Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 23 janvier 2017

La Chambre d'Industrie d'Alep accueille la Communauté syrienne de France…



Le "Khan de la Soie" revivra…

Facebook : Aleppo Chamber of Industry
La Chambre d'industrie d'Alep a invité le groupe de la Communauté syrienne de France à visiter son exposition "Khan de la Soie" consacrée à la mode aux tissus dans les salons de l'hôtel Dama Rose, les 6, 7 et 8 mars 2016 à Damas. Nous avons pu à cette occasion apprécier l'extraordinaire résistance de la population d'Alep et sa volonté de faire face à la fois aux massacres, aux destructions, aux pillages orchestrés par la Turquie et la communauté dite "internationale"… Une exposition riche de nombreux produits de qualité… L'occasion de nombreux achats…


Affiche de l'exposition "Khan de la Soie" [خان الحرير] à l'hôtel Dama Rose de Damas en mars 2016

Alep ne meurt pas… Les nombreux exposants "Khan de la Soie" dans les salons de l'hôtel Dama Rose de Damas nous en donnent un magistral témoignage. En dépit de toutes les difficultés de la vie quotidienne, insécurité, pénurie d'eau, coupures d'électricité, malgré toutes les épreuves la ville d'Alep s'affirme comme un bastion de la résistance… L'exhibition "Khan de la Soie" évoque le prestige millénaire d'Alep, porte principale et carrefour stratégique sur la Route de la Soie entre la Chine et l'Europe.

"Khan de la Soie" est la première exposition de la Chambre d'industrie d'Alep à Damas, après quatre années de guerre, de destruction d'entreprises, de pillage de facteurs de production… 

C'est M. Moustafa Kawaia, représentant le conseil d'administration de la Chambre d'industrie d'Alep, qui reçoit le groupe de la Communauté syrienne de France rappelant tout d'abord que le "Khan de la Soie" est ce lieu historique de concentration de l'industrie et du commerce des textiles au cœur de l'ancienne cité d'Alep.

Capitale de la soie pour tout le Moyen-Orient, capitale industrielle de la Syrie, malgré cendres et pillages, Alep tient à affirmer avec orgueil et prouver au monde entier qu'elle ne meurt pas ! Que l'industrie d'Alep ne périra jamais.

Hommes et femmes d'Alep se comportent aujourd'hui en héros face à l'agression de leur patrie. Leur volonté et leur détermination leur assurent une confiance inébranlable en la victoire. Foi en la victoire et la reconstruction, alors que la plupart des participants à cette exposition ont leurs installations dévastées et encore occupées par les groupes terroristes et ne peuvent y accéder. Ils se sont donc réinstallés ailleurs.

L'ennemi détruit. L'ennemi vole et pille. À ceux-là et tous leurs complices et commanditaires, les Alépins répondent : "Allez vous faire foutre… Nous sommes une civilisation ancrée dans les temps les plus anciens de l'Histoire… Nous ne mourrons pas… Notre avenir nous appartient… Nous conquérons des jours meilleurs."

Cette exposition se veut ainsi un défi au gouvernement turc d'Erdogan et à ses agents qui ont voulu la mort de l'industrie d'Alep par la destruction de ses usines et le vol de leurs équipements, butin de guerre transféré en Turquie… sans que ces pillards imbéciles aient les compétences pour mettre en fonction les équipements volés ! 

M. Moustafa Kawaia nous assure que cette manifestation n'est que la première d'une série d'expositions répondant à la ferme détermination de la Chambre d'industrie d'Alep d'appuyer l'industrie textile et de la soie afin de retrouver le plus rapidement possible la meilleure place sur le marché. Une industrie importante dans l'économie nationale syrienne et qui génère de nombreux emplois. La réputation et le prestige de l'industrie textile d'Alep sont garants d'une reconquête rapide des marchés mondiaux


































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En ce début novembre, nouvelle rencontre avec les responsables de la Chambre d"industrie d'Alep, mais cette fois chez eux, à Alep au siège de la Chambre à Al-Shahba El-Djadida [الشهباء الجديدة] !… C'est encore M. Moustafa Kawaia, avec qui nous avions déjà fait connaissance à Damas en mars dernier à l'occasion de l'exposition "Khan de la Soie" à l'hôtel Dama Rose qui nous reçoit au nom du conseil d'administration de la Chambre…  Ensuite M. Moustafa Kawaia nous conduit sur l'un des sites industriels, à Al-Layramoun [الليرمون]… champ de ruines, usines détruites par les agresseurs étrangers… équipements systématiquement démontés et transférés en Turquie… Nous ne pouvons nous attarder à Al-Layramoun. Les combats tout proches font rage… Nous nous replions vers Al-Shahba… Malgré tout, malgré les inquiétudes, la gravité qui se lit sur les visages, nos hôtes ne cessent d'affirmer leur confiance en l'avenir…




















Témoignage de la vitalité d'Alep et du dynamisme de sa Chambre d'Industrie… l'annonce sur son site Facebook, parmi de très nombreuses autres activités, d'un prochain "Salon de l'Emploi" dans les locaux de la faculté d'Architecture !…




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Aleppo industry exhibition in Damascus

http://www.aci.org.sy/

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Bassel Nasri, devant ce qui reste de son entreprise à Alep (Photo DDM/P.C.)


Le soir, beaucoup d'hommes dînent seul, à Alep. Ou se regroupent entre amis au restaurant. Plutôt d'un certain âge, ils sont indifféremment chrétiens, musulmans. « Mon épouse est au Liban, mes enfants au Canada et aux États-Unis », explique Naji Khayyat, guide touristique, la soixantaine. Face à lui attablé chez Wannes, Joseph Tokatli est industriel. Ses trois garçons sont à Montréal. La famille mise en sécurité, comme nombre d'autres, eux sont restés pour garder la maison. Sans travail. « J'ai été mis à la retraite par la guerre. Tout a été volé dans mon entreprise de tuyaux pour l'assainissement », résume Joseph, photos à l'appui. Car « ça n'a jamais été une révolution mais une guerre de destruction de notre histoire et de notre économie », accusent les Alépins croisés, de l'homme de la rue au gouverneur. Datant de 1090, le minaret de la Grande Mosquée est par terre. Le souk voisin, autrefois référence du Moyen-Orient ? Un désastre où, caché sous la poussière, se découvre un fanion vert, au sabre saoudien.

« Révolution » ou « punition » ?

« Quand vous faites la révolution, vous faites attention à préserver l'outil de production, les usines, les infrastructures publiques, les hôpitaux, les écoles, non ? Parce que si vous prenez le pouvoir, il faut que le pays marche, non ? Ici, leur seul projet était de tout détruire. Notre patrimoine mondial, notre industrie » : discours d'une rage récurrente dans cette ville fière d'être l'un des berceaux de l'humanité et ne se supportant pas laminée… alors que la zone industrielle pesait un million de personnes dont « 500 000 emplois directs pour 35 000 manufactures de toutes tailles », chiffre Fares Shehabi, patron de la Chambre d'industrie, évoquant une déstabilisation et des menaces ciblées contre le poumon économique d'Alep, dès 2011 avant l'explosion de 2012.

Le discours des jihadistes salafistes - « à 50 % étrangers, d'après les corps retrouvés » souligne un officiel — « c'était “Nous sommes venus à Alep pour la punir” ». Mais c'est une guerre de pillage programmé que décrivent les entrepreneurs présents. À l'instar de Bassel Nasri, devant les restes de son entreprise de PVC, dans l'immense zone industrielle désormais fantôme de Yeramone, tandis que des tirs d'artillerie et des rafales s'entendent encore à 2 ou 3 km. Ici ? « Tout ce qui pouvait être volé l'a été, ils l'ont démonté sous le contrôle d'ingénieurs et le reste a été mis hors d'usage », dit l'entrepreneur, faisant visiter son usine dévastée. Ils ? L'ASL, al-Nosra, Daech, mais surtout, derrière, la Turquie voisine et islamiste du Premier ministre puis Président Erdogan, accusent les Syriens en zone gouvernementale, dénonçant une nostalgie d'Empire ottoman doublée d'une volonté d'annihiler l'économie d'une Syrie concurrente dont Ankara voulait la tête… Gaziantep, de l'autre côté de la frontière, plaque tournante des jihadistes : « c'est là que nos machines volées ont été vendues », affirme la Chambre d'industrie.

La Turquie : grand voisin en forme de spectre du côté du quartier de Midan, majoritairement arménien et particulièrement visé. «Durant trois ans, tu sortais de la maison, tu ne savais pas si tu rentrerais», dit Tigran Bedrossian, président du Club arménien accueillant une communauté très soudée.

Mémoire arménienne

Appartements crevés, décombres d'une église détruite… plus loin, Saint-Grégoire est intacte. 1915-2015 : une affiche y rappelle le centenaire du Génocide et le souvenir des rescapés qui ont construit ce lieu de culte. « Il y a cent ans, les survivants ont été bien accueillis en Syrie mais l'objectif des rebelles était de dresser les communautés les unes contre les autres. Je suis député d'Alep et 80 % de mes électeurs sont musulmans : nous vivons toujours ensemble. Ils n'ont pas réussi à nous diviser », se félicite le député arménien Jirair Reisian, faisant visiter l'école réservée aux 35 orphelins de la communauté. « C'est sûr que la présence de la Turquie dans le conflit réveille en nous le souvenir du Génocide », constate Tigran…





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