeur. La communauté du monastère est peu nombreuse aussi le travail ne manque pas… L'objectif du monastère serait de devenir auto-suffisant et de pouvoir prendre soin de ses terres lui-même après avoir appris les anciennes techniques agricoles des villageois.
"Seigneur, remplis ton désert syrien de moines et de moniales, tel qu'il l’était autrefois !"
Les terres du monastère sont plantées d'arbres fruitiers : pommiers, cerisiers, poiriers… oliviers, amandiers, vignes. Des légumes sont aussi cultivés selon les saisons : épinards, oignons, patates, ail en hiver ainsi que des céréales ; concombres, tomates, poivrons, melons en été.
Une vie de travail et de prière à Mar Yakub (automne 2015)
Sœur Claire-Marie présente les icônes peintes aux monastère… "Un iconographe doit être plus qu'un artiste. Un iconographe est un théologien autant qu'il est un artiste. Peindre une icône, suppose, de la part de l'iconographe un mode de vie de prière, de méditation et de jeûne."
Salle des Chevaliers, la cloche logée dans une meurtrière… Des murs d'une épaisseur de 4 mètres !
Safita cité du gouvernorat de Tartous, se situe au nord-est de son chef-lieu et au nord-ouest du Krak des Chevaliers. Sa population de 33 000 âmes se répartit à égalité entre Grecs orthodoxes et Alaouites. Au sein de la chaîne de montagnes côtière de Syrie du djebel Ansarieh, la ville se niche entre les hauteurs de trois collines et leurs vallées. Son château, la
Tour Blanche [برج صافيتا], ainsi nommé en l'honneur de Blanche de Castille, reine de France et mère de Saint Louis, a été construit par les Templiers. Safita a connu une activité de premier plan lors les Croisades, et a été habitée par les Templiers…
Recueillement en la chapelle Saint Michel… Salle des Chevaliers à l'étage… Escaliers vers la terrasse d'où s'offre une vue panoramique vers le
Liban et Tripoli au sud, vers le Krak des Chevaliers d'où nous venons, Tartous et la Méditerranée notre prochaine étape…
Le Krak des Chevaliers, un rendez-vous immanquable lors chacun de nos voyages avec la Communauté syrienne de France… Plaisir inépuisable de parcourir la forteresse, escalader ses différents niveaux… S'offrir au vent toujours puissant en ce sommet… Plonger sur la vue de Wadi al-Nassara, tenter de distinguer le monastère patriarcal Saint-Georges [دير مار جرجس - Deir Mar Jirjis] ou la Tour Banche de Safita… Balader le regard sur les horizons, vers le Liban, du côté de Hama et Homs ou vers la Méditerrané…
Si le village en contrebas de la forteresse détruit par les djihadistes en 2012 semble toujours quasi inhabité, nous constatons que, contrairement à nos dernières visites, nous ne sommes pas seuls à parcourir la forteresse. Des couples, plusieurs groupes de
Syriens sont bien là attestant d'une reprise du tourisme intérieur, comme
nous le constaterons plus franchement en bord de mer, à Tartous…
Familier des lieux nous prenons néanmoins quelques photos… mais pour mieux connaître le Krak nous vous invitons à consulter nos précédentes relations référencées en bas de page…