Alep, belle surprise : l’hôtel Baron a rouvert son bar… Un accueil privilégié pour des visiteurs étrangers avertis. Un hôtel authentique
musée témoin d’une bien belle époque malheureusement révolue… Nostalgie…
L’hôtel Baron, indissociable de la vie politique à Alep et en Syrie, a ouvert en 1909… Halte obligée de tout ce que l’Europe de la première moitié du XXe siècle a connu d’aventuriers, explorateurs, voyageurs au long cours… voyageurs du Taurus-Express, ce bout d'Orient-Express au delà d'Istanbul, vers Damas et Bagdad via Alep en 1930… Parmi ses hôtes les plus illustres Thomas Edward Lawrence - Lawrence d’Arabie - et encore Charles Lindbergh, Gertrude Bell, Kim Philby. Agatha Christie y partageait avec son époux, l’archéologue Max Mallowan, la chambre 203. C'est sur la terrasse de l'hôtel Baron qu'Agatha Christie a écrit, dans les années 30, Le Crime de l'Orient-Express… Mais l'Histoire s'y était vraiment écrite en mars 1920 quand du balcon de la chambre n° 205 le roi Fayçal a proclamé l'indépendance de la Syrie… L'Hôtel Baron reçut aussi la visite de nombreux chefs d'État, le roi Gustave VI Adolphe de Suède, Mustafa Kemal Atatürk… En 1958, Gamal Abdel Nasser, alors président de l’Égypte, choisit également le balcon du Baron pour s’adresser aux Alépins…
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Rubina Tashjian, épouse de feu Armen Mazloumian reçoit ses visiteurs |
Moderne, central, dynamique, international comme autrefois Alep l’avait été, l'hôtel Baron faisait partie de la vie politique syrienne… Mais "moderne" n’était plus bien avant 2011 la première qualité du Baron qui a connu peu de changements depuis 1909. Passées ses années de gloire de la première moitié du XXe siècle, les voyageurs aisés de passage à Alep ont de plus en plus vu l'hôtel Baron comme un musée, un lieu hors du temps qui avait toujours gardé son attraction sans faste non en raison de ses prestations mais sur sa réputation et le charme désuet de son mobilier et de ses agencements, toujours inchangés. Il était devenu un rendez-vous privilégié où admirer les vestiges d’une bien belle époque, davantage qu’un lieu où dormir.
De plus, où était passée l’élégance des premiers touristes anglais ? Le temps béni où les voyageurs montraient une classe irréprochable ? Que doivent les globe-trotters contemporains à leurs illustres prédécesseurs ? En 2011, Armen Mazloumian petit-fils du fondateur et dernier propriétaire de l’hôtel Baron ne pensait plus qu’à vendre.
Vînt la guerre, en 2011. Il n’était plus question de vendre mais d’attendre des jours meilleurs. En 2013, Alep connaît bombardements et ruines. Il n’est pas question de fuir, car il faut protéger la bâtisse. Les obus tombent autour, mais le Baron en réchappe, quoique le toit et l’étage supérieur aient été atteints par quelques obus… L'Hôtel abrite des réfugiés… En janvier 2016, Armen Mazloumian décède… En ce mois d'octobre 2019, c'est son épouse Rubina Tashjian qui veille sur la mémoire de l’Hôtel… et nous reçoit…
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Charme désuet des équipements… |
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Hôtel Baron, l'unique hôtel de 1ère classe à Alep Chauffage central partout Confort parfait Situation unique Le seul hôtel recommandé par les agences de tourisme |
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Une note d'hôtel de Monsieur Lawrence (d’Arabie), chambre 202… Une facture qui a bien été honorée nous assure Rubina Tashjian. |
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Le Taurus Express en 1930 (en rouge)
- Extensions et connexions(en pointillé rouge) - Simplon Orient-Express et Haifa-Cairo Express (en bleu) - Chemins de fer à voie étroite (en noir) - Connexions routières et maritimes (pointillés gris). |
L’Hôtel Baron, qui a hébergé Agatha Christie à Alep
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Autres étapes parmi les derniers voyages de "solidarité avec le peuple syrien"
de la Communauté syrienne de France