Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mardi 24 janvier 2017

Sites Éternels, de Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel



L'exposition "Sites éternels" se poursuit en ligne

Des développements numériques en ligne, créés à l'occasion de l'exposition du Grand Palais désormais fermée, permettent de rendre compte de l’état des recherches et de perpétuer le souvenir de ces quatre sites archéologiques en danger.

Les contenus dédiés à l’exposition sur grandpalais.fr

Retrouvez les « Mots de l’expo » pour tout savoir sur ces quatre sites archéologiques.

Observez sous tous les angles trois des quatre oeuvres du Musée du Louvre exposées au Grand Palais, grâce à leur numérisation en 3D par l'Agence photo de la Rmn-GP.

Partagez vos photos sur le compte Instagram @souvenirs_sites_eternels pour enrichir notre mémoire de ces lieux. Ce compte Instagram, à vocation pérenne, permet de rassembler et de conserver des clichés de ces sites avant leur destruction. Il permet également aux chercheurs et archéologues de pouvoir conserver une trace de ces monuments fragiles et de les aider dans leur reconstruction.


Les parcours virtuels intéractifs sur le site et l'application Google Arts & Culture :

« Réunion des musées nationaux – Grand Palais » : Google Arts & Culture


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"De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel"
Une exposition présentée au Grand Palais à Paris du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017

L’exposition « Sites Éternels, de Bâmiyân à Palmyre » était à découvrir au Grand Palais du 14 décembre 2016 au 9 janvier 2017. Cette exposition  proposait une immersion au cœur de quatre grands sites archéologiques en danger : la Grande Mosquée des Omeyyades de Damas, le site de Palmyre, le Krak des Chevaliers en Syrie, ainsi que l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabad en Irak. Cette exploration s’appuie sur le travail de relevés 3D de la start-up française Iconem.




L’exposition avait pour ambition de sensibiliser le grand public à la notion de patrimoine en danger par l’évocation de sites emblématiques et la découverte (ou redécouverte) des splendeurs de quatre grands sites archéologiques actuellement situés en zones de conflit. Répartis principalement sur un territoire qui correspond aujourd’hui à la Syrie et à l’Irak, ces sites n’ont pas seulement subi les « dommages collatéraux » de la guerre, certains ont été attaqués pour ce qu’ils sont, pour l’héritage qu’ils offrent à l’humanité d’aujourd’hui…

- La Grande Mosquée de Damas, édifiée au cœur de la capitale par la dynastie des Omeyyades (661-750), est l’un des plus anciens chefs-d’œuvre de l’architecture islamique ;

- Palmyre, au cœur du désert, à mi-chemin entre la côte méditerranéenne et l’Euphrate, est un ancien relais caravanier dont on retient la splendeur à l’époque romaine mais dont l’existence remonte au IIe millénaire avant notre ère ;

- Le Krak des Chevaliers, château fort datant de l’époque des croisades, situé dans l’ouest de la Syrie, est l’un des châteaux croisés les plus prestigieux et les mieux conservés ;

- Khorsabad, ville de la Haute-Antiquité fondée par le roi Sargon II (713-706 av. J.-C.) dans la province de Ninive, fût l’une des capitales du grand empire néo-assyrien qui domina la plus grande partie du Proche-Orient dans la première moitié du Ier millénaire avant notre ère.

Cette exposition dite "immersive" voulait plonger le visiteur au cœur de ces sites grâce à une projection à 360° au sein de la galerie sud-est du Grand Palais. Le film a été réalisé pour l’essentiel avec des relevés des sites archéologiques en 3D réalisées par la société Iconem, qui poursuit son travail y compris en zone de conflits grâce à des drones.

Ces prises de vues photogrammétriques permettent de produire de véritables doubles numériques des vestiges, qui ont été combinés avec des documents tels que des photos anciennes, des gravures, des aquarelles, donnant ainsi la mesure de leur évolution dans le temps.

Étaient également présentées quatre pièces majeures des collections du musée du Louvre liées aux sites présentés, rappelant ainsi la force du témoignage de l’objet archéologique et l’importance des collections des musées universels dans le partage de ce patrimoine commun.

Enfin, un Laboratoire des images, conçu comme un cabinet de curiosités, apportait un éclairage sur les méthodes utilisées par les scientifiques, du XVIIème siècle à nos jours, pour documenter leurs découvertes et reconstituer le fil de l’Histoire.

L’exposition présentait également une expérience de réalité augmentée dédiée à la reconstruction virtuelle de l’Arche de Palmyre et les témoignages de quatre personnalités du monde artistique du Proche Orient sur les destructions du patrimoine mondial.


De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel

C’est à une expérience "immersive" inédite que conviait le visiteur l’exposition « Sites éternels ». Alors que le contexte géopolitique au Moyen-Orient ne connaît pas d’apaisement, ces trésors du patrimoine mondial témoignent de notre humanité.

« Quand la culture des peuples est menacée, quand leur patrimoine est attaqué, ce sont ces valeurs et ces droits fondamentaux qui sont visés. C’est pourquoi la protection du patrimoine est inséparable de la protection des vies humaines. Il n’y a pas à choisir entre l’une ou l’autre. Quand la culture est en première ligne des crises, elle doit être en première ligne de la construction de la paix. » Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO.




Sites éternels au Grand Palais, entretien avec M. Pic et Y. Lintz du Louvre


À l'occasion de l'exposition "De Bâmiyân à Palmyre, voyage au cœur des sites du patrimoine universel" Marielle Pic, directrice des Antiquités orientales, et Yannick Lintz, directrice des Arts de l'islam au Louvre, dévoilent les enjeux de l'exposition, présentent les quatre "sites éternels" et les œuvres du Louvre exposées au Grand Palais.



Sites éternels : la table ronde de l’exposition

Le 12 décembre 2016, une table ronde exceptionnelle était organisée au Grand Palais pour présenter les enjeux de l’exposition « Sites éternels ».

Il s’agissait notamment selon Sylvie Hubac, Présidente de la RMN – Grand Palais de « substituer à des images de peur et de désolation, des images qui racontent au contraire leur splendeur, leur beauté, leur poésie. Qui nous permettent de retraverser leur histoire et, effectivement, de nous donner confiance dans ce qu’il est possible de refaire demain. »


En immersion dans les "Sites éternels" du Grand Palais



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Dans le secret des pierres - Damas, fragments d'une cité éternelle



Dans le secret des pierres - Palmyre, le royaume de sable



Dans le secret des pierres - Ougarit, une empreinte dans l'histoire de l'Humanité



Dans le secret des pierres - Mari, aux origines de la «Ville»



Dans le secret des pierres - Les sentinelles du Levant



Dans le secret des pierres - Qosair Amra, un édifice manifeste



De Bâmiyân à Palmyre, Voyage au cœur des sites du patrimoine universel






lundi 23 janvier 2017

À Alep, avec la Communauté syrienne de France et Horizon de l'Espoir…



Hello vous tous… des pétromonarchies… d'Occident… de Turquie… barbus and co… Ici Alep !


La Communauté Syrienne de France, forte de l'expérience de cinq voyages de "Solidarité avec le peuple syrien" organisés depuis mars 2015 proposait en cette fin octobre et début novembre 2016 un nouveau voyage dans le cadre de son  projet "Solidarité Syrie". Le dynamisme de son animatrice, Rima, apte à saisir immédiatement toute opportunité a assuré à ce nouveau voyage, effectué encore dans des conditions très différentes de tous les précédents un plein succès… Un voyage orienté vers de nouveaux horizons… Ainsi les participants à ce sixième voyage avec la Communauté Syrienne de France ont eu le privilège de se rendre et séjourner à Alep-Ouest et de visiter Palmyre libérée…

Programme intense… Aucune perte de temps… Dès le lendemain notre arrivée en Syrie, tôt le matin, notre petit groupe réuni par la Communauté syrienne de France prend la route d'Alep… Un visite tant attendue… Une destination qui n'avait pu être atteinte auparavant dans aucun des précédents voyages…


@deSyracuse Syria civil war (2 November 2016) par deSyracuse — Pour accéder à la carte interactive, cliquer  ICI
Un voyage en petit groupe nous a permis d'emprunter des transports collectifs publics dans la première partie de notre séjour. Cette carte montre notre itinéraire à partir de Homs pour rejoindre Alep, puis de Alep vers Hama, de Hama à Masyaf, de Masyaf à Tartous. Entre Homs et Alep la route principale n'était toujours pas sécurisée et les véhicules contraints d'emprunter un couloir dans lequel Daesh à l'Est, al-Nusra à l'Ouest n'étaient souvent pas très éloignés.

L'effectif de ce dernier groupe, ayant été délibérément voulu par la Communauté Syrienne de France un peu moins nombreux que les précédents, a permis d'innover quant au choix des moyens de transports… Pour la première fois, avec la Communauté Syrienne de France, un groupe a pu voyager en dehors de Damas et sur de longues distances en empruntant des transports en commun… Une solution proposée par notre organisatrice qui s'est révélée et la plus simple et la plus opportune… Voyage comme des Syriens ordinaires… par un des nombreux bus assurant régulièrement la liaison entre Damas et Alep… Chacun s'est allégé de ses bagages, gros sacs et valises ont été laissés en consigne à notre hôtel de Damas, reste le minimum nécessaire pour quelques jours…

Était ainsi offerte aux membres du groupe une occasion unique de contacts libres et proches de la population, celle des voyageurs, et à l'occasion des nombreuses haltes de contrôle, de détente, de restauration…



Notre bus, du grand confort… service parfait à bord

Vendredi 28 octobre… Nombreux contrôles sur la route… mais très vite l'information de notre présence dans le bus est répercutée sur les contrôles suivants… et en définitive un trajet prévu ordinairement pour 10 heures n'a été effectué qu'en 8 heures, pour la plus grande satisfaction de nos compagnons de voyage syriens. En fait il n'y a eu aucun laxisme dans les contrôles - et nous ne pouvons que nous en féliciter. Notre bus a simplement eu la priorité dans les files d'attente à chaque checkpoint. C'est dire combien sont appréciées les visites d'étrangers - même français - perçus authentiquement amis de la Syrie. Personne en Syrie ne confond l'imbécillité criminelle du gouvernement d'un pays asservi à des intérêts qui ne sont même pas les siens et la démarche personnelle de citoyens de ce même pays.

Halte restauration, la dernière peu avant notre arrivée à Alep


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Chacun d'entre nous était déjà très sensibilisé à la situation d'Alep, par ses recherches personnelles d'informations sur les réseaux sociaux, et hors des grands médias de la propagande occidentale… La Communauté Syrienne de France avait eu l'heureuse initiative, le samedi 14 mai dernier d'une vidéo-conférence simultanément depuis Alep et Damas. Contact direct avec la Syrie réelle, cette vidéo-conférence avait suscité l'intérêt d'un grand nombre de participants unanimement conscients de l'incrédibilité de grossières manipulations médiatiques. Le souvenir de cette manifestation exceptionnelle habitait chacun de nous… en particulier le témoignage courageux de Sonia Kaprielian cette mère de famille alépine ainsi que la magistrale intervention de Kamal El-Jaffa illustrée de vidéos donnant une image de la situation à Alep où aucun quartier n'a été épargné.  
Pourtant, installés pour la nuit à Alep-ouest, dans le quartier Al-Shahba [الشهباء] nous avons d'abord l'impression de découvrir une ville qui semble vivre presque normalement, quoique au ralenti. Dans ce quartier, nous pouvons circuler seuls, à pied, de nuit pour nous rendre au restaurant dans un autre quartier relativement éloigné… Quelques rares détonations entendues dans la soirée.
Malheureusement dans la nuit les déflagrations redoublent d'intensité… Nos premiers contacts au matin nous confient que jamais depuis plus de deux ans Alep-ouest n'avait subi une attaque d'une telle intensité. À l'approche des élections présidentielles américaines et pour ne pas alimenter la propagande perverse du camp états-unien le plus belliciste, l'Armée arabe syrienne et ses alliés avaient minimisé leur pression sur les groupes armés soutenus par l'étranger… Bien plus une trêve avait été unilatéralement décidée… Les groupes armés takfiris agents de l'étranger ont alors profité d'une moindre pression subie pour mener une vaste offensive contre Alep-ouest…







Malgré tout nous maintenons notre programme de visites… Dès le matin nous lisions la gravité de la situation sur les visages de nos interlocuteurs… Malgré leurs devoirs sur le terrain, malgré leurs préoccupations pour la sécurité de leurs familles tous ceux que nous avons rencontrés se sont toujours montrés disponibles, nous ont accueillis et guidés dans les meilleures conditions possibles compte tenu d'un état d'alerte élevé… Nous devons les remercier infiniment, souligner leur courage et leur détermination face à l'adversité…  Nous sommes d'abord accueillis pour un petit-déjeuner dans la maison de l'un de nos amis… 


Vue sur le quartier Al-Shahba [الشهباء] depuis la maison de nos hôtes


Petit déjeuner, quartier Al-Shahba [الشهباء],  nos hôtes


Le quartier Al-Shahba [الشهباء] vu depuis la maison de nos hôtes


Le quartier Al-Shahba [الشهباء]… 


Puis rencontre avec les responsables de la Chambre des industries textiles d'Alep… L'un des membres de la direction de la Chambre des industries textiles d'Alep, dont nous avions déjà fait connaissance à Damas en mars dernier à l'occasion d'une exposition de leurs productions à l'hôtel Dama Rose, M. Moustafa Kawaia nous reçoit au siège de la Chambre à Al-Shahba El-Djadida [الشهباء الجديدة], puis nous conduit sur le site d'Al-Layramoun  [الليرمون] des usines détruites par les agresseurs étrangers et dont les équipements ont été systématiquement démontés et transférés en Turquie… [Ce blog a publié un article spécial avec photos sur cette rencontre.]

En fin de matinée, visite de l'hôpital universitaire où déjà le matin affluent de nombreux blessés… Nous sommes longuement reçus par le Dr. Ibrahim Hadid, neurochirurgien, doyen de la faculté de médecine et directeur du CHU, en présence de nombreux membres de son équipe. Le Dr. Ibrahim Hadid nous présente la situation de la ville d'Alep assiégée, agressée et partiellement occupée depuis plusieurs années et tous les problèmes rencontrés face à cette situation par les équipes médicales, leur immense courage et abnégation malgré des conditions de travail très difficiles… alors que les patients affluent, plus de 4 000 les trois derniers mois.
Le Dr. Ibrahim Hadid nous rappelle que la Syrie est sous un embargo… En détruisant son économie, cet embargo détruit les entreprises. En détruisant les entreprises, cet embargo met les gens au chômage, en mettant les gens au chômage, cet embargo les pousse au désespoir… Ainsi, dans le désespoir, certains ont-ils pu en échange d'une paye rejoindre les groupes islamistes… Mais cet embargo touche aussi les médicaments et les pièces détachées des appareils d'imagerie médicale tels les scanners. Le directeur du CHU nous explique combien ses confrères ont été obligés d'improviser, réparant eux-mêmes leur matériel.


Le 7 janvier 2017, Nicolas Dhuicq, Thierry Mariani et Jean Lassalle, représentants du peuple français
étaient reçu au CHU d'Alep par son directeur, le Dr. Ibrahim Hadid…

Nicolas Dhuicq annonce avoir déposé à l'Assemblée Nationale française
une résolution demandant la levée de l'embargo par la France.

Répondant au désir unanime des membres du groupe de faire un geste de solidarité, le directeur préfère nous diriger vers une association qui œuvre directement sur le terrain en faveur des victimes du terrorisme, l'association humanitaire "Al-Ihssan"…
Nous nous rendons donc au siège de l'association humanitaire "Al-Ihssan Charity" [جمعية الإحسان الخيرية التنموية بحلب]‎ au quartier Al-Mougambou [الموغامبو]. Kamal El-Jaffa nous a rejoint, il nous expose la situation présente à Alep tandis que les responsables d'Al-Ihssan nous présentent les nombreuses missions de l'association et les défis auxquels elle doit faire face à cause de cette guerre. Comme ils en avaient manifesté l'intention, chacun des membre du groupe a remis au comptable de l'association un modeste don de l'équivalent d'environ 100 €, au profit des enfants victimes du terrorisme.











Puis, pour répondre aux besoins urgents suscités par les nombreuses blessures liées aux combats, certains ont tenu à faire un don du sang au  Centre de transfusion sanguine de  "Nadi El Djalaa" [نادي الجلاء]…


Point de distribution d'eau de la Croix rouge, quartier Nadi El Djalaa [نادي الجلاء],
dans le fond on aperçoit le bâtiment du centre de transfusion sanguine


Quartier Nadi El-Djalaa [نادي الجلاء] -  tout proche, enflammé, le quartier El-Hamdanya [الحمدانية], sur le front avec l'Est
En fin d'après-midi, à la tombée de la nuit, le chauffeur mis gracieusement à notre disposition par l'Hôpital Universitaire nous conduit au carrefour Al-Shihanne.  Un rond-point stratégique entre plusieurs quartiers, Al-Ashraffia [الأشرفية] celui de notre chauffeur,  El-Hamdanya [ الحمدانية] le front enflammé avec Alep-est, Bény Zayd  [بني زيد]. C'est là que nous rencontrons un groupe de personnes fuyant devant la recrudescence des combats El-Hamdanya pour tenter de trouver un abri à Bény Zayd…  Béni Zayed est ce quartier dont Sonia Kaprielian, cette mère de famille alépine, nous avait longuement parlé le samedi 14 mai dernier lors d'une vidéo-conférence simultanée depuis Alep et Damas.  Béni Zayed d'où longtemps ont été envoyés des missiles sur Alep-ouest n'a été libéré que récemment, à la fin de l'été, et n'était pas encore encore totalement déminé en ce début novembre… Quartier toujours dangereux donc provisoirement interdit à un retour des populations. Aussi l'Armée postée au carrefour n'a pas autorisé cette malheureuse famille à y accéder… Leur désarroi se lit sur le visage de ces pauvres gens ne sachant plus où se réfugier la nuit venue…



Carrefour Al-Shihanne, ils ont fui Nadi El-Djalaa [نادي الجلاء] et auraient voulu se mettre à l'abri au quartier Béni Zayd [بني زيد]


Carrefour Al-Shihanne, aux portes du quartier Beni Zayd…


Carrefour Al-Shihanne…


Carrefour Al-Shihanne…


Carrefour Al-Shihanne…


Point d'eau, carrefour Al-Shihanne, tout près d'autres personnes - enfants ou mère de famille - ont d'autres
préoccupations que ces pauvres gens bloqués dans leur pickup et ne sachant plus où se réfugier cette nuit…


Carrefour Al-Shihanne, en direction de Beni Zayd [بني زيد]


Point d'eau, carrefour Al-Shihanne

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Notre hôtel, face à l'hôpital universitaire… Quartier animé, l'atteste le nombre de cafés et restaurants.
Notre préféré : le café "C'est la Vie" [سيلافي كافيه -  شارع وضاح اليمن]. 
Pour agrandir cette carte, naviguer dans le quartier et aussi découvrir les autres quartiers d'Alep cliquez : ICI

Lors de notre arrivée à Alep-ouest nous avions cru découvrir une ville semblant vivre presque normalement, quoique au ralenti. Nous avons circulé seuls, à pied, de nuit pour nous rendre au restaurant dans un quartier relativement éloigné… De nombreux restaurants restent ouverts, et accueillent des convives jusque tard dans la nuit… Nous savons par expérience, et nous le réalisons une fois de plus, combien en temps de guerre pour les peuples - et celui d'Alep le confirme - il est une nécessité vitale d'affirmer sa force en maintenant ses activités habituelles, et notamment malgré tout des activités festives. Chacun ne sait de quoi demain sera fait… Malgré la gravité de la situation aucun d'entre nous n'a le droit de sombrer dans la morosité… C'est cela aussi affirmer sa solidarité avec un peuple qui se bat.

Nous réalisons combien une situation de guerre est faite de contrastes… Lutte des extrêmes entre la vie et la mort… Tout combattant ne peut qu'être habité par une extraordinaire force de vie pour affronter victorieusement l'adversaire… De même chacun… - tous les autres - se doit de garder une volonté constante de goûter pleinement à la vie quels que soient les malheurs… Affirmer une joie de vivre c'est vaincre la mort qui rode. Tout au moins garder l'espérance constante en une vie meilleure…









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Gare routière, départ d'Alep vers Hama


Gare routière, nombreux étaient les départs ce matin-là,
mais l'affluence était à peine supérieure à l'ordinaire malgré l'intensité des combats…


En route, encore tout près d'Alep… les combats ne sont pas loin

Nous quittons Alep…  Joie d'avoir découvert, même rapidement, Alep malgré toutes les difficultés annoncées pour y accéder.  Scandalisés par la constatation de visu des méfaits du "bon boulot" et de la guerre voulus et appuyés par l'imbécillité criminelle des gouvernants de la France... Colère et consternation face à la misère de ceux qui, aujourd'hui alors que les combats ont atteint une intensité inconnue depuis plus de deux ans, n'ont pu jusqu'à présent que fuir d'un quartier à l'autre...
Pourtant tous ceux avec qui nous nous sommes entretenus ont manifesté la quasi certitude d'une victoire prochaine et d'un contexte international plus favorable… Un immense bonheur nous habite alors croyant fermement venue l'heure de la bataille finale contre les forces du mal de l'OTAN et des pétromonarchies...
C'est dans une ambiance apocalyptique que nous avons pris la route pour Hama. Des mortiers détonnent toutes les dix secondes. Des fusées telles des étoiles filantes illuminent un horizon jamais lointain. Des avions grondent dans le ciel puis des traînées blanches noires et des bâtiments perdus dans une fumée épaisse. Parfois des tirs de Kalachnikov derrière une colline… Imperturbable, notre bus fait sa route…

Croisées des colonnes de véhicules, tanks, camions transportant du matériel de lourd durant des kilomètres. Des soldats syriens, iraniens, le Hezbollah, les milices afghanes sur le pied de guerre… Tous montent vers Alep…

Malgré un fol espoir qu'arrive le combat final personne ne peut s'empêcher de penser en ce moment à ceux qui vivent toujours en craignant peut-être encore le pire dans les murs d'Alep assiégée...


Vive la Victoire !

Mère Agnès Mariam de la Croix :
"Entre Syriens, il n'y a que des solutions… aucun conflit.
Le conflit vient de l'extérieur de la Syrie."
Cela est clairement démontré dans la libération d'Alep-est des multiples bandes armées de mercenaires ralliées à l'islamisme salafiste sous le commandement du Front al-Nosra (al-Qaïda), entretenues par l'OTAN et les pétromonarchies du Golfe. Une victoire qui n'est pas seulement militaire. C'est une victoire géostratégique contre toutes les agressions du bloc OTAN-pétromonarchies du Golfe... Une victoire contre leurs sanctions économiques visant à affamer un pays, contre la désinformation de campagnes médiatiques mensongères, contre l'humanitarisme armé de prétendues ONG financées par des gouvernements. Tout un dispositif mis en échec par la libération d'Alep… et des populations qui y étaient prises en otage.


Alep, que s'est-il vraiment passé ?

26 Pics, avant et après la guerre révèle ce qui a été fait en Syrie

Alep : "Il n'y a pas des tueurs plus humains que d'autres"

Dans les premiers bus vers Alep-Est, des habitants entre joie et effroi

En Syrie, la zone industrielle détruite d'Alep croit en une seconde chance


Des voyages d'avant c'est avec des cartes postales que l'on revenait…
La citadelle d'Alep… souvenir aujourd'hui encore très provisoirement inaccessible


Des voyageurs d'antan des cartes postales l'on recevait…


La Chambre d'Industrie d'Alep accueille la Communauté syrienne de France…



Le "Khan de la Soie" revivra…

Facebook : Aleppo Chamber of Industry
La Chambre d'industrie d'Alep a invité le groupe de la Communauté syrienne de France à visiter son exposition "Khan de la Soie" consacrée à la mode aux tissus dans les salons de l'hôtel Dama Rose, les 6, 7 et 8 mars 2016 à Damas. Nous avons pu à cette occasion apprécier l'extraordinaire résistance de la population d'Alep et sa volonté de faire face à la fois aux massacres, aux destructions, aux pillages orchestrés par la Turquie et la communauté dite "internationale"… Une exposition riche de nombreux produits de qualité… L'occasion de nombreux achats…


Affiche de l'exposition "Khan de la Soie" [خان الحرير] à l'hôtel Dama Rose de Damas en mars 2016

Alep ne meurt pas… Les nombreux exposants "Khan de la Soie" dans les salons de l'hôtel Dama Rose de Damas nous en donnent un magistral témoignage. En dépit de toutes les difficultés de la vie quotidienne, insécurité, pénurie d'eau, coupures d'électricité, malgré toutes les épreuves la ville d'Alep s'affirme comme un bastion de la résistance… L'exhibition "Khan de la Soie" évoque le prestige millénaire d'Alep, porte principale et carrefour stratégique sur la Route de la Soie entre la Chine et l'Europe.

"Khan de la Soie" est la première exposition de la Chambre d'industrie d'Alep à Damas, après quatre années de guerre, de destruction d'entreprises, de pillage de facteurs de production… 

C'est M. Moustafa Kawaia, représentant le conseil d'administration de la Chambre d'industrie d'Alep, qui reçoit le groupe de la Communauté syrienne de France rappelant tout d'abord que le "Khan de la Soie" est ce lieu historique de concentration de l'industrie et du commerce des textiles au cœur de l'ancienne cité d'Alep.

Capitale de la soie pour tout le Moyen-Orient, capitale industrielle de la Syrie, malgré cendres et pillages, Alep tient à affirmer avec orgueil et prouver au monde entier qu'elle ne meurt pas ! Que l'industrie d'Alep ne périra jamais.

Hommes et femmes d'Alep se comportent aujourd'hui en héros face à l'agression de leur patrie. Leur volonté et leur détermination leur assurent une confiance inébranlable en la victoire. Foi en la victoire et la reconstruction, alors que la plupart des participants à cette exposition ont leurs installations dévastées et encore occupées par les groupes terroristes et ne peuvent y accéder. Ils se sont donc réinstallés ailleurs.

L'ennemi détruit. L'ennemi vole et pille. À ceux-là et tous leurs complices et commanditaires, les Alépins répondent : "Allez vous faire foutre… Nous sommes une civilisation ancrée dans les temps les plus anciens de l'Histoire… Nous ne mourrons pas… Notre avenir nous appartient… Nous conquérons des jours meilleurs."

Cette exposition se veut ainsi un défi au gouvernement turc d'Erdogan et à ses agents qui ont voulu la mort de l'industrie d'Alep par la destruction de ses usines et le vol de leurs équipements, butin de guerre transféré en Turquie… sans que ces pillards imbéciles aient les compétences pour mettre en fonction les équipements volés ! 

M. Moustafa Kawaia nous assure que cette manifestation n'est que la première d'une série d'expositions répondant à la ferme détermination de la Chambre d'industrie d'Alep d'appuyer l'industrie textile et de la soie afin de retrouver le plus rapidement possible la meilleure place sur le marché. Une industrie importante dans l'économie nationale syrienne et qui génère de nombreux emplois. La réputation et le prestige de l'industrie textile d'Alep sont garants d'une reconquête rapide des marchés mondiaux


































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En ce début novembre, nouvelle rencontre avec les responsables de la Chambre d"industrie d'Alep, mais cette fois chez eux, à Alep au siège de la Chambre à Al-Shahba El-Djadida [الشهباء الجديدة] !… C'est encore M. Moustafa Kawaia, avec qui nous avions déjà fait connaissance à Damas en mars dernier à l'occasion de l'exposition "Khan de la Soie" à l'hôtel Dama Rose qui nous reçoit au nom du conseil d'administration de la Chambre…  Ensuite M. Moustafa Kawaia nous conduit sur l'un des sites industriels, à Al-Layramoun [الليرمون]… champ de ruines, usines détruites par les agresseurs étrangers… équipements systématiquement démontés et transférés en Turquie… Nous ne pouvons nous attarder à Al-Layramoun. Les combats tout proches font rage… Nous nous replions vers Al-Shahba… Malgré tout, malgré les inquiétudes, la gravité qui se lit sur les visages, nos hôtes ne cessent d'affirmer leur confiance en l'avenir…




















Témoignage de la vitalité d'Alep et du dynamisme de sa Chambre d'Industrie… l'annonce sur son site Facebook, parmi de très nombreuses autres activités, d'un prochain "Salon de l'Emploi" dans les locaux de la faculté d'Architecture !…




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Aleppo industry exhibition in Damascus

http://www.aci.org.sy/

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Bassel Nasri, devant ce qui reste de son entreprise à Alep (Photo DDM/P.C.)


Le soir, beaucoup d'hommes dînent seul, à Alep. Ou se regroupent entre amis au restaurant. Plutôt d'un certain âge, ils sont indifféremment chrétiens, musulmans. « Mon épouse est au Liban, mes enfants au Canada et aux États-Unis », explique Naji Khayyat, guide touristique, la soixantaine. Face à lui attablé chez Wannes, Joseph Tokatli est industriel. Ses trois garçons sont à Montréal. La famille mise en sécurité, comme nombre d'autres, eux sont restés pour garder la maison. Sans travail. « J'ai été mis à la retraite par la guerre. Tout a été volé dans mon entreprise de tuyaux pour l'assainissement », résume Joseph, photos à l'appui. Car « ça n'a jamais été une révolution mais une guerre de destruction de notre histoire et de notre économie », accusent les Alépins croisés, de l'homme de la rue au gouverneur. Datant de 1090, le minaret de la Grande Mosquée est par terre. Le souk voisin, autrefois référence du Moyen-Orient ? Un désastre où, caché sous la poussière, se découvre un fanion vert, au sabre saoudien.

« Révolution » ou « punition » ?

« Quand vous faites la révolution, vous faites attention à préserver l'outil de production, les usines, les infrastructures publiques, les hôpitaux, les écoles, non ? Parce que si vous prenez le pouvoir, il faut que le pays marche, non ? Ici, leur seul projet était de tout détruire. Notre patrimoine mondial, notre industrie » : discours d'une rage récurrente dans cette ville fière d'être l'un des berceaux de l'humanité et ne se supportant pas laminée… alors que la zone industrielle pesait un million de personnes dont « 500 000 emplois directs pour 35 000 manufactures de toutes tailles », chiffre Fares Shehabi, patron de la Chambre d'industrie, évoquant une déstabilisation et des menaces ciblées contre le poumon économique d'Alep, dès 2011 avant l'explosion de 2012.

Le discours des jihadistes salafistes - « à 50 % étrangers, d'après les corps retrouvés » souligne un officiel — « c'était “Nous sommes venus à Alep pour la punir” ». Mais c'est une guerre de pillage programmé que décrivent les entrepreneurs présents. À l'instar de Bassel Nasri, devant les restes de son entreprise de PVC, dans l'immense zone industrielle désormais fantôme de Yeramone, tandis que des tirs d'artillerie et des rafales s'entendent encore à 2 ou 3 km. Ici ? « Tout ce qui pouvait être volé l'a été, ils l'ont démonté sous le contrôle d'ingénieurs et le reste a été mis hors d'usage », dit l'entrepreneur, faisant visiter son usine dévastée. Ils ? L'ASL, al-Nosra, Daech, mais surtout, derrière, la Turquie voisine et islamiste du Premier ministre puis Président Erdogan, accusent les Syriens en zone gouvernementale, dénonçant une nostalgie d'Empire ottoman doublée d'une volonté d'annihiler l'économie d'une Syrie concurrente dont Ankara voulait la tête… Gaziantep, de l'autre côté de la frontière, plaque tournante des jihadistes : « c'est là que nos machines volées ont été vendues », affirme la Chambre d'industrie.

La Turquie : grand voisin en forme de spectre du côté du quartier de Midan, majoritairement arménien et particulièrement visé. «Durant trois ans, tu sortais de la maison, tu ne savais pas si tu rentrerais», dit Tigran Bedrossian, président du Club arménien accueillant une communauté très soudée.

Mémoire arménienne

Appartements crevés, décombres d'une église détruite… plus loin, Saint-Grégoire est intacte. 1915-2015 : une affiche y rappelle le centenaire du Génocide et le souvenir des rescapés qui ont construit ce lieu de culte. « Il y a cent ans, les survivants ont été bien accueillis en Syrie mais l'objectif des rebelles était de dresser les communautés les unes contre les autres. Je suis député d'Alep et 80 % de mes électeurs sont musulmans : nous vivons toujours ensemble. Ils n'ont pas réussi à nous diviser », se félicite le député arménien Jirair Reisian, faisant visiter l'école réservée aux 35 orphelins de la communauté. « C'est sûr que la présence de la Turquie dans le conflit réveille en nous le souvenir du Génocide », constate Tigran…