Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 19 août 2011

Charles de Foucauld : l'aventurier de Dieu

« À 17 ans j'étais tout égoïsme, tout vanité, tout impiété, tout désir du mal, j'étais comme affolé… »
« Les Touaregs de mon voisinage me donnent les plus grandes douceurs et consolations ; j'ai parmi eux d'excellents amis. »
« Mon apostolat doit être l'apostolat de la bonté. Si l'on demande pourquoi je suis doux et bon, je dois dire : "Parce que je suis le serviteur d'un bien plus bon que moi". »
« Mon Dieu, faites que tous les humains aillent au ciel ! » …

Charles de Foucauld (Frère Charles de Jésus) est né à Strasbourg le 15 septembre 1858. Orphelin à six ans, il est élevé, avec sa sœur Marie, par son grand-père, dont il suit les déplacements liés à sa carrière militaire.

Adolescent, il s'éloigne de la foi. Connu pour son goût de la vie facile, il révèle cependant une volonté forte et constante dans les difficultés…

Charles de Foucauld intègre Saint-Cyr pour une carrière dans l’armée… Mais, à vingt-trois ans, il décide de démissionner de l'armée pour une périlleuse exploration du Maroc alors interdit aux Européens, en se faisant passer pour un Juif (1883-1884). La qualité de ses travaux lui vaut la médaille d'or de la Société de géographie, et une grande renommée suite à la publication de son livre Reconnaissance au Maroc (1888).

 Le témoignage de la foi des musulmans réveille en lui la question de Dieu : "Mon Dieu, si vous existez, faites que je vous connaisse"

De retour en France, touché par l'accueil affectueux et discret de sa famille profondément chrétienne, il se met en quête. Guidé par un prêtre, l'abbé Huvelin, il retrouve Dieu en octobre 1886. Il a 28 ans. "Aussitôt que je crus qu'il y avait un Dieu, je compris que je ne pouvais faire autrement que de ne vivre que pour lui".

Un pèlerinage en Terre Sainte lui révèle sa vocation : suivre Jésus dans sa vie de Nazareth. Il passe sept ans à la Trappe, d'abord à Notre-Dame des Neiges, puis à Akbès, en Syrie. Il vit ensuite seul dans la prière et l'adoration près des Clarisses de Nazareth.

Ordonné prêtre à 43 ans (1901), il part au Sahara, d'abord à Beni-Abbès, puis à Tamanrasset parmi les Touaregs du Hoggar. Il voulait rejoindre ceux qui étaient le plus loin, "les plus délaissés, les plus abandonnés". Il voulait que chacun de ceux qui l'approchaient le considère comme un frère, "le frère universel". Il voulait "crier l'Évangile par toute sa vie" dans un grand respect de la culture et de la foi de ceux au milieu desquels il vivait. "Je voudrais être assez bon pour qu'on dise : Si tel est le serviteur, comment donc est le Maître ?".

Le soir du 1er décembre 1916, Charles de Foucauld est tué à la porte de son ermitage par une bande qui l'avait encerclé. Très vite, il est  considéré comme un saint et une véritable dévotion s'instaure, confortée par le succès de l'œuvre biographique de René Bazin :  Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara (1921).

Charles de Foucauld avait toujours rêvé de partager sa vocation avec d'autres : après avoir écrit plusieurs règles religieuses, il pensa que cette "vie de Nazareth" pouvait être vécue partout et par tous… De nouvelles congrégations religieuses, familles spirituelles et un renouveau de l'eremitisme s'inspirent des écrits et de la vie de Charles de Foucauld. Aujourd'hui, la "famille spirituelle de Charles de Foucauld" comprend plusieurs associations de fidèles, des communautés religieuses et des instituts séculiers de laïcs ou de prêtres. 

Le procès en béatification de Charles de Foucauld avait commencé dès 1927. Interrompu durant les événements d'Algérie, il reprend ultérieurement… Charles de Foucauld est déclaré Vénérable le 24 avril 2001 par le pape Jean-Paul II, puis bienheureux le 13 novembre 2005 par le pape Benoit XVI.


En 1907, Charles de Foucauld écrivait à René Bazin, de l'Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens (lettre parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, n° 5, octobre 1917)  :

Charles de Foucauld,
explorateur du Maroc, ermite au Sahara
« Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l'Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l'esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l'étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d'autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu'elle a avec les Français (représentants de l'autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d'elle.
Le sentiment national ou barbaresque s'exaltera dans l'élite instruite : quand elle en trouvera l'occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l'islam comme d'un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant.

L'empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d'habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d'habitants rompus au maniement de nos armes, dont l'élite aura reçu l'instruction dans nos écoles. Si nous n'avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu'ils deviennent Français est qu'ils deviennent chrétiens.

Il ne s'agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.

Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui.

D'une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s'y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l'un, celui du « Medhi », il n'y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libre-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu'à l'approche du jugement dernier le Medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l'islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l'islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s'il est soumis à une nation non musulmane, c'est une épreuve passagère ; sa foi l'assure qu'il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l'engage à subir avec calme son épreuve; "l'oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s'il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération", disent-ils.

Ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu'aux Allemands, parce qu'ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger ; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d'honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècles mais, d'une façon générale, sauf exception, tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d'un peuple étranger qu'on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? 

Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d'apostasie, un renoncement à la foi du Medhi...  »

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