Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 24 mai 2014

Au Laos, aussi ils aimaient la France… la France les a trahis et abandonnés… comme d’hab…


Trop souvent s’agissant des trahisons de la France à l’égard de ceux qui ont osé s’engager à ses côtés, on ne cite que le cas des Harkis livrés à la barbarie du FLN… Et on oublie ceux d’Indochine… Abandonnés au communisme… Abandonnés et livrés, comme au Laos, à l’envahisseur vietnamien… Est-ce un hasard ? Voilà que deux articles tout chauds viennent d'être publiés sur le sujet, l’un par Sud-Ouest, l’autre sur l’excellent blog d’Hervé Cheuzeville… Est-ce une réaction à l’ignominie de cette propagande électorale menée, entre autres, par la Marine Le Pen, glorifiant le plus grand traître qu’ait connu la France, DeGaulle ; réaction à la bassesse de ces slogans électoraux basés indistinctement sur la haine de tout ce qui n’est pas Souchien - ces salopards de "patos", toujours les mêmes, qui ont plébiscité tapis au creux de leurs plumards la capitulation gaulliste de 1962 tout comme en 1954 celle de Mendès les a soulagés… Fasse le Ciel que les Français exilés d'Indochine et d'Algérie gagnent en lucidité, qu'ils réalisent tout le mépris et les insultes manifestés à leur égard par cette apologie aussi ignare qu’ignominieuse de DeGaulle émanant d'une gonzesse héritière d'un parti déchu qui n'est plus qu'une dérisoire affaire familiale…

Les Hmongs des Capucins


Maraîcher aux Capus, M. Lykaso est réfugié politique : son peuple est persécuté au Laos…

Au marché des Capucins le samedi matin, on peut s'émerveiller devant le stand de M. Lykaso. Citronnelle, chayotte, chouchou, cristophine sont méticuleusement présentés. Ce maraîcher, cultivant à Eysines et ses fils Tchoua, Jack, Saya, Pas et Thai, venus lui prêter main forte, ne se contentent pas d'assurer l'accueil : « Les gens n'osent pas toujours nous poser des questions mais on explique volontiers, on donne même des recettes. »

Toujours persécutés

En cultivant la terre de France, M. Lykaso, pense sûrement à sa terre natale, le Laos qu'il a dû quitter en 1977. Il est réfugié politique. Quand on lui demande s'il est retourné dans le pays d'origine de son père, Tchoua, l'aîné de ses fils répond qu'« il ne vaut mieux pas. Je serais en danger. Mon peuple, le peuple Hmong, est traqué par les armées laotienne et vietnamienne. » Si les Hmongs sont ainsi persécutés c'est que leurs parents et grands-parents ont fait le choix de combattre auprès des Français pendant la guerre d'Indochine puis aux côtés des Américains durant la guerre du Vietnam. Les soldats français et américains partis, le peuple Hmong a dû faire face seul aux mauvais traitements du Parti communiste au pouvoir depuis 1975. Nombre d'entre eux ont fui, migrant principalement aux États-Unis, en Australie, au Canada, en Allemagne et en France, surtout en Guyane.



Les Hmongs renvoyés de force par la Thaïlande au Laos ont été torturés ou ont peu à peu disparu.

Nathalie Peyneau pour Sud-Ouest, ce vendredi 23 mai 2014


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Raids n° 32 janvier 1989


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Récit d’une intégration réussie


Au cours d’un voyage dans le sud-ouest de la France, j’ai retrouvé des familles d’origine laotienne que j’avais connues lors de leur arrivée, il y a plus de 30 ans. Ces gens sont l'exemple même d'une "immigration" réussie. Arrivés à la fin des années 70 comme réfugiés, ils ont su construire leur vie en France, à force de courage et de travail. À leur arrivée, ils ne parlaient pas français et semblaient perdus sur leur nouvelle terre d’accueil, dont ils ignoraient tout. Ils avaient fui le régime communiste et l’occupation vietnamienne du Laos, avant de passer des années dans des camps de réfugiés en Thaïlande. Durant toutes ces années depuis leur arrivée en France, ils n’ont pas ménagé leurs efforts. Efforts pour apprendre la langue, efforts pour se former, pour se loger, pour s’intégrer. Ils n'ont jamais fait parler d'eux dans la rubrique des "faits divers". Pas de chômeurs dans ces familles, pas de querelles avec les voisins. Leur réussite est loin de se limiter à l’ouverture de restaurants ou de magasins d’alimentation asiatique comme on le croit trop souvent. La nouvelle génération réussit brillamment dans tous les domaines, de l'aéronautique aux nouvelles technologies. Les enfants, pour la plupart, excellent à l'école. Certes, ces anciens réfugiés ont conservé leur culture d'origine, qu’ils tentent de transmettre à ceux qui sont nés en France, mais ils ont su, aussi, adopter les us et coutumes de France. Tous sont Français depuis longtemps et heureux de l'être. Ils ont construit d'agréables maisons dans la grande banlieue de Toulouse, loin des HLM des zones rouges de la "ville rose". Chez eux, personne ne parle de racisme au quotidien ou de ségrégation à l’embauche. Nul ne songerait, parmi eux, à exiger de la France je ne sais quelle repentance pour ce qu’elle aurait fait ou n’aurait pas fait en Indochine il y a soixante ou cent ans. Bref, voilà un résumé d'immigration réussie, chance pour la France et chance pour eux-mêmes !


Ces Franco-laotiens de la région toulousaine sont loin d’être des exceptions. Des exemples similaires abondent dans toute la France. De nombreux Français d’origine cambodgienne ou vietnamienne ont connu des réussites similaires. L’intégration de ces anciens réfugiés venus d’Asie du sud-est, arrivés à partir de 1975, s’est donc globalement bien faite, malgré les innombrables difficultés auxquelles ils durent faire face, surtout durant les premières années. Cette intégration s’est faite sans bruit, sans heurts, elle est le fruit de la persévérance et de la volonté de tous ces gens qui, pour la plupart, sont devenus des Français presque ordinaires mais qui se démarquent par leurs réussites exemplaires.

À l’heure ou immigration et intégration font à nouveau la Une de l’actualité et quand ces sujets sont récupérés à des fins politiciennes, nos médias devraient plus souvent parler de cette réussite des Français originaires d’Indochine. Ce succès devrait davantage être cité en exemple, il pourrait même donner des idées à nos gouvernants. Il pourrait aussi servir d’exemple à d’autres communautés d’origine étrangère qui, elles, sont encore très loin d’avoir connu le même degré de réussite en matière d’intégration dans la société française.

Lors de leur arrivée en France, j’avais participé, avec tant d’autres bénévoles, à l’accueil des réfugiés laotiens, cambodgiens et vietnamiens. Plus de trente années après, j’ai pu mesurer le chemin parcouru en rencontrant nombre d’entre eux et en faisant la connaissance de ceux qui sont nés et qui ont grandi dans ce pays. Ces retrouvailles m’ont conforté dans ma conviction qu’il est encore possible, en France, d’assimiler des populations d’origines diverses, aux langues et aux traditions fort éloignées des nôtres. L’essentiel étant d’avoir la volonté de s’intégrer. Nul doute que les Français d’origine laotienne rencontrés ces derniers jours autour de Toulouse l’avaient, cette volonté, et qu’ils l’ont encore, plus que jamais !

Hervé Cheuzeville


Laos en trahison ? "Lettre du colonel Robert Jambon, suicidé pour la France"

Le colonel Robert Jambon dédie sa dernière cartouche à ses frères d'armes, les Hmongs

Cyril Payen : Que le sacrifice du colonel Robert Jambon ne laisse pas dans l'oubli le sort des Hmongs




2 commentaires:

  1. ils ne doivent en aucun cas être oubliés, donc abandonné encore une fois. Si l'on s'exprime peu à leur propos, je ne doute pas que nombre de Français leur gardent une place au chaud dans le coeur de notre mémoire collective.Le colonel Jambon Robert, Officier de la Légion d'Honneur et ancien combattant d'Indochine auprès des maquis Hmong (Méo alors) du nord Laos avait marqué de sa fidélité face à leur nouvel abandon par la France quand la Thaïlande en 2009 évacua vers le Laos les camps de réfugiés Hmong en se suicidant devant le Monument aux Morts d'Indochine de Dinan, écrivant une lettre posthume pour alerter l'opinion publique, "ma dernière cartouche". Qui s'en soucia? Sinon, un livre dans les années 2000 de Cyril Payen sur les derniers maquis Hmong du Laos que je conseille à la lecture de vos lecteurs.
    merci à vous pour eux
    EW

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  2. Pour aller plus loin… la Rédaction de POLITIQUE-ACTU vous propose les livres suivants concernant l’histoire des Hmong dans le "Haut Pays" (terme de la littérature et de l'administration coloniale) :

    - QUINCY Keith, Harvesting Pa Chay’s Wheat, The Hmong and America’s Secret War in Laos, Eastern Washington University Press, Spokane (Etats-Unis), 2000. Basé sur les témoignages de très nombreux réfugiés aux Etats-Unis et au Canada. Histoire très détaillée de la période dite "américaine" dans le Nord-Est du Laos, et de celle des Hmongs. L’ouvrage explique bien le fractionnement de la communauté entre une minorité procommuniste (le clivage était lié à un conflit entre clans suite à la désignation d’un chef de canton par les Français, Touby Ly Foung, alors que le prétendant était Lo Bia Liao) et une majorité pro-américaine, qui devint totalement dépendante de la CIA avec le trafic de l’opium et l’enrôlement de tous les hommes valides. Dans les années 1960, le Haut Pays, contrôlé par les Hmong, était un Etat dans l’Etat ; sa capitale, Long Chen, deuxième ville du pays, était secrète.

    - MIGNOT Fabrice, La France et les princes thaïs des confins du Viêt-Nam et du Laos, Des Pavillons noirs à Dien Bien Phu, Paris, L'Harmattan, 2009. Histoire contemporaine des Sip Song Chau Thaï (Douze Principautés Thaïes), de l'installation conflictuelle des bandes de réfugiés armés de Chine, dont les Hmong (appelés alors « Pavillons blancs »), des guerres dans le Haut Laos, et du protectorat français dans cette région, de Pavie à la Fédération Thaïe.

    - DAVID Michel (lieutenant-colonel), Guerre secrète en Indochine, Les maquis autochtones face au Viêt-Minh 1950-1955, Lavauzelle, 2002. Histoire militaire des maquis hmong et thaïs organisés au Viêt-Nam et au Nord du Laos (indépendant en 1953) par les services secrets français ("opération X") et abandonnés après les accords de Genève en juillet 1954 (massacrés par les communistes ou réfugiés dans la zone royale du Laos ou au Sud-Viêt Nam).

    - CULAS Christian, Le messianisme hmong aux XIXe et XXe siècles, Paris, Maison des Sciences de l’Homme (MSH), 2005. Depuis la conquête violente de leur territoire en Chine du Sud par les Mandchous au milieu du XIXe siècle (où ils sont aujourd’hui les encore les plus nombreux), ceux des Hmong qui ont alors émigré au Laos et au Viêt Nam, chamanistes organisés en clans hostiles à toute forme étatique, ont, à plusieurs reprises, tenté de recréer par les armes un espace dont ils seraient souverains, les « Chao Fa » (« fils du ciel »), dans un Haut Pays, où la mosaïque ethnique est l’une des plus inextricables du monde.

    - PAYEN Cyril, Laos, la guerre oubliée, Le massacre des Hmongs, un déshonneur français et américain, Paris, Robert Laffont, d’après un reportage réalisé en 2005 dans les derniers maquis hmongs du Laos.

    Et l’incontournable colonel Jean DEUVE, qui a passé 20 ans au Laos de 1945 à 1965, où il a été successivement chef d'un groupement de guérilla anti-japonais, chef des services de renseignement, directeur de la police laotienne, conseiller politique du Premier ministre du royaume laotien, s'avère un témoin exceptionnel de l'histoire du Laos. Il a publié notamment : Guérilla au Laos, Paris, L’Harmattan, 1997, histoire des groupes de guérilla (pour la plupart disparus) après l’instauration du régime communiste en 1975 ; La Guerre secrète au Laos contre les communistes (1955-1964), Paris, L’Harmattan, 1995 ; Royaume du Laos, histoire évènementielle de l’indépendance à la guerre américaine, 1949-1965, Paris, L’Harmattan, 2003, (où il relate notamment la difficulté des montagnards du Laos, sujets de seconde zone appelés alors « kha », c’est-à-dire « serviteurs » par les Lao et les Thaïs des montagnes) à se faire accepter dans les institutions du royaume ; Le Service de renseignement des forces françaises au Laos (1946-1948), Paris, L’Harmattan, 2000.

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