Commandant Ahmed Shah Massoud, vallée du Panshir, Afghanistan, 1985.
© Reza / Webistan.
Il y a vingt-et-un ans ans mourait dans un attentat-suicide le commandant Ahmed Shah Massoud, le Lion du Panshir, tacticien hors-pair, chef de guerre sans pitié, homme politique ambigu, personnage fascinant.
L’assassinat du commandant Massoud fut un succès majeur d’Al Qaïda. Pour la première fois, les responsables de l’organisation atteignirent en effet une de leurs principales cibles en associant étroitement lors de l’opération cellules maghrébines, à l’époque sans véritable leader, et réseaux jihadistes. Les deux terroristes ayant assassiné le chef de l’Alliance du Nord étaient en effet porteurs de passeports belges volés à Strasbourg et La Haye en 1999 et munis de faux visas pakistanais obtenus à Londres. Un passeport volé à Strasbourg dans la même série avait déjà été retrouvé en possession d’un terroriste marocain, Mustapha Maakoul, arrêté au Pakistan en 2000 alors qu’il préparait des attentats pour le compte d’Oussama Ben Laden.
Les deux assassins de Massoud avaient de surcroît bénéficié de l’aide décisive d’un islamiste radical égyptien basé à Londres, Yasser Toufik al Siri, le responsable de l’Islamic Observation Center. Ce sympathisant du Jihad Islamique égyptien et de la Gama’a Islamyyia avait en effet fourni aux terroristes une lettre d’accréditation et des cartes de presse de son organisme leur permettant de se faire passer pour des journalistes. La justice a estimé qu’il ignorait que ces documents allaient contribuer à la mort du chef de l’Alliance du Nord, mais l’intime conviction des services n’a pas changé. Je rends d’ailleurs ici hommage à l’analyste français qui, seul, et en pleine tourmente post-11 septembre, trouva la clé de cette affaire. Il se reconnaîtra.
Yasser Toufik al Siri était déjà bien connu des services de sécurité occidentaux et moyen-orientaux pour son implication dans la tentative d’assassinat, en 1993, du Premier ministre égyptien Atef Mohamed Sedki par un groupe nommé Les Avant-gardes de la Conquête, une expression chère au bon docteur Ayman al Zawahiry. Al Siri était également recherché par le FBI qui le soupçonnait d’avoir financé pour partie la cellule de Brooklyn ayant commis en 1993 le premier attentat contre le World Trade Center. La suite de l’enquête sur l’assassinat de Massoud permit de confirmer l’implication dans cette affaire d’un terroriste belge d’origine tunisienne né à Oran, Amor Sliti, responsable d’une filière de faux documents administratifs en Europe au profit des réseaux maghrébins. Quant aux veuves des assassins, elles furent accueillies aux Emirats Arabes Unis par Oum Bilal, la veuve de Redouane Laadjal alias Abou Bilal, l’ancien chef de la Maison des Algériens en Afghanistan.Mais ceci est une autre histoire, qui nous conduirait en Stockholm, à Alger, à Londres. Une autre fois…
Source : Abou Djaffar : la mort du commandant Massoud (Le Monde, 09 septembre 2009)
Portrait pris par Reza dans la vallée du Panshir au printemps 1985 : Massoud cœur de Lion
Raphaël Gaudriot : Reza nous parle de son ami le commandant Massoud (21 septembre 2011)
Paul Anel : Une lueur d’espoir en Afghanistan (30 août 2021)
Ahmad Marzee : La motivation d'Ahmad Shah Massoud vers la liberté (10 septembre 2022)
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