Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

samedi 2 avril 2011

À Ali Chekkal… À Gaston Monnerville… À Félix Houphouët-Boigny

Encore un excellent article d'Alexandre Gerbi sur son blog "Fusionnisme". Le blog d'Alexandre Gerbi en permanence référencé sur ce site…

À tous nos anciens à la mémoire courte…  À tous ces jeunots ignorants de l'Histoire de leur Patrie… À tous les égarés de "François Desouche"…  À tous les  thuriféraires de l'infâme DeGaulle…


Mayotte est devenue aujourd’hui le 101e département français…
Nos compatriotes mahorais,
l’ignorance des « identitaires »
et l'infâme Ve République blanciste
par Alexandre Gerbi

Nos compatriotes mahorais sont régulièrement insultés sur les sites identitaires, notamment sur « François Desouche ». Manifestement, les animateurs de ce site comme la plupart de ses lecteurs ignorent que les habitants de Mayotte étaient déjà des Français bien avant la départementalisation proposée en 2009, sur leur demande, par Nicolas Sarkozy.

Les animateurs et les lecteurs de « François Desouche », tout comme leur héroïne Marine Le Pen dans un récent communiqué, hurlent à la création, avec Mayotte, d’un « nouveau Lampedusa ». Là encore, faut-il rappeler que l’immigration qui submerge Mayotte, en effet délirante en provenance des autres îles des Comores (le tiers de la population mahoraise, voire davantage, est « immigrée », en particulier d’Anjouan), résulte simplement de l’absurdité de la Ve République blanciste. Celle-ci a refusé de reconnaître le rattachement à la République française (ou, à tout le moins, l’organisation d’un référendum à ce sujet…) que revendiquent les populations d’Anjouan et de Mohéli, deux des trois îles comoriennes, depuis 1981. Le rattachement à la France a même été proclamé par ces deux îles, au prix d’une véritable révolution, en 1997. Mais il est vrai qu’on sait depuis longtemps déjà que sous le régime fondé par De Gaulle, touchant aux populations et aux territoires africains, le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes » ne peut fonctionner que dans un seul sens, c’est-à-dire celui de la sécession…

De fait, la révolution anjouanaise de 1997 ne bénéficia pas, de la part de la télévision française, de la même publicité que la récente « révolution » libyenne. Au contraire, la révolution anjouanaise fut occultée puis écrasée avec, notamment, la bénédiction de l’État français socialo-RPR (Jospin/Chirac), comme je l’ai montré dans Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine (Ed. L’Harmattan, 2006).

Si les Anjouanais et les Mohéliens avaient été écoutés à l’époque (et même depuis, car le mouvement rattachiste, bien antérieur à 1997, s’est poursuivi au-delà, malgré la répression), le problème de l’immigration à Mayotte serait évidemment réglé depuis longtemps, puisque les Anjouanais et les Mohéliens trouveraient chez eux ce qu’ils cherchent chez leurs voisins mahorais : à savoir la France doublée de la République démocratique et sociale…

Quant à la faible francophonie des Mahorais, qui permet encore une fois aux identitaires déchaînés sur «François Desouche » de contester la francité des Mahorais, elle relève évidemment, elle aussi, de l’écrasante responsabilité de la Ve République blanciste et de ses prédécesseurs, qui n’ont pas fait le nécessaire pour y remédier… À la source, une idéologie délétère qui a trouvé, pour la énième fois, une illustration dans le sort qui fut fait à la Révolution anjouanaise de 1997. Épilogue du largage de l’Afrique, du déni de francité, poussé dans ses ultimes conséquences, il y a cinquante ans, par le blanciste De Gaulle, fondateur du régime.

Puisse la départementalisation de Mayotte, enfin survenue après des décennies de lutte, permettre de mettre un terme, entre autres aberrations, à celle qui veut que des Français, sous prétexte qu’ils sont Africains, ne possèdent pas collectivement, en même temps que leurs précieuses langues traditionnelles, la langue de la République. Et la citoyenneté française « à part entière ».

Ce qui n’est malheureusement pas le cas, sur ce dernier point, en dépit de la toute fraîche départementalisation : par exemple, le montant du RMI n’atteint à Mayotte que le ¼ de ce qu’il est dans l’Hexagone. Comme si le RMI de Lozère devait être révisé à la baisse au nom de la disparité du coût de la vie entre ce département et celui de Paris…

Mais il est vrai qu’en Polynésie, pourtant terre (en voie de largage ?) de la République, le RMI n’existe tout simplement pas…

Nous sommes bien, toujours, sous l'infâme Ve République blanciste…


Alexandre Gerbi
Parmi les principaux ouvrages d' Alexandre Gerbi :

Décolonisation de l'Afrique ex-française : Enjeux pour l'Afrique et la France d'aujourd'hui

Histoire occultée de la décolonisation franco-africaine  




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire