Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 30 janvier 2016

Alep, ravagée par cinq ans d'agression étrangère, nous appelle au secours




Charlotte d’Ornellas revient de Syrie : Alep 2016, vivre avec les derniers chrétiens 






L'Armée Arabe Syrienne défend la citadelle contre le terrorisme islamiste soutenu par une agression étrangère depuis plus de quatre ans. À Alep, ce palais royal du XIIIe siècle domine la vieille ville, ravagée par les combats. Selon France 2, ce serait la première fois, depuis que l'agression a atteint la deuxième ville de Syrie, à l'été 2012, qu'une équipe de télévision occidentale aurait pu entrer et filmer dans la citadelle. Aucun bâtiment n'a été épargné
Avant l'agression, des dizaines de milliers de touristes se pressaient pour admirer les bas-reliefs de la citadelle, l'amphithéâtre, le musée. Désormais, il faut soulever les sacs de sables protecteurs pour découvrir ce qu'il reste de ces chefs d'œuvre. Les barils d'explosifs et les roquettes artisanales envoyés par les envahisseurs ont éventré les murs.

Depuis cette citadelle, stratégique pour contrôler la ville, les soldats de l'Armée Arabe Syrienne peuvent observer un décor apocalyptique, une ville ravagée par les obus et désertée. En contre-bas, aucun bâtiment n'a été épargné. La mosquée a perdu son dôme et le vieux souk a été déserté… Et pourtant, malgré l'appel à l'exode des puissances étrangères soutenant l'agression, certains ont décidé de rester malgré tout… Malgré un extrême dénuement.  Ils ont besoin de votre aide !





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archevêque melkite grec-catholique d'Alep
pour soutenir les populations affamées et dans le froid





Chers amis,

Vous savez déjà, sans doute, que pendant trois ans nous avons pu aider mensuellement quelques 1 600 familles en leur offrant chaque mois des paniers alimentaires. Ce service qui était en partie subventionné par Caritas et la Croix Rouge, se trouve actuellement entravé par l’arrêt du programme alimentaire destiné aux résidents, non déplacés de la ville. Ce qui nous laisse, nous et nos pauvres fidèles dans un grand désarroi.

Nous avons étudié la question avec les personnes en charge dans nos centre de distribution et nous avons abouti à la conclusion suivante : l’arrêt, que nous n’avons point cherché, de cette aide nous décharge d’un lourd fardeau, tout en libérant les nombreux locaux que nous avions bloqué à cet effet dans les salles d’activité pastorale de nos différentes paroisses. Mais en même temps, nous nous sentons obligés de ne pas laisser pour compte un certain nombre de familles qui se trouvent dans une situation financière très critique et qui attendaient chaque mois avec anxiété l’arrivée de leurs paniers qui représentent en fait une bonne partie de leur besoins alimentaires essentiels. Ce qui nous a portés à considérer la continuation de cette aide à 300 des plus besogneuses de nos familles. Mais pour cela, il nous faut bien entendu trouver les fonds nécessaires. Voudriez-vous nous y aider ?

Les responsables de ce programme nous disent qu’il faut compter un minimum de 25 € par famille, pour remplir un panier, ce qui représente 7 500 € mensuellement, pour les 300 familles. Étant donné l’importance de cette aide pour la survie de ces familles, le diocèse veut faire un effort et essayer de prélever dans ses économies, déjà modestes l’équivalent de 2 500 € mensuellement, ce qui fait qu’il nous faut trouver 5 000 € par mois pour ne pas arrêter ce programme de grande utilité. Faites, je vous en prie, quelque chose pour nous aider à secourir ces familles pour les trois ou quatre mois qui viennent. Nous avons grand espoir que d’ici là, la guerre va s’arrêter et les gens iront travailler pour nourrir leurs enfants ! Mais en attendant de grâce, ayez la bonté de nous aider à les secourir. S’il vous est difficile de nous aide en nous donnant 20 000 € pour les 4 mois donnez-nous au moins de quoi avancer dans les trois mois qui viennent, en attendant que nous puissions trouver le reste ailleurs.

Je vous remercie d’avance pour ce que vous voulez bien faire à l’intention de nos pauvres fidèles.

Mgr Jean-Clément JEANBART,

Archevêque melkite grec-catholique d'Alep (Syrie)

Alep, le 18 janvier 2016


http://www.bethanie-lumieresdorient.com/pages/soutenez-nos-micro-projets/











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De passage en France à l’occasion de la "Nuit des témoins" organisée chaque année par "Aide à l’Église en détresse", l’archevêque grec-melkite d’Alep, Monseigneur Jeanbart, en avait gros sur le cœur.

Après avoir décrit la situation dramatique que vivent les Alépins, l’évêque syrien s’est adressé au parterre de journalistes qui étaient venus l’écouter.

« Les médias européens n’ont cessé d’étouffer le quotidien de ceux qui souffrent en Syrie et se sont même permis de justifier ce qui arrive dans notre pays en reprenant des informations sans ne jamais les vérifier », a-t-il lancé, fustigeant notamment les agences de presse créées pendant la guerre, « détenues par l’opposition armée », à l’instar de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, source incontournée des médias occidentaux.

« Il faut que vous compreniez qu’entre l’État islamique et le gouvernement syrien, notre choix est vite fait. On peut condamner le régime pour certaines choses, mais vous n’avez jamais cherché à être objectifs », a-t-il encore accusé.

À la question de savoir s’il avait pu expliquer sa position aux autorités françaises, Monseigneur Jeanbart a répondu qu’il avait essayé, avant de s’entendre dire qu’il fallait être « moins critique ».

Pour lui, pourtant, l’Occident n’a cessé de taire les exactions de l’opposition armée, tout en accablant le gouvernement syrien et son président. « Bachar el-Assad a beaucoup de défauts, mais figurez-vous qu’il a aussi des qualités », a-t-il expliqué, « les écoles étaient gratuites, les hôpitaux aussi, les mosquées comme les églises ne payaient aucune taxe, mais quel gouvernement de la région fait des choses pareilles, soyez honnêtes ? Souvenez-vous aussi que si nous préférons aujourd’hui soutenir le gouvernement, c’est parce que nous redoutons l’instauration d’une théocratie sunnite qui nous priverait du droit à vivre sur notre propre terre. »

« Oui, j’ai tenté de dire toutes ces choses aux autorités françaises, mais que voulez-vous attendre d’un Laurent Fabius qui se prend pour Dieu le Père en décidant qui mérite ou non de vivre sur cette Terre ? » a-t-il finalement répondu, visiblement las (Laurent Fabius avait affirmé que Bachar el-Assad ne « mériterait pas d’être sur la Terre »).

« Est-il possible que la France – que j’aime et qui m’a éduqué par le biais des communautés religieuses installées en Syrie – ait tant changé ? Est-il possible que ses intérêts et son amour de l’argent aient pris le pas sur les valeurs qu’elle défendait autrefois ? » a encore déclaré l’archevêque avec amertume.

À la question du positionnement des évêques français, l’évêque pakistanais également présent n’a pas voulu répondre. C’est donc Monseigneur Jeanbart qui a repris le micro.

« La conférence des évêques de France aurait dû nous faire confiance, elle aurait été mieux informée. Pourquoi est-ce que vos évêques se taisent sur une menace qui est aujourd’hui la vôtre également ? Parce que les évêques sont comme vous tous, élevés dans le politiquement correct. Mais Jésus n’a jamais été politiquement correct, il a été politiquement juste ! » a-t-il lâché.

« La responsabilité d’un évêque est d’enseigner, et d’utiliser son influence pour transmettre la vérité. Pourquoi vos évêques ont-ils peur de parler ? Bien sûr qu’ils seront critiqués, mais cela leur donnera l’occasion de se défendre, et de défendre cette vérité. Il faut bien se souvenir que le silence est parfois un signe d’acquiescement. »

C’est également la politique migratoire des pays occidentaux que l’archevêque a critiquée.

« L’égoïsme et les intérêts servilement défendus par vos gouvernements finiront par vous tuer vous aussi. Ouvrez les yeux, n’avez-vous pas vu ce qui s’est récemment passé à Paris ? » a encore ajouté l’archevêque, avant de conclure en suppliant : « Nous avons besoin que vous nous aidiez à vivre chez nous ! […] Je ne peux accepter de voir notre Église deux fois millénaire disparaître. Je préfère mourir que de vivre ça. »

Charlotte d'Ornellas : La sainte colère de l’archevêque d’Alep



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