Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 23 janvier 2017

"Mémoire de la Patrie" à la Citadelle de Damas, la Communauté Syrienne de France était invitée…




Lundi 7 novembre 2016,  à la Citadelle de Damas
l'exposition "Mémoire de la Patrie" était inaugurée,
 la Communauté Syrienne de France était invitée… 





Cette exposition, au cœur de la Citadelle de Damas, s'est nommée "Homeland's Memory" ("Mémoire de la Patrie) afin de marquer la reconnaissance de la Nation au courage et à l'endurance du peuple syrien qui, en dépit de l'agression subie par le pays, est toujours resté appliqué au travail, a souligné le ministre de l'Économie et du Commerce extérieur, Adeeb Mayyaleh lors de son allocution inaugurale.

Le ministre a aussi promis que le gouvernement persévèrera dans son soutien aux artisans syriens qui œuvrent vaillamment à garantir un avenir toujours meilleur à la glorieuse histoire du savoir-faire national.

"L'artisanat syrien ne mourra jamais", ont répondu les participants à l'exposition, soulignant l'importance de la coopération entre toutes les parties concernées dans le pays pour promouvoir des villages patrimoniaux, soutenir l'économie nationale, développer l'apprentissage et le perfectionnement dans l'artisanat, appuyer l'exportation des produits vers l'étranger.

Alors que le patrimoine traditionnel de l'artisanat reflétant l'étonnante diversité de la Syrie a lui été gravement affecté par la guerre de terreur menée contre la Nation, une réflexion pour une relance  de ce secteur clé et ses activités s'imposait avec urgence. Cette exposition, organisée par l'Établissement général des marchés et foires internationaux en coopération avec la Fédération générale des artisans, s'inscrit dans cette perspective.

De nombreuses photos-souvenirs, des médailles, des timbres de la Foire internationale de Damas - de 1950 à 2007 - sont exposés au public dans la section "Patrimoine et documentation".  Un riche diversité de réalisations artisanales sont offertes à la vente mais surtout présentées afin de susciter de fructueux contacts entre les différents agents de la filière…


Le patrimoine artisanal exposé à la Citadelle de Damas - معرض عن التراث في قلعة دمشق

L’ancienneté et la réputation de l’artisanat syrien restent solidement établies. Ses produits tels les métaux ouvragés, les verres, les tissus étaient déjà fort appréciés des cours européennes du temps des croisades. Le travail du bois de valeur a rayonné aux IXe et Xe siècles jusqu’au Maroc et en Andalousie à l’ouest,  en Perse et Inde à l’est. La position de la Syrie au nœud des grandes routes du commerce telle la Route de la soie, tout en facilitant les exportations, impliquait également une grande compétitivité et une spécialisation dans le travail de certains métaux. Des centres de production hiérarchisés et spécialisés surtout à Alep et Damas mais aussi à Hama, Homs, Deir ez-Zor offraient de larges gammes de produits couvrant la demande des citadins, des villageois mais aussi des nomades.

Selon un rapport adressé à l'Unesco en 1999, l’image de l’artisanat syrien paraissait assez contrastée : dans certains secteurs, des savoir-faire immémoriaux semblaient malheureusement devoir inexorablement disparaître, alors que certains autres manifestaient de surprenantes facultés d’adaptation et menaient avec succès des offensives commerciales sur les marchés étrangers. Le mobilier en bois incrusté de nacre ou mossaddaf, et les coffrets et petits meubles en marqueterie de bois de noyer et de noisetier avec incrustations de nacre, d’ivoire et d’os étaient recherchés et faisaient preuve d’adaptations remarquables à la vie moderne. La fabrication du verre, ancienne de quelque 4000 ans, connaissait une véritable renaissance et la production s’accroissait pour répondre aux besoins d’acheteurs nationaux et étrangers. En matière de tissage par contre les évolutions semblaient contrastées. Le brocart aurait du mal à s’imposer dans le prêt-à-porter, et malgré les essais d’adaptation du damas les opinions quant à sa survie seraient mitigées, alors que l’aghabani serait largement vendu à l’intérieur et exporté dans le Proche-Orient et même en Europe et que les toiles de Hama qui servaient à fabriquer les anciens sacs d’avoine servaient à réaliser des sacs de plage, des dessus de lits et des rideaux destinés aux visiteurs et aux résidents étrangers.

L'étude citée, comme d'autres, montre toute l'attention portée à l'artisanat syrien, patrimoine vivant d'une nation et âme d'une culture plurimillénaire et immortelle… Aussi quand ce patrimoine connaît des difficultés, comme aujourd'hui en ces temps de guerre, les pouvoirs publics en symbiose avec les organisations professionnelles et culturelles se montrent-ils vigilants et par leur action affirment leur détermination à assurer à cet artisanat toute la vitalité et le dynamisme nécessaires à sa pérennité… C'est le sens profond de cette exposition : "Homeland's Memory".               

Cette visite de l'exposition à la Citadelle ne pouvait que nous inciter à découvrir ou retourner ailleurs dans Damas à la rencontre de la richesse de cet artisanat… Des lieux que les lecteurs de cet article se feront également une joie de découvrir… le palais Azem pour ses superbes collections… l'envie d'acheter des produits aussi beaux qu'utiles répondant aux goûts de chacun nous conduira ensuite au marché artisanal jouxtant la Takiya as-Soulaymaniya [جامع التكية السليمانية], puis de rue Droite [الشارع المستقيم] à la rue Hanania [الشارع حنانيا]… Ceux qui seront moins attachés à la rareté et l'exclusivité des produits trouveront leur bonheur à bien moindre prix au souk al-Qabaqbieh [سوق القباقبية] et son prolongement vers la rue el-Noufara [الشارع النوفرة]… et en de très nombreux autres points dans Damas.


























L'art de la poterie reste très vivace


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« Si la population de Damas aime sa ville d’un amour réel mais non défini, il faudra lui faire prendre conscience de toutes les richesses qu’elle renferme, richesses artistiques et historiques que représente cet ensemble unique de monuments, alliant grandiose romain au charme efféminé du XVIIIe s. en passant par la pureté et le rigorisme des monuments arabes du XIIème au XIVème siècles.

Il faudra que les habitants de DAMAS se rendent compte qu’une citadelle de SALAH ED DINE, comme celle de DAMAS vaut bien un LOUVRE de PARIS et qu’elle doit [...] servir à la mise en valeur de la ville en rentrant dans la vie propre de DAMAS non comme des pièces archéologiques mais comme une partie toujours vivante de la Nation. » [les majuscules sont celles d'Écochard]
Michel Écochard, Plan directeur de Damas (1936), rapport justificatif, Préambule 


En allant vers la Citadelle, depuis le souk Hamidiyé : les remparts, Saladin…


Cette visite de l'exposition était aussi une occasion de découvrir la Citadelle et de nous intéresser à son très ancien passé… Venant du souk Hamidiyé, nous découvrons face aux remparts ouest la statue équestre de Saladin… 



Située à l'angle nord-ouest de la vieille ville, la citadelle de Damas [قلعة دمشق] est loin d'être aussi imposante que son homologue d'Alep [حلب]. Elle a été construite sur un terrain plat sans défenses naturelles et bordée par la rivière Barada [نهر بردى] au nord.


Vers l'entrée nord de la Citadelle, anciennes maisons au bord de la Barada


La Citadelle de Damas a été construite sous le chef de guerre turkmène, gouverneur de Damas, Atsiz ben Aûq al-Khwarizmî [أتسز بن اوق الخوارزمي] en 1076, sur le site d'un ancien castrum ou camp militaire romain. Les fortifications n'ont pu être achevées au cours de son gouvernorat mais sous le suivant, celui de Taj ad-Dawla (Tutuş) [تاج الدولة أبو سعيد]. La Citadelle a été agrandie et modifiée plusieurs fois au cours des siècles suivants, et a dû être restaurée après de nombreux sièges par les Croisés et les armées musulmanes rivales.

Après plusieurs tentatives infructueuses, Nour ad-Din Mahmûd el Mâlik al Adil [نور الدين "الملك العادل" محمود بن زنكي] s'empare de Damas en 1154 et établit sa résidence en la Citadelle. Pendant son règne il apporte des améliorations significatives aux fortifications de la ville ainsi que des restaurations s'imposant après le tremblement de terre de 1170.


Damas à l'époque abbasside (XIIe siècle)

Peu de temps après la mort de Nour ad-Din [نور الدين] en 1174, Damas a été prise par Salah al-Din Yousef Bin Ayoub [صلاح الدين يوسف بن أيوب]. Saladin [صلاح الدين] a ajouté une tour à la citadelle et a restauré ses bâtiments résidentiels. La mort de Saladin  en 1193 ouvre une période d'instabilité. Al-Aadil Seif al-Din Abu Bakr Bin Ayoub [العادل سيف الدين أبو بكر بن أيوب] réussit finalement à s'assurer le contrôle de Damas en 1200. Al-Aadil Sayf ad-Dîn [العادل سيف الدين] reconstruit la citadelle entre 1203 et 1216, en réponse aux tremblements de terre en 1200 et 1202 mais surtout par la nécessité de s'adapter aux progrès de la guerre de siège nécessitant des défenses renforcées. Al-Aadil Sayf ad-Dîn  meurt en 1218, et la ville souffre d'une nouvelle période d'instabilité et de luttes de pouvoir pendant plusieurs décennies.

En 1260 les Mongols conquièrent Damas et démantèlent en grande partie ses défenses.  Plus tard dans la même année, ils sont vaincus par les Mamelouks. La citadelle est reconstruite sous Al-Malik az-Zâhir Rukn ad-Dîn Baybars al-Bunduqdari (Baybars) [الملك‭ ‬الظاهر‭ ‬ركن‭ ‬الدين‭ ‬بيبرس‭ ‬البندقداري]. À nouveau la citadelle est assiégée  par les Mongols en 1300 et subit d'importants dommages sur son pan oriental. Tout au long du 14ème siècle, les rivalités de pouvoir entre Le Caire (Égypte) et Alep [حلب] sont l'occasion de plusieurs autres sièges de Damas. De nouvelles destructions ont été infligées à la citadelle en 1400-1401, lorsque la ville est une fois de plus assiégée par les Mongols. Après que la tour nord-ouest eût été abattue, la garnison s'est rendue. Les défenseurs de la citadelle ont été massacrés et alors que la mosquée des Omeyyades (الجامع الاموي) était incendiée. Les dégâts n'ont pas été réparés avant 1407.  D'autres restaurations ont eu lieu fin du 15e et début du 16e siècle.

Les Ottomans ont contrôlé Damas une grande partie du 16ème siècle, et leur infanterie a occupé la citadelle une grande partie de cette période. Alors que l'ère ottomane s'est caractérisée par une relative stabilité, un conflit occasionnel entre les troupes ottomanes, les gouverneurs de la ville et les habitants du Damas a causé de nouveaux dommages à la Citadelle. Un tremblement de terre en 1759 a endommagé les murailles ouest tandis qu'elles s'effondraient au sud. Ces dommages ont été réparés dès 1761. En 1860, les réfugiés chrétiens qui avaient fui le Liban vers Damas ont cherché refuge dans la citadelle lors des tensions sectaires et les massacres visant les chrétiens. Des voyageurs européens ont rapporté que les défenses de la citadelle étaient en bon état apparent en 1895 mais que les structures internes étaient en ruine. La citadelle a été utilisée en tant que caserne et prison par les autorités ottomanes jusqu'à l'arrivée des forces alliées vers la fin de la Première Guerre mondiale, affectation qu'elle a gardée sous le Mandat français puis jusqu'en 1986.

Tout au long de la dernière décennie la citadelle a connu des restaurations mais la plupart de l'intérieur reste en ruine. L'intérieur de l'enceinte est parfois ouvert aux visiteurs, mais un circuit autour des murs extérieurs donne la meilleure impression des fortifications. La tour sud-ouest, à l'entrée de Souq al-Hamidiyeh [سوق الحميدية], est peut-être la plus remarquable des douze tours rescapées. La tour nord-ouest, datée une inscription de 1209, est la plus haute avec ses 21 mètres. En dépit de nombreuses modifications et d'une utilisation permanente au cours des périodes mamelouke, ottomane et moderne, la masse de la citadelle d'al-'Adil est restée intacte… La Citadelle de Damas était une ville dans la ville. Des vestiges des forteresses des Romains et des Seldjoukides subsistent encore aujourd'hui, de même que certaines fortifications de Nour al-Din Mahmoud bin Zangi (1174) même si ellle  a été entièrement reconstruite par al-Malik al-'Adil Sayf al-Din Abou Bakr au cours des années 1201-1214.

L'entrée orientale de la citadelle, construite sous le règne d'al-Aadil Sayf ad-Dîn [العادل سيف الدين], comporte une passerelle ornée de mouqarnas [مقرنص] conduisant à une incroyable salle en dôme soutenue par quatre colonnes massives. C'est dans cette partie orientale que se tenait l'exposition "Homeland's Memory".


La porte au nord de la Citadelle, la plus stratégique… et la seule accessible actuellement






Les recherches archéologiques sur la citadelle de Damas, conduites de 2000 à 2006 sous la direction de Sophie Berthier dans le cadre d’un programme franco-syrien en collaboration avec la Direction générale des Antiquités et des Musées de Syrie (DGAMS), ont profondément renouvelé la vision de l’évolution du grand monument, qui fut dans la seconde moitié du XIIe et dans la première du XIIIe siècle le centre du pouvoir zenghide puis ayyoubide. La parution d’une monographie dédiée au mobilier militaire issu des fouilles (D. Nicolle), la préparation d’une synthèse des recherches céramologiques (V. François), et une série d’articles sur l’étude archéologique des portes de la citadelle (A. Hartmann-Virnich) s’inscrivent dans un projet éditorial d’envergure dont la mise en œuvre a toutefois été retardée, puis entravée depuis 2011 par une situation politique défavorable. De ce fait, la réalisation du projet reste un des enjeux majeurs des années à venir, après la guerre.


Un magnifique reportage sur les machines de guerre médiévales de la Citadelle de Damas en Syrie,
reconstituées par Renaud Beffeyte et Armedieval



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‘Homeland’s Memory’ exhibition in Citadel of Damascus 
 
Principal site de référence pour Damas : DAMAS/DIMASHQ (Syrie)

La Citadelle de Damas

Citadelle de Damas/Qal’at Dimashq

Museum With No Frontiers (MWNF) - Discover Islamic Art : La Citadelle de Damas

Mohamed Berriane : Tourisme, culture et développement dans la région arabe, Unesco 1999

Extrait du rapport “Culture, tourisme et développement, le cas de la Syrie” (1996) adressé à l’Unesco par Samir ABDULAC, docteur en urbanisme et architecte DPLG

Le tissu de coton pour Aghabani

Le mobilier en bois incrusté en nacre ou mossaddaf

Boutique des Artisans de Damas

Giovanni Fine Art, rue Hanania

Laboratoire d'Archéologie médiévale et moderne en Méditerranée : La Citadelle de Damas

Mathieu Eychenne : Toponymie et résidences urbaines à Damas au XIVe siècle




Le Palais Azem et le Musée des Arts et Traditions populaires



Le Palais Azem [Qasr al-Azem- قصر العظم] est la plus célèbre et impressionnante des résidences historiques de Damas. C'est Assad Basha al-Azem [أسعد باشا العظم], gouverneur ottoman de Damas de 1743 à 1757, qui en 1749 se fit construire cette magnifique résidence sur les fondations d'un ancien palais bâti sous le gouverneur mamelouk Tankiz [تنكيز] (1312–1340) - certains vestiges du palais de Tankiz ont été confiés aux collections du Musée national [المتحف الوطني].




Assad Basha al-Azem [أسعد باشا العظم] appartenait à l'influente famille al-Azem [العظم] qui a gouverné plusieurs villes au Liban et en Syrie durant le XVIIIe siècle. Avant d'hériter à la mort de son père en 1743 du poste de gouverneur de Damas, Assad Basha al-Azem [أسعد باشا العظم] résidait à Hama [حماة] où il avait déjà bâti un palais. Les autorités ottomanes étaient particulièrement attentives aux actes du gouverneur de Damas dont elles attendaient qu'il garantisse la sécurité des caravanes du pèlerinage qui chaque année se dirigeaient vers La Mecque et Médine, une mission d'une importance majeure pour le sultan ottoman. C'est pour l'accueil de ces caravanes que Assad Basha al-Azem décida de la construction, à proximité de son palais, d'un khan, le Khan Assad Basha [خان اسعد باشا] - ces obligations et attentions envers les pèlerins musulmans n'empêchèrent point que sous le gouvernorat d'Assad Basha al-Azem  la population chrétienne connut une certaine prospérité. Cependant au fil des années la relation d'Assad Basha al-Azem avec les autorités ottomanes se dégradèrent jusqu'à sa destitution en 1757 puis son exécution, accusé de négligences lors d'une attaque bédouine contre une caravane de pèlerinage…

Alors que vers 1830 le Palais Azem avait été partiellement reconstruit… vint la Grande Révolte syrienne [الثورة السورية الكبرى] conduite par Sultan al-Atrach. La ville de Damas est bombardée pendant trois jours par les troupes du général Gamelin - celui-là même qui par son incompétence sera l'un des principaux responsables du désastre militaire français en mai 1940 et à qui DeGaulle devra en avril 1940 sa promotion au grade de général à titre temporaire ! -. Un incendie embrase le 20 octobre 1925 une zone de 45 000 mètres carrés, le périmètre de l'actuel district "al-Hariqa" [الحريقة]. Situé dans ce périmètre, le Palais Azem est lourdement endommagé. "Al-Hariqa" [الحريقة], La Brûlée s'inscrira définitivement dans la mémoire collective des Damascènes ! Les travaux remarquables et toute la sollicitude de Michel Écochard pour Damas et cette Syrie qu'il aima tant n'y changeront rien…

L'architecte Michel Écochard arrive en Syrie en 1930 pour travailler au service des Antiquités. Il se forme aux disciplines archéologiques et acquiert une remarquable connaissance de la ville antique de Damas. Il étudie et réalise alors plusieurs projets d'architecture. Parmi ses réalisations, près de la Takiya al-Soulaymaniya, le Musée national, musée archéologique… et, dans la vieille ville, la rénovation du Palais Azem, siège de l'Institut français d'Archéologie… En 1951 le gouvernement syrien achète la résidence et l'ouvre en tant que musée trois ans plus tard.

Situé dans le district "al-Hariqa" [الحريقة], la Brûlée, le palais Azem fut lourdement endommagé par l'artillerie française en 1925

Nous voilà donc baignant émerveillé au sein cette autre splendeur de la vieille ville de Damas, le Palais Azem, joyau de l'architecture arabo-ottomane. La construction du palais a combiné une variété de pierres, calcaire, grès, basalte, marbre, offrant des contrastes naturels à l'aspect de la structure. Le Palais Azem abrite le Musée des Arts et Traditions populaires [متحف التقاليد الشعبية والصناعات اليدوية]…

Très vite nous en saisissons l'organisation en deux espaces bien distincts, le salāmlik, réservé aux hommes et donc plutôt public, et celui voisin, le ḥaramlik, réservé aux femmes et donc jadis privé.





Le visiteur pénètre donc dans le palais par le salāmlik… pour découvrir une grande cour bordée d'arbres, rafraîchie par plusieurs fontaines et des pergolas ombragées de vigne et de jasmin… Dans ce salāmlik sont regroupées la plupart des salles, toutes ornées de plafonds en bois peint présentant des scènes naturelles et affichant chacune selon son thème une collection d'objets domestiques et décoratifs fins ainsi que des meubles des XVIIIe et XIXe siècles. Nous découvrirons ainsi une salle de classe reconstituée d'une médersa, une salle dédiée aux instruments de musique, une salle de réception, la chambre de la mariée, celle de la belle-mère, la chambre du roi Fayçal, la salle du pèlerinage, le café populaire, la salle des armes, le hammam ainsi que la grande salle de réception. Un éblouissement qui de salle en salle ne s'éteint jamais…

Le ḥaramlik, ou aile familiale, est situé dans la partie sud du complexe et était un espace privé pour les familiers de la maison. Cette aile comprend la cuisine, les quartiers de serviteurs, et les bains, qui sont une réplique des bains publics dans la ville mais sur une plus petite échelle. Du côté du ḥaramlik, on peut visiter l'atelier des tisserands, celui des artisans, des souffleurs de verre ainsi qu'une vaste collection de costumes traditionnels de toutes les régions de Syrie.

Comment après cette visite ne pas se sentir imprégné de culture syrienne, plus particulièrement damascène ? Il sera alors bon de retourner flâner et rêver dans la cour, sous la verdure, et bercés du chant des oiseaux se laisser emportés près de trois siècles en arrière…


















Au café populaire


La chambre de la belle-mère


La chambre de la mariée


À la médersa, toute la fierté du nouveau diplômé !


Le palais Azem : entre splendeur et misère in Renaud Avez : L’Institut français de Damas au Palais Azem (1922-1946) à travers les archives chapitre II

Sabbagh Carine, « Damas, la reconnaissance patrimoniale en question », Autrepart, 1/2005 (n° 33), p. 71-88.

Facebook : Palais Azim

Pour l'Histoire :
Anne Bruchez : "La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères"

École spéciale militaire de Saint-Cyr (ESM) et École militaire interarmes (EMIA) : L'Armée française et la Grande Révolte druze (1925-1926)

Prise de Damas en 1920 par le général Goybet : Récit d'Henri Goybet ; Presse du Monde et reportage de l'Illustration



Le Khan Asa'ad Bacha et le souk al-Bzouriyeh



"Au milieu du Bazar de Damas, je trouve le plus beau kan de l'Orient, le kan d'Hassad-Pacha. C'est une immense coupole dont la voûte hardie rappelle celle de Saint-Pierre de Rome ; elle est également portée sur des piliers de granit. Derrière ces piliers sont des magasins et des escaliers conduisant aux étages supérieurs où sont les chambres des négociants. Chaque négociant considérable loue une de ces chambres, et y tient ses marchandises précieuses et ses livres. Des gardiens veillent jour et nuit à la sûreté du kan ; de grandes écuries sont à côté pour les chevaux des voyageurs et des caravanes ; de belles fontaines jaillissantes rafraîchissent le kan ; c'est une espèce de bourse du commerce de Damas. La porte du kan d'Hassad-Pacha, qui donne sur le bazar, est un de ces morceaux d'architecture moresque les plus riches de détail et les plus grandioses d'effet que l'on puisse voir au monde. L'architecture arabe s'y retrouve tout entière. Cependant ce kan n'est bâti que depuis quarante ans. Un peuple dont les architectes sont capables de dessiner et les ouvriers d'exécuter un monument pareil n'est pas mort pour les arts…"
Alphonse de Lamartine : "Voyage en Orient", 1833




Sortis du palais Azem, étourdis après cette chute dans un passé somptueux, nous sommes brusquement replongés dans le présent… Nous nous arrêtons un instant à l'angle du souk al-Bzouriyeh [سوق البزورية]… Nous nous régalons d'un grand verre de jus de grenade… Juste le temps de reprendre nos esprits et d'un retour dans le réel. Dilemme. Prendre à droite vers le nord et la mosquée des Omeyyades [الجامع الاموي] ou nous aventurer et nous perdre dans les allées du souk al-Bzouriyeh ?… Un franc retour dans le réel s'impose, aussi nous marquerons un temps avant la visite de cette autre merveille qu'est la mosquée des Omeyyades… Nous nous engageons vers le sud, les sens saisis par les couleurs et senteurs d'une multitude d'échoppes… Là, épices à profusion, miels succulents, bonbons et friandises acidulées de toutes formes et couleurs… Boutiques d'apothicaires avec leurs improbables remèdes et gris-gris… Savons d'Alep et autres cosmétiques…


L'entrée du souk al-Bzouriyeh [سوق البزورية], au niveau du Palais al-Azem…
en poursuivant notre chemin nous trouvons sur la gauche le Khan Asa'ad Bacha,  puis le Hamman Nour ed-Din

C'est dans cette allée centrale du souk al-Bzouriyeh que se présente le porche du khan Assad Basha [خان اسعد باشا]… ce caravansérail construit en 1752 par Assad Basha al-Azem [أسعد باشا العظم] près de son palais. Ce khan devait d'abord accueillir les caravanes de pèlerins se rendant à La Mecque puis également les autres voyageurs et caravanes commerciales…
On entre dans le khan Assad Basha (خان اسعد باشا), sur son côté ouest, par une porte monumentale ornée de sculptures de pierre et mouqarnas. Le khan est construit sur un plan carré et une grande cour centrale couverte de huit dômes. Autour, deux étages à galerie avec chambres, à l'origine quatre-vingt, pour l'accueil des voyageurs. Le khan s'étend sur 2 500 mètres carrés. Ses murs affichent des bandes alternées de basalte noir et de calcaire blanc. Récemment restauré et site du patrimoine culturel syrien, le complexe offre en permanence une buvette autour de la grande fontaine toujours jaillissante au centre de la cour. Souvent y sont présentés des expositions d'art et d'autres événements culturels.















Carnet de voyage en Syrie, avril 2018