FIGAROVOX - « J'ai constaté au cours de ces quatre années, que la tragédie venait s'installer dans le récit. […] Aujourd'hui je suis dans l'Histoire », a déclaré mardi le président de la République sur France Culture. Éloïse Lenesley déplore un tel cynisme à l'heure où le pays est en crise.
Un article signé Éloïse Lenesley
Une indescriptible pagaille s'est abattue sur l'Hexagone depuis l'émergence de la mouvance Nuit debout et le passage au forceps de la loi El Khomri. Huit raffineries se retrouvent bloquées, un tiers des stations-essence accusent une pénurie ; les cheminots débrayent les mercredis et jeudis, la CGT envisage un appel à la grève reconductible à la SNCF chaque jour dès le 31 mai, tandis que la RATP pourrait connaître le même sort à compter du 2 juin. Sur les ports et les docks, un arrêt du travail est prévu les 26 et 27 mai. Pour le secteur aérien, ce sera du 3 au 5 juin. Des barrages filtrants sévissent dans plusieurs régions, ainsi que de nouveaux blocages sur le pont de Normandie. Cerise sur le gâteau, les centrales nucléaires pourraient se joindre à la fête, occasionnant des perturbations de la production électrique, voire l'immobilisation de deux réacteurs à Nogent-sur-Seine. Mais tout cela n'est que menu fretin comparé à l'événement essentiel de ces derniers jours, dont l'impact dépasse allègrement nos modestes frontières : François Hollande est « entré dans l'Histoire ». Oui madame. L'Histoire, la vraie, celle avec un grand H, le même qu'il a dû fumer pour qu'une telle idée lui effleure les deux neurones d'intelligence que lui a prêtés Nicolas Sarkozy pour cinq ans. Reconductibles, comme les grèves.
François Hollande est donc « entré dans l'Histoire » en scooter avec sa petite boîte à outils, sous la pluie, la cravate espiègle, le costume froissé, l'exemplarité rapiécée de tous les côtés, la courbe du chômage en bandoulière. Et il est content, l'animal, parce que « ça va mieux ». Tellement mieux que l'attractivité de la France patauge en queue de peloton alors que celle des 42 pays d'Europe s'envole, avec un record de 5 089 implantations internationales, d'après l'enquête mondiale EY. En cause, la fiscalité et la rigidité du Code du travail. Nul doute que le joyeux foutoir cégétiste pastoral ne va pas arranger nos petites affaires. L'indice PMI manufacturier, lui, se contracte en mai à 48,3 points. La dette publique caracole à 96,2% du PIB. Le chômage, qui dénombre 6,5 millions d'inscrits, ne désenfle qu'au compte-goutte grâce aux manipulations statistiques, aux radiations intempestives, aux contrats subventionnés, aux emplois précaires et à l'essor de l'intérim (+10% sur un an). Les entreprises retrouvent certes un peu d'oxygène, du fait de la baisse de leur facture énergétique. Cette même facture qui a dopé la consommation des ménages, et par ricochet la croissance, au premier trimestre - les températures hivernales les incitant à se chauffer davantage. Huit millions de Français se noient sous le seuil de pauvreté. Selon une étude en date du 24 mai, 43% des citoyens renoncent à se soigner, faute d'argent, ou découragés par des délais d'attente toujours plus longs.
François Hollande est « entré dans l'Histoire » avec pertes et fracas. Mécano de la grève générale, fossoyeur de la cohésion sociale. Instigateur d'un mariage gay qui, quoi qu'on en pense, a clivé la population et monopolisé le débat parlementaire durant des mois, au détriment de sujets plus urgents. Initiateur d'un laxisme débraillé, laissant les racailles saccager le Trocadéro et les Champs-Élysées en 2013 après un match du PSG (on se gausse à l'avance des réjouissances « en marge » qui émailleront l'Euro), fermant les yeux devant les scènes de guérillas urbaines du 14-Juillet ou du Nouvel an, observant mollement l'enracinement sur le pavé des activistes ultra-violents d'extrême gauche adeptes du « poulet rôti ». Rouleau compresseur de notre mémoire et de nos racines, méprisant les « Français de souche » lors d'un dîner du Crif ; piétinant les cadavres de Verdun d'un racolage multiculturaliste musical ; demeurant lymphatique face à la déferlante migratoire ; s'agenouillant devant les desiderata européens et américains ; anéantissant l'enseignement scolaire : l'Histoire, notre Histoire. François Hollande est bel et bien entré dedans, par effraction, expurgeant ses manuels d'un passé pas assez bobo-compatible, falsifiant le récit national. Enfumeur de l'opinion, s'emparant à bras raccourcis d'une émotion post-attentats susceptible de réanimer son baromètre de popularité en hypothermie, tentant de faire oublier qu'il a favorisé le communautarisme, qu'il n'a pas su prendre les mesures qui s'imposaient après la tragédie de Charlie, qu'il a fait mine d'ignorer pendant la première partie de son mandat la prolifération du djihadisme dans les banlieues, qu'il a orchestré un laborieux cafouillage démocratique avec le stérile projet de déchéance de nationalité et qu'il a instauré le seul état d'urgence au monde où des agitateurs anarchistes peuvent tout démolir sur leur passage et où des syndicalistes peuvent paralyser le pays.
François Hollande est « entré dans l'Histoire » et il le fait savoir. Entré dans l'Histoire comme [après DeGaulle] le pire président de la Ve, celui qui aura semé le désordre, la discorde, les anaphores, la paupérisation, la déculturation, la honte d'être Français. Entré dans l'Histoire par une porte de service qu'il ne nous a pas rendu. Une porte qui claque à la figure de tous les laissés-pour-compte. La France, elle, attend son issue de secours. [Hollande, clone politique en malfaisance de l'infâme DeGaulle : réussira-t-il à en être encore pire. La tâche sera rude mais il en serait capable le bougre pour le plus grand malheur de la France. Sera-t-il capable d'aller au-delà de l'égorgement de 300 000 Harkis ?… Pour ce qui est de l'exil hors d'une terre française de plus d'un million de nos compatriotes l'on n'en est pas loin !]
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