Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 27 août 2016

Les Bobos ça osent tout… Drague, sexe et burka…



Quand le monde devient tout noir… sale présage !






À la terrasse de « Chez Panis » près de Notre-Dame de Paris, j’ai entendu ce qui suit. Une jeune femme pas blonde en tailleur d’été léger, le « smartphone » rivé à son oreille, des lunettes de soleil « fashion » sur la table. La cathédrale devant elle, le spectacle du miroitement des eaux de la Seine sous le soleil, les arbres sur les berges du fleuve, les bouquinistes, lui sont parfaitement indifférents. Les jambes élégamment croisées, un sourire mécanique sur les lèvres, elle parle, parle et parle encore avec animation à un correspondant…

« Tu sais que Anne-Charlotte s’est convertie à l’islam ? Elle porte le voile maintenant. Je l’ai eu au téléphone hier soir…
C’est diiingue comme ça lui va bien moi je trouve, ça met en valeur l’ovale de son visage…
(rire de connivence avec son correspondant)
Elle trouve que c’est mieux que de toujours chercher à séduire du coup. Et puis maintenant, elle est toujours aussi libre de son corps qu’avant. C’est juste qu’elle veut que l’homme qu’elle aime en ait l’exclusive, son corps lui appartient elle fait ce qu’elle veut. Elle choisit de ne le montrer qu’à lui. Si on réfléchit, moi je trouve ça beau. Tu trouves pas ? Et puis si elle veut elle pourra toujours divorcer, on est quand même en démocratie. On a le droit de faire ce qu’on veut…
J’étais étonnée, on la voyait plus à Saint-Séverin pendant les veillées organisées par le père Léon. Elle les trouvait super, on chantait, c’était gai au moins, pas comme pendant les autres messes en fait. Et puis on était tous super-copains au moins. Après les veillées on allait toujours prendre un pot près de l’Hôtel de ville. Tu te souviens pas ? Il y avait Yves et Gilles les deux garçons qui étaient en « prépa » à Janson et qui bossaient ensemble, des homos super sympas, drôlement sensibles. D’ailleurs maintenant ils sont en couple… Non ? Tu savais pas ? Ils se sont mariés, ils veulent adopter… Chacun est libre de faire ce qu’il veut…
Anne-Charlotte elle, elle va avoir un enfant. Tu te rends compte ! Elle sortait avec plein de garçons. Maintenant elle habite à Villetaneuse pas loin des parents de son fiancé, parce qu’elle est fiancée ! Elle lit le Coran tous les jours, elle est drôlement impliquée tu vois… Du coup, ses parents à Anne-Charlotte sont pas trop d’accord…
Elle veut se marier avec Ahmed, mais si ! Son copain de Jussieu ! Religieusement ! C’était un type un peu coincé je trouvais mais drôlement profond et tout, super intello en fait. Il est plus profond que tous les garçons qu’on connaissait. Et puis du coup il a quand même eu une bonne éducation. Des fois je comprenais pas tout ce qu’il disait mais il était patient, il expliquait toujours.
C’est chouette quand même de s’ouvrir comme ça aux autre cultures, tu vois. Si on faisait tous pareil, ce serait la paix partout, il y aurait plus des intégristes et des terroristes, plus de guerres. Moi je les comprends quand même un peu on leur a volé leurs richesses pendant des siècles, on les a colonisés, et pis maintenant on bombarde leur pays, du coup ils ont bien le droit de vouloir vivre selon leurs coutumes. »

… conclut-elle, se levant et quittant sa table.


Source : Causeur.fr - Convers(at)ion de comptoir - L’islam vu du Ve arrondissement de Paris


Quand s'affichent courage et fierté de toute une Nation debout, la Syrie…



Pendant qu'en France les uns et les autres babillent et se provoquent mutuellement sur des modes et interdits vestimentaires balnéaires, en Syrie les femmes se drapent dans leur drapeau national… Toute la différence entre les composantes - je dis bien toutes les composantes, tant indigènes qu'allogènes - d'un pays décadent et une Nation fière et debout face à son destin, la Syrie…


Lara, photographiée par Ashraf Zeinah AZ, le 12 septembre 2013






Ashraf Zeinah Photography

vendredi 26 août 2016

Déclaration d'Hélie Denoix de Saint Marc devant le Haut tribunal Militaire, le 5 juin 1961



« Le lundi 5 juin en fin d'après-midi, le procureur Reliquet se rend auprès de M. Patin, président du haut tribunal militaire. Il raconte :

« Je lui fais part de mon entretien avec Messmer, des instructions écrites que j'ai reçues et de la décision que j'ai prise. Le président Patin me demande comment je vais justifier mon attitude. Je lui réponds que j'exposerai au haut tribunal les arguments que j'ai tenté de faire valoir devant le ministre des Armées. M. Patin, gaulliste inconditionnel, me désapprouve de ne pas m'incliner devant la volonté du maître. Je lui dis que je regrette notre désaccord, mais que je ne puis me ranger à sa manière de voir. Je recherche l'équité et non à plaire au gouvernement. »

Tendu par l'épreuve qui l'attend, devant ses juges et la presse, Saint Marc est conduit dans un camion grillagé de la prison de la Santé au Palais de Justice. Trois gardes mobiles qui ont servi en Indochine, ne sachant pas très bien comment se comporter, se mettent au garde-à-vous devant le fourgon. Par les fentes d'aération, Saint Marc tente de saisir quelques éclairs de liberté : la foule qui se presse, un couple qui s'embrasse, des rires volés au passage, le soleil aussi.

À 13 heures, dans la grande salle d'audience de la 1re Chambre de la cour d'appel de Paris, Hélie Denoix de Saint Marc fait une entrée à sensation en uniforme d'apparat, béret vert et décorations sur la poitrine. Un choix provocateur : « J'ai trouvé que vraiment, il y allait fort. Mais c'était bien dans son caractère : ne pas composer, ne pas faire de concessions », commente le Père Moussé, son camarade de Buchenwald.

L'air étonnamment juvénile, les traits tendus, Saint Marc sort d'une sacoche de cuir noir un texte de quatre pages, écrit presque d'un trait dans sa cellule de la Santé.

« Ce que j'ai à dire sera simple et sera court. Depuis mon âge d'homme, Monsieur le président, j'ai vécu pas mal d'épreuve : la Résistance, la Gestapo, Buchenwald, trois séjours en Indochine, la guerre d'Algérie, Suez, et encore la guerre d'Algérie…

« En Algérie, après bien des équivoques, après bien des tâtonnements, nous avions reçu une mission claire : vaincre l'adversaire, maintenir l'intégrité du patrimoine national, y promouvoir la justice raciale, l'égalité politique.

« On nous a fait faire tous les métiers, oui, tous les métiers, parce que personne ne pouvait ou ne voulait les faire. Nous avons mis dans l'accomplissement de notre mission, souvent ingrate, parfois amère, toute notre foi, toute notre jeunesse, tout notre enthousiasme. Nous y avons laissé le meilleur de nous-mêmes. Nous y avons gagné l'indifférence, l'incompréhension de beaucoup, les injures de certains. Des milliers de nos camarades sont morts en accomplissant cette mission. Des dizaines de milliers de musulmans se joints à nous comme camarades de combats, partageant nos peines, nos souffrances, nos espoirs, nos craintes. Nombreux sont ceux qui sont tombés à nos côtés. Le lien sacré du sang versé nous lie à eux pour toujours.

« Et puis un jour, on nous a expliqué que cette mission était changée. Je ne parlerai pas de cette évolution incompréhensible pour nous. Tout le monde la connaît. Et un soir, pas tellement lointain, on nous a dit qu'il fallait apprendre à envisager l'abandon possible de l'Algérie, de cette terre si passionnément aimée, et cela d'un cœur léger. Alors nous avons pleuré. L'angoisse a fait place en nos cœurs au désespoir.

« Nous nous souvenions de quinze années de sacrifices inutiles, de quinze années d'abus de confiance et de reniement. Nous nous souvenions de l'évacuation de la Haute-Région, des villageois accrochés à nos camions, qui, à bout de forces, tombaient en pleurant dans la poussière de la route. Nous nous souvenions de Diên Biên Phu, de l'entrée du Vietminh à Hanoï. Nous nous souvenions de la stupeur et du mépris de nos camarades de combat vietnamiens en apprenant notre départ du Tonkin. Nous nous souvenions des villages abandonnés par nous et dont les habitants avaient été massacrés. Nous nous souvenions des milliers de Tonkinois se jetant à la mer pour rejoindre les bateaux français.

« Nous pensions à toutes ces promesses solennelles faites sur cette terre d'Afrique. Nous pensions à tous ces hommes, à toutes ces femmes, à tous ces jeunes qui avaient choisi la France à cause de nous et qui, à cause de nous, risquaient chaque jour, à chaque instant, une mort affreuse. Nous pensions à ces inscriptions qui recouvrent les murs de tous ces villages et les mechtas d'Algérie :

« L'Armée nous protègera, l'armée restera. »

« Nous pensions à notre honneur perdu.

« Alors le général Challe est arrivé, ce grand chef que nous aimions et que nous admirions et qui, comme le maréchal de Lattre en Indochine, avait su nous donner l'espoir et la victoire.

« Le général Challe m'a vu. Il m'a rappelé la situation militaire. Il m'a dit qu'il fallait terminer une victoire entièrement acquise et qu'il était venu pour cela. Il m'a dit que nous devions rester fidèles aux combattants, aux populations européennes et musulmanes qui s'étaient engagées à nos côtés. Que nous devions sauver notre honneur.

« Alors j'ai suivi le général Challe. Et aujourd'hui, je suis devant vous pour répondre de mes actes et de ceux des officiers du 1er R.E.P., car ils ont agi sur mes ordres.

« Monsieur le président, on peut demander beaucoup à un soldat, en particulier de mourir, c'est son métier. On ne peut lui demander de tricher, de se dédire, de se contredire, de mentir, de se renier, de se parjurer. Oh ! Je sais, Monsieur le président, il y a l'obéissance, il y a la discipline. Ce drame de la discipline militaire a été douloureusement vécu par la génération d'officier qui nous a précédés, par nos aînés. Nous-mêmes l'avons connu à notre petit échelon, jadis, comme élèves officiers ou comme jeunes garçons préparant Saint-Cyr. Croyez bien que ce drame de la discipline a pesé de nouveau lourdement et douloureusement sur nos épaules, devant le destin de l'Algérie, terre ardente et courageuse, à laquelle nous nous sommes attachés aussi passionnément qu'au sol de nos provinces natales.

« Monsieur le président, j'ai sacrifié vingt années de ma vie à la France. Depuis quinze ans, je suis officier de Légion. Depuis quinze ans, je me bats. Depuis quinze ans, j'ai vu mourir pour la France des légionnaires, étrangers peut-être par le sang reçu, mais français par le sang versé.

« C'est en pensant à mes camarades, à mes sous-officiers, à mes légionnaires tombés au champ d'honneur, que le 21 avril, à treize heures trente, devant le général Challe, j'ai fait mon libre choix.

« J'ai terminé, Monsieur le président. »


*   *   *
La prison… et après…

" Une heure, un jour, j’ai tout perdu. Je me suis retrouvé seul dans une cellule. J’ai compris alors la vanité de bien des choses et l’hypocrisie de bien des hommes.

J’ai vécu les premiers mois de détention en référence constante aux camps de concentration. Ce souvenir me donnait de la force. Vingt ans plus tôt, j’avais tenu le coup. Pourquoi lâcher prise ? Le désarroi m’envahissait en pensant à ma femme, si jeune encore. Tout juste vingt-cinq ans et deux petites filles qui parlaient à peine. Dans la tempête, il est plus facile d’être seul. Quand on y entraîne les siens, les choses deviennent obscures.

Aujourd’hui encore, des souvenirs de coursive, de fenêtres ouvertes sur le béton, de nuits d’angoisse, d’ennui à couper au couteau, remontent parfois à la surface. Ce ne sont pas des images anodines. Le corps se met en berne, lourd et fatigué. Le ciel devient blafard. Je me suis senti soudain comme un prisonnier en cavale, dont l’esprit échafaude mille solutions pour ne pas être renvoyé en cellule.

Aucune solidarité humaine ne pourra jamais empêcher l’enfermement d’attaquer les prisonniers dans ce qu’ils ont de meilleur. Comme la rouille érode le fer, la prison détruit. C’est un pourrissoir moral. L’uniformité des jours m’écrasait. J’étais nourri, chauffé, logé. Je n’avais plus aucune initiative, aucune responsabilité. Chaque heure, chaque minute, il fallait résister à la destruction de soi. Au fil des mois, l’angoisse devint mon ennemie familière : l’impuissance, l’accablement des aubes sans oubli, l’ennui monstrueux que rien ne pouvait combler. L’angoisse montait à intervalles réguliers, comme une marée puissante, bousculant les résolutions, la volonté, le courage. C’était une lutte exténuante qui se déroulait dans un cadre morne, toujours semblable, dont la règle était la régularité oppressante des horaires.

J’ai compris en prison ce que pouvait être la vocation monastique, la contemplation. Certes, le moine choisit sa condition. Mais le monastère et la détention sont des expériences similaires. Dehors, la liberté se dissout parfois dans l’agitation. L’enfermement peut développer une force intérieure qui peut être plus grande que la violence qui nous est faite. C’est ce qui m’a sauvé plusieurs fois dans ma vie…


…  À ma sortie, en dehors de l’oasis familiale, j’ai connu une sorte de trou noir. Je ne reconnaissais plus ni les lieux, ni les gens, ni les enseignes, ni les voitures. Je me sentais étranger dans un monde étranger. Je n’avais plus de papiers d’identité, plus de carnet de chèques, plus de maison, plus de métier. Pour de longs mois encore, j’étais un citoyen de second rang. On m’invita à Paris quelques jours, et ce fut pire encore. J’avais une sensibilité exacerbée, presque obsessionnelle, vis-à-vis de la vanité, de l’hypocrisie, des tiroirs à double fond de la comédie humaine. On me posait des questions imbéciles sur ma détention. La moindre manifestation maladroite, qu’elle fût de mépris ou de flatterie, réveillait ma colère. 

Il s’en est fallu d’un rien pour que je bascule dans une délectation tragique et un puits d’amertume."




"Que dire à un jeune de 20 ans"… Hélie Denoix de Saint Marc s'adresse à la jeunesse…




Hommage à Hélie Denoix de Saint Marc : « Que dire à un jeune de vingt ans ? »


Le commandant Hélie Denoix de Saint Marc s'est éteint le lundi 26 août 2013. Avec lui, c'est une figure emblématique qui disparaît. Malgré une vie mouvementée : résistant à 16 ans puis déporté, guerre d'Indochine, guerre d'Algérie, Putsch des généraux, prison… Hélie Denoix de Saint Marc était en paix avec lui-même. Il a mené une vie en accord avec son éthique, sans jamais démordre des principes qu'il avait fait siens. Dans un monde où « tout vaut tout », il a eu la force de rester en dehors des trahisons et des coups bas. Hélie Denoix de Saint-Marc a traversé la deuxième moitié du 20ème siècle, tel un aristocrate. Dans « Les sentinelles du soir » il déclarait vouloir « Simplement essayer d'être un homme ». Cette sérénité, cette droiture se retrouvent dans ses écrits. « Que dire à un jeune de vingt ans ? ». Ce texte est extrait du livre « Toute une vie » paru en 2004. Il a pour but de donner des conseils et des préceptes de vie, aux jeunes adultes, qui souhaitent réussir leur vie autrement, qu'en gagnant de l'argent, mais on y trouve aussi une critique des déviances de notre temps. À travers ce texte, c'est une part de l'âme et de l'esprit européens qui transparait, c'est un code de conduite, valable de Moscou à Brest, d'Athènes à Oslo. C'est un homme, riche de son expérience personnelle et de sa vie, qui écrit. Il lègue un trésor, les secrets du comportement, de la tenue, et du style qui doivent être ceux de l'homme européen, ceux d'un homme libre.



Quand on a connu tout et le contraire de tout,
quand on a beaucoup vécu et qu’on est au soir de sa vie,
on est tenté de ne rien lui dire,

sachant qu’à chaque génération suffit sa peine,
sachant aussi que la recherche, le doute, les remises en cause
font partie de la noblesse de l’existence.

Pourtant, je ne veux pas me dérober,
et à ce jeune interlocuteur, je répondrai ceci,

en me souvenant de ce qu’écrivait un auteur contemporain :

« Il ne faut pas s’installer dans sa vérité
et vouloir l’asséner comme une certitude,
mais savoir l’offrir en tremblant comme un mystère ».

À mon jeune interlocuteur,

je dirai donc que nous vivons une période difficile où les 
bases de ce qu’on appelait la Morale
et qu’on appelle aujourd’hui l’Éthique,

sont remises constamment en cause,

en particulier dans les domaines du don de la vie,
de la manipulation de la vie,

de l’interruption de la vie.

Dans ces domaines,

de terribles questions nous attendent dans les décennies à venir.
Oui, nous vivons une période difficile

où l’individualisme systématique,

le profit à n’importe quel prix,

le matérialisme,

l’emportent sur les forces de l’esprit.

Oui, nous vivons une période difficile
où il est toujours question de droit et jamais de devoir
et où la responsabilité qui est l’once de tout destin,
tend à être occultée.

Mais je dirai à mon jeune interlocuteur que malgré tout cela,
il faut croire à la grandeur de l’aventure humaine.

Il faut savoir,

jusqu’au dernier jour,

jusqu’à la dernière heure,

rouler son propre rocher.

La vie est un combat

le métier d’homme est un rude métier.
Ceux qui vivent sont ceux qui se battent.

Il faut savoir

que rien n’est sûr,

que rien n’est facile,

que rien n’est donné,

que rien n’est gratuit.

Tout se conquiert, tout se mérite.

Si rien n’est sacrifié, rien n’est obtenu.

Je dirai à mon jeune interlocuteur

que pour ma très modeste part,

je crois que la vie est un don de Dieu

et qu’il faut savoir découvrir au-delà de ce qui apparaît comme l’absurdité du monde,
une signification à notre existence.

Je lui dirai

qu’il faut savoir trouver à travers les difficultés et les épreuves,
cette générosité,

cette noblesse,

cette miraculeuse et mystérieuse beauté éparse à travers le monde,
qu’il faut savoir découvrir ces étoiles,

qui nous guident où nous sommes plongés

au plus profond de la nuit
et le tremblement sacré des choses invisibles.

Je lui dirai

que tout homme est une exception,
qu’il a sa propre dignité

et qu’il faut savoir respecter cette dignité.

Je lui dirai

qu’envers et contre tous

il faut croire à son pays et en son avenir.

Enfin, je lui dirai

que de toutes les vertus,

la plus importante, parce qu’elle est la motrice de toutes les autres
et qu’elle est nécessaire à l’exercice des autres,
de toutes les vertus,

la plus importante me paraît être le courage, les courages,

et surtout celui dont on ne parle pas
et qui consiste à être fidèle à ses rêves de jeunesse.

Et pratiquer ce courage, ces courages,
c’est peut-être cela


Hélie de Saint Marc

Hommage à Hélie Denoix de Saint-Marc, Grand-Croix de la Légion d'Honneur


Le Commandant Hélie DENOIX de SAINT-MARC s'est éteint le lundi 26 août 2013
Ses obsèques solennelles ont célébrées vendredi 30 août 2013  à 15 heures
en la primatiale Saint-Jean-Baptiste-et-Saint-Étienne de Lyon
Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, primat des Gaules, a célèbré la messe
Le général Martial de Braquilanges, gouverneur militaire, a organisé les honneurs militaires
L’ADIMAD était représentée, entre autres, par son vice-président Jean Favarel


MÉMOIRE DE LA RÉSISTANCE ALGÉRIE FRANÇAISE


Hélie Denoix de Saint-Marc, né le 11 février 1922 à Bordeaux, est unanimement respecté pour son humanisme… Résistant, déporté, officier de la Légion étrangère, il participe au putsch des généraux, en 1961. Arrêté, il reste cinq ans en prison avant d'être gracié. Il est l'auteur de nombreux livres, dont ses Mémoires d'homme sage attaché à la vérité : "Les Champs de braise".  Hélie Denoix de Saint-Marc incarne, mieux que quiconque, le destin tragique de toute une génération de militaires, une histoire que retrace le récent Prix Goncourt.

Mais pour la plupart d'entre nous Hélie Denoix de Saint-Marc reste avant tout cet officier mythique du putsch d’avril 1961… La vie de cet officier parachutiste membre de l’état-major du général Massu lors de la Bataille d’Alger en 1957, participant au putsch d’avril 1961, ne peut que susciter une immense admiration. Il fut de ceux qui défendirent avec loyauté une certaine idée de l’Algérie française ou tout du moins une solution dans un cadre français. Le respect de la parole donnée contre la trahison du pouvoir gaulliste l’a toujours hanté. Il s’est constitué prisonnier au lendemain du putsch, mais n’a jamais exprimé la moindre critique à l’encontre des officiers qui ne l’ont pas suivi.

En 2011, il est élevé à la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur, la plus haute distinction de la République, par Nicolas Sarkozy, dans la cour d’honneur des Invalides.

Outre la dignité de Grand-Croix de la Légion d’honneur, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc
 est titulaire de très nombreuses décorations :

- Croix de guerre 1939-1945 avec 1 citation
- 
Croix de guerre des TOE avec 8 citations
- 
Croix de la valeur militaire avec 4 citations
-
 Médaille de la résistance 

- Croix du combattant volontaire de la Résistance 

- Croix du combattant 

- Médaille coloniale avec agrafe « Extrême-Orient » 

- Médaille commémorative de la guerre 1939-1945 

- Médaille de la déportation et de l'internement pour faits de Résistance 

- Médaille commémorative de la campagne d'Indochine 

- Médaille commémorative des opérations au Moyen-Orient (1956) 

- Médaille commémorative des opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord (1958) avec agrafes « Algérie » et « Tunisie »
- 
Insigne des blessés militaires (2) 

- Officier dans l'ordre du mérite civil des Sip Hoc Chau (Fédération thaï)


*   *   *

"À vingt cinq ans, il mena le combat à la frontière de Chine, à la tête de partisans qui parlaient à peine quelques mots de français."
Ordre du Mérite Civil des Sip Hoc Chau

Brevet de l'Ordre du Mérite civil des Sip Hoc Chau

Je voudrais particulièrement insister sur cette décoration : l'Ordre du Mérite Civil des Sip Hoc Chau, d'abord à cause d'une erreur reproduite sur plusieurs sites dont Wikipédia. Cette décoration reste totalement étrangère au Royaume de Thaïlande ! Il s'agit de la région Sip Song Chau Tai (le Pays Thaï) actuellement nommé au Viêtnam "Haute-Région", qui est une zone montagneuse prolongeant le plateau du Yunnan s'étendant au nord-ouest du Tonkin, bordé par la frontière chinoise au nord, la frontière laotienne au sud et à l'ouest… Ensuite et surtout pour saisir l'occasion de souligner le courage et l'abnégation dont ont fait preuve ces Bataillons thaïs, notamment à Diên Biên Phu… L'épopée de ces bataillons thaïs est relatée dans l'admirable ouvrage de Michel David et Louis-Marie Regnier : "Les Bataillons thaïs en Indochine"… Annexée au Tonkin par la France en 1888, la région Sip Song Chau Tai (le Pays Thaï) devint en 1948 la Fédération Taï autonome au sein de l'Union Française, elle disparut avec la fin de l'Indochine Française.


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Ordre du Mérite Civil des Sip Hoc Chau
  
 
Hélie de Saint Marc sur l'Indochine



Hélie de Saint Marc raconte l'Algérie française



*   *   *



Témoignage de Alain M. :  "Je rentre tout juste de Lyon où j'ai assisté aux obsèques de notre regretté ami, le commandant Hélie Denoix de Saint-Marc. Quel bel hommage que celui qui lui a été rendu dans la cathédrale Saint-Jean bondée à ce point que beaucoup de participants ont dû rester debout pendant les deux heures qu'a duré la cérémonie religieuse. Une quarantaine de drapeaux et des centaines d'anciens paras et légionnaires massés dans le chœur de l'édifice religieux situé dans le vieux Lyon au pied de la colline de Fourvière. Les Pieds-Noirs aussi étaient là, venus nombreux. Beaucoup de couronnes des cercles algérianistes de Lyon, de Béziers, et du cercle national, mais aussi du souvenir du 26 mars 1962 et des anciens de Notre-Dame d'Afrique. Après le très émouvant hommage de ses filles à leur "papa chéri", c'est le cardinal Barbarin, primat des Gaules, qui a évoqué la grande figure de l'homme et du soldat qui a "réalisé l'idéal de sa jeunesse". Il y avait beaucoup d'émotion, beaucoup de gratitude aussi dans cette assemblée d'hommes et de femmes aux cheveux gris unis dans une même foi chrétienne et patriotique. Quelques personnalités étaient présentes, au premier rang desquelles Francique Collomb, maire de Lyon qui se tenait à côté du préfet du Rhône. Michel Noir, ancien maire de la capitale des Gaules, était venu ainsi que Charles Millon, l'ancien ministre de la Défense et le député de la Drôme Hervé Mariton. Perdu dans la foule, Jacques Peyrat, l'ancien maire de Nice était venu aussi rendre un dernier hommage à celui qui fut son chef en Indochine.
À l'issue de la cérémonie religieuse, les honneurs militaires ont été rendus sur le parvis de la cathédrale au commandant Denoix de Saint-Marc lors d'une cérémonie présidée par le général Bruno Dary, ancien gouverneur militaire de Paris, avec le concours de la musique de la légion étrangère."

Communiqué AFP : Les obsèques de Hélie Benoît [sic!!!] de Saint Marc, ancien résistant et déporté et ancien officier putschiste en mai 1961 à Alger, décédé lundi à l'âge de 91 ans, ont été célébrées vendredi en la cathédrale Saint-Jean de Lyon, avant que lui soient rendus les honneurs militaires.
De nombreux militaires, en uniforme ou en civil, notamment des légionnaires reconnaissables à leur béret vert et arborant leurs médailles, avaient pris place dans la primatiale, à peine assez grande pour accueillir la foule qui s'y pressait.
Au premier rang, à côté de la famille, se trouvaient le général Bertrand Ract-Madoux, chef d'état-major de l'armée de terre, représentant le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian; le préfet du Rhône, Jean-François Carenco, et le maire de Lyon, Gérard Collomb.
De nombreux parlementaires de droite étaient également présents, ainsi que l'ancien ministre de la Défense Charles Millon.
L'extrême-droite politique n'avait en revanche envoyé aucun représentant officiel.
Sur le cercueil, recouvert du drapeau tricolore et entouré par une haie de porte-drapeaux, avaient été placés trois coussins avec le béret vert de l'ancien comandant de parachutistes, ses décorations, dont la médaille de la Résistance, et la grand-croix de la Légion d'honneur, la plus haute distinction de la République, qui lui avait été remise en 2011 par Nicolas Sarkozy.
Après une des filles du disparu soulignant que son père avait "préféré l'honneur aux honneurs", c'est le cardinal Philippe Barbarin qui, a évoqué, sobrement, la vie et la personnalité complexe de l'ancien résistant, déporté à Buchenwald, avant de devenir ce "soldat perdu" condamné à 10 ans de réclusion pour sa participation au putsch d'Alger à la tête du 1er régiment étranger de parachutistes (REP), puis d'être réhabilité.
Parlant lui aussi "d'honneur", mais aussi "de fidélité, d'engagement et de courage", l'archevêque de Lyon a affirmé que Hélie Denoix de Saint Marc "a toujours agi comme il croyait devoir le faire, en jugeant avec sa conscience", même, a-t-il ajouté citant le défunt, quand il fallait "choisir entre le crime de l'illégalité et le crime de l'inhumanité".
À l'issue de l'office, les honneurs militaires lui ont été rendus sur le parvis de la cathédrale par un détachement du 1er régiment étranger d'Aubagne, en présence notamment du général Martial de Braquilanges, gouverneur militaire de Lyon, du commandant de la Légion Christophe de Saint-Chamas et du colonel Benoît Desmeules, chef de corps du 2e régiment étranger de parachutistes.
Après l'hommage lu par le général Bruno Dary, président de l'Association des anciens légionnaires parachutistes et ancien gouverneur de Paris, la cérémonie s'est conclue par un chant entonné par d'anciens légionnaires et repris par une partie de l'assistance.

*   *   *






Mon commandant, mon ancien,

Ils sont là, ils sont tous présents, qu’ils soient vivants ou disparus, oubliés de l’histoire ou célèbres, croyants, agnostiques ou incroyants, souffrant ou en pleine santé, jeunes soldats ou anciens combattants, civils ou militaires, ils sont tous présents, si ce n’est pas avec leur corps, c’est par leur cœur ou par leur âme ! Tous ceux qui, un jour, ont croisé votre chemin, ou ont fait avec vous une partie de votre route ou plutôt de votre incroyable destinée, sont regroupés autour de vous : les lycéens de Bordeaux, les résistants du réseau Jade-Amicol, les déportés du camp de Langenstein, vos frères d’armes, vos légionnaires que vous avez menés au combat, ceux qui sont morts dans l’anonymat de la jungle ou l’indifférence du pays, les enfants de Talung que vous avez dû laisser derrière vous, les harkis abandonnés puis livrés aux mains du FLN ! Je n’oublie pas vos parents et votre famille, qui ont partagé vos joies et vos épreuves ; il faut ajouter à cette longue liste, les jeunes générations, qui n’ont connu, ni la Guerre de 40, ni l’Indochine, pas plus que l’Algérie, mais qui ont dévoré vos livres, qui vous ont écouté et que vous avez marqués profondément !

Cette liste ne serait pas complète, si n’était pas évoquée la longue cohorte des prisonniers, des déchus, des petits et des sans-grades, les inconnus de l’histoire et des médias, ceux que vous avez croisés, écoutés, respectés, défendus, compris et aimés et dont vous avez été l’avocat. Eux tous s’adressent à vous aujourd’hui, à travers ces quelques mots et, comme nous en étions convenus la dernière fois que nous nous sommes vus et embrassés chez vous, je ne servirai que d’interprète, à la fois fidèle, concis et surtout sobre.

Aujourd’hui, Hélie, notre compagnon fidèle, c’est vous qui nous quittez, emportant avec vous vos souvenirs et surtout vos interrogations et vos mystères ; vous laissez chacun de nous, à la fois heureux et fier de vous avoir rencontré, mais triste et orphelin de devoir vous quitter. Vous laissez surtout chacun de nous, seul face à sa conscience et face aux interrogations lancinantes et fondamentales qui ont hanté votre vie, comme elles hantent la vie de tout honnête homme, qui se veut à la fois homme d’action et de réflexion, et qui cherche inlassablement à donner un sens à son geste !

Parmi tous ces mystères, l’un d’eux ne vous a jamais quitté. Il a même scandé votre vie ! C’est celui de la vie et de la mort. Car qui d’autres mieux que vous, aurait pu dire, écrire, prédire ou reprendre à son compte ce poème d’Alan Seeger, cet Américain, à la fois légionnaire et poète, disparu à 20 ans dans la tourmente de 1916 : « j’ai rendez-vous avec la  mort » ?

C’est à 10 ans que vous avez votre premier rendez-vous avec la mort, quand gravement malade, votre maman veille sur vous, nuit et jour ; de cette épreuve, vous vous souviendrez d’elle, tricotant au pied de votre lit et vous disant : « Tu vois Hélie, la vie est ainsi faite comme un tricot : il faut toujours avoir le courage de mettre un pied devant l’autre, de toujours recommencer, de ne jamais s’arrêter, de ne jamais rien lâcher ! »

Cette leçon d’humanité vous servira et vous sauvera quelques années plus tard en camp de concentration. Votre père, cet homme juste, droit et indépendant, qui mettait un point d’honneur durant la guerre, à saluer poliment les passants, marqués de l’étoile jaune, participera aussi à votre éducation ; il vous dira notamment de ne jamais accrocher votre idéal, votre ‘‘étoile personnelle’’ à un homme, aussi grand fût-il ! De l’époque de votre jeunesse, vous garderez des principes stricts et respectables, que les aléas de la vie ne vont pourtant pas ménager ; c’est bien là votre premier mystère d’une éducation rigoureuse, fondée sur des règles claires, simples et intangibles, que la vie va vous apprendre à relativiser, dès lors qu’elles sont confrontées à la réalité !

Puis, à 20 ans, vous aurez votre deuxième rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, vêtu d’un méchant pyjama rayé, dans le camp de Langenstein. Deux ans de déportation mineront votre santé et votre survie se jouera à quelques jours près, grâce à la libération du camp par les Américains. Mais votre survie se jouera aussi par l’aide fraternelle d’un infirmier français qui volait des médicaments pour vous sauver d’une pneumonie, puis celle d’un mineur letton, qui vous avait pris en affection et qui chapardait de la nourriture pour survivre et vous aider à supporter des conditions de vie et de travail inhumaines. En revanche, vous refuserez toujours de participer à toute forme d’emploi administratif dans la vie ou l’encadrement du camp d’internement, ce qui vous aurait mis à l’abri du dénuement dans lequel vous avez vécu. Vous y connaitrez aussi la fraternité avec ses différentes facettes : d’un côté, celle du compagnon qui partage un quignon de pain en dépit de l’extrême pénurie, du camarade qui se charge d’une partie de votre travail malgré la fatigue, mais de l’autre, les rivalités entre les petites fraternités qui se créaient, les cercles, les réseaux d’influence, les mouvements politiques ou les nationalités… Mystère, ou plutôt misère, de l’homme confronté à un palier de souffrances tel qu’il ne s’appartient plus ou qu’il perd ses références intellectuelles, humaines et morales !

Vous avez encore eu rendez-vous avec la mort à 30 ans, cette fois, à l’autre bout du monde, en Indochine. Vous étiez de ces lieutenants et de ces capitaines, pour lesquels de Lattre s’était engagé jusqu’à l’extrême limite de ses forces, comme sentinelles avancées du monde libre face à l’avancée de la menace communiste. D’abord à Talung, petit village à la frontière de Chine, dont vous avez gardé pieusement une photo aérienne dans votre bureau de Lyon. Si les combats que vous y avez mené n’eurent pas de dimension stratégique, ils vous marquèrent profondément et définitivement par leur fin tragique : contraint d’abandonner la Haute région, vous avez dû le faire à Talung, sans préavis, ni ménagement ; ainsi, vous et vos légionnaires, quittèrent les villageois, en fermant les yeux de douleur et de honte ! Cette interrogation, de l’ordre que l’on exécute en désaccord avec sa conscience, vous hantera longtemps, pour ne pas dire toujours ! Plus tard, à la tête de votre Compagnie du 2° Bataillon étranger de parachutistes, vous avez conduit de durs et longs combats sous les ordres d’un chef d’exception, le chef d’escadron RAFFALLI : Nhia Lo, la Rivière Noire, Hoa Binh, Nassan, la Plaine des Jarres. Au cours de ces combats, à l’instar de vos compagnons d’armes ou de vos aînés, vous vous sentiez invulnérables ; peut-être même, vous sentiez-vous tout permis, parce que la mort était votre plus proche compagne : une balle qui vous effleure à quelques centimètres du cœur, votre chef qui refuse de se baisser devant l’ennemi et qui finit par être mortellement touché ; Amilakvari et Brunet de Sairigné vous avaient montré le chemin, Segrétain, Hamacek, Raffalli et plus tard Jeanpierre, Violès, Bourgin, autant de camarades qui vous ont quitté en chemin. Parmi cette litanie, on ne peut oublier, votre fidèle adjudant d’unité, l’adjudant Bonnin, qui vous a marqué à tel point, que, plus tard, vous veillerez à évoquer sa personnalité et sa mémoire durant toutes vos conférences ! Et avec lui, se joignent tous vos légionnaires, qui ont servi honnêtes et fidèles, qui sont morts, dans l’anonymat mais face à l’ennemi, et pour lesquels vous n’avez eu le temps de dire qu’une humble prière. Tel est le mystère de la mort au combat, qui au même moment frappe un compagnon à vos côtés et vous épargne, pour quelques centimètres ou une fraction de seconde !

10 ans plus tard, vous aurez encore rendez-vous avec la mort ! Mais cette fois-ci, ce ne sera pas d’une balle perdue sur un champ de bataille, mais de 12 balles dans la peau, dans un mauvais fossé du Fort d’Ivry. En effet, vous veniez d’accomplir un acte grave, en vous rebellant contre l’ordre établi et en y entraînant derrière vous une unité d’élite de légionnaires, ces hommes venus servir la France avec honneur et fidélité. Or retourner son arme contre les autorités de son propre pays reste un acte très grave pour un soldat ; en revanche, le jugement qui sera rendu - 10 ans de réclusion pour vous et le sursis pour vos capitaines - montre qu’en dépit de toutes les pressions politiques de l’époque, en dépit des tribunaux d’exception et en dépit de la rapidité du jugement, les circonstances atténuantes vous ont été reconnues. Elles vous seront aussi été reconnues 5 ans après, quand vous serez libéré de prison, comme elles vous seront encore reconnues quelques années plus tard quand vous serez réhabilité dans vos droits ; elles vous seront surtout reconnues par la nation et par les médias à travers le succès éblouissant de vos livres, celui de vos nombreuses conférences et par votre témoignage d’homme d’honneur. Ces circonstances atténuantes se transformeront finalement en circonstances exceptionnelles, lorsque, 50 ans plus tard, en novembre 2011, le Président de la République en personne vous élèvera à la plus haute distinction de l’Ordre de la Légion d’Honneur ; au cours de cette cérémonie émouvante, qui eut lieu dans le Panthéon des soldats, nul ne saura si l’accolade du chef des armées représentait le pardon du pays à l’un de ses grands soldats ou bien la demande de pardon de la République pour avoir tant exigé de ses soldats à l’époque de l’Algérie. Le pardon, par sa puissance, par son exemple et surtout par son mystère, fera le reste de la cérémonie !… Aujourd’hui, vous nous laissez l’exemple d’un soldat qui eut le courage, à la fois fou et réfléchi, de tout sacrifier dans un acte de désespoir pour sauver son honneur ! Mais vous nous quittez en sachant que beaucoup d’officiers ont aussi préservé leur honneur en faisant le choix de la discipline. Le mot de la fin, si une fin il y a, car la tragédie algérienne a fait couler autant d’encre que de sang, revient à l’un de vos contemporains, le général de Pouilly, qui, au cours de l’un des nombreux procès qui suivirent, déclara, de façon magistrale et courageuse, devant le tribunal : « Choisissant la discipline, j’ai également choisi de partager avec la Nation française la honte d’un abandon… Et pour ceux qui, n’ayant pas pu supporter cette honte, se sont révoltés contre elle, l’Histoire dira sans doute que leur crime est moins grand que le nôtre » !

Et puis, quelque 20 ans plus tard, alors que, depuis votre sortie de prison, vous aviez choisi de garder le silence, comme seul linceul qui convienne après tant de drames vécus, alors que vous aviez reconstruit votre vie, ici même à Lyon, vous êtes agressé un soir dans la rue par deux individus masqués, dont l’un vous crie, une fois que vous êtes à terre : « Tais-toi ! On ne veut plus que tu parles ! » Cette agression survenait après l’une de vos rares interventions de l’époque ; elle agira comme un électrochoc et vous décidera alors à témoigner de ce que vous avez vu et vécu à la pointe de tous les drames qui ont agité la France au cours du XXème siècle. Ainsi, au moment où vous comptiez prendre votre retraite, vous allez alors commencer, une 3° carrière d’écrivain et de conférencier. Alors que le silence que vous aviez choisi de respecter, vous laissait en fait pour mort dans la société française, ce nouvel engagement va vous redonner une raison de vivre et de combattre ! Toujours ce mystère de la vie et de la mort ! Au-delà des faits et des drames que vous évoquerez avec autant d’humilité que de pudeur, vous expliquerez les grandeurs et les servitudes du métier des armes et plus largement de celles de tout homme. À l’égard de ceux qui ont vécu les mêmes guerres, vous apporterez un témoignage simple, vrai, poignant et dépassionné pour expliquer les drames vécus par les soldats, qui, dans leur prérogative exorbitante de gardien des armes de la cité et de la force du pays, sont en permanence confrontés aux impératifs des ordres reçus, aux contraintes de la réalité des conflits et aux exigences de leur propre conscience, notamment quand les circonstances deviennent exceptionnellement dramatiques. À l’égard des jeunes générations, qui n’ont pas connu ces guerres, ni vécu de telles circonstances, mais qui vous ont écouté avec ferveur, vous avez toujours évité de donner des leçons de morale, ayant vous-même trop souffert quand vous étiez jeune, des tribuns qui s’indignaient sans agir, de ceux qui envoyaient les jeunes gens au front en restant confortablement assis ou de notables dont la prudence excessive servait d’alibi à l’absence d’engagement. Vous êtes ainsi devenu une référence morale pour de nombreux jeunes, qu’ils fussent officiers ou sous-officiers ou plus simplement cadres ou homme de réflexion.

Puis dans les dernières années de votre vie, vous avez aussi eu plusieurs rendez-vous avec la mort, car votre « carcasse » comme vous nous le disiez souvent, finissait pas vous jouer des tours et le corps médical, avec toute sa compétence, sa patience et son écoute, ne pouvait plus lutter contre les ravages physiques des années de déportation, les maladies contractées dans la jungle indochinoise et les djebels algériens, les conséquences des années de campagnes, d’humiliation ou de stress. Pourtant, vous avez déjoué les pronostics et vous avez tenu bon, alors que vous accompagniez régulièrement bon nombre de vos frères d’armes à leur dernière demeure ! Là encore, le mystère de la vie et de la mort vous collait à la peau.

Et puis, aujourd’hui, Hélie, notre ami, vous êtes là au milieu de nous ; vous, l’homme de tous les conflits du XXème siècle, vous vous êtes endormi dans la paix du Seigneur en ce début du XXIème siècle, dans votre maison des Borias que vous aimiez tant, auprès de Manette et de celles et ceux qui ont partagé l’intimité de votre vie.

Mais, Hélie, êtes-vous réellement mort ? Bien sûr, nous savons que nous ne croiserons plus vos yeux d’un bleu indéfinissable ! Nous savons que nous n’écouterons plus votre voix calme, posée et déterminée ! Nous savons aussi que, lors de nos prochaines étapes à Lyon, seule Manette nous ouvrira la porte et nous accueillera ! Nous savons aussi que vos écrits sont désormais achevés !

Mais, Hélie, à l’instar de tous ceux qui sont ici présents, nous avons envie nous écrier, comme cet écrivain français : « Mort, où est ta victoire ? »
Mort, où est ta victoire, quand on a eu une vie aussi pleine et aussi intense, sans jamais baisser les bras et sans jamais renoncer ?
Mort, où est ta victoire, quand on n’a cessé de frôler la mort, sans jamais chercher à se protéger ?
Mort, où est ta victoire, quand on a toujours été aux avant-gardes de l’histoire, sans jamais manqué à son devoir ?
Mort, où est ta victoire, quand on a su magnifier les valeurs militaires jusqu’à l’extrême limite de leur cohérence, sans jamais défaillir à son honneur ?
Mort, où est ta victoire, quand on s’est toujours battu pour son pays, que celui-ci vous a rejeté et que l’on est toujours resté fidèle à soi-même ?
Mort, où est ta victoire, quand après avoir vécu de telles épreuves, on sait rester humble, mesuré et discret ? Mort, où est ta victoire, quand son expérience personnelle, militaire et humaine s’affranchit des époques, des circonstances et des passions et sert de guide à ceux qui reprendront le flambeau ?
Mort, où est ta victoire, quand après avoir si souvent évoqué l’absurde et le mystère devant la réalité de la mort, on fait résolument le choix de l’Espérance ?

Hélie, notre frère, toi qui a tant prôné l’Espérance, il me revient maintenant ce vieux chant scout que tu as dû chanter dans ta jeunesse et sans doute plus tard, et que tous ceux qui sont présents pourraient entonner : « Ce n’est qu’un au revoir, mon frère ! Ce n’est qu’un au revoir ! Oui, nous nous reverrons Hélie ! Oui, nous nous reverrons » !
Oui, Hélie, oui, nous nous reverrons à l’ombre de Saint Michel et de Saint Antoine, avec tous tes compagnons d’armes, en commençant par les plus humbles, dans un monde sans injure, ni parjure, dans un monde sans trahison, ni abandon, dans un monde sans tromperie, ni mesquinerie, dans un monde de pardon, d’amour et de vérité !

À Dieu, Hélie… À Dieu, Hélie et surtout merci ! Merci d’avoir su nous guider au milieu des « champs de braise ! »




jeudi 25 août 2016

Déclaration de Son Altesse Royale Louis XX à l'occasion de la Saint-Louis



"Dès l’aube de la civilisation française il y avait, venant couronner au sens propre comme figuré le pouvoir, une transcendance. Politique et mystique allaient de pair. Jamais le roi ne fut un monarque tout puissant. La royauté française a toujours été vécue comme un service, imposant des devoirs garantis par Dieu. Au-dessus du roi il y avait toujours la nécessité de conserver les préceptes de l’Évangile qui sont aussi ceux du droit naturel : respect de la personne humaine, respect de la famille. […]
Durant longtemps, la mystique de la Patrie avait su remplacer l'amour pour le Roi et la Couronne. Mais qu'en est-il actuellement ? Quelle « mystique » est-elle offerte aux jeunes depuis deux ou trois générations ? […]
La cause première de ce triste état des lieux est avant tout l’abandon des repères notamment religieux par notre pays c’est-à-dire ces limites sans lesquelles les libertés ne sont plus que des licences dangereuses tant pour l’homme que pour la société. Ainsi, en un peu plus de deux siècles a été porté profondément atteinte à notre identité, française et chrétienne. Les repères perdus, l’avenir est difficile à construire ! Aussi, nourrie de bonnes intentions comme le prétendent ses partisans, la laïcité républicaine n’en est pas moins un leurre. Elle nous coupe en réalité de nos racines séculaires et le vide idéologique laisse la place à toutes les idéologies mortifères. […] En invoquant l’aide de Saint Louis, mon aïeul, mais aussi celle de tous les saints et saintes de France, si nombreux, […] je crois plus que jamais en mon pays et en son avenir".



Mes chers compatriotes,

La date du 25 août, fête de la Saint-Louis, mon aïeul et mon saint patron et aussi le modèle largement reconnu de la sagesse en politique, m’offre l’occasion de m’exprimer. Je n’ai pas voulu le faire au moment où les dramatiques événements de l’été se sont produits car ma voix aurait peu apporté à ce qui fut dit alors. La compassion devant les victimes s’imposait et continue à s’imposer car les conséquences de ces attaques barbares sont loin d’être terminées ; les encouragements aux forces de sécurité et de secours ou aux équipes de soins s’imposaient elles-aussi et s’imposent encore devant l’ampleur du mal. Mais au-delà ? Que pouvait-on dire devant l’horreur des actes commis ? Les assassinats aussi monstrueux que lâches, d’êtres innocents, n’ont jamais aucune justification et les commettre au nom d’une religion encore moins. Fanatisme et politique n’ont jamais fait bon ménage. L’histoire nous le rappelle.

Or c’est justement au nom de l’histoire, mais sans nostalgie et dans un souci d’avenir meilleur, que je peux apporter quelque chose, au moment où la France, mon pays, subit une grave crise. Il me semble que les seuls remèdes politiques habituels ne suffiront pas à conjurer les dégâts et la profondeur du mal. Vu avec le recul des siècles et surtout l’expérience que cela donne, le mal qui atteint la France me parait double. Il y a d’abord une guerre de civilisation, déclarée par un ennemi plus ou moins visible et insidieux, et que désormais les gouvernants semblent enfin désigner par son nom mais, surtout, une très profonde et grave crise morale ou d’identité, sorte de cancer de l’intérieur qui nous affaiblit tout autant, peut-être même davantage, que l’ennemi désigné.

De la guerre qui est menée à la France, à l’Europe, à la Chrétienté, que dire ? Accepter de mettre un nom sur les choses et donc les qualifier est déjà le meilleur moyen pour combattre. L’ennemi identifié, il s’agit de concevoir et de mettre en œuvre une politique étrangère et une politique intérieure qui répondent aux intérêts de la France et de l’Europe chrétienne dont nous sommes solidaires. Il s’agit ensuite d’avoir une stratégie et une tactique. Je ne doute pas que l’une et l’autre soient à la portée de nos gouvernants quels qu’ils fussent, s’ils acceptent de se remettre en cause, de se donner les moyens de la lutte et de faire confiance aux spécialistes. Faire parler la raison plus que le sentiment et l’idéologie. La France a toujours su mener les combats, ses forces armées sont reconnues par tous et partout, et le pays entier trouvera l’énergie nécessaire pour les soutenir. Déjà, force est de constater que de saines réactions ont commencé à apparaître.

La crise morale est plus grave. Les causes internes sont toujours plus complexes à combattre que les ennemis déclarés. Elles le sont notamment parce qu'elles ont souvent des origines plus profondes, plus lointaines. Mais l’histoire dont par ma naissance je suis en quelque sorte le représentant comme héritier et successeur des souverains qui, patiemment, siècle après siècle, ont façonné la France, l’histoire montre que les crises de conscience ne sont pas insurmontables. C’est même souvent de l’épreuve et de la rupture avec des habitudes passées qui endorment plus qu’elles ne font progresser, que la France s’est constituée. Dès l’origine ! Épreuves et rupture, avec Clovis qui fait passer la Gaule du rang de province romaine à celui de royaume libre et autonome ; épreuves et rupture avec la renaissance carolingienne ; puis avec le renouveau de la souveraineté au XIIIe siècle, celui de Bouvines et de Saint Louis ; et je continue avec le renouveau d’après la guerre de Cent-ans qui avait pourtant laissé la France exsangue et quasi à la merci d’une dynastie étrangère. Que dire de la Renaissance qui a suivi le désastre de Pavie, de celle d’après les Guerres de Religion ou encore du sursaut admirable de tout le pays dans les premières années du XVIIIe siècle alors que Louis XIV devait faire face à une Europe une nouvelle fois coalisée. Oui, il y a un ressort très français qui veut que notre pays même malmené, même quasiment abattu, ne capitule pas.

Ces sursauts proviennent de la nature très particulière de la France. Ce n’est pas un état comme les autres. Le pouvoir ne s’y confond pas avec la force. La France a toujours reposé sur ses familles, sur des communautés d’intérêt, sur un état de droit mis en place alors que l’Europe connaissait encore régime féodal et droit du plus fort. Si la France présente cette spécificité cela lui vient de ses origines. Clovis, ne fut pas seulement le premier des rois, mais ce fut surtout le premier des rois chrétiens. Ainsi dès l’aube de la civilisation française il y avait, venant couronner au sens propre comme figuré le pouvoir, une transcendance. Politique et mystique allaient de pair. Jamais le roi ne fut un monarque tout puissant. La royauté française a toujours été vécue comme un service, imposant des devoirs garantis par Dieu. Au-dessus du roi il y avait toujours la nécessité de conserver les préceptes de l’Évangile qui sont aussi ceux du droit naturel : respect de la personne humaine, respect de la famille. La France a mérité le titre de « Fille aînée de l’Église », parce que plus que toute autre nation, elle a su mettre ses devoirs avant ses droits. Elle a puisé dans la religion une éthique qui donnait à la politique une autre dimension. Ainsi, elle devint un modèle.

Certes cela a pris des contours bien différents selon les âges, mais le principe a toujours subsisté ; certes il y a eu parfois de mauvaises politiques mais justement reconnues comme telles. Mais l’histoire nous enseigne aussi qu’il y a des limites à ne pas franchir, des principes non négociables : la souveraineté de l’état, le primat du bien commun contre les intérêts particuliers, les libertés notamment collectives pour garantir les particularismes hérités de l’histoire des lieux, etc.

L’histoire nous apprend aussi et surtout qu’un peuple est grand quand il a des motifs de partager une vision commune de sa destinée c’est-à-dire de son avenir ; de donner de lui-même pour des causes qui le dépassent mais qui le font entrer dans l’histoire. Tel est bien ce qui a produit les grands artistes, les grands savants, les grands capitaines et les conquérants ; les gloires nationales que nos livres, nos mémoires, nos chansons exaltaient. Durant longtemps, de l’épopée des grognards de l’Empire au « debout les morts ! » de la Guerre de 14-18, les régimes nouveaux ont continué à évoquer ce récit national. La mystique de la Patrie avait su remplacer l’amour pour le Roi et la Couronne. Mais qu’en est-il actuellement ? Quelle « mystique » est-elle offerte aux jeunes depuis deux ou trois générations ? Celle du consumérisme et du matérialisme ; celle de la culture de la mort ; celle du jeu et du moindre effort, celle de la toute-puissance de l’argent. Depuis des décennies ont été élevés au rang de nouvelles valeurs l’individualisme, l’abandon de la notion de service et de sacrifice, le relativisme, l’immanence et, comble, la négation des épisodes glorieux de notre histoire dont il faudrait s’excuser ! Tout cela a détruit peu à peu les fondements de la société qui n’a plus su intégrer ceux qui frappaient à sa porte et qui, surtout, a ôté tout souhait et désir de s’intégrer à la France devenue plus un contre-modèle qu’un modèle.

Il me semble que la cause première de ce triste état des lieux est avant tout l’abandon des repères notamment religieux par notre pays c’est-à-dire ces limites sans lesquelles les libertés ne sont plus que des licences dangereuses tant pour l’homme que pour la société. Ainsi, en un peu plus de deux siècles a été porté profondément atteinte à notre identité, française et chrétienne. Les repères perdus, l’avenir est difficile à construire ! Aussi, nourrie de bonnes intentions comme le prétendent ses partisans, la laïcité républicaine n’en est pas moins un leurre. Elle nous coupe en réalité de nos racines séculaires et le vide idéologique laisse la place à toutes les idéologies mortifères.

Les jeunes ont besoin de grandeur, besoin d’espérance. Une société qui désespère et désenchante sa jeunesse n’a plus sa place. Il faut revenir de cet esprit d’abandon. Il faut retrouver enthousiasme, désir de se dépasser et, surtout, volonté. Retrouver la ferveur de Bouvines et de Patay, celle que montrent les champions sportifs prenant exemple sur les saints ou les militaires. Offrir des perspectives qui présentent leur part de gratuité et de grandeur. Ces occasions ne manquent pourtant pas aujourd’hui où les combats à mener sont nombreux : ceux pour redonner à la vie humaine sa place avec ses multiples facettes depuis l’éthique oubliée dans les états riches jusqu’aux problèmes de malnutrition dans les pays pauvres ; ceux pour rendre notre planète plus durable après qu’elle a été souvent saccagée par l’inconscience de plusieurs générations ; ceux pour faire accéder le plus grand nombre à l’instruction sans laquelle il n’y a pas d’échanges possibles entre les hommes. Savoir se parler et pouvoir se comprendre !

Redonner le goût du bien commun et se souvenir que la France est d’abord une communauté forte de son identité façonnée par ses racines gréco-latines et chrétiennes.

Heureusement, bon nombre de jeunes l’ont retrouvé d’eux-mêmes dépassant les faux maîtres qui les trompaient plus qu’ils ne les formaient. Depuis plusieurs années on les voit veiller sur leur pays ; retrouver les fondamentaux de la philosophie notamment politique, renouer avec les valeurs du don, de la gratuité sans lesquelles il n’y pas de bien commun possible. On les voit surtout retrouver le sens de la famille et de la vie sur lequel ils assoient leurs perspectives d’avenir. Le monde appartient aux jeunes et à ceux qui donnent du sens à leur vie. L’histoire de France nous l’enseigne.

J’ai voulu le rappeler car, en invoquant l’aide de Saint Louis, mon aïeul, mais aussi celle de tous les saints et saintes de France, si nombreux, et en n’oubliant pas le dernier d’entre eux, le père Hamel, mort en martyr pour sa Foi, je crois plus que jamais en mon pays et en son avenir.

Louis de Bourbon, duc d’Anjou



mercredi 24 août 2016

Dans son délire criminel, DeGaulle avait ourdi l'assassinat du général Raoul Salan


Bien avant les assassinats de Claude Piegts, Albert Dovecar, Roger Degueldre, Jean Bastien-Thiry, DeGaulle avait décidé de l'assassinat de Raoul Salan…


Pour ceux qui désirent comprendre cette époque tragique endeuillée par la psychopathologie criminelle de DeGaulle… un article  de Maurice Villard, extrait de l’excellente revue "Ensemble", n° 234 d’octobre 2002 (ACEP- 130 avenue de Palavas  34070 - Montpellier (5 numéros par an).

La fin du procès du Général Raoul Salan

Le procès s’ouvre le 15 mai 1962 (L’Algérie est encore française, 150 000 harkis et leurs familles sont encore en majorité en vie, ainsi que 25 000 Européens et plus de 300 soldats français)…

Sténographie complète des audiences
Réquisitoire - Plaidoiries - Verdict
Note liminaire des Avocats.
Après son exposé qui se passe à la seconde audience, Salan va se taire jusqu’au dernier jour, où après la dernière plaidoirie, au moment où le tribunal se lèvera pour entrer en salle de délibérations, il se contentera de déclarer : « Dieu me garde ! ».

Debré à la barre - Complot, Bazooka, et comité des six. Tout est mis en œuvre par les avocats, ils ont gagné six jours et, en huit jours, le climat a changé. Des failles se sont creusées dans le bloc gouvernemental. On s’en rend compte le lundi 21 mai.

Tous les témoins ont été entendus. Seul le réquisitoire de M. Gavalda et les plaidoiries des défenseurs séparent le général Salan de son destin.

Le premier et les seconds sont d’accord pour une suspension de 24 heures, le temps de relire la sténographie et de mettre une dernière main à leur discours. En tant que Ministère public, M. Gavalda s’est engagé à demander ce délai après en avoir averti le président Bornet.

Mais le 21 mai, donc, à 19h20, au moment où l’audience va prendre fin, M. Gavalda ne pipe mot. C’est Tixier- Vignancour qui se lève et propose de se retrouver le surlendemain, mercredi 23 à 13 heures. À sa grand surprise, le Président lui oppose le refus le plus net. C’est l’incident, qu’il faut régler. D’ordinaire, ce genre de délibération ne prend que quelques minutes. Il en faut 45 au tribunal pour accorder le renvoi au mercredi.

- « Ah ! Je voudrais bien savoir ce qu’ils ont pu trouver à se raconter pendant tout ce temps », grommelle M° Tixier-Vignancour.

Les jurés sont divisés, Valéry-Radot doit se retrouver jeudi à Lisbonne pour un congrès médical. Ensuite le Président a posé une grave question :

 « Si nous accordons ce renvoi, de combien de jours ce décalage va-t-il retarder l'exécution ? ».

Là, il y a eu des remous. Une voix dominait les autres : « Vous êtes donc sûr du verdict ? ».

Le président Bornet est gêné : « Je crois… Je pense… ».

Tixier enregistre, sa plaidoirie est prête et le mercredi, quand il se lève dans la grande salle pleine d’une foule silencieuse et frémissante, il dit : 

« À mon sentiment, trois témoins ont dominé les débats sans que pour autant la qualité des autres soit diminuée. Ce sont le R.P. Pascal, le Général Valluy et le Docteur Georges Salan.

Comment se résument-ils ? Le Franciscain a dit : « Étant donné le personnage que je connais et ce qu’on lui attribue, je dis – Faîtes lumière ! -. Le chef militaire a dit : - Il nous faut découvrir le choc qui a bouleversé cet homme et qui en a fait le chef d’un « organisation secrète ». Et le frère, j’allais dire le fraternel adversaire, a dit : - DeGaulle a comblé tous mes vœux mais il a par là même abusé ceux qui, tel que mon frère, ont vu en lui, le mainteneur de l’Algérie Française. »

Ainsi Tixier, le chef de file et l’âme de la défense, a délibérément élagué. Il renonce au bazooka, il renonce à l’exploitation des responsabilités du pouvoir, il renonce à l’exégèse de la déclaration du général de Pouilly qui, en ayant choisi la « loyauté », s’était écrié : « J’ai choisi de partager avec mes concitoyens, la honte d’un abandon. Pour celui et pour ceux qui n’ont pas pu supporter cette honte, peut-être l’Histoire dira-t-elle que leur crime est moins grave que le nôtre ».

Tixier va à l’essentiel qui est de montrer que le général Salan, conditionné par sa personnalité et par son expérience, ne pouvait cesser d’être Salan parce que DeGaulle avait choisi de mener à son terme, une certaine politique.

Une chance sur mille de sauver Salan, songeait Tixier en plaidant. Mais c’est ainsi qu’il faut la jouer. Contre toute attente, il allait gagner, avec l’aide imprévue d’un adversaire politique : Pasteur-Valléry-Radot.

Le secret des délibérations des jurys est moins bien gardé qu’on le croit. On l’a vu lors du procès du maréchal Pétain. On va le voir à nouveau aujourd’hui. Il nous est impossible de citer nos témoins qui seraient passibles de poursuites, peut-être de basses vengeances, mais nous affirmons ce qui suit : la défense du Général Salan a eu une relation précise des discussions qui, pendant 2h30, ont ébranlé la salle des délibération.

Ainsi, nous pouvons affirmer que c’est le procureur Gavalda qui s’est trompé en transcrivant le verdict. Deuxième preuve de l’affolement, les juges oublièrent complètement d’ordonner la confiscation des biens de l’accusé, ce qui ajouta à la fureur de DeGaulle. Quand il apprit la bévue il s’écria : « Ces Cons ! Ils n’ont même pas été capables de lui prendre son pognon ! ».

Le pognon de Salan était bien mince. Une villa à, Alger, c’est-à-dire rien. Et un appartement à Paris. C’est cela qu’on avait oublié de lui confisquer, comme on avait fait 17 ans auparavant, pour l’appartement du vainqueur de Verdun, boulevard de Latour-Maubourg.

Autre trait révélateur du climat : les neuf juges du Haut Tribunal militaire ne pensèrent pas à détruire leurs bulletins de votre qui furent « récupérés » le lendemain. Il y en avait 45 : 35 oui et 10 non. Ce qui prouvait que 2 juges avaient voté l’acquittement et 7 la condamnation.

La dernière question, la plus importante, celle relative aux circonstances atténuantes, fut en effet tranchée par un vote à mains levées, à cause d’un incident dramatique qui se produisit après le 5ème scrutin.

Brusquement, un juré écarta sa chaise de la table oblongue, recouverte du rituel tapis vert. Il sortit un revolver et s’écria :

« Je vous préviens : si vous votez la mort de Salan, je me tue, là devant vous. »  C’était Pasteur-Vallery-Radot.

Le président Bornet sentit ses os se glacer et une sueur l’envahir. Il touchait au terme de cette sinistre corvée et tout était remis en cause. Car, s’il appelait à l’aide et faisait arrêter le juré (membre de l’Académie de Médecine, membre de l’Académie Française depuis 1944 , Grand-Croix de la Légion d’Honneur, docteur honoris-causa des universités de Munich, Jérusalem, Athènes, ex-député RPF), il fallait reprendre tout le procès à zéro… mais si on laissait Pasteur-Valléry-Radot se suicider d’une balle dans la tête, quels seraient le scandale et ses conséquences : À cette seule pensée, le président Bornet se sentait défaillir. Un instant, il essaya de raisonner Pasteur-Valléry-Radot. Mais les yeux de notre collègue brillaient d’un tel feu que le Président n’insista pas, dit un juré. « Nous nous demandions même si, avant de mettre fin à ses jours, il n’avait pas décidé d’entraîner quelques uns d’entre nous dans le trépas ».

À 23h15, donc, la Cour : Le président Cagne, le premier président Cavella, l’ambassadeur Hoppenot, le professeur Valléry-Radot, l’amiral Galleret, les généraux Gelée, Jousse et Gilliot, blêmes, dont on cherche en vain le regard, regagnent leurs rangs.

Le président Bornet ôte lentement sa toque.

Au nom du Peuple français, à la majorité, la réponse est « oui » à la première question, « oui » à la deuxième, « oui » à la 3ème ,« oui » à la 4ème, « oui » à la 5ème.

Un silence. Tout va se jouer. La 6ème question a trait aux circonstances atténuantes. Si le Tribunal ne les reconnaît pas, s’il dit non, c’est le peloton. La défense : M° Tixier Vignancourt, Guttermanoff, Le Coroller et Menuet, rassemblés, n’est plus qu’un bloc noir et tendu. Au dessus, le Général Salan, impassible, s’est figé. « Oui ! » à la 6ème question dit le Président.

Salan est sauvé. « Merci pour la France ! » crie Tixier. Il escalade le boxe et étreint Salan. M° Pierre Menuet entonne la Marseillaise. Dans la salle, on s’embrasse , se serre les mains. Les gardes débordés repoussent Tixier. Salan n’a pas desserré les dents.. « Algérie Française » scande Le Coroller et la foule reprend en chœur.

Tixier craque soudain et s’effondre sur son banc, un silence relatif s’établit dans lequel le président Bornet peut achever très vite le lecture de son jugement : « Détention criminelle à perpétuité ».

C’est une deuxième surprise car, s’il n’y a pas de réclusion dans les condamnations politiques, le Général Salan n’est pas seulement poursuivi pour un délit politique (atteinte à sûreté de l’État) mais aussi, et surtout, on lui reproche 18 000 crimes de droit commun, précise l’acte d’accusation (12 000 attentats, 4 500 blessés et 1 500 morts).

Alors, pourquoi détention et non réclusion ?  L’heure n’est pas aux interrogations. On saura plus tard que c’est une erreur de transcription.

Salan toujours impassible, regarde la scène, ne fait aucun geste théâtral, ne prononce aucune parole historique. Son escorte de gardes républicains, au commandement de l’officier : « À vos rangs , fixe ! » rend les honneurs, à l’homme que de DeGaulle et une partie de la presse s’emploient à essayer de déshonorer depuis des mois.

C’est à 23h42, très exactement, que la nouvelle frappa le front serein de l’Élysée comme une balle frappe le fronton. Après le dîner, DeGaulle recevait Moktar Ould Daddad, président de la Mauritanie, dans un salon du palais. Ce dernier put se rendre compte que le visage du chef de l’État se marbra de taches roses.

D’un geste brusque, il jeta à terre l’encrier et la parure d’un bureau de travail.

Dans la foulée, le Mauritanien reçut son congé et se dépêcha d’en profiter. L’amiral Galleret, auteur d’un livre à la gloire de l’Algérie, fut le lendemain le second témoin de l’auguste fureur. Pour qu’il oublie ce spectacle, on lui donna, à la promotion suivante, une 5ème étoile. Quant à l’ambassadeur Hoppenot, il faillit, lui, être endormi pour le compte : lancée à la volée, une chaise le percuta…

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Sinistre tragédie, qui atteindra son paroxysme dans les jours suivant ce procès… en Algérie, Oran livrée aux hordes fellaghas de la 25ème heure… les assassinats commandés de Claude Piegts et Albert Dovecar, le 7 juin, Roger Degueldre, le 6 juillet… Jean Bastien-Thiry, le 11 mars 1963.


mardi 23 août 2016

Syrie : Rencontre à Muhradah avec la « Défense Nationale », un reportage de Charlotte d’Ornellas



Le pont romain (10 arches) sur l'Oronte à Muhradah [photographié en 2010]
Ce pont, à 2 kms du cœur de la ville, marque l'une des multiples lignes de front contre les takfiris


Ils n’avaient jamais porté d’armes mais, face aux attaques meurtrières des djihadistes, ils ont décidé de se battre chrétiennement au service du bien commun.






À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…