Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 19 février 2016

Un œil sur la planète : Syrie, du grand aveuglement à un peu de lucidité ?







Émission « Un œil sur la planète » intitulée
« Syrie, le grand aveuglement » présentée par Samah Soula…

Avec cette émission, le téléspectateur français du service public a eu droit à un renversement quasi radical du discours qui a dominé jusqu’ici dans les médias occidentaux…

Bon nombre de points s'enchevêtrant d'un reportage à l'autre y ont été évoqués :
– de la présence de groupes armés violents très tôt s’immisçant parmi les manifestants ;
– la volonté diplomatique occidentale de ne pas voir la résilience et le soutien relatif du régime dans une partie de la population ;
– le biais des médias et l’obsession anti-Assad des Occidentaux ;
– l’influence des pétromonarchies sur une opposition extérieure déconnectée des réalités du terrain ;
– la question du salaire des groupes armés syriens de l’étranger, la domination des groupes jihadistes sur la rébellion armée très tôt en 2012 ;
– la condamnation à l'esclavage et aux travaux forcés des soldats de l'Armée arabe syrienne quand ils n'ont pas été égorgés par des coupeurs de têtes jihadistes qui auraient bu leur sang et dévoré crû le cœur ;
– l’armement de ces groupes par les occidentaux dont la France avec la violation de l’embargo européen (et les missiles anti-chars Milan) ;
– la "possibilité" [bien qu'il soit acquis que cela est une certitude] que le régime ne soit pas responsable de l’attaque à l’arme chimique de la Ghouta orientale et qu’al-Nusra avait lui aussi des armes chimiques utilisées plus tôt à Khan al-Assal ;
– la dimension géopolitique et énergétique du conflit…

Avec en fil conducteur, des interventions d’Alain Chouet, G. Malbrunot, Randa Kassis, Jacques Béres, Frédéric Pichon.

*   *   *

Ainsi cinq ans après le début du martyre syrien et plus de 260 000 morts, un brin de vérité pointe dans cette inhabituelle émission de France 2 : le monstrueux enfantement d'un conflit dans les lupanars du Qatar, de l'Arabie Saoudite, du Koweit, de la Turquie avec la bénédiction bien-pensante de l'Occident. Tout cela pour éliminer le "nombril du monde arabe", ce pays "porte vers les quatre mers", ce pays fier qui rejetant les diktats des potentats de tout bord, empêchait ces ventripotents de l'énergie de gagner encore plus, toujours plus, d'argent…

Une histoire de gaz et de pétrole…

C'est enfin bredouillé, mais quand même dit ! Dit aussi que la France a une énorme part de responsabilité dans l'armement des monstres… La France et l'Occident complices de DAESH, et d'autres salauds qui se sont rajoutés au salauds… ignobles obscurantistes analphabètes incultes coupeurs de têtes s'abreuvant du sang d'innocents et en dévorant le cœur…

Impossible de ne pas pleurer devant le massacre d'un peuple, le massacre de ce pays aux traditions d'accueil millénaires… devant des animaux monstrueux bipèdes pervertis au point de manger le cœur arraché à la poitrine d'un soldat syrien…

Et pourtant tout cela, tant de gens l'ont dit, expliqué, crié, hurlé depuis plus de 5 ans…

Mais les salauds qui, une fois de plus, gouvernent la France ont muselé la presse mondiale, pour que restent bien cachées les infos et les images désormais découvertes en cette soirée du 18 février.

En d'autre temps, on a essayé de légitimer l'intervention en Irak par la pseudo existence d'armes chimiques… Ce mensonge mondial grossier aurait pu encore une fois fonctionner, alors qu'il est aujourd'hui avéré que les armes chimiques et le sarin utilisés contre les populations syriennes n'ont pas été lancées par le président Bachar el-Assad mais bien par les "rebelles modérés" si chers à Fabius, au sang contaminé… La France est-elle seulement capable, aujourd'hui, d'en avoir honte et d'implorer un pardon ?

Si vous avez le cœur bien accroché, regardez cette émission. Elle est exceptionnelle… bien qu'elle n'apprenne absolument rien à ceux qui ces dernières années se sont intéressés honnêtement à la situation en Syrie et ont dénoncé ce que France 2 ose aujourd'hui balbutier…

Malgré la fureur de l'agression, le peuple syrien reste debout, digne et fier d'appartenir à une glorieuse nation, dirigée par un grand homme - qui n'a accepté le pouvoir que par devoir - le président Bachar el-Assad.

Que vive la Syrie souveraine.



*   *   *



Article rédigé par Liberté politique, le 11 février 2016


L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW), instance internationale qui regroupe la quasi totalité des États du monde, vient de terminer son rapport officiel sur le massacre de Ghouta. Il est le fruit de deux ans de travail.

Les experts de l’OPCW ont analysé la nature du gaz qui a tué tant d’innocents, notamment par des prélèvements sur les corps des victimes. Leur conclusion est formelle :

la composition de ce gaz est différente de celle que l’on trouve les stocks de l’armée syrienne. Bachar El Assad est innocent du crime qui lui a été imputé.

Les faits que je vais évoquer ici, ne sont pas anciens. Ils se sont produits il y a un peu plus de deux ans. Mais, après avoir fait la « une » de la presse, ils sont tombés dans un puits de silence et d’oubli. Ramenons-les brièvement à la vie.

En juin 2013, notre gouvernement, emboîtant le pas à Washington et Londres, lance soudain une mise en garde à Bachar el-Assad. Il lui fait savoir solennellement que la retenue que la France s’est imposée depuis le début de la guerre civile, n’est pas intangible. Si le « dictateur syrien » s’avise à réprimer le soulèvement populaire par l’emploi d’armes chimiques, une « ligne rouge » sera franchie. En représailles, nos « Rafales » bombarderont les bases et dépôts de son armée, ce qui conduira à son effondrement rapide.

Deux mois plus tard, le 21 août 2013, les médias annoncent que Ghouta, un faubourg de Damas tenu par les insurgés, vient d’être attaqué au gaz sarin. On compte, selon les sources d’information, de 280 à 1720 victimes, presque toutes civiles.

Des commentaires horrifiés s’étalent dans la presse parisienne. L’opinion générale des éditorialistes, universitaires et porte-paroles de partis est que le « boucher de Damas » a voulu narguer la conscience universelle. Sa provocation est insupportable. Dans un appel retentissant, la directrice du journal « Le Monde » réclame une riposte armée. François Hollande fait aussitôt connaître sa détermination : il convoque nos chefs militaires à l’Élysée, approuve le plan de bombardements qu’ils ont établi et ordonne aux pilotes de Rafales de se tenir prêts à voler vers la Syrie en coordination avec les avions de nos alliés.

Mais l’expédition ne parvient pas à décoller. Les députés britanniques, qui n’ont pas oublié que Tony Blair leur avait menti dix ans plus tôt pour leur arracher l’autorisation d’envahir l’Irak, flairent la manipulation et refusent la participation anglaise. Barack Obama tergiverse. Le pape François, qui en sait plus long qu’il ne peut le dire, s’oppose à l’attaque occidentale avec vigueur. Finalement les Américains renoncent à la guerre. Hollande et Fabius se retrouvent seuls. Ne pouvant plus infliger à Bachar el-Assad le châtiment promis, ils multiplient contre lui les condamnations morales et les sanctions politiques.

Pourquoi rappeler cet épisode ? Parce que l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OPCW), instance internationale qui regroupe la quasi totalité des États du monde, vient de terminer son rapport officiel sur le massacre de Ghouta. Il est le fruit de deux ans de travail. Les experts de l’OPCW ont analysé la nature du gaz qui a tué tant d’innocents, notamment par des prélèvements sur les corps des victimes. Leur conclusion est formelle : la composition de ce gaz est différente de celle que l’on trouve dans les stocks de l’armée syrienne. Bachar el-Assad est innocent du crime qui lui a été imputé.

Le rapport ne s’arrête pas à ce constat. Il en fait un autre. Il s’intéresse aux armes chimiques que le colonel Khadafi avait jadis fabriquées et entreposées dans le désert libyen. Une importante partie de son stock a été, après sa mort, vendue à des « groupes anti-Assad », transportée en bateau vers des ports turcs puis acheminée par la route jusqu’aux fiefs rebelles de Syrie. La composition du sarin libyen est la même que celle du sarin jeté sur Ghouta.

Voici nos dirigeants pris à contre pied. Non seulement ils se sont trompés sur l’identité du coupable mais ils sont dans une position moralement intenable. Si vraiment l’utilisation d’armes chimiques contre des civils est un crime contre l’Humanité et si vraiment celui qui s’en rend responsable franchit la ligne rouge de la punition, qu’attend notre gouvernement pour châtier les rebelles syriens ? N’ont-ils pas aggravé leur responsabilité en empoisonnant une population qui était sous leur autorité dans le but cynique de nous entraîner à nous battre à leur profit ?

Mais notre gouvernement semble n’être au courant de rien. Hollande et Fabius continuent de reconnaître les chefs des insurgés comme seuls représentants légitimes du peuple syrien ; ils les reçoivent chaleureusement à Paris et leur prodiguent un soutien sans faille. Peut-être sont-ils trop accaparés par des tâches pressantes pour lire le rapport de l’OPCW ; peut-être estiment-ils qu’ils n’ont pas de temps à perdre dans une affaire presque oubliée ; peut-être jugent-ils inutile de lire ce document parce qu’il ne leur apprend rien : ils ont su à quoi s’en tenir depuis le début. En toute hypothèse, il est clair que, pour eux, la vérité et la justice n’ont pas leur place dans la politique étrangère de la France.

Quant à l’opinion publique de notre pays, elle reste dans l’ignorance de ce qui s’est réellement passé à Ghouta en août 2013. Les éditorialistes qui appelaient à la guerre contre Assad, se gardent bien de publier la moindre information sur les conclusions de l’enquête internationale. Ainsi protégées, les accusations de nos dirigeants, devenues mensonge d’État, continuent de prospérer. Tant pis pour la démocratie.

Michel Pinton
Ancien député au Parlement européen

*   *   *


Jeudi 18 février, France 2 proposait en deuxième partie de soirée le magazine « Un œil sur la planète », présenté par Samah Soulah, grand reporter à France 2. Intitulé « Syrie, le grand aveuglement », cet excellent reportage d’une heure et demie revient sur le conflit syrien, ses origines, les forces en présence, les intérêts économiques en jeu, les mouvements de populations liés à cette guerre. Le téléspectateur français découvrira durant cette émission que, depuis 2011, l’État français et ses médias subventionnés lui mentent, en toute simplicité, et que les principaux dirigeants actuels ou d’hier (Hollande, Fabius, Sarkozy, Juppé) ont un rôle ambigu dans leur relation avec l’islamisme radical.

Après visionnage d’Un œil sur la planète, il faudrait déjà féliciter tous les journalistes qui ont participé à la réalisation du projet, tant les quatre reportages sur la question syrienne sont des modèles à montrer dans les écoles de journalisme, bien loin de certaines émissions du service public laissant parfois à désirer.

« Cinq ans de guerre c’est une éternité et le bilan est édifiant : 260 000 tués, 8 millions de Syriens déplacés à l’intérieur de leur pays, 4 millions de réfugiés à l’étranger. Ce qui veut dire qu’en Syrie, un habitant sur deux a dû quitter sa maison », rappelle Samah Soula avant de s’interroger : « Comment une guerre civile dans un petit État a-t-elle pu se transformer en conflit mondial impliquant les grandes puissances ? », se demande alors la journaliste, avant de conclure : « Sans doute, parce que trop d’erreurs ont été commises dès le début et peut-être aussi parce que trop d’acteurs se sont invités dans le conflit ».

L’émission se divise en quatre parties : la première, intitulée « la passion du Djihad », montre que bien loin du mythe de l’opposition modérée, vite effacé après le début de la révolte de 2011, une partie de la Syrie est entre les mains de différentes factions islamistes rivales, qui se battent pour l’argent et pour l’instauration du califat musulman. L’empreinte des Frères musulmans, ennemis jurés de Bachar el-Assad, est présente. À Alep, mais aussi dans d’autres villes syriennes, le reportage montre le quotidien de ces factions islamistes, qui détiennent d’ailleurs un bon stock d’armes de fabrication occidentale, française entre autres. On suit même le leader d’une faction se préparer à un attentat suicide.

Le téléspectateur découvre, sans doute pour la première fois sur la chaîne de service public, que depuis 2011 médias et politiques français ont tout simplement menti. Ils ont menti en présentant Bachar el-Assad comme un tyran sanguinaire « gazant son peuple » comme l’ont affirmé certains responsables politiques français, Laurent Fabius, Alain Juppé, François Hollande, Nicolas Sarkozy en tête. Ils ont menti en présentant l’opposition « modérée » et l’Armée Syrienne Libre (ASL) comme représentative d’un peuple qui leur était presque inconnu pour beaucoup de ces exilés de longue date. Le reportage permet d’ailleurs à des spécialistes de la Syrie, jamais invités jusqu’ici, de s’exprimer. C’est le cas de Frédéric Pichon, historien, auteur de : « Syrie, pourquoi l’occident s’est trompé », ou encore d’Alain Chouet, ancien officier du renseignement français, qui taclent sévèrement la politique étrangère française menée sous Nicolas Sarkozy et sous François Hollande.

Au delà du mensonge d’État, Un œil sur la planète souligne également le soutien militaire apporté par la France aux islamistes agissant en Syrie. Une grande puissance mondiale ne pouvait en effet pas ignorer que les livraisons d’armes tombaient systématiquement entre les mains des égorgeurs islamistes. Pour Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères jusqu’au dernier remaniement, « Bachar el-Assad ne mériterait pas d’être sur cette terre » . Alain Juppé, possible futur candidat de la droite aux élections présidentielles, déclarait quant à lui que « Bachar el-Assad fait le lit de Daesh » et affirmait en 2011 que les jours du président syrien étaient comptés, appelant même à une intervention militaire contre son régime.

Cinq années plus tard, Bachar el-Assad est toujours là et bien là, soutenu par une majorité de Syriens (selon les journalistes ayant enquêté sur place), épaulé par la Russie et par l’Iran. La France, dont les gouvernements successifs ont d’abord pris fait et cause contre Bachar el-Assad, a dû virer de bord après les attentats islamistes de novembre 2015. On note au passage qu’une collaboration avec les services secrets syriens, à laquelle la France a mis fin dès 2011, aurait dans doute permis d’éviter ces attentats.

Dans « les dessous d’un conflit », les journalistes évoquent aussi la bataille autour du gaz et du pétrole en Syrie. Et notamment le front Turquie, Qatar, Arabie Saoudite (et donc pays d’Europe de l’Ouest et USA) contre l’axe emmené par la Russie et l’Iran et soutenu par une majorité des pays de la région. C’est à la suite d’un accord donné par la Syrie à l’Iran concernant la construction d’un gazoduc que les aides financières et militaires aux islamistes et à l’opposition se sont multipliées. On est là au cœur de la réalité géopolitique de ce conflit, bien loin des droits de l’homme.

Enfin, l’émission s’intéresse également au sort des civils, ceux qui restent dans des villes en ruines comme à Alep, qui semblent vivre presque normalement comme à Damas, ou ceux qui fuient la guerre. Et c’est là que tout le drame syrien révèle toute son ampleur. À l’instar d’autres pays européens, la France, pour des raisons idéologiques, a favorisé la dislocation de la Syrie, tenue par le dernier régime laïc du Proche-Orient, vecteur de stabilité dans toute la région. Résultat : des vagues de réfugiés accourent vers l’Europe et les mêmes gouvernements d’Europe de l’Ouest s’empressent alors d’appeler leurs populations à accueillir et à intégrer à bras ouverts ces populations qu’ils ont eux-mêmes contribué à déplacer. C’est le serpent qui se mord la queue.

On ne saurait trop recommander de visionner cette émission. Pour comprendre le conflit syrien, pour prendre du recul, pour saisir les enjeux de ce qui ressemble fort à une guerre mondiale. Une guerre dans laquelle la France, malgré l’opposition de nombreux dissidents, a choisi le mauvais cheval, pieds et poings liés désormais avec les pétro-monarchies du Golfe. Les espoirs d’élimination des islamistes, de rétablissement du régime laïc et du retour au pays de ces millions des réfugiés syriens passent désormais notamment par la Russie, seule nation à faire des villes détenues par Daech des nouveaux Stalingrad. Samedi 20 février, au cours de l’émission "On n’est pas couché", toujours sur France 2, Jean-Luc Mélenchon a pu déclarer de son côté : « Je pense que Vladimir Poutine va régler le problème, celui d’éliminer Daech. (…) Je suis pour que Daech soit vaincu, écrabouillé et que les Kurdes gagnent pour la stabilité dans la région ».

mercredi 17 février 2016

Syrie: appel du patriarche Gregorios III à l’invocation de la miséricorde divine, jeudi 18 février






Mobilisation dans la prière pour la paix

« Ce 18 février 2016 prions ensemble la Miséricorde de Dieu pour la Syrie et accompagnons de notre prière l’effort international pour la paix » : le patriarche melkite Gregorios III, patriarche d’Antioche et de tout l’Orient, d’Alexandrie et de Jérusalem, président de l’Assemblée de la Hiérarchie Catholique en Syrie (AHCS), lance un « appel à la prière pour obtenir la miséricorde de Dieu en faveur du peuple de Syrie, qui marche sur le chemin de la Croix, et pour accompagner par la prière les efforts internationaux en vue de la paix en Syrie, en Irak et en Palestine ».

Cette prière sera présidée par Gregorios III en la cathédrale patriarcale grecque-melkite catholique de Damas, demain, jeudi 18 février 2016, à 18 heures, avec la participation des hiérarques et prélats des différentes communautés chrétiennes, du nonce apostolique et de Mgr Stanislas Gądecki, archevêque métropolite de Poznan et président de la Conférence épiscopale polonaise, en visite en Syrie afin de prier avec le peuple syrien.

Des prières seront également dites, à ces intentions, dans les paroisses de toutes les Éparchies de Syrie. Le patriarcat invite amis et bienfaiteurs à s’unir à cette prière.


Syrie: « N’oubliez pas les chrétiens! », appel de Mgr Jeanbart


Un article fondamental : "pour qui peut voter un catholique ?"



Rares sont les articles de cette qualité… et aussi indispensables à quiconque souhaite être cohérent avec lui-même… Il n'est pas difficile d'en tirer les conclusions qui s'imposent…
Un article fondamental qui ne concerne pas que les catholiques, mais tout croyant !
Le vote étant une adhésion à un programme et à des valeurs, il est donc une occasion de pécher pour le fidèle catholique, comme pour tout croyant, s’il ne choisit pas correctement son bulletin…



Voter est un droit, mais c’est aussi un devoir civique. Cette phrase tout le monde l’a déjà entendue, pourtant, il est évident qu’avec 50% d’abstention, elle ne parle plus au peuple de France, et il est vrai que choisir un candidat ou un parti qui soit compatible avec notre volonté et nos convictions n’est pas chose aisée. Tout catholique devant normalement se confesser au moins une fois par an, a certainement dû à un moment utiliser une méthode qui rappelle des points tels que « mise en péril de la foi par la lecture de journaux impies, par des fréquentations dangereuses », ou « adhésion à des mouvements incompatibles avec la foi catholique (communisme, franc-maçonnerie, sectes hérétiques) ». Le vote étant une adhésion à un programme et à des valeurs, il est donc une occasion de pécher pour le fidèle catholique s’il ne choisit pas correctement son bulletin, de plus, une adhésion se faisant contre le Christ est un péché fortement ancré au fond de l’individu, et qu’il est donc plus dur de chasser que le péché par action. Ce péché est d’autant plus grave qu’il a des conséquences sur la société entière. Le clergé de France semble être froid, et oublie de rappeler que certaines positions ne sont pas acceptables pour des chrétiens ; bien souvent même, des prêtres adhèrent à de telles valeurs. La conférence épiscopale américaine, quant à elle, a eu le courage d’ éditer un guide avec 13 points qui sont nécessaires pour qu’un candidat puisse recevoir les suffrages d’un catholique. Ce texte, faisant de nombreuses références aux enseignements de l’Église, rappelle : « L’avortement et l’euthanasie sont devenus des problèmes majeurs pour la vie et la dignité humaine car ils s’attaquent directement à la vie en elle-même ». Aucun catholique ne peut donc voter pour un parti faisant la promotion et la facilitation de l’avortement ou de l’euthanasie et rester en communion avec l'Église. Il recevrait la communion en état de sacrilège. Plusieurs partis, tels que le Parti socialiste, l’UDI, le MoDem, le Parti Pirate ont dans leur programme et leur conviction de faciliter l’accès à l’avortement, et la légalisation de l’euthanasie. Aucun catholique ne peut voter pour eux. Au-delà du parti, certaines personnes dont le parti politique n’est pas engagé dans ces projets le sont de façon personnelle, de tels candidats ne sont pas aptes à recevoir les suffrages des catholiques.

Un autre point fondamental est le mariage et la vie de famille, rappelant que le mariage est une union entre un homme et une femme, et qu’il faut lutter contre l’idéologie du genre. Encore une fois, le Parti Socialiste, l’UDI, le MoDem ou le Parti Pirate ne peuvent pas recevoir de suffrages de la part d’une personne catholique. Pour bien se convaincre de l’incompatibilité de nos valeurs et des leurs, lors de la campagne des départementales, ou de nombreux candidats ont été contactés, Monsieur Lavièville Jean-Luc (MoDem-UDI) candidat aux départementales contacté au sujet de la charte LMPT, a répondu très tardivement et sans équivoque : « Bonjour, désolé je n’adhère pas à votre vision et à vos positions concernant le mariage pour tous. Votre Manif Pour Tous a une position intolérante et conservatrice. Notre société évolue ».

Le document rappelle encore que les parents sont les premiers éducateurs des enfants, et qu’ils ont le droit inaliénable de choisir leur éducation. Ce qui encore une fois exclut le Parti Socialiste du choix des possibles puisqu’il considère que « les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils appartiennent à l’État ». On rappelle au passage qu’un enfant n’appartient à personne, et que ce concept de « possession » est à rapprocher de l’esclavage.

Il serait donc bon, en ce temps de carême, que tout catholique ayant voté pour un tel candidat puisse recevoir le sacrement de réconciliation, puisqu’ils sont de fait dans une situation de péché mortel.

Maintenant, comme les candidats n’étant pas opposés à notre vision catholique ne sont pas nombreux, et que le Monde est en opposition avec l’Évangile, il serait bon que l’Église réagisse. Ce n’est pas au matin de l’élection qu’il faut se dire « je ne peux voter pour aucun de ces candidats, je m’abstiens ». Comment avoir une alternative chrétienne aux élections ? Simplement en montrant aux partis qu’il y a une masse chrétienne active, et le meilleur moyen d’y arriver est encore de participer aux primaires. Pour la primaire de la droite et du centre, où tout sympathisant, même non adhérent peut voter, il y a des candidats favorables au mariage entre personnes de même sexe (A. Juppé, B. Lemaire, etc…), des candidats favorables à la culture de mort (N. Sarkozy, etc…) et un candidat très favorable aux valeurs chrétiennes (J.-F. Poisson). Plus ce dernier aura de voix lors de la primaire, plus la voix des chrétiens sera considérée pour les élections et le choix des candidats. Mon diocèse compte 51 paroisses, arrondissons à 50 paroisses par diocèse. Il y a 93 diocèses en France, soit environ 4 650 paroisses. Si chaque paroisse organise un bus pour aller voter à cette primaire, en comptant 40 personnes par bus, nous arrivons à 186 000 personnes votant pour un candidat représentant les valeurs chrétiennes à la primaire, ce qui le placera si ce n’est en tête, dans une position qui lui permettra de défendre les valeurs chrétiennes dans le paysage politique. J’en appelle donc à tous les prêtres et évêques de France, donnez à vos brebis l’opportunité de voter chrétien.

Benjamin Leduc

Source : Riposte catholique : Pour qui peut voter un catholique ?

Antoine Argoud : "J’aurais tué DeGaulle moi-même de mes propres mains sans aucune espèce de scrupule"



Un soldat, un homme, Antoine Argoud : "J’aurais tué DeGaulle moi-même de mes propres mains sans aucune espèce de scrupule."

Respect !

Argoud graphologue : "Trois caractéristiques dans l'écriture de DeGaulle : fourberie, orgueil, méchanceté".


 Un portrait du colonel Antoine Argoud datant de 1987


Reportage d'Arnaud Hamelin sur le colonel Antoine Argoud (3e RCA / OAS). circa 1987

« Souvenez-vous, fidèle parmi les fidèles au général Salan, ce colonel a dirigé à ses côtés l'OAS après le putsch d'Alger. Antoine Argoud était alors l'un des plus jeunes colonels de l'armée française. Condamné à la détention à perpétuité, il est amnistié en 1968.

Alors, depuis ces évènements d'Alger, 30 ans sont passés, Antoine Argoud a aujourd'hui 75 ans, qu'est-il devenu ? » (Patrick de Carolis, dans Reporters : Colonel ARGOUD)



mardi 16 février 2016

Devenir un homme : « On ne naît pas homme, on le devient »…



Érasme : « On ne naît pas homme, on le devient »
(paraphrasé par Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient » !)

À propos du rite d'initiation à l'identité d'homme : la voix du père…
Brillant exposé du père Philippe de Maistre, aumônier de lycée : "Devenir un homme".
Un extraordinaire cadeau… à se prendre en pleine gueule !


vendredi 12 février 2016

Le plus grand jour pour l'Église depuis le schisme survenu en 1054 !






Les chefs religieux orthodoxe et catholique ne s’étaient pas rencontrés depuis le schisme de 1054 qui avait conduit à la séparation entre les Églises d’Orient et d’Occident. Sur le chemin qui le mène au Mexique, le Souverain Pontife romain a rencontré son homologue moscovite sur l’île de Cuba ce vendredi 12 février 2016. Une accolade historique, ardemment désirée par ses prédécesseurs Jean Paul II et Benoît XVI, et inespérée il y a encore quelques mois seulement.

Sous les crépitements des flashs, le pape François et le patriarche Cyrille se sont longuement étreints et ont échangé quelques mots inaudibles du fait des photographes à l’œuvre mais sans doute lourds de sens au vu de l’intensité des regards des deux hommes.

Quelques instants plus tard, François et Cyrille ont signé une déclaration commune préparée dans le plus grand secret depuis de long mois par les services de diplomatie des deux Églises. Pour l’anecdote, afin d’être certains que le texte ne serait pas divulgué avant la rencontre, les émissaires romains et russes ont fait des aller-retour en avion entre les deux pays avec une clé USB dans leur valise pour que personne ne puisse intercepter un quelconque e-mail d’ici le jour J. 









(RV) À l'issue de leur rencontre en privé, le Pape François et le Patriarche Cyrille ont signé une déclaration commune, un texte dense et dont chaque mot a été soupesé, témoignant d'une convergence sur de nombreux points. Une déclaration qui comprend trente paragraphes et qui revient sur les grands enjeux contemporains comme les conflits au Moyen-Orient, la liberté religieuse, la famille, la destruction de la création ou encore l'unité de l'Europe. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, le Pape et le Patriarche de Moscou souhaitent, dans leur déclaration commune, que leur rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu.

Dans ce texte, les deux chefs spirituels font part de leur joie de se retrouver « comme des frères dans la foi chrétienne ». Ils reviennent sur l'importance de Cuba, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle et théâtre de cette rencontre. « Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de l’unité voulue par Dieu » écrivent-ils, faisant part de leur détermination commune à entreprendre tout ce qui est nécessaire pour surmonter les divergences historiques, et à répondre ensemble aux défis du monde contemporain.

Éviter une nouvelle guerre mondiale

La déclaration revient aussi de façon précise sur la situation des Chrétiens persécutés surtout au Proche et Moyen-Orient et Afrique du Nord : des chrétiens exterminés par familles et villages entiers, des églises détruites et pillées de façon barbare, des objets sacrés profanés, et évoquent l'exode massif qui a transformé l'Irak et la Syrie. Le Pape et le Patriarche de Moscou appellent la communauté internationale à trouver des actions urgentes pour faire cesser ces persécutions, mais l'invitent aussi à tout faire pour mettre fin au terrorisme et à trouver des solutions pour rétablir la paix. Toutes les parties sont par ailleurs invitées à agir de façon responsable et prudente et les croyants sont exhortés à prier pour que Dieu protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale, écrivent-ils.

Dans ce texte, les Églises catholique et orthodoxe russe sont également préoccupées par la situation qui prévaut dans les sociétés sécularisées où la liberté religieuse est menacée, où les chrétiens n’ont plus le droit de témoigner de leurs convictions religieuses. Ils se déclarent convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Le Pape François et le Patriarche Cyrille espèrent que leur rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. À propos de l’Ukraine, ils appellent leurs Églises à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit.

Après avoir signé chacun le texte, François et Cyrille ont prononcé à tour de rôle quelques paroles improvisées. « Nous nous sommes parlé comme des frères, nous avons le même baptême, nous sommes des évêques » a relevé François, soulignant « avoir senti la consolation de l'Esprit au cours de cet entretien » : de son côté, le Patriarche russe a souligné que cette discussion « a montré que les deux Églises peuvent travailler ensemble pour défendre le christianisme dans le monde entier, afin qu'il n'y ait plus de guerre et que la vie humaine soit respectée ».

Texte intégral de la déclaration commune



« La grâce de Notre Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec vous tous » (2 Co 13, 13).

1. Par la volonté de Dieu le Père de qui vient tout don, au nom de Notre Seigneur Jésus Christ et avec le secours de l’Esprit Saint Consolateur, nous, Pape François et Kirill, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, nous sommes rencontrés aujourd’hui à La Havane. Nous rendons grâce à Dieu, glorifié en la Trinité, pour cette rencontre, la première dans l’histoire.

Avec joie, nous nous sommes retrouvés comme des frères dans la foi chrétienne qui se rencontrent pour se « parler de vive voix » (2 Jn 12), de cœur à cœur, et discuter des relations mutuelles entre les Églises, des problèmes essentiels de nos fidèles et des perspectives de développement de la civilisation humaine.

2. Notre rencontre fraternelle a eu lieu à Cuba, à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest. De cette île, symbole des espoirs du « Nouveau Monde » et des événements dramatiques de l’histoire du XXe siècle, nous adressons notre parole à tous les peuples d’Amérique latine et des autres continents.

Nous nous réjouissons de ce que la foi chrétienne se développe ici de façon dynamique. Le puissant potentiel religieux de l’Amérique latine, sa tradition chrétienne séculaire, réalisée dans l’expérience personnelle de millions de personnes, sont le gage d’un grand avenir pour cette région.

3. Nous étant rencontrés loin des vieilles querelles de l’« Ancien Monde », nous sentons avec une force particulière la nécessité d’un labeur commun des catholiques et des orthodoxes, appelés, avec douceur et respect, à rendre compte au monde de l’espérance qui est en nous (cf. 1 P 3, 15).

4. Nous rendons grâce à Dieu pour les dons que nous avons reçus par la venue au monde de son Fils unique. Nous partageons la commune Tradition spirituelle du premier millénaire du christianisme. Les témoins de cette Tradition sont la Très Sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie, et les saints que nous vénérons. Parmi eux se trouvent d’innombrables martyrs qui ont manifesté leur fidélité au Christ et sont devenus « semence de chrétiens ».

5. Malgré cette Tradition commune des dix premiers siècles, catholiques et orthodoxes, depuis presque mille ans, sont privés de communion dans l’Eucharistie. Nous sommes divisés par des blessures causées par des conflits d’un passé lointain ou récent, par des divergences, héritées de nos ancêtres, dans la compréhension et l’explicitation de notre foi en Dieu, un en Trois Personnes – Père, Fils et Saint Esprit. Nous déplorons la perte de l’unité, conséquence de la faiblesse humaine et du péché, qui s’est produite malgré la Prière sacerdotale du Christ Sauveur : « Que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’eux aussi soient un en nous » (Jn 17, 21).

6. Conscients que de nombreux obstacles restent à surmonter, nous espérons que notre rencontre contribue au rétablissement de cette unité voulue par Dieu, pour laquelle le Christ a prié. Puisse notre rencontre inspirer les chrétiens du monde entier à prier le Seigneur avec une ferveur renouvelée pour la pleine unité de tous ses disciples ! Puisse-t-elle, dans un monde qui attend de nous non pas seulement des paroles mais des actes, être un signe d’espérance pour tous les hommes de bonne volonté !

7. Déterminés à entreprendre tout ce qui est nécessaire pour surmonter les divergences historiques dont nous avons hérité, nous voulons unir nos efforts pour témoigner de l’Évangile du Christ et du patrimoine commun de l’Église du premier millénaire, répondant ensemble aux défis du monde contemporain. Orthodoxes et catholiques doivent apprendre à porter un témoignage unanime à la vérité dans les domaines où cela est possible et nécessaire. La civilisation humaine est entrée dans un moment de changement d’époque. Notre conscience chrétienne et notre responsabilité pastorale ne nous permettent pas de rester inactifs face aux défis exigeant une réponse commune.

8. Notre regard se porte avant tout vers les régions du monde où les chrétiens subissent la persécution. En de nombreux pays du Proche Orient et d’Afrique du Nord, nos frères et sœurs en Christ sont exterminés par familles, villes et villages entiers. Leurs églises sont détruites et pillées de façon barbare, leurs objets sacrés sont profanés, leurs monuments, détruits. En Syrie, en Irak et en d’autres pays du Proche Orient, nous observons avec douleur l’exode massif des chrétiens de la terre d’où commença à se répandre notre foi et où ils vécurent depuis les temps apostoliques ensemble avec d’autres communautés religieuses.

9. Nous appelons la communauté internationale à des actions urgentes pour empêcher que se poursuive l’éviction des chrétiens du Proche Orient. Élevant notre voix pour défendre les chrétiens persécutés, nous compatissons aussi aux souffrances des fidèles d’autres traditions religieuses devenus victimes de la guerre civile, du chaos et de la violence terroriste.

10. En Syrie et en Irak, la violence a déjà emporté des milliers de vies, laissant des millions de gens sans abri ni ressources. Nous appelons la communauté internationale à mettre fin à la violence et au terrorisme et, simultanément, à contribuer par le dialogue à un prompt rétablissement de la paix civile. Une aide humanitaire à grande échelle est indispensable aux populations souffrantes et aux nombreux réfugiés dans les pays voisins.

Nous demandons à tous ceux qui pourraient influer sur le destin de ceux qui ont été enlevés, en particulier des Métropolites d’Alep Paul et Jean Ibrahim, séquestrés en avril 2013, de faire tout ce qui est nécessaire pour leur libération rapide.

11. Nous élevons nos prières vers le Christ, le Sauveur du monde, pour le rétablissement sur la terre du Proche Orient de la paix qui est « le fruit de la justice » (Is 32, 17), pour que se renforce la coexistence fraternelle entre les diverses populations, Églises et religions qui s’y trouvent, pour le retour des réfugiés dans leurs foyers, la guérison des blessés et le repos de l’âme des innocents tués.

Nous adressons un fervent appel à toutes les parties qui peuvent être impliquées dans les conflits pour qu’elles fassent preuve de bonne volonté et s’asseyent à la table des négociations. Dans le même temps, il est nécessaire que la communauté internationale fasse tous les efforts possibles pour mettre fin au terrorisme à l’aide d’actions communes, conjointes et coordonnées. Nous faisons appel à tous les pays impliqués dans la lutte contre le terrorisme pour qu’ils agissent de façon responsable et prudente. Nous exhortons tous les chrétiens et tous les croyants en Dieu à prier avec ferveur le Dieu Créateur du monde et Provident, qu’il protège sa création de la destruction et ne permette pas une nouvelle guerre mondiale. Pour que la paix soit solide et durable, des efforts spécifiques sont nécessaires afin de redécouvrir les valeurs communes qui nous unissent, fondées sur l'Évangile de Notre Seigneur Jésus Christ.

12. Nous nous inclinons devant le martyre de ceux qui, au prix de leur propre vie, témoignent de la vérité de l’Évangile, préférant la mort à l’apostasie du Christ. Nous croyons que ces martyrs de notre temps, issus de diverses Églises, mais unis par une commune souffrance, sont un gage de l’unité des chrétiens. À vous qui souffrez pour le Christ s’adresse la parole de l’apôtre : « Très chers !… dans la mesure où vous participez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin que, lors de la révélation de Sa gloire, vous soyez aussi dans la joie et l’allégresse » (1 P 4, 12-13).

13. En cette époque préoccupante est indispensable le dialogue interreligieux. Les différences dans la compréhension des vérités religieuses ne doivent pas empêcher les gens de fois diverses de vivre dans la paix et la concorde. Dans les circonstances actuelles, les leaders religieux ont une responsabilité particulière pour éduquer leurs fidèles dans un esprit de respect pour les convictions de ceux qui appartiennent à d’autres traditions religieuses. Les tentatives de justifications d’actions criminelles par des slogans religieux sont absolument inacceptables. Aucun crime ne peut être commis au nom de Dieu, « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix » (1 Co 14, 33).

14. Attestant de la haute valeur de la liberté religieuse, nous rendons grâce à Dieu pour le renouveau sans précédent de la foi chrétienne qui se produit actuellement en Russie et en de nombreux pays d’Europe de l’Est, où des régimes athées dominèrent pendant des décennies. Aujourd’hui les fers de l’athéisme militant sont brisés et en de nombreux endroits les chrétiens peuvent confesser librement leur foi. En un quart de siècle ont été érigées là des dizaines de milliers de nouvelles églises, ouverts des centaines de monastères et d’établissements d’enseignement théologique. Les communautés chrétiennes mènent une large activité caritative et sociale, apportant une aide diversifiée aux nécessiteux. Orthodoxes et catholiques œuvrent souvent côte à côte. Ils attestent des fondements spirituels communs de la connivence humaine, en témoignant des valeurs évangéliques.

15. Dans le même temps, nous sommes préoccupés par la situation de tant de pays où les chrétiens se heurtent de plus en plus souvent à une restriction de la liberté religieuse, du droit de témoigner de leurs convictions et de vivre conformément à elles. En particulier, nous voyons que la transformation de certains pays en sociétés sécularisées, étrangères à toute référence à Dieu et à sa vérité, constitue un sérieux danger pour la liberté religieuse. Nous sommes préoccupés par la limitation actuelle des droits des chrétiens, voire de leur discrimination, lorsque certaines forces politiques, guidées par l’idéologie d’un sécularisme si souvent agressif, s’efforcent de les pousser aux marges de la vie publique.

16. Le processus d’intégration européenne, initié après des siècles de conflits sanglants, a été accueilli par beaucoup avec espérance, comme un gage de paix et de sécurité. Cependant, nous mettons en garde contre une intégration qui ne serait pas respectueuse des identités religieuses. Tout en demeurant ouverts à la contribution des autres religions à notre civilisation, nous sommes convaincus que l’Europe doit rester fidèle à ses racines chrétiennes. Nous appelons les chrétiens européens d’Orient et d’Occident à s’unir pour témoigner ensemble du Christ et de l’Évangile, pour que l’Europe conserve son âme formée par deux mille ans de tradition chrétienne.

17. Notre regard se porte sur les personnes se trouvant dans des situations de détresse, vivant dans des conditions d’extrême besoin et de pauvreté, alors même que croissent les richesses matérielles de l’humanité. Nous ne pouvons rester indifférents au sort de millions de migrants et de réfugiés qui frappent à la porte des pays riches. La consommation sans limite, que l’on constate dans certains pays plus développés, épuise progressivement les ressources de notre planète. L’inégalité croissante dans la répartition des biens terrestres fait croître le sentiment d’injustice à l’égard du système des relations internationales qui s’est institué.

18. Les Églises chrétiennes sont appelées à défendre les exigences de la justice, le respect des traditions des peuples et la solidarité effective avec tous ceux qui souffrent. Nous, chrétiens, ne devons pas oublier que « ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi, pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d’origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n’est pas, voilà ce que Dieu a choisi, pour réduire à rien ce qui est ; ainsi aucun être de chair ne pourra s’enorgueillir devant Dieu » (1 Co 1, 27-29).

19. La famille est le centre naturel de la vie humaine et de la société. Nous sommes inquiets de la crise de la famille dans de nombreux pays. Orthodoxes et catholiques, partageant la même conception de la famille, sont appelés à témoigner que celle-ci est un chemin de sainteté, manifestant la fidélité des époux dans leurs relations mutuelles, leur ouverture à la procréation et à l’éducation des enfants, la solidarité entre les générations et le respect pour les plus faibles.

20. La famille est fondée sur le mariage, acte d’amour libre et fidèle d’un homme et d’une femme. L’amour scelle leur union, leur apprend à se recevoir l’un l’autre comme don. Le mariage est une école d’amour et de fidélité. Nous regrettons que d’autres formes de cohabitation soient désormais mises sur le même plan que cette union, tandis que la conception de la paternité et de la maternité comme vocation particulière de l’homme et de la femme dans le mariage, sanctifiée par la tradition biblique, est chassée de la conscience publique.

21. Nous appelons chacun au respect du droit inaliénable à la vie. Des millions d’enfants sont privés de la possibilité même de paraître au monde. La voix du sang des enfants non nés crie vers Dieu (cf. Gn 4, 10).

Le développement de la prétendue euthanasie conduit à ce que les personnes âgées et les infirmes commencent à se sentir être une charge excessive pour leur famille et la société en général.

Nous sommes aussi préoccupés par le développement des technologies de reproduction biomédicale, car la manipulation de la vie humaine est une atteinte aux fondements de l’existence de l’homme, créé à l’image de Dieu. Nous estimons notre devoir de rappeler l’immuabilité des principes moraux chrétiens, fondés sur le respect de la dignité de l’homme appelé à la vie, conformément au dessein de son Créateur.

22. Nous voulons adresser aujourd’hui une parole particulière à la jeunesse chrétienne. À vous, les jeunes, appartient de ne pas enfouir le talent dans la terre (cf. Mt 25, 25), mais d’utiliser toutes les capacités que Dieu vous a données pour confirmer dans le monde les vérités du Christ, pour incarner dans votre vie les commandements évangéliques de l’amour de Dieu et du prochain. Ne craignez pas d’aller à contre-courant, défendant la vérité divine à laquelle les normes séculières contemporaines sont loin de toujours correspondre.

23. Dieu vous aime et attend de chacun de vous que vous soyez ses disciples et apôtres. Soyez la lumière du monde, afin que ceux qui vous entourent, voyant vos bonnes actions, rendent gloire à votre Père céleste (cf. Mt 5, 14, 16). Éduquez vos enfants dans la foi chrétienne, transmettez-leur la perle précieuse de la foi (cf. Mt 13, 46) que vous avez reçue de vos parents et aïeux. N’oubliez pas que vous « avez été rachetés à un cher prix » (1 Co 6, 20), au prix de la mort sur la croix de l’Homme-Dieu Jésus Christ.

24. Orthodoxes et catholiques sont unis non seulement par la commune Tradition de l’Église du premier millénaire, mais aussi par la mission de prêcher l’Évangile du Christ dans le monde contemporain. Cette mission implique le respect mutuel des membres des communautés chrétiennes, exclut toute forme de prosélytisme.

Nous ne sommes pas concurrents, mais frères : de cette conception doivent procéder toutes nos actions les uns envers les autres et envers le monde extérieur. Nous exhortons les catholiques et les orthodoxes, dans tous les pays, à apprendre à vivre ensemble dans la paix, l’amour et à avoir « les uns pour les autres la même aspiration » (Rm 15, 5). Il ne peut donc être question d’utiliser des moyens indus pour pousser des croyants à passer d’une Église à une autre, niant leur liberté religieuse ou leurs traditions propres. Nous sommes appelés à mettre en pratique le précepte de l’apôtre Paul : « Je me suis fait un honneur d’annoncer l’Évangile là où Christ n’avait point été nommé, afin de ne pas bâtir sur le fondement d’autrui » (Rm 15, 20).

25. Nous espérons que notre rencontre contribuera aussi à la réconciliation là où des tensions existent entre gréco-catholiques et orthodoxes. Il est clair aujourd’hui que la méthode de l’« uniatisme » du passé, comprise comme la réunion d’une communauté à une autre, en la détachant de son Église, n’est pas un moyen pour recouvrir l’unité. Cependant, les communautés ecclésiales qui sont apparues en ces circonstances historiques ont le droit d’exister et d’entreprendre tout ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins spirituels de leurs fidèles, recherchant la paix avec leurs voisins. Orthodoxes et gréco-catholiques ont besoin de se réconcilier et de trouver des formes de coexistence mutuellement acceptables.

26. Nous déplorons la confrontation en Ukraine qui a déjà emporté de nombreuses vies, provoqué d’innombrables blessures à de paisibles habitants et placé la société dans une grave crise économique et humanitaire. Nous exhortons toutes les parties du conflit à la prudence, à la solidarité sociale, et à agir pour la paix. Nous appelons nos Églises en Ukraine à travailler pour atteindre la concorde sociale, à s’abstenir de participer à la confrontation et à ne pas soutenir un développement ultérieur du conflit.

27. Nous exprimons l’espoir que le schisme au sein des fidèles orthodoxes d’Ukraine sera surmonté sur le fondement des normes canoniques existantes, que tous les chrétiens orthodoxes d’Ukraine vivront dans la paix et la concorde et que les communautés catholiques du pays y contribueront, de sorte que soit toujours plus visible notre fraternité chrétienne.

28. Dans le monde contemporain, multiforme et en même temps uni par un même destin, catholiques et orthodoxes sont appelés à collaborer fraternellement en vue d’annoncer la Bonne Nouvelle du salut, à témoigner ensemble de la dignité morale et de la liberté authentique de la personne, « pour que le monde croie » (Jn 17, 21). Ce monde, dans lequel disparaissent progressivement les piliers spirituels de l’existence humaine, attend de nous un fort témoignage chrétien dans tous les domaines de la vie personnelle et sociale. De notre capacité à porter ensemble témoignage de l’Esprit de vérité en ces temps difficiles dépend en grande partie l’avenir de l’humanité.

29. Que dans le témoignage hardi de la vérité de Dieu et de la Bonne Nouvelle salutaire nous vienne en aide l’Homme-Dieu Jésus Christ, notre Seigneur et Sauveur, qui nous fortifie spirituellement par sa promesse infaillible : « Sois sans crainte, petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » (Lc 12, 32) !

Le Christ est la source de la joie et de l’espérance. La foi en Lui transfigure la vie de l’homme, la remplit de sens. De cela ont pu se convaincre par leur propre expérience tous ceux à qui peuvent s’appliquer les paroles de l’apôtre Pierre : « Vous qui jadis n’étiez pas un peuple et qui êtes maintenant le Peuple de Dieu, qui n’obteniez pas miséricorde et qui maintenant avez obtenu miséricorde » (1 P 2, 10).

30. Remplis de gratitude pour le don de la compréhension mutuelle manifestée lors de notre rencontre, nous nous tournons avec espérance vers la Très Sainte Mère de Dieu, en l’invoquant par les paroles de l’antique prière : « Sous l’abri de ta miséricorde, nous nous réfugions, Sainte Mère de Dieu ». Puisse la Bienheureuse Vierge Marie, par son intercession, conforter la fraternité de ceux qui la vénèrent, afin qu’ils soient au temps fixé par Dieu rassemblés dans la paix et la concorde en un seul Peuple de Dieu, à la gloire de la Très Sainte et indivisible Trinité !

François                                                                         Kirill
Évêque de Rome                                                           Patriarche de Moscou et de toute la Russie
Pape de l’Église catholique

(Tratto dall'archivio della Radio Vaticana)

Cyrille-François, agenda d’une rencontre

Cyrille-François, une entrevue longuement préparée et négociée

Une accolade espérée presque mille ans

Vers la fin du schisme survenu en 1054 entre le monde catholique et le monde orthodoxe

jeudi 11 février 2016

Robert Boissières



 
Robert Boissières, 20 ans
(photo prise peu avant son assassinat)

Robert Boissières, né le 11 février 1942 à Toulouse, a été odieusement assassiné à vingt ans devant le domicile de ses parents le jeudi 12 avril 1962 à Alger par une bande d'aviateurs de l'armée française en vadrouille.  Troufions éméchés fervents gaullistes quillards de l'Appel à la capitulation du 19-Mars… Agression gratuite, lâche, imbécile, criminelle. Geste de gaullistes ordinaires. Geste de Français ordinaires…

Aspects de la France, jeudi 19 avril 1962

Nouvelles d’Alger 
(Copie intégrale d’un article non signé publié par Aspects de la France, le jeudi 19 avril 1962. L’original de cette coupure de journal m’a suivi jusque dans mon exil asiatique.)
Le 12 avril 1962, vers 23 heures, un peu avant le couvre-feu, un jeune Français de 20 ans, étudiant en 1ère année de Droit, Robert Boissières, a été tué par les « forces de l’ordre », une patrouille de gendarmerie de l’Air, près du Rectorat, route du Golf à Alger. 
Il venait, avec quatre camarades, dont son frère, âgé de 18 ans, d’apposer des inscriptions "O.A.S." dans le quartier.
Ils rentraient chez eux lorsque, entendant une voiture militaire, ils se cachèrent dans le rebord du talus, parmi les herbes. C’est là que sans sommation aucune, Robert Boissières fut exécuté d’une rafale de mitraillette, tandis que son camarade, Jean Zonza, 21 ans, étudiant en Médecine, était grièvement blessé.
Le quartier fut mis en émoi par cette rafale et en particulier les parents de Robert qui habitent au Clair Logis des P.T.T. Son père, inquiet, descendit immédiatement sur les lieux du drame. Il rencontra un militaire qui lui annonça froidement qu’il venait de « fusiller » un jeune, en même temps qu’il lui tendait la carte d’identité de sa victime. Douleur du pauvre père lorsqu’il reconnut que c’était celle de son fils.
Les Agences de Presse ont donné différentes versions, des versions fausses surtout. On a prétendu qu’un coup de feu avait été tiré. C’est faux. Ces garçons n’étaient pas armés. Mais on use du mensonge pour essayer d’excuser un acte odieux…
Les obsèques de la jeune victime ont été célébrées ce matin, lundi 16 avril, à 9 heures, à la "sauvette". On avait interdit tous faire-part et communiqués dans les journaux. On craignait l’affluence… J’y suis allé avec mes enfants et deux camarades de Robert Boissières.
Malgré toutes les précautions prises par les autorités, il y avait plus d’un millier de personnes à suivre ce malheureux convoi de quelques mètres dans le cimetière de Saint-Eugène, entre la morgue et le dépositoire. Mais obsèques émouvantes, bouleversantes dans leur simplicité, dans leur clandestinité. Foule digne, très impressionnée… Les martyrs de la foi en ont eu d’identiques, et de telles morts, de telles obsèques ne peuvent qu’affermir une religion ou un idéal…
Le jeune frère de Robert, retenu à l’école de police d’Hussein Dey, n’a pas été autorisé à rendre ce dernier hommage… Quelle tristesse.
Ce n’est pas avec de tels assassinats, de tels procédés pour essayer d’étouffer nos sentiments qu’on parviendra à l’apaisement d’une population française de plus en plus survoltée.
Après cette pénible cérémonie, je suis allé ensuite, seul, me recueillir sur les lieux du drame. À l’endroit où est tombé ce pauvre enfant : des bouquets de fleurs, quelques-uns avec ruban tricolore et contre le tronc d’un arbre mort trois lettres sont épinglées : celle d’une mère bouleversée, et deux autres écrites par des camarades de la victime. Lettres qui crient une indignation bien légitime…

Le rédacteur, sous la menace de la censure et de la saisie du journal, malgré son émotion, reste très réservé. Il ne précise pas que la caserne de ces aviateurs jouxte l’immeuble du Clair Logis des P.T.T. Il ne s’interroge pas sur ce que faisaient réellement à cette heure hors de leur base ces aviateurs ? Retour de beuverie ? Ce qui est avéré est que le militaire assassin qui proclama froidement qu’il venait de « fusiller » un jeune, ses acolytes et toute la troupe, jusqu’à tard dans la nuit, fêtèrent ce haut fait de guerre sous les fenêtres des familles des victimes. De plus, nous ne pouvons manquer de nous interroger sur la sanction de cet acte de bravoure. L’assassin et ses complices furent-ils par la suite décorés ? La haine degaulliste n’exclut rien.

Depuis, en France, sur le territoire français métropolitain, partout, chacun risque de croiser l’un de ces ivrognes. Pourquoi ne serait-ce pas celui-ci ? Pourquoi pas celui-là ? De toute façon par leurs votes successifs, et d’abord celui en faveur de l’abandon de l’Algérie, les Français ont sans cesse réaffirmé leur complicité avec ces assassins… Décidément, ce pays m’est définitivement infréquentable… À présent, mon vœu le plus cher reste de n'avoir jamais à vivre dans ce pays d’infâmes, la France,… ni d'y crever,… ni que mes cendres y soient  souillées.

Alex Nicol dans « La Bataille de l’OAS » publié dès novembre 1962 (Les Sept Couleurs) donnera une version qui rejoint celle d’Aspects de la France, et  confirme (pages 129-130) : « Jamais on n’a fait état de l’ouverture d’une enquête quelconque ni de sanctions prises contre ces militaires pour le moins nerveux sur la gâchette… »

Une version tout aussi horrible de ces faits est rapportée par Francine Dessaigne dans son « Journal d'une mère de famille pied-noir » :

Vendredi 13 avril 1962. … Le journal d'hier nous apprend la mort de Robert Boissières, dix-neuf ans. Jeudi soir, il dînait en compagnie de son frère aîné chez la fiancée de ce dernier. Vers 11 heures ils rentrent à pied dans le quartier de la Redoute. Un groupe de jeunes gens court sur la chaussée suivi de près par une patouille de métropolitains. Les Boissières s'arrêtent. Les jeunes gens prennent une petite rue et disparaissent dans la nuit. La patrouille revient sur ses pas et retrouve les deux frères. Bruit de culasse, les jeunes gens s'aplatissent sur le trottoir. Les soldats s'approchent et, presque à bout portant, tirent deux balles dans la tête de Robert et une rafale sur son frère. Robert Boissières est mort hier matin; son frère exsangue est dans un état grave. C'est ce que raconte à mon mari un de leurs cousins…

Les divergences entre ces versions des circonstances d’un même assassinat témoignent de l’extrême tension qui régnait alors à Alger et de l’intolérable pression exercée par les séides du pouvoir métropolitain d’alors désormais allié inconditionnel du FLN, tant dans le crime que dans la propagande et la manipulation de l’information. Ce même jour, ce 12 avril 1962, le général Edmond Jouhaud, arrêté à Oran peu avant, est condamné à mort. Le vendredi suivant, le 20 avril, le général Raoul Salan devait être lui aussi arrêté…


Faire-part édité et diffusé clandestinement par l’Association générale des étudiants d'Alger (AGEA) :



(Maquette réalisée par Josseline Revel-Mouroz et Hélène Mattéi - AGEA)

Le 10 octobre 1984 Robert a quitté Terre-Cabade. Il repose désormais au nouveau cimetière de Cugnaux, dans la proche banlieue de Toulouse.


Instants de bonheur à l'AGEA…  Robert : le seul civil


Le 5 juillet 2003, en présence de plus de 1500 personnes unies dans un profond recueillement, était inaugurée, au centre du cimetière du Haut-Vernet à Perpignan, une stèle en l'honneur de 104 des "fusillés et combattants  tombés pour que vive l'Algérie française". 

Inauguration de la stèle aux "Martyrs tombés pour l'Algérie française", fin de cérémonie : appel personnel de chacun des 104 Martyrs
"Aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l'Algérie française",
cimetière du Haut-Vernet, Perpignan


"Aux fusillés, aux combattants tombés pour que vive l'Algérie française"…
104 martyrs auprès des fusillés  Jean Bastien Thiry, Roger Degueldre, Albert Dovecar, Claude Piegts,
 cimetière du Haut-Vernet, Perpignan