Lire l'excellent article de François Bétremieux : Nous piquer et nous mordre
Gilles Lapouge |
"J'aime les abeilles et les ânes, et si je les associe, c'est que je les ai trouvés ensemble dans un poème en l'année 1933, au lycée d'Oran, Lamoricière, en bord de mer, en classe de 7e. Et on voyait flotter les feuilles de palmiers dans les vitres de la classe. Notre professeur s'appelait M. Loye. Il était gros et il nous avait dit d'apprendre par cœur ce quatrain dans lequel le poète Francis Jammes
a mis des abeilles et un âne. Cette récitation nous avait plu. L'association de ces deux êtres incompatibles nous intriguait. Le poème était facile à retenir. Il était si beau que nous aurions pu l'écrire nous-mêmes. J'aime l'âne si doux marchant le long des houx. Il prend garde aux abeilles et bouge les oreilles." N'est-ce pas là le plus engageant des aveux de la part de l'étonnant Gilles Lapouge, 91 ans ? Bon pied, œil excellent. À l'orée de son dernier ouvrage, "L'Âne et l'Abeille" parut chez Albin Michel. Un livre sans vraiment de modèle, ni de genre. Une évocation savante et très personnelle de ces deux composantes du monde animal, semée de souvenirs de digressions, de citations. Selon
Jules Renard, l'âne serait un lapin devenu grand. Et Chateaubriand rapporte que pour les plus nobles tribus indiennes d'Amérique du Nord, l'abeille est un symbole. En fait, il n'est pas grand-chose de commun entre l'âne et l'abeille. Et c'est tout l'agrément de ce livre que de tenter un rapprochement par le biais de la sexualité. L'âne peut s'accoupler à une autre espèce, mais l'abeille va plus loin, puisqu'elle mêle le règne animal et le règne végétal, tandis qu'elle butine une fleur. Notre Lapouge, décidément, est lui aussi un poète.
Source : FR3, "Un livre, un jour" diffusion du 18 avril 2014
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