Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mercredi 24 janvier 2018

Si Thep creuset de civilisations, de la Préhistoire à l'Empire khmer, sanctuaire de Sūrya…




Samedi 20 janvier, "Parc historique de Si Thep"…  Quelques amis francophones, Thaïlandais et Français, réunis et conduits par Philippe Courtine, docteur en Géographie tropicale et professeur de Géographie depuis plus de trente ans à Bangkok, parcourent la ville ancienne de Si Thep et ses environs…

La beauté et la richesse du patrimoine culturel de la Thaïlande offrent un étonnement sans cesse renouvelé… Les immenses et constants efforts du Département des Beaux Arts de Thaïlande pour des campagnes de nouvelles fouilles archéologiques, la restauration, la mise en valeur et l'entretien des sites découverts font de toute visite une incursion dans un monde ancien toujours actif et vivant…

Que ces quelques éléments de présentation du "Parc historique de Si Thep" nous permettent autant de fixer nos impressions et découvertes lors de cette visite d'un jour que de les partager avec tous les amoureux de la Thaïlande…

 





Dans le complexe archéologique "Parc historique de Si Thep", la ville historique de Si Thep (ou Sri Thep) a été bâtie au cœur du bassin du Mae Nam Pa Sak, un affluent du Chao Phraya qu'il rejoint dans son estuaire à Ayutthaya…  Dans le sud de la province de Phetchabun, Si Thep sera atteinte après 240 kilomètres de route au nord de Bangkok… et, plus au nord, avant 630 km de Luang Prabang !






"Parc historique de Srithep" : localisation des principaux centres d'intérêt

Selon un moine, les villageois l'appelait Muang Apai Sali. En 1904, on nota le nom de Si Thep dans un compte-rendu de la visite de la province de Phetchabun par le Prince Damrong. Il rechercha ce nom et le trouva dans les archives d'Ayutthaya et Rattanakosin. Le site offre des témoignages d'occupations successives et complexes depuis la préhistoire… s'y mêlent autant des vestiges religieux, hindouisme, bouddhisme mahayana… que politiques, royaume Dvâravatî, empire Khmer…

La ville historique de Sri Thep était constituée de deux parties jointes couvrant environ 4,7 km2. La partie la plus interne de la ville (Muang Naï, à l'Ouest), qui couvre 2,08 km2, était entourée de murs et de douves, disposés en cercles quasi concentriques, donnant à la ville un diamètre d'à peu près 1,5 km.

La partie intérieure de la ville est parsemée d'environ 70 étendues d'eau (étangs et réservoirs [baray]) . Cette partie inclut trois monuments principaux (le Prang Sithep, le Prang Song Phi Nong et le Khao Klang Naï), et environ 45 autres sites archéologiques mineurs, tous restaurés par le Fine Arts Department de Thaïlande.

La partie externe de la ville (Muang Nok, à l'Est) est en rectangle avec des coins arrondis. Couvre 2,54 km2, Muang Nok est entourée de murs et douves et comporte des monuments en ruines, suite aux pillages et réutilisations  des matériaux par les occupants successifs. Muang Nok comporte sept entrées, 54 sites archéologiques mineurs et environ 30 étendues d'eau.

En dehors de la ville historique, environ 50 sites archéologiques ont été identifiés, les plus importants étant le Khao Klang Nok et le Prang Rue Si, tous deux situés au nord de la ville, et la grotte de Khao Thamorrat, à l'ouest de la ville près du wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] dans le village de Khok Sa-at



Les douves de l'ancienne ville de Si Thep


Autre aspect des douves de l'ancienne ville de Si Thep…

La ville historique de Sri Thep était abandonnée à la végétation. Une végétation aujourd'hui parfaitement maîtrisée et offrant au parc un cadre magnifique…



Une flore abondante et choisie participe à la beauté du parc… Fleur de Frangipanier (Plumeria alba), le Champa la fleur nationale du Laos




Arbre d'Ashoka (ต้นอโศก) (Saraca indica), l'arbre sous lequel serait né le prince Siddhārtha Gautama, à Lumpini…
Pour les Hindouistes, l'arbre consacré à Kâma, le dieu de l'amour

Préhistoire

Dès la préhistoire le site de Si Thep a été occupé par l'Homme… En 1988, le Département des Beaux Arts de Thaïlande pratiqua une fouille dans une petite colline située à 400 mètres au nord-ouest du Prang Si Thep, à l’intérieur de l’enceinte de la ville de Si Thep. À un mètre de profondeur, on découvrit le squelette d’un éléphant, à la même profondeur que la base d’un monument situé sur cette colline. On découvrit également, à une profondeur de trois mètres, cinq squelettes humains, le squelette le plus complet étant celui d’une femme allongée, la tête vers le nord ; à proximité, des ornements, des armes de métal et de la vaisselle. Deux squelettes sont incomplets, les autres ossements sont dans des jarres situées légèrement au-dessus du premier squelette. Ces squelettes sont les témoins de rituels mortuaires préhistoriques, antérieurs à l’adoption du bouddhisme, il y a environ 2000 ans.








Le royaume Dvâravatî déclina vers le XIe siècle. À cette époque, l'empire Khmer était devenu plus puissant et commença son expansion sur le royaume Dvâravatî. Sri Thep tomba donc sous l'influence khmère, ce que l'on peut constater par le changement de forme du plan de la ville qui passa de circulaire à rectangulaire, en s'étendant vers l'est. Cette extension est appelée Muang Nok (littéralement ville extérieure). On y trouve deux sanctuaires hindous, le Prang Si Thep et le Prang Song Phi Nong, qui datent tous deux du XIIe siècle. Plus tard, ces deux sanctuaires furent modifiés et utilisés pour le culte bouddhiste mahayana, plus spécifiquement, pendant le règne de Jayavarman VII, aux environs du XIIIe siècle. On ne sait toujours pas les raisons du déclin de Si Thep. L'hypothèse la plus populaire est qu'il serait dû à une grave épidémie. 


Prang Si Thep




Prang Si Thep

Le Prang Si Thep est un sanctuaire de style khmer dont la base en latérite est aujourd'hui à un mètre au-dessus du sol. C'est une grosse tour située tout près légèrement au Nord-Est,  du Prang Song Phi Nong…

Le style du Prang Si Thep est identique à celui du Prang Song Phi Nong, et se compose d'une base en latérite et de quatre portiques. Le corps principal de la tour et son toit sont en briques ; les restes du prang culminent aujourd'hui à 12 mètres. La tour ne comprend qu'une entrée, côté ouest, les autres étant de fausses portes. À l'origine, le portique nord menant à la tour, devait être couvert d'un toit de bois. Flanquant l'avant de la tour principale, on trouve deux bannalais en latérite, des bibliothèques conservant jadis les manuscrits sacrés. La base centrale devant la terrasse est prolongée par une chaussée cruciforme qui mène vers le niveau inférieur. Au bout de la chaussée, on trouve quelques reliefs d'une tête de nâga. Des têtes de nâgas se trouvaient sans doute à chaque extrémité de la chaussée, cette chaussée constituant ce qu'on appelle un pont de nâgas, symbolisant le lien entre le ciel et la terre. Un peu plus loin, vers le Prang Song Phi Nong, on trouve un mur de latérite sur un ensemble de socles appartenant à diverses structures. 



Le Prang Si Thep [crédit photo : Ddalbiez]

Le Prang Si Thep date des XIe-XIIe siècles, d'après les linteaux trouvés sur place. On trouve des traces évidentes de restauration de la tour, sous la forme par exemple d'un antéfixe inachevé. On peut en déduire qu'à l'origine, il s'agissait d'un sanctuaire hindou, qui fut ensuite transformé pour le culte bouddhisme Mahayana durant le règne de Jayavarman VII. On retrouve ce changement de culte à de nombreux endroits qui faisaient partie de l'empire khmer. Les travaux de restauration furent cependant stoppés avant l'abandon de Si Thep.


Prang Si Thep


Prang Si Thep


Prang Si Thep


Bassin rituel (peut-être pour les ablutions) du Prang Si Thep


Prang Song Phi Nong

Le Prang Song Phi Nong est un grand sanctuaire situé à l’intérieur du complexe de Si Thep. Il est de style khmer et date à peu près du XIIe siècle. Les villageois nomment la grande tour "phi", c'est-à-dire grand-frère ou grande-sœur en thaï, et la tour plus petite "nong" c'est-à-dire petit-frère ou petite-sœur. Le Prang des deux sœurs… ou des deux frères…



Un aspect du Prang Song Phi Nong [crédit photo : Ddalbiez]

La tour principale fait à peu près sept mètres de haut, est faite de briques sur une base en latérite et est orientée à l’ouest. Elle comporte une seule pièce carrée, garbha-griha, qui servait à abriter une sculpture sacrée. Les trois murs de cette pièce comportent des niches triangulaires qui pouvaient servir à placer des chandelles ou des statues religieuses. 


Garbha-griha du Prang Song Phi Nong


Au sud de la tour principale, on trouve une tour plus petite. À sa découverte, seule subsistait la base, mais la partie supérieure a été restaurée par le Département des Beaux Arts de Thaïlande ; on a remis en place un linteau où figurent Shiva et sa parèdre Parvati sur le taureau Nandin, le seul linteau retrouvé complet à Si Thep. 


Linteau du Prang Song Phi Nong :  Shiva et sa parèdre Parvati sur le taureau Nandin [crédit photo : Ddalbiez]















En plus de ces deux tours, on trouve à proximité les ruines de quelques monuments plus petits. Lors de fouilles récentes, des éléments architecturaux ont été découverts, entre autres des linteaux et des piliers de pierre décorés datant du XIIe siècle. L’un de ces linteaux représente Shiva. On a également découvert un lingam, un yoni et une représentation du taureau Nandin. Les archéologues en ont déduit qu’il s’agissait d’un sanctuaire hindouiste dédié à Shiva construit aux environs du XIIe siècle. Cependant, le lingam, le yoni et le taureau Nandin étaient enfouis sous le bâtiment, ce qui semble indiquer la période de transition entre l’hindouisme et le bouddhisme mahayana, pendant le règne de Jayavarman VII (1181-1217), souverain de l’empire khmer.



Aux environs du Prang Song Phi Nong


Près du Prang Song Phi Nong



Dharmachakra près du Prang Song Phi Nong




Lotus de grès sommital du Prang Song Phi Nong






Khao Klang Naï



Khao Klang Naï [crédit photo : Ddalbiez]

Khao Khlang Naï était un sanctuaire bouddhiste. Le chédi central, de forme rectangulaire et orienté à l’est, est caractéristique du style architectural de Dvâravatî. La base en latérite couverte de plâtre fait environ 12 mètres de haut. Elle est décorée d'atlantes de stucs représentant des nains ganas, des singes, des lions, des buffles, des éléphants. Ces figures en posture d’atlantes ou cariatides sont censées protéger et soutenir le monument. Leur style les date au IXe siècle.



Khao Klang Naï

Le sanctuaire possède un escalier menant à un niveau supérieur. Il reste des traces de cet étage fait de latérite et reposant sur une base faite de petites briques ; il s’agissait peut être d’un viharn ou d’un chédi. Tout autour de cette importante structure, à l’extérieur du mur qui entoure le bâtiment principal, on trouve des viharns, chédis et d'autres bâtiments mineurs destinés aux cérémonies.

Selon les villageois, le site était une colline, une petite montagne (khao en thaï) couverte de buissons et d’arbres. Le mot thaï klang (trésor) suggère que l’endroit servait autrefois de grenier, de magasin, de stockage. Quant au mot naï, il signifie que le monument est situé à l’intérieur de la ville, contrairement au Khao Klang Nok


Khao Klang Naï : décorations en stuc à la base du monument, atlantes nains lions buffles éléphants, motifs floraux [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : lion atlante en stuc [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : éléphant atlante en stuc [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : atlante à tête de buffle [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : nain atlante [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Naï : motif floral en stuc [crédit photo : Ddalbiez]





Khao Klang Nok


Khao Klang Nok (époque Dvâravatî) est situé près du village de Ban Sra Phue, à deux kilomètres au nord de la ville ancienne de Si Thep. De nos jours, c'est un grand amoncellement carré de briques de 90 mètres de côté et 16 mètres de haut. Au milieu de la structure, se trouve un puits (probablement creusé par des pillards). L'état du monument ne permet pas d'en déterminer le style originel.





Khao Klang Nok [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Nok, construit entre les IXe et XIIIe siècles, parmi les bâtisseurs Jayavarman VII, style dvâravatî et khmer


Khao Klang Nok  (détail)  [crédit photo : Ddalbiez]








Khao Klang Nok



Approche de Khao Klang Nok : base d'un ancien chédi


Khao Klang Nok  (détail) [crédit photo : Ddalbiez]



Khao Klang Nok : reconstitution




Khao Klang Nok : reconstitution, disposition des chédis autour de l'édifice principal



Base circulaire d'un des chédis


Base carrée d'un des chédis



Khao Klang Nok : on distingue une base d'un des chédis répartis tout autour de l'édifice principal…



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La beauté du site doit beaucoup à ses innombrables plans d'eau et baray…




Intermède… Un autel dédié à Surya (il n'est pas certain que l'image soit de Surya ) ou  probablement à une divinité proche de  Surya



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Prang Rue Si

Le Prang Rue Si est situé dans l'enceinte du Wat Pa Sa Khwae, au nord, dans la partie est de la ville de Si Thep à environ deux kilomètres du centre de la ville. C'est un bâtiment typique de l'architecture khmère, construit en brique. Probablement datant du XIe siècle, il serait contemporain du Prang Si Thep. Le bâtiment a néanmoins été modifié à de nombreuses reprises, que ce soit dans le passé ou plus récemment.


Panorama du Prang Rue Si [crédit photo : Ddalbiez]





Ce n'est pas la tour de Pise…













Le musée

Le musée, situé dans l'enceinte de l'ancienne ville, contient quelques copies intéressantes de statues de Surya et quelques fragments de dharmachakras.


Statue représentant Surya, époque Dvâravatî
(copie, l'original est au Musée National de Bangkok) [crédit photo : Ddalbiez]



Statue représentant Surya, époque Dvâravatî
(copie, l'original est au Musée National de Bangkok)
[crédit photo : Ddalbiez]


Inscription en Pâli utilisant l'alphabet Pallava [crédit photo : Ddalbiez]


Inscription en Pâli utilisant l'alphabet Pallava (détail) [crédit photo : Ddalbiez]


Khao Thamorrat


Le piton de Thamorrat vu depuis le wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at

Khao Thamorrat est une montagne à l'Ouest de la ville de Si Thep. Une grotte dans cette montagne comporte des sculptures en pierre dédiées au culte bouddhiste Mahāyāna (statues de Bouddha, de bodhisattvas, stupas et dharmachakras). La plupart sont typiques du style Dvâravatî. Les têtes des bouddhas ont été volées, puis retrouvées et sont désormais exposées au Musée National de Bangkok. 


Wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at



Wat Sap Hin Phloeng [วัดซับหินเพลิง] à Khok Sa-at




Grotte de Thamorrat : image de Bouddha debout, 2 mètres 50, œuvre majeure du site
Sources : Si Thep, Fine Art Department, 2015, p. 134


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Trouver un nid aux environs de Si Thep…





The JUM Coffee -  Café Vie nouvelle,  Srithep


Un hôtel et restaurant dans l'agglomération


Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล]… dans la nature !



Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล]


Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] : Thunbergia grandiflora



Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] :
Couroupita guianensis
, en Thaïlande : Sala langkaa [สาละลังกา]


Jardins du Pukarm Chalay Hostel [พุขามชาเล่ย์โฮสเทล] :
Bauhinia blakeana (arbre national de Hong Kong)


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La province de Petchabun (เพชรบูรณ์) [source : Maps of World]



Bibliographie : Si Thep, The Centre of Early Civilisation in Pa Sak Valley, Bangkok : Fine Art Department, 2015 [Nous avons retenu dans cet article la transcription des noms thaïs donnée par cet ouvrage.]



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Une vidéo qui montre l'intensité des recherches archéologiques et de restauration du site de Si Thep…








Consutltez également l'article :


Phu Khao Hin Pakarang… une plongée sous-marine en Thaïlande à 1200 mètres d'altitude !




Dimanche 21 janvier, plongée sous-marine !… Après une journée culturelle passée dans le magnifique "Parc historique de Si Thep", nouvelles émotions… non plus inspirées par l'extraordinaire passé historique de la Thaïlande mais d'une confrontation aux forces multimillénaires de sa nature… Toujours conduit par Philippe Courtine notre petit groupe d'amis francophones, Thaïlandais et Français, est convié à une plongée sous-marine à 1200 mètres d'altitude… Notre bathymètre affolé ira jusqu'à nous annoncer 1900 mètres !


Phu Khao Hin Pakarang - ภูเขาหินปะการังCoral Mountain, Sap Phutsa, Chon Daen District, Province de Phetchabun 67150


Une fois de plus saluons le dynamisme des animateurs du tourisme en Thaïlande… Du lieu où nous nous rendons encore bien peu d'informations dans les guides de voyage, ni même sur la Toile… Ce site en effet n'aurait été vraiment repéré que fin 2007… Un article du Bangkok Post repris peu après, précisément sur un site dédié à la plongée sous-marine, Underwatertimes. com, annonce ainsi cette découverte :


"Mardi 23 octobre 2007, Phetchabun - district de Chon Daen, deux montagnes de « corail » découvertes 

Le district de Chon Daen a annoncé mardi dernier la découverte de deux "montagnes de corail", présentées comme de nouvelles attractions touristiques.

Le chef du district, Chartchai Petcharadhburanin, a déclaré que l'équipe de prospection est tombée sur deux montagnes de calcaire à Ban Sappakai, à 3-4 kilomètres de la route Chon Daen-Nong Phai.

Ces montagnes sont supposées avoir été sous la mer il y a des millions d'années, a-t-il dit. Elles couvriraient une superficie de près de 1 000 raï (160 hectares) et auraient des bandes de couleur blanc-cassé avec des motifs similaires aux récifs coralliens sous-marins.

Le site abriterait de nombreuses grottes aux formations complexes de calcaire. D'abondantes espèces de plantes endémiques rares ont été repérées dans les crevasses rocheuses.

M. Chartchai a précisé que des experts seraient invités à étudier les roches pour déterminer l'origine des montagnes avant d'ouvrir le site aux touristes. (Bangkok Post) "


La Poste thaïlandaise a salué la découverte de ce site par l'émission d'un timbre dès le 11 juillet 2008…

Un site similaire, riche d'une "montagne de corail" - Khao Hin Pakarang-,  était déjà connu dans le  Parc national de Doi Pha Klong dans la province de Phrae… De tels sites difficilement accessibles à nombre de prédateurs, l'homme d'abord, sont des réserves inestimables de faune et de flore… Aujourd'hui c'est Phu Khao Hin Pakarang - ภูเขาหินปะการัง - à Sap Phutsa, dans le district de Chon Daen, dans la province de Phetchabun que nous visitons… Encore peu d'informations sont disponibles malgré un gros travail exécuté en relativement peu de temps par les autorités du tourisme thaïlandaises pour l'aménagement d'infrastructures sur un parcours offrant une accessibilité confortable à tous…




Cette visite, en janvier, correspond à la petite saison sèche et froide en Thaïlande… donc peu de végétation, de nombreux arbres ont perdu leur feuillage. La beauté des pierres s'affirme alors pleinement…















Dracaena loureiri Gagnep. [จันทน์แดง Chan daeng (Central, Surat Thani) ou จันทน์ผา Chan phaa (Northern) ou ลักกะจันทน์ Lakkachan (Central)]















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Une visite en saison sèche de Khao Hin Pakarang, province Phetchabun



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Voici quelques photos publiées sur la page Facebook 1000 個泰國景點 - 1000 Attractions en Thaïlande… Ces photos ont été prises au sein de la saison des pluies, la végétation est alors pleinement épanouie. De plus ces photos s'attachent mieux que nous l'avons fait à présenter les infrastructures du parcours… Recommandons également cette page 1000 個泰國景點 - 1000 Attractions en Thaïlande tenue par Hank Suen pour ses nombreuses suggestions d'excursions…




















Consulter également l'article :













Thierry Meyssan : "Sous nos yeux", un éclairage de salubrité médiatique…



Qu'un président français prononce quelques paroles sensées nous en désespérions depuis belle lurette… Aussi saluons et appuyons cette volonté enfin affichée par le président Macron de faire la chasse aux fake-news… Que tout d'abord soient dénoncés avec le président Macron ces vomis des médias officiels audiovisuels - France 2, TV5 Monde, BFMTV… - ou de la presse écrite, le Monde, le Figaro, sans oublier Libération et autres torchons gavés de subventions publiques qui déversent servilement sur le citoyen ordinaire leur propagande nauséabonde - "bullshit" dirait de façon plus odorante un Américain…

Répondant courageusement aux vœux de salubrité médiatique du président Macron, saluons le dernier livre de Thierry Meyssan : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump"… Monika Berchvok, pour Rivarol, nous livre un entretien avec Thierry Meyssan à propos de ce dernier ouvrage, résultat de six ans d'observations et réflexions… Un contre-poison à administrer et  diffuser sans modération… Entretien exclusif et explosif avec Thierry Meyssan, Rivarol nº 3313 du 17 janvier 2018
En novembre 2016, lors de l'un de nos voyages avec la Communauté syrienne de France, nous avons eu le plaisir de rencontrer à Damas Thierry Meyssan en compagnie de Saïd Hilal Alcharifi, son traducteur en langue arabe… L'ouvrage en arabe sera très prochainement publié à Beyrouth…

À l'heure où l'on annonce la défaite militaire de Daech Lemine Ould Mohamed Salem, journaliste mauritanien, publie "L'Histoire secrète du djihad, d'Al-Qaida à l'État islamique", un livre où il relate ses rencontres avec un ancien bras droit de Ben Laden, Abou Hafs… Ce mardi 23 janvier 2018 Lemine Ould Mohamed Salem était l'invité de Patrick Simonin sur TV5 Monde… Un ouvrage aux thèses vraisemblablement très politiquement correctes… et à l'opposé de la pertinence des analyses de Thierry Meyssan… Du fake-news pur jus ?



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Président-fondateur du Réseau Voltaire et politologue d’envergure internationale, Thierry Meyssan a choqué le monde en remettant en cause la version officielle des attentats du 11-Septembre. L’auteur, diabolisé par les médias pro-atlantistes et pro-sionistes, livre dans son dernier livre, Sous nos yeux, le résultat de six ans d’analyses géopolitiques qui s’opposent frontalement à la propagande de guerre à laquelle sont soumis quotidiennement les peuples des « démocraties occidentales ». Monika Berchvok, pour Rivarol, a rencontré Thierry Meyssan pour connaître son éclairage sur une actualité brûlante.




Rivarol : La victoire de la Syrie de Bachar el-Assad sur Daech est-elle acquise pour vous ?

Thierry Meyssan : Daech n’est pas une organisation spontanée. C’est un outil des États-Unis, créé à partir de l’Émirat islamique en Irak. Ce premier groupe avait été imaginé par John Negroponte pour détourner la colère des Irakiens contre l’occupant américain et pour provoquer une guerre civile dans leur pays. Ce faisant, il avait utilisé la même technique que celle qu’il pratiqua au Honduras dans les années 1980 et avec les mêmes hommes, dont le colonel John Steele qu’il avait rappelé de sa retraite.

La mission de Daech était de créer un État, un Sunnistan, pour couper l’historique route de la soie, le grand projet annoncé par le président Xi en mars 2013. Il a fallu pour cela transformer l’idéologie djihadiste en un support étatique. Contrairement à ce que l’on croit en Europe occidentale, Daech n’est donc pas un simple épisode de la guerre contre le Moyen-Orient, c’est sa complexification avec un nouvel objectif anti-chinois.

La fin de Daech était prévisible dès que le président Donald Trump a réussi à convaincre le Pentagone de renoncer à couper les projets transcontinentaux de la Chine et de la Russie, en juin dernier.

Mais la fin de Daesh ne change pas grand-chose. Ce n’est qu’une tête d’un monstre qui en a plusieurs. La véritable victoire ne viendra que lorsque l’on aura convaincu les États qui organisent et financent le djihadisme d’arrêter ce combat ; et lorsque l’on aura convaincu les djihadistes eux-mêmes de la stupidité de leur idéologie.


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Jean-Michel Vernochet s'entretient avec Thierry Meyssan :  "Sous nos yeux, du 11-Septembre à Donald Trump"
Jean-Michel Vernochet reçoit Thierry Meyssan en direct de Damas, au sujet de la situation en Syrie, et pour parler de son nouveau livre : "Sous nos yeux, du 11 Septembre à Donald Trump", qui décrypte les méfaits des USA et d'Israël contre le Moyen-Orient et le reste du monde.

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Rivarol : Comment la Syrie baasiste résiste-t-elle à l’offensive islamiste et aux interventions impérialistes occidentales ?

Thierry Meyssan : Il n’y a pas de différence entre l’impérialisme occidental et l’offensive islamiste. Ce sont, au Moyen-Orient, les deux faces d’une même pièce. Ou plutôt, l’islamisme est une invention de l’impérialisme britannique.

Juste après la Seconde Guerre mondiale, le MI6 a profité de la dissolution des Frères musulmans en Égypte et de l’incarcération de ses anciens dirigeants pour refonder la confrérie. Il n’y a pas de continuité historique entre les Frères d’Hassan el-Banna et ce qu’ils sont devenus depuis. Les Britanniques ont instrumentalisé la nouvelle confrérie pour procéder à divers assassinats politiques en Égypte et pour trouver un prétexte à la création du Pakistan. Sous Jimmy Carter, le MI6 (SIS - Military Intelligence, section 6) et la CIA ont transformé les Frères musulmans pour déstabiliser l’Afghanistan, contraindre le gouvernement communiste à appeler l’Armée rouge au secours, et finalement organiser la guerre contre les Soviétiques. Par la suite, ils ont utilisé l’expérience militaire de ces soldats irréguliers en Bosnie-Herzégovine, en Algérie et au Kosovo. En 2011, ils les ont lancés à l’assaut de tout le Moyen-Orient.

La Syrie baasiste connaissait déjà les Frères musulmans. Elle avait enduré une campagne terroriste depuis 1979, qui culmina avec une tentative de coup d’État, en 1982. En 2011, son président et son armée ont immédiatement compris le danger. Mais une large majorité de la population syrienne était intoxiquée par les télévisions internationales en arabe, Al-Arabiya, Al-Jazeera, BBC, CNN, Fox, France24. Elle était persuadée que l’Otan parviendrait à renverser la République arabe syrienne — après la Tunisie, l’Égypte et la Libye —, et à porter au pouvoir un gouvernement de Frères musulmans sponsorisés par l’Arabie saoudite. Beaucoup de gens se sont préparés à ce changement plutôt que de défendre leur pays. Il a fallu un an pour que la population réagisse.

Au début du conflit, les baasistes étaient d’avis de réprimer les appels à la collaboration avec l’Otan. Bachar el-Assad — qui préside également le Baas — en a décidé tout autrement. Conscient de ce qui se tramait, il a misé sur son peuple bien que celui-ci, à l’époque, ait été tétanisé. Il a donc levé l’état d’urgence qui existait depuis 1973, dans le cadre de la guerre contre Israël, et levé la censure — sauf pour les sites Internet israéliens et ceux des Frères musulmans —. Il a encouragé une multitude de citoyens à défendre leur pays sur les réseaux sociaux, etc. Progressivement, les Syriens se sont réveillés et ont fait bloc derrière lui.

Rivarol : Cette victoire est-elle une victoire personnelle de Bachar el-Assad ?
 
Thierry Meyssan : Si Bachar el-Assad a fixé le cap et s’il n’a jamais dévié, il ne revendique pas la victoire pour lui-même. Il s’est d’abord appuyé sur l’armée de son pays, qui a tenu bon quand personne n’y croyait, puis sur son peuple.

Toutes les communautés religieuses ont fait front ensemble : musulmans sunnites et chiites, chrétiens orthodoxes et catholiques.
C’est une victoire collective, pour laquelle des millions de gens ont souffert et des centaines de milliers sont morts.

Rivarol : Que reste-t-il de « l’opposition syrienne » à Bachar el-Assad ?

Thierry Meyssan :  Je pense que par « opposition syrienne », vous désignez le Conseil national syrien est ses différents avatars. Pourtant vous ne qualifieriez pas la Reichswehr d’opposition “française” au gouvernement de Paul Reynaud.

Les différents Conseils qui se sont succédé en sept ans ont tous en commun premièrement d’avoir été dominés par les Frères musulmans et, secondement, d’avoir été grassement payés par des États qui souhaitaient détruire la Syrie.

Certes, tous leurs membres avaient la nationalité syrienne, mais aucun n’était au service de leur pays. Nous devons donc plutôt appréhender cette « opposition syrienne » comme le bras politique des agresseurs extérieurs. 

Par ailleurs, il existe en Syrie une opposition comme dans tous les pays. Lorsque votre Patrie est attaquée, c’est un devoir pour vous que de lutter pour la défendre, que vous soyez bassiste, alliés du Baas, ou opposés à lui. Durant la première année du conflit, seuls le Baas et son allié, le PSNS, ont résisté. Les autres partis politiques, comme la majorité de la population, ont fait le gros dos.

Les Frères musulmans et leurs groupes terroristes menaçaient de mort toute personne qui s’engageait en politique. Des listes circulaient sur Internet. Des gens étaient assassinés chez eux, y compris en pleine capitale, à Damas.

Lors de l’élection présidentielle de 2014, le Parlement a offert des moyens de campagne électorale et une garde militaire à toute personne qui souhaiterait se porter candidat. Il n’y a eu qu’un libéral et un communiste pour prendre ce risque.

Rivarol :  Les islamistes sont-ils déjà sur de nouveaux terrains d’actions ?

Thierry Meyssan : Il est difficile de savoir actuellement où en sont les djihadistes, dans la mesure où ils ont perdu leur principal financier, l’Arabie saoudite. Ce pays était devenu la caisse noire du djihad depuis les années 1960, via la Ligue islamique mondiale. On sait qu’en 2015, cette “association” avait un budget supérieur à celui du ministère de la Défense saoudien. Et c’est normal puisque les djihadistes formaient alors la plus grande armée de Terre au Moyen-Orient. 

Toutefois, même si les Saoudiens ont décidé en mai dernier de cesser cette opération, ils ne peuvent pas — et probablement ne veulent pas — se débarrasser de tout ce système en quelques mois. Ils conservent par exemple le contrôle de la confrérie au Yémen. 

Les Britanniques et les Saoudiens préparaient une nouvelle opération contre l’Asie du Sud-Est. On a ainsi vu des attentats non-revendiqués en Thaïlande, et découvert une vidéo d’un chef de l’opposition annonçant préparer un coup d’État pour la NED (National Endowment for Democracy, Fondation nationale pour la démocratie) au Cambodge. Surtout, on a assisté à l’incompréhensible exode des Rohingyas au Myanmar. Cette minorité musulmane a été repoussée par l’Armée du Salut des Rohingyas de l’Arakan, un groupe djihadiste dont le siège était à La Mecque. Souvenons-nous qu’avant l’exode de cette minorité du Myanmar vers le Bengladesh, sa plus importante communauté d’expatriés était en Arabie saoudite.

Aujourd’hui, ce montage est complètement désorganisé, malgré la mobilisation par les Britanniques du Qatar, de la Turquie et de la Malaisie. Nous verrons dans les prochains mois comment ce système se réorganise et vers quelles cibles.

Rivarol : L’Iran et les forces chiites ( milices irakiennes, Hezbollah) furent les premiers à venir secourir le peuple syrien. Cette mobilisation aura pris une forme de « guerre sainte » ?

Thierry Meyssan : On aborde habituellement en France cette question avec deux préjugés erronés.

En premier lieu, on imagine que le Hezbollah est une excroissance de l’Iran. Ce qui est faux. Au départ, la Résistance libanaise à l’occupant israélien était surtout le fait de familles chiites. Ce sont ces réseaux qui ont donné naissance au Hezbollah. Il était alors inspiré par l’exemple de la Révolution anti-impérialiste iranienne et soutenu militairement par la Syrie. Ce n’est qu’après le retrait de l’armée arabe syrienne du Liban, en 2005, et durant la guerre israélienne de 2006 que l’Iran a pris en charge son armement. Même s’il doit beaucoup à Téhéran, le Hezbollah reste une entité libanaise ayant une complète indépendance de décision.

D’autre part, l’expression « guerre sainte » est comprise en Occident en référence à la doctrine de Saint Thomas d’Aquin qui n’existe pas dans le chiisme de Khomeiny. Dans cet univers culturel, ce n’est pas la guerre qui est sainte, mais le soldat qui le devient en se sacrifiant pour la Justice. Cette sensibilité est généralement partagée par les militaires français, d’autant plus que les premiers chiites étaient des chrétiens convertis à l’islam. Il existe au demeurant énormément de points communs entre le christianisme originel et le chiisme de Khomeiny. L’un de mes amis, un célèbre diplomate iranien, a consacré sa thèse de doctorat à une étude de la Citadelle d’Antoine de Saint-Exupéry comme expression de la pensée chiite.

Tout cela est à des années-lumière de ce que les djihadistes entendent, quant à eux, par « guerre sainte ». 

Pour revenir à votre question, le Hezbollah et l’Iran ne sont pas intervenus en Syrie pour les mêmes raisons. Le Hezbollah avait conscience qu’en cas de chute de la République arabe syrienne, il serait coincé entre une Syrie saoudite et Israël. Il était donc indispensable pour lui de se battre dans son espace vital. C’était une question de survie. Au contraire, l’Iran était, de longue date, le principal allié militaire de la Syrie. En se portant à son secours, elle n’a fait que respecter les Traités.

Au départ, le Hezbollah et l’Iran étaient associés à toutes les opérations de l’armée arabe syrienne. Mais, depuis l’élection de cheikh Hassan Rohani, les Gardiens iraniens de la Révolution ont reçu l’ordre de ne participer qu’aux actions de défense de la population chiite syrienne. Souvenez-vous que le principal thème de campagne électorale de Rohani n’était pas la démocratie à laquelle il est opposé, mais de « cesser de payer pour les Palestiniens et le Hezbollah ».

C’est pourquoi le Guide de la Révolution, l’ayatollah Ali Khamenei, a utilisé sa cassette personnelle pour financer l’arrivée de milices chiites irakiennes et afghanes qui complètent désormais l’action des Gardiens iraniens de la Révolution.


Rivarol : Quel a été le rôle réel de l’intervention russe ?


Thierry Meyssan : L’intervention russe a été négociée, non pas en 2014 comme le prétend la propagande atlantiste, mais durant le premier semestre 2012. À l’époque, la France de Nicolas Sarkozy s’était retirée de la guerre, tandis que Washington et Moscou négociaient, non pas une paix en Syrie, mais une paix régionale.

La Syrie, qui avait tenté de resserrer son alliance avec la Russie avant la guerre, faisait valoir que Moscou avait tout intérêt à apprendre sur place la manière de combattre le djihadisme. Moscou, quant à elle, voyait là une opportunité d’achever le rêve de la Grande Catherine de soutien aux chrétiens d’Orient ; un rêve qui l’avait conduite à installer déjà sa flotte en Syrie au XVIIIe siècle.

Le président Poutine avait décidé de déployer des soldats musulmans kazakhs, dans le cadre de l’Organisation du Traité de Sécurité collective (OTSC), comme force de paix. Il avait pour cela signé un Traité avec l’Onu, de sorte que la Russie et ses alliés, et pas seulement l’Otan, puissent mettre en œuvre un accord de paix validé par le Conseil de sécurité.

Les choses ne se sont pas passées ainsi puisque la France de François Hollande a relancé la guerre. À la grande surprise des Syriens, le ministère russe de la Défense n’a plus donné de signe de vie durant plus d’un an. Lorsque l’armée russe est réapparue, elle s’était dotée d’armes nouvelles qui révolutionnaient le champ de bataille.

Il a alors été convenu que l’armée de l’Air russe emploierait des bombes pénétrantes pour détruire les lignes de défense souterraines construites par les djihadistes depuis juillet 2012. Il s’agissait d’une grande quantité de bunkers, ayant nécessité 6 millions de tonnes de ciment aimablement fournies par le cimentier Lafarge. L’état-major russe pensait en venir à bout en trois mois, il lui en a fallu six, tant ces constructions s’avérèrent nombreuses.

Au passage, Moscou a expérimenté ses nouvelles armes en situation de guerre. Chacun a pu constater que désormais ses armées sont de très loin les plus efficaces en termes conventionnels. L’Otan est relégué loin en seconde position.

Par la suite, Moscou a surtout joué un rôle en termes de Renseignement et de déminage.

Rivarol :  Les Kurdes sont-ils le joker des États-Unis dans la région ?

Thierry Meyssan :  Les Kurdes sont un peuple nomade qui commença à se sédentariser au XIXème siècle. S’ils se déplaçaient principalement dans la vallée de l’Euphrate (c’est-à-dire dans l’actuel Irak), ils se stabilisèrent en Turquie, lorsque certains d’entre eux participèrent au massacre des non-musulmans, principalement des chrétiens arméniens.

En 1918, le président états-unien Wilson proclama comme but de guerre contre les Ottomans la création d’un pays pour chaque population vivant sous la domination turque, ce qui impliquait la création de l’Arménie, d’Israël et du Kurdistan. A la fin de la Première Guerre mondiale, il envoya une commission sur place pour déterminer les frontières. Selon son rapport, le Kurdistan devrait se trouver exclusivement sur l’actuel territoire turc, mais il ne fut jamais proclamé en raison de l’opposition de Mustafa Kemal.

Durant la Guerre froide, les Kurdes se divisèrent en deux blocs. D’un côté, ceux vivant en Turquie dans des zones où ils sont majoritaires, se rallièrent avec le PKK côté soviétique, tandis que de l’autre, ceux vivant en Irak dans des zones où ils étaient toujours minoritaires, se rallièrent à Israël et à l’Otan. Dans les années 1980, l’armée turque, appuyée par l’Otan, se lança dans une terrible répression du PKK, obligeant un grand nombre de Kurdes à fuir en Syrie, où ils furent accueillis.

En 2011, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, négocia secrètement avec son homologue turc, Ahmed Davutoglu, l’entrée en guerre de la Turquie contre son principal client, la Libye, et son engagement à participer à la guerre contre la Syrie qui n’avait pas encore commencé. À cette occasion, la Turquie obtint, d’une part, le revirement de la France sur son adhésion à l’Union européenne et, d’autre part, l’engagement de l’aider à régler la « question kurde » sans porter atteinte à son intégrité territoriale. En clair, cela signifie que la France de Nicolas Sarkozy, puis de François Hollande, a aidé la Turquie à envahir le nord de la Syrie jusqu’à Alep, et à vider la zone de ses habitants. L’idée était de créer un nouvel État, un pseudo-Kurdistan en Syrie, puis d’y expulser les Kurdes de Turquie. Ce projet n’a finalement pas fonctionné.

Par ailleurs, les Kurdes d’Irak, qui avaient été protégés par les Britanniques et les États-uniens depuis« Tempête du désert », en 1991, s’étaient regroupés sous leur contrôle et avaient formé une région autonome. En 2014, Londres, Washington et Tel-Aviv, qui planifiaient la conquête de l’Irak par Daesh, décidèrent d’enprofiter pour créer un autre pseudo-Kurdistan, en Irak cette fois. De manière coordonnée, le même jour, Daesh occupa Mossoul tandis que les Peshmergas (c’est-à-dire les soldats du gouvernement régional du Kurdistan irakien) occupèrent Kirkuk l’Arabe et la colonisèrent.

Il ne restait qu’à proclamer “Kurdistan” le nouvel État colonial. Le président Massoud Barzani, qui se maintenait au pouvoir malgré la fin de son mandat et empêchait le Parlement régional de se réunir, déclara soudain que si la guerre ne permettait pas de tenir des élections démocratiques, il était possible d’organiser un référendum d’indépendance. Une revue israélienne révéla que Tel-Aviv s’était engagé à transférer 200 000 Israéliens au Kurdistan dès que celui-ci serait indépendant. Ils devaient y installer des missiles sol-sol pointés à la fois sur la Syrie et sur l’Iran.

Malheureusement pour lui, Massoud Barzani fêta le résultat de son référendum truqué en direct sur toutes les chaînes arabes… entouré de drapeaux israéliens. L’opinion publique orientale se retourna instantanément contre lui. Quelques jours plus tard, l’Irak libérait les terres arabes de Kirkuk tandis que 200 000 colons kurdes fuyaient. Ils ne tardèrent pas à se retourner contre Massoud Barzani qui démissionna.

Le projet Juppé de création d’un pseudo-Kurdistan, a ressurgi avec Emmanuel Macron. Il semble avoir conclu un accord avec Recep Tayyip Erdogan, le 5 janvier dernier : créer un nouvel État au Nord de la Syrie à la condition que ses dirigeants rompent avec le PKK et que son territoire n’ait pas de façade méditerranéenne. Paris renoue ainsi avec son passé colonial. En 1921, la France avait engagé, avec l’aide des Turcs, une tribu kurde qu’elle avait enrôlée sous l’uniforme de la gendarmerie française pour massacrer les nationalistes arabes.

Rivarol :  Comment Israël est-il intervenu dans la guerre en Syrie ?

Thierry Meyssan : Israël est un acteur de la guerre contre la Syrie dès le premier jour. Ce qui est présenté à tort comme la « Guerre civile syrienne » a commencé par une manifestation syndicale au sud, à Deraa. Pendant que les gens défilaient, des tireurs postés sur les toits ont abattu à la fois des policiers et des manifestants, créant la plusgrande confusion, chaque camp étant persuadé être victime de l’autre. Puis, un groupe armé saoudien est sorti de la mosquée al-Omari pour attaquer un bâtiment des services secrets situé à l’extérieur de la ville. C’était le siège de l’unité chargée de surveiller le Golan occupé par Israël.

Par la suite, l’armée de l’Air israélienne a bombardé, près d’une cinquantaine de fois, des objectifs en Syrie. Ses avions sont rarement entrés dans l’espace aérien syrien, préférant tirer depuis l’espace libanais, ce qui empêchait la Syrie de riposter. D’une manière générale, Israël a nié les faits. Lorsqu’il les a reconnus, il a prétendu détruire des stocks d’armes destinés au Hezbollah. En réalité, ses incursions peuvent être classées en deux catégories : soit un soutien aérien à une opération djihadiste, soit la destruction d’infrastructures vitales pour le pays.

D’autre part, pendant que Daech envahissait l’Irak, Israël a supervisé l’attaque des Casques bleus chargés d’observer la ligne de cessez-le-feu du Golan par al-Qaïda (Front al-Nosra). Ceux-ci ont été faits prisonniers, puis libérés après le versement électronique d’une rançon par l’ONU. On n’a jamais cherché bien sûr à connaître l’heureux récipiendaire de ce virement bancaire. Durant deux ans, al-Qaïda a remplacé les Casques bleus dans la zone tampon. Les djihadistes bénéficiaient du soutien de Tsahal qui leur apportait armes et nourriture. Cette situation a cessé lorsque Moscou et Washington ont tapé du poing sur la table et menacé Tel-Aviv de faire condamner Israël par le Conseil de sécurité.

Pourtant le soutien d’Israël aux djihadistes a persisté. L’opération « Bon voisin » continue. Tsahal met ses hôpitaux militaires à la disposition des djihadistes lorsqu’ils sont blessés, notamment le Ziv Medical Centre de Zefat. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’y est fait filmer par la télévision de son pays au chevet de commandants d’al-Qaïda qu’il était venu féliciter pour leur action contre la Syrie.

Rivarol : L’État sioniste va-t-il devoir payer ses ingérences maintenant ?

Thierry Meyssan : Cela supposerait qu’il y ait une Justice internationale.

Rivarol : Que pensez-vous de la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël ? Cela est-il un signe de soutien à la politique d’agression sioniste ?

Thierry Meyssan :  Cela en a l’apparence, mais je ne le pense pas. Le président Trump aborde le Moyen-Orient d’une manière radicalement différente de ses prédécesseurs. Il ne cherche pas à prendre position pour les uns contre les autres, mais à décomplexifier une situation volontairement confuse.

Donald Trump n’est pas un impérialiste, mais un nationaliste, pas un globaliste, mais un internationaliste. Avec son gendre, Jared Kushner, il est déjà parvenu à convaincre l’Arabie saoudite de cesser de soutenir les djihadistes, puis il a prévenu une guerre civile en réglant la question successorale à Riyad. Certes, ses méthodes ne sont ni tendres, ni élégantes, mais ses résultats sont bien réels. On peut même dire qu’il est le seul dirigeant occidental à avoir amélioré les choses dans cette région depuis 70 ans.

Il aborde la question israélo-arabe de la même manière que les autres problèmes. D’abord reconnaître la réalité même si cela doit bousculer la rhétorique diplomatique, puis s’appuyer sur les accords bilatéraux, et enfin essayer de ne pas violer le droit multilatéral.

Il cherche donc actuellement à réunir le Fatah et le Hamas, pour disposer d’un seul interlocuteur face à Israël. Washington et Moscou leur ont fait signer un accord de réconciliation, il y a un mois au Caire. Puis, il veut régler le litige à partir de la réalité, c’est-à-dire en considérant que durant 70 ans Israël a grignoté en toute impunité les territoires palestiniens. Il ne devrait plus y avoir au printemps prochain que 7,5 % d’habitants palestiniens à Jérusalem-Est. Donc, à ses yeux, il faut arrêter de tourner autour du pot, placer la capitale de l’État hébreu à Jérusalem et abandonner le mythe de la capitale palestinienne à Jérusalem-Est. C’est injuste. Il le sait et il doit proposer des contreparties. D’ores et déjà, il prévoit de naturaliser les réfugiés libanais en Jordanie, au Liban et en Syrie.

Sa manière d’aborder les problèmes est pragmatique. Il ne s’entête pas à suivre les règles de Droit que ses prédécesseurs ont rendues impraticables, mais à rendre la vie des gens meilleure.

Ceci dit, je ne pense pas que ce plan puisse fonctionner. D’abord, il semble que la quasi-totalité du peuple palestinien préfère continuer le conflit qu’accepter la défaite. Ensuite, cette solution réglerait le problème avec Israël, mais en créerait un nouveau dans les pays voisins. Les femmes palestiniennes font la guerre avec leur ventre. Leur taux de fécondité est en moyenne de 3,7 enfants. La naturalisation des réfugiés palestiniens au Liban bouleverserait le paysage politique en quelques années et de manière quasi automatique, le Premier ministre deviendrait palestinien au détriment des citoyens libanais actuels. C’est inacceptable.

En outre, des extrémistes ou des mercenaires pourront toujours continuer à tirer des missiles depuis Gaza sur Israël. Sauf que cette fois, l’État palestinien étant devenu souverain et indépendant, Tel-Aviv sera en droit de lui livrer une guerre, de l’envahir à nouveau, et de l’annexer dans sa totalité.

Rivarol : Pensez-vous que la résistance palestinienne sera capable de mener une nouvelle intifada ?

Thierry Meyssan :  Il faut bien comprendre que, d’une manière générale, les dirigeants de cette région sont à l’image de leurs homologues occidentaux : hypocrites. S’il doit y avoir une nouvelle intifada, elle sera le fait de Benjamin Netanyahu. Car, contrairement aux apparences, c’est lui et ses amis qui instrumentalisent le Hamas.

Le Hamas se présente, selon les moments, soit comme une organisation musulmane de la Résistance palestinienne, soit comme la branche palestinienne des Frères musulmans, c’est-à-dire du MI6. Ainsi, lors de l’attaque par al-Qaïda du camp palestinien de Yarmouk en Syrie, les combattants du Front al-Nosra sont entrés avec des miliciens du Hamas et des officiers du Mossad. Ensemble, ils se sont rués sur les appartements des leaders du FPLP-CG pour les assassiner. Et ce n’est qu’un exemple.

La vérité sur la question palestinienne, c’est qu’aujourd’hui les meilleurs leaders ont été assassinés, la Résistance a été divisée par Israël, principalement entre Fatah et Hamas, puis Israël a corrompu les premiers et s’affiche avec les seconds. Tout cela, bien-sûr, sur le dos de leur propre peuple qui continue à souffrir. Comme je ne vois aucune solution à cet imbroglio, je suis prêt à examiner les propositions de Trump.

Rivarol :  Cette situation proche-orientale explosive entraînera-t-elle un retour de flamme pour l’Occident ?

Thierry Meyssan : Cela fait seize ans, depuis le 11 septembre 2001, que le Proche-Orient brûle. On peut imaginer que ses habitants ont le sang chaud et ne savent pas régler leurs différends sans se battre. On peut aussi observer qu’ils forment des peuples très divers, certains ont une culture violente comme les Irakiens, d’autre pacifique comme les Syriens, mais aucun n’a souhaité la guerre dont ils souffrent tous. On doit donc admettre que l’incendiaire est étranger.

Depuis l’Europe, on a une vision fausse de ce champ de bataille. D’abord on croit à la fois que tous ces gens sont identiques, et que pourtant chaque pays a sa propre raison d’être en « guerre civile ». Puis on s’imagine que les Occidentaux forment un front uni face à ces “sauvages”, sans voir les rivalités qui nous op- posent, les coups tordus que nous menons les uns contre les autres, et sans oser imaginer le cynisme dont certains de nos dirigeants font preuve. Je n’avais jamais compris l’expression « Perfide Albion » jusqu’à ce que je voie ce que les Britanniques font ici.

Lorsque l’on parle de retour de flamme, on pense au retour des djihadistes. C’est un sujet très minoré par les gouvernements français. Je ne sais pas combien de Français sont allés faire le djihad au Moyen-Orient, et le gouvernement français ne le sait probablement pas lui-même. Certes, au début, ce sont les services français qui ont organisé l’envoi de combattants depuis nos prisons vers cette lointaine région du monde. Ils trouvaient ainsi des combattants pour faire du « bon boulot », selon l’expression de Laurent Fabius, tout en se débarrassant de problèmes chez eux. Puis, avec le temps et les paroles irresponsables de nos politiques, c’est devenu une mode. Mais il était trop tard pour arrêter le flux.

On craint aujourd’hui, à juste titre, le retour de ces Français dont on a fait des assassins. La France a payé des unités irakiennes pour qu’elles éliminent, en dehors du champ de bataille, des citoyens français qu’elle ne veut pas revoir sur son sol. C’est odieux.

Aujourd’hui, le Garde des Sceaux, Nicole Belloubet, parle de faire juger par les “autorités” (sic) du Nord de la Syrie les djihadistes arrêtés par la Coalition internationale. Mais ces autorités illégitimes n’ont ni Code pénal, ni juge, ni tribunal, ni prison. Il s’agit à la fois de faire disparaître les témoins du rôle de la DGSE dans cette guerre et de reconnaître de facto un pseudo-État, le Rojava.

De toute manière, la question des djihadistes ne trouvera pas de solution tant que nos dirigeants n’ouvriront pas publiquement le dossier des Frères musulmans, de leur soumission au MI6, et de la manière dont ils sont protégés et soutenus chez nous. Nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive.

Le plus dur est à venir. Comme vous pouvez le constater, aucune des guerres ouvertes par les États-Unis n’a été sincère : nous avons accepté celle en Afghanistan parce que les Talibans avaient hébergé le responsable supposé des attentats du 11-Septembre. Nous avons accepté celle contre l’Irak parce que le président Saddam Hussein avait lui aussi soutenu le responsable supposé des attentats du 11-Septembre et qu’il voulait poursuivre son œuvre en envoyant des missiles inter-continentaux chimiques sur les États-Unis. Nous avons accepté celle contre la Libye parce que Mouamar Kadhafi était un tyran. Et celle contre la Syrie parce que le président Bachar el-Assad en est un aussi.

Pourtant, les Talibans, Saddam et Kadhafi ont été vaincus il y a longtemps, mais ces guerres continuent. Elles sont même beaucoup plus violentes aujourd’hui que par le passé. Nous voyons des villes entières détruites un peu partout, de la Libye à l’Afghanistan, et pas uniquement dans les pays où se livrent officiellement des guerres. Par exemple, des villes ont été rasées dans la région de Qatif en Arabie saoudite. Nous pouvons continuer à croire aux sornettes américaines, mais nous devons admettre que désormais ce n’est pas un pays, mais toute une région qui est à feu et à sang.

Nous devons nous souvenir des mots du président George Bush Jr, déclarant la « Guerre sans fin ». Cette expression, nous ne l’avons pas comprise en 2001, mais nous en voyons la pratique aujourd’hui.

À l’époque l’amiral Arthur Cebrowski — l’homme qui a modernisé l’armée américaine — se proposait de faire vivre les États-uniens uniquement grâce à leur armée. Il imaginait que pour se fournir en matières premières, les États riches devraient aller se servir dans un grand réservoir de matières premières et de sources d’énergie en payant une taxe à l’armée américaine. Pour rendre son racket indispensable, celle-ci devrait préalablement supprimer toute forme d’organisation politique dans ces régions. Ce chaos, nous le voyons désormais béant, sous nos yeux. Nous n’avons pas réagi parce que ce n’est pas nous qui en souffrons, mais demain, nous devrons payer notre protecteur. Et il sera toujours plus gourmand.

Propos recueillis par Monika Berchvok

Dernier ouvrage en français : Sous nos yeux - Du 11-Septembre à Donald Trump, Éditions Demi-Lune, 21 euros. Disponible sur https:// www.editionsdemilune.com.
Article original : Monika Berchvok : Entretien exclusif et explosif avec Thierry Meyssan, Rivarol nº 3313 du 17 janvier 2018 

Thierry Meyssan : La vérité sur les « fake news »

À l'intention  des bien-pensants :

Lemine Ould Mohamed Salem : L'Histoire secrète du djihad, d'al-Qaida à l'État islamique





Annonce faite sur le site de l'éditeur : "Comment le djihad moderne est-il né ? Comment al-Qaida et Daesh son fils naturel se sont-ils développés ? Qui était vraiment Ben Laden et quels furent ses soutiens ? Quels sont les gouvernements impliqués dans le développement et le financement du djihadisme moderne ? La défaite annoncée de l’État islamique en Syrie et en Irak et le recul d’al-Qaida, en Asie et en Afrique notamment, annoncent-ils la fin du terrorisme islamiste dans le monde ? L’histoire, les secrets d’Oussama Ben Laden et d’al-Qaida ainsi que leurs relations avec certains acteurs, dont des gouvernements, sont ici dévoilés. Compagnon de lutte, conseiller spirituel et ami personnel d’Oussama Ben Laden, Abou Hafs parle. Pour la première fois, une figure majeure du djihadisme islamiste se confesse et livre les secrets les mieux gardés de l’histoire du djihad contemporain. Des révélations qui permettent de comprendre comment le djihad actuel est né et comment il s’est propagé dans le monde" (paru le 17/01/2018)/


dimanche 21 janvier 2018

Il faisait froid, ce tragique matin du 21 janvier 1793



Lettre aux membres et amis de la Confrérie Royale
pour le 25 janvier 2018



Edward Matthew Ward, The Royal Family of France in the Temple, 1851, Magdalen College, Oxford, détail.


Il faisait froid, ce tragique matin de janvier 1793, lorsque le valet de chambre Cléry alluma un modeste feu dans une cheminée de cette humide et vieille bâtisse qu’était la prison du Temple. Derrière les rideaux du lit de la chambre, un homme terminait son repos nocturne. S’engagea alors un court et semble-t-il anodin dialogue entre le captif et son valet :

- Cinq heures sont-elles sonnées ?
- Sire, elles le sont à plusieurs horloges, mais pas encore à la pendule.
- J’ai bien dormi, j’en avais besoin, la journée d’hier m’avait fatigué. Où est Monsieur de Firmont ?
- Sur mon lit.
- Et vous ? où avez-vous dormi ?
- Sur cette chaise.
- J’en suis fâché.
- Ah, Sire, puis-je penser à moi dans ce moment ?

Ce bref échange n’est pas le plus connu, ni le plus éloquent dialogue de cette tragique matinée du 21 janvier 1793. Le captif, c’est Louis XVI, le roi très-chrétien, le roi déchu de ses fonctions par une minorité de petits bourgeois et agitateurs avides de pouvoir et de sang, le roi captif de son peuple, d’un peuple qui s’est engagé dans cette spirale infernale dont nul n’aurait pu imaginer, quelques années plus tôt, les épouvantables effets. Monsieur de Firmont, c’est son aumônier, un prêtre réfractaire d’origine irlandaise, l’abbé Edgeworth. Jean-Baptiste Cléry, c’est le fidèle parmi les fidèles, ancien valet de chambre du duc de Normandie, depuis devenu le Dauphin, lui aussi incarcéré avec ses parents, sa sœur et sa tante, dans la maudite tour du Temple. Cléry fut l’auteur de ce Journal de ce qui s’est passé à la tour du Temple pendant la captivité de Louis XVI, publié à Londres en 1798, témoignage unique en son genre de la vie du Roi-Martyr avant son assassinat.


Les adieux de Louis XVI à sa famille dans la tour du Temple, le 20 janvier 1793


La rapide discussion que nous avons rapportée résume finalement tout de cet évènement qui constitue inexorablement une rupture dans l’histoire de la France, dans cette histoire bâtie sur l’alliance entre le Trône et l’Autel, entre le principe monarchique et la foi catholique. Une alliance consacrée dans les fonts baptismaux de Reims, lors du baptême de Clovis, près de treize siècles plus tôt.
« Cinq heures ont-elles sonné ? »

La première question du Roi très-chrétien est on ne peut plus ordinaire. Il demande l’heure, comme son valet la lui annonçait chaque matin, dans la chambre d’apparat du château de Versailles : « Sire, il est huit heures. » Mais cette fois-ci, le roi pose la question. Il sait qu’il doit se lever plus tôt que prévu, pour se préparer spirituellement à son exaltation, non pas sur un trône, mais sur l’échafaud, qui pour lui sera le trône de la gloire, comme la croix des voleurs le fut pour le Christ. Louis XVI est prêt, fin prêt. Depuis le 10 août 1792, où il fut déchu de ses fonctions ; depuis le 22 septembre, lorsque la Convention abolit la monarchie ; depuis le 11 décembre, quand les fanatiques Chaumette et Santerre, sont venus le chercher au Temple pour son premier interrogatoire devant ces messieurs de la Convention. Depuis la veille surtout, 20 janvier, lorsque 361 députés ont voté pour la mort sans conditions, contre 360 autres. À une voix près ! Le triomphe de la démocratie, ou plutôt de la manipulation. Le totalitarisme en marche.

Cinq heures ont donc sonné. Louis sait qu’il va mourir, dans quelques heures. Il a fait ses adieux la veille à sa famille. Il va se préparer à la mort en se recommandant à Dieu. Il va entendre la sainte Messe qui lui apportera le plus grand réconfort pour un condamné. Et surtout pour un innocent envoyé à la mort.

Cinq heures ont sonné. Louis est en paix avec lui-même. Il sait qu’il doit mourir, pour que son sang scelle un jour, un jour lointain peut-être, de nouveau le pacte qu’on aurait jadis cru éternel entre Dieu et la terre de France. Il sait qu’il doit se préparer au sacrifice d’agréable odeur pour que les grâces descendent un jour de nouveau sur ce royaume, sur ce peuple, sur ces sujets ingrats pour certains, faibles pour d’autres, qui n’ont rien osé faire pour désamorcer la bombe qui allait briser durablement la vraie identité de la France. Et il prie Dieu pour que ce sang qu’il va bientôt répandre ne retombe jamais sur la France en malédictions et vengeances du Ciel.

Mais ces cinq heures n’ont pas encore sonné à la pendule de la chambre royale. Petit retard technique sans doute, mais aussi signe du Ciel, car si on ne faisait pas hier attendre le roi, aujourd’hui le roi ne fait attendre personne, certainement pas Dieu, même si le temps devait s’interrompre sur son horloge. La pendule lui a joué un tour, mais Louis ne s’est pas laissé prendre. Dieu l’appelle au sacrifice. Ecce, adsum. Me voici, Seigneur.

« J’ai bien dormi, j’en avais besoin, la journée d’hier m’avait fatigué. »

Louis XVI a pu jouir de quelques heures de répit, d’apaisement, après les vexations et le harcèlement moral dont, depuis plusieurs jours, il fut victime de la part des censeurs de la Convention. Comme le Christ sous le poids de la Croix, sur le chemin du Calvaire, le lieutenant de Dieu sur terre pouvait ployer sous le fardeau de cet inique procès. Les derniers portraits du souverain, tracés à la va-vite dans sa prison ou à l’assemblée par tel ou tel artiste, à l’exemple du célèbre fusain de Joseph Ducreux, nous révèlent un prince vieilli, épuisé, marqué par la souffrance, et surtout par deux souffrances : la séparation définitive de sa femme et de ses enfants, imposée par les tenants des prétendus droits de l’homme, mais surtout le fait d’avoir été accusé d’avoir répandu le sang de son peuple.


Joseph Ducreux, Louis XVI, vers 1792, Musée Carnavalet


Malgré tout ce fardeau moral, Louis a bien dormi. Parce qu’il a la conscience tranquille. Il sait que tout est consommé, que Dieu l’appelle, que la Providence en a décidé ainsi, pour un plus grand bien, sans doute encore impalpable, un plus grand bien dessiné dans le mystère divin.

La nuit fut bonne. Il a pu reprendre des forces pour se présenter devant son Créateur et pour manifester au public, avec honneur, la grandeur et la noblesse de son âme et de cette dignité unique inscrite en elle par l’Esprit Saint, au jour de son sacre, le 11 juin 1775. Grandeur et noblesse. Des vertus oubliées depuis 1789, mais des vertus qu’un roi ne peut égarer dans l’abîme des révolutions politiques sans se renier lui-même. Il n’est plus roi sur le papier, mais il reste le roi, par la grâce de Dieu. Il est né pour être roi, il a été fait roi par la mort de son aïeul Louis XV et par l’onction du sacre, il doit donc mourir en roi, en s’élevant ultimement sur un trône de souffrance qui sera aussi un trône d’amour, l’amour d’un roi incompris pour son peuple.
« Où est Monsieur de Firmont ? »

Sa première préoccupation, en ce froid matin de janvier, est de savoir où se trouve son aumônier. Louis est toujours le Fils aîné de l’Église, l’héritier des eaux sacrées de Reims et le descendant de saint Louis, n’en déplaise aux vociférateurs de 92. Chaque matin, à son réveil, le Roi pensait d’abord à Dieu. La stricte étiquette imposée par Louis XIV avait clairement mis en évidence cette priorité. À peine éveillé, le souverain, après s’être signé avec l’eau bénite, récitait dans son lit, assisté par son premier aumônier, l’office du Saint-Esprit, en qualité de grand-maître de l’Ordre royal dédié à la troisième Personne de la sainte Trinité.

Ce matin du 21 janvier, une légère entorse est faite à l’antique protocole. C’est par la sainte Messe que Louis va commencer sa journée, son ultime journée. Le bon abbé Edgeworth, dit de Firmont, ancien aumônier de Madame Élisabeth, sœur du Roi, avait reçu l’agrément de la Convention pour assister le souverain dans ses derniers moments. Il l’accompagnera jusqu’à l’échafaud où il prononça, quelques secondes avant la chute du fatal couperet, ces mots figés dans l’éternité : « Fils de saint Louis, montez au Ciel ! »



Dernière prière avant l'exécution du roi Louis XVI



Autrefois, la messe était au cœur de la journée du souverain. En ce jour, elle commence sa dernière journée, car elle est le véritable tremplin qui le conduira dans son éternité. La profonde foi eucharistique du Roi-Martyr est un témoignage essentiel, sans lequel nous ne pouvons comprendre la monarchie française, sans lequel nous ne pouvons comprendre l’inaliénable catholicité du regnum Francorum, sans lequel la pensée monarchiste serait vaine et fausse.

« Dieu premier servi » est la devise royale par excellence. Louis XVI l’a faite sienne tout au long de son règne. Jusqu’au bout.
« Et vous ? où avez-vous dormi ? Sur cette chaise. J’en suis fâché. »

L’échange se poursuit dans une apparente banalité. Et pourtant, de tels mots d’un roi devraient faire réfléchir. Le roi de France, qui va bientôt être remis entre les mains de ses bourreaux, se préoccupe d’abord de la santé et du bien-être de ses serviteurs. Le pauvre Cléry a cédé son lit au confesseur. Louis regrette l’inconfort qu’il a pris au cours de cette funeste nuit. « Le plus grand parmi vous sera votre serviteur » enseignait le Christ (Mt XXIII, 11). Ah, que ces paroles avaient du sens dans l’antique monarchie très chrétienne ! Ah, qu’elles avaient du sens dans la vie spirituelle de Louis XVI, spécialement en ce moment à la fois de tristesse et de bénédiction !

Serviteur de son peuple, il avait promis de l’être au jour de son sacre. Il l’a été tout au long de son règne. Il est conscient qu’il doit le rester jusqu’au bout, malgré les ingratitudes et les mépris dont tant de ses sujets l’ont abreuvé. Des opprobres subies à l’images de celles subies par le Sacré-Cœur. Le roi de France ne pouvait pas ne pas en être conscient, lui qui avait rédigé, un an plus tôt, un acte de consécration de sa famille, de sa Couronne et de son royaume au Cœur de Jésus.

Louis XVI est le père de ses sujets. Il l’a manifesté à de nombreuses reprises au cours de son règne. Il le manifeste enfin par cette ultime délicatesse à l’égard de Cléry. Une attention d’une simplicité presque banale, mais d’une transcendance incontestable en ces minutes où le cours de l’histoire s’est comme ralenti sur le lieu du Temple.



Louis Hersent, Louis XVI distribuant des aumônes aux pauvres de Versailles pendant l’hiver de 1788,
Châteaux de Versailles et Trianon, 1817


« Ah, Sire, puis-je penser à moi dans ce moment ?  »
La réponse de Cléry est, j’oserai dire, notre participation commémorative à cette tragique journée du 21 janvier 1793. Le serviteur fidèle est à la fois conscient de l’incomparable condescendance de son maître, mais aussi, en même temps, de son inaliénable dignité. Il va bientôt perdre un maître qui s’est révélé être un ami, mais surtout un roi, son roi, le Roi. Aucun calcul, aucun effet oratoire, aucun artifice de rhétorique dans cette réponse interrogative du valet de chambre. Puis-je m’enterrer dans mon confort et mon individualisme alors qu’une mort injuste va frapper celui qui incarne le bien commun de mon pays ? La compassion de Cléry est le modèle de notre propre compassion.

En commémorant chaque année la naissance au Ciel du Roi-Martyr, les Français qui font mémoire – parce qu’ils ont osé garder la mémoire face au mémoricide – se détournent de l’individualisme qui ronge notre triste société pour se tourner vers le bien commun de leur patrie. En imitant Cléry : « Puis-je penser à moi chaque 21 janvier ? », nous ne faisons pas que célébrer matériellement un évènement du passé, une action révolue. Nous ne sommes pas non plus des nostalgiques d’une époque dépassée. Nous ne tombons pas non plus dans la dialectique du « Plus jamais ça ». Au contraire, nous « faisons mémoire ». Nous manifestons notre attachement au lien impérissable qui unit le Trône et l’Autel. Nous espérons du fond de notre cœur le rétablissement de ce lien, en le confiant à la volonté de la Providence, par nos prières et nos sacrifices. Nous voulons que le sacrifice du Roi-Martyr soit enfin considéré comme un évènement « national », qui scelle de nouveau l’unité du peuple de France, en rétablissant la vérité historique sur cette période brutale qui a bouleversé l’histoire de notre pays et du monde, et en revenant aux fondamentaux de la loi divine et naturelle, contre lesquels tous les enfers sont déchaînés depuis tant d’années, et surtout depuis cette tragique et froide matinée de janvier 1793.




Henri-Pierre Danloux, Louis XVI écrivant son testament à la tour du Temple le 20 janvier 1793,
Châteaux de Versailles et Trianon, 1795


Publié par Frère Maximilien-Marie du Sacré-Cœur




Lettre aux membres et amis de la Confrérie Royale - pour le 25 janvier 2018 : Il faisait froid, ce tragique matin de janvier 1793