Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 4 février 2017

Ghab - Une maison de déplacés, au Moulin des Douceurs…





Une maison de déplacés, au Moulin des Douceurs…

Après al-Basha, retour vers Aïn el-Kroum… En chemin nous faisons une halte dans le village Tahouna el-Haloua  [طاحونة الحلاوة], le Moulin des Douceurs ! Nous sommes accueillis dans une grande maison propriété du maire de la commune… Le maire a mis sa maison à la disposition de déplacés… Ils sont là une trentaine environ. Quelques hommes, des femmes des enfants… Un thé nous est offert…  Certains nous disent comment ils sont arrivés là et les sévices subis de la par des islamistes… Heureux d'être encore en vie… Tous ont connu dans leur famille des personnes assassinées… Qui un père… Qui un frère… Qui un fils… La plupart d'entre eux viennent de Qalaat al-Madiq [قلعة المضيق], Apamée… que nous avons pu observer avec des jumelles depuis al-Skeibyeh [السقيلبية]…   


… apporter un peu de réconfort à ceux, déplacés, blessés ou endeuillés, victimes d'une agression venue de l'étranger




Des médicaments encore et des vêtements chauds en ce début d'hiver rigoureux au Croissant Rouge Syrien et à un Centre d'accueil de déplacés à Hama… Loin de Damas nos repas étaient toujours pris en commun avec ceux que nous rencontrions et nous recevaient…
Partout, hors de Damas, les activités de solidarité ont laissé le tourisme au second plan…  Une visite à Abu Qubeis fera exception…


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Dans le Ghab entre Aïn el-Kroum [عين الكروم] et Al-Skeibyeh [السقيلبية]… puis Muhradah [محردة] et Hama [حماة]…
Pour poursuivre aux environs du Ghab, sur l'Oronte, à la découverte des "Assassins" voir les articles suivants écrits à l'occasion de visites avec la Communauté Syrienne de France :

À Masyaf siège d'assassins d'un autre temps…

À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…

De la plaine du Ghab à Lattaquié… en passant par Qardaha

Ghab - Abu Qubeis, une citadelle des "Assassins"…



Abu Qubeis, une citadelle des "Assassins"…










De la côte méditerranéenne au Ghab, nous avons franchi le djebel Ansarieh… Gravissons à nouveau cette chaîne montagneuse aux environs d'Aïn el-Kroum,  pour une visite de la citadelle ismaélienne de Abu Qubeis, Qalaat Abu Qobeis [قلعة أبو قبيس]… Vue panoramique sur la plaine du Ghab… avec ses innombrables villages… Lequel est majoritairement alaouite ? Lequel serait sunnite ? Lequel peuplé de chrétiens orthodoxes ?  Des questions que poseront des visiteurs occidentaux mais qui ne semblent pas préoccuper nos accompagnateurs syriens ayant parfaitement intégré une conception vraie de la laïcité… Seule exception… Il fait déjà sombre, il est tard dans l'après-midi et il y a eu de l'orage… Au loin, d'un village l'on n'aperçoit que peu de lumière… "Ce village là-bas est occupé par les djihadistes"…  Lesquels ? Les connexions entre les différentes factions sont inextricables et mouvantes… Les villageois qui ont pu fuir se sont réfugiés autant que possible dans le voisinage… Souvent les frontières ne sont pas étanches, des secours en vivres et médicaments s'organisent avec les zones libres… et ne devraient bénéficier qu'aux seuls citoyens syriens… Quand la situation est trop grave dans un vaste périmètre, alors la population fuira massivement est sera accueillie dans des centres de déplacés…








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Dans le Ghab entre Aïn el-Kroum [عين الكروم] et Al-Skeibyeh [السقيلبية]… puis Muhradah [محردة] et Hama [حماة]…
Pour poursuivre aux environs du Ghab, sur l'Oronte, à la découverte des "Assassins" voir les articles suivants écrits à l'occasion de visites avec la Communauté Syrienne de France :

À Masyaf siège d'assassins d'un autre temps…

À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…

De la plaine du Ghab à Lattaquié… en passant par Qardaha

Ancient-Origins : The notorious and much feared ancient order of Hashshashins

Ancient-Origins : Masyaf Castle, the Seat of the Assassins

Ancient-Origins : Deadly Strategies and Ruthless Tactics of the Ancient Assassins

Facebook : The Syrian Heritage Institute



Hama, visite d'un centre de déplacés



Hama, visite d'un centre de déplacés
Quittons le Ghab en direction de Hama. À Hama, accompagnés d'une forte équipe du Croissant Rouge Syrien, visite d'un centre de déplacés installé dans une école réquisitionnée… Contact avec ces enfants peut être encore plus empreint d'émotion que lors de rencontres avec des soldats… Perception de leur malheur actuel mais aussi impossibilité de ne pas penser qu'eux aussi risquent un jour d'être impitoyablement appelés au front… Difficile de retenir quelques larmes… surprises mêmes dans les yeux de la responsable du Croissant Rouge Syrien qui nous guidait, elle pourtant au contact quotidien de ces enfants et de leurs famille… Larmes inopportunes très vite séchées face à l'accueil de ces enfants, leurs jeux, leurs démonstrations d'affection, leur apparente insouciance malgré un fond de grande tristesse… Des enfants qui sont parfois avec leurs parents… mais malheureusement très souvent orphelins… L'islam interdisant toute rupture avec la filiation biologique, l'adoption telle que conçue en Occident est impossible. Ces orphelins pourront certes être aidés, accueillis dans des familles mais resteront toujours pupilles de l'État syrien.





















Ces déplacés, ayant fui massivement les zones investies par le terrorisme - État islamique, al-Nosra et autres groupuscules terroristes tous gavés de Captagon - et leurs exactions, sont malheureusement nombreux à Hama, Damas comme dans les autres grandes villes libres. Leur condition est extrêmement difficile… écoles surpeuplées, maisons surpeuplées… S'ils ne sont pas pris en charge dans des centres d'accueil ils ont à faire face à des prix de loyers en hausse constante du fait de la pression du nombre de déplacés… Si les nourritures ne manquent pas, ces déplacés appauvris n'y ont souvent accès que grâce à la solidarité de leurs nouveaux voisins, les habitants des villes d'accueil ou à des aides publiques… Ce sont sans doute eux, enfants comme adultes, qui ont le plus besoin d'une aide venue de l'extérieur… Les voyages de solidarité organisés par la Communauté Syrienne de France, modestement, peuvent contribuer à les soulager, eux, les plus miséreux ou les plus courageux qui n'ont pas cédé à l'appel néfaste à l'exil, encouragé par la propagande étrangère… Venir en Syrie aider directement ces déplacés, c'est aussi lutter contre une immigration désastreuse…



Avant de quitter Hama, une brève halte s'imposait pour admirer les norias sur les rives de l'Oronte

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Dans le Ghab entre Aïn el-Kroum [عين الكروم] et Al-Skeibyeh [السقيلبية]… puis Muhradah [محردة] et Hama [حماة]…
Pour poursuivre aux environs du Ghab, sur l'Oronte, à la découverte des "Assassins" voir les articles suivants écrits à l'occasion de visites avec la Communauté Syrienne de France :

À Masyaf siège d'assassins d'un autre temps…

À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…

De la plaine du Ghab à Lattaquié… en passant par Qardaha


samedi 28 janvier 2017

Arrivée à Bab Touma, découverte du vieux Damas… Bab Charqi, rue Droite…



Dès notre arrivée dans cette maison du temps jadis : Beit Zaman, le charme d'un accueil


Nouveau voyage avec la Communauté Syrienne de France… Déjà le sixième proposé… Venant de Beyrouth par la route, arrivée à Damas… Entrée dans la vieille ville par Bab Touma, rue Bab Touma… Installation dans un de ces hôtels de charme tel que seule Damas peut en cacher… Puis, très vite, envie irrésistible, quelle que soit l'heure d'arrivée, quelle que soit la fatigue du voyage de découvrir cette vieille ville de Damas…

Chacun aura immédiatement compris comment s'orienter à Damas… Toute la ville moderne s'est étendue à partir de la vieille ville… Avant toute promenade dans Damas et ses extensions hors de cette vieille ville et la logique de leurs excroissances, familiarisation avec la cité antique. Malgré un enchevêtrement de ruelles qui a priori peut paraître inextricable notamment du fait du relief accidenté de Bab Touma et de ses environs, le plan de la vieille ville se révèlera dans toute sa clarté. Nous nous réfèrerons aux origines de Damas et sa modélisation par les Romains. Une ancienne ville romaine est toujours bâtie autant que possible dans un espace rectangulaire… Ses rues se coupent à angle droit d'est en ouest, ce sont les "decumani" et du nord au sud, les "cardines"… Une ville romaine comprend deux axes principaux : d'est en ouest, le "decumanus maximus" et du nord au sud, le "cardo maximus". Leur intersection marque le centre de la cité.… Ces deux axes restent encore les axes de référence de la vieille ville de Damas.




La Via Recta [la rue Droite, الشارع المستقيم], le "decumanus maximus" reste évident sur tout son trajet actuel et constitue l'axe majeur est-ouest de Bab Charqi [باب شرقي], la porte du Soleil des Romains, à Bab al-Jabiya [باب الجابية‎‎], l'ancienne porte de Jupiter, la principale entrée-est de la ville. Cette artère principale traverse la ville sur une longueur de 1 300 mètres. À l'ouest, c'est aujourd'hui le souk de Midhat Pacha ; à l'est, c'est la rue Bab Charqi qui se termine par l'ancienne porte romaine, entièrement préservée. Bab Charqi, située à l'extrémité de la rue Droite, formait l'issue est du "decumanus maximus" dans la ville antique. Avec l'esplanade qui la précède, elle a retrouvée son ampleur originelle : une ouverture centrale, sur la chaussée, servait aux chars et aux cavaliers ; les deux baies latérales ouvrent sur les trottoirs abrités par les portiques. Le minaret voisin fut construit sous le règne de Nour ed-Din. [Cette porte est, avec Bab Touma, l'une des entrées du quartier chrétien et est donc fortement contrôlée. Ici, aucune autorisation de photographier ne vous sera donnée.]


Bab Charqi








Mémorial du Génocide arménien, rue Droite


Rue Droite : l'Arc romain


L'église Sainte-Marie


Rue Droite, retrouver le plaisir de se faire raser chez un barbier traditionnel…



Rue Droite, il sera notre fournisseur préféré de pistaches, amandes et autres fruits secs…


Les martyrs sont ici aussi toujours présents




La rue Droite, dans le calme d'un vendredi matin





Vieux Damas, sur la rue Droite…
Le "cardo maximus" est à présent moins évident, il irait de Bab al-Saghir [باب صغير], la Petite Porte au sud vers Bab al-Faradis [باب الفراديس‎‎], la Porte du Paradis, là où se situaient sources et jardins sur les rives de la Barada, également nommée aujourd'hui Bab al-Amara [باب العمارة]. De ce "cardo maximus" une fraction deviendra familière à tout visiteur, le souk al-Bzouriyeh [سوق البزورية] qui de la rue Droite permet de rejoindre la mosquée des Omeyyades… C'est aussi sur le souk al-Bzouriyeh, le souk aux épices que se situent le palais Azem [Qasr al-Azem- قصر العظم], le khan Assad Basha [خان اسعد باشا], le hammam Nour ed-Din al-Shaheed [حمام نور الدين الشهيد]…

L'intersection du "decumanus maximus" et du "cardo maximus" marque le centre de la cité… Non loin de cette intersection la grande mosquée des Omeyyades… édifiée dans la vieille ville romaine de Damas devenue capitale de l'Empire omeyyade, cette mosquée se situe à l'emplacement de l'ancienne église Saint-Jean-le-Baptiste (IVe siècle), qui elle-même avait été construite sur l'ancien temenos romain dédié à Jupiter. Dans cette mosquée des Omeyyades nous sommes donc dans le lieu le plus saint de la ville depuis l'Antiquité…

Le temple romain est encore présent dans la mosquée sous la forme de certains murs, des propylées à l'est et des tours aux angles utilisées comme minarets. Par contre, la basilique Saint-Jean-le-Baptiste, édifice de taille plus modeste, fut en grande partie démolie pour gagner de l'espace, excepté un clocher devenu minaret et certains murs extérieurs conservés de l'édifice ancien. Cette démolition n'est intervenue qu'après l'achat de l'église par le pouvoir musulman vers 664.


S'aventurer dans les ruelles de Bab Touma…










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Le charme d'un café d'Antan…


Le calme d'un hôtel de la rue Droite, Beit Zaman [فندق بيت زمان]


Retour pour quelques instants de calme et repos à notre hôtel, avant de nouvelles découvertes… Au cours de nos pérégrinations, nous empruntons immanquablement à maintes reprises la via Recta… « Va dans la rue Droite et demande dans la maison de Judas un nommé Saul de Tarse. » Nous visiterons chapelle Saint-Hananie [كنيسة القديس حنانيا], cette petite chapelle érigée à l'emplacement de la maison où Saint Paul recouvra la vue et fut baptisé. On y découvre aujourd'hui une crypte qui engloberait une partie de la demeure antique. Une série de chromos relate la vie de Saint Paul. Sur les traces de Saint Paul, de Bab Charqi vers le sud en longeant les soubassements de muraille romaine construite de gros blocs nous nous aventurerons vers Bab Kissan (la porte et la fenêtre de Saint Paul) qui marque le lieu où le saint, aidé de ses disciples, aurait quitté la ville par un panier descendu d'une fenêtre pour échapper aux juifs.


Hananie était l'un des premiers disciples du Christ et il est notamment connu pour avoir rendu la vue à Paul qui l'avait perdue lors de son illumination sur la route de Damas. Ne vous étonnez du fait que cette chapelle du sud-est de la vieille ville soit en sous-sol puisqu'il s'agit en fait de l'ancien niveau de Damas ! Dans cette crypte voutée, vous pourrez admirer une bande-dessinée côté transept droit. Ce qu'il faut savoir avant toute chose sur cette chapelle, c'est qu'elle était, semble-t-il, l'ancienne demeure de... Judas ! Et l'on dit que Paul fut baptisé ici même par le disciple Hananie.


La chapelle Saint-Hananie
Paul vient d'arriver à Damas et il est aveugle depuis trois jours. Accomplissant la volonté de Dieu, Hananie va alors trouver Paul, lui impose les mains et lui rend la vue. Paul reçoit aussitôt le baptême. Saint Hananie est fêté le 25 janvier, jour où l'Église catholique célèbre la conversion de Paul.









Maison d'Hananie : la Conversion de Saint Paul




Chapelle Saint-Paul


Saint Paul


Bab Cherqi, en vous rendant à la maison d'Hananie, vous pourrez visiter le palais Nassan [قصر النعسان] 
















Facebook : Madj Nassan



L'hôpital Saint Louis, peu après bab Touma


Un des nombreux restaurants de Bab Cherqi et Bab Touma


Facebook : Bab Sharqi باب شرقي


Carte interactive "Love Damascus" pour y accéder cliquez ICI
(dans cette recherche sur la vieille ville : en vert, les restaurants ; en violet, les hôtels)




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Damas, quartier chrétien incendié : photo Henry Sauvaire (1861), musée d'Orsay


Damas, quartier chrétien incendié : collection photos Henry Sauvaire (1861), musée d'Orsay

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