Une île restée longtemps vierge. Colonisée par des populations venues de différentes régions d’Afrique et d’Asie qui gardent la mémoire de leurs origines et qui se détestent mutuellement…
De
Mahambo à
Tuléar, décidément Madagascar tient à confirmer une réputation déjà bien établie d'île des Naufrageurs… Nouvelle victime, encore à Tuléar : un retraité français qui prétendait rompre avec celle dont il avait cru pouvoir faire sa compagne… Qu'on se le dise : une fois pris dans les mailles du filet bien malin celui qui saura en réchapper…
Patrice Boquet, 64 ans, s’est installé il y a cinq ans à Tuléar, dans le sud-ouest de Madagascar. Mais depuis trois semaines, ce retraité français n’a plus donné signe de vie. L’inquiétude de ses proches est vive, d’autant que c’est dans la même région qu’il y a quatre mois, un couple de Français avaient été assassinés.
La dernière personne à avoir vu Patrice, c’est son ex-compagne, une Malgache, avec qui il venait de se séparer. Selon elle, le couple se serait ce jour-là violemment disputé. Le retraité aurait alors quitté la maison, armé d’un fusil et accompagné de son chien. Depuis, trois semaines ont passé, et Patrice est introuvable.
"On ne le reverra pas vivant"
Ses amis sont désormais fatalistes. "Moi, j’étais tous les jours avec lui, on mangeait ensemble, on prenait un coup ensemble. Maintenant, au bout de 21 jours, on se dit qu’on ne le reverra plus", se désespère Marc, lui aussi installé à Madagascar et meilleur ami de Patrice, joint par Europe 1. "C’est insupportable. J’aimerais bien avoir un espoir, mais je vous dis, c’est peine perdue. On ne le reverra pas vivant."
L’homme peste surtout contre l’apathie des policiers locaux. "On a été chez les flics, on a été faire la déclaration. Les flics nous ont dit : ‘ne vous inquiétez pas, il a fait une fugue’. Il n’y a rien qui a été fait de la part des flics. Ça ne les intéresse pas d’ailleurs", fulmine Marc.
« La dernière fois que sa compagne, qui est malgache, l'a vu, il est parti à la chasse avec son chien après une dispute de couple le 31 juillet », indique une source au commissariat central de Tuléar.
Un policier, joint par téléphone et qui a souhaité garder l'anonymat, a accepté de lire la déposition de la compagne du disparu, Mme Ravoahangy, établie le 2 août. « Avant de quitter sa maison, Patrice Boquet a demandé une voiture à sa compagne, mais celle-ci a refusé », précise le commissariat de Tuléar, très pessimiste quant aux chances de retrouver le disparu vivant. Le consulat général de France d'Antananarivo refuse de s'exprimer, renvoyant vers le ministère français des Affaires étrangères.
L’ex-compagne soupçonnée
Alors lundi 20 août, c’est aux policiers français que la famille de Patrice Boquet a signalé sa disparition, persuadé qu’il n’a pas pu mettre fin à ses jours. C'est aussi la certitude de ses amis à Madagascar, qui décrivent un bon vivant, un retraité heureux. D’autant qu’il venait de rencontrer une autre femme, avec qui il avait des projets Il songeait ainsi à quitter Tuléar pour s’installer à Diégo (Antsiranana) dans le nord de la Grande Île, ou à la Réunion.
Pour ses proches, il n’y a aucun doute, Patrice a été assassiné. Et leurs soupçons se portent sur son ex-compagne, qui n’aurait pas accepté leur récente séparation.
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Patrice Boquet disparu à Tuléar : "Mon ex-époux a été assassiné"
L’enquête pour retrouver Patrice Boquet, un retraité français de 64 ans disparu à Madagascar, ne donne aucun résultat. Son ex-épouse est persuadée qu’il a été assassiné. Le consul de France doit rencontrer les autorités malgaches pour tenter de faire accélérer les recherches.
« Un suicide ? Personne n’y pense. C’est impossible vu son tempérament ». Au téléphone depuis la Corse où elle réside, Maria Boquet explique que cette thèse avancée sur la disparition de son ex-époux ne repose sur aucun fondement. Tout comme l’idée donnée par la police malgache qu’il aurait fait « une fugue ».
Responsable d’une entreprise, mère de cinq enfants, cette femme se veut lucide. Maria Boquet considère qu’il n’y a aucune chance de revoir son ex-époux vivant. Patrice Boquet, 64 ans, installé depuis cinq ans à Madagascar « a été assassiné ». « J’en suis sûre », confie-t-elle.
Le couple était séparé depuis 2003. Mais les deux ex-conjoints avaient gardé des liens étroits. « Nous étions en relation au téléphone une à deux fois par semaine, confie-t-elle. Pour les enfants et parce que je m’occupais de ses affaires. Mon ex-époux était un grand chasseur et un grand pêcheur. C’est pour cette raison qu’il est parti à Madagascar. À Tuléar, il lui arrivait d’emmener avec lui des touristes. Ça lui faisait de l’argent de proche ».
Maria Boquet raconte que son ex-époux aurait dû lui téléphoner le 1er août. « Je n’ai pas eu de nouvelles, alors j’ai attendu ». Le 11 août, le retraité devait accueillir à l’aéroport un ami venu de Corse. Mais il n’est jamais venu le chercher. « Cet ami a eu des difficultés pour me joindre, témoigne Maria Boquet. Il m’a appelée le 20 août pour me dire que c’était grave. Je me suis rendue à la police en Corse pour déposer plainte ».
Des détails intrigants
Depuis deux ans, Patrice Boquet vivait avec sa compagne malgache. Le retraité avait acheté un terrain pour y vivre, et avait investi dans un salon de coiffure pour celle qu’il a épousée selon la tradition locale. Interrogée par la police, cette femme de 36 ans a indiqué que le couple s’était violemment disputé le 31 juillet après le déjeuner. Patrice Boquet aurait alors pris son fusil et son chien pour aller à la chasse, a-t-elle expliqué à l’un des amis du retraité.
Selon Maria Boquet et tous les proches de Patrice Boquet à Tuléar, cette version des faits est troublante. Car ce jour du 31 juillet, Patrice Boquet venait de rentrer de la chasse après plusieurs jours en brousse. Pourquoi alors repartir aussitôt ? « Depuis Tuléar, on ne part pas à la chasse à pied. Il faut faire au moins 50 km », souligne-t-elle. Deux autres détails interpellent particulièrement son ex-épouse. D’abord, Patrice Boquet avait laissé ses bottes chez un ami. « On ne part pas à la chasse sans bottes dans la brousse », remarque Maria Boquet. Ensuite, la voiture de son ex-époux a été retrouvée très propre. « Ce n’était pas son genre de nettoyer son véhicule tout de suite après la chasse », souligne l’ex-épouse.
Le consul de France va rencontrer le ministre de l'Intérieur malgache
Comme tous les proches du sexagénaire, Maria Boquet observe que cette disparition intervient alors que Patrice Boquet avait décidé de se séparer de sa compagne. Celle-ci n’a-t-elle pas supporté la rupture ? À Tuléar, les amis de Patrice Boquet considèrent la jeune femme comme suspecte n° 1. « Mon ex-mari m’avait annoncé qu’il allait la quitter, dit encore Maria Boquet. Il m’avait dit qu’il avait rencontré une autre personne et qu’il voulait s’installer ailleurs. Au nord de Madagascar, à la Réunion ou aux Antilles ».
Selon Maria Boquet, il est donc impossible que le père de ses enfants ait « voulu se cacher ». « Il avait des amis très proches qui l’auraient aidé. Et s’il avait eu de gros problèmes, il m’aurait appelée ». Par ailleurs, le sexagénaire devait rentrer le 29 septembre en métropole pour y rester deux à trois mois comme il en avait l’habitude.
« Mon ex-époux n’était pas allé à Madagascar pour y faire du tourisme sexuel, tient-elle à préciser. Il voulait y passer une retraite tranquille. Il était tombé amoureux de ce pays. À nos enfants et à moi, il nous avait dit qu’il voulait y rester jusqu’à sa mort et qu’il souhaitait y être inhumé ».
Désormais, l’ex-épouse et les enfants de Patrice Boquet disent juste espérer que son corps sera retrouvé et que son et ses meurtriers seront condamnés. La famille Boquet veut aussi alerter l’ambassade de France à Madagascar sur le problème de la sécurité des Français dans la Grande Île. En avril dernier, un jeune couple originaire du Nord de la France et qui avait ouvert un restaurant à Tuléar avait été retrouvé assassiné.
Selon nos informations, le consul de France à Antananarivo doit rencontrer en début de semaine prochaine le ministère de l’Intérieur malgache au sujet de la disparation de Patrice Boquet. A Tuléar, tous ses proches se plaignent de l’inertie de la police.
Jérôme Talpin
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