Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 4 février 2017

Hama, visite d'un centre de déplacés



Hama, visite d'un centre de déplacés
Quittons le Ghab en direction de Hama. À Hama, accompagnés d'une forte équipe du Croissant Rouge Syrien, visite d'un centre de déplacés installé dans une école réquisitionnée… Contact avec ces enfants peut être encore plus empreint d'émotion que lors de rencontres avec des soldats… Perception de leur malheur actuel mais aussi impossibilité de ne pas penser qu'eux aussi risquent un jour d'être impitoyablement appelés au front… Difficile de retenir quelques larmes… surprises mêmes dans les yeux de la responsable du Croissant Rouge Syrien qui nous guidait, elle pourtant au contact quotidien de ces enfants et de leurs famille… Larmes inopportunes très vite séchées face à l'accueil de ces enfants, leurs jeux, leurs démonstrations d'affection, leur apparente insouciance malgré un fond de grande tristesse… Des enfants qui sont parfois avec leurs parents… mais malheureusement très souvent orphelins… L'islam interdisant toute rupture avec la filiation biologique, l'adoption telle que conçue en Occident est impossible. Ces orphelins pourront certes être aidés, accueillis dans des familles mais resteront toujours pupilles de l'État syrien.





















Ces déplacés, ayant fui massivement les zones investies par le terrorisme - État islamique, al-Nosra et autres groupuscules terroristes tous gavés de Captagon - et leurs exactions, sont malheureusement nombreux à Hama, Damas comme dans les autres grandes villes libres. Leur condition est extrêmement difficile… écoles surpeuplées, maisons surpeuplées… S'ils ne sont pas pris en charge dans des centres d'accueil ils ont à faire face à des prix de loyers en hausse constante du fait de la pression du nombre de déplacés… Si les nourritures ne manquent pas, ces déplacés appauvris n'y ont souvent accès que grâce à la solidarité de leurs nouveaux voisins, les habitants des villes d'accueil ou à des aides publiques… Ce sont sans doute eux, enfants comme adultes, qui ont le plus besoin d'une aide venue de l'extérieur… Les voyages de solidarité organisés par la Communauté Syrienne de France, modestement, peuvent contribuer à les soulager, eux, les plus miséreux ou les plus courageux qui n'ont pas cédé à l'appel néfaste à l'exil, encouragé par la propagande étrangère… Venir en Syrie aider directement ces déplacés, c'est aussi lutter contre une immigration désastreuse…



Avant de quitter Hama, une brève halte s'imposait pour admirer les norias sur les rives de l'Oronte

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Dans le Ghab entre Aïn el-Kroum [عين الكروم] et Al-Skeibyeh [السقيلبية]… puis Muhradah [محردة] et Hama [حماة]…
Pour poursuivre aux environs du Ghab, sur l'Oronte, à la découverte des "Assassins" voir les articles suivants écrits à l'occasion de visites avec la Communauté Syrienne de France :

À Masyaf siège d'assassins d'un autre temps…

À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…

De la plaine du Ghab à Lattaquié… en passant par Qardaha


samedi 28 janvier 2017

Arrivée à Bab Touma, découverte du vieux Damas… Bab Charqi, rue Droite…



Dès notre arrivée dans cette maison du temps jadis : Beit Zaman, le charme d'un accueil


Nouveau voyage avec la Communauté Syrienne de France… Déjà le sixième proposé… Venant de Beyrouth par la route, arrivée à Damas… Entrée dans la vieille ville par Bab Touma, rue Bab Touma… Installation dans un de ces hôtels de charme tel que seule Damas peut en cacher… Puis, très vite, envie irrésistible, quelle que soit l'heure d'arrivée, quelle que soit la fatigue du voyage de découvrir cette vieille ville de Damas…

Chacun aura immédiatement compris comment s'orienter à Damas… Toute la ville moderne s'est étendue à partir de la vieille ville… Avant toute promenade dans Damas et ses extensions hors de cette vieille ville et la logique de leurs excroissances, familiarisation avec la cité antique. Malgré un enchevêtrement de ruelles qui a priori peut paraître inextricable notamment du fait du relief accidenté de Bab Touma et de ses environs, le plan de la vieille ville se révèlera dans toute sa clarté. Nous nous réfèrerons aux origines de Damas et sa modélisation par les Romains. Une ancienne ville romaine est toujours bâtie autant que possible dans un espace rectangulaire… Ses rues se coupent à angle droit d'est en ouest, ce sont les "decumani" et du nord au sud, les "cardines"… Une ville romaine comprend deux axes principaux : d'est en ouest, le "decumanus maximus" et du nord au sud, le "cardo maximus". Leur intersection marque le centre de la cité.… Ces deux axes restent encore les axes de référence de la vieille ville de Damas.




La Via Recta [la rue Droite, الشارع المستقيم], le "decumanus maximus" reste évident sur tout son trajet actuel et constitue l'axe majeur est-ouest de Bab Charqi [باب شرقي], la porte du Soleil des Romains, à Bab al-Jabiya [باب الجابية‎‎], l'ancienne porte de Jupiter, la principale entrée-est de la ville. Cette artère principale traverse la ville sur une longueur de 1 300 mètres. À l'ouest, c'est aujourd'hui le souk de Midhat Pacha ; à l'est, c'est la rue Bab Charqi qui se termine par l'ancienne porte romaine, entièrement préservée. Bab Charqi, située à l'extrémité de la rue Droite, formait l'issue est du "decumanus maximus" dans la ville antique. Avec l'esplanade qui la précède, elle a retrouvée son ampleur originelle : une ouverture centrale, sur la chaussée, servait aux chars et aux cavaliers ; les deux baies latérales ouvrent sur les trottoirs abrités par les portiques. Le minaret voisin fut construit sous le règne de Nour ed-Din. [Cette porte est, avec Bab Touma, l'une des entrées du quartier chrétien et est donc fortement contrôlée. Ici, aucune autorisation de photographier ne vous sera donnée.]


Bab Charqi








Mémorial du Génocide arménien, rue Droite


Rue Droite : l'Arc romain


L'église Sainte-Marie


Rue Droite, retrouver le plaisir de se faire raser chez un barbier traditionnel…



Rue Droite, il sera notre fournisseur préféré de pistaches, amandes et autres fruits secs…


Les martyrs sont ici aussi toujours présents




La rue Droite, dans le calme d'un vendredi matin





Vieux Damas, sur la rue Droite…
Le "cardo maximus" est à présent moins évident, il irait de Bab al-Saghir [باب صغير], la Petite Porte au sud vers Bab al-Faradis [باب الفراديس‎‎], la Porte du Paradis, là où se situaient sources et jardins sur les rives de la Barada, également nommée aujourd'hui Bab al-Amara [باب العمارة]. De ce "cardo maximus" une fraction deviendra familière à tout visiteur, le souk al-Bzouriyeh [سوق البزورية] qui de la rue Droite permet de rejoindre la mosquée des Omeyyades… C'est aussi sur le souk al-Bzouriyeh, le souk aux épices que se situent le palais Azem [Qasr al-Azem- قصر العظم], le khan Assad Basha [خان اسعد باشا], le hammam Nour ed-Din al-Shaheed [حمام نور الدين الشهيد]…

L'intersection du "decumanus maximus" et du "cardo maximus" marque le centre de la cité… Non loin de cette intersection la grande mosquée des Omeyyades… édifiée dans la vieille ville romaine de Damas devenue capitale de l'Empire omeyyade, cette mosquée se situe à l'emplacement de l'ancienne église Saint-Jean-le-Baptiste (IVe siècle), qui elle-même avait été construite sur l'ancien temenos romain dédié à Jupiter. Dans cette mosquée des Omeyyades nous sommes donc dans le lieu le plus saint de la ville depuis l'Antiquité…

Le temple romain est encore présent dans la mosquée sous la forme de certains murs, des propylées à l'est et des tours aux angles utilisées comme minarets. Par contre, la basilique Saint-Jean-le-Baptiste, édifice de taille plus modeste, fut en grande partie démolie pour gagner de l'espace, excepté un clocher devenu minaret et certains murs extérieurs conservés de l'édifice ancien. Cette démolition n'est intervenue qu'après l'achat de l'église par le pouvoir musulman vers 664.


S'aventurer dans les ruelles de Bab Touma…










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Le charme d'un café d'Antan…


Le calme d'un hôtel de la rue Droite, Beit Zaman [فندق بيت زمان]


Retour pour quelques instants de calme et repos à notre hôtel, avant de nouvelles découvertes… Au cours de nos pérégrinations, nous empruntons immanquablement à maintes reprises la via Recta… « Va dans la rue Droite et demande dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse. » Nous visiterons chapelle Saint-Hananie [كنيسة القديس حنانيا], cette petite chapelle érigée à l'emplacement de la maison où Saint Paul recouvra la vue et fut baptisé. On y découvre aujourd'hui une crypte qui engloberait une partie de la demeure antique. Une série de chromos relate la vie de Saint Paul. Sur les traces de Saint Paul, de Bab Charqi vers le sud en longeant les soubassements de muraille romaine construite de gros blocs nous nous aventurerons vers Bab Kissan (la porte et la fenêtre de Saint Paul) qui marque le lieu où le saint, aidé de ses disciples, aurait quitté la ville par un panier descendu d'une fenêtre pour échapper aux juifs.


Hananie était l'un des premiers disciples du Christ et il est notamment connu pour avoir rendu la vue à Paul qui l'avait perdue lors de son illumination sur la route de Damas. Ne vous étonnez du fait que cette chapelle du sud-est de la vieille ville soit en sous-sol puisqu'il s'agit en fait de l'ancien niveau de Damas ! Dans cette crypte voutée, vous pourrez admirer une bande-dessinée côté transept droit. Ce qu'il faut savoir avant toute chose sur cette chapelle, c'est qu'elle était, semble-t-il, l'ancienne demeure de... Judas ! Et l'on dit que Paul fut baptisé ici même par le disciple Hananie.


La chapelle Saint-Hananie
Paul vient d'arriver à Damas et il est aveugle depuis trois jours. Accomplissant la volonté de Dieu, Hananie va alors trouver Paul, lui impose les mains et lui rend la vue. Paul reçoit aussitôt le baptême. Saint Hananie est fêté le 25 janvier, jour où l'Église catholique célèbre la conversion de Paul.









Maison d'Hananie : la Conversion de Saint Paul




Chapelle Saint-Paul


Saint Paul


Bab Cherqi, en vous rendant à la maison d'Hananie, vous pourrez visiter le palais Nassan [قصر النعسان] 
















Facebook : Madj Nassan



L'hôpital Saint Louis, peu après bab Touma


Un des nombreux restaurants de Bab Cherqi et Bab Touma


Facebook : Bab Sharqi باب شرقي


Carte interactive "Love Damascus" pour y accéder cliquez ICI
(dans cette recherche sur la vieille ville : en vert, les restaurants ; en violet, les hôtels)




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Damas, quartier chrétien incendié : photo Henry Sauvaire (1861), musée d'Orsay


Damas, quartier chrétien incendié : collection photos Henry Sauvaire (1861), musée d'Orsay

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mardi 24 janvier 2017

Sites Éternels, de Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel



L'exposition "Sites éternels" se poursuit en ligne

Des développements numériques en ligne, créés à l'occasion de l'exposition du Grand Palais désormais fermée, permettent de rendre compte de l’état des recherches et de perpétuer le souvenir de ces quatre sites archéologiques en danger.

Les contenus dédiés à l’exposition sur grandpalais.fr

Retrouvez les « Mots de l’expo » pour tout savoir sur ces quatre sites archéologiques.

Observez sous tous les angles trois des quatre oeuvres du Musée du Louvre exposées au Grand Palais, grâce à leur numérisation en 3D par l'Agence photo de la Rmn-GP.

Partagez vos photos sur le compte Instagram @souvenirs_sites_eternels pour enrichir notre mémoire de ces lieux. Ce compte Instagram, à vocation pérenne, permet de rassembler et de conserver des clichés de ces sites avant leur destruction. Il permet également aux chercheurs et archéologues de pouvoir conserver une trace de ces monuments fragiles et de les aider dans leur reconstruction.


Les parcours virtuels intéractifs sur le site et l'application Google Arts & Culture :

« Réunion des musées nationaux – Grand Palais » : Google Arts & Culture


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"De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel"
Une exposition présentée au Grand Palais à Paris du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017

L’exposition « Sites Éternels, de Bâmiyân à Palmyre » était à découvrir au Grand Palais du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017. Cette exposition  proposait une immersion au cœur de quatre grands sites archéologiques en danger : la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas, le site de Palmyre, le Krak des Chevaliers en Syrie, ainsi que l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabad en Irak. Cette exploration s’appuie sur le travail de relevés 3D de la start-up française Iconem.




L’exposition avait pour ambition de sensibiliser le grand public à la notion de patrimoine en danger par l’évocation de sites emblématiques et la découverte (ou redécouverte) des splendeurs de quatre grands sites archéologiques actuellement situés en zones de conflit. Répartis principalement sur un territoire qui correspond aujourd’hui à la Syrie et à l’Irak, ces sites n’ont pas seulement subi les « dommages collatéraux » de la guerre, certains ont été attaqués pour ce qu’ils sont, pour l’héritage qu’ils offrent à l’humanité d’aujourd’hui…

- La Grande Mosquée de Damas, édifiée au cœur de la capitale par la dynastie des Omeyyades (661-750), est l’un des plus anciens chefs-d’œuvre de l’architecture islamique ;

- Palmyre, au cœur du désert, à mi-chemin entre la côte méditerranéenne et l’Euphrate, est un ancien relais caravanier dont on retient la splendeur à l’époque romaine mais dont l’existence remonte au IIe millénaire avant notre ère ;

- Le Krak des Chevaliers, château fort datant de l’époque des croisades, situé dans l’ouest de la Syrie, est l’un des châteaux croisés les plus prestigieux et les mieux conservés ;

- Khorsabad, ville de la Haute-Antiquité fondée par le roi Sargon II (713-706 av. J.-C.) dans la province de Ninive, fût l’une des capitales du grand empire néo-assyrien qui domina la plus grande partie du Proche-Orient dans la première moitié du Ier millénaire avant notre ère.

Cette exposition dite "immersive" voulait plonger le visiteur au cœur de ces sites grâce à une projection à 360° au sein de la galerie sud-est du Grand Palais. Le film a été réalisé pour l’essentiel avec des relevés des sites archéologiques en 3D réalisées par la société Iconem, qui poursuit son travail y compris en zone de conflits grâce à des drones.

Ces prises de vues photogrammétriques permettent de produire de véritables doubles numériques des vestiges, qui ont été combinés avec des documents tels que des photos anciennes, des gravures, des aquarelles, donnant ainsi la mesure de leur évolution dans le temps.

Étaient également présentées quatre pièces majeures des collections du musée du Louvre liées aux sites présentés, rappelant ainsi la force du témoignage de l’objet archéologique et l’importance des collections des musées universels dans le partage de ce patrimoine commun.

Enfin, un Laboratoire des images, conçu comme un cabinet de curiosités, apportait un éclairage sur les méthodes utilisées par les scientifiques, du XVIIème siècle à nos jours, pour documenter leurs découvertes et reconstituer le fil de l’Histoire.

L’exposition présentait également une expérience de réalité augmentée dédiée à la reconstruction virtuelle de l’Arche de Palmyre et les témoignages de quatre personnalités du monde artistique du Proche Orient sur les destructions du patrimoine mondial.


De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel

C’est à une expérience "immersive" inédite que conviait le visiteur l’exposition « Sites éternels ». Alors que le contexte géopolitique au Moyen-Orient ne connaît pas d’apaisement, ces trésors du patrimoine mondial témoignent de notre humanité.

« Quand la culture des peuples est menacée, quand leur patrimoine est attaqué, ce sont ces valeurs et ces droits fondamentaux qui sont visés. C’est pourquoi la protection du patrimoine est inséparable de la protection des vies humaines. Il n’y a pas à choisir entre l’une ou l’autre. Quand la culture est en première ligne des crises, elle doit être en première ligne de la construction de la paix. » Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO.




Sites éternels au Grand Palais, entretien avec M. Pic et Y. Lintz du Louvre


À l'occasion de l'exposition "De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel" Marielle Pic, directrice des Antiquités orientales, et Yannick Lintz, directrice des Arts de l'islam au Louvre, dévoilent les enjeux de l'exposition, présentent les quatre "sites éternels" et les œuvres du Louvre exposées au Grand Palais.



Sites éternels : la table ronde de l’exposition

Le 12 décembre 2016, une table ronde exceptionnelle était organisée au Grand Palais pour présenter les enjeux de l’exposition « Sites éternels ».

Il s’agissait notamment selon Sylvie Hubac, Présidente de la RMN – Grand Palais de « substituer à des images de peur et de désolation, des images qui racontent au contraire leur splendeur, leur beauté, leur poésie. Qui nous permettent de retraverser leur histoire et, effectivement, de nous donner confiance dans ce qu’il est possible de refaire demain. »


En immersion dans les "Sites éternels" du Grand Palais



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Dans le secret des pierres - Damas, fragments d'une cité éternelle



Dans le secret des pierres - Palmyre, le royaume de sable



Dans le secret des pierres - Ougarit, une empreinte dans l'histoire de l'Humanité



Dans le secret des pierres - Mari, aux origines de la «Ville»



Dans le secret des pierres - Les sentinelles du Levant



Dans le secret des pierres - Qosair Amra, un édifice manifeste



De Bâmiyân à Palmyre, Voyage au cœur des sites du patrimoine universel