Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 16 novembre 2020

Lettre ouverte d'un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron






الأب الياس زحلاوي


Père Élias Zahlaoui
Damas, 2 novembre 2020

Monsieur le Président,
Dans le désarroi où vous vous débattez, et où, avec vos deux « géniaux » prédécesseurs, vous avez plongé toute la France, et peut-être bientôt, toute l’Europe, permettez à un vieux prêtre arabe catholique de Syrie, de vous faire part de quelques propos tout simples, mais, hélas, « politiquement incorrects » !

En Président de la République Française, vous vous indignez devant l’assassinat d’un ou de plusieurs Français. Les Parlementaires français, à leur tour, protestent un moment, debout, en silence. Et l’Église de France de sonner le glas en tous ses clochers.

C’est donc tous ensemble, les Trois Corps Représentatifs de la France, qui se dressent et s’indignent, face au monde !

Il le fallait. Tout assassinat, quel qu’il soit, où qu’il soit, et pour quelque motif que ce soit, est à condamner d’une façon absolue. Avec vous tous, je déclare que tout être humain est SACRÉ ! Oui, TOUT ÊTRE HUMAIN EST SACRÉ !

Je ne puis, en homme et en prêtre, qu’approuver ces triples prises de position, on ne peut plus légitimes, vis-à-vis de vos concitoyens français, voire européens.

En conséquence, laissez-moi, en homme et en prêtre de Syrie, vous poser, à vous, Monsieur le Président, à vos « dignes » prédécesseurs, ainsi qu’aux Parlementaires français qui se sont succédés depuis 10 ans, et surtout à toute l’Église de France, cette question toute simple :
Si la vie humaine est à vos yeux de Français, si précieuse, pourquoi, VOUS TOUS en France, vous vous êtes arrogé le DROIT et le DEVOIR, d’acheminer en Syrie, durant dix longues années, des centaines de milliers d’assassins, dont dix mille Français au moins, pour détruire de fond en comble, tout un pays, ma patrie la Syrie – cette Syrie dont votre savant André Parrot avait dit qu’elle était « la patrie de tout être civilisé » – sous le prétexte d’y instaurer « la Démocratie, la Liberté et les Droits de l’Homme » ?
Monsieur le Président, Messieurs les Parlementaires, Messieurs les Prélats de l’Église de France, auriez-vous oublié, dans votre opulence et arrogance d’Occidentaux, tout autant que d’anciens colonisateurs à l’histoire si peu honorable, cette vérité terrible qui dit qu’on ne récolte que ce qu’on sème ?

Hélas, vous récoltez déjà, et vous récolterez bientôt, ce que vous avez semé en toute impunité. Puisse cette récolte ne pas être à la mesure de ce que vous avez, en toute tranquillité de conscience, semé rien qu’en Syrie !

Monsieur le Président,
Vous n’êtes pas sans savoir que l’Histoire ne pardonne pas. Reste que pour vous, Politiciens de tous bords, vous pourriez prétexter du fait plus qu’évident, que vous êtes en fin de compte, manipulés par des Pouvoirs mondialistes, occultes et tout-puissants.

Mais l’Église de France, cette Église de Jésus-Christ mort par amour pour tout être humain, et que Saint Paul a qualifiée de « Colonne de Vérité », de quel prétexte peut-elle se prévaloir, pour laisser commettre cet ASSASSINAT systématique, absolument inexpiable, de tout un peuple, dont les descendants de la toute première Église, SANS MOT DIRE ?

Ce silence, aussi indigne que lâche, sonne pour moi prêtre de Jésus-Christ, rien moins que le glas de toute l’Église de France.

Monsieur le Président,
Il est déjà tard.

De grâce, hâtez-vous de retrouver votre dignité d’homme, pour aider toute la France à se faire enfin humaine.

Père Élias Zahlaoui
Damas, 2/11/2020


Source :

Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron


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Témoignage du père Élias Zahlaoui, prêtre à Notre-Dame de Damas, quartier de Koussour

Questions ouvertes du Père Élias Zahlaoui à Laurent Fabius

Bruchez Anne, « La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères », Relations internationales, 2/2005 (n° 122), p. 17-32

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Pierre Magnan : Quand la Syrie était administrée par la France

Soheila Ghaderi-Mameli, « L'histoire mouvementée des frontières orientales de la Turquie », Confluences Méditerranée, 2/2005 (N°53), p. 91-102

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