Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

jeudi 15 mars 2012

Bayrou, c’est notre Gorbatchev à nous… Avez-vous envie de baffer ?

C'est vrai qu'il y a des prises de position dures à avaler pour certains… Et je le comprends… Il m'est pourtant arrivé de voter une fois, une seule, pour François Mitterrand… c'était au second tour de la présidentielle de 1965… contre l'infâme criminel compulsif DeGaulle.  Ne serions-nous pas aujourd'hui dans une situation analogue ? On ne vote pas pour soi-même mais dans l'intérêt bien compris d'une cause… Que chacun sache donc vaincre d'éventuelles répulsions…

Selon les bookmakers anglais, plus crédibles que tout sondage, qui est le troisième homme de la présidentielle 2012 ?


Après Villepinte, ce lundi 12 mars, les cotes ont bougé : Nicolas Sarkozy est encore plus Odds drifting c’est à dire qu’il s’éloigne toujours de la “ligne d’arrivée” (non plus seulement chez un bookmaker, comme précédemment, mais cette fois chez trois bookmakers, ce qui confirme la tendance). Manifestement le grand meeting du candidat-président à Villepinte durant le week-end n’a pas du tout convaincu !

François Bayrou est toujours le troisième homme, avec Marine Le Pen toujours quatrième.

Avec Bayrou annoncé en troisième homme d’un second tour annoncé comme devant être un duel Hollande-Sarkozy, les Français ont la possibilité de créer la méga-surprise dans les urnes au premier tour.

Que les groupies de la Marine surmontent leur immense chagrin de voir leur star réduite à la figuration… Positivons ! Grâce aux cotes des bookmakers, nous pouvons déterminer une stratégie pour éliminer de la présidence durant les cinq prochaines années les deux partis responsables de la situation actuelle, à savoir l’UMP et le PS (dans cet ordre de responsabilité ou inversement, c’est kif-kif).

Si vous ne voulez ni de Hollande ni de Sarkozy, vous allez pouvoir déterminer avec précision pour qui voter afin de les éliminer tous les deux.

En effet, pour la première fois, nous avons un outil d’évaluation fiable qui, contrairement aux sondages français, ne changera pas immédiatement ses indications même si nous utilisons ces indications pour modifier nos intentions de vote ! Oui, absolument, car… ce ne sont pas des votants qui parient mais des étrangers pour qui le seul intérêt de cette élection est de leur permettre de tenter de gagner le plus possible d’argent en dépensant le moins possible et sans trop se fatiguer.

En votant dès le premier tour pour le premier des perdants annoncé, c’est à dire Le Troisième Homme, donc François BAYROU, nous votons pour celui qui a le plus de chances d’éliminer le deuxième, avec le minimum de voix provenant d’électeurs ayant changé d’avis en fonction des paris enregistrés par les bookmakers. Il n’y a même pas besoin que le changement d’intention de vote soit massif, il suffit qu’il provienne d’une minorité qui fera la différence. 
Les irréductibles marinistes jusqu’au-boutistes pourront donc voter Marine jusqu’au bout car la majorité des nouveaux marinistes sont en fait des anti-système, et surtout des anti-UMPS, qui eux ne verront pas trop d’inconvénients à voter Bayrou pour enfin dégager l’honni UMPS Hollande-Sarkozy.

Pour bien saisir la manœuvre, il suffit de comprendre qu’il faudra bien évidemment au quatrième homme plus de voix qu’au troisième homme pour arriver à se placer deuxième. Si donc on veut, dès le premier tour, absolument éliminer un des deux premiers (peu importe lequel), on a le maximum de chances d’y arriver en votant, dès le premier tour, pour le troisième et non pas pour le quatrième.

Une fois l’un des favoris éliminé au premier tour, l’éjection de l’autre favori au deuxième tour ne sera qu’une formalité. 
Pourquoi ? 
Parce qu’il n’y aura pas de (prétendu…) front républicain contre François Bayrou (alors qu’il y en aurait obligatoirement un pour stopper Marine) mais il y aura par contre un excellent report des voix de l’ex-deuxième (probablement Nicolas Sarkozy, battu) vers François Bayrou parce que la volonté d’éliminer le premier, François Hollande (et de venger le deuxième, éliminé) sera intacte.

François Bayrou fait, certes, partie du système mais pas autant que les partisans de l’UMPS. De toute façon, à notre époque, en Europe, les révolutions de type “Printemps Arabe” ne sont que des utopies de mélenchonistes. En Europe, tous les régimes non démocratiques sont tombés en douceur (exception faite de la stalinienne Roumanie). 
Gorbatchev faisait lui aussi parti du système de l’URSS et c’est pourtant sa venue au pouvoir qui a détruit le système soviétique. Bayrou, c’est notre Gorbatchev à nous : si nous le mettons au pouvoir, l’échec tant de l’UMP que du PS provoquera mathématiquement l’écroulement du système UMPS qui ne peut pas survivre à une perte du pouvoir. 
En effet, les opportunistes, majoritaires, qui sont à l’UMP ou au PS n’y sont que pour l’assurance que les deux partis se partagent alternativement le pouvoir. Cette assurance envolée avec l’échec lors des présidentielles 2012, ils quitteront le navire comme les rats qu’ils sont et se rallieront au parti de gouvernement. L’UMP n’y survivra pas et explosera, le FN en profitera pour redevenir un parti comme les autres, le PS, plus pachydermique, s’en relèvera mais y mettra au moins deux quinquennats.

Pour tout partisan de Marine, c’est un crève-cœur que de l’accepter mais c’est ce qui est le plus probable : Marine Le Pen ne sera pas au deuxième tour, les indications des bookmakers ne trompent pas (parce qu’il y a beaucoup de pognon en jeu…). 
Sachant cela, il y a donc juste besoin qu’une minorité comprenne qu’il suffit de ravaler sa déception et de voter Bayrou pour détruire le système UMPS, cette destruction étant un préalable incontournable pour déverrouiller la situation politique de la France. 


Ensuite, mais ensuite seulement, il sera possible de voter Front National, notamment immédiatement après les présidentielles, lors des législatives. 
L’UMP aura été détruite, explosée en diverses factions, Nicolas Sarkozy aura disparu de la circulation à l’instar d’un Jospin, tous les camps, de droite comme de gauche, tous fractionnés, ne pourront pas faire autrement que d’introduire une forte dose de proportionnelle (ce qui est proposé dans le programme de Bayrou, à hauteur de 25% ) et il n’y aura donc plus aucun obstacle à une recomposition solide et en profondeur du camp souverainiste donnant au Front National toute l’influence que ses électeurs souhaiteront lui donner.

Pas convaincu ? 
Il vous faudrait encore un argument ?

Yaka demander ! 
Que l’on considère les sondages français ou les cotes des bookmakers, les deux favoris sont, dans l’ordre, François Hollande puis Nicolas Sarkozy. 
Pour le troisième et quatrième homme, seul l’ordre fait débat : Marine troisième pour les sondages, Bayrou troisième pour les bookmakers.
 Il existe cependant un autre critère permettant de déterminer le Vrai Troisième Homme : l’envie de le baffer

Moins il y a de personnes ayant envie de baffer un candidat plus cela indique que ce candidat est apprécié. Il suffit donc de trouver le niveau d’envie de baffer les candidats pour savoir qui, de Marine ou Bayrou, est le Vrai Troisième Homme : ce sera celui qui, des deux, recueille le moins d’envie de le baffer.
Il se trouve qu’un site internet mesure ce niveau, ladictaturedesclaques.com dont le résultat est déterminant pour le  Le Troisième Homme :

Pour aller baffer  cliquez sur le lien : Têtes à claques

Ou encore : La dictature des claques !

http://sitamnesty.wordpress.com/2012/03/13/qui-est-le-vritable-troisieme-homme-de-la-presidentielle-2012/

mercredi 14 mars 2012

Pierre Schoendoerffer s'en est allé… "Là-haut"


Pierre Schoendoerffer, 83 ans, l'auteur et réalisateur du "Crabe Tambour" s'en est allé…


Pierre SCHOENDOERFFER
Membre fondateur des César, Pierre Schoendoerffer s'était fait le témoin scrupuleux de la grandeur et de la misère des combattants, monde qu'il avait bien connu…

Après quelques mois sur un chalutier à voile, Pierre Schoendoerffer s'engage dans le corps expéditionnaire français ( CEFEO) en Indochine pour servir dans l’Infanterie Coloniale pour qui il nourrissait une affection toute particulière avant de très vite rejoindre le SPI (Service Presse Information) ancêtre de l'ECPA. Fait prisonnier à Diên Biên Phu en mai 1954, puis libéré des camps viet-minh dont il a toujours dénoncé l'horreur concentrationnaire, il devient reporter-photographe de guerre après sa libération, et travaille pour plusieurs magazines américains. Marqué par ses expériences de combats, il se lance dans le cinéma de guerre et réalise "La Passe du diable" (1956) en Afghanistan, puis "Than le pêcheur" au Vietnam. Dès lors, Pierre Schoendoerffer partage sa vie entre les reportages et le cinéma. Il réalise deux adaptations des romans de Pierre Loti : "Ramuntcho" et "Pêcheurs d'Islande". En 1965, il tourne "La 317e section" - adaptation de son premier livre écrit en 1963 sur le conflit vietnamien - puis "Objectif 500 millions" et le documentaire "La Section Anderson" en 1965, sur la guerre d'Indochine, qui remporte l'Oscar dans sa catégorie. En 1977, Pierre Schoendoerffer adapte "Le Crabe Tambour" - un autre de ses romans (Grand Prix du roman de l'Académie française) librement inspiré d'un personnage réel, Pierre Guillaume - interprété par Jean Rochefort et Jacques Dufilho. Les deux acteurs remporteront respectivement le César du meilleur acteur et du meilleur second rôle masculin. En 1982, Pierre Schoendoerffer tourne "L' Honneur d'un capitaine" où il dresse à nouveau le portrait de soldats luttant pour l'honneur, sans illusions sur l'issue du combat. Pierre Schoendoerffer s'accorde ensuite une pause d'une dizaine d'années, et revient avec "Dien Bien Phu" (1991), une autobiographie basée sur son expérience au Vietnam : fresque guerrière puissante, doublée d'une méditation sur les sacrifices inutiles.. En 2004, il adapte à nouveau un de ses romans, "Là-haut", et choisit Jacques Dufilho pour interpréter son propre rôle.




http://www.soldatsdefrance.fr/Le-cineaste-Pierre-SCHOENDOERFFER-a-rejoint-les-oies-sauvages_a944.html
http://www.commandoguillaume.com/html/index.php
http://www.chemin-de-memoire-parachutistes.org/t10719-pierre-schondorffer
http://www.academie-des-beaux-arts.fr/membres/actuel/cinema/Schoendoeffer/fiche.htm

"Pont Bayard" de Toulouse : capitulation de Cohen, député-maire-pas-longtemps-encore !


Peine perdue, monsieur Cohen, député-pour-pas-longtemps-encore… Une capitulation ne signifie pas la fin des combats… Nous, Français d'Algérie, de toutes origines et confessions confondues, nous sommes bien placés pour le savoir… Ce que vous n'avez pas voulu comprendre, peut-être que maintenant, concerné, vous le comprendrez… Une capitulation, la vôtre piteuse aujourd'hui, celle criminelle de DeGaulle en mars 1962, ne signifie pas la fin des hostilités…

À samedi, donc, ce 17mars à 14h30 au monument aux Morts de Toulouse pour une grande et première manifestation de masse… Nous pouvons vous assurer que nous serons nombreux… Et ce n'est pas fini… Vous nous retrouverez… Une capitulation ne signifie pas la fin des hostilités… Sachez-le !


Tous à Évian, le dimanche 18 mars 2012… cinquante ans après la capitulation gaulliste


lundi 12 mars 2012

Français et Musulmans, Français-Musulmans dénoncent le FLN et ses collabos à Nîmes




Français et Musulmans… Français-Musulmans… exilés d'Algérie unis contre la provocation d'un prétendu colloque de la fédération de France des égorgeurs du FLN alliée aux collabos du réseau Jeanson et leurs complices d'aujourd'hui, au premier rang desquels le ministre de la Culture de l'actuel gouvernement de Nicolas Sarkozy… c'était à Nîmes ce samedi 10 mars 2012…

Fondation Bodmer : Le manuscrit de Proust… ou "les ratures de la littérature"…


Fondation Bodmer, Genève - Le manuscrit de Proust : "Les Intermittences du cœur" ou "À la recherche du temps perdu"  ?


À la Fondation Martin Bodmer de Genève, c’est un trésor littéraire que nous dévoile le professeur Charles Méla : une édition originale de Marcel Proust, revue et corrigée par l’auteur, pour nous permettre d’approcher de plus près l’instant créateur, le moment précis où l’artiste voit naître son œuvre… Un voyage époustouflant à travers les ratures de la littérature !

Marche triomphale d'un François Bayrou, obstinément fédérateur… Voilà le Kärcher !


… ce 10 mars à la Halle aux Grains de Toulouse

"Que cesse la guerre civile"… Finie la récréation… Finis les sketchs et pantalonnades des médiocres, bassesses populistes de marchands d'illusion ou de propagateurs de division… Enfin, un discours au niveau des enjeux… Le seul discours auquel désormais prêter attention, celui de François Bayrou … La voix de la raison et du bon sens, de la réconciliation des Français envers eux-mêmes… À écouter, du début à la fin, avec délectation… et espoir…
"Nous sommes les seuls susceptibles d'écarter ces deux risques, écarter au premier tour le risque de la division avec Nicolas Sarkozy et au second tour celui de l'illusion avec François Hollande"… puis à la salle aussi amusée que conquise, sans préférence pour l'ordre de chacune des deux séquences du scénario :  "naturellement l'ordre pourrait être changé""sans parler des candidats de l'extrême illusion et de l'extrême division"


François Bayrou à la rencontre des Français… ce samedi 10 mars à la Halle aux Grains de Toulouse…

Je me souviens, c'était en avril 1974… à Toulouse, dans cette même enceinte… rencontre avec Valéry Giscard d'Estaing ! À l'issue de la manifestation, nous n'avions plus aucun doute… Valéry Giscard d'Estaing serait le nouveau président… et  aussi l'espoir fou que c'en serait fini avec les gaullistes, que cesse la guerre civile…

Ce 10 mars 2012, la rencontre se déroule dans cette même Halle aux Grains rénovée, où à présent se produit régulièrement l’Orchestre National du Capitole. Aujourd'hui, un nouveau chef d'orchestre ! François Bayrou effectuera désormais quasiment un déplacement chaque jour… le 25 mars, ce sera une grande rencontre avec la France, au Zénith de Paris.




Téléchargez le programme de François Bayrou : La France solidaire

dimanche 11 mars 2012

Bastien-Thiry : 11 mars 1963 - 11 mars 2012 … Que sa voix résonne à jamais…






 Extrait de la Déclaration du Colonel Bastien-Thiry, le 2 février 1963 devant la Cour militaire de Justice de Vincennes :
« Le danger que court actuellement ce pays ne vient pas d'un risque de destruction physique ou matérielle : il est plus subtil et plus profond car il peut aboutir à la destruction de valeurs humaines, morales et spirituelles qui constituent le patrimoine français . Ce patrimoine provient d'un héritage qui est à la fois grec, latin, occidental et chrétien et repose sur une conception précise de la liberté et de la dignité de l'homme et des collectivités humaines et sur la mise en application de principes fondamentaux qui sont la recherche et le souci de la justice, le respect de la vérité et de la parole donnée et la solidarité fraternelle entre tous ceux qui appartiennent à la même collectivité nationale . Nous croyons qu'on ne viole pas impunément et cyniquement ces différents principes sans mettre en péril de mort, dans son esprit et dans son âme, la nation tout entière . »
À l’aube du 11 mars 1963, Jean-Marie Bastien-Thiry est fusillé au fort d'Ivry. Cette exécution politique est la dernière qu'ait connue la France à ce jour. La victime est un polytechnicien de 35 ans originaire de Lunéville, marié et père de trois fillettes. Scientifique brillant et de stature internationale, il œuvre à la Cité de l'Air, à Paris, avec le grade de lieutenant-colonel, quand sa conscience est bouleversée par le drame algérien…

DeGaulle était revenu au pouvoir grâce au soulèvement de l'armée et des Français d'Algérie, le 13 mai 1958. Ces derniers craignaient à juste titre que le gouvernement de la IVe République ne négocie un retrait des trois départements algériens. Ils placèrent naïvement leurs espoirs en De Gaulle qui leur promit sans ambages de maintenir l'intégrité du territoire. Mais une fois au pouvoir, De Gaulle décida de l'impossibilité de maintenir le statu quo en Algérie. Il se refusa d'autre part à octroyer aux Musulmans d'Algérie tous les droits des citoyens français comme l'eussent souhaité l'ancien gouverneur Jacques Soustelle... ou des militaires comme Jean-Marie Bastien-Thiry. Restait l'alternative de l'indépendance. Il fallut près de quatre longues années pour que De Gaulle pût convaincre ses partisans que l'indépendance de l'Algérie était inéluctable.

La déconfiture fut totale. Après la signature des accords d'Évian, les Pieds-Noirs refluèrent en désordre vers la métropole et les vainqueurs du FLN assassinèrent dans des tortures affreuses plusieurs dizaines de milliers de harkis et autres musulmans francophiles, abandonnés par l'armée française et le gouvernement de De Gaulle. Comme beaucoup de militaires de sa génération, Jean-Marie Bastien-Thiry ne comprit pas les revirements de De Gaulle. Il les interpréta comme autant de trahisons à l'égard de la Nation, des Français d'Algérie et des Musulmans fidèles à la France.

Refusant l'inéluctable, Jean-Marie Bastien-Thiry se convainquit que De Gaulle était un obstacle à la restauration de la grandeur de son pays. C'est ainsi que sous l'égide d'un mouvement clandestin, le Conseil National de la Résistance (CNR) de Georges Bidault, il organisa un attentat contre le cortège de De Gaulle. Le 22 août 1962, au Petit-Clamart, dans la banlieue sud de Paris, alors que De Gaulle se rend de l'Élysée à sa résidence de Colombey-les-deux-Églises, la DS présidentielle est mitraillée par les six tireurs du commando de Jean-Marie Bastien-Thiry. Les conjurés visent principalement les pneus afin d'arrêter la voiture. Mais les pneus résistent aux balles et le sang-froid du chauffeur fait le reste. Les tireurs sont bientôt arrêtés. Jean-Marie Bastien-Thiry est arrêté à son retour d'une mission scientifique en Grande-Bretagne. Un tribunal d'exception, la Cour militaire de Justice, jugera les prévenus…

L'attentat dit "du Petit Clamart" visait à arrêter le Chef de l'État afin de le traduire en Haute Cour pour forfaiture, crimes et trahison. Les conjurés ont tiré principalement sur les pneus afin d'arrêter la voiture… Qu'enfin se tienne pour l'Histoire le procès du seul coupable vrai criminel dans ce drame…

Le prétendu procès dit  "du Petit-Clamart" s'ouvre au Fort de Vincennes le 28 janvier 1963, devant la Cour militaire de justice. La Cour est composée des généraux Gardet et Binoche, des colonels Bocquet et Reboul et de l'adjudant Latreille. Le siège du Ministère Public représentant du "pouvoir de fait" est occupé, en premier lieu par le général Sudaka, qui, malade en cours d'audience, est remplacé par le général Gerthoffer. Jean-Marie Bastien-Thiry, Alain Bougrenet de la Tocnaye, Jacques Prévost, Pascal Bertin, Lazlo Varga, Étienne Ducasse, Pierre-Henri Magade, Alphonse Constantin, Gérard Buisines comparaissaient, accusés de complot contre la sûreté de l'État et tentative d'assassinat contre le président de la République. Ils sont défendus par maîtres Tixier-Vignancour, Richard Dupuy, Le Corroller, Engrand, François Martin, Louis-François Martin, Cathala, Szigeti, Jacquet, Prévost, Coudy, Flécheux, Lemeignen, Varaut, Wagner, Rambaud, Damien, Gibault, Labedan-Puissan. À la suite d'un incident d'audience, maître Jacques Isorni chargé de la défense de Prévost, est suspendu pour trois ans en cours d'audience par décision de la Cour. Le jugement intervient le lundi 4 mars. Jean-Marie Bastien-Thiry, Alain Bougrenet de la Tocnaye, Marcel Prévost sont condamnés à mort, les autres accusés sont condamnés à diverses peines de réclusion criminelle et de prison. Georges Watin, Serge Bernier, Louis de Condé, Lajos Marton, Jean-Marie Naudin, sont condamnés par contumace à des peines allant de la prison à la mort. Le cas de Gyula Sari, est disjoint. Alain Bougrenet de la Tocnaye et Jacques Prévost seront graciés. Jean-Marie Bastien-Thiry a sera fusillé à l'aube du 11 mars 1963.

Le lundi 11 mars à l'aube - une semaine après le verdict - d'importantes forces de police entourent la prison Fresnes. D'autres jalonnent la route qui conduit au Fort Ivry. Celui-ci est lui-même étroitement surveillé. Dans sa cellule, on vient réveiller le colonel Bastien-Thiry. Il dort profondément. Dès qu'il ouvre les yeux, il comprend. Ses premières paroles sont pour ses amis : Quel est leur sort ? On le rassure : ils ont été graciés. Alors il s'habille posément, revêt par dessus ses vêtements civils une capote bleue de l'armée de l'air, sans galons. Il ne dit rien. Déjà, il se détache du monde, cependant que ses avocats, dans un ultime effort pour le sauver, lui font signer cette déclaration : « Je proteste contre ma condamnation et mon exécution. Ma condamnation est illégale. Mon exécution est un assassinat. Je demande qu'il y soit sursis jusqu'à ce que le Conseil d'état se soit prononcé sur la validité des arrêts de la Cour Militaire de justice. » On transmet au général Gerthoffer, chien de garde du "pouvoir de fait". Après quelques instants de discussion, celui-ci refuse le sursis, Le condamné entend alors la messe, reçoit la communion. Ceux qui assistèrent à ces derniers instants ont rapporté à quel point ils avaient été frappés par le rayonnement intérieur qui émanait alors de l'homme qui allait être immolé.

Bastien-Thiry prend place dans un fourgon cellulaire. Pendant le trajet, il prie. Le convoi parvient au Fort d'Ivry. Le condamné marche vers le poteau en tenant toujours son chapelet entre ses doigts. On l'attache, on veut lui bander les yeux. il refuse, comme l'avaient fait avant lui Albert Dovecar, Claude Piegts, Roger Degueldre. À 6 h 46, la salve retentit, puis le coup dit « de grâce ». Le lieutenant-colonel Bastien-Thiry est mort. On emporte son corps à Thiais. On l'enfouit dans le carré des suppliciés, à la sauvette, comme ces voleurs pendus jadis à Montfaucon que l'on entassait dans les fosses communes. Autour de cette tombe sans croix, quelques gendarmes, garde dérisoire. Bernanos a écrit ces mots admirables : « Nous ne souffrons pas en vain. Nous souffrons pour tous les lâches qui ne risquent rien. Que Dieu ait pitié de nous ». À qui pourraient-ils mieux s'appliquer qu'à celui qui dort en paix avec lui-même, sous les broussailles de Thiais?
« Je suis persuadé que notre mort, si elle avait lieu, secouerait la torpeur du peuple français », s'était écrié Alain de la Tocnaye devant ses juges. Il était bon prophète : la stupeur, l'indignation accueillent la mort de Bastien-Thiry, chez ceux-là mêmes qui s'opposaient farouchement à ses thèses politiques.



Il pleut sur le fort d'Ivry,
La France est assombrie
Les grands lys sont défleuris
Et saigne l’Algérie

Le peuple a apostasié
Par la constitution
l'Algérie est radiée
Dans l'abomination

Cour militaire d'injustice
Tribunal d'exception
Sans gloire et aux honneurs factices
Décide l'exécution

Une république parjure
Maitresse de l'imposture
Déshonneur de notre armée
Le fait assassiner

Elle a trahi les Pieds-noirs
Bannis, tristes et hagards
Fait tuer enfants et vieillards
Salis nos étendards

Elle a livré les Harkis
au couteau FLN
Abandonné l'Algérie
À la loi de la haine

Onze mars soixante-trois
Jean tombe fusillé
Condamné par un faux roi
Qui eut pu le grâcier.

SANGUIS MARTYRUM
SEMEN CHRISTIANORUM
COLONEL JEAN BASTIEN-THIRY
PRÉSENT POUR LA PATRIE

Autour du 11 mars des manifestations, chaque année toujours plus nombreuses, auront lieu partout en France en la mémoire de Jean Bastien-Thiry et des fusillés et de tous les martyrs de l’Algérie française. Citons parmi celles-ci :

 - Hommage à Jean Bastien-Thiry sur sa tombe :
le dimanche 11 mars 2012 à 15 h au Cimetière, 25 rue de Bièvres à Bourg La Reine (92340), renseignements :   basthiry@aol.com - tél:  01 39 18 45 05

- Messes pour le colonel Jean Bastien-Thiry et les Fusillés :
le samedi 10 mars 2012 :
- à 11 h 30, Église Sainte-Odile - 2 avenue Stéphane-Mallarmé à Paris (75017), renseignements : basthiry@aol.com - 01 39 18 45
- à 18 h 30, Église Saint-Michel, à Draguignan (83300), renseignements : basthiry@aol.com - 01 39 18 45
- à 18 h 30, Chapelle du Sacré-Cœur, 65 rue du Maréchal Oudinot à Nancy (54000), renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry -  tél.  01 39 18 45 05 -  basthiry@aol.com 
le dimanche 11 mars 2012 :
- à 10 h, Chapelle de la Visitation, 17, place Sainte-Claire, Nice 06000, renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry : 01 39 18 45 05 - basthiry@aol.com
- à 10 h 30, Cathédrale, 55, place de la  Cathédrale, Toulon (83000), renseignements : Michel de Crousnilhon : 04 94 22 91 00
- à 10 h 30, Église Notre-Dame de la Visitation, place Victor-Hugo La Crau 83260, renseignements : andrenavarro1@orange.fr
- à 10 h 30, Église Saint-Nicolas du Chardonnet, 23, r. Bernardin - Paris 75005, Mo Maubert-Mutualité, renseignements : Ass. Familles 26/3 : 01 45 74 09 91
- à 18 h 30, Basilique N.-D. de la Victoire, 19, rue Jean-Aicard, Saint-Raphaël, 83700,, renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry : 01 39 18 45 05 - basthiry@aol.com
le lundi 19 mars 2012 :
- à 17 h 30 Basilique du Sacré Cœur, 9 avenue du Prado à Marseille (13008), renseignements : Paul Taliana : 04 91 78 35 11

- Messe pour les Assassinés du 26 mars 1962 :

- dimanche 18 mars 2012, à 11 heures, Chapelle Œuvres Diocésaines, 27, rue des Juifs, Strasbourg 67000, renseignements : Claude Garcia : 03 88 20 55 25

[Informations communiquées par l’Adimad]

La liste précédente est loin d’être exhaustive, d’autres manifestations, très nombreuses, toujours plus nombreuses, ont lieu chaque année partout en France, notamment (à vérifier) :

à Toulouse, chapelle Notre-Dame du Férétra, place Saint-Roc, renseignements : basthiry@aol.com
à Grenoble, Chapelle Sainte-Marie-Saint-Michel, 4 rue Charles Gounod, renseignements : Jacky Jeymond : 06 82 87 04 61
à Marignane, Stèle du cimetière Saint-Laurent-Imbert, renseignements : Jean-Joseph Guilabert : 06 67 62 66 76
à Hames Boucres (62340), Chapelle Sainte-Victoire, route de Hames Boucres,  renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry : 01 39 18 45 05
à Nice (O6000), Oratoire Saint-Joseph, 18 rue Catherine Ségurane  renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry : 01 39 18 45 05
à Versailles (78000), Chapelle Notre-Dame des Armées, impasse Gendarmes (près Hôtel de Ville), renseignements : Cercle Jean Bastien-Thiry : 01 39 18 45 05
à Ajaccio (20000), Stèle des Réfugiés, La Parata - Les Sanguinaires, renseignements : andrebianchi@hotmail.fr
à Antibes, église du Sacré-Coeur
à Brest, chapelle Sainte Anne, 43 rue Bruat
à Brucamps (80), église paroissiale
à Draguignan, église ND du Peuple
à Nantes, chapelle du Christ Roi
à Sanary sur Mer, église Saint Nazaire
à Toulon, église Sainte Philomène, 125 boulevard Grignan… …



CERCLE JEAN BASTIEN-THIRY
 Adresse du Cercle
B.P. 70 - 78 170 La Celle Saint Cloud (France) - Fax : 01 39 18 45 05
E-mail : basthiry@aol.com

http://www.bastien-thiry.fr  [Ce site reste un authentique "Lieu de Mémoire"]

Comité d'Honneur
- La Maréchale de Lattre de Tassigny, le Général Weygand, les Généraux Challe, Gardy, Salan, Zeller, l'Ingénieur Général Bonte, les Colonels Argoud, de Blignières, Garde, Moinet, le Bachaga Boualam, Monseigneur Ducaud Bourget, l'Abbé Bayot, l'Abbé Serralda, Jean Anouilh, Maîtres Richard Dupuy, Bernard Le Coroller, Jacques Isorni, Jean-Louis Tixier Vignancour ...

Objectifs
- Honorer et défendre la mémoire du Colonel Jean Bastien-Thiry, fusillé au Fort d'Ivry à Paris le 11 mars 1963, pour attentat contre le général De Gaulle .
- Faire connaître les raisons et promouvoir les valeurs qui ont inspiré son action .

Liste d'ouvrages disponibles au Cercle Jean Bastien Thiry, BP 70 (78170) La Celle Saint- Cloud - France
- "Déclaration du Colonel Bastien Thiry " à son procès - 35 pages - Dans une première partie, l'accusé rappelle les grandes étapes de l'abandon de l'Algérie Française : rébellion de 1954, intervention armée, engagements et reniements successifs du Général De Gaulle, tractations avec le F.L.N., journée des barricades à Alger, blocus de Bab el Oued, fusillade du 26 mars rue de l'Isly, signature des accords d'Evian, abandon des Pieds Noirs et génocide des Harkis .Dans la seconde partie, il justifie la révolte des populations abandonnées, la création de l'O.A.S. et du Conseil National de la Résistance et la décision d'arrêter le Chef de l'Etat afin de le traduire en Haute Cour pour forfaiture, crimes et trahison.
- "Présence de Jean Bastien Thiry" - Texte de la Déclaration et articles de Presse parus en 1963 - 110 pages.
- "Jean Bastien Thiry : Sa vie, ses écrits, témoignages "- 265 pages.
- "Bastien Thiry : Vérité " - Le Procès de l'attentat du Petit-Clamart " - Sous ce titre, c'est le procès et la mort du colonel Bastien-Thiry qui sont évoqués avec une intensité poignante par Geneviève Bastien-Thiry, sa femme, à partir des documents authentiques . - 247 pages.
- Médaillon à l'effigie de Jean Bastien Thiry - Bronze sur résine - diamètre 11 cm.
- Cassette du procès du Petit Clamart - Cassette audio enregistrée au cours du Procès en Cour Militaire de Justice
- "Plaidoyer pour un frère fusillé" de Gabriel Bastien-Thiry. Document exceptionnel écrit par son plus jeune frère où chaque mot a son poids de vérité- 208 pages. 





Jean-Marie Bastien-Thiry - 11 mars 1963 : "Il semblait enveloppé d’une auréole"…


Le Libre Journal de la France Courtoise  dans son numéro 120 du 19 mars 1997  (pp. 17 à 19) reproduit le témoignage d'un policier qui eut à conduire Jean-Marie Bastien-Thiry au peloton… Voici reproduit cet article dans son intégralité.



Un policier qui conduisit Jean-Marie Bastien-Thiry au peloton raconte :
« Il semblait enveloppé d’une auréole »

Le 11 mars 1963 tombait au Fort d’Ivry le colonel Bastien-Thiry, héros de l’Algérie française, fusillé sur ordre de De Gaulle.
Monsieur Pierre Sidos a, pour la première fois, autorisé la publication d’un document unique qu’il détient depuis trente ans.
Je ne puis dire la fierté que m’inspire le choix du Libre Journal pour cette publication.
Ce récit des ultimes instants du colonel Bastien-Thiry fut rédigé de la main même d’un témoin privilégié : un dirigeant de la police française qui, pour mieux servir la France dut cacher son admiration pour l’homme qui allait mourir et pour la cause à laquelle cet homme avait sacrifié sa vie. Nous reviendrons d’ailleurs prochainement, avec la permission de monsieur Pierre Sidos, sur cet épisode étonnant de l’histoire contemporaine.
Pour l’heure, ce témoignage extraordinaire permet de mesurer à quels drames de conscience ont été confrontés certains fonctionnaires de l’état gaulliste, en ces temps de trahison.
Il devrait rendre moins péremptoires les donneurs de leçons qui, sans risque, jugent et condamnent, un demi-siècle plus tard, des hommes qui n’ont fait que leur devoir « Pour que France continue ».

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Samedi 9 mars 1963 - 17 heures.
P..., commissaire divisionnaire à l’état-major de la police municipale, me demande au téléphone de mon bureau du 5ème district, avenue d’Italie, et m’invite a venir d’urgence à son bureau. Je ne puis m’empêcher de m’exclamer : « Je crois, hélas, deviner pourquoi ».
Je pars donc à la préfecture, et là, P... me confirme qu’en effet, si Prévost et Bougrenet de la Tocnaye sont graciés, l’exécution de Bastien-Thiry est ordonnée pour le lundi 11 mars au matin. Le moins qu’on puisse dire est que les choses n’ont pas traîné depuis le jugement qui doit remonter à quinzaine.
Nous voici à mettre sur pied le futur service d’ordre...
B..., commissaire de Choisy, assurera un isolement total des Prisons de Fresnes, avec des effectifs considérables.
L..., commissaire de Charenton, qui sera de ronde de nuit du 10 au 11, consacrera tout son temps à la surveillance de l’itinéraire Prisons-Fort d’Ivry ; effectifs généreusement prévus : on ne lésine vraiment pas...
B..., commissaire d’Ivry, assurera les fonctions judiciaires : accompagnement des autorités, présence sur le lieu de l’exécution et procès-verbal pour en rendre compte.
Détail pénible : on le charge de commander le cercueil et on lui donne les mensurations du malheureux ; ces préparatifs hideux, concernant un homme bien vivant, espérant sans doute encore avec ses proches auxquels il est toujours relié par la pensée (comment oublier sa femme et ses trois petites filles ?) me mettent dans un trouble profond et me font abhorrer la peine de mort.
Je reviens chez moi, sans dire un mot, en proie au désespoir et au dégoût, me demandant comment je vais vivre ces quarante-huit heures d’attente...
Pour comble, je préside le soir même, le bal de la section de Gentilly de l’orphelinat mutualiste de la PP. Comment ai-je pu, avec mes pensées en désarroi, tenir devant les niaiseries de ces gens se contorsionnant, et faire le discours d’usage ?
Le dimanche est une véritable veillée funèbre : je ne sais où aller pour fuir les pensées qui m’assaillent. La journée passe, morne. Sans avoir dormi, je me lève à une heure du matin. Il pleut à torrents. Par les rues désertes je vais à la préfecture prendre contact avec les équipes en civil de la Brigade de direction, mises à ma disposition pour chercher, véhiculer et protéger au besoin les juges, le procureur général, l’aumônier, le médecin.

Ce vieillard allant faire tuer un être jeune, plein de vie...

C’est un médecin de l’Armée de l’air qui doit assister, ô dérision, à cette mort. Les braves gars de la Brigade, des gens courageux toujours prêts à traquer les criminels, la nuit, sont ébranlés eux aussi. Ils ont à tour de rôle escorté le prisonnier tout au long des nombreux trajets Prisons-Fort de l’Est où siégeait le tribunal. Les rares contacts qu’ils ont eus avec Bastien-Thiry (entrevu quand il montait et descendait du fourgon cellulaire) leur ont laissé malgré tout une profonde impression que l’on éprouvait en le côtoyant, même sans lui parler... « Il semblait enveloppé d’une auréole... »
Je repasse au district, encore plus ému par ce bref aveu d’un humble flic. Je prends dans ma voiture mon chauffeur de service et un secrétaire et nous partons pour Fresnes.
Dès notre arrivée, je vois une dizaine de reporters de presse filmée ou de télé qui allument leurs projecteurs.
Cette attente des badauds de profession en prévision d’une curée, recherchant avidement tout ce qui se présente de sensationnel, me semble quelque chose d’indécent. Usant des consignes draconiennes que j’ai reçues, c’est sans ménagements que je les fais refouler dans le bistrot voisin qu’ils ont déjà fait ouvrir et où ces importuns ont établi leur PC.
Les effectifs arrivent, les commissaires mettent en oeuvre le plan qu’ils ont reçu, je reste rencogné dans le fond de ma voiture, après les avoir successivement revus.
Je suis embossé dans l’allée menant au pavillon résidentiel du directeur de la prison, M. Marti. Le condamné est dans le bâtiment voisin : le CNO (Centre national d’orientation), où sont habituellement concentrés les prisonniers en attente d’une autre affectation. Cette masse sombre est silencieuse : les CRS de garde aux abords courbent le dos sous l’averse. Ma radio grésille doucement. Paris est encore en léthargie ; la police prend la place sur l’itinéraire, sans bruit la pluie fait rage... J’écoute le vide... et prie.
Tout à coup, les abords de la prison s’animent : B..., qui attend près de la porte, pénètre dans le CNO en compagnie de M. Marti. L’aumônier suit. Survient Gerthoffer, le procureur général, silhouette falote, moulé dans un pardessus gris aux formes démodées ; il descend de voiture et saute pour éviter les flaques d’eau, faisant le gros dos sous les rafales. Ces vieillards allant faire tuer un être jeune, plein de vie encore, me semblent une énormité inhumaine.
Pendant ce temps, De Gaulle doit reposer dans sa majestueuse sérénité...
La gendarmerie, chargée de livrer le condamné au peloton d’exécution, a fait grandement les choses : une escorte de trente motos, celle d’un chef d’État, trois petits cars bourrés d’effectifs armés, pour s’intercaler entre les divers véhicules du cortège, prennent place sur l’avenue dite « de la Liberté ». Le car chargé de transporter le condamné, avec une garde de huit gendarmes, entre dans la prison. Nul n’ignore que la gendarmerie est le pilier de ce régime...
B... m’informe par radio que, toutes les personnalités étant arrivées, on va réveiller le condamné.
Il me relatera ensuite que c’est Gerthoffer qui est entré le premier et que Bastien-Thiry a aussitôt demandé quel était le sort de ses compagnons. Apprenant qu’ils étaient graciés, il sembla alors délivré de tout souci et entra dans une sorte d’état second, abandonnant toute contingence terrestre.
Il revêt son uniforme et sa capote bleu marine de l’Armée de l’air sans prêter un instant d’attention aux paroles bien vaines que ses avocats croient devoir prononcer.
Il entend la Messe à laquelle assiste également M. Marti. Il est, même aux yeux des moins perspicaces, en dialogue avec le Ciel. Au moment de communier, il brise en deux l’hostie que lui tend l’aumônier et lui demande d’en remettre la moitié à son épouse. Puis, après l’Ite Missa est, il dit « Allons »... et se dirige vers le couloir de sortie. A ce moment, les phares des voitures s’allument, les motos pétaradent, et j’annonce par radio la phrase que j’ai si souvent prononcée lorsque j’étais avec De Gaulle : « Départ imminent »...
L’état-major la reprend pour alerte générale.
Mais rien ne vient, et cette attente imprévue semble atroce. Pendant vingt affreuses minutes les avocats vont tenter une démarche désespérée : ils demandent au procureur général d’ordonner de surseoir à l’exécution en raison du fait nouveau qu’est l’arrestation récente d’Argoud.
Bastien-Thiry, absent de tout, revient dans sa chambre, stoïque, silencieux, méprisant devant ces passes juridiques où chacun s’enlise. Il ne dira pas un mot, ni d’intérêt, ni d’impatience...
B..., qui n’est pourtant pas un croyant, me dit : « Il est déjà parti en haut ».
Enfin, les palabres des hommes de loi prennent fin : le procureur refuse tout sursis.
Les phares s’allument de nouveau, les motos repartent à vrombir. Cette fois, c’est bien le départ. Je vois la voiture du condamné balayer de ses phares le seuil de la prison, puis se diriger vers le portail ; tout le cortège s’ébranle. C’est bien celui d’un chef d’État, dans son triomphe.

Sur la radio de bord, à 6h42, j’entends : « Exécution terminée »...

Ce condamné qui, au procès, a traité De Gaulle d’égal à égal et l’a assigné au Tribunal de Dieu et de l’histoire, comme renégat à la parole donnée, aux serments les plus solennels et sacrés, ce condamné est bien un chef État.
C’est bien le même cortège que j’ai si souvent commandé : voiture pilote avec phare tournant, motos devant, motos formant la haie d’honneur, motos derrière, et quinze voitures officielles suivant...
La pluie redouble ; je reste loin derrière, suivant la progression par radio codée... comme pour l’Autre...
Je décide d’aller directement au cimetière de Thiais, triste aboutissement... Je n’aurais pas pu assister à ce Crime, pas même rôder autour du Fort d’Ivry et entendre cette horrible salve.
Au moment où j’entre parmi les tombes, j’entends cette petite phrase de B..., et elle me restera longtemps dans l’oreille : « Allô... Z1... » ; le processus s’accélère... « Je vois le condamné contre son poteau ». Et, à 6h42, cette information : « Exécution terminée ». Je sais gré à B... d’avoir évité la formule consacrée « Justice est faite », elle serait si malvenue ici. Justice... où es-tu ? J’attends encore : rien. Donc, il n’y a pas eu défaillance du peloton comme pour le malheureux Degueldre.
Je vais avec D..., dont je connais les sentiments proches des miens ; nous nous rendons au carré des condamnés. C’est une triste parcelle recouverte de hautes herbes jaunies par le gel, entourée d’arbustes dénudés, frêles et désolés. Un trou a été creusé dans la glaise qui colle aux chaussures.
Enfin arrive un fourgon, escorté par le colonel de gendarmerie de Seine-et-Oise. On descend le cercueil en volige de bois blanc. L’aumônier arrive ; il est suivi du médecin, un grand maigre, tout gêné. Je viens saluer et me recueillir avec D... Les gendarmes se retirent ; les fossoyeurs, à l’abri dans le bâtiment de la Conservation tardent à venir. Nous restons là, tous les quatre, à prier devant cet humble cercueil, placé de travers sur le tas de glaise, courbant le dos sous les rafales de ce sale hiver qui n’en finit pas...
Dehors, les premiers banlieusards se hâtent vers le travail, indifférents à tous ces policiers massés devant le cimetière. Chacun va à ses occupations, c’est le monstrueux égoïsme des grandes cités.
Ainsi est mort pour son idéal, le Rosaire au poignet, Jean-Marie Bastien-Thiry, trente-quatre ans, ingénieur de 2ème classe de l’aviation militaire, père de trois petites filles, devenues subitement orphelines, demeurant de son vivant 17, rue Lakanal, à Bourg-la-Reine.
 Paris, le 11 mars 1963, 11 heures du matin.