Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 16 novembre 2020

Lettre ouverte d'un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron






الأب الياس زحلاوي


Père Élias Zahlaoui
Damas, 2 novembre 2020

Monsieur le Président,
Dans le désarroi où vous vous débattez, et où, avec vos deux « géniaux » prédécesseurs, vous avez plongé toute la France, et peut-être bientôt, toute l’Europe, permettez à un vieux prêtre arabe catholique de Syrie, de vous faire part de quelques propos tout simples, mais, hélas, « politiquement incorrects » !

En Président de la République Française, vous vous indignez devant l’assassinat d’un ou de plusieurs Français. Les Parlementaires français, à leur tour, protestent un moment, debout, en silence. Et l’Église de France de sonner le glas en tous ses clochers.

C’est donc tous ensemble, les Trois Corps Représentatifs de la France, qui se dressent et s’indignent, face au monde !

Il le fallait. Tout assassinat, quel qu’il soit, où qu’il soit, et pour quelque motif que ce soit, est à condamner d’une façon absolue. Avec vous tous, je déclare que tout être humain est SACRÉ ! Oui, TOUT ÊTRE HUMAIN EST SACRÉ !

Je ne puis, en homme et en prêtre, qu’approuver ces triples prises de position, on ne peut plus légitimes, vis-à-vis de vos concitoyens français, voire européens.

En conséquence, laissez-moi, en homme et en prêtre de Syrie, vous poser, à vous, Monsieur le Président, à vos « dignes » prédécesseurs, ainsi qu’aux Parlementaires français qui se sont succédés depuis 10 ans, et surtout à toute l’Église de France, cette question toute simple :
Si la vie humaine est à vos yeux de Français, si précieuse, pourquoi, VOUS TOUS en France, vous vous êtes arrogé le DROIT et le DEVOIR, d’acheminer en Syrie, durant dix longues années, des centaines de milliers d’assassins, dont dix mille Français au moins, pour détruire de fond en comble, tout un pays, ma patrie la Syrie – cette Syrie dont votre savant André Parrot avait dit qu’elle était « la patrie de tout être civilisé » – sous le prétexte d’y instaurer « la Démocratie, la Liberté et les Droits de l’Homme » ?
Monsieur le Président, Messieurs les Parlementaires, Messieurs les Prélats de l’Église de France, auriez-vous oublié, dans votre opulence et arrogance d’Occidentaux, tout autant que d’anciens colonisateurs à l’histoire si peu honorable, cette vérité terrible qui dit qu’on ne récolte que ce qu’on sème ?

Hélas, vous récoltez déjà, et vous récolterez bientôt, ce que vous avez semé en toute impunité. Puisse cette récolte ne pas être à la mesure de ce que vous avez, en toute tranquillité de conscience, semé rien qu’en Syrie !

Monsieur le Président,
Vous n’êtes pas sans savoir que l’Histoire ne pardonne pas. Reste que pour vous, Politiciens de tous bords, vous pourriez prétexter du fait plus qu’évident, que vous êtes en fin de compte, manipulés par des Pouvoirs mondialistes, occultes et tout-puissants.

Mais l’Église de France, cette Église de Jésus-Christ mort par amour pour tout être humain, et que Saint Paul a qualifiée de « Colonne de Vérité », de quel prétexte peut-elle se prévaloir, pour laisser commettre cet ASSASSINAT systématique, absolument inexpiable, de tout un peuple, dont les descendants de la toute première Église, SANS MOT DIRE ?

Ce silence, aussi indigne que lâche, sonne pour moi prêtre de Jésus-Christ, rien moins que le glas de toute l’Église de France.

Monsieur le Président,
Il est déjà tard.

De grâce, hâtez-vous de retrouver votre dignité d’homme, pour aider toute la France à se faire enfin humaine.

Père Élias Zahlaoui
Damas, 2/11/2020


Source :

Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie au Président français Emmanuel Macron


Lire aussi :

Qui sème le vent, récolte la tempête !

Allocution d’un prêtre de Syrie devant le Parlement européen

Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie au Président Hollande (30 mai 2012)
Lettre ouverte d’un prêtre arabe de Syrie à Sa Sainteté le Pape Benoît XVI (30 juillet 2012)

Lettre ouverte du père Jean-Paul Devedeux à Mr François Hollande (30 mai 2012)

Hollande annonce l'expulsion de l'ambassadrice de Syrie (29 mai 2012)

Témoignage du père Élias Zahlaoui, prêtre à Notre-Dame de Damas, quartier de Koussour

Questions ouvertes du Père Élias Zahlaoui à Laurent Fabius

Bruchez Anne, « La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères », Relations internationales, 2/2005 (n° 122), p. 17-32

"La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères" : autres publications sur un sujet proche

Pierre Magnan : Quand la Syrie était administrée par la France

Soheila Ghaderi-Mameli, « L'histoire mouvementée des frontières orientales de la Turquie », Confluences Méditerranée, 2/2005 (N°53), p. 91-102

"L'histoire mouvementée des frontières orientales de la Turquie" : autres publications sur un sujet proche




mardi 27 octobre 2020

Macron : la République, l'islam, l'islamisme et le choc des civilisations…


L'Éducation nationale a-t-elle perdu la tête ? Ou bien est-ce la France toute entière ? Une mort qui tombe à pic pour alimenter les bavardages de nos politiciens qui en fait s’en foutent totalement de la victime… tout en chérissant un acte bienvenu pour leur propagande. Mais où veulent-ils donc en venir ? Au choc des civilisations ? Avons-nous à craindre pour la santé mentale de Macron comme voudrait nous en avertir Erdogan ? Certes nous avons pu constater son air ahuri en présence d'élèves d'une école de Berd'huis en avril 2018. Certes nous avons pu déplorer sa collusion avec le terrorisme islamique en Syrie alors qu'il recevait ostensiblement des délégations et des Casques blancs et de Syrian Charity. Mieux, il leur offrait 50 millions d'euros au nom des Français. C'était au printemps 2018. Et le voilà qui, à l'automne 2020, dénonce de toute la vigueur qui lui a été donnée le terrorisme de l'islam en France. Où serait la cohérence ? Une incohérence en fait toute illusoire. Rassurez-vous, M. Erdogan, non M. Macron n'est pas fou, ou s'il l'était il reste bien cornaqué.



Une photo ô combien probante ?... C’était le jeudi 12 avril 2018 dans une école de Berd’huis... Lui aussi !
Macron perdu... complètement dépassé… gazé ?
Les gaz du président Bachar el-Assad auraient-ils été portés par des vents malicieux jusqu'ici ?
Constatant son état ahuri les Français sont fondés à se demander si
la charge que lui a confiée Attali n'est décidément pas trop lourde pour ce gamin…
Il finance le terrorisme, 50 millions d'euros c'est pas rien…
Il voudrait encore faire la guerre en Syrie ?
Quels soldats accepteront encore longtemps de suivre un tel chef des Armée ?…
… Et pourtant !

Après avoir reçu le groupe terroriste des Casques blancs réalisateurs récidivistes attitrés des enregistrements de simulacres d'attaques chimiques… Macron accueillait le 16 avril 2018 le président de l'organisation islamiste Syria Charity (Frères musulmans) qui collecte des fonds en France et assure la logistique des groupes terroristes en Syrie. Cette organisation a des agents en Syrie principalement dans toutes les zones contrôlées par Al-Qaïda… Bien plus, Macron étend sa complicité avec le terrorisme à tout son Régime en faisant bénéficier de réduction d'impôts les Français abusés qui financent cette organisation terroriste, Syria Charity…





À l'issue de cette réunion avec les ONG présentes sur le terrain en Syrie, Emmanuel Macron a annoncé un programme humanitaire d'urgence de 50 millions d'euros destiné à financer des projets dans la Ghouta orientale, "cible d'une offensive sanglante du régime".














En France, la liberté d’expression est un droit fondamental, mais l’insulte et la diffamation sont des délits, rappelle l’éditeur Arno Mansouri. De ce point de vue, si l’on a le courage de regarder les faits en face et non pas de se laisser subvertir par le discours dominant, Samuel Paty ne défendait pas la liberté d’expression, mais insultait tous les musulmans. Nous ne pouvons ni soutenir les intégristes islamistes qui l’ont abjectement assassiné, ni les intégristes laïcs qui masquent leurs insultes contre des religions derrière un droit fondamental. Nous militons au contraire pour liberté de conscience, pour la laïcité au sens de la loi de 1905.

Le discours de toute la caste médiatique (et politique) selon lequel Samuel Paty ne faisait que son travail, que son devoir républicain, et qu’il enseignait à ses élèves la tolérance et la liberté d’expression, ainsi que la laïcité, me met hors de moi.

Je m’insurge totalement contre ce discours totalement faux, parfaitement biaisé, complètement coupé de la réalité et du bon sens, et surtout dangereux !

Dans tous les médias, la caricature incriminée est décrite comme un dessin représentant le « prophète accroupi avec une étoile dessinée sur ses fesses ». Si ce n’est pas entièrement faux, cette description relève pour le moins de l’euphémisme ; en fait, on peut même parler de mauvaise foi abyssale. Il est d’ailleurs à noter que la plupart des médias ont pris grand soin de ne pas montrer l’image en question (elle est parfois accessible si l’on clique sur un lien dans l’article). Pourquoi donc un tel luxe de précaution, si elle était réellement aussi anodine, inoffensive ?

La réponse est évidente à qui voit le dessin, ci-dessous, car il faut voir les choses pour pouvoir les analyser :

Le prophète n’est pas juste « accroupi » : hormis son turban, il est à poil, à 4 pattes, cul levé ou tendu, de trois-quarts dos, de manière à ce que l’on voit ses couilles poilues, sa bistouquette, y compris avec une goutte de pisse… et l’étoile n’est pas « dessinée sur ses fesses » : elle est exactement à la place de son trou de cul (comme si c’était son anus).

Alors, je m’exprime en tant qu’athée (au mieux agnostique), c’est-à-dire ni musulman, ni catholique, ni croyant et encore moins fondamentaliste : j’ai eu beau chercher longtemps, me creuser longuement les méninges, j’avoue que je ne comprends pas ce qui est intelligent, signifiant, pertinent, spirituel, ou même simplement drôle dans cette image.

Bien au contraire, je n’y vois qu’un gribouillis laid, mais surtout extraordinairement insultant pour la communauté musulmane, pas seulement en France, mais partout dans le monde. Ce n’est pas un simple blasphème, c’est une véritable injure adressée à plus d’un milliard d’êtres humains qui, il serait bon de s’en souvenir, partagent la planète avec nous, Occidentaux. Il est légitime de constater, à l’instar de M. Delfeil de Ton (l’un des fondateurs du Charlie Hebdo historique, qui n’a rien à voir, à part le titre, avec le journal homonyme, créé en 1992 par Philippe Val) qui écrivait au lendemain des attentats de janvier 2015 : « Il fallait pas le faire mais Charb (Charlie) l’a refait ». Tout était déjà dit dans sa tribune que je vous invite à relire, ici.
Cette image dégradante n’avait pas sa place même dans un magazine satirique, car elle n’est nullement emblématique d’un soi-disant « droit au blasphème » et encore moins de la « liberté d’expression » ou (comble du ridicule) du « respect de la laïcité ». Je ne vais pas me faire l’exégète de son auteur (j’en serais bien incapable) ; j’imagine que Mme Corinne Rey (qui signe Coco) s’en prenait aux seuls fous d’Allah (du type des djihadistes de Daesh) qui pervertissent la religion musulmane et la souillent ; je veux croire, en lui laissant le bénéfice du doute, qu’elle ne souhaitait pas insulter les musulmans dans leur ensemble, qu’ils soient nos compatriotes ou non. Et cependant, c’est un fait, qu’il n’est à vrai dire pas difficile de comprendre : les musulmans de France, et bien plus encore ceux qui vivent au-delà de nos frontières, se sentent profondément humiliés, injuriés et dégradés par ce dessin. Et pas seulement eux : il en va de même pour beaucoup de croyants d’autres religions, et même des athées qui comme moi respectent les croyances religieuses de leurs frères en humanité.

Coco peut gribouiller un tel dessin : c’est son droit le plus absolu. Elle a payé un lourd tribu 3 ans plus tard lors des attentats, et je compatis à son calvaire. La décision de Charlie de le publier en 2012 est en revanche éminemment questionnable, et je vais expliquer pourquoi. Bien sûr, il faut remettre les choses dans leur contexte. Les premières « caricatures de Mahomet » ont été publiées en France en février 2006, par France-Soir puis par Charlie Hebdo (alors toujours possédé et dirigé par Philippe Val) qui ajoute les siennes propres, ainsi que d’autres journaux européens ou même dans le monde arabe. (Il est à noter qu’au Royaume-Uni, aucun journal ne les a publiées, pas même un tabloïd, et qu’aux USA – pays qu’on ne soupçonnera pas d’entraver la liberté d’expression -, seul Harper’s l’a fait dans le cadre d’un article quasi universitaire.) Au départ, c’est-à-dire fin septembre 2005 soit moins de 3 mois après les attentats meurtriers de Londres, elles émanaient d’un quotidien danois conservateur (le Jyllands-Posten) dont l’éditeur des pages Culture de l’époque, Flemming Rose, était un proche du néo-conservateur Daniel Pipes [1]. Le Premier ministre danois est alors Anders Fogh Rasmussen qui deviendra le secrétaire général de l’Otan en 2009.

Les 12 caricatures étaient presque anodines en regard de ce qui suivra. La plus « scandaleuse » présentait un musulman barbu coiffé d’un turban prenant la forme d’une bombe, sur laquelle s’inscrivait la profession de foi musulmane (« Dieu est Grand et Mahomet est son prophète »).

Toutefois, malgré l’innocuité de ces dessins, les autres quotidiens danois prennent leurs distances et critiquent un coup d’éclat publicitaire réussi. Un des caricaturistes avouera même que « le Jyllands-Posten voulait dès le départ uniquement provoquer ».

D’ailleurs, le président Jacques Chirac, l’ex-président Bill Clinton et le secrétaire général de l’Onu, parmi d’autres dirigeants, condamnent un usage abusif de la liberté de parole et appellent à plus de « responsabilité et de respect envers les sentiments religieux ». Ils sont évidemment conscients que le contexte géopolitique est explosif. Rappelons quand même aux plus jeunes lecteurs comme à ceux qui ont le moins de mémoire qu’en 2006, les guerres illégales en Afghanistan et en Irak battent leur plein, et font des ravages inouïs dans la population civile… musulmane. Ils ne se trompent pas, car des boycotts des produits danois sont lancés, des menaces de mort proférées, de nombreuses émeutes et manifestations violentes se produisent dans différents pays musulmans, d’autant que les Frères musulmans continuent de jeter de l’huile sur le feu, comme ils le font depuis le début.
En novembre 2011, année des prétendus « Printemps arabes », les locaux de Charlie sont incendiés après la parution du numéro spécial Charia Hebdo. Le dessinateur Wolinski confie : « Je crois que nous sommes des inconscients et des imbéciles qui avons pris un risque inutile. C’est tout. On se croit invulnérables. Pendant des années, des dizaines d’années même, on fait de la provocation et puis un jour la provocation se retourne contre nous. Il fallait pas le faire. » La surenchère dans la provocation continue pourtant. Comme l’écrit Delfeil de Ton dans sa tribune : « Un an plus tard, septembre 2012, après une provocation qui avait fait mettre nos ambassades en état de siège dans les pays musulmans, déployer toutes nos polices dans nos villes, je fus amené à écrire, m’adressant à Charb, toujours dans l’Obs : "Se situer à l’extrême gauche et s’entendre dire par le NPA qu’on « participe à l’imbécillité réactionnaire du choc des civilisations », se définir écologistes et être traités de « cons » par Daniel Cohn-Bendit, ça devrait donner à réfléchir. Surtout quand dans le même temps on est applaudi par la famille Le Pen, Rioufol du Figaro et le Premier ministre de Sarkozy". »

Puis c’est l’attentat du 7 janvier 2015. Toujours sous la plume d’un Delfeil de Ton extrêmement lucide : « 
Cet attentat entre dans le cadre d’une guerre déclarée à la France mais aussi dans celui de guerres que mène la France, se mêlant d’intervenir militairement dans des conflits où sa participation ne s’imposait pas, où des tueries pires encore que celle de Charlie Hebdo ont lieu tous les jours, et plusieurs fois par jour, et auxquelles nos bombardements ajoutent des morts aux morts, dans l’espoir de sauver des potentats qui se sentent menacés, pas plus recommandables que ceux qui les menacent, dont le pouvoir s’est certainement assis sur le versement de beaucoup de sang et qui décapitent aussi bien que leurs adversaires, torturent et tranchent mains et pieds au nom d’Allah, comme leurs adversaires, et pourquoi donc, grands dieux, notre République, si fière d’être laïque, va-t-elle choisir entre ces sectateurs qui brandissent pareillement d’une main le cimeterre, de l’autre le Coran ? Si Barack Obama n’avait pas retenu notre François Hollande, celui-ci partait en Syrie à la chasse de Bachar al-Assad, comme Sarkozy son prédécesseur est parti à la chasse en Libye de Mouammar Kadhafi, qu’il a éliminé, mais avec le résultat que l’on sait. Combien de Syriens la France aurait-elle tués et probablement tuerait-elle toujours ? Laisser les peuples disposer d’eux-mêmes, n’est-ce pas un principe sacré ? S’ils sont en guerre intestine, de quel droit nous en mêler ? Nous ne comprenons rien à leurs querelles, nous ne faisons que les faire durer davantage et il nous faut nous étonner, ensuite, s’ils les transportent sur notre sol ? »

Un simple article ne permet pas d’aborder le vaste sujet, bien documenté, de l’instrumentalisation géopolitique de l’Islam : j’ai publié des livres essentiels qui traitent la question comme Sous nos yeux de Meyssan, Le Charme discret du Djihad de F.W. Engdahl ou Les Guerres illégales de l’Otan de Ganser ou La Guerre contre la vérité de Nafeez Ahmed.

Mais revenons maintenant au dessin « Mahomet : une étoile est née ». Si ce n’était pas un dessin, mais une photographie, il aurait été qualifié de pornographique. Figurer le fondateur d’une religion, pas seulement nu mais dans sa nudité la plus crue (bite et couilles poilues pendantes) et la plus crasse (goutte pendant du vit), quand on sait l’importance de la pudeur dans le monde musulman est bien au-delà de l’irrespect. Détourner la position physique d’un musulman en prière (c’est-à-dire dans l’attitude humble de soumission devant son Créateur) en le montrant en levrette, c’est-à-dire en en faisant un sujet de lascivité (voire de luxure) est le comble de l’injure. Mais je dirais que le pire aspect de ce dessin est de réduire le prophète (symbolisé par sa barbe et son turban) à son anus (« une étoile est née »), dont la fonction physiologique est d’excréter les déjections.
Bien sûr, la puissance dévastatrice de la caricature réside dans le fait de ne pas dire les choses, mais de les suggérer, de les faire sentir et ressentir. La caricature nous fait réagir, émotionnellement, jamais penser. Pourtant, sans filtre, ce dessin signifie littéralement que « les musulmans vénèrent un faux prophète lubrique qui n’est qu’un trou du cul ; leur religion est littéralement de la merde ; qu’ils aillent se faire enculer, ces faux-culs obsédés ». Ce n’est certes pas écrit en toutes lettres, auquel cas cela tomberait sous le coup de la loi pour incitation à la haine, mais que Coco, Charlie, ou M. Paty le veuillent ou non, c’est ainsi que le message est perçu, plus ou moins consciemment, par toute une communauté de croyants, dont plus de 99,99 % ne sont pas des intégristes islamistes ou djihadistes. Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est violent.

Mais c’est aussi illégal. L’injure n’a rien à voir avec la liberté d’expression, laquelle est strictement encadrée, justement pour empêcher les dérives. Il est en effet clairement établi dans l’article 29 de la loi de 1881 sur la liberté de la presse que l’injure et la diffamation sont passibles de prison et d’amendes. « Toute expression outrageante, termes de mépris ou invective qui ne renferme l’imputation d’aucun fait est une injure » et « Toute allégation ou imputation d’un fait qui porte atteinte à l’honneur ou à la considération de la personne ou du corps auquel le fait est imputé est une diffamation ». Renseignements pris, il s’avère que le Prophète Mohammed n’a pas porté plainte contre la diffusion de ce dessin, pas plus que la LICRA, ou les organisations représentatives des musulmans, échaudées il est vrai par les articles de presse, qui lors du premier procès contre les caricatures en 2007 furent présentées à tort comme voulant établir en France l’interdiction du blasphème, voire celle de représenter leur prophète. Les caricaturistes sont eux aussi soumis aux lois régissant la presse et la liberté d’expression ; ils ne peuvent s’y soustraire en prétendant que l’art (même si dans le cas précis de ce dessin, il est difficile de parler d’art) serait au-dessus des lois : ce n’est pas le cas. Par ailleurs, la jurisprudence sur la menace de troubles à l’ordre public à elle seule pourrait justifier de l’interdiction d’un tel dessin.
Enfin, et surtout, d’un point de vue pénal, le fait de montrer des images pornographiques à des enfants de moins de 15 ans, qui plus est par un enseignant dans l’enceinte scolaire (circonstance aggravante puisqu’il devient personne ayant autorité de fait sur les enfants) pourrait tomber sous le coup de l’article 227-24 du code pénal (mise en péril des mineurs) qui punit de 3 ans de prison et 75 000 euros d’amende, « Le fait (…) de diffuser par quelque moyen que ce soit et quel qu’en soit le support un message à caractère violent ou pornographique ou de nature à porter gravement atteinte à la dignité humaine (…) lorsque ce message est susceptible d’être vu ou perçu par un mineur. »
Qu’a-t-il bien pu passer par la tête de M. Samuel Paty, un enseignant de 47 ans, pour qu’il choisisse précisément cette image pour illustrer son cours d’EMC (enseignement moral et civique) à destination de ses élèves adolescents de 13-14 ans ? Cela me laisse sans voix. Car pour parler de la liberté d’expression, il avait pléthore de choix, à commencer par le plus emblématique de tous : le procès en cours contre Julian Assange au Royaume-Uni, autrement plus signifiant et important. Mais non, le professeur d’histoire a choisi le dessin le plus ordurier, le plus obscène, le plus incendiaire de toute la série des caricatures de Mahomet. Je me demande ce que cela est supposé apporter, réellement, aux élèves… Les musulmans vont non sans raison se sentir insultés, pas seulement dans leur foi, mais dans leur existence même ; et les autres vont penser que ce n’est pas grave de nier les valeurs spirituelles de l’autre puisque c’est légal et par ailleurs enseigné en classe, (donc avalisé en bloc par l’État, la République, le Savoir). Franchement, si je voulais faire de l’humour « à la Charlie », j’écrirais que M. Paty avait perdu la tête avant même l’intervention de son assassin !
Mais le plus grave dans ce fait divers qui est aussi un fait de société majeur à bien des égards est que l’Éducation nationale accepte et cautionne de telles pratiques, qui ne participent en rien du vivre ensemble, de la morale ou du civisme mais bien au contraire violent les principes mêmes de la Charte de la laïcité à l’école.

À savoir :
§6. Elle les protège de tout prosélytisme et de toute pression qui les empêcheraient de faire leurs propres choix.
§7. La laïcité assure aux élèves l’accès à une culture commune et partagée.
§8. La laïcité permet l’exercice de la liberté d’expression des élèves dans la limite du bon fonctionnement de l’École comme du respect des valeurs républicaines et du pluralisme des convictions.
§9. La laïcité implique le rejet de toutes les violences et de toutes les discriminations, garantit l’égalité entre les filles et les garçons et repose sur une culture du respect et de la compréhension de l’autre.
§10. Il appartient à tous les personnels de transmettre aux élèves le sens et la valeur de la laïcité, ainsi que des autres principes fondamentaux de la République.
§11. Les personnels ont un devoir de stricte neutralité : ils ne doivent pas manifester leurs convictions politiques ou religieuses dans l’exercice de leurs fonctions.
Je pense avoir fait la démonstration plus haut que le dessin incriminé n’a rien à voir avec « une culture du respect et de la compréhension de l’autre », qu’il soumet les musulmans, les croyants d’autres religions et les athées à une intense « pression qui les empêchent de faire leurs propres choix » (que vaut la parole d’un ado de 14 ans face à celle d’un enseignant de 47 ans représentant de l’institution scolaire), qu’il ne « rejette pas la violence » mais la promeut, et qu’il dévoie « le sens et la valeur de la laïcité », et qu’en conséquence, M. Paty, en manifestant ses « convictions politiques ou [anti-]religieuses dans l’exercice de [ses] fonctions » a enfreint « son devoir de stricte neutralité ».

Dans un monde normal, M. Paty aurait dû au minimum être vivement rappelé à l’ordre par sa hiérarchie, blâmé, voire sanctionné.
Il est évident pour tous que ses graves et multiples atteintes à la Charte de la laïcité n’auraient pas dû mener à son exécution capitale dans ses conditions abominables par un adolescent mentalement dérangé. Un fait divers ignoble et macabre que l’on ne peut que s’étonner de voir les autorités politiques et judiciaires tenter, pour l’instant sans succès, de présenter comme un attentat terroriste aux vastes ramifications.

Mais je suis stupéfié de constater que sous le coup d’une émotion compréhensible, des voix se sont élevées pour faire entrer M. Paty au Panthéon, un hommage national lui est rendu par le Président de la République en personne, et la classe politique dans son ensemble, tout comme la presse, est unanime pour célébrer le « héros mort pour la liberté ».
Notre pays est clairement devenu fou ; il a littéralement perdu la tête. Au fil des 3 dernières décennies, la loi de 1905 codifiant la laïcité (la séparation de l’Église et de l’État) a été pervertie, jusqu’à être totalement dévoyée. Rappelons qu’elle stipule dans son Article premier : « La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes. » Elle ne promeut pas la haine des religions ou des croyants, ni l’injure, ni la stigmatisation ou l’ostracisation d’une partie de nos concitoyens du fait de leurs convictions religieuses.

À ceux qui n’ont pas été convaincus par mon analyse du dessin « Mahomet : une étoile est née », je propose un exercice de pensée. Qu’ils imaginent l’impact que pourraient avoir dans notre beau pays laïc et dans le monde, l’équivalent chrétien d’une telle caricature, présentant la Vierge Marie nue en levrette, de trois-quarts dos, croupe offerte, con poilu ouvert et dégorgeant du foutre (du Saint-Esprit), avec en légende : « Exclusif : la PMA a 2000 ans ! » [2]
Deux voies s’offrent à nous : continuer dans la surenchère de provocations ou reprendre ses esprits et revenir à l’esprit de la loi de 1905. La première, celle qui malheureusement semble se profiler chaque jour un peu plus, est certaine de nous mener à terme à la prophétie auto-réalisatrice des guerres de civilisations, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Est-ce souhaitable ? D’évidence non. L’intégrisme islamiste ne peut être combattu par la guerre sainte de la laïcité. Refuser d’« Être Charlie » en 2015 ne signifie pas justifier ou avaliser les crimes, refuser d’« Être enseignant » aujourd’hui ne signifie nullement se réjouir du sort de M. Paty ; dans un cas comme dans l’autre, c’est simplement refuser le faux choix qui nous est offert : ni Charlie, ni Kouachi (ou ni Prof, ni assassin) car nous n’avons pas à choisir quelle voie nous mènera à la guerre des civilisations : nous devons impérativement la refuser. C’est fort heureusement le souhait de l’immense majorité de nos concitoyens.
Certains me rétorqueront que renoncer, c’est abdiquer face aux intégristes et aux djihadistes. Déjà, il faudrait bien prendre conscience que l’islamisme politique a été favorisé de longue date par différentes puissances occidentales à des fins géopolitiques, comme ce fut le cas lors de la Grande Révolte arabe pilotée par les Anglais contre l’Empire ottoman pendant la Première guerre mondiale. Ou pour prendre un exemple plus récent, on oublie un peu facilement qu’il fut un temps où certaines femmes afghanes allaient en jupe à l’université de Kaboul dans les années 1970 (certes une infime minorité appartenant à l’élite) ; c’était avant que le pays ne soit déstabilisé par les États-Unis qui souhaitaient offrir à l’URSS son propre Vietnam. Qui peut dire ce que serait ce pays, 50 ans plus tard, s’il n’avait pas connu 40 ans de guerre ininterrompue ? À l’époque, les djihadistes étaient présentés en Occident, et accueillis à la Maison-Blanche comme des combattants de la liberté, une stratégie funeste maintes fois reprises par la suite, jusqu’à nos jours (de la Bosnie et du Kossovo, en passant par la Tchétchénie, la Libye ou au front al-Nosra ou Daesh en Syrie).

L’intégrisme, le fanatisme ne sont l’apanage exclusif d’aucune religion spécifique. On peut aussi être un intégriste fondamentaliste de la laïcité, et la dévoyer de la même manière que les fous de Dieu, quelle que soit leur obédience, peuvent dévoyer une religion. Croire que l’on peut combattre l’intégrisme religieux en adoptant une position antagoniste et violente (même si la violence n’est en l’occurrence que symbolique, elle demeure réelle) n’est pas seulement une illusion dénuée de fondement : c’est une posture intellectuellement et humainement irrecevable, qui s’avère dangereuse, mortifère et comme le prouvent les attentats contre Charlie Hebdo ou la décapitation de M. Paty, mortelle et sans issue.
Arno Mansouri

Notes

[1] « Daniel Pipes, expert de la haine », Réseau Voltaire, 5 mai 2004.

[2] Attention, je n’incite pas les caricaturistes de Charlie ni quiconque à la mettre en pratique, car cela risquerait fort non seulement de heurter la sensibilité des Chrétiens partout dans le monde, mais de déclencher des émeutes, des manifestations violentes, et très probablement des morts, (que l’on se souvienne des réactions que suscita lors de sa sortie en France en 1988 le film La Dernière Tentation du Christ, du pourtant très respectueux et très catholique Martin Scorcese). En fait, la problématique peut être facilement résumée : le droit au blasphème implique-t-il de facto la nécessité ou l’obligation de blasphémer de la manière la plus injurieuse possible ?

Source : Arno Mansouri : L’Éducation nationale a-t-elle perdu la tête ? Ou bien est-ce la France tout entière ? Réseau Voltaire, 22 octobre 2020
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La République, athée et laïque, aujourd'hui privée de son adversaire traditionnel, le catholicisme, qui la structurait négativement, a trouvé dans l'islam un élément restructurant. Après les catholiques, voilà donc les musulmans pointés comme nouveaux exclus… Toute nouvelle action terroriste islamique violente confortera la République dans cette stratégie. En ce sens le terrorisme islamique reste un allié objectif du Régime. L'incohérence entre l'appui au terroristes de Syrie et le tohubohu après un attentat islamique sur le sol métropolitain n'est qu'illusion. En paraphrasant Fabius - aujourd'hui président du Conseil constitutionnel - louant l'action des terroristes islamistes en Syrie, disons que Zemmour fait du bon boulot.

La catastrophe pour la République et le sionisme en France serait la jonction des catholiques (historiquement au judaïsme et au républicanisme) et des musulmans (foncièrement hostiles à l'État d'Israël et au sionisme). On comprend ainsi l'hostilité à la Russie orthodoxe et autres pays ou organisations musulmanes du Proche-Orient (Syrie, Irak, Iran, Hezbollah). Empêcher que la République ne s'effondre sur ceux qui ont pris la France en otage, tel est le rôle des tenants de la stratégie du choc des civilisations. À l'échelle française : les Éric Zemmour, Alain Finkielkraut, Élysabeth Lévy.

Extrait de la Révolution en marche de Youssef Hindi :











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samedi 24 octobre 2020

24 octobre 1870 : Décret Crémieux, mort inéluctable annoncée de l'Algérie française…

 

24 octobre 1870, une date funeste qui, rompant avec les projets visionnaires de Napoléon III, scellera irrémédiablement les rapports entre la France et l'Algérie… Scélérat décret Crémieux qui instaurera définitivement une rupture entre différentes communautés ethniques et religieuses qui sans lui auraient dû être appelées à vivre en harmonie… 24 octobre 1870, date effective de l'acte de décès de l'Algérie française.
Voici reproduit un excellent article d'
Hérodote concernant ce funeste décret Crémieux et ses dégâts irréparables… Fracture irréductible avec les communautés musulmanes ; les juifs, leurs origines, résurgence d'un antisémitisme qui restera définitivement ancré tant dans la communauté musulmane qu'européenne (préférons désigner les populations non indigènes par le terme "européennes" conforme à une origine quasi exclusive plutôt que par "colons" terme certes juste par son étymologie mais trop chargé de sens négatif)… Difficile de trouver meilleur article, remarquable par sa concision tout en couvrant l'ensemble du sujet, sur les conséquences de ce décret maudit.


24 octobre 1870, en pleine guerre franco-prussienne, un décret supprime le régime militaire sous lequel est placée l'Algérie. Dans une perspective d'assimilation, il lui substitue un régime civil et surtout donne la citoyenneté française aux 37 000 juifs d'Algérie.

Dans la foulée, les colons originaires d'Europe (Italie, Espagne, Malte…) sont aussi francisés en bloc. Quant aux musulmans d'Algérie, ils sont maintenus dans le statut d'indigène. C'est le début d'une fracture douloureuse et irréductible entre les deux communautés…
André Larané
L'une des premières décisions de la République

Le décret concernant les juifs d'Algérie est promulgué à Tours, où s'est réfugié le gouvernement de la Défense nationale qui a succédé à l'Empire après la défaite de Sedan. Il peut être considéré comme l'une des premières grandes mesures de la IIIe République.

Sa paternité en revient au ministre de la Justice, Isaac Adolphe Crémieux, l'un des chefs du parti républicain. C'est le fils d'un commerçant juif de Nîmes.



Isaac Adolphe Crémieux est l'un des leaders républicains de l'époque et un farouche opposant à Napoléon III.
Fils d'un commerçant juif de Nîmes, il est l'un des rares personnages de son époque issu d'une classe populaire
qui parvint à accéder aux hautes sphères de l'État. Devenu juriste, il entra rapidement dans la franc-maçonnerie
qui l'aida à accéder au monde politique. En 1860, il participa à la création de l'Alliance Israélite Universelle
dont il fut également le dirigeant, et qui avait pour objectif de protéger les juifs à travers le monde, tout en créant
un réseau d'écoles francophones afin de favoriser leur ascension sociale. À l'aube de la IIIème République,
il parvint au poste de ministre de la justice et fut à l'initiative du décret qui porte son nom.



Juriste et philanthrope de 74 ans, il bénéficie d'une grande réputation d'intégrité dans le pays.

En 1863, suite à l'émotion soulevée par l'affaire Mortara, il a participé à la création de l'« Alliance israélite universelle » et a été porté à sa présidence, avec l'objectif de protéger les juifs où qu'ils soient.



Du royaume arabe à la colonie

Dans les années 1860, prenant acte de la fin de la conquête de l'Algérie, Napoléon III préconisait l'instauration d'un royaume arabe sous protectorat français, un peu comme il en ira plus tard avec le royaume du Maroc. Lui-même aurait eu le titre de « roi des Arabes ».

Par le senatus-consulte (décret impérial) du 14 juillet 1865, d'une grande générosité, les musulmans d'Algérie se voient reconnaître la nationalité française sans qu'il leur soit nécessaire de renoncer à la loi coranique : « L'indigène musulman est Français, néanmoins il continuera d'être régi par la loi musulmane. Il peut sur sa demande être admis à jouir des droits du citoyen ; dans ce cas il est régi par les lois civiles et politiques de la France ». La nationalité fait d'eux des sujets français mais non des citoyens ; elle ne leur accorde pas le droit de vote.

Le projet se heurte à l'opposition violente des colons européens. Ces derniers, qui se situent du côté de la gauche républicaine, seront parmi les plus ardents à combattre Napoléon III et à se réjouir de sa chute.

La IIIe République, qui succède au Second Empire, prend le contrepied de la politique napoléonienne en intégrant plus étroitement l'Algérie à la France. Mais avec le décret Crémieux, qui abroge le senatus-consulte de 1865, elle établit une discrimination inédite entre les juifs, élevés au rang de citoyens français, et les musulmans.

- les juifs :

Une partie des juifs sont établis en Afrique du Nord depuis la première diaspora, au Ve siècle av. J.-C. Ils sont à l'origine d'une langue aujourd'hui perdue, le judéo-berbère. Les autres sont originaires d'Espagne d'où ils ont été chassés en 1492. De là leur appellation de juifs sépharades (d'après le nom de l'Espagne en langue hébraïque).

La « francisation » des uns et des autres avait débuté dès le lendemain de la prise d'Alger, avec le concours actif des israélites de la métropole et du Consistoire central de France. Celui-ci obtient dès 1832 le droit de fonder en Algérie des écoles mixtes, avec enseignement donné en français.

Suite à l'ordonnance du 9 novembre 1845, les juifs d'Algérie se font représenter par des consistoires, comme en France. La loi du 16 juin 1851 soumet aussi au droit français toutes les transmissions de biens les concernant.

- les musulmans :

Les musulmans, très majoritaires, sont issus des populations kabyles, des envahisseurs arabes ou encore des esclaves enlevés sur les côtes européennes jusqu'au XVIIIe siècle et convertis de force. Ils restent globalement fidèles à leurs coutumes et en particulier au droit coranique.

Exacerbation des tensions communautaires

Le décret Crémieux offre la citoyenneté pleine et entière aux juifs d'Algérie sous réserve du renoncement à la loi mosaique et à ses prescriptions contraires au droit civil en matière matrimoniale (ce renoncement avait déjà été entériné sous le Premier Empire par les consistoires métropolitains).

Pétri de bonnes intentions et de préoccupations électorales moins avouables, notamment à Oran où les israélites sont nombreux, le décret s'avère porteur de semences empoisonnées. Il consacre en Algérie la rupture entre les colonisés (exclusivement musulmans) et les colonisateurs, qui viennent d'Europe et auxquels s'assimilent désormais les juifs. Pour ne rien arranger, le gouvernement suspend le 19 décembre 1870 un senatus-consulte de 1863 qui gelait le dépeçage des terres des tribus.

Dès l'année suivante, encouragé par la défaite de la France face à la Prusse, un notable musulman, le bachagha El Mokrani, soulève 250 tribus kabyles contre le gouvernement français. Sa révolte conduit le 8 avril 1871 à la proclamation de la guerre sainte par le grand maître d'une confrérie musulmane, Cheikh El-Haddad. Mokrani est tué le 5 mai 1871 par les troupes françaises, ce qui n'empêche pas un tiers de la population musulmane d'entrer en rébellion. La Kabylie ne sera enfin soumise que le 13 septembre 1871.

Constatant les dégâts du décret Crémieux, le chef du gouvernement provisoire, Adolphe Thiers, en a proposé l'abrogation le 21 juillet 1871 mais son projet a été repoussé sous la pression du banquier Alphonse de Rothschild.

En France, où toute forme d'antisémitisme avait disparu sous la Restauration monarchiste et le Second Empire, le décret entraîne paradoxalement une mise en lumière des juifs. L'antisémitisme apparaît avec force sous la IIIe République, à la faveur du scandale de Panama, qui précèdera de peu l'affaire Dreyfus.

Les colons européens d'Algérie se montrent plus réceptifs que quiconque aux discours antisémites. C'est ainsi qu'en 1898, en pleine affaire Dreyfus, ils élisent Édouard Drumont, éditeur du journal antisémite La Libre Parole et auteur de La France juive, comme député d'Alger.



Hérodote : 24 octobre 1870 - Crémieux francise les juifs d'Algérie

Hérodote : Pour vos recherches - Notices contenant : "décret Crémieux"

Hérodote : 240 av. J.-C. à 1962 - La difficile gestation de la nation algérienne
 
 
 

mardi 22 septembre 2020

Michael Lonsdale… "À voix nue", la foi du comédien




Mythique comédien, acteur singulier, artiste éclectique… les médias ont paru découvrir soudain Michael Lonsdale comme un continent ignoré. Or il est parmi nous depuis un demi-siècle, sur scène en compagnie de ceux qui inventèrent le théâtre présent de Beckett à Tchékov, de Duras à Koltès, au micro du lecteur, feuilletant nos plus précieuses bibliothèques ou traversant le cinéma contemporain comme on fait l’école buissonnière, en quelques 120 films qui vont de l’avant-garde des Hanoun, Rivette, Bunuel, Duras, à la cavalerie hollywoodienne des James Bond et des Spielberg, en passant par les vagues successives du cinéma français. Il était là, et certains ne le distinguaient pas, alors qu’il se faisait de plus en plus proche du public, discrètement, comme un oncle conteur de fable, ou un grand animal attentif, puissant, dont les humeurs seraient redoutables, peut-être, si on ne l’avait pour ami. Le rendez-vous de Tibhirine, par le succès inattendu du film « Des hommes et des dieux », est venu faire éclore au grand jour cet attachement secret en même temps que libérer en lui, chrétien, une parole pudiquement contenue. Il était grand temps, pour nous, de nous arrêter quelques heures en sa compagnie.

Par Luc de Goustine; réalisation Anne-Pascale Desvignes. Avec la collaboration de Claire Poinsignon, mi-mai 2011.


Dans ce premier entretien des "À voix nue", Michael Lonsdale se rappelle de ses débuts à l'âge de 13 ans dans des émissions pour enfants sur Radio-Maroc.

Je me rappelle très bien mon premier rôle, c'était Atchoum dans "Blanche Neige et les Sept Nains".

Enfant illégitime, il a été caché par sa mère qui ne voulait pas l'avouer à sa famille, il dit avoir été "la honte" de cette histoire familiale. Ils durent s'exiler sur l'île de Jersey pour ne pas déplaire au père. Il s'interroge sur la marque de cette illégitimité sur son inconscient et son devenir de comédien qui se montre et s'impose.

De ses cours chez Tania Balachova, il dit avoir apprécié tout particulièrement les exercices d'improvisation qui lui donnaient "la liberté d'exprimer, l'ouverture, l'invention". Il confie travailler très peu ses rôles, "pour moi c'est quelque chose d'imminent, tout de suite".

J'obéis aux metteurs en scène quand ils me disent quelque chose, bien sûr. Au début ils m'ont dit beaucoup de choses mais François Truffaut a été le premier à me laisser improviser. J'étais très mal au début, j'étais plus à l'aise au théâtre mais le cinéma j'y allais des fois comme un chemin de croix. J'avais un tel trac, j'étais mal, malhabile.

 

Première partie de la série "À voix nue" consacrée à Michael Lonsdale. Le comédien raconte ses souvenirs d'enfant illégitime, sa grand timidité, sa difficulté de se mettre en colère pendant les cours d'art dramatique, son attrait pour l'improvisation.



 


Dans ce deuxième volet d' "A voix nue" avec Michael Lonsdale, le comédien parle de son enfance cosmopolite entre Jersey, Londres et le Maroc à partir de 1939 où sa famille partie s'y installer pour six mois y est finalement restée dix années, bloquée du fait de la guerre. Là-bas il découvre le cinéma : "Chaque fois que j'allais au cinéma, pour moi c'était un événement. C'était des grandes émotions."

Moitié français et moitié anglais, pour Michael Lonsdale c'est "une difficulté, explique-t-il, les gens me disaient, mais vous êtes quoi ?" Ce à quoi il aime tout simplement répondre : "Je suis un mélange".

Je suis très curieux. Quand je suis en France, je souffre de ne pas être en Angleterre et quand je suis en Angleterre, je souffre de ne pas être en France. Donc, je suis bien quand je traverse La Manche.

Immense comédien, il n'a pourtant jamais joué de Shakespeare. Il a refusé ainsi la proposition de Patrice Chéreau au Théâtre de l'Odéon où, suite aux événements de mai 68 et l'exclusion de Jean-Louis Barrault, Roger Blin ayant prédit que celui qui ferait la réouverture de ce Théâtre serait "une lotte pourrie" ! Il n'a pas voulu prendre le risque...
Par Luc de Goustine; réalisation Anne-Pascale Desvignes. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.

 

Deuxième partie de la série "À voix nue" avec le comédien Michael Lonsdale qui parle de sa jeunesse itinérante, de sa découverte du cinéma au Maroc dans les années 1940 et de sa recherche d'identité mi-anglais, mi-français.




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Michael Lonsdale, dans ce troisième entretien d' "À voix nue", se remémore ses premiers souvenirs de théâtre, sa rencontre avec Roger Blin, "c'était un maître à penser pour moi, une référence absolue". Dans ce métier, il dit "aimer la découverte" et ne cherche pas à jouer les rôles de répertoire, "aller jouer Tartuffe ou Alceste, ce n'est pas mon goût".

J'étais fasciné par le cinéma parce qu'au Maroc il n'y avait pas de théâtre. J'étais vraiment rempli de ces films quand on est rentré en France.

Michael Lonsdale a beaucoup travaillé avec Jean-Marie Serreau sur les pièces de Samuel Beckett. Il aimait ce renouveau théâtral.

Le monde de Beckett, ce qu'il donne au théâtre, ce ne sont que des misérables, des rejetés, des SDF, des gens fous, des gens dont la société ne veut plus. Alors, ça changeait un peu des rois et des princesses qu'on avait vus au théâtre pendant des siècles. Et voilà que tout le monde des pauvres débarquait. Il avait une compassion pour l'humanité incroyable, c'était un homme d'une générosité... c'était un être précieux, authentique.

Il évoque par la suite, le metteur en scène Claude Régy avec lequel il a créé une douzaine de pièces, "on a fait des choses inoubliables avec Claude". Il se souvient entre autres de la pièce La Chevauchée sur le lac de Constance de Peter Handke : "Ou les gens étaient fous de ça et ils revenaient le voir sept ou huit fois, ou alors les gens disaient que c'était de la folie, que ça ne voulait rien dire... C'était une aventure merveilleuse !"

Pour conclure, il parle de ses pièces religieuses, "j'avais à cœur de montrer la sainteté de personnages comme ça" explique-t-il, comme Bernard de Clairvaux, Thérèse de Lisieux, Sœur Emmanuelle.

Les gens vont au théâtre pour se distraire les idées mais aussi pour se mesurer au monde, savoir ce qui est bien et pas bien, ce qui est condamnable ou non, ce que l'on prend en pitié. Ça fait réfléchir, ça remue les profondeurs, dans l'inconscient. Les gens vont se voir finalement.

Par Luc de Goustine; réalisation Anne-Pascale Desvignes. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.

Dans cette troisième partie d'"À voix nue", Michael Lonsdale convoque ses maîtres en théâtre que sont Roger Blin, Claude Régy, Samuel Beckett. Il s'explique sur ses choix de scène, attiré par la nouveauté plus que par le répertoire.





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Quatrième volet de la série "À voix nue" avec Michael Lonsdale qui passe en revue les cinéastes avec lesquels il a travaillé, comme Jean-Pierre Mocky, "j'aimais bien son côté fou et inventif, un peu moqueur" ; Marcel Hanoun, "je suis en face d'un cinéaste, un vrai". Il relate avec humour sa rencontre avec Orson Welles, au téléphone il dit avoir cru à une blague : "Ça m'a donné un choc d'abord, parce que Welles pour moi, c'est une espèce de demi-dieu !"

Quand j'ai vu le film [Le Procès], au générique il y a tous les noms puis en dernier de la liste des acteurs : "and Michael Lonsdale"... alors là j'étais ému quand même de dire : c'est moi qui ai travaillé avec Welles !


Michael Lonsdale poursuit ses souvenirs cinématographiques agrémentés d'anecdotes autour des figures de Fred Zinnemann, Luis Buñuel, Steven Spielberg, ou encore Marguerite Duras...

Par Luc de Goustine; réalisation Anne-Pascale Desvignes. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.

Dans ce quatrième entretien d'"À voix nue" avec Michael Lonsdale, il est question de sa carrière cinématographique à travers les grands réalisateurs qui ont jalonné son parcours de comédien, notamment des cinéastes américains.



 
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Ultime entretien de la série "À voix nue" avec l'acteur Michael Lonsdale qui raconte l'histoire du film "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois. Après avoir accepté ce rôle, le cinéaste lui aurait confié "c'était toi ou personne".


Je regarde la télévision un peu le soir et ce sont des crimes sur les trois chaînes... C'est pas bon, c'est pas honnête de donner cela au peuple. Qu'est-ce-que ça veut dire, tous les jours de la violence, ça devient la cigarette de la vie, on a sa dose... Au lieu de parler de choses positives, de choses qui construisent la vie, non... le crime, le crime, le crime.

Michael Lonsdale dit regretter le rythme effréné de notre vie quotidienne. Il appelle à montrer plus souvent la bonté et la paix qui existe en nous. C'est justement le cas du film "Des hommes et des dieux", qui "correspond à quelque chose qui est positif dans l'être humain".

Par Luc de Goustine; réalisation Anne-Pascale Desvignes. Avec la collaboration de Claire Poinsignon.

Cinquième et dernière partie d' "A voix nue" de Michael Lonsdale qui évoque le film "Des hommes et des dieux" de Xavier Beauvois, l'occasion pour le comédien catholique de parler de sa foi et de son espérance.











vendredi 28 août 2020

Fêtons Saint Augustin !



Fêtons Saint Augustin, le plus grand, le plus célèbre, le plus intelligent, le plus pieux des Algériens, fondateur de l’Occident !




28 août 430
Hier c’était Monique sa maman, aujourd’hui l’Occident fête son enfant, son fondateur, le génie africain Saint Augustin. Aujourd’hui, c’est la fête du plus grand, du plus célèbre, du plus intelligent, du plus pieux des Algériens. Chateaubriand disait au sujet de cette fête : "Dommage que l’on n’ait pas fêté le jour de sa naissance le 13 novembre. Le fêter le jour de sa disparition, c’est quelque part fêter la mort de l’intelligence". Joyeuse fête, ami.

Merci à La Page Thagastoise

 

 




jeudi 27 août 2020

Moyen-Orient… Le Cri des Peuples - newsletter n° 2 - août 2020… références…



EMPIRE USAMERICAIN









AXE DE LA RÉSISTANCE






PALESTINE OCCUPÉE



VIOLENCES POLICIÈRES


3ème GUERRE MONDIALE


AFFAIRE EPSTEIN

ASSANGE


EUROPE


GUERRE DE 2006