Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 23 août 2014

Dans les prisons communistes de Roumanie…



En prison, le rêve est une authentique liberté… C'est quasi unanimement confirmé.
La prière est aussi liberté. Encore plus, la prière en commun, lors des offices religieux…
Liberté d'un défi lancé à l'oppresseur.
C'était tout aussi vrai au goulag communiste que dans les geôles gaullistes.







Jilava, Roumanie : Hommage aux martyrs des prisons communistes










Monastère de Pantocrator à Melissohori





vendredi 22 août 2014

Entretien avec Sergei Glaziev, conseiller du président Vladimir Poutine


Pour un espace euro-asiatique de Lisbonne à Vladivostok…




Le monde aujourd’hui vit une série de crises cycliques qui se superposent.

La plus sérieuse est la crise technologique qui se combine avec des changements dans le domaine du développement économique. On est à une période où l’économie change de structure. La structure économique qui a produit la croissance économique de ces 30 dernières années s’est épuisée. Nous devons passer à un nouveau système technologique. Ce type de transition s’est malheureusement toujours fait par la guerre. Ça a été le cas dans les années 30 où la Grande Dépression a provoqué une course aux armements et conduit à la Seconde Guerre mondiale.

Cela a été le cas pendant la Guerre froide où la course aux armements spatiaux a engendré les technologies d’information et de communication complexes, qui servent de base à la structure de l’économie mondiale depuis 30 ans. Aujourd’hui nous sommes confrontés à une crise similaire : le monde évolue vers un nouveau système technologique. Le nouveau système est de nature humanitaire et on pourra peut-être éviter la guerre parce que les principaux facteurs de croissance dans ce domaine sont les technologies humanitaires. Elles incluent la santé et les industries pharmaceutiques basées sur les biotechnologies. Elles incluent aussi les technologies de la communication basées sur les nanotechnologies qui font actuellement une percée spectaculaire et elles incluent les technologies cognitives qui modifient la quantité des connaissances accessibles.

Si, comme le président Vladimir Poutine l’a constamment suggéré, nous mettions en place un programme de développement mutuel, une zone de développement général avec un régime commercial préférentiel de Lisbonne à Vladivostok, si nous nous entendions avec Bruxelles pour créer un espace économique commun, un espace commun de développement, nous pourrions développer un nombre suffisant de projets d’avenir, de la santé à la défense spatiale, qui permettraient de réaliser notre potentiel scientifique et technique et de générer une demande régulière de l’État, demande qui stimulerait le nouveau système technologique.

Mais les Américains font comme d’habitude : pour maintenir leur hégémonie sur la planète ils provoquent une autre guerre en Europe ; une guerre en Europe est toujours bonne pour les Américains. Ils ont même qualifié de bonne guerre la Seconde Guerre mondiale qui a fait 50 millions de morts en Europe et en Russie. Elle a été bonne pour les Américains parce qu’elle en a fait les maîtres du monde. La guerre froide qui s’est soldée par l’effondrement de L’Union soviétique a aussi été bonne pour eux. Aujourd’hui les États-Unis veulent maintenir leur hégémonie à nouveau aux dépens de l’Europe. Leur domination est menacée par la croissance rapide de la Chine. Le monde d’aujourd’hui commence un nouveau cycle, cette fois politique ; ce cycle dure des siècles et se combine avec des changements dans les institutions mondiales de régulation économique. Nous sommes en train de passer du cycle américain d’accumulation capitaliste à un cycle asiatique, ce qui est un nouveau défi à l’hégémonie américaine. Pour pallier la menace que fait courir à leur hégémonie la montée de la Chine et d’autres pays asiatiques, les Américains provoquent une guerre en Europe. Ils veulent affaiblir l’Europe, briser la Russie et soumettre tout le continent eurasien. Pour résumer : au lieu de la zone de développement de Lisbonne à Vladivostok qu’offre le président Vladimir Poutine, les États-Unis veulent déclencher une guerre chaotique dans toute l’Europe, déprécier le capital européen, effacer toutes les dettes qui écrasent les États-Unis, effacer leurs dettes envers la Russie et l’Europe, soumettre leur espace économique et prendre le contrôle des ressources du gigantesque territoire eurasien. Ils pensent qu’ils n’ont pas d’autre moyen de maintenir leur hégémonie mondiale et de supplanter la Chine.

Hélas pour eux, cette stratégie a un siècle de retard ! Elle date de l’époque de l’Empire britannique où la géopolitique se résumait à « diviser pour régner », c’est-à-dire monter les pays les uns contre les autres, générer des conflits et provoquer une guerre mondiale. Les Américains malheureusement croient que ces vieilles méthodes vont résoudre leurs problèmes. La Russie est la dernière victime de cette politique et l’arme choisie contre elle est l’Ukraine dont le peuple sert de chair à canon dans cette nouvelle guerre. À vrai dire les Américains n’ont jamais cessé d’essayer de séparer l’Ukraine de la Russie. Cette stratégie remonte à l’époque de Bismarck. C’est une tradition européenne anti-russe de vouloir séparer l’Ukraine de la Russie, de les impliquer dans un conflit pour prendre le contrôle de tout l’espace eurasien. C’est Bismarck qui en a eu l’idée, elle a été reprise par les Anglais et finalement par le grand politologue étasunien : Zbigniew Bzrezinski qui a souvent dit que la Russie ne pouvait pas être une superpuissance sans l’Ukraine et que semer la discorde entre la Russie et l’Ukraine profiterait à l’Amérique et à l’Occident. Depuis 20 ans les États-Unis nourrissent le nazisme ukrainien pour porter tort à la Russie. Comme vous le savez, ils ont recueilli ce qui restait des troupes de Bandera après la Seconde Guerre mondiale. Ils ont emmené en Amérique des dizaines de milliers de nazis ukrainiens et en ont pris grand soin pendant toute la période qui a suivi la guerre. Ces nazis ukrainiens sont revenus en masse en Ukraine après l’effondrement de l’Union soviétique ; leur but est toujours le même : séparer l’Ukraine de la Russie.

La proposition de partenariat oriental a servi d’appât. Elle est venue des Polonais puis les Américains l’ont reprise. Le but de ce partenariat oriental, dont la Géorgie a été la première victime, l’Ukraine est la victime actuelle et la Moldavie la prochaine, est de couper les liens de ces pays avec la Russie.

Comme vous le savez, nous construisons l’Union douanière et un espace économique commun avec la Biélorussie et le Kazakhstan, que le Kirghizstan et l’Arménie vont bientôt rejoindre. L’Ukraine a toujours été notre partenaire. L’Ukraine est toujours dans le processus de ratification de cet accord avec la Russie et personne en Ukraine ne l’a encore annulé. L’Ukraine est importante pour nous car elle fait partie de notre espace économique depuis des siècles. Notre complexe scientifique et industriel a été conçu comme un tout ; par conséquent la participation de l’Ukraine à l’intégration eurasienne est aussi naturelle que vitale. Le partenariat oriental a été inventé pour empêcher l’Ukraine de participer au projet d’intégration eurasienne. Le but du partenariat oriental est de faire signer à l’Ukraine un accord d’association avec l’Union européenne.

En quoi consiste cet accord que Porochenko a signé avec les dirigeants européens ?

Cela fait de l’Ukraine une colonie ! En signant cet accord, l’Ukraine perd sa souveraineté ! Elle transfère le contrôle de son commerce, de ses douanes, de sa régulation technique et financière et de ses marchés publics à Bruxelles. L’Ukraine cesse d’être un État souverain économiquement et politiquement. Il est clairement stipulé dans l’accord d’association que l’Ukraine est un partenaire de second rang de l’Union européenne. L’Ukraine doit suivre la politique de défense et la politique étrangère de l’Union européenne. L’Ukraine est obligée de participer à la résolution de conflits régionaux sous l’égide de l’Union européenne. Porochenko fait de l’Ukraine une colonie de l’Union européenne et conduit l’Ukraine dans une guerre contre la Russie, guerre dans laquelle son peuple sert de chair à canon, dans le but ultime de mettre l’Europe à feu et à sang.

Grâce à l’accord d’association, l’Union européenne pourra imposer sa volonté à l’Ukraine dans le règlement des conflits régionaux : ce qui se passe dans le Donbass est un conflit régional armé !

Le but des États-Unis est d’y faire autant de victimes que possible. La junte des nazis ukrainiens n’est que leur instrument. Ils commettent des atrocités et des crimes épouvantables, bombardent des villes, tuent des civils, des femmes et des enfants et les forcent à s’enfuir dans le seul but de provoquer la Russie et d’attirer toute l’Europe dans la guerre. C’est la mission de Porochenko. C’est la raison pour laquelle Porochenko rejette toutes les propositions de négociation et bloque tous les traités de paix. Il interprète toutes les propositions de Washington sur la désescalade comme un ordre d’escalade. Tous les pourparlers de paix au plan international se sont soldés par un nouveau cycle de violence.

Il faut savoir que nous avons affaire à un État nazi qui a décidé d’entrer en guerre avec la Russie et a déclaré une mobilisation générale. Toute la population mâle de 18 à 55 ans est sous les drapeaux. Ceux qui refusent de se battre écoperont de 15 ans de prison. Ce régime nazi transforme toute la population ukrainienne en criminels.

Nous avons calculé que l’Union européenne allait perdre mille milliards d’euros à cause des sanctions imposées à la Russie par les Américains. C’est énorme. Les Européens commencent déjà à sentir les pertes. Il y a déjà une baisse des ventes de marchandises à la Russie. L’Allemagne perd environ 200 milliards d’euros. Nos amis des Pays baltes, les plus fanatiques adeptes des sanctions vont subir les plus grosses pertes. L’Estonie va perdre plus que son PIB total et la Lettonie environ la moitié de son PIB, mais cela ne les arrête pas. Les politiciens européens suivent les Américains sans se poser de questions. Ils font du tort à leurs propres pays en soutenant le nazisme et la guerre.

J’ai déjà dit que la Russie et l’Ukraine sont les victimes d’une guerre qui est fomentée par les Américains ; mais l’Europe est aussi une victime parce que la guerre a pour but de déstabiliser l’Europe et de détruire son niveau de vie. Les Américains espèrent continuer à ponctionner le capital et les cerveaux européens, c’est pourquoi ils veulent enflammer toute l’Europe. Il est donc très étrange que les leaders Européens suivent les États-Unis.

Parlons maintenant des pressions de l’Otan et de la vieille Europe. Les États-Unis exercent de fortes pressions sur les pays de l’Otan. La banque française a souffert. La Russie espère-t-elle que l’Europe Occidentale va résister à la pression et mener une politique indépendante ?

Il ne faut pas se contenter de l’espérer, nous devons travailler avec les dirigeants européens de la nouvelle génération qui ne sont pas soumis aux diktats états-uniens. Le fait est qu’une élite politique anti-soviétique s’est constituée pendant les années de guerre froide qui ont suivi la guerre en Europe. Elle est ensuite devenue anti-russe. En dépit de l’accroissement exponentiel des liens et des intérêts économiques mutuels entre l’Europe et la Russie, cette russo-phobie issue de l’anti-soviétisme continue à polluer l’esprit de nombreux politiciens européens. Il faudrait qu’une nouvelle génération de politiciens européens pragmatiques et plus conscients des intérêts de leurs pays arrive au pouvoir.

Ce que nous voyons aujourd’hui, ce sont des politiciens qui prennent des décisions contraires à leurs intérêts nationaux. C’est largement dû au fait que l’Allemagne qui est le moteur de la croissance européenne est encore un pays occupé. L’armée états-unienne est toujours stationnée en Allemagne et tous les chanceliers allemands font allégeance aux Américains et promettent de suivre leur politique.

Cette génération de politiciens européens n’a pas réussi à se libérer du joug de l’occupation états-unienne. Bien que l’Union soviétique n’existe plus, ils continuent d’obéir servilement à Washington qui se sert de l’Otan pour mettre toujours plus de territoires sous son contrôle.

Bien que l’Union Européenne soit déjà « allergique » aux nouveaux pays membres de l’Est de l’Europe et qu’elle soit au bord de l’implosion, cela ne l’empêche pas de continuer son expansion agressive dans le territoire post-soviétique. Il faut espérer que la nouvelle génération sera plus pragmatique. Les dernières élections du Parlement Européen ont montré que tous les citoyens européens ne sont pas dupes de la cynique propagande pro-américaine et anti-russe, ni du flot continu de mensonges qui sont déversés sur la tête des malheureux européens.

Les partis traditionnels européens ont perdu les dernières élections européennes. Il faut dire la vérité encore et encore pour faire bouger les lignes, parce que ce qui se passe en Ukraine c’est la renaissance du nazisme. La seconde guerre mondiale a appris à l’Europe à reconnaitre les signes de la renaissance du nazisme. Il faut raviver cette mémoire historique pour que les Européens se rendent compte que les nazis ukrainiens qui sont au pouvoir à Kiev, sont les successeurs de Bandera, de Shukevych et d’autres collaborateurs nazis. L’idéologie des autorités ukrainiennes actuelles s’enracine dans l’idéologie des complices de Hitler qui ont des Juifs à Babi Yar, brûlé des Ukrainiens et des Biélorusses à Khatyn, et assassiné tout le monde sans distinction de race.

Ce nazisme renaît aujourd’hui. Les Européens doivent comprendre que leur vie est en jeu dans cette terrible confrontation. J’espère qu’à force de dire la vérité avec constance et de la diffuser le plus largement possible, nous parviendrons à éloigner la menace de guerre sur l’Europe.

Le plus important est de nous libérer des dépendances qui nous emprisonnent. Malheureusement le système financier russe est aujourd’hui très dépendant du capital étranger, pas étranger sur le fond, mais dans la forme. Comme notre économie est ouverte, nous nous sommes reposés au départ sur des capitaux étrangers et nos investisseurs ont fini par partir à l’étranger.

Nous avons pratiquement 100 milliards de dollars de perte d’impôts par an à cause des paradis fiscaux. Seulement une petite partie de l’argent qui sort de Russie prétendument pour s’investir à l’étranger revient dans le pays. Nous devons créer notre propre système financier et monétaire pour pouvoir nous reposer sur nos propres forces et disposer des ressources nécessaires à la croissance de notre économie.

Nous devons interrompre la fuite des capitaux et renforcer le contrôle bancaire et monétaire pour mettre fin aux dommages causés à l’économie par les paradis fiscaux.

Nous devons restaurer nos capacités de planning stratégique et de projection sur le long terme et surtout promouvoir un nouveau système technologique. Il faut prendre des mesures spécifiques pour stimuler l’innovation et les investissements dans la nouvelle structure économique. Le plus important est de créer le mécanisme financier de croissance économique dont j’ai parlé plus haut.

Nos hommes d’affaires pourraient lever des emprunts à long terme à des taux abordables en utilisant nos ressources nationales au lieu d’aller chercher de l’argent à l’étranger en hypothéquant leurs biens. Les banques étrangères révisent les conditions des prêts et à chaque étape de la crise la menace de confiscation des avoirs russes par des créditeurs étrangers augmente.

Afin d’éviter cela, nous devons bâtir une politique monétaire macro-économique souveraine.

Sergeï Glaziev

Traduction de Dominique Muselet, rédaction de Caroline Porteu pour vineyardsaker.fr

Afghanistan - Héritage néfaste des USA : les talibans encore plus forts au lieu d'être battus



Les profits tirés du trafic de drogue afghan sont utilisés pour financer les organisations terroristes dans la région


À l'automne l'opération de l'OTAN en Afghanistan aura 13 ans. Les experts qui dressent le bilan de la campagne reconnaissent son fiasco. Au fond, les talibans se sont renforcés au lieu d'être battus.

Au lieu de la paix et du développement promis à l'Afghanistan, la présence des troupes de l'OTAN a créé des problèmes supplémentaires. La Force internationale d'assistance et de sécurité (FIAS) quitte le pays laissant derrière elle une économie ruinée par la guerre. Selon les experts, le taux de chômage s'élève à 80 %. Les simples Afghans se voient obligés de travailler dans les plantations d'opium ou de se joindre aux talibans pour trouver les moyens de subsistance arme à la main a déclaré l'ex-candidat à la présidence en Afghanistan Baz Mohammad Kufi :

« Cette année 280 000 hectares en Afghanistan ont été plantés en pavot à opium. Si le peuple a la possibilité de gagner son pain par un travail honnête, je vous assure qu'aucun Afghan n'optera pour le narco-terrorisme et ne ralliera les talibans ».

Les problèmes de l'Afghanistan sont ressentis dans les États voisins. Le problème majeur est la drogue. Sa production a triplé pendant la présence de l'OTAN sur le territoire afghan. L'Afghanistan est devenu, de fait, le numéro un mondial dans la production des opiacés livrés en Russie et en Europe via les pays d'Asie centrale. Le Tadjikistan est le pays qui a endossé le fardeau de premier obstacle dans la voie du trafic de drogue, estime le directeur de l'Agence de contrôle du trafic de drogue près le président du Tadjikistan Roustam Nazarov :

« Au Tadjikistan la situation relative au trafic de drogue dépend en direct de la situation en Afghanistan. Ces dernières années on y constate la croissance des plantations de pavot à opium et de la production d'opium. En outre, il y a actuellement davantage de plantations de cannabis ».

De l'avis des experts, le Tadjikistan n'est pas évidemment l'unique cible des groupes terroristes concentrés dans le nord de l'Afghanistan. Les analystes militaires reconnaissent que les profits tirés du trafic de drogue afghan sont utilisés pour financer les organisations terroristes dans la région. Celles-ci regroupent de nombreux originaires des pays d'Asie centrale. La multiplication des incidents sur la frontière afghano-turkmène en est un exemple.

La frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan est longue de 1 344 km. À l'époque soviétique elle a été protégée par 25 000 militaires. Après la dislocation de l'URSS 19 000 gardes-frontières russes y ont été déployés pendant 14 ans. Vu les menaces éventuelles, Douchanbé compte sur l'aide des partenaires de l'Organisation du traité de sécurité collective.

Les observateurs estiment que la situation en Afghanistan pourrait se retrouver au centre des discussions du Conseil des chefs d'État de l'Organisation de coopération de Shanghai dont le sommet sera accueilli à l'automne par le Tadjikistan.

Tadjikistan : les rives de l'Amoudaria à proximité du temple de Takht-i-Sangin.
Si le temple de Takht-i-Sangin est situé au Tadjikistan, l'Afghanistan occupe les deux rives du fleuve Amoudaria.



La Voix de la Russie - Afghanistan : l'héritage laissé par l’Amérique

The BRICS Post - SCO, SAARC must jointly fight terror: Afghan President

jeudi 21 août 2014

Le général Prayuth Chan-ocha élu Prenier ministre par l'Assemblée nationale de Thaïlande


Le général Prayuth Chan-ocha pressenti comme nouveau Premier ministre de Thaïlande

L'Assemblée nationale législative a choisi par un très large consensus (191 voix pour et 3 abstentions, le président de l'Assemblée et ses deux assesseurs) le général Prayuth Chan-ocha comme nouveau Premier ministre de Thaïlande. Toutefois pour être effective cette nomination devra attendre le contreseing de sa Majesté le Roi Bhumibol.


ท่วมท้น 191:3 ! มติสนช.ไม่พลิก บิ๊กตู่นั่งนายกฯ คนที่29 ของไทย

Trois semaines au cœur de l’État islamique… trois semaines un cœur de la duplicité occidentale…



Alain Juppé, le plus catastrophiquement surdoué de tous les politiciens de l'Ouest, tenait ces propos il y a moins d'un an, le 5 septembre 2013… Face à la détresse des Chrétiens d’Orient et des Yazidis, martyrs de l’État islamique, notre sang se glace à l’écoute de tels propos, encore récents, propos aussi irresponsables que criminels d’Alain Juppé : candidat à la primaire UMP pour l’élection présidentielle de 2017 ! Interrogé par Jean-Michel Apapthie, ce sinistre chargé des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy s’affirme comme un authentique djihadiste en départ pour la Syrie, plaidant les thèses américano-sionistes. Campé dans l'erreur, Alain Juppé ose revendiquer les bombardements contre la Serbie en 1999 et leurs désastreuses conséquences au Kosovo pour justifier un nouveau djihad, après le Kosovo, cette fois contre la Syrie…

Une série de vidéos troublantes, pernicieuses… Très vraisemblablement voulues par la propagande américano-sioniste… L'objectif : semer autant de troubles possibles dans une région afin de détourner une attention immédiate des relations israélo-palestiniennes… Un journaliste américain de Vice News a été admis - par quels accords ? - à suivre durant trois semaines le groupe sunnite takfiri, monstre contre nature enfanté dans la duplicité des États-Unis Israël Qatar réunis, l’État islamique, ex-État islamique en Irak et au Levant (EIIL)… De très belles images… Des gens malheureusement souvent sincères, les enfants évidemment toujours… Images poignantes qui ne peuvent appeler que compassion à l'égard d'une enfance ainsi mystifiée… Comment leur dire que cet Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi onirique mystérieux sanglant, ce Calife auto-proclamé de l'État islamique est un agent sioniste, entraîné par Israël et les États Unis ?… Comment le dire, le faire accepter par ces jeunes vivant ailleurs, souvent en Europe, qui seront séduits par cet appel au jihad d'un agent qui en fait est leur pire ennemi ? À nous Français d'Algérie, cette mystification de peut qu'évoquer ces heures d'espérance vaine lorsqu'en mai 1958 nous acclamions - alors, nous étions jeunes nous aussi - un certain DeGaulle dont nous ignorions qu'il était déjà acquis à la cause des égorgeurs du FLN, avec la complicité des États Unis… Malheureusement comme les fourberies de l'Histoire se répètent ! sans que les jeunes et nouvelles générations puissent entendre l'expérience de leurs anciens… DeGaulle… Abou Bakr al-Baghdadi al-Husseini al-Qurashi… séductions mensongères, soif toujours inassouvie de sang, agents acquis à la cause des pires ennemis de ceux qu'ils manipulent : deux visages d'une même incarnation diabolique.

(Un sous-titrage en français peut éventuellement être activé)









Hollande confirme avoir livré des armes à l'opposition syrienne  : Enfin un aveu ! Comment qualifier en droit international le fait d’armer des terroristes ?



mercredi 20 août 2014

Pierre Lagaillarde, héros des barricades pour l'Algérie Française


Pierre Lagaillarde,
héros des barricades pour l'Algérie Française
est décédé ce 17 août 2014, à l'âge de 83 ans

Plateau des Glières, le 13 mai 1958, peu avant l'assaut contre le Gouvernement général…


« Lagaillarde est mort! » Dans le combiné, la voix d’Alain Sanders me transperce, cœur béant et mémoire à vif.
C’est bien sûr toute l’Algérie française qui prend le deuil, mais mes pensées, ce soir, chevauchent au-delà de cette généralité.
Ce sont les années de fièvre, de 57 à 60, qui revivent et bouillonnent. De fièvre algéroise, de fièvre estudiantine. C’est au début de l’année universitaire 57-58 qu’en faculté de droit nous avons appris, tout d’abord « sous le manteau », qu’un de nos jeunes anciens – Pierre Lagaillarde, avocat et para, du « clan des Blidéens » –, allait être propulsé à la tête de l’AGEA (« Association Générale des Étudiants d’Alger »), car « des événements graves se préparent ». On sort à peine de la terrible mais victorieuse « bataille d’Alger » (qui restera au niveau mondial comme une des rares victoires contre le terrorisme), mais le danger menace de toutes parts, même depuis Paris. Nous sommes tous chauffés à blanc. Y compris nos professeurs, en doctorat de droit romain et d’histoire du droit.
Officiellement, peu de gens sont au courant. Pour ma part, j’ai été mis au parfum par un ami de Pierre, Blidéen comme lui, que j’ai connu au Cercle Henri IV et aux Amis de Jeanne d’Arc. Ce sont tous deux mes aînés de quelques années. Mon informateur est lui-même un ancien de la fac de droit. La fièvre monte, et c’est toute la vie algéroise qui se fait plus intense, plus vibrante. Il ne manque plus que le déclic. Et ce sera l’explosion du mardi 13 mai 58.
Le reste appartient à l’histoire, l’officielle, mais aussi la nôtre, du moins chez ceux qui sont restés fidèles « usque ad mortem ». Pour moi, deux images vont désormais rester gravées : c’est d’abord celle de Pierre Lagaillarde, en tenue de para de la coloniale (béret rouge), bras étendus à l’horizontale, adossé au socle du monument aux morts, avant de nous lancer à l’assaut du G.G. dans la lumière flamboyante d’une fin d’après-midi de mai. C’est Alger, Alger-la-Triomphale.
Et puis, à peine un peu plus d’un an et demi après, au début de 60, par une matinée lugubre, sous une pluie battante de fin janvier, celle de Pierre Lagaillarde, dans la même tenue martiale, sortant fièrement du camp retranché à la tête de ses hommes, tandis que les paras du colonel Dufour rendent les honneurs. On dit qu’alors deux lycéennes du lycée Delacroix tout proche (et qui se trouvait dans le périmètre du camp) lui lancèrent à son passage un admiratif et quasi énamouré : « Vous êtes notre Cid ! » On avait des lettres en ce temps-là, là-bas, des lettres et de l’esprit.
En tout cas, « se non è vero… ». Et c’est vrai que Lagaillarde avait quelque chose d’un condottiere.
Cette vision, c’est celle d’Alger-la-Fière, qui relève un défi mortel et qui en mourra.
Ces deux images sont certes célèbres, mais elles sont aussi miennes, profondément. J’en fus le témoin oculaire.
Il y a toute une cohorte de héros, célèbres ou anonymes, qui t’attendent là-Haut, Pierre. Ici-bas, nous ne pouvons que dire : « Lagaillarde ?  - Presente ! »
Tant il est vrai que le passé ne meurt pas, et qu’il n’est même pas ce qui est passé.

Un peu plus d’un an et demi plus tard…




Pierre Lagaillarde : "On a triché avec l'honneur", texte intégral de l'interrogatoire et de la plaidoirie des audiences des 15 et 16 novembre 1960 du procès des Barricades. Préface de Jean Gallot, Paris, la Table ronde, 1960, 205 p.
Ceci n'est pas un livre, mais "une tranche de procès" et l'un de ses "sommets". Pierre Lagaillarde parle et "son âme aux mille voix" qui s'émeut, s'indigne, espère, c'est la longue plainte, lancinante, de l'Algérie fidèle qu'elle fait entendre.



Les vicissitudes de l’Histoire ont fait la notoriété de Pierre Lagaillarde, qui fut au premier rang de l‘actualité du drame algérien lors des événements du 13 mai 1958, lors de l’épisode des Barricades en janvier 1960, ainsi que lors du procès qui débuta en métropole à la fin de la même année.

Cette notoriété a subi ensuite une longue éclipse, du fait de l’exil espagnol qui se poursuivit, bien au delà de la fin de la guerre civile. Mais le héros de ce néfaste 13 mai continua à militer pour la cause de l’Algérie française en suivant cependant une voie divergente de celle des généraux du putsch d’avril 1961, et il fut absent des derniers combats contre le FLN et de l’exode de 1962, sans que, comme pour Jean Brune l’exilé, sa ferveur envers ses compatriotes en soit diminuée.

Descendant du célèbre député Baudin qui trouva la mort sur les Barricades révolutionnaires parisiennes en 1848 (un boulevard d’Alger porta longtemps son nom) Pierre Lagaillarde était installé comme très jeune avocat à Blida depuis novembre 1951. Il y défendit la cause d’un musulman accusé de terrorisme, estimant que c’était un lampiste et que les vrais responsables n’étaient pas recherchés.

En octobre 1955, après que les actes de barbarie commis deux mois plus tôt par le FLN à Philippeville et dans le Constantinois aient soulevé l’indignation jusqu’en métropole, Lagaillarde résilie son sursis et va pendant deux ans participer aux opérations comme officier de parachutistes, ce qui lui vaudra deux citations et la Croix de la Valeur militaire.

Il s’inscrit alors au doctorat à la Faculté de droit d’Alger et, très vite, par son autorité et son dynamisme, il est élu président de l’Association des Étudiants d’Algérie, le 2 décembre 1957. La bataille d’Alger s’est terminée victorieusement, mais un climat d’inquiétude grandit du fait de l’irrésolution des responsables politiques de Paris et du développement d’une propagande antifrançaise et pro FLN dans la presse métropolitaine.

Pierre Lagaillarde va adhérer à un comité de vigilance pour la défense de l’Algérie Française aux côtés de Robert Martel, un jeune viticulteur un peu mystique qui a adopté pour son combat le symbole du Père de Foucauld, le cœur et la croix, et de Lefebvre, Joseph Ortiz, Boutailler, et cinq ou six autres militants disposés à défendre leur sol natal. Plus tard va se joindre au groupe un éléments douteux, Léon Delbecque envoyé par Chaban-Delmas avec l’arrière-pensée – déjà – d’une récupération par l'infâme criminel compulsif DeGaulle de la ferveur des militants.

Après les incidents de Sakiet, les événements s’enchaînent et vont aller en s’accélérant en ce début de l’année 1958. Démission du Gouvernement de Félix Gaillard le 15 avril, suivi du départ de Robert Lacoste le 8 mai, annonce par le FLN de l’assassinat de trois soldats français prisonniers, ce qui entraîne un grand émoi à Alger. Le 12 mai, Pierre Lagaillarde se réunit avec six de ses amis au domicile de Lefèvre à Hydra. L’idée est lancée et vite retenue de passer à l’action, le lendemain, à l’occasion d’un grand rassemblement de foule prévu pour une cérémonie au Monument aux Morts d’Alger, à la mémoire des soldats assassinés.

Il faut investir le bâtiment du Gouvernement général, symbole méprisé d’un pouvoir politique en déroute. Le lendemain soir, 13 mai, après une brève cérémonie au plateau des Glières présidée par le général Salan, en présence d’une foule considérable, voici le moment historique. Lagaillarde s’élance seul, franchit les grilles et s’élance jusqu’au haut du bâtiment, d’où il ressort, sur une étroite corniche, incitant la foule qui l’a suivi à entrer. En un clin d’œil, le bâtiment est pris d’assaut…

La suite est bien connue : formation d’un Comité de Salut Public présidé par un Massu ronchonnant (« mais alors, il y a-t-il complot ? ») avec Lagaillarde, et les principaux militants… Des militaires, aussi, Ducasse, Trinquier, Thamazo et aussi Delbecque qui s’est faufilé et qui prétend faussement être l’envoyé de Soustelle. Son adjoint Neuwirth, le roi des intrigants, l’accompagne.

Plus tard, ce dernier trahira la cause de l’Algérie française pour s’offrir une longue et fructueuse carrière très alimentaire de partisan de l'infâme criminel compulsif DeGaulle. Étrange moment de l’Histoire avec la rencontre idéologique fugitive de deux hommes au destin si différent : Neuwirth, pour sa trahison, aura droit aux honneurs officiels dans l’opulence, Lagaillarde, pour sa fidélité, connaîtra l’opprobre, les prisons gaullistes et la misère de l’exil.

Quoiqu’il arrive désormais, la date du 13 mai symbolisera pour toujours un évènement unique dans notre Histoire et le plus légitime qui soit : le soulèvement d’un peuple contre un régime qui lui refusait le droit de rester français sur sa terre natale… Légitimité sur laquelle s'est appuyé l'infâme criminel compulsif DeGaulle pour la réussite de son coup d'État…

Par la suite, il faudra toutes les innombrables défections, lâchetés successives, et toute l’ampleur d’une trahison historique dans un bain de sang pour que l'infâme criminel compulsif DeGaulle vienne à bout de ce droit fondamental, rester français sur sa terre natale.

Pour l’heure, Pierre Lagaillarde est devenu le héros du jour : il fait partie de la mission clandestine envoyée en métropole avec le commandant Vitasse pour rencontrer les chefs militaires de l’opération « Résurrection » destinée à faire pressions sur les parlementaires [encore lucides] qui rechignent à voter l’investiture de l'infâme criminel compulsif DeGaulle.

Car, depuis le malheureux cri de ralliement de Salan, le 15 mai, c’est l'infâme criminel compulsif DeGaulle que l’on veut maintenant… Justement Lagaillarde, en qualité de membre du Comité de Salut Public, fait partie de la délégation qui va accueillir, à l’aéroport de Maison Blanche, l'infâme criminel compulsif DeGaulle qui sera, ensuite, reçu officiellement au Palais d’été. Le programme proposé par « l’homme fatal » parait, dans l’ensemble, conforme à la ligne préconisé dans les Comités de Salut Public : alors pourquoi ne pas le suivre ?

La ratification massive de la Constitution par référendum du 28 septembre 1958 (plus de 85% en Algérie) n’apporte-t- elle pas la preuve éclatante que l’immense majorité des musulmans rejette le FLN, et veut rester française ?

L'infâme criminel compulsif DeGaulle n’avait-il pas déclaré, un mois avant, le 29 août 1958 à Alger : « Pour chacun ici répondre "oui" au referendum voudra dire que l’on veut se comporter comme un Français à part entière et que l’on croit que l’évolution nécessaire de l’Algérie doit s’accomplir dans le cadre français. » (Discours et Messages de l'infâme criminel compulsif DeGaulle PLON 1970 page 40)

La véritable autodétermination la voici ! Quelques jours plus tard l'infâme criminel compulsif DeGaulle vient le confirmer à Constantine le 3 octobre 1958 : « Trois millions et demi de femmes et d’hommes d’Algérie sans distinction de communauté et dans l’égalité totale sont venus… apporter à la France et à moi-même le bulletin de leur confiance. C’est là un fait aussi clair que la lumière du ciel ! Et ce fait est capital pour cette raison qu’il engage l’une envers l’autre, et pour toujours, l’Algérie et la France… » (même référence - page 48)

Qui aurait pu douter alors de la sincérité de telles paroles venant de l’homme masqué par le mythe falsificateur du 18 Juin ? À la lecture de ces discours, quand on connaît l’épilogue on reste tout autant confondu d’une telle fourberie, aux conséquences si meurtrières que de la naïveté et l'inculture politique de ceux qui alors voulaient ignorer les temps tragiques et sanglants de l'Épuration, période qui déjà avait permis à l'infâme criminel compulsif DeGaulle s'assouvir ses fantasmes et bas instincts.

Il y avait bien, certes, des Algérois de la génération précédente qui, se rappelant la bassesse des procédés employés par l'infâme criminel compulsif DeGaulle pendant la guerre pour éliminer le général Giraud, n’avaient pas confiance. Lagaillarde, malgré son jeune âge, (il avait 27 ans), pouvait-il être de ceux-là ?

Peut-être voulait-il continuer son action plus efficacement à Paris, jouer le jeu à fond. C’est apparemment en toute confiance qu’il se présente aux élections de novembre 1958 où il est élu député d’Alger-Ville sur une liste Algérie Française, avec René Vinciguerra, Mourad Kaouah et Ahmed Djebbour.

La nouvelle Assemblée se réunit au Palais Bourbon le 9 décembre. Le groupe de l'infâme criminel compulsif DeGaulle UNR est dans la ligne Algérie française de son leader moral, Michel Debré, de même que la grande majorité des députés des départements d’Algérie (71 dont 45 Musulmans) qui se groupent sous l’étiquette Unité de la République.

Celle-ci, avec L’UNR et les Indépendants, forme une majorité assez massive et cohérente pour refuser toute déviation. Mais, au bout de quelques mois, Lagaillarde et ses amis vont constater qu’en fait l'infâme criminel compulsif DeGaulle mène, seul, toute la politique algérienne qui échappe au Parlement. Il intervient alors à la tribune pour parler de « l’incompétence de fait où en est réduite cette Assemblée ».

Mais la majorité des élus d’Algérie fait encore confiance à l'infâme criminel compulsif DeGaulle devenu Chef de l’État. Rien de plus émouvant et tragique que l’intervention de Ali Mallem, député de Batna, le 9 juin 1959 à l’Assemblée « Nous l’avons suivi [l'infâme criminel compulsif DeGaulle] parce que c’est un visionnaire, un patriote [sic]. Avec lui toutes les promesses ont été réalisée [sic] : la meilleure preuve c’est notre présence ici ». (Michèle Salinas « L’Algérie au Parlement » Éd Privat-1987- page 103)

Hélas, le 3 juillet 1962, entérinant sa traitrise par un décret parfaitement inconstitutionnel, l'infâme criminel compulsif DeGaulle déclarera Ali Mallem, député français musulman, interdit dans cette même Assemblée, où il siégeait légalement depuis 4 ans, déchu de son mandat… Ali Mallem ainsi que tous les autres élus des départements d’Algérie qui seront, par ailleurs, menacés de mort par le FLN…

Dans son discours, dit d’autodétermination, du 16 septembre 1959, l'infâme criminel compulsif DeGaulle aura jété le masque. Il veut installer le FLN à Alger, tout en jurant ses grands dieux du contraire, ce qui va en abuser plus d’un, particulièrement chez les militaires.

Comment le croire ? À Alger où l’on ne se doute pas de l’impuissance totale du Parlement en matière d’Affaires algériennes, le député Pierre Lagaillarde est critiqué par certains : serait-il devenu victime, ou complice, du système ?

Il va réagir, marquer sa ferme opposition au processus d’autodétermination qui va faire le jeu du FLN, et reprendre contact avec les généraux Salan, Jouhaud, Zeller, ce dernier venant de démissionner de son poste de chef d’état major.

À Alger, Lagaillarde participe à la création du Comité d’Entente des Mouvements Nationaux qui a ses prolongements en métropole. En janvier 1960 éclate l’affaire Massu qui est rappelé en métropole pour avoir dit, avec maladresse, à un journaliste allemand qu’il n’était pas d’accord avec la politique algérienne de son patron, piège probable dans lequel le malheureux est tombé.

Une grande manifestation de protestation est prévue le 24 janvier à Alger, à l’occasion de laquelle Pierre Lagaillarde va être projeté de nouveau au premier plan de l’actualité.

Le député d’Alger-ville a contacté des hommes décidés : Joseph Ortiz, Jean-Jacques Susini, son successeur à la présidence des étudiants d’Alger, des militaires comme Gardes et Argoud. Peut-être ces derniers sont-ils trop optimistes sur les sentiments des cadres ?

Lagaillarde décide d’occuper en force la Faculté d’Alger et d’en contrôler les entrées par des barricades, vieux réflexe révolutionnaire qui a fait la renommée de toutes les républiques françaises.

Ce sera le réduit des Facultés. Est-ce une réédition de mai 1958 ? Cette fois les CRS débonnaires sont remplacés par les gardes mobiles rouges plus hostiles.

Autre difficulté : le général Challe ne voit pas cette manifestation d’un bon œil. Le service d’ordre des paras est favorable à la foule, mais les gendarmes rouges de Debrosse ont « reçu des ordres » et le successeur de Massu, le général Crépin et ses adjoints Coste et Fonde, sont des partisans inconditionnels de l'infâme criminel compulsif DeGaulle et très hostiles aux foules d’Alger. Non rien ne rappelle le climat exceptionnel de mai 1958.

Le décor, pourtant, ne parait-t-il pas le même, avec les mêmes acteurs ? En ce dimanche après-midi la foule est bien là, dense, plus tendue peut-être, les anciens combattants avec leurs drapeaux, les U.T. en tenue.

Le drame de la fusillade va éclater en fin d’après midi : 20 morts, 147 blessés. Qui a tiré en premier ? « Tir dans le dos des gardes mobiles par des éléments venus la veille de Paris pour déclencher l’ouverture du feu et la riposte » dira le colonel Sapin Lignières, patron des U.T., version la plus vraisemblable car, de cette « émeute », l'infâme criminel compulsif DeGaulle va tirer, de la lâcheté de l’opinion métropolitaine, un profit considérable.

Dans la ville atterrée par ce drame, chacun campe sur ses positions. Pour Lagaillarde et Ortiz c’est l’échec. Après l’intervention de l'infâme criminel compulsif DeGaulle du 27 janvier, Challe, encore hésitant, bascule du côté de l'infâme pouvoir. Il commet probablement, de bonne foi, l’erreur de sa vie. Les deux camps retranchés devront se rendre.

Le 1er février 1960, Pierre Lagaillarde sort, la tête haute, du camp retranché, tandis que les paras du colonel Dufour lui rendent les honneurs. Le soir même, il est déporté en métropole pour un long séjour à la Santé.

Lors du procès des Barricades, en décembre 1960, le plaidoyer de Me Denise Macaigne, avocate de Pierre Lagaillarde, sera le plus émouvant : « Condamner l’accusé c’est condamner l’Algérie. Condamnez donc la sévèrement comme on a osé vous le demander. Devant l’Histoire qui est en train de se faire vous serez ceux qui auront condamné l’Algérie qui supplie la France de la laisser française. Alors ne pleurez pas ? dans votre vieillesse de soldat, le jour affreux où vos fils, pour ne pas vous blesser, obstinément se tairont devant vous… »

Mis en liberté provisoire, Lagaillarde s'exilera en Espagne où il restera longtemps après la fin du drame, condamné par contumace à dix ans de prison. Dans cette tragédie qui connut tant de trahisons et de crimes, Pierre Lagaillarde doit rester pour nous le témoin exemplaire d’une fidélité à un combat qui fut le plus juste et le plus désintéressé, celui où l’infamie vient accabler le vainqueur, tandis que l’honneur couronne le camp du vaincu !

La politique algérienne de l'infâme criminel compulsif DeGaulle, qui a abandonné délibérément tant de ses compatriotes aux massacres les plus barbares, restera pour nous un crime inexpiable.


Source : Véritas (courriel - relu - du 19 août 2014)

Chemin de mémoire des Parachutistes : Pierre Lagaillarde in memoriam

Blog non officiel du 22ème Régiment d'infanterie : Pierre Lagaillarde en mission au 22ème R.I. à Ténès

Chemin de mémoire des Parachutistes : L'Armée française en Algérie à l'honneur, le 14 juillet 1959 à Alger

Symboles et Traditions : L'Armée d'Algérie à l'honneur à Alger,  le 14 juillet 1959 vu par Paris-Match

La presse algérienne rend hommage (à sa manière !!!) à : "Pierre Lagaillarde, un ultra parmi les ultras"

Jean-Marie Le Pen : Pour un Cadet de Gascogne

Libres.org : L’homme qui a abattu la Quatrième République







lundi 18 août 2014

Aymeric Chauprade : La France face à la question islamique… Est-il crédible ?


Un peu plus, un peu moins… où est la différence ?


Les Français d'Algérie ayant été exclus du vote - démarche éminemment inconstitutionnelle, s'il en est - les Français patos ont approuvé le 8 avril 1962 la capitulation de l'infâme criminel compulsif DeGaulle imputant la France d'une immense partie de son territoire, les départements français d'Algérie… Par ce vote, les Patos acceptaient implicitement de livrer aux égorgeurs du FLN nombre de leurs compatriotes, de jeter sur les chemins de l'exil ceux qui auraient échappé aux couteaux égorgeurs… Et voilà que ces Patos, plus de cinquante après, s'inquiètent de l'invasion de leur territoire métropolitain par le djihad et d'une prochaine instauration de la charia islamique chez eux… Que répondre à ces Patos : un peu plus, un peu moins où est la différence fondamentale ? En vertu de quels principes, en vertu de quelle justice, ce qu'ils ont infligé aux Français d'Algérie devrait-il aujourd'hui leur être épargné… Bon vent…



Joseph Bertuel : L'Islam, ses véritables origines


Dire que l'article est intéressant, j'en donnerai ma conviction en soulignant que malgré sa longueur je l'ai lu en entier… Une exception par ces temps où la Toile croule sous le poids d'innommables imbécillités… Cet article, Aymeric Chauprade l'a profondément travaillé, très certainement avec l'intention de s'y référer dans l'avenir… Pourtant que cet article ait été travaillé et soit intéressant n'exclut pas qu'il suscite de nombreuses critiques. À la hauteur de son intérêt…

Aymeric Chauprade reste l'un des très rares parmi l'entourage du Nouveau Front National marinisé à tenir la route… Si lors des dernières élections européennes il était judicieux de voter pour ce parti que l'on dit dérangeant pour la simple satisfaction banderiller le pouvoir en place, je dois dire qu'étant dans la circonscription d'Aymeric Chauprade j'ai eu la chance de pouvoir voter pour un candidat me plaisant et pas seulement pour taquiner Flanby et sa clique malfaisante…

Puisque critiques annoncées, allons-y… La première critique serait de regretter qu'Aymeric Chauprade gaspille son talent au service d'un parti… et dans l'espoir - il s'y voit déjà ! - d'un poste de ministre des Affaires étrangères. Le temps n'est plus de militer pour un parti ou de briguer des honneurs, mais de servir la France, bien plus servir une civilisation. Aymeric Chauprade se veut géopoliticien. Dégagé des contraintes d'un militantisme racoleur Aymeric Chauprade aurait gagné en liberté de dire… En voulant réunir des contraires Aymeric Chauprade perd en crédibilité, se prive d'arguments qui n'auraient pas réjoui nombre de ses prospects de militant.

Aymeric Chauprade appelle au changement… Soit. Mais sa vision de géopoliticien l'empêcherait-elle de voir tout près ? Le changement implique que l'on sorte quelles qu'en soient les modalités, violentes ou plus douces, des institutions actuelles… Or Aymeric Chauprade fait fi du bouleversement attendu. En choisissant de militer pour un parti, il reste dans le moule d'institutions obsolètes, mieux néfastes… Des institutions qui font que les rênes du pouvoir en France sont confiées à des politiciens toujours plus nuls… Lignée dans laquelle s'inscrit Marine Le Pen. Elle ou, plus vraisemblable, un nouveau squat à Flanby. Qui se souvient de François Mitterrand, de son opposition autant à DeGaulle qu'aux institutions nourries du coup d'État de 1958 et de la rage suscitée par le geste courageux le 22 août 1962 de Jean Bastien Thiry et ses compagnons ? Dans cette opposition François Mitterrand était de tous les politiciens certainement l'un des plus crédibles, sinon le plus crédible. Après avoir roulé dans la farine socialistes et communistes puis s'être installé au pouvoir, il n'a eu pour dessein que de jouir de ce pouvoir se vautrant dans les draps du général tant honni… Aux oubliettes tout désir de changement institutionnel. Que le cas François Mitterrand ne se renouvelle pas. Alors foin de toutes promesses de changement d'institutions, de Bayrou comme de tout autre ! Le bouleversement attendu ne pourra être lancé que par des voies extra-électorales… Si par malheur - la France baigne depuis belle lurette dans le malheur - le grand bouleversement n'est pas survenu avant 2017, il conviendra alors de choisir qui pourra au mieux servir ce bouleversement, par sa nullité ou - ô espoir - par les forces qu'il véhicule… Aucun politicien ne suscite actuellement cet espoir. Surtout pas Marine Le Pen, et ses casseroles d'éloges au traître criminel compulsif DeGaulle, son entourage franc-maçon, sa défense de la Ligue de défense juive, ses militants dénués de tout bagage doctrinal…

Aymeric Chauprade prétend connaître et apprécier les Arabes… Félicitations ! Mais connaît-il vraiment l'islam ? Jamais Aymeric Chauprade ne conçoit l'islam comme ce qu'il est manifestement depuis sa genèse : un instrument de destruction du christianisme. Lorsque Aymeric Chauprade aura intégré cette réalité, soyons certains que ses sympathies tant pour les Arabes que pour la Russie de Vladimir Poutine et le monde orthodoxe contribueront pleinement à nous proposer de vraies solutions européennes pour neutraliser puis éradiquer l'islamisme. À condition aussi d'être libre de tout militantisme partisan. Une réflexion portant sur doctrine et stratégie nécessite une vision incompatible avec toute ambition politicienne immédiate. Les partis n'interviendront que dans la phase ultime, après le grand bouleversement et la consolidation des institutions nouvelles qui auront été mises en place.

Il n'en reste pas moins que le travail d' Aymeric Chauprade n'est pas inutile… pas même dénué d'intérêt présent, ne serait-ce que par les réactions suscitées.


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Les États-Unis judéo-maçonniques artisans de l’instauration du Califat islamique





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Le point de vue de Serge Ayoub : Les errements de la "doctrine" Chauprade



J'ai lu l’article d’Aymeric Chauprade sur l’importance de la lutte anti-islamique comme axe géopolitique.
Faut-il que notre milieu soit si mal formé pour qu’en lui servant une « doctrine » à ce point dépourvue de bon sens on obtienne immédiatement les félicitations d’une intelligentsia d’extrême droite avide de raccourcis vers une « victoire » dont elle entrevoit à peine les tenants et les aboutissants.
Je vais pour ma part répondre à la « doctrine Chauprade » en plusieurs points. Ce sera l’occasion de rappeler au Front National, que je considère toujours comme le meilleur espoir d’une France libérée, par une critique positive, ce que sont les fondamentaux du patriotisme en matière de politique internationale.
1/ Non seulement le nationalisme progressiste arabe n’est pas mort, mais il a gagné en Syrie. Gagné contre ce double ennemi que désigne Chauprade : les USA (et leurs valets) et les djihadistes. Ce n’est pas peu de choses. Si Chauprade et Cie arrivaient au pouvoir, c’est donc par exemple sur le régime syrien qu’une diplomatie française souveraine devrait s’appuyer prioritairement pour lutter contre l’influence islamiste au Moyen-orient et favoriser l’émergence de mouvements politiques laïcs dans les pays voisins. Chauprade enterre un peu vite le nationalisme libanais et le général Aoun (un chrétien), que notre diplomatie devrait soutenir officiellement, pour qu’il accède au pouvoir à la place de la mafia Hariri. Un peu vite oublié aussi le Fatah héritier de l’OLP. Pressé d’arriver à l’exposition des antagonismes binaires de sa version à peine déformée du choc des civilisations, Chauprade néglige cette Troisième voie.
2/ « Butter les terroristes dans leur chiottes ». Avant toute réponse je me poserai cette question : citer Poutine pour faire passer une absurdité stratégique relève-t-il du sacrilège chez les pro-russes ?
Reprenons une des bases de la guerre asymétrique pour le géo-politologue Chauprade : une guérilla se nourrit de la répression qu’on exerce contre elle. Ce fut le cas du FLN, des talibans, voire, si on pousse un peu, des chrétiens persécutés par Rome. Détruire l’EIL est-ce possible ? Militairement, c’est accessible. Lutter contre l’islamisme djihadiste et le terrorisme à l’échelle planétaire est bien plus compliqué. Combien de nouvelles recrues dans le monde musulman à chaque mort en martyr d’un djihadiste ? La satisfaction que Chauprade aura d’avoir éliminé une poignée de terroristes se paiera au prix fort. Une véritable doctrine stratégique doit être d’aider, en employant éventuellement des moyens conséquents, les États arabes à faire la loi chez eux, et ne jamais prétendre la faire à leur place. Si de surcroît, comme certains le pensent, il s’avère que l’EIL est une création des services spéciaux américains, alors sa destruction ne sera que du théâtre et son remplacement rapide par un groupe du même genre dans la région une presque certitude.
3/ « Les USA sont notre ennemi mais il faut les aider à bombarder les islamistes ». Est-il besoin de souligner l’incohérence de la proposition ? Les USA soutiennent le Qatar et les Saoudiens, arment des islamistes contre les régimes laïcs qui protégeaient les minorités que ces mêmes USA prétendent aujourd’hui protéger contre ceux qu’ils ont, indirectement voir directement armés. Si la diplomatie française veut avoir une chance au Moyen-orient, elle doit fuir le pompier pyromane. La Russie, oui. Les Chiites, oui. Les nationalistes arabes, évidemment. Les USA ? Le moins possible et uniquement parce que leur puissance de feu les rend incontournables.
4/ « S’allier avec Israël ». Alors là, Chauprade s’égare. Il faudrait qu’il puisse expliquer comment on fait simultanément une alliance avec les Chiites et Israël ? Comment tout simplement on mène une politique diplomatique efficace dans les pays arabes en étant ouvertement allié avec Israël ? Les USA peuvent se le permettre grâce à leur écrasante domination militaire et leur poids économique. Mais la France ? Vous imaginez vraiment, Aymeric Chauprade, que le Hezbollah, force chiite désormais incontournable au Liban, parlerait ou écouterait notre diplomatie si nous nous posions en croisés aux côtés d’Israël ? Quand bien même il voudrait le faire, il ne le pourrait sans s’aliéner sa base politique. Israël n’est pas que l’ennemi du fondamentalisme islamiste type Hamas. Il est l’ennemi des Palestiniens en tant que peuple et partant du monde arabe qui considère, plutôt à raison qu’à tort si on regarde l’histoire, l’État juif comme une colonie occidentale hostile.
4bis/ « Nous sommes victimes de la stratégie israélienne d’excitation du fondamentalisme islamique pour s’allier l’Occident, donc nous sommes leur alliés. » La tactique du pigeon qui s’assume, serait-ce la stratégie que vous avez appris à Sciences Po, Aymeric Chauprade ? Ce n’est pas la mienne. Mais quand vous demandez aux Gazaouis d’assumer leur bévue d’avoir accepté le pouvoir du Hamas, vous ne pensez pas demander à Israël d’assumer leur machiavélisme d’avoir joué le Hamas contre le Fatah ? Apparemment pas. Israël joue la politique du pire pour justifier les colonies et continuer à traiter les Palestiniens en méchants ennemis plutôt qu’en victimes de leur expansionnisme. Vous qui parliez de l’honneur de la France, comment pourrait-il être sauf si nous marchions dans une telle combine ? Comment les Arabes laïcs et modérés pourraient-ils s’appuyer sur notre diplomatie si nous validions une telle forfaiture et pratiquions un tel double-langage ? Comment nous opposerions-nous de manière cohérente à la stratégie de domination unipolaire des Américains, dont les liens avec Israël, soutenus par les énormes communautés juives et évangéliques américaines, sont quasi-indestructibles ?
Une stratégie française au Moyen-orient doit commencer par la rupture avec les intérêts israéliens, au moins jusqu’à leur reconnaissance d’un État palestinien aux frontières acceptables et souveraines. C’est d’ailleurs la condition de l’acceptation d’Israël par ses voisins et de sa viabilité à long terme. Cette rupture est aussi pour nous un moyen de s’émanciper de la tutelle américaine en nouant avec l’Iran et la Syrie une relation directe. C’est ainsi que nous redeviendrons un pivot de la diplomatie mondiale dans la région.
5/ « Le principe de solidarité civilisationnel » est quant à lui une aberration néoconservatrice. Tout d’abord parce que notre civilisation découle du catholicisme romain européen, pas de la chrétienté au sens large et œcuménique du terme. Il y a pas de solidarité civilisationnelle non plus entre la France et le Brésil, ou entre la France et les chrétiens de Chine. Les barbaries que subissent les chrétiens d’Irak doivent être empêchées, en armant les Kurdes et en soutenant Bachar et l’État irakien, certes, de même que doivent être empêchés le plus possible les barbaries que subissent toutes les communautés, pas seulement chrétiennes. Mais l’intervention militaire est dangereuse, car elle nous ferait trop facilement basculer dans le statut de puissance impérialiste qu’une diplomatie pragmatique doit à tout prix éviter.
6/ « Liquider les islamistes citoyens français ». Encore plus qu’une provocation, c’est une erreur. Tout d’abord Chauprade oublie que la France est un État de droit et que l’incitation au meurtre y est un délit, même quand elle vise une bande de perdus partis risquer leur vie gratuitement pour combattre, au milieu de mercenaires, au nom d’Allah, les intérêts de ceux qu’ils détestent le plus et croient naïvement combattre, les atlanto-sionistes. Aymeric Chauprade oublie aussi que la citoyenneté française protège non seulement les djihadistes, mais aussi les militants de son propre camp. Si j’étais cadre du FN et aux affaires, sachant que le pouvoir se perd plus facilement qu’il ne se gagne, j’éviterais de créer trop de précédents expéditifs en matière d’élimination d’opposants politiques. En revanche, rien n’empêche de déchoir ces Français coupables d’actions terroristes de leur nationalité, et de se prémunir ainsi de leur retour sur notre territoire. Après tout, ils ont choisi leur destin.
6/ « Protéger les juifs contre les arabes ». Les citoyens français quelle que soit leur confession doivent être protégés au même titre que tous les autres. Faire des lois ou prendre des mesures d’exception pour tenir compte des animosités de telle ou telle communauté ne fait que renforcer ces antagonismes communautaires. Serait-ce là votre but monsieur Chauprade ?
7/ « La remigration opérée selon les critères de nos choix internationaux… » et donc du choc de civilisation, n’aboutira qu’à un surcroît d’affaiblissement de la France.
Nous sommes ici au cœur de l’argumentaire hasardeux de monsieur Chauprade : mener la politique extérieure de notre conflit de civilisation intérieur. Si je ne crois pas au choc des civilisations autrement que comme le théâtre dissimulant l’expression de rapports de puissance internationaux, j’accepte volontiers l’idée que l’immigration massive de musulmans en France pose un problème de civilisation. Sauf que la solution de Chauprade à ce problème est le meilleur moyen de faire de la France une nouvelle Syrie, un nouveau Liban, une nouvelle Yougoslavie.
Anticipons la stratégie d’Aymeric Chauprade. On déclare la guerre militairement à l’extrémisme fondamentaliste sunnite, sous bannière pro-israélienne. Chauprade espère ainsi tacitement qu’une partie non-négligeable des musulmans présents en France le ressentiront comme une agression contre l’Oumma et déclareront une guerre terroriste au pays dans lequel ils vivent. D’où la riposte des patriotes qui en profiteront pour faire remigrer ces musulmans plus ou moins djihadistes. De deux choses l’une : ou les musulmans se laissent faire et la France s’isole pour plusieurs décennies pour avoir mené une politique d’épuration ethnique (c’est le terme qui sera employé par l’ONU, l’Union européenne et le reste du monde) ; ou c’est la guerre et dans ce cas la doctrine Chauprade n’aboutira qu’à un micmac militaire peut-être pire que le bourbier syrien dont Assad se sort tout juste. Un micmac qui nous apprendra vite que notre véritable ennemi est l’Occident anglo-saxon ligué contre les « démons résurgents du fascisme », comme ils se plaira à dire. Une guerre civile dans laquelle nous nous apercevrons vite aussi qu’Israël n’est pas un allié très fiable du parti fondé par Jean-Marie Le Pen (étonnant, non ?), surtout si les Américains leur demandent de « ne pas jeter d’huile sur le feu » en maintenant leur alliance avec une France gouvernée par le FN. Bref, pour ainsi dire, au XXIe siècle, la guerre civile ethnique ne se mène pas tout seul dans son pré carré territorial. Ça n’existe plus. Ceux qui essayent se prennent des missiles, des révolutions oranges, des embargos, et pour finir, au mieux, des procès au TPI, au pire des fins de vie à la Khadafi. Il faut compter avec les grandes puissances, la France existe dans le monde et ne peut en faire abstraction. D’ailleurs Chauprade, en cas de guerre civile, si les USA débarquent pour « remettre de l’ordre » et « protéger les minorités religieuses » au nom « des droits de l’homme », demanderez-vous à Marine de sortir la dissuasion nucléaire et de s’en servir pour sanctuariser notre territoire ? Ceux qui s’imaginent que les frontistes sont capables d’en arriver là sont des imbéciles.

Si remigration il y a, ça ne peut être qu’au nom du Droit, parce qu’un État, de nos jours, ne se gouverne que par le droit. D’abord par le simple non renouvellement des cartes de séjour, mais surtout par l’instauration et l’application de la règle de la réciprocité en matière de double nationalité, nous obligerons tous les citoyens français qui se sentent des solidarités culturelles avec un pays d’origine étranger n’appliquant pas la double nationalité à choisir. Pour ceux, et ils sont nombreux, qui ont investi « au bled » dans une maison ou un commerce, le choix sera très probablement celui du retour. Pour ceux qui auront mis toute leur énergie à se construire un avenir en France, le renoncement à leur nationalité algérienne, marocaine ou autre sera sentimentalement difficile, mais raisonnable. Cette suppression de la double nationalité est responsable. Elle peut se défendre devant nos partenaires internationaux, d’autant plus si elle vise des ressortissants de pays qui appliquent le droit du sang. Cette première vague de remigration en appellera alors d’autres, selon le cercle vertueux du développement économique. Le Maghreb et l’Afrique bénéficieront de afflux d’une population formée, parlant une langue étrangère, et ambitieuse car habituée à un niveau de vie élevé. Évidemment la France doit accompagner cette remigration par des projets de développement économiques tout aussi ambitieux et équitables pour ces pays. Déchirer la dette de ces pays, construire des accords bilatéraux gagnant-gagnants de coopération et d’exploitation des matières premières, voilà qui peut compléter les bases d’une politique de remigration efficace. Ces bases sont d’ailleurs bien plus conformes à la doctrine traditionnelle du FN que cet élan néoconservateur de monsieur Chauprade.
L’oppression religieuse de type néo-croisé, le conflit et la guerre civile en revanche, peuvent faire partir beaucoup de monde, mais pas forcément ceux qu’on avait prévu. Expulser les fondamentalistes hystériques qui vomissent leur haine de la France quotidiennement, d’accord. Pousser les musulmans au djihad pour mieux les expulser militairement, c’est jouer avec le feu.

De plus, si j’étais Aymeric Chauprade, je me méfierais. La guerre n’est acceptée du peuple que lorsqu’elle est un ultime recours. Lorsqu’elle est le moyen privilégié de la politique d’un gouvernement, le peuple peut aussi décider, après coup, de venger tous ses morts d’un tel gouvernement. Je ne suis pas sûr que Marine veuille finir comme Marie-Antoinette.

Une dernière chose, Aymeric Chauprade. Quand vous défendez Marine Le Pen de s’être opposée à la dissolution de la LDJ au nom de la liberté d’expression et de « l’autodéfense juive », ne pensez vous pas qu’elle aurait pu s’opposer à celle de Troisième Voie, qui défendait les Français ? Qu’elle aurait dû soutenir Esteban et ses camarades, seulement coupables d’autodéfense française contre une bande de nervis trop fragiles pour leurs ambitions agressives ? La solidarité ce n’est pas que pour l’Irak, elle doit d’abord être pour les nôtres Aymeric. (Serge Ayoub, le 16 août 2014)

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Dominique Reynié : Alors que "nous sommes entrés dans une époque de bouleversements"… "le FN c'est le socialisme pour les petits Blancs"
Dominique Reynié est professeur de sciences politiques à Sciences Po. Ses travaux portent sur les transformations du pouvoir politique, l'opinion publique et ses manifestations, les mouvements électoraux, en France et en Europe. Depuis octobre 2008, il est directeur général de la Fondation pour l'innovation politique. Il est notamment l'auteur de Populisme : la pente fatale (Plon 2011), Les nouveaux populismes (Fayard 2013). Son dernier livre, Révolution française parait le 16 octobre 2014 chez Plon.
Le Figaro : À la veille d'une rentrée politique qui s'annonce chaotique et alors que la France traverse une crise économique, mais aussi politique et morale majeure, quel regard portez-vous sur l'année politique qui vient de s'écouler. Quels sont les trois évènements majeurs que vous retenez ?

Dominique Reynié : Ce qui retient toute mon attention, au point que je dois résister à une sorte de fascination, est le débordement complet des politiques nationales par les puissances que l'Histoire est en train de libérer, ce qui fait craindre le pire mais ne doit pas nous décourager d'espérer le meilleur. La terre tremble, pour reprendre le titre du film de Visconti : le réchauffement climatique prend de la vitesse, l'islamisme chasse le christianisme de son Orient natal - excusez du peu ! -, les dettes - publiques et privées - sont devenues océaniques, la transition démographique recompose l'ordre politique planétaire, l'idée démocratique paraît épuisée par l'impuissance gouvernementale, quand les pays émergents, beaucoup plus autoritaires, ont le vent économique en poupe… la liste est longue des enjeux qui se présentent à nous, quand un seul est capable de bouleverser nos vies.

En France comme ailleurs les gouvernants perdent pied. En témoigne le contraste spectaculaire entre la vénération d'un passé morbide dans un usage démesuré de la commémoration et l'incapacité à regarder devant, à penser le futur et, bien sûr, à le bâtir.

Au cœur de ce grand tourbillon, je ne vois aucun dessein proposé aux Français, aucun horizon tracé, aucun rêve de conquête ni de grandeur.

Le Figaro : François Hollande est au plus bas dans les sondages, l'opposition apparaît déchirée et n'a pour l'heure aucun leader incontestable. Les grands partis traditionnels sont-ils selon vous en mesure de redresser le pays ? Leur logiciel politique est-il toujours adapté aux enjeux actuels ?

Dominique Reynié : C'est précisément pour répondre à cette question qu'il faut d'abord prendre la mesure de la situation historique dans laquelle nous nous trouvons. Notre ordre politique national est le résultat d'un état des choses qui n'est plus et chaque jour qui passe le montre avec plus de clarté que la veille. C'est l'esprit de l'innovation qui devrait animer nos débats et déterminer nos choix. La France existe quand elle est au rythme du monde. Au lieu de cela, nous assistons à l'engluement de notre classe politique, et syndicale, par un conservatisme de rentier, matérialiste, dominé par la peur d'agir, la crainte de devoir penser, de devoir imaginer un autre agencement des choses.

Seul se distingue le Front national qui propose le grand repli, l'État providence, encore et toujours, mais cette fois grâce au nationalisme. C'est un programme de chauvinisme social, une sorte d'ethno-socialisme, le socialisme pour les « petits Blancs ».

Le Figaro : Peut-on aller jusqu'à dire qu'on assiste à l'autodestruction de la politique ? S'agit-il d'une faillite des hommes ou des idées ? L'année a également été marquée par la victoire de Marine Le Pen aux élections européennes. Vous avez écrit plusieurs livres sur montée des populismes. Qualifieriez le FN de parti populiste ? Sa progression vous paraît-elle inexorable ? Jusqu'où peut-elle aller ?

Dominique Reynié : La plupart des idées et toutes les institutions connaissent un terme à leur existence. Si nous considérons que nous sommes entrés dans une époque de bouleversements, ce n'est pas tant le désarroi des politiques qui est problématique, car il pourrait se comprendre, mais le sentiment que donnent la plupart d'entre eux de pas parvenir à prendre la mesure de ce qui se passe, de ce que nous allons devoir accomplir, à l'échelle de notre pays comme à l'échelle de l'Europe, si l'on veut, au moins, persister comme communauté libre d'orienter son destin dans l'Histoire. Au cœur de ce grand tourbillon, je ne vois aucun dessein proposé aux Français, aucun horizon tracé, aucun rêve de conquête ni de grandeur. Seul se distingue le Front national qui propose le grand repli, l'État providence, encore et toujours, mais cette fois grâce au nationalisme. C'est un programme de chauvinisme social, une sorte d'ethno-socialisme, le socialisme pour les « petits Blancs» .

Le Front national est devenu la nouvelle gauche.

Au moins c'est une idée, même si elle est absurde ou mortelle. Dès lors, par un effet mécanique, le FN se trouve favorisé puisqu'il est le seul à porter un grand projet. Moins les partis de gouvernement se montreront capables de concevoir un grand dessein fait de renaissance et de conquête, plus la tâche du FN sera facile.

Le Figaro : L'ascension de Marine Le Pen semble être également le fruit de l'effacement du clivage droite/gauche. Quelles sont les différences fondamentales qui opposent encore la droite et la gauche ?

Dominique Reynié : La polarisation qui se met en place n'oppose plus la gauche et la droite, mais les partis de gouvernement, de gauche et de droite, aux partis populistes, de gauche et de droite. La fin du clivage gauche/droite est aussi ce par quoi prospère désormais le Front national. C'est pourquoi il affirme clairement depuis janvier 2011 un discours qui n'est plus seulement national mais qui est aussi social et étatiste, tandis que la gauche ne peut plus cacher son incapacité à être « socialiste ». Résultat, le Front national est devenu la nouvelle gauche. On en trouve une parfaite illustration lors des dernières élections européennes au cours desquelles 41% du vote ouvrier est allé aux listes FN et 8% aux listes PS.

La droite s'est opposée au mariage pour tous au nom de valeurs qu'elle n'avait pas l'habitude de brandir et sans en tirer de conséquences puisqu'elle a voté peu après sans difficulté aucune la suppression de la référence à la situation de détresse mentionnée dans l'encadrement législatif du droit à l'avortement.

Le Figaro : Les clivages « sociétaux » et identitaires ont-ils remplacé les clivages économiques et sociaux ?

Dominique Reynié : Il faut ajouter les clivages culturels, technologiques et générationnels. Les différents types de clivages se combinent entre eux, et ce n'est pas nouveau. En revanche, le changement tient au fait qu'aucun parti ne parvient à représenter ni à exprimer la variété et la force de ces clivages. Cela se passe ailleurs et autrement, en témoignent le mouvement altermondialiste, les « Indignés », la « manif pour tous », les divers mouvements antifiscalistes ou encore la défense des auto-enrepreneurs, pour ne prendre que quelques exemples de ces mouvements que les partis n'ont fait que suivre, de manière confuse et inconséquente, c'est-à-dire sans forger une doctrine. Par exemple, la droite s'est opposée au mariage pour tous au nom de valeurs qu'elle n'avait pas l'habitude de brandir et sans en tirer de conséquences puisqu'elle a voté peu après sans difficulté aucune la suppression de la référence à la situation de détresse mentionnée dans l'encadrement législatif du droit à l'avortement.

D'une manière plus générale, il faut comprendre que les clivages politiques sont aujourd'hui radicalement affectés par l'encastrement de nos vies dans un ordre existentiel global. Mille signes nous montrent à quel point les formes de l'appartenance tendent à devenir plus complexes, imbriquant différents univers entre eux : une nation, des origines, une religion, des goûts culturels, une orientation sexuelle, un niveau de vie, l'Europe, une région, etc. Un élève de collège n'est pas loin de passer plus de temps sur les réseaux sociaux et sur son téléphone qu'à suivre des cours à l'école ; lors de la coupe du monde de football, des milliers de Français ont fêté les victoires de l'équipe d'Algérie comme s'il s'agissait de leur seconde patrie ; d'autres sont allés regarder la finale à Berlin dans l'espoir de fêter la victoire de l'Allemagne, au nom d'un sentiment européen. Songeons encore à ceux, de plus en plus nombreux, qui estiment devoir quitter leur pays pour réussir, ou simplement pouvoir commencer, leur vie professionnelle, ou pour échapper à une pression fiscale jugée spoliatrice. Ils ne se sentent pas moins « Français ». D'autres, enfin, nés ici, passés par les écoles laïques de la République, se retrouvent en Syrie et en Irak au nom du Jihad. Il suffit d'observer ce qu'est devenue la famille, ce qu'est devenue l'école et ce qu'est devenue la nation pour comprendre que le civisme et le nationalisme républicains ont cessé d'exister.

Le Figaro : La France périphérique, celle des « petits Blancs » pour reprendre votre expression, qui vote Marine Le Pen ou se réfugie dans l'abstention, rejette à la fois « le social libéralisme » de la gauche et le « libéralisme social » de la droite. Na faut-il pas en tenir compte ? Ce constat appelle-t-il une recomposition profonde du paysage politique ? Dans quel sens ?

Dominique Reynié : Je ne vois pas de libéralisme dans notre débat politique, ni à droite ni à gauche. Notre pays ploie sous le poids d'une vie politique entièrement arrimée à une idéologie social-étatiste, de droite et de gauche. Cette idéologie constitue chez nous la véritable pensée unique. Elle est désormais aussi celle du Front national. Droite ou gauche, partis de gouvernement ou partis populistes, l'étatisme est leur pensée commune. Le plus terrible est que cette idéologie dominante étouffe tout débat sans parvenir à empêcher la faillite de l'État. [Entretien avec Dominique Reynié, Le Figaro du 16 août 2014]



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