Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 13 juillet 2012

Bangkok : suicide, mode d'emploi… faire-part sur Facebook… mais information tronquée…




Aimer la vie c'est aussi ne pas en être prisonnier


Une information qui tombe à pic pour un billet d'un vendredi 13… Est-ce une première sur Facebook ? En tout cas l'information est largement répercutée… Pour une nouvelle convivialité ? Un Espagnol de 37 ans résidant à Bangkok s’est suicidé tôt ce jeudi matin, informant en direct ses amis du réseau social Facebook de sa décision…

Juan Andres Medin Pineiro a été retrouvé mort devant l’écran de son ordinateur qui affichait sa page Facebook, avec près de lui un verre de bière agrémentée de poison. D’après le lieutenant-colonel de police Apichan Swasdibutra, l’homme avait posté un message sur le réseau social, disant qu’il souhaitait mourir, et qu’il s’excusait auprès de ses collègues de travail de ne plus pouvoir les aider. Certains de ses amis, mis en direct au courant du suicide, se sont précipités vers l’appartement de l’Espagnol qui ne répondait pas. Ils ont alors appelé la police, puis enfoncé la porte de la chambre où ils ont trouvé le corps sans vie de Juan Andres Medin Pineiro. Juan Andres travaillait dans une société de téléphonie mobile et habitait à un 10ème étage sur l’avenue Ratchadaphisek à Bangkok. Une enquête de police est en cours pour connaître les raisons du suicide.

L'information est certes intéressante… Mais, hormis le mauvais goût, au propre comme au figuré, de finir devant un verre de bière, un choix d'alcools tellement plus savoureux pouvant s'offrir pour cette ultime occasion - même aux condamnés à la guillotine, on n'a jamais proposé de la bière -,  l'information la plus intéressante, la seule qui mériterait attention n'a pas filtré : quel était ce poison si efficace ? Quand donc les journaleux se décideront-ils à faire un vrai travail sérieux d'information ?

Spaniard kills self while on Facebook




mercredi 11 juillet 2012

TF1 ressuscite la voix de Merah : Dérapage ou manipulation ?



Le Quotidien d'Oran : TF1 ressuscite la voix de Merah : Dérapage ou manipulation ?

par Moncef Wafi




Et si TF1 avait été manipulée ? La diffusion par la chaîne française d'extraits de discussions entre Mohamed Merah et la police française pourrait n'être, en fin de compte, qu'un grossier montage orchestré par les barbouzes français pour se défendre de l'assassinat du tueur de Toulouse et de Montauban, thèse défendue par Me Zahia Mokhtari, l'avocate algérienne de Mohamed Benalal Merah, le père de Mohamed.

Ainsi, au moment où la défense de ce dernier se mettait en place et que Me Mokhtari déclarait, depuis plusieurs semaines, qu'elle allait se déplacer à Paris pour remettre à la justice deux vidéos et des documents photos prouvant, selon elle, que Mohamed a été «liquidé pour ne pas parler», l'affaire TF1 éclate. «Nous disposons de deux vidéos et des documents photos ainsi que des témoignages attestant que Mohamed Merah a été liquidé et que les forces de l'ordre aurait pu arrêter pour s'expliquer. Je remettrai cela à la justice française, le 12 ou le 13 juillet», a déclaré l'avocate qui est attendue vendredi dans le bureau du juge parisien qui instruit la plainte contre X, déposée par le père.

Selon une transcription de ces vidéos, publiée le 12 juin par un journal algérien, Mohamed Merah aurait affirmé avoir découvert durant le siège de son appartement qu'un homme qu'il croyait être son ami était en réalité un agent des services français qui l'aurait manipulé. Coïncidence ou timing choisi pour court-circuiter la défense, il n'en demeure pas moins que les extraits « choisis » par l'émission « Sept à Huit » remettent en cause la ligne de défense pour laquelle a opté l'avocate mandatée par le père Merah, pour poursuivre le Raid en justice pour assassinat. L'avocate a qualifié, hier, cette diffusion de «pièce de théâtre» et s'est dite «étonnée par le timing choisi», en estimant que «des personnes dans l'ombre s'agitaient». La diffusion de ces extraits où l'on entend expliquer ses crimes a, comme attendu, suscité l'indignation des familles des victimes du tueur au scooter et des politiques, sans pour autant appeler à soulever les questions qui entourent cette « fuite » organisée. Pour sa part, la directrice de l'information du groupe TF1, Catherine Nayl, s'est justifiée par la teneur informationnelle de ces minutes diffusées, sur quatre heures et demie d'enregistrements, pour «démontrer la façon dont les hommes du Raid ont négocié». «Je pense que ce document prouve que jusqu'au bout les négociateurs ont essayé d'arrêter Mohamed Merah et de l'arrêter vivant», a-t-elle expliqué.

La chaîne télévisée, connue pour être proche de la droite française, s'érige en véritable défenseur de la cause des policiers justement remis en cause par Me Mokhtari. Dans ces enregistrements sélectionnés, Merah affirme être prêt à poursuivre dans sa folie meurtrière, assure être en lien avec Al-Qaïda et le grand banditisme et explique comment il a trompé la vigilance des services de renseignements qui le surveillaient. Tout pour disculper les services secrets français, mis sérieusement en difficulté dans le traitement du cas Merah, et réfuter la thèse d'un agent infiltré travaillant pour le compte des services de la direction centrale du Renseignement intérieur, la DCRI.

A travers cette diffusion, TF1 fait fort et se fait l'avocat du Raid qui avait assiégé l'appartement de Merah, à Toulouse, pendant 32 heures, au plus fort du premier tour de la campagne présidentielle française. Elle se fait le porte-parole des patrons du Renseignement français qui avait, rappelons-le, été appelés à comparaître devant le Sénat. Gérard Longuet et Claude Guéant, alors ministres de la Défense et de l'Intérieur, avaient décidé de ne pas donner de suite favorable à la demande socialiste, prétextant un « devoir de réserve » de Erard Corbin de Mangoux, directeur général de la Sécurité extérieure (DGSE), et Bernard Squarcini, à la tête de la DCRI. Dans un communiqué, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls avait relevé que l'enregistrement réalisé durant le siège par la police, n'avait «jamais été rendu public» et s'interroge sur les moyens par lesquels le diffuseur a pu se procurer ledit enregistrement.

Pour sa part, l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN), la «police des polices», a été chargée de mener une enquête administrative et une enquête pénale sur la diffusion de ces enregistrements. A propos de ces derniers et des déclarations de Mohamed Merah sur notamment la mort, son appartenance à Al Qaïda ou son style de vie «fashion» qu'il qualifie de «ruse», Dominique Thomas, doctorant à l'EHESS et spécialiste des mouvements islamistes, a estimé que les propos de Merah font partie des « lieux communs de la culture djihadiste. Pour un djihadiste, la mort est une délivrance. Merah a pu lire cette phrase sur n'importe quel forum islamiste. Cela ne prouve pas qu'il ait reçu une instruction spécifique ou qu'il s'est rendu au Pakistan comme il l'affirme. Ces enregistrements viennent confirmer que Mohamed Merah avait une culture très faible et répétait aux enquêteurs des phrases toutes faites, entendues ça et là». Il dira également que Merah n'était pas un érudit de la culture islamique et l'absence à toute référence idéologique de la pensée djihadiste, le fait notamment douter de son appartenance à Al Qaida. Alors qui croire ? TF1 a sans doute ouvert prématurément le procès contre le Raid désignant médiatiquement le coupable.

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lundi 9 juillet 2012

Mohamed Merah… TF1 sème le trouble par la diffusion d'un montage, pourquoi pas falsifié ?


Ce dimanche 8 juillet 2012 à une heure grande écoute, TF1 a diffusé un montage se disant un extrait des négociations de la police avec Mohamed Merah pendant le siège de son appartement à Toulouse… Un document bien sûr à considérer avec beaucoup de précautions dans une affaire où rien n'est clair… Chacun sait qu'aujourd'hui le premier le rôle des journalistes est de construire une opinion publique, autrement dit de la manipuler… Il n'est pas bien difficile de percevoir quelles thèses cette diffusion vient conforter…

Cette diffusion sert manifestement la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) fortement soupçonnée d’avoir téléguidé Mohamed Merah… Si l’on en croit l’un de ses agents : « Ces scènes démontrent qu’il ne s’agit pas de discussions entre un officier et un agent, et détruisent la théorie "foireuse" du complot du père Merah. On entend bien que Mohamed Merah n’a pas été manipulé par les services français mais s’est joué d’eux. » Et le même agent d’affirmer triomphant que ce document : « lève un doute sur ce point ». Avec la diffusion de TF1, on voudrait qu’ainsi soit faite la preuve que Mohamed Merah est le manipulateur et non le manipulé et qu’il revendiquerait les crimes sans larmes et sans remords… Une diffusion qui, comme par le plus grand des hasards, survient au moment où, suite à la plainte déposée par le père de Mohamed Merah pour « homicide volontaire » contre le Raid qui a tué son fils présenté comme « une taupe » des services français, Isabelle Coutant-Peyre et Zahia Mokhtari, ses avocates , s’apprêtent à se rendre à Paris…

Rien n'atteste l'authenticité des dialogues… Il s'agit d'un montage… Même une voix peut être restituée, les ingénieurs audio sont là pour ça… Si la justice est saisie comme le souhaitent les familles des victimes, l'on attend aussi qu'elle se prononce sur l'authenticité des dialogues, authenticité que rien ne prouve… Dialogues falsifiés ou authentiques, on attende une réponse claire…
 








Froide, la voix d'un Merah sans remords indigne les familles

De sa détermination meurtrière et de son absence de remords, Mohamed Merah n'a rien caché durant le siège de son appartement toulousain, selon les extraits des négociations avec la police dont la diffusion ce dimanche 8 juillet  par TF1 a suscité la fureur des proches des victimes.

Derrière la pointe d'accent méridional du "tueur au scooter" qui a abattu sept personnes les dix jours précédents, le ton est calme, posé. Amusé même quand il explique qu'il ne peut faire cuire son repas, son micro-ondes étant criblé de balles. Il s'exprime clairement, malgré quelques tics de langage ("T'as vu", "voilà").

La diffusion de cet enregistrement dans l'émission Sept à Huit a suscité la colère des familles, "scandalisées", qui vont saisir la justice en urgence pour faire interdire sa diffusion sur internet.

Le parquet de Paris a lancé une enquête préliminaire pour violation du secret de l'instruction et une enquête administrative a été confiée à la "police des polices" pour trouver la fuite d'un document dont les familles et leurs avocats n'ont pas eu connaissance. "À ce rythme, ce sont les vidéos des tueries (ndlr: prises par Merah et envoyées à al-Jazeera) qui se retrouveront sur la toile et l'atteinte sera alors irrémédiable", s'est indignée une avocate des familles, Me Samia Maktouf.

"Forte valeur d'information"

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a regretté qu'"aucune précaution (n'ait) été prise pour respecter les familles des victimes" avant la diffusion de ce que la représentante du Crif Midi-Pyrénées, Nicole Yardeni, a décrit comme un document "terrifiant", montrant "quelqu'un qui a le goût du sang".

"Nous avons beaucoup réfléchi, décidé de diffuser ce document qui a une forte valeur d'information", s'est défendu sur RTL Emmanuel Chain, producteur de l'émission Sept à Huit, assurant avoir pensé "en permanence aussi à l'émotion" des familles. Sollicitée par l'AFP, TF1 n'avait pas réagi dimanche soir. Le document commence quand la voix de Merah s'élève le 21 mars au matin, quelques heures après l'échec du premier assaut du Raid. "Je suis quelqu'un de déterminé, je n'ai pas fait ça pour me laisser faire attraper, t'as vu", "Donc voilà, sachez qu'en face de vous, vous avez un homme qui n'a pas peur de la mort, moi la mort, je l'aime comme vous vous aimez la vie."

Dans les 32 heures du siège, Merah raconte ses contacts avec Al Qaïda, décrit les actions qu'il envisageait ou son style de vie "fashion": "ça fait partie de la ruse, tu vois." Car "la guerre est une ruse."

"Tuer en priorité des militaires"

Ce négociateur, "Hassan", est l'agent de la DCRI qui l'a rencontré de retour de son voyage au Pakistan. Il lui explique les assassinats de trois parachutistes à Toulouse et Montauban puis de trois enfants et d'un père de famille juifs.

"Mon but dans ces attentats, c'était de tuer en priorité des militaires parce que ces militaires-là sont engagés en Afghanistan, et tous leurs alliés t'as vu, que ce soit de la police, de la gendarmerie, de la police nationale, de tout", dit-il.

Il raconte comment ayant raté une cible, un autre militaire, il s'est rabattu sur l'école juive Ozar Hatorah. Il dit: "J'ai repris le scooter et je suis passé comme ça, ce n'était pas prémédité, enfin si, je comptais le faire, t'as vu, mais le matin en me réveillant c'était pas mon objectif."

Merah narre ses périples. "Tu crois que je vais faire du tourisme au Pakistan et en Afghanistan ?", ironise-t-il.

Merah expliquera qu'il était prêt à de nouveaux carnages. Il savait qu'un jour "ça allait être vraiment chaud pour moi, qu'il y allait avoir des barrages, tout ça." Alors, "j'aurais tout fait au culot, je serais entré dans les commissariats, j'aurais abattu le policier qui est à l'accueil, j'aurais abattu des gens dans la rue, des gendarmes qui circulent en voiture, aux feux rouges, j'aurais mis des guet-apens."

"J'allais faire tout au hasard et sans aucune préparation", ajoute-t-il. Dans la nuit du 21 au 22 mars, Merah dit qu'il ne se rendra finalement pas. Les négociateurs ne lui permettent pas de parler à sa mère. Il mourra dans l'assaut du Raid. [AFP]


Le présumé assassin de Montauban et de Toulouse était en contact avec des services de renseignement français : quand le portable de Merah révèle des relations avec la DCRI

Les étranges connexions de Merah avec la DCRI

vendredi 6 juillet 2012

Hommage à Roger Degueldre : "Pour un Delta, le maquis est son foyer…"


Roger Degueldre, lieutenant au 1er Régiment Étranger de Parachutistes, fondateur des commandos Delta en 1961, par DeGaulle assassiné le 6 juillet 1962... au sixième coup de grâce... 





Messes pour le repos de l'âme du lieutenant Roger Degueldre : 

- vendredi 6 juillet à 9 heures 30 - Le Barroux (84330), Abbaye Sainte-Madeleine, Le Devez - (contact : ADIMAD, tél. 06 11 28 55 90).

- vendredi 6 juillet à 18 heures 30  à Nancy, Église Saint-Pierre, 49 avenue de Lattre de Tassigny (contact : François Ferrier,  tél. 06 70 22 40 17) .

- samedi 7 juillet à 10 heures, Versailles, Chapelle Notre-Dame des Armées, 4, impasse Gendarmes (près Hôtel de Ville) - (contact : Yves Rossignol, tél. 06 14 40 55 70).  


Cérémonies en hommage au lieutenant Roger Degueldre, le samedi 7 juillet 2012  :

- Hommage au lieutenant Roger Degueldre sur sa tombe à 11 heures, cimetière des Gonnards, 19 rue Porte de Buc, à Versailles - (contact : Yves Rossignol, tél. 06 14 40 55 70).

- Hommage au lieutenant Roger Degueldre et aux Morts d'Oran à 11 heures, Stèle Français d'Algérie, La Parata - Les Sanguinaires, à Ajaccio - (contact : andrebianchi@hotmail.fr).




Le cinquantenaire de l'Indépendance vu par les jeunes : un juillet 2012 orageux à Alger



En ce cinquantenaire de l'Indépendance algérienne, nous ne devions pas manquer l'aller voir l'ambiance  là-bas… Voici un article d'El-Watan, paru en ce début de semaine, particulièrement significatif… Significatif aussi le français quasi parfait dans lequel s'exprime cinquante ans après ce journal algérien… Nous sommes bien loin du laxisme de Libération, ses fautes de français, ses fautes d'orthographe, ses fautes d'orthotypographie… et aussi du Monde, voire du Figaro qui a aujourd'hui perdu ses correcteurs de jadis, leur qualité… Et ne parlons surtout pas de cette horde de blogueurs blagueurs français-de-souche-pur-cochon qui n'hésitent pas à nous abreuver de leurs messages et commentaires incohérents…

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Alger, 2 juillet. Nous sommes à j-3 du grand évènement de l’été : le cinquantenaire de l’Indépendance. Quel regard portent les Algérois – les jeunes surtout – sur cette kermesse patriotique ? Quelle trace aura imprimée dans l’imaginaire collectif ce fameux chiffre « 50 » ? Quel bilan le peuple en tire-t-il ?


Alger la blanche… toujours aussi belle ?


Première image : les drapeaux. Évidemment. Ils pavoisent à profusion les artères principales de la capitale. Mais nettement moins que la forêt d’emblèmes déployés massivement et spontanément au lendemain de la campagne d’Oum-Dourmane. Des affiches au logo officiel du cinquantenaire sont placardées un peu partout sur de grands panneaux. Les annonceurs y vont eux aussi de leur attirail de célébration. À l’image du légendaire Hamoud Boualem. « Kounna h’na ou mazalna » (On était et on sera toujours là) scande le limonadier historique à la marque de gazouz 100% DZ. La ville se pare de ses plus beaux atours pour faire honneur à l’évènement. Spectacles et réjouissances au menu. Aux abords de la Grande-Poste, une scène est apprêtée pour accueillir une série de concerts. Idem à l’Esplanade de Riadh El Feth. Sur fond de polémique autour de la venue de la star libanaise Elyssa (à l’invitation de la ville de Annaba) pour un cachet de 950 millions de centimes. Les plus hostiles crient au gaspillage.

Disons-le tout de go : les Algériens n’ont pas tellement le cœur à la fête. Et c’est un euphémisme. Au demeurant, en ce 2 juillet, c’est plus le dernier match de l’Euro, la finale Espagne-Italie, que le match France-FLN, qui alimente les palabres. 

Virée dans les boyaux de La Casbah. Dans un atelier de couture, une femme, dans la cinquantaine, ne cache pas son amertume. Trônant derrière sa machine à coudre, elle confie: « Je suis une fille de moudjahida. Ma mère a même fait la prison de Berrouaghia. Mais vous savez, par les temps qui courent, on a presque honte de dire qu’on est fils de chahid ou fille de moudjahed. On vous criera aussitôt à la figure : tout le monde a fait la révolution. Du coup, on se fait tout petit. Moi, ma mère, à part sa petite pension, elle n’a rien eu. Et moi, je suis toujours célibataire et je vis dans un taudis au bidonville de Bousmaha, à Bouzaréah. J’ai dû construire ma baraque toute seule. Nous n’avons ni eau potable, ni électricité, ni route, ni rien. J’ai le sentiment que nous n’avons pas accédé à l’indépendance. lebled rahi fawdha ».

Une mémoire qui s’effrite

Quelques venelles plus loin, nous rencontrons Mohamed. Il tient une petite épicerie à l’ombre d’une treille. Mohamed avait 6 ans en 1962. Pour lui, le cinquantenaire, c’est surtout la plaie béante d’une Casbah qui s’effrite : « El Qasba meddat erdjal (la Casbah a donné des hommes), et regardez dans quel état elle se trouve ! », se désole ce natif de la vieille médina. Mohamed se voue à la restauration de sa douira avec les moyens du bord. C’est son combat. « Ana eddoula ma âtatni oualou, l’État ne m’a rien donné. J’ai fait un dossier pour obtenir une aide afin de pouvoir restaurer mon bien, mais j’attends toujours. Ils ont fait mille et un recensements. On nous a promis monts et merveilles, mais on n’a rien vu. Les familles de La Casbah sont en danger de mort !» fulmine-t-il. Entre les ruines et les détritus, La Casbah n’est plus qu’une citadelle avachie. Symbole vivant d’un pays qui a maille à partir avec son patrimoine mémoriel.

La vieille cité ottomane soutient mal la comparaison avec les médinas tunisiennes ou marocaines, savamment entretenues. Pourtant, et comme nous le rappelle à juste titre Mohamed, la mémoire passe aussi par la sauvegarde de ces murs qui accueillirent Abane, Ben M’hidi, Krim Belkacem et autres dirigeants du premier CCE (Comité de coordination et d’exécution), et qui sont maculés du sang de Ali La Pointe et de Hassiba Ben Bouali froidement exécutés par les paras du général Massu dans le feu de la Bataille d’Alger (1957).

Nous traversons la rue Larbi Ben M’hidi. Halte à la Cinémathèque qui propose une programmation spéciale pour la circonstance (dont Chroniques des années de braise de M.L.Hamina). Au Mama, une expo de Ben Bella. Pas le défunt président. Plutôt l’artiste peintre Mahjoub Ben Bella. A la Librairie du Tiers-Monde, les ouvrages historiques sont à l’honneur comme chez tous les bons libraires de la capitale.

Dans une rue parallèle à l’avenue Pasteur, brève discussion avec un jeune gardien de parking à propos du cinquantenaire. Sa réponse est lourde de sens : «Ya kho hada sujet saîb âliya. Loukan sakssitni âla el parking, kifache t’gari, n’jawbek. Hadja kh’ra khatini. (C’est un sujet trop compliqué pour moi. Si vous m’interrogiez sur l’organisation du parking, je vous répondrais volontiers. Le reste ne me regarde pas) ».

« On est indépendants mais pas libres »

Nous empruntons le métro pour nous rendre au Jardin d’essais. Le métro : objet urbain le plus emblématique de l’Alger 2012. La fierté de Bouteflika. Inauguré en grande pompe le 1er novembre 2011, il cartonne. Les rames sont climatisées, au bonheur des passagers. À la station Jardin d’essais, nous prenons le téléphérique pour gagner Riadh El Feth. Le téléphérique ne désemplit pas.

Des flots de visiteurs se déversent sans discontinuer sur le « Maqam ». Nous souhaitions visiter le musée du Moudjahid, mais l’on apprend qu’il est fermé au public pour cause de festivités officielles. Les gens se rabattent sur le musée de l’Armée situé à l’autre bout.

Loin d’être un temple de l’ANP, sa collection est un joyeux patchwork historique, de l’Antiquité à la Guerre de Libération nationale. Un jeune lycéen s’attarde sur les vestiges de la Révolution : « Moi, quand je vois ces héros qui ont pris le maquis si jeunes pour libérer le pays, je me dis simplement que nous n’avons pas le droit de les décevoir », dit-il, un brin ému.

Près de la salle Ibn Zeydoun, nous croisons le jeune comédien Mehdi Ramdani dont on a pu apprécier la prestation dans le court-métrage de Sofia Djama, Mollement, un samedi matin et dans Demain, Alger ? de Amine Sidi Boumediène. Mehdi plaide pour l’indépendance culturelle : « Il y a des artistes qui font des choses extraordinaires avec très peu de moyens. Il faut les laisser travailler. Il faut les affranchir du carcan bureaucratique et envisager une vraie politique culturelle pour libérer tous ces talents et leur permettre de s’exprimer. »  Anis Saïdoune, 20 printemps, étudiant en pharmacie, un manuscrit sous le bras, celui de son premier roman intitulé La rivière de l’amour et des illuminations (avis aux éditeurs), est l’incarnation même de cette jeunesse bourrée de talent, pétillant d’intelligence, et qui ne demande qu’à s’épanouir et s’exprimer justement. Anis soulève la question ô combien sensible de la transmission : « L’histoire a été instrumentalisée par le régime. Chaque jeune Algérien doit faire sa ‘‘private investigation’’ pour s’imprégner de notre histoire, la vraie. Il faut développer un esprit de doute méthodique. Moi, je lis tout, la version officielle aussi bien que les récits occultés. Il est navrant de constater que notre histoire s’écrit par des étrangers. C’est aberrant qu’on soit obligés de voir un documentaire sur Arte fait par des Français ou des Américains pour connaître notre propre histoire. »

Atika, 23 ans, étudiante en critique et histoire de l’art, plaide, quant à elle, pour l’indépendance citoyenne des femmes : « on est indépendants mais pas libres », regrette-t-elle. « 50 ans après, où sont les droits des femmes ? C’est la tache noire de l’indépendance. La moitié de la société est encore sous-citoyenne. C’est grave. Il va falloir lutter davantage pour changer le statut des femmes, pour changer le code de la famille, pour arracher le droit à l’avortement, le droit à l’héritage, l’accès au logement. C’est un grand chantier qui attend notre pays, à croire qu’on vient seulement d’accéder à l’indépendance ».

Belcourt. Marché Laâqiba. Sofiane, 30 ans, tient une table de cigarettes. Il ronge son frein en ruminant sa peine : « je suis agent d’entretien et de nettoyage au ministère de l’Énergie et des Mines et je viens de me retrouver au chômage. Mon contrat qui vient d’arriver à son terme n’a pas été reconduit. Ils vont certainement placer des gens de leurs connaissances comme d’habitude. Plusieurs de mes collègues sont dans la même situation. Nous sommes dans la précarité la plus totale. Moi, tout ce que je demande, c’est un travail stable, dans une institution étatique. Je fais ce métier depuis sept ans. J’ai travaillé chez le privé et c’est pire que le colonialisme français. Le privé te suce ton sang. Ce n’est pas vrai que les jeunes Algériens sont des fainéants. Ils ne demandent qu’à travailler mais dans des conditions dignes. J’étais dans un ministère et voilà que je me retrouve vendeur de cigarettes au marché. C’est injuste. »

« Cérémonies indépendante »

Place Audin. Effervescence militante au café Le Podium. Tahar Belabès, figure de proue du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), est venu spécialement de Ouargla pour diriger une grosse manif à Alger le 5 juillet. C’est l’autre face des commémorations. « Nous allons organiser un rassemblement des chômeurs en brandissant des drapeaux noirs. Nous décrétons ce cinquantenaire journée de deuil national », martèle le leader du Comité des chômeurs. Tahar Belabès qui estime le taux « réel » de chômage autour de 25% poursuit : « Aujourd’hui, les Algériens subissent un colonialisme interne. Nous vivons sous le joug de la hogra, de la corruption, du népotisme et de la répression. Nous nous battons pour notre dignité. Ce régime devrait avoir honte de célébrer le cinquantenaire de l’indépendance au moment où le pays enregistre des cohortes de harraga et d’immolés. Le peuple algérien n’a pas encore recouvré son indépendance. Vous n’avez qu’à aller voir ce qui se passe à Hassi Messaoud, où les multinationales américaines et autres font la pluie et le beau temps. Nous, citoyens du Sud, nous vivons une situation de marginalisation et de mépris épouvantables. Mais nous sommes déterminés à faire valoir nos droits. Et nous ne céderons pas ! Qu’ils disent qu’on est ‘‘Al Qaïda’’, qu’on est ‘‘irhab’’, nous ne cèderons pas ! »

Parallèlement aux festivités officielles, plusieurs cérémonies « indépendantes », convient-il de le souligner, seront organisées jeudi prochain 5 juillet (sauf intervention de la police). Comme cette initiative du collectif RDLD (Réseau de défense des libertés et de la dignité). « Nous allons organiser une manifestation symbolique durant laquelle nous allons allumer des bougies, et nous allons réaliser une fresque en collaboration avec des artistes en faisant contribuer tous les citoyens qui désirent s’exprimer sur cet événement », explique Kader Farès Affak, militant protéiforme, membre fondateur du RDLD. « C’est notre manière de nous réapproprier cette date si chère à nos cœurs et de lui redonner du sens. Le 5 juillet est avant tout la fête du peuple algérien. Il est grand temps de sortir de la légitimité historique pour entrer dans la légitimité populaire. »


Colloque El-Watan : 50 ans après l'Indépendance, quel destin pour quelle Algérie?

Un site d'Al-Watan particulièrement intéressant qui permet de trouver des documents les plus divers concernant les évènements d'Algérie, une quête pleine de surprises, chacun peut enrichir le site en faisant parvenir ses propres documents : Mémoires d'Algérie

jeudi 5 juillet 2012

Jean-Pax Méfret : "Le Pain de la misère"… des déracinés dans une France marâtre

Jean-Pax Méfret : “Sur l’autre rive… en 1962” - Des déracinés dans une France marâtre

Dans un précédent livre de « souvenirs » – et quels souvenirs, mon Dieu… –, 1962, l’été du malheur, Jean-Pax Méfret avait dit « la tragédie des pieds-noirs », certes, mais aussi, car son exemple est emblématique, son histoire. Celle d’un gamin d’Alger emprisonné, pour cause d’Algérie française, dans les geôles gaullistes. Il n’avait alors que 17 ans……

… par-delà l’Histoire, comme dans 1962, l’été du malheur, il y a aussi, dans Sur l’autre rive… en 1962, l’histoire de Jean-Pax Méfret et de sa famille. Sa mère et son frère qui, dans l’hiver 1962 (cette année-là le thermomètre oscilla de moins dix à moins vingt-cinq), débarquent à Rouen. Pourquoi Rouen où ils ne connaissent personne, où ils n’ont pas de toit, sans bagages, sans argent ? Parce que c’est là que Jean-Pax a été emprisonné [À la prison… Bonne Nouvelle…]. Et là que, « libéré », il sera assigné à résidence avec interdiction de sortir du taudis où sa famille a trouvé refuge.

La vie des pauvres. « On a mangé ensemble / Le pain de la misère / On a souffert ensemble / En traversant la mer. » (chanson de Jean-Pax, Le Pain de la misère). La soupe populaire. Le vestiaire de la Croix-Rouge pour récupérer des vêtements chauds. Un duffle-coat hors d’âge, « trop large, trop long, trop grand ». On s’écrase quand on vous fait la charité. Et en plus, on dit merci… « Le manteau qu’j’ai / Sur les épôles / Même pas je savais / C’que c’était » (chanson de Jean-Pax, Un Noël à Alger). France, qu’as-tu fait de notre jeunesse…



Jean-Jacques Jordi : Un silence d'État - Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie





L'historien Jean-Jacques Jordi s'entretient avec Vincent Roux dans le cadre de la programmation spéciale "Évènements d'Algérie" diffusée par Histoire du dimanche 27 mai 2012 au vendredi 1er juin 2012. 


Jean-Jacques Jordi :
Un silence d'État - Les disparus civils européens de la guerre d'Algérie