Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

dimanche 11 mars 2018

Jean-Bastien Thiry, 55 ans seulement… toujours présent !




Timbre postal personnalisé "55 ans déjà"


En substance dans l'éditorial du bulletin n° 54 du Cercle Jean Bastien-Thiry

L'année 2018 marquera le cinquante-cinquième anniversaire de l'exécution de Jean Bastien-Thiry.

À cette occasion, le Cercle Jean Bastien-Thiry lance une nouvelle édition de timbres postaux personnalisés "55 ans déjà" et organise à Paris le samedi 10 mars 2018 un après-midi "exposition-intervention".

Durant l'été, le Cercle Jean Bastien-Thiry a pu visiter le Centre de Documentation Historique sur l'Algérie (CDHA) d'Aix-en-Provence et a pu constater avec satisfaction que le souvenir des martyrs de l'Algérie y était bien présent. Une stèle en leur honneur accueille le visiteur à l'entrée du Centre et une salle leur est consacrée : on y voit, en grand, les photos des quatre fusillés. le Cercle Jean Bastien-Thiry se réjoui que le CDHA s'agrandisse prochainement et envisage avec celui-ci une coopération plus étroite.

Le Cercle Jean Bastien-Thiry était également présent à la commémoration de la journée du 12 mai organisée par les Harkis d'Île-de-France. Le 12 mai 1962 est la date à laquelle le ministre des Armées de DeGaulle, Pierre Messmer, a envoyé un télégramme au Haut-Commissaire en Algérie interdisant tout déplacement en Métropole des Harkis. Ce télégramme a été suivi par un autre télégramme ultraconfidentiel signé Louis Joxe dont voici le texte : "Ministre État Louis Joxe demande à Haut-Commissaire rappeler que toutes initiatives individuelles tendant à installation métropole Français Musulmans sont strictement interdites. En aviser urgence tous chefs S.A.S. et commandants d'unités". Les Harkis étaient abandonnés par la Métropole, laissés à la merci des nouveaux maîtres de l'Algérie. C'est pour limiter les massacres de ces populations qui avaient fait le choix de la France que Jean Bastien-Thiry a continué d'organiser une action de force contre DeGaulle, même après la signature des "Accords" d'Évian.

Dates à retenir et à diffuser :

Samedi 11 novembre 2017 à 15 heures :
Cérémonie au cimetière de Bourg-la-Reine (92) en mémoire de tous les morts de l'Algérie Française, unis dans notre souvenir à ceux qui ont donné leur vie pour la patrie au cours des deux dernières Guerres mondiales et des combats Outre-mer.

Samedi 10 mars 2018, 14h30-17h30 :
Exposition et interventions sur Jean Bastien-Thiry à Paris.

Dimanche 11 mars 2018 à 15 heures :
Cérémonie-souvenir au cimetière de Bourg-la-Reine.

Merci aux personnes qui feront dire des messes pour Jean Bastien-Thiry au moment du 11 mars 2018 de prévenir le Cercle Jean Bastien-Thiry avant le 1er février 2018 des dates, heures et lieux de ces messes afin que le Cercle puisse les publier dans son bulletin. 

DVD "Dans la tête des quatre généraux" : Très intéressant document retraçant le parcours des quatre généraux qui ont été à la tête du putsch d'avril 1961 à Alger. Peut être commandé au prix de 10 euros le DVD, port offert, à l'adresse suivante : ARS c/o Hervé Pignel-Dupont 11 rue de la Foire 30400 Villeneuve lez Avignon.

Le Cercle Jean Bastien-Thiry a appris avec tristesse le décès en août dernier de Dominique Cabane de Laprade, membre de l'équipe de l'attentat de Pont-sur-Seine contre DeGaulle en septembre 1961. Dominique Cabane avait tenu, malgré sa fatigue, à assister à la cérémonie du 12 mars dernier à Bourg-la-Reine. Il a rejoint son épouse bien-aimée qui l'avait précédé de deux ans auparavant.

Voilà chers amis la sustance de cette première page du bulletin du Cercle Jean Bastien-Thiry.

Si vous le désirez, vous pouvez obtenir ce bulletin auprès du  Cercle Jean Bastien-Thiry, B.P. 50070 , 78170 La Celle Saint Cloud. Vous y trouverez l'émouvant témoignage de Mme Simone Gautier sur la fusillade du 26 mars 1962 à Alger, lu à Bourg-la-Reine le 11 mars 2016. Vous y trouverez aussi le témoignage de Françoise Bastien-Thiry en mars 2013 ainsi que l'évocation de Jean Bastien-Thiry par l'abbé Pivert .

*   *   *

Le 11 mars 1963, la France perdait un héros…

Soldat, attends !

Au Colonel Jean Bastien-Thiry,
Au fort d’Ivry le matin du 11 mars 1963…
La voix de la conscience parle
à chacun des 12 soldats du peloton d’exécution…
À moins que ce ne soit la voix du Colonel Bastien-Thiry,
Ou son âme immortelle, prête à s’envoler…
À moins encore que ce ne soit la voix de la France éternelle…
Ou la voix des combattants et des patriotes
Qui sont morts pour que l’Algérie reste française…
Peut-être même est-ce le chœur des voix de tous les combattants
Morts dans toutes les guerres,
Puisque les hommes ne savent pas vivre en paix…

L’aube a dissipé les ténèbres
Le jour se lève sur la terre
L’âme des morts en temps de guerre
Est présente en ces lieux funèbres.

Attends soldat, attends, attends encore un peu,
C’est un meurtre qui se prépare.
Attends donc un moment avant d’ouvrir le feu,
Avant que la mort ne s’empare
De cet homme au poteau que tu dois fusiller,
Que ton tir fera vaciller.


Attends, soldat, écoute, attends donc un moment.
Ce condamné qui te fait face,
Là-bas, en Algérie, avait fait le serment
De ne jamais quitter sa place,
De garder cette terre et de la protéger
Malgré le risque et le danger.

Attends soldat, attends encore un bref instant
Avant de commettre ce crime !
On t’a menti soldat. Tu parais hésitant,
Car c’est le sang d’une victime
Que tu devras verser. Où donc est ton devoir ?
Vas-tu tirer sans t’émouvoir ?

Soldat, attends. Sais-tu combien de nos soldats
Se sont battus en Algérie ?
Et combien de Français valeureux aux combats
Sont morts là-bas pour la Patrie ?
Ceux qui sont enterrés dans le sol algérien
Sont-ils vraiment tombés pour rien ?

On t’a trompé, soldat. Tu vas verser le sang
D’un combattant pur et sans tache
D’un officier français. Cet homme est innocent.
Ce condamné que l’on attache
Avait mis une croix de Lorraine en son cœur
Sous sa vareuse d’aviateur.

Soldat, attends un peu, souviens-toi des Pieds-noirs
Quittant leur province natale,
Leurs maisons et leurs champs, leur terre et leurs espoirs,
Échappant à une mort fatale,
Quand ils ont dû choisir, valise ou bien cercueil,
L’exil, la misère ou le deuil.

Attends, soldat, attends, souviens-toi des Harkis
Livrés sans arme et sans défense.
Quand on leur ordonna de rendre leurs fusils,
Ils croyaient encore à la France.
Ils furent par milliers vendus aux massacreurs,
Au coutelas des égorgeurs.

Soldat, n’hésite plus. Pourquoi donc trembles-tu ?
Il porte sa Croix de Lorraine.
Sous ce pesant fardeau, il avait combattu.
Il a dépouillé toute haine,
Il n’a jamais trahi, il s’est bien préparé,
Il ne s’est pas déshonoré.

Soldat, qu’attends-tu donc ? Vise bien droit au cœur.
Cet homme affamé de Justice
Qui refusa le crime et sauva notre Honneur
Est prêt pour le dernier supplice.
II n’espère plus rien de ces vils magistrats
Et de ces lâches scélérats.

Soldat, épaule ton fusil ; vise bien droit.
Plus tard, tu verseras ta larme.
Soldat ne tremble pas en appuyant le doigt
Sur la gâchette de ton arme.
Soldat, ne pense à rien. Ajuste bien ton tir.
Après, viendra le repentir.

Soldat, tu ne sais pas que la majorité
Des habitants de l’Algérie
Voulait rester Française, et la fraternité
Fut détruite par Barbarie
Et trahison, et les Pieds-noirs abandonnés,
Et les Harkis assassinés.

Soldat, tu dois tuer ce juste au fort d’Ivry.
Un sang pur va couler encore
Pour s’unir à jamais aux récents morts d’Isly :
Derrière un drapeau tricolore,
En mars de l’an dernier, marchaient des Algérois.
Ils sont tombés les bras en croix.

Les douze coups de feu bientôt vont retentir.
Déjà cet homme est un martyr.

(Louis de Condé – Fresnes, cellule n°23 des condamnés à mort )
Extrait du recueil "Voyage" de Louis de Condé, en vente à la Librairie de la Tour, 6 rue de la Source de l’Hôpital – 03200 Vichy - tél. +33 470 32 57 83 – +33 954 11 15 79 – Courriel : libtour@free.fr
Ce poème a été composé en 1965-66 par Louis de Condé dans la cellule 23 du CNO de Fresnes, cellule des condamnés à mort dans laquelle le Colonel Bastien-Thiry a passé ses derniers jours et surtout sa dernière nuit. "Soldat, attends" a été lu par Louis de Condé lors du Colloque des 50 ans à Paris.




lundi 12 février 2018

Qu'est devenue la cartomancienne de Silom ?





La cartomancienne de Silom jadis chaque nuit  fidèle au poste à Sala Daeng, près du carrefour Silom-Covent…





samedi 10 février 2018

Moyen-Orient : le jour où l’ordre stratégique a basculé



Le basculement stratégique au Levant consécutif à la fin de l'hégémonie militaire israélienne au Moyen-Orient au lendemain de la guerre du Liban de juillet 2006 a commencé le 19 septembre 2016 lorsque pour la première fois depuis la guerre israélo-arabe d'octobre 1973, les forces armées syriennes ont riposté aux attaques aériennes israéliennes.


Fateh 110


Le 10 février 2018 est un jour de tonnerre au Moyen-Orient : entamée par un intense brouillage électromagnétique israélien affectant l'ensemble des télécommunications, un drone de fabrication iranienne appartenant à une force alliée de l'Armée syrienne survole la partie du Golan occupée par Israël suite à des informations faisant état de l'imminence d'une attaque israélienne sur des positions syriennes. Des hélicoptères et des aéronefs israéliens interceptent et détruisent le drone de reconnaissance, mais l'état-major de Tsahal décide de lancer des raids de représailles à l'intérieur de la Syrie en ciblant les centres de commandement et de contrôle ainsi que des unités militaires du premier rang. C'était un piège tendu. Les Israéliens s'y sont engouffrés la tête en avant.

Sept missiles de croisière israéliens Delilah ont été interceptés et détruits par la défense anti-aérienne syrienne tandis que trois se sont abattu sur deux sites au Nord de Damas.

Des batteries de missiles SA-5 (S200) améliorés basées au Sud de la Syrie ont ouvert le feu sur les appareils israéliens intrus. Une salve de cinq missiles est tirée dans un premier temps. Un F-16 I Sufa israélien est atteint par deux missiles au dessus du territoire israélien et un F-15 est gravement endommagé par l'explosion d'un missile à proximité.

Missiles Sol-Air S-200 (SA-5 Gammon)


Le premier appareil est totalement détruit ; le second prendra feu à l'atterrissage et sera perdu. Des missiles SAM syriens pénètrent à l'intérieur d'Israël et du Liban provoquant une panique indescriptible au sein des QG israéliens.

En représailles, les Israéliens lancent une seconde salve de missiles de croisière ciblant la base aérienne T4, le QG de la 104ème Brigade, le QG des forces de défense aérienne du territoire et des batteries SAM.

Le Quartier général de la défense anti-aérienne syrienne à Damas, pris pour cible par les raids israéliens, est non seulement intact mais aucune explosion n'a été enregistrée à proximité. Au sud du pays, aucune batterie SAM ou radar n'a été touché malgré l'usage par les Israéliens de missiles ARM (Anti Radiation Missiles). C'est au Nord de Damas que les missiles israéliens ont causé le plus de dégâts, notamment à l'intérieur de la base abritant la 104ème brigade d'élite de l'Armée syrienne.

Une seconde vague de raids aériens est lancée par des forces américaines et israéliennes mais les pilotes ont été surpris par l'allumage inattendu de dizaines de radars jamais répertoriés jusque-là dans les bases de données des cibles militaires syriennes et un feu intense de la DCA syrienne dont les redoutables systèmes Pantsir S-1 de défense rapprochée. Les Syriens allument les avions intrus et des missiles S-200 sont lancés. Résultat de la journée : cinq appareils sont atteints par des obus de DCA et un autre F-16 dont les systèmes de commandes de vol sont endommagées s'écrase en Israël. Un autre appareil atterrit et prend feu de retour à sa base de départ.



Pantsir S-1


La douzième agression israélienne contre la Syrie depuis le début du conflit dans ce pays en mars 2011 s'est non seulement avérée un véritable fiasco mais marque un basculement majeur dans l'équilibre des forces stratégiques au Moyen-Orient dans lequel Israël a perdu son hégémonie militaire.

Excédé par un rapport détaillant les premières pertes syriennes lors de la phase 1 des raids israéliens sur un site militaire très sensible au Nord de Damas, le président Assad a ordonné une riposte balistique visant trois cibles stratégiques en Israël. Des missiles balistiques de type SCUD modifiés par les Iraniens ont failli être tirés à partir d'un site situé près de Hama.

Malgré 100 000 militaires tués au cours de sept années de guerre particulièrement meurtrière, la Syrie dispose toujours de près de 2000 missiles balistiques de type SCUD.


Radar réseau à commande de phase à balayage actif similaire au type RLM NEBO M couplé aux batteries de missiles SAM


Selon un plan secret pré-établi avec le Hezbollah, cette action devait être la première étape d'une guerre totale entre la Syrie, l'Iran et le Hezbollah d'un côté et Israël et ses alliés de l'autre.

C'est les Russes qui ont évité in-extremis un tel scénario apocalyptique. le président russe Vladimir Poutine est intervenu personnellement auprès du Président syrien Assad et du Premier ministre israélien Nétanyahu et si l'on ne sait rien de l'argumentation russe, elle devait être assez convaincante pour aboutir à une désescalade rapide.

En fin de journée, le brouillage électro-magnétique israélien persiste mais à Damas, on jubile : la dissuasion stratégique syrienne est désormais une réalité. À Tel-Aviv on continue à évoquer la menace iranienne mais on cache mal une consternation : le pire cauchemar des stratèges israéliens vient de prendre forme.

Washington nous avait promis un nouvel Moyen-Orient élargi. Nous sommes présentement devant un nouvel Moyen-Orient mais ses contours ne ressemblent guère aux rêves d'hégémonie du Nouveau siècle américain et encore moins aux ambitions demeurées d'un Grand Israël mythique…


Missile Delilah



Strategika51 (11 février 2018)  - Le secret de l’efficacité du S-200 en Syrie








lundi 29 janvier 2018

En avril prochain, venez goûter à la vraie beauté du printemps en Syrie… avec la Communauté syrienne de France




(association déclarée, régie par la loi du 1er juillet 1901)

dans le cadre de son projet "Solidarité Syrie"

en coordination avec les autorités officielles syriennes
et de nombreuses associations implantées en Syrie

a le plaisir de vous inviter à son 9ème voyage

"Solidarité avec le Peuple syrien"

prévu pour la dernière semaine d'avril 2018





Ce voyage de solidarité avec le peuple syrien, organisé sur une semaine, vous permettra de participer à la confiance et à la joie des Syriens face à une victoire qui ne peut plus leur échapper après tant d'années de malheurs et de sacrifices…


Durant ces terribles dernières années la Communauté syrienne de France a été présente… De nombreux Français et amis de la Syrie, malgré les dangers annoncés, sont venus témoigner leur solidarité, par leur présence, par leur dons en médicaments, en matériels pour les blessés, en fournitures scolaires et jouets pour les enfants… Tous ces voyages ont été effectués dans des conditions de parfaite sécurité, tous les déplacements étant alors escortés quand la prudence le rendait souhaitable…
Programme 

Un programme d’une semaine vous offrira le bonheur rare de vous mêler librement à une population chaleureuse immensément sensible à votre présence… Avec des Syriens vous découvrirez les richesses culturelles et historiques de leur pays, pour la plupart joyaux du patrimoine de l'humanité… Vous rencontrerez des autorités religieuses, des responsables politiques, des militaires et membres de forces d'autodéfense… Chacun vous exposera sa vision des évènements passés, de l'actualité, ses espoirs pour l'avenir… Vous serez toujours libre de poser vos questions qui recevront une réponse en toute franchise…


Ce voyage - toujours en zones sécurisées - vous fera découvrir les villes de Damas, Alep, Hama, Homs, Safita, Lattaquié… les sites du Krak des Chevaliers, de Palmyre (et autres, selon les conditions de sécurité)…


Un programme détaillé vous sera transmis ultérieurement dès sa finalisation mais sur place, selon les opportunités, des découvertes non prévues seront très certainement proposées…


Pour plus de confort et toujours plus de proximité avec nos contacts syriens, le groupe est limité à 12 à 15 personnes… La Communauté syrienne de France effectuera toutes les formalités de visa d'entrée en Syrie…

Les inscriptions sont reçues jusqu'au 15 février 2018…

Contact par courriel : rcsfrance@gmail.com

Pour plus d'information sur les précédents voyages vous êtes invité à consulter les carnets de voyages en Syrie d'un de nos participants sur le blog Via Recta - الشارع المست (du nom de la rue Droite, de Saint Paul, la principale artère de la vieille ville de Damas)… Le carnet du denier voyage d'octobre 2018 vous ouvre les liens vers tous les précédents voyages, articles et photos…





mercredi 24 janvier 2018

Si Thep creuset de civilisations, de la Préhistoire à l'Empire khmer, sanctuaire de Sūrya…




Samedi 20 janvier, "Parc historique de Si Thep"…  Quelques amis francophones, Thaïlandais et Français, réunis et conduits par Philippe Courtine, docteur en Géographie tropicale et professeur de Géographie depuis plus de trente ans à Bangkok, parcourent la ville ancienne de Si Thep et ses environs…

La beauté et la richesse du patrimoine culturel de la Thaïlande offrent un étonnement sans cesse renouvelé… Les immenses et constants efforts du Département des Beaux Arts de Thaïlande pour des campagnes de nouvelles fouilles archéologiques, la restauration, la mise en valeur et l'entretien des sites découverts font de toute visite une incursion dans un monde ancien toujours actif et vivant…

Que ces quelques éléments de présentation du "Parc historique de Si Thep" nous permettent autant de fixer nos impressions et découvertes lors de cette visite d'un jour que de les partager avec tous les amoureux de la Thaïlande…

 





Dans le complexe archéologique "Parc historique de Si Thep", la ville historique de Si Thep (ou Sri Thep) a été bâtie au cœur du bassin du Mae Nam Pa Sak, un affluent du Chao Phraya qu'il rejoint dans son estuaire à Ayutthaya…  Dans le sud de la province de Phetchabun, Si Thep sera atteinte après 240 kilomètres de route au nord de Bangkok… et, plus au nord, avant 630 km de Luang Prabang !






"Parc historique de Srithep" : localisation des principaux centres d'intérêt

Selon un moine, les villageois l'appelait Muang Apai Sali. En 1904, on nota le nom de Si Thep dans un compte-rendu de la visite de la province de Phetchabun par le Prince Damrong. Il rechercha ce nom et le trouva dans les archives d'Ayutthaya et Rattanakosin. Le site offre des témoignages d'occupations successives et complexes depuis la préhistoire… s'y mêlent autant des vestiges religieux, hindouisme, bouddhisme mahayana… que politiques, royaume Dvâravatî, empire Khmer…

La ville historique de Sri Thep était constituée de deux parties jointes couvrant environ 4,7 km2. La partie la plus interne de la ville (Muang Naï, à l'Ouest), qui couvre 2,08 km2, était entourée de murs et de douves, disposés en cercles quasi concentriques, donnant à la ville un diamètre d'à peu près 1,5 km.

La partie intérieure de la ville est parsemée d'environ 70 étendues d'eau (étangs et réservoirs [baray]) . Cette partie inclut trois monuments principaux (le Prang Sithep, le Prang Song Phi Nong et le Khao Klang Naï), et environ 45 autres sites archéologiques mineurs, tous restaurés par le Fine Arts Department de Thaïlande.

La partie externe de la ville (Muang Nok, à l'Est) est en rectangle avec des coins arrondis. Couvre 2,54 km2, Muang Nok est entourée de murs et douves et comporte des monuments en ruines, suite aux pillages et réutilisations  des matériaux par les occupants successifs. Muang Nok comporte sept entrées, 54 sites archéologiques mineurs et environ 30 étendues d'eau.

En dehors de la ville historique, environ 50 sites archéologiques ont été identifiés, les plus importants étant le Khao Klang Nok et le Prang Rue Si, tous deux situés au nord de la ville, et la grotte de Khao Thamorrat, à l'ouest de la ville près du wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] dans le village de Khok Sa-at



Les douves de l'ancienne ville de Si Thep


Autre aspect des douves de l'ancienne ville de Si Thep…

La ville historique de Sri Thep était abandonnée à la végétation. Une végétation aujourd'hui parfaitement maîtrisée et offrant au parc un cadre magnifique…



Une flore abondante et choisie participe à la beauté du parc… Fleur de Frangipanier (Plumeria alba), le Champa la fleur nationale du Laos




Arbre d'Ashoka (ต้นอโศก) (Saraca indica), l'arbre sous lequel serait né le prince Siddhārtha Gautama, à Lumpini…
Pour les Hindouistes, l'arbre consacré à Kâma, le dieu de l'amour

Préhistoire

Dès la préhistoire le site de Si Thep a été occupé par l'Homme… En 1988, le Département des Beaux Arts de Thaïlande pratiqua une fouille dans une petite colline située à 400 mètres au nord-ouest du Prang Si Thep, à l’intérieur de l’enceinte de la ville de Si Thep. À un mètre de profondeur, on découvrit le squelette d’un éléphant, à la même profondeur que la base d’un monument situé sur cette colline. On découvrit également, à une profondeur de trois mètres, cinq squelettes humains, le squelette le plus complet étant celui d’une femme allongée, la tête vers le nord ; à proximité, des ornements, des armes de métal et de la vaisselle. Deux squelettes sont incomplets, les autres ossements sont dans des jarres situées légèrement au-dessus du premier squelette. Ces squelettes sont les témoins de rituels mortuaires préhistoriques, antérieurs à l’adoption du bouddhisme, il y a environ 2000 ans.








Le royaume Dvâravatî déclina vers le XIe siècle. À cette époque, l'empire Khmer était devenu plus puissant et commença son expansion sur le royaume Dvâravatî. Sri Thep tomba donc sous l'influence khmère, ce que l'on peut constater par le changement de forme du plan de la ville qui passa de circulaire à rectangulaire, en s'étendant vers l'est. Cette extension est appelée Muang Nok (littéralement ville extérieure). On y trouve deux sanctuaires hindous, le Prang Si Thep et le Prang Song Phi Nong, qui datent tous deux du XIIe siècle. Plus tard, ces deux sanctuaires furent modifiés et utilisés pour le culte bouddhiste mahayana, plus spécifiquement, pendant le règne de Jayavarman VII, aux environs du XIIIe siècle. On ne sait toujours pas les raisons du déclin de Si Thep. L'hypothèse la plus populaire est qu'il serait dû à une grave épidémie. 


Prang Si Thep




Prang Si Thep

Le Prang Si Thep est un sanctuaire de style khmer dont la base en latérite est aujourd'hui à un mètre au-dessus du sol. C'est une grosse tour située tout près légèrement au Nord-Est,  du Prang Song Phi Nong…

Le style du Prang Si Thep est identique à celui du Prang Song Phi Nong, et se compose d'une base en latérite et de quatre portiques. Le corps principal de la tour et son toit sont en briques ; les restes du prang culminent aujourd'hui à 12 mètres. La tour ne comprend qu'une entrée, côté ouest, les autres étant de fausses portes. À l'origine, le portique nord menant à la tour, devait être couvert d'un toit de bois. Flanquant l'avant de la tour principale, on trouve deux bannalais en latérite, des bibliothèques conservant jadis les manuscrits sacrés. La base centrale devant la terrasse est prolongée par une chaussée cruciforme qui mène vers le niveau inférieur. Au bout de la chaussée, on trouve quelques reliefs d'une tête de nâga. Des têtes de nâgas se trouvaient sans doute à chaque extrémité de la chaussée, cette chaussée constituant ce qu'on appelle un pont de nâgas, symbolisant le lien entre le ciel et la terre. Un peu plus loin, vers le Prang Song Phi Nong, on trouve un mur de latérite sur un ensemble de socles appartenant à diverses structures. 



Le Prang Si Thep [crédit photo : Ddalbiez]

Le Prang Si Thep date des XIe-XIIe siècles, d'après les linteaux trouvés sur place. On trouve des traces évidentes de restauration de la tour, sous la forme par exemple d'un antéfixe inachevé. On peut en déduire qu'à l'origine, il s'agissait d'un sanctuaire hindou, qui fut ensuite transformé pour le culte bouddhisme Mahayana durant le règne de Jayavarman VII. On retrouve ce changement de culte à de nombreux endroits qui faisaient partie de l'empire khmer. Les travaux de restauration furent cependant stoppés avant l'abandon de Si Thep.


Prang Si Thep


Prang Si Thep


Prang Si Thep


Bassin rituel (peut-être pour les ablutions) du Prang Si Thep


Prang Song Phi Nong

Le Prang Song Phi Nong est un grand sanctuaire situé à l’intérieur du complexe de Si Thep. Il est de style khmer et date à peu près du XIIe siècle. Les villageois nomment la grande tour "phi", c'est-à-dire grand-frère ou grande-sœur en thaï, et la tour plus petite "nong" c'est-à-dire petit-frère ou petite-sœur. Le Prang des deux sœurs… ou des deux frères…



Un aspect du Prang Song Phi Nong [crédit photo : Ddalbiez]

La tour principale fait à peu près sept mètres de haut, est faite de briques sur une base en latérite et est orientée à l’ouest. Elle comporte une seule pièce carrée, garbha-griha, qui servait à abriter une sculpture sacrée. Les trois murs de cette pièce comportent des niches triangulaires qui pouvaient servir à placer des chandelles ou des statues religieuses. 


Garbha-griha du Prang Song Phi Nong


Au sud de la tour principale, on trouve une tour plus petite. À sa découverte, seule subsistait la base, mais la partie supérieure a été restaurée par le Département des Beaux Arts de Thaïlande ; on a remis en place un linteau où figurent Shiva et sa parèdre Parvati sur le taureau Nandin, le seul linteau retrouvé complet à Si Thep. 


Linteau du Prang Song Phi Nong :  Shiva et sa parèdre Parvati sur le taureau Nandin [crédit photo : Ddalbiez]















En plus de ces deux tours, on trouve à proximité les ruines de quelques monuments plus petits. Lors de fouilles récentes, des éléments architecturaux ont été découverts, entre autres des linteaux et des piliers de pierre décorés datant du XIIe siècle. L’un de ces linteaux représente Shiva. On a également découvert un lingam, un yoni et une représentation du taureau Nandin. Les archéologues en ont déduit qu’il s’agissait d’un sanctuaire hindouiste dédié à Shiva construit aux environs du XIIe siècle. Cependant, le lingam, le yoni et le taureau Nandin étaient enfouis sous le bâtiment, ce qui semble indiquer la période de transition entre l’hindouisme et le bouddhisme mahayana, pendant le règne de Jayavarman VII (1181-1217), souverain de l’empire khmer.



Aux environs du Prang Song Phi Nong


Près du Prang Song Phi Nong



Dharmachakra près du Prang Song Phi Nong




Lotus de grès sommital du Prang Song Phi Nong






Khao Klang Naï



Khao Klang Naï [crédit photo : Ddalbiez]

Khao Khlang Naï était un sanctuaire bouddhiste. Le chédi central, de forme rectangulaire et orienté à l’est, est caractéristique du style architectural de Dvâravatî. La base en latérite couverte de plâtre fait environ 12 mètres de haut. Elle est décorée d'atlantes de stucs représentant des nains ganas, des singes, des lions, des buffles, des éléphants. Ces figures en posture d’atlantes ou cariatides sont censées protéger et soutenir le monument. Leur style les date au IXe siècle.



Khao Klang Naï

Le sanctuaire possède un escalier menant à un niveau supérieur. Il reste des traces de cet étage fait de latérite et reposant sur une base faite de petites briques ; il s’agissait peut être d’un viharn ou d’un chédi. Tout autour de cette importante structure, à l’extérieur du mur qui entoure le bâtiment principal, on trouve des viharns, chédis et d'autres bâtiments mineurs destinés aux cérémonies.

Selon les villageois, le site était une colline, une petite montagne (khao en thaï) couverte de buissons et d’arbres. Le mot thaï klang (trésor) suggère que l’endroit servait autrefois de grenier, de magasin, de stockage. Quant au mot naï, il signifie que le monument est situé à l’intérieur de la ville, contrairement au Khao Klang Nok


Khao Klang Naï : décorations en stuc à la base du monument, atlantes nains lions buffles éléphants, motifs floraux [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : lion atlante en stuc [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : éléphant atlante en stuc [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : atlante à tête de buffle [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : nain atlante [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : motif floral en stuc [crédit photo : Ddalbiez]





Khao Klang Nok


Khao Klang Nok (époque Dvâravatî) est situé près du village de Ban Sra Phue, à deux kilomètres au nord de la ville ancienne de Si Thep. De nos jours, c'est un grand amoncellement carré de briques de 90 mètres de côté et 16 mètres de haut. Au milieu de la structure, se trouve un puits (probablement creusé par des pillards). L'état du monument ne permet pas d'en déterminer le style originel.





Khao Klang Nok [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Nok, construit entre les IXe et XIIIe siècles, parmi les bâtisseurs Jayavarman VII, style dvâravatî et khmer


Khao Klang Nok  (détail)  [crédit photo : Ddalbiez]








Khao Klang Nok



Approche de Khao Klang Nok : base d'un ancien chédi


Khao Klang Nok  (détail) [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Nok : reconstitution




Khao Klang Nok : reconstitution, disposition des chédis autour de l'édifice principal



Base circulaire d'un des chédis


Base carrée d'un des chédis



Khao Klang Nok : on distingue une base d'un des chédis répartis tout autour de l'édifice principal…



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La beauté du site doit beaucoup à ses innombrables plans d'eau et baray…




Intermède… Un autel dédié à Surya (il n'est pas certain que l'image soit de Surya ) ou  probablement à une divinité proche de  Surya



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Prang Rue Si

Le Prang Rue Si est situé dans l'enceinte du Wat Pa Sa Khwae, au nord, dans la partie est de la ville de Si Thep à environ deux kilomètres du centre de la ville. C'est un bâtiment typique de l'architecture khmère, construit en brique. Probablement datant du XIe siècle, il serait contemporain du Prang Si Thep. Le bâtiment a néanmoins été modifié à de nombreuses reprises, que ce soit dans le passé ou plus récemment.


Panorama du Prang Rue Si [crédit photo : Ddalbiez]





Ce n'est pas la tour de Pise…













Le musée

Le musée, situé dans l'enceinte de l'ancienne ville, contient quelques copies intéressantes de statues de Surya et quelques fragments de dharmachakras.


Statue représentant Surya, époque Dvâravatî
(copie, l'original est au Musée National de Bangkok) [crédit photo : Ddalbiez]



Statue représentant Surya, époque Dvâravatî
(copie, l'original est au Musée National de Bangkok)
[crédit photo : Ddalbiez]


Inscription en Pâli utilisant l'alphabet Pallava [crédit photo : Ddalbiez]


Inscription en Pâli utilisant l'alphabet Pallava (détail) [crédit photo : Ddalbiez]


Khao Thamorrat


Le piton de Thamorrat vu depuis le wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at

Khao Thamorrat est une montagne à l'Ouest de la ville de Si Thep. Une grotte dans cette montagne comporte des sculptures en pierre dédiées au culte bouddhiste Mahāyāna (statues de Bouddha, de bodhisattvas, stupas et dharmachakras). La plupart sont typiques du style Dvâravatî. Les têtes des bouddhas ont été volées, puis retrouvées et sont désormais exposées au Musée National de Bangkok. 


Wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at



Wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at




Grotte de Thamorrat : image de Bouddha debout, 2 mètres 50, œuvre majeure du site
Sources : Si Thep, Fine Art Department, 2015, p. 134


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Trouver un nid aux environs de Si Thep…





The JUM Coffee -  Café Vie nouvelle,  Srithep


Un hôtel et restaurant dans l'agglomération


Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล]… dans la nature !



Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล]


Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] : Thunbergia grandiflora



Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] :
Couroupita guianensis
, en Thaïlande : Sala langkaa [สาละลังกา]


Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] :
Bauhinia blakeana (arbre national de Hong Kong)


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La province de Petchabun (เพชรบูรณ์) [source : Maps of World]



Bibliographie : Si Thep, The Centre of Early Civilisation in Pa Sak Valley, Bangkok : Fine Art Department, 2015 [Nous avons retenu dans cet article la transcription des noms thaïs donnée par cet ouvrage.]



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Une vidéo qui montre l'intensité des recherches archéologiques et de restauration du site de Si Thep…








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