Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 23 juin 2017

Prière à Notre-Dame de Soufanieh [ﺳﯾدة اﻟﺻوﻓﺎﻧﯾﺔ], avec la Communauté syrienne de France



Le père Élias Zahlaoui a bien voulu accueillir la Communauté syrienne de France, une fois de plus, en son église Notre-Dame de Damas de la paroisse de Koussour. Après un long entretien amical le père Élias Zahlaoui nous a fait conduire à Soufanieh en la maison de Myrna et Nicolas pour un moment de recueillement et de prière…




En compagnie de Myrna Nazzour (3ème depuis  la gauche) devant l'icône miraculeuse à Soufanieh

Notre-Dame de Soufanieh [ﺳﯾدة اﻟﺻوﻓﺎﻧﯾﺔ] témoigne d'évènements inexpliqués, bouleversants, qui se succèdent à un rythme étonnant : écoulement d'huile d'une réplique de l'icône de la Vierge Marie, effusion d'huile pure sur le visage et les mains de Myrna Nazzour, jeune femme grecque-catholique de 18 ans, simple, équilibrée, mariée depuis sept mois qui revivra la Passion du Christ avec les stigmates et verra la Vierge Marie au cours d'apparitions et d'extases. Le premier évènement survint le 22 novembre 1982. Myrna priait avec d'autres membres de sa famille lors d'une visite chez sa belle-sœur malade, quand soudain, elle ressentit une chose étrange, indescriptible : tout son corps frissonnait comme si une force émanait d'elle. L'huile venait de couler de ses mains pour la première fois. Le deuxième évènement, dans le foyer de Myrna et Nicolas à Soufanieh, débuta le 27 novembre 1982 coïncidant avec la date anniversaire de l'apparition de la Vierge Marie à Sainte Catherine Labouré en 1830 rue du Bac à Paris…
Une ligne de force majeure de ces apparitions mariales est l'Unité des chrétiens d'Orient et d'Occident. L'Icône exsuda de l'huile encore en 2001 lors de la Semaine Sainte, cette année-là commune aux catholiques et orthodoxes.


L'huile commença à exsuder d'une petite réplique de l'icône de la Vierge de Kazan,
achetée par Nicolas à Sofia en Bulgarie, en l'église orthodoxe Alexandre Nevsky en août 1980.




Bientôt 35 ans depuis les premières manifestations mariales le 27 novembre 1982, et la maison du quartier de Soufanieh demeure dans toute sa simplicité, aussi accueillante qu'aux premiers jours des événements, dans une atmosphère de paix, de joie, de sérénité et de gratuité totale en dépit des servitudes que les visites imposent à la maisonnée. Myrna et Nicolas, ainsi que leurs deux enfants, Myriam (née le 15 octobre 1986, mariée en 2010) et Jean-Emmanuel (né le 26 juillet 1988), dans un effacement humble, une générosité imprégnée de l'esprit de l'Évangile continuent à accueillir à n'importe quelle heure, de jour comme de nuit, les pèlerins de toutes confessions qui affluent des quatre coins du monde. 

La prière n'a pas cessé un seul jour depuis ce 27 novembre 1982, quels que soient le temps ou les circonstances, prière à laquelle participent spontanément de nombreux musulmans, la Vierge tenant en Islam une place inégalée.








Autour du père Élias Zahlaoui, en l'église Notre-Dame de Damas à Koussour



L'église Notre-Dame de Damas à Koussour





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Le père Élias Zahlaoui et Myrna Nazzour
en visite de témoignage et de prière
en France  en ce mois de juin 2017














Programme de la tournée de Myrna Nazzour et du père Élias Zahlaoui, son directeur spirituel, organisée par Guy et Mylène Fourmann de Compiègne amis et fidèles de Notre Dame de Soufanieh [source : Jean-Claude Antakli]

Les témoignages auront généralement commencé par le chapelet et terminé par la Sainte Messe. contact : sdfourmann@hotmail.fr


5 juin 2017 à 18 heures : Église Saint Ayoul - place Saint-Ayoul à Provins 77160
6 juin 2017 à 10 heures : Carmel Marie Mère de Dieu, Forges-Montereau 77130
6 juin 2017 à 19 heures : Église Saint Aspais - rue Saint-Aspais, Melun 77000
7 juin 2017 à 18 heures : Basilique de Longpont, place des Combattants, Longpont-sur-Orge 91310
8 juin 2017 à 18 heures : Église Saint Joseph, 57 avenue Roger Salengro, Vaulx-en-Velin 69120
9 juin 2017 à 20 heures : 5 place Chanoine Coupat, Saint-Genis-Laval 69230
10 juin 2017 à 14 heures : Église du Sacré-Cœur, rue du Sacré-Cœur Avignon 84000
12 juin 2017 à 18 heures : Cathédrale Saintt Léonce, 58 rue de Fleury, Fréjus 83600
13 juin 2017 à 16 heures 30 : Église Saint Cléophas, place de l'Abbé Crebassol, Montpellier 34070
15-16 juin 2017 à 18 heures : Camp Dominique Savio, route de Paréac, Julos 65100 (Lourdes)
19 juin 2017 à 18 heures 30 : Église Saint Pierre, rue Saint-Pierre, Roye 80700
20 juin 2017 à 18 heures : Église Saint Jacques, place Saint-Jacques, Compiègne 60200


Pour information et mémoire, ceux qui souhaitent avoir une bibliographie complète sur l'Itinéraire de Myrna en France et dans le monde peuvent contacter Jean Claude Antakli : 9 avenue Edmond d'Esclevin, Juan-les-Pins (06160).

Jean-Claude Antakli : Le Silence de Dieu



Le Silence de Dieu comme les autres livres de Jean Claude Antakli peuvent être commandés directement auprès de l'auteur, pour éventuellement une dédicace. L'intégralité de ses droits d'auteurs sera versé au profit des enfants et des victimes syriennes de à Alep, sa ville natale.

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Élias Zahlaoui






Le père Élias Zahlaoui officie à l’église Notre-Dame de Damas, dans le quartier de Koussour. Dénonçant la propagande occidentale sur la Syrie et les exactions inhumaines de l’État d’Israël en Palestine, il interpelle également l’Église d’Occident sur sa complicité avec les puissances atlantistes.

Quelques éléments biographiques

Né en 1932 à Damas, Élias Zahlaoui étudie en Syrie, au Liban puis à Jérusalem, où il approfondit ses connaissances en philosophie et en théologie. Il poursuit ensuite son cursus en France, à l’université de Lyon, pour y étudier la psychologie.

Ordonné prêtre en 1959, il est nommé au Liban. Il démissionne trois années plus tard et retourne à Damas où il enseigne jusqu’en 1966. Touché cette même année par une maladie affectant les cordes vocales, il se tourne alors vers l’écriture et le théâtre.

Il fonde en 1968 le Foyer universitaire paroissial. Le père Zahlaoui est membre de l’Union des écrivains arabes depuis 1973 et de la Société d’Art dramatique. Il a été choisi pour être membre du Comité populaire d’appui à l’Intifada (insurrection palestinienne) depuis sa création en mai 2001. Il a écrit sur de nombreux sujets, notamment la question palestinienne.

Une cérémonie a eu lieu en son honneur dans le Palais du Peuple à Damas le lundi 6 juillet 2009. Il y a été remercié et honoré par la Première Dame de Syrie, Asma al-Assad, au nom de tous les Syriens.

Depuis le début de l’attaque occidentale contre la Syrie, le père Élias Zahlaoui a écrit plusieurs lettres ouvertes, notamment à François Hollande et Laurent Fabius.

Deux de ses ouvrages ont été traduits en français : Soufanieh. Chronique des apparitions et manifestations de Jésus et de Marie à Damas (1982-1990) (François-Xavier de Guibert, 1991) et Souvenez-vous de Dieu. Messages de Jésus et de Marie à Soufanieh (1982-1990) (François-Xavier de Guibert, 1991).


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Notre-Dame de Soufanieh, Damas, Syrie

Un prêtre arabe catholique de Syrie a invité à Damas le "président d’un grand pays"… Nous avons répondu à l'invitation avec la Communauté Syrienne de France (novembre 2016)

Témoignage de Myrna Nazzour (de Soufanieh) en France


Une lumière nouvelle va jaillir de l’Orient

Conférences en France de Myrna – apparitions de Soufanieh

Conférence de Myrna à Bordeaux








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8/21 juillet : Fête de l'Icône de la Mère de Dieu de Kazan






L’invention de l’icône de la Mère de Dieu de Kazan eut lieu le 8 juillet 1579 à Kazan, vingt-cinq ans après la conquête du royaume de Kazan par le tsar Ivan le Terrible. En 1552, le jour de la fête de la Protection de la Mère de Dieu, Ivan IV, le chef des armées russes qui se préparaient à l’assaut de Kazan, entendit la nuit le carillon des cloches de Moscou. Le tsar comprit que c’était un signe de la grâce Divine: par les prières de la Mère de Dieu, le Seigneur voulut convertir le peuple de Kazan.

La conquête de Kazan, sous la protection de la Très-Sainte Mère de Dieu, finit la résistance qui avait commencé en 1164 par le prince Saint André Bogolubski (1174). La Volga, la voie d’eau principale du pays, devint un fleuve russe. 60 000 Russes furent libérés de la captivité tatare. Le processus de l’instruction du peuple tatare par la lumière de la vérité évangélique commença. De premiers martyrs apparurent: saints Étienne et Pierre (6 avril (24 mars). Le diocèse de Kazan nouvellement fondé, fit partie de l’Église russe et resplendit quelque temps après par ses archevêques: Saint Gourias (1563) et Saint Germain (1567).

Mais une contribution particulière à la glorification de l’Orthodoxie parmi les mahométans de la région de Volga, fut l’invention le 8 juillet 1579 de l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu à Kazan.

La propagation de l’Évangile était une affaire difficile dans les terres conquises. La Très-Sainte Mère de Dieu, la protectrice de ceux qui annoncent la parole de Dieu et qui partageait avec les saints apôtres les labeurs de la propagation de l’Évangile encore au cours de sa vie terrestre, voyant le zèle des missionnaires russes, ne tarda pas à leur prêter une assistance Céleste, ayant révélé son icône miraculeuse. En 1579, une partie de Kazan fut dévastée par un incendie et une moitié de son Kremlin fut mit en cendres. Les musulmans en profitèrent pour répandre l’idée qu’il s’agissait là d’un jugement de Dieu contre les orthodoxes. «La foi du Christ, selon les paroles du chroniqueur, se fit un outrage et une parabole». Mais l’incendie de Kazan fut un signe de la chute de l’islam et de l’établissement de l’Orthodoxie sur le territoire de toute la Horde d’or qui devint l’Orient de l’État russe.

Bientôt la ville commença à se relever des ruines. Non loin du lieu où l’incendie avait commencé, des sinistrés, parmi lesquels il y avait un archer, Daniel Onoutchin, construisaient leurs maisons. Sa fille de neuf ans, Matrona, eut alors une vision de la Mère de Dieu qui lui indiquait un endroit dans la ville où il fallait creuser pour trouver son icône cachée dans la terre par des confesseurs de l’Orthodoxie clandestins pendant la domination des musulmans. On ne prêta aucune attention aux paroles de la fille. Trois fois la Mère de Dieu avait indiqué l’endroit où se trouvait l’icône miraculeuse cachée. Finalement, Matrona avec sa mère se mirent à creuser la terre elles-mêmes à l’endroit révélé et trouvèrent la sainte icône. Enfin arrivèrent les autorités de la ville et l’archevêque de Kazan Jérémie avec le clergé. Une action de grâce fut dite sur place, ensuite l’icône fut transportée en l’église de Saint Nicolas de Toula qui se trouvait à proximité et qui avait été épargnée par le feu. De l’église de Saint Nicolas, l’icône fut transportée dans la cathédrale de l’Annonciation, érigée par le tsar Ivan le Terrible. Deux aveugles, Joseph et Nikita, recouvrirent la vue lors de la procession.

En 1579, l’icône apparue ainsi que le récit détaillé de ce qui était arrivé furent envoyés à Moscou. Le tsar Ivan le Terrible envoya à nouveau la sainte icône à Kazan et ordonna d’ériger une église dédiée à la Mère de Dieu de Kazan et d’y placer cette icône.

L’icône trouvée par la fille Matrona dans les terres étrangères rattachées à la Russie, devint bientôt un objet saint vénéré par tout le peuple. Elle devint aussi un signe de la protection Céleste de la Mère de Dieu pour toute l’Église russe, car l’âme du peuple orthodoxe sentait une participation particulière de la Reine des Cieux dans le destin historique de sa patrie. L’icône de Kazan est une copie de l’icône des Blachernes et elle se rapporte au type iconographique qui s’appelle Hodigitria ou Celle qui montre le Chemin. Beaucoup de fois, par son icône de Kazan, la Mère de Dieu montrait aux guerriers orthodoxes russes, accomplissant leur devoir devant Dieu et la Patrie, la voie vers la victoire.

On prie devant l’icône de la Mère de Dieu de Kazan pour recouvrir la vue et avoir la guérison des maladies des yeux, en cas de maladies corporelles, d’invasion étrangère, pour avoir une intercession pendant les temps de trouble, pour la protection de la Russie; on bénit avec cette icône les époux futurs.

Jours de fête: 21 juillet (8 juillet) , 4 novembre (22 octobre)

Tropaire, ton 4

Toi qui nous protèges de tout cœur, Mère du Seigneur tout puissant,
intercède auprès de ton Fils,
le Christ notre Dieu en faveur de nous tous,
et fais que nous trouvions le salut,
nous qui accourons sous ta puissante protection.
Dame souveraine, protège-nous tous, nous qui, 
dans le malheur l'affliction, la maladie et sous le poids de tant de péchés,
avec tendresse te prions devant ton icône immaculée,
avec larmes, le cœur contrit, fais reposer notre irréversible espérance sur toi:
accorde-nous la délivrance de tout mal,
[et] tout ce qui nous est utile et sauve-nous,
Vierge Mère de Dieu, car tu es pour tes serviteurs la divine protection.

Kondakion, ton 8

Accourons, fidèles, vers ce havre de sérénité, vers l'Assistante empressée, le prompt et doux salut, la protection de la Vierge; hâtons-nous vers la prière, empressons-nous vers le repentir: car la très Sainte Génitrice de Dieu fait jaillir sur nous sa miséricorde intarissable, elle vient à notre secours, nous délivre de grands malheurs et calamités ses serviteurs vertueux et craignant Dieu.





mercredi 21 juin 2017

Avec la Communauté syrienne de France, retour à Maaloula



Maaloula, un pèlerinage quasi incontournable de chacun de nos voyages avec la Communauté syrienne de France… Prochain rendez-vous en septembre prochain…






Entre le 6 et le 8 septembre 2013, la ville de Maaloula dont les habitants sont majoritairement chrétiens grecs-catholiques, est entrée tristement dans l'actualité après avoir été prise d'assaut par les égorgeurs amis de Laurent Fabius, à la solde de l'Arabie Saoudite et du Qatar, qui y ont détruit la statue de la Vierge Marie, bleu ciel et blanc, et renversé des croix aux sommets d'édifices religieux, dont la croix qui surmontait la coupole du monastère des Saints Serge et Bacchus.


Maaloula (معلولا), de septembre 2013 à avril 2014, a été occupée et a été le théâtre d'affrontements majeurs entre le front d'al-Nusra (جبهة النصرة) agissant aux ordres de la CIA et les forces gouvernementales syriennes  La ville a subi des dégâts importants, incendies, vandalisme, pillage de ses églises historiques. En avril 2014,  la CIA et les "islamistes" ont été chassés de Maaloula. Des efforts importants de restauration, auxquels a largement participé la mission de SOS Chrétiens d'Orient, ont été entrepris concernant tant les habitations qui avaient été désertées et saccagées que des églises… Au-delà de la destruction du patrimoine archéologique, objet de restauration, reste peut-être encore plus préoccupant le déplacement massif de la communauté araméenne et ses conséquences dévastatrices sur la survie de l'araméen comme langue vivante toujours parlée dans cette région de la Syrie.

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Aux environs de Lattakia visite d'Ougarit puis direction le château de Saône… avant de prendre la route, avec pour objectif tôt le lendemain Palmyre… Longue halte restauration et promenade à Tartous… Nous dormirons à Homs où nous arrivons en fin d'après-midi, la nuit déjà tombée… Notre chauffeur nous conduit vers un hôtel fréquenté par de nombreux Syriens, hôtel de bonne catégorie sans être de grand luxe mais a priori à l'ambiance sympathique et accueillante…

L'accueil ne répondra pourtant pas à notre attente… Nous décidons d'aller ailleurs. Il se fait tard. Nous contacterons un hôtel par téléphone depuis le restaurant où nous dînerons… À cette heure, et par téléphone, nos contacts n'obtiennent que des réponses évasives…

Face à nos ennuis grandissant notre restaurateur se montre d'autant plus attentionné et prévenant… Thé et douceurs nous sont offerts gratuitement à profusion… Que nous passions la nuit dans son restaurant est de plus en plus envisagé… Et voilà que l'un des convives ou un ami alerté propose de nous héberger chez lui… Quoique couchés un peu tard, ce sera une excellente nuit de repos, au calme et bien au chaud… Tôt le matin, toute la maisonnée s'affairera pour nous offrir une collation aussi copieuse que délicieuse… Qu'ils en soient ici chaleureusement remerciés. Une fois de plus nous avions ainsi goûté à l'hospitalité et l'extraordinaire solidarité syrienne !

Une escorte pas du tout stressée par un éventuel regain de tension !

Nous prenons donc la route en direction de Palmyre… Les services de sécurité nous donnent une escorte… Tout se passe bien et en parfaite sérénité jusqu'à quelques kilomètres de Palmyre… Alors que nous roulons, un véhicule vient nous rejoindre,  et nous demande de faire demi-tour jusqu'au précédent poste de contrôle… Là nous apprenons que la situation s'est brusquement tendue aux environs de Palmyre et l'on nous invite par prudence à renoncer à notre visite… Donc retour vers Homs… En chemin vers Damas, nous visiterons Maaloula…

Deux incidents riches de signification que tous les participants auront retenus et transmettrons à tous ceux qui hésiteraient encore à voyager en Syrie… Face aux difficultés et aux imprévus répondront toujours la générosité et l'assistance sans faille de la population… Il est aussi vrai que la situation peut brusquement devenir dangereuse, les services de sécurité veillent et restent particulièrement attentifs aux bonnes conditions de déplacement de tous, particulièrement lorsqu'il s'agit d'étrangers. Donc voyage en toute confiance !


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La charmante petite ville de Maalula (معلولا) est l'une des plus pittoresques de Syrie, nichée sur les pentes d'un canyon de montagne rocheuse. Maalula (معلولا) était habitée dans la période romaine, comme en témoignent les restes d'un temple païen réutilisé dans l'une de ses églises. Des artefacts de la période byzantine ont également été mis à jour…

La population atteignait 15 000 habitants dans les années 1950, mais au début de notre décennie, seulement quelques milliers de personnes y avaient une résidence permanente ici. De nombreuses familles locales avaient déménagé à Damas pour de meilleures opportunités de carrière, en revenant à la ville en vacances. Maalula (معلولا) a une petite population musulmane sunnite, la plupart résidant dans sa banlieue sud-est. La communauté chrétienne est surtout répartie entre les églises catholiques grecques orthodoxes et orthodoxes antiochiennes et les églises grecques melkites.


Connue pour sa communauté chrétienne araménophone (l'une des rares survivant au Moyen-Orient), la ville était devenue un centre de préservation et de revitalisation de la langue. Le dialecte occidental de l'araméen parlé ici est considéré comme le dialecte survivant le plus proche de la langue parlée dans la Palestine du premier siècle et est donc étroitement associé à la langue maternelle de Jésus. La langue a évolué au cours de près de deux millénaires d'isolement géographique, mais demeure importante pour les études en anthropologie linguistique. Deux villages plus petits à proximité, Jubaadin (جبعدين) et Bakhaa (بخعة), ont également des locuteurs araméens.

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Il existe plusieurs sites remarquables à Maalula (معلولا) . Dans le grand nord de la ville, Deir Mar Taqla (دير مار تقلا), un monastère de femmes orthodoxes grecques dédié à Sainte Taqla (Sainte Thècle). Elle est considérée comme un disciple de Saint Paul l'apôtre, en promouvant ses enseignements aux femmes (en particulier l'importance de la chasteté) et en devenant un symbole de l'autonomisation féminine à l'époque. Elle est considérée comme l'un des premiers martyrs du christianisme. La chapelle de la grotte au-dessus du complexe plus moderne de l'église et du monastère est, selon la tradition locale, sa sépulture. Il n'y a pas de preuve archéologique pour confirmer cette association, mais cela n'empêche pas un flux régulier de pèlerins religieux de visiter le site.





Monastère grec orthodoxe de Mar Takla


Depuis le monastère de Mar Takla…

Au nord du monastère de Mar Takla se trouve un petit ravin qui monte aux collines surplombant la ville. Dominant le ravin, le monastère Deir Mar Sarkis (دير مار سركيس) . Ce monastère catholique grec melkite est le site le plus archéologiquement important de la ville. L'église, à l'extrémité sud du monastère, a des fondations remontant à un temple païen de l'époque romaine. De nombreux autres éléments architecturaux remontent aux cinquième et sixième siècles. Saint Sarkis (Sergius) et son compagnon Bacchus ont été particulièrement vénérés dans les régions désertiques syriennes pendant la période byzantine.







Sarkis (Serge) était un officier militaire supérieur romain, commandant (primicerius) avec son officier adjoint Bacchus (secundarius) une troupe d’élite composée de Barbares, appelée la Schola Gentilium, sur la frontière orientale de l’Empire, face à l’empire Parthe.

Aux alentours de l’an 303, durant la persécution de Dioclétien, le co-empereur Maximien en visite en Commagène (petite région au Nord-Est de l’ancien royaume d’Édesse, l’Osrhoène) voulut offrir des libations à Jupiter, mais Serge et Bacchus refusèrent d’y accompagner l’empereur du fait qu’ils étaient chrétiens. Ils confessèrent courageusement leur foi. Bacchus succomba assez rapidement sous la violence de la flagellation et des coups ; Serge subit de longs tourments. Parmi ceux-ci, il fut condamné à courir 18 miles chaussé de sandales dont la semelle intérieure avait été hérissée de pointes acérées. Pendant ce supplice, Bacchus lui apparut et l’encouragea à persévérer, lui disant qu’ils seraient rapidement réunis au Ciel. Serge fut décapité à Resafa [الرصافة] en Euphratésie de Syrie (à 200 km à l’Est d’Alep, près de Raqqa).

Leur martyre fut rapidement célèbre dans toute l’Église, comme en témoigne la présence de leur fête dans de nombreux martyrologes antiques et la grande vénération qui entoura leur reliques, ainsi que l’intérêt que leur porta plusieurs historiens ecclésiastiques, en particulier Théodoret.

Dès la paix de l’Église, la tombe des saints Serge et Bacchus dans la ville de Resafa [الرصافة] devint rapidement le plus important centre de pèlerinage d’Orient : une magnifique basilique fortifiée fut élevée sur la tombe des martyrs la ville pris le nom de Sergiopolis. Elle devint siège d’un évêché vers 431 et au début du VIème siècle c’était le siège d’un archevêché métropolitain avec cinq évêques suffragants. Sous le règne de Justinien, la ville était centre de pèlerinage d’une richesse inouïe ; on y édifia des murailles magnifiques, des citernes et autres bâtiments imposants encore visibles. Une muraille de trois mètres d’épaisseur formant un rectangle de 500 mètres sur 100 mètres fut même construite pour protéger des voleurs les dons magnifiques que faisaient les pèlerins. Le pèlerinage attirait en particulier les tribus arabes chrétiennes du royaume des Ghassanides. La ville fut assiégée en 543 et pillée en 616 par les Perses et déclina après la conquête musulmane, mais le pèlerinage chrétien subsista jusqu’au XIIIème siècle et les ruines encore visibles aujourd’hui sont imposantes.

Serge et Bacchus étaient universellement vénérés dans l’Empire byzantin, et tenus comme protecteurs de l’armée ; l’empereur Justinien (527 † 565) bâtit en leur honneur des basiliques magnifiques à Constantinople et à Saint-Jean d’Acre. Celle de Constantinople, devenue une mosquée après la chute de la Ville, reste un chef d’œuvre de l’art byzantin. Sa construction dura de 527 à 536 sous la conduite des architectes Isidore de Millet et Anthemius de Tralles, qui édifièrent ensuite sur son modèle la basilique Sainte-Sophie.

Le monastère Saint-Serge-et-Saint-Bacchus dans la ville araménophone à majorité chrétienne de Maaloula en Syrie remonte au moins au Vème siècle et serait l’un des plus anciens du Moyen-Orient encore en activité. Son église daterait de 313-325 et fut édifiée à l’emplacement d’un ancien temple païen ; cette église serait la plus ancienne du monde encore en activité. Le 4 septembre 2013, ce monastère de Maaloula a été attaqué et incendié par les rebelles islamistes du front al-Nosra, ses icônes (certaines du Xème siècle), de renommée mondiale, ont été brûlées, volées ou détruites, dans l’indifférence générale.

Les saints Serge et Bacchus sont particulièrement vénérés par l’Église arménienne, qui fait précéder leur fête de trois jours de jeûne préparatoire.

Leur culte se développa également assez tôt en Occident. Le Sacramentaire Gélasien contient une messe pour leur fête, et cinq lieux de culte leur furent dédiés dans Rome ; le plus ancien fut établi dans le forum romain en 678 par le pape saint Agathon (678 † 681), il fut le siège de l’une des sept diaconies cardinales de Rome. L’actuelle église des Saints-Serge-et-Bacchus-des-Monts est la paroisse romaine des Ukrainiens catholiques.

Des reliques de saint Serge parvinrent en Gaule dès le VIIème siècle et il existe toujours à Angers une basilique gothique qui lui est dédiée.
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Lors de cette visite c'est avec réconfort que nous avons pu apprécier les restaurations, très avancées à Deir Mar Sarkis, en cours et très actives à Mar Takla… De nombreuses habitations ont également été restaurées… Malheureusement beaucoup des habitants de Maaloula ne sont toujours pas revenus…


Monastère de Saint Serge et Saint Bacchus - Deir Mar Sarkis



















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C'était l'hôtel de Maaloula, dernier bastion des takfiris d'où l'Armée Arabe Syrienne les a délogés lors de la libération de la ville…


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Accueillis par le père Toufic Eid, visite de la ville martyre de Maaloula… (voyage août 2015)

Toufic Eid

SOS Chrétiens d'Orient - Syria -  مسيحيي الشرق - سوريا SOS

L'Œuvre d'Orient

L'Orient le Jour : L'armée syrienne reprend le contrôle de la ville chrétienne de Maaloula (14 avril 2014)

Comment le village chrétien de Maaloula revient à la vie

Institut d'Études Araméennes - IEA

Shlama Foundation

Al Sakhra - الصخرة

Aide à l'Église en Détresse - AED

SOS Maaloula (Béziers)

Fête de l'Exaltation de la Sainte Croix… de Maaloula… à Saint Julien le Pauvre (14 septembre 2015)


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"L'Armée arabe syrienne, appuyée par le Hezbollah, a repris, lundi 14 avril 2014, la localité chrétienne de Maaloula, au nord de Damas, où trois membres d'une équipe de la télévision du parti chiite ont été tués par les bandits islamistes.
Avec la reconquête de cette cité, aujourd'hui déserte mais qui comptait avant la guerre quelque 5 000 habitants, la Syrie parachève son contrôle de la région du Qalamoun, au lendemain de l'annonce par Bachar Al-Assad d'un « tournant » dans la lutte contre l'agression exécutée sous la bannière islamiste et soutenue par une coalition de 93 pays manipulés par la CIA."


mercredi 14 juin 2017

Avec la Communauté syrienne de France, qalaat Salah al-Din [قلعة صلاح الدين], le château de Saône



Situé dans le cadre splendide du djebel Ansariye, le château de Saône, aujourd'hui dénommé qalaat Salah al-Din [قلعة صلاح الدين], est sans conteste le monument historique le plus impressionnant de la région de Lattakia [اللاذقية]. Un site incontournable pour quiconque visite cette région côtière. Non seulement le château lui-même est spectaculaire tant par sa beauté et son étendue exceptionnelle, mais encore la campagne environnante offre certains des plus beaux paysages de montagne en Syrie.

Épargné par les combats, destructions et pillages récents… dans un cadre spectaculaire, vue plongeante dans les montagnes et les forêts environnantes s'étendant jusqu'à la mer… mais aussi une flore abondante et extraordinairement variée tapissant et le sol et les murs de cette forteresse…




Le magnifique château de Saône, en référence à sa conquête par Saladin en 1188, est désormais officiellement désigné depuis 1957, sous le nom de qalaat Salah al-Din [قلعة صلاح الدين]. Les Croisés l'appelaient château de Saône, devenu en arabe Sahyoun [قلعة صهيون]. Le château actuel date XIIIe siècle, bien que ses origines soient beaucoup plus anciennes. Au début du 1er millénaire av. J.-C., les Phéniciens fortifient le site et le conservent jusqu'en 333 av. J.-C., quand Alexandre le Grand, se dirigeant vers l'Égypte, entre en Syrie. Dans la seconde moitié du Xe siècle les Byzantins, conduits par l'empereur Jean 1er Tzimiskès, avancent en Syrie du Nord, rétablissant le duché d'Antioche, et s'emparent du site de la dynastie hamdamide d'Alep. Les vestiges de leurs fortifications sont encore visibles dans la vieille citadelle qui s'élève sur une petite colline de pierre, au centre de la partie est du château, ainsi que les traces des murs de défense, désormais comprises dans le travail ultérieur, et plus solide, des Croisés.



À l'époque franque comme à l'époque byzantine, le type de châteaux de plan régulier ne fut pas toujours employé.
Une telle régularité ne convenait guère qu'en terrain plat. Mais dans les montagnes, sur les sommets où l'on voulait
tenir fortement un point stratégique important, on s'efforça de faire suivre aux murailles d'enceinte les bords des escarpements.
Ainsi, c'est la disposition du terrain qui commande le tracé du plan et celui-ci est presque toujours fort irrégulier.
Ces vastes enceintes franques qui occupent parfois une superficie de plusieurs hectares (Krac des Chevaliers 2 hectares 1/2 environ,
Margat, Saphet 4 hectares environ, Saône 5 hectares 1/2 environ) se dressent souvent sur une éminence isolée qui a la forme
d'un triangle allongé (Margat, Subeibe, Akkar) ; elles l'occupent entièrement.

Parfois elles sont placées à l'extrémité d'un promontoire en éperon bordé par deux ravins qui viennent se rejoindre ;
pour isoler la forteresse de la chaîne montagneuse que termine l'éperon, on coupe cette chaîne par un fossé profond
(Édesse, Gargar, Ranculat, Saône, Kérak de Moab, Montfort, Bakas, etc.)

À Saône les Francs ayant, pour mieux s'isoler du plateau, creusé dans le roc vif un fossé d'une grande largeur (20 mètres),
ils ont pris soin en faisant ce travail de ménager une aiguille de pierre haute de 28 mètres destinée à servir de pile
au pont lancé par dessus le fossé et conduisant à une entrée de la forteresse. Une aiguille analogue se voit
à Édesse, à Gargar, autre château du comté d'Édesse et à Néphin, château du comté de Tripoli. 

Source : L'Orient-Latin - Les Croisades, les possessions des Ordres Militaires en Orient

Les Croisés occupent d'abord le château au début du XIIe siècle. En 1119, Roger, prince d'Antioche, le confie comme gage féodal à Robert de Saône, de qui il gardera le nom. Les Croisés restent maîtres de la forteresse jusqu'à sa conquête par Saladin, en 1188. Entre-temps, les Croisés y entreprennent d'importants travaux de construction, exploitant les fondations byzantines et lui donnant son aspect actuel. Aux origines byzantines, le château de Saône devient une forteresse grandiose avec ses défenses renforcées par les Croisés qui creusèrent un fossé profond coupant l'éperon rocheux sur lequel elle est assise afin de la rendre inaccessible à d'éventuels assaillants. Un massif donjon carré de 24 m de côté, dominant le front est et se dressant au-dessus de cet abîme artificiel en rendait l'approche bien périlleuse.C'est pourquoi cet exemple d'architecture croisée reste unique, et inhabituel pour cette époque, tant par sa taille extravagante que son exécution.

Sa conquête par Saladin en 1188 est alors surprenante. Saladin avait ignoré d'autres places-fortes croisées majeures dans la région, tels le Krac des Chevaliers et le Qalaat Marqab, pour se concentrer sur des châteaux de moindre puissance, dont la prise s'avérait plus aisée. Toutefois, après avoir occupé Lattakia, Saladin fait le siège du château de Saône. Deux jours après, les murs nord de la cour inférieure sont percés, et les Croisés, en nombre insuffisant, se rendent. On pense que cette place croisée n'abritait qu'une faible garnison destinée à intervenir dans la région en cas d’alerte.

Aux mains des musulmans, la forteresse est d'abord contrôlée par la famille d'un émir allié aux Ayyoubides, les Manguwiri de Naser al-Din, avant d'être repris par le sultan mamelouk Baybars, en 1272, alors que celui-ci faisait campagne pour expulser les Croisés de la région. En 1280, il tombe brièvement aux mains de Sonqor al-Ashtar, gouverneur de Damas, en révolte contre les Mamelouks, mais revient aux Mamelouks sous le sultan Qalaun, successeur de Baybars, en 1287, après un court siège. Son importance stratégique semble ensuite avoir décliné irrémédiablement. Il abrite un temps un village, puis est abandonné.



























Un petit musée au sein du château









L'intérieur de la Grande Citerne de 36 mètres de longueur (au nord, nº 14 sur le plan)

Outre les éléments de défense, les constructeurs d'une forteresse se doivent de prendre des dispositions pour la subsistance de la garnison à l'intérieur de l'enceinte, notamment en cas de siège… C'est ainsi que le château de Saône s'est doté d'un système complexe de collecte et de réserve d'eau. Témoignage de ces réserves, deux hautes citernes voûtées en berceau brisé : l'une près de l'écurie (nº 6 sur le plan), de 17 mètres de long ; l'autre vers le nord (nº 14 sur le plan), de 36 mètres de longueur. La première devait recevoir l'eau, descendant par des canalisations de poterie, des terrasses des grands ouvrages voisins ; l'autre n'est qu'à demi-souterraine ; elle avait sa propre terrasse, d'où l'eau descendait dans ce vaste réceptacle. On observera également l'orifice d'une citerne ou d'un puits dans la basse-cour. Ces châteaux des Croisés avaient aussi des moulins, à vent, à bras ou mus par des animaux. Au Krac des Chevaliers se trouvait sur une tour un moulin à vent. À Sahyoun ont été trouvées dans une salle plusieurs meules de moulin. Ces châteaux avaient aussi un ou plusieurs fours ; des fours ont été retrouvés au Krac des Chevaliers, à Margat et à Kerak de Moab en Transjordanie. Si aucun aucun four n'a été jusqu'à présent trouvé à Sahyoun, il n'est pas douteux qu'il s'en trouvât.







Flore abondante et d'une extraordinaire variété…





Du haut de la forteresse, près de la tour carrée de 24 mètres de côté qui domine le front est (nº 8 sur notre plan et "view point" au nord du donjon) comme à l'arrivée ou au départ pour mieux apprécier, admirons cette prouesse technique majeure réalisée dans la construction de cette citadelle franque : les "ingénieurs" de l'époque ont imaginé d'isoler la forteresse "de la terre ferme" en creusant dans la montagne et à même la roche une tranchée de 150 mètres de long sur 20 mètres de large pour près de 40 mètres en hauteur, tout en conservant au milieu du fossé un monumental pilier monolithique supportant une passerelle pont-levis ! Plus de 50 000 m3 de roche qu'ont dû extraire à la sueur de leur front de vaillants ouvriers, matériaux qui auront contribué à l'édification des fortifications et constructions de la forteresse…







Pilier monolithique dégagé par les déblaiements…
On aperçoit en haut à droite l'ancrage de l'ancienne passerelle reliant la tour principale à l'extérieur.












Le groupe de la Communauté syrienne de France après la visite de la forteresse, en compagnie d'Abou Seliman notre chauffeur
qui nous a déjà accompagnés de Tartous à Damas, puis Palmyre lors de notre voyage précédent en novembre 2016



À proximité du château, se repérer…