Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

mercredi 26 août 2015

Le Krak des Chevaliers [قلعة الحصن ]


Lors d'une visite au Krak des Chevaliers, le dimanche 2 août 2015, le ministre du tourisme, Bachir Riad Yaziji, a annoncé la réouverture officielle du site au tourisme. Espérons que les visiteurs afflueront nombreux, et pas seulement les touristes nationaux…

Dimanche 2 août 2015, le ministre du tourisme en visite au Krak des Chevaliers annonce sa réouverture aux visites


D'abord un fortin, construit en 1031 par l'émir de Homs et habité par une garnison de Kurdes, ce château fut considérablement agrandi par les Chevaliers hospitaliers et doté de fortifications extrêmement complexes… C'est après son occupation par les Hospitaliers que le château-fort fut nommé "Krak des Chevaliers",  un nom "krak" qui provient sans doute de son appellation d'origine, Hisn al-Akrad, le "fort des Kurdes".  Le Krak des Chevaliers (Qal'at al-Ḥiṣn : قلعة الحصن  ou le fort des Chevaliers : حصن الفرسان‎) conserva avec les Hospitaliers, grâce à sa situation, une forte valeur stratégique : il a toujours contrôlé l'importante trouée de Homs, point obligé de passage entre la côte et l'intérieur du pays. Pour son emplacement stratégique, ce site fut sans doute occupé dès le XIIIe siècle av. J.-C. par les Égyptiens, sous Ramsès II, durant leurs guerres contres les Hittites, dont le point culminant est la célèbre bataille de Qadesh (Tall Nebi Mend).  


Le Krak des Chevaliers vu depuis le monastère orthodoxe Saint Georges d'al-Mishtayeh


Le Krak des Chevaliers (Qal'at al-Ḥiṣn : قلعة الحصن  ou fort des Chevaliers : حصن الفرسان )






Une partie du butin des terroristes, prêt à être vendu…



















قلعة الحصن - حمص

Robert Fisk: Syria's ancient treasures pulverised

Sana (3 août 2015) : Krak des Chevaliers re-opens for tourists

Cities and towns during the Syrian Civil War 




lundi 24 août 2015

À Mhardeh [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…



De petites routes de campagne, avec des oliviers à perte de vue, conduisent à Mhardeh


L'église orthodoxe Saint Georges de Mhardeh


Le château de Shayzar [قلعة شيزر] qui domine Mhardeh et la vallée de l'Oronte… Les hivers sont rigoureux dans la région…
Au XIIe siècle Qalaat Shayzar fut un point fort de la ligne de front arabe contre les Croisés.


En été les bougainvilliers, jamais aussi beaux que lorsqu'ils ont chaud et soif,
attestent par leur floraison splendide des températures torrides…


Le parvis de l'église Saint Georges


Pressons-nous, pour l'office du soir à l'église Saint Georges ?…


Après l'office, "Abouna" adresse tout spécialement à ses visiteurs quelques mots aimables de bienvenue…






La chorale de l'église Saint Georges…


Avec Abouna George Shibly,  sur le parvis de l'église, après l'office…


Après l'office, sur le parvis de l'église [photo Dominique Jourdain]




Mhardeh est connue pour la qualité exceptionnelle de son raisin…
Chaque maison a sa treille, rouge ou blanc, le raisin y est toujours délicieux…
Nous pouvons l'attester : accueillis dans une villa pour une dégustation de raisin…

Et pour terminer la soirée, invitation à la célébration de mariages… La fête est joyeuse, sans retenue… On s'adresse des vœux, on trinque, on mange, on chante, on danse…

Au bord de la piscine, après les jeux des enfants de l'après-midi, succèderont pour toute la nuit les célébrations de mariages



















La fête continuera toute la nuit… nous la quitterons vers deux heures du matin pour rejoindre, à vingt kilomètres de là, notre hôtel à Masyaf…

Le pont romain (10 arches) sur l'Oronte à Mhardeh [photographié en 2010]
En août 2015 ce pont, à 2 kms du cœur de la ville, marque l'une des multiples lignes de front contre les takfiris

Pendant que les uns s'adonnent à la fête, mangent, boivent, chantent, dansent… d'autres prennent leur tour de garde territoriale près des rives de l'Oronte [نهر العاصي‎ Nahr al-ʿAsi en arabe, autrement dit : "le fleuve Rebelle"], à moins de deux kilomètres de là, sur l'une des multiples lignes de front de Syrie… De la fête ou de garde aujourd'hui, tous, hommes et femmes ont participé à de longues heures d'entraînement au maniement des armes… autant qu'ils auront répété avec la chorale de l'église…


Situation de Mhardeh (M)  par rapport au Ghab













"Al-Qadmus Masyaf Muhradah"  (source : Google-itouchmap)








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Les Mhardaouis sont de véritables héros !

"Nous vivrons comme des lions ou nous serons sacrifiés…"

Mhardeh, petite bourgade de 20 000 âmes à deux heures de Homs, est depuis 2012 assiégée par les djihadistes d'al-Nosra. Une seule route permet d'accéder et d'entrer dans cette petite ville ancrée à flanc de colline surplombant l'Oronte.

Malgré la vulnérabilité de son accès et la proximité d'al-Nosra la population de Mhardeh, chrétienne, refuse de quitter son chez-elle. Alors depuis cinq ans, roquettes après roquettes, la ville est bombardée au quotidien. Certaines explosent pour ne faire que des dégâts minimes, d'autres tuent et blessent, chacune ayant assez de puissance pour faire plusieurs dizaines de victimes.

Simon, un héros de Mhardeh

C'est grâce à l'initiative de l'un de ses habitant, Simon Aw Wakil que la ville s'est défendue… En 2012 l'un des fils de Simon Aw Wakil ainsi que l'un de ses amis se font capturer, à Alep, par les membres de l'ASL (Armée Syrienne Libre). En captivité, ils font office de traducteurs français-arabe. Durant 40 jours de calvaire ils assistent aux décapitations des soldats de l'Armée Arabe Syrienne (AAS), leurs frères d'armes, avec qui ils défendaient leur pays et ses valeurs.

Ils resteront quatre mois otage des islamistes. Simon Aw Wakil alors entrepreneur des ponts et chaussées, décide de vendre tous ses biens pour payer la rançon des deux jeunes gens. Son fils et son compagnon de captivité enfin libérés, Simon avec l'argent dont il dispose encore achète des armes, du matériel et des uniformes et ainsi équiper les volontaires qui se pressent pour la défense de leur ville sous le feu des islamistes.

En sous effectifs, l'Armée Arabe Syrienne s'étant un temps retirée donne son agrément à cette milice avant de revenir renforcer les lignes. Ainsi Mhardeh, cette ville chrétienne résiste aux assauts répétés des milliers de djihadistes massés non loin, parfois à moins de 200 mètres. Le 18 janvier 2017, Simon sort miraculeusement vivant d'une tentative d'assassinat à la voiture piégée. Après tant d'années à combattre, sa détermination n'est pas entamée. Simon, le talkie-walkie toujours à la main, ne compte plus les allers-retours à sa fenêtre. À chaque explosion il se lève, écoute et veille.

Mhardeh, très vite de petite ville de province devient un verrou stratégique sur la ligne de front qui ouvre sur la province de Hama, de Idlib jusqu'à la frontière turque. Si Mhardeh tombait, les djihadistes débouleraient jusqu'à Wadi al-Nasara, la vallée des chrétiens.

(mise à jour janvier 2017)


Mhardeh, ville chrétienne à la merci d’Al-Nosra

Cities and towns during the Syrian Civil War 




Opération « détruire l’héritage culturel du Moyen-Orient »... au Yémen, après l'Irak et la Syrie


L'objectif du mondialisme franc-maçon est de détruire l'héritage culturel des peuples… On comprendra ainsi toute l'indulgence dont bénéficient les islamistes… alliés objectifs du mondialisme dans cette volonté d'effacer toutes traces des racines des peuples…


Après les destructions systématiques des sites historiques de l’Irak et de la Syrie, le patrimoine culturel du Yémen est pris pour cible. À croire que les conflits armés au Moyen-Orient ne visent qu’un seul objectif : raser la mémoire plusieurs fois millénaire de cette partie du monde, pour ne garder qu’une terre témoin de sang et d’horreur.

Des dizaines de milliers d’œuvres dont certaines inscrites au patrimoine mondial de l’humanité ont été détruites, endommagées ou pillées… Un raid sur la vieille ville de Sanaa a détruit des bâtiments d’avant le XIe siècle.

Un raid sur la vieille ville de Sanaa a détruit des bâtiments d’avant le XIe siècle 1/2


Un raid sur la vieille ville de Sanaa a détruit des bâtiments d’avant le XIe siècle 2/2

« Les pillages et les destructions des sites archéologiques ont atteint une échelle sans précédent. » Selon un rapport de l’Organisation des Nations Unies basé sur des images satellites, près de 300 sites du patrimoine culturel syrien ont été détruits, endommagés ou pillés. En Irak, la liste n’en finit pas de s’allonger : Mossoul, Assour, la cité antique de Hatra, les ruines de Nimrud (XIIIe siècle avant J.-C.), la citadelle de Tal Afar, ou encore Samarra, la capitale du califat abbasside, sont saccagées au marteau-piqueur ou à coups de bulldozers et d’explosifs. Et depuis des mois, l’héritage historique de l’Arabia Felix (Arabie heureuse, surnom qui n’est plus d’actualité, évidemment...) est ravagé par la violence du conflit armé opposant les Houthis à la coalition arabe menée par l’Arabie Saoudite.

Les informations reçues par l’Unesco à Beyrouth font état d’importants dommages affectant des zones inscrites au patrimoine mondial de l’humanité, notamment à Sanaa, Shibam, Saada et Zabid, ainsi que le site archéologique de la ville préislamique de Baraqish.

Un musée à ciel ouvert en péril

Considérée comme un des plus anciens joyaux du paysage urbain islamique, la vieille ville de la capitale Sanaa n’a pas été épargnée. Les raids aériens ont atteint de plein fouet le quartier al-Qassimi, dont les célèbres maisons-tours en pisé, richement festonnées de motifs géométriques en brique et en blanc de chaux, sont « un témoignage unique de l’architecture d’avant le XIe siècle ». Plusieurs de ces habitations se sont effondrées. De même, le secteur historique d’al-Owrdhi, abritant des hammams et des caravansérails, une centaine de minarets et de coupoles datant de l’ère ottomane, a subi « des dégâts irréparables ». L’organisation onusienne a inscrit la vieille ville de Sanaa sur la liste du patrimoine en péril.

La Manhattan du désert

La sonnette d’alarme a été tirée pour un autre site inscrit au patrimoine mondial depuis 1982 : la vieille ville fortifiée de Shibam, surnommée la « Manhattan du désert », en raison de ses impressionnants bâtiments en brique crue, élancés sur sept étages. Édifiée sur un éperon rocheux dans la vallée de Hadramaout, elle est restée identique depuis sa fondation au XVIe siècle. « D’une valeur universelle exceptionnelle », selon les termes de l’Unesco, elle offre « l’un des plus anciens et des meilleurs exemples d’un urbanisme rigoureux fondé sur le principe de la construction en hauteur ».


Shibam, la Manhattan du désert, menacée par le conflit

Le plus grand barrage de l’antiquité

Par ailleurs, les photos postées sur le web par les blogueurs et l’Institut allemand d’archéologie montrent le barrage de Marib, construit au VIIIe siècle avant J.-C., quasi pulvérisé par un bombardement. Ancienne capitale du royaume de Saba, Marib est un des sites antiques majeurs du Yémen et de la péninsule Arabique. Outre les monuments culturels, tels la colonie de Wadi Ghufaina et le temple Awam et sa nécropole, la cité renferme les vestiges du plus grand barrage de l’antiquité. Avec ses vannes monumentales en forme de tours de vingt mètres de haut sur cent de large, il est considéré comme l’une des merveilles de l’ingénierie.

Rien que de la poussière... Scène de dévastation aussi à Dhamar, capitale d’un des gouvernorats au sud de Sanaa, où une explosion a causé la destruction du Musée national et réduit en poussière plus de 10 000 objets archéologiques de la civilisation himyarite. Des centaines de stèles, de brûle-encens et d’éléments d’architecture portant des inscriptions en sabatéen sont à jamais perdus. Ces pièces avaient été documentées et archivées par des spécialistes italiens de l’université de Pise.

De Zabid à Saada, les stigmates de la guerre

D’une valeur historique inestimable, Zabid, capitale du Yémen du XIIIe au XVe siècle, a également subi les dommages collatéraux du conflit armé. Classé au patrimoine mondial en 1993, le site qui offre un ensemble homogène d’architecture domestique et militaire, de minarets et un réseau de rues étroites, porte aujourd’hui les stigmates de l’éprouvante guerre.
Détail d’architecture de la ville historique de Zabid, classée patrimoine mondial 1/2 (photo Martin Hartley)


Détail d’architecture de la ville historique de Zabid, classée patrimoine mondial 2/2 (photo Martin Hartley)

À Taez, la troisième ville du Yémen, occupée par les combattants, la forteresse médiévale d’al-Qahira (Le Caire) a été bombardée par les frappes de la coalition militaire. Et à Wadi Farda, au nord-ouest du Yémen, les vestiges de Baraqish, ancienne cité minéenne préchrétienne, ont été également touchés. Non loin de la frontière d’Arabie Saoudite, à Saada, base principale et bastion des Houtis, les maisons millénaires en pisé, finement décorées à la chaux, et les minarets centenaires ont été sérieusement endommagés par des bombardements. Au-delà des dégâts collatéraux, la destruction intentionnelle de tombes anciennes a été également signalée pour la première fois dans la région de Hadramaout, en juillet.
À Taez, la forteresse médiévale d’al-Qahira bombardée

En bref, ce tableau désespérant donne la mesure de la menace qui plane sur un patrimoine qui a livré « un témoignage exceptionnel de la grandeur de la civilisation islamique » et qui est « dépositaire de l’identité, de l’histoire et de la mémoire de la population yéménite », a affirmé la directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova. Mais les appels qu’elle a lancés à toutes les parties pour tenir cet héritage hors de portée des conflits sont restés lettre morte.
May MAKAREM


Source : L'Orient le Jour : Opération « détruire l’héritage culturel du Moyen-Orient »...