Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 23 janvier 2017

La Chambre d'Industrie d'Alep accueille la Communauté syrienne de France…



Le "Khan de la Soie" revivra…

Facebook : Aleppo Chamber of Industry
La Chambre d'industrie d'Alep a invité le groupe de la Communauté syrienne de France à visiter son exposition "Khan de la Soie" consacrée à la mode aux tissus dans les salons de l'hôtel Dama Rose, les 6, 7 et 8 mars 2016 à Damas. Nous avons pu à cette occasion apprécier l'extraordinaire résistance de la population d'Alep et sa volonté de faire face à la fois aux massacres, aux destructions, aux pillages orchestrés par la Turquie et la communauté dite "internationale"… Une exposition riche de nombreux produits de qualité… L'occasion de nombreux achats…


Affiche de l'exposition "Khan de la Soie" [خان الحرير] à l'hôtel Dama Rose de Damas en mars 2016

Alep ne meurt pas… Les nombreux exposants "Khan de la Soie" dans les salons de l'hôtel Dama Rose de Damas nous en donnent un magistral témoignage. En dépit de toutes les difficultés de la vie quotidienne, insécurité, pénurie d'eau, coupures d'électricité, malgré toutes les épreuves la ville d'Alep s'affirme comme un bastion de la résistance… L'exhibition "Khan de la Soie" évoque le prestige millénaire d'Alep, porte principale et carrefour stratégique sur la Route de la Soie entre la Chine et l'Europe.

"Khan de la Soie" est la première exposition de la Chambre d'industrie d'Alep à Damas, après quatre années de guerre, de destruction d'entreprises, de pillage de facteurs de production… 

C'est M. Moustafa Kawaia, représentant le conseil d'administration de la Chambre d'industrie d'Alep, qui reçoit le groupe de la Communauté syrienne de France rappelant tout d'abord que le "Khan de la Soie" est ce lieu historique de concentration de l'industrie et du commerce des textiles au cœur de l'ancienne cité d'Alep.

Capitale de la soie pour tout le Moyen-Orient, capitale industrielle de la Syrie, malgré cendres et pillages, Alep tient à affirmer avec orgueil et prouver au monde entier qu'elle ne meurt pas ! Que l'industrie d'Alep ne périra jamais.

Hommes et femmes d'Alep se comportent aujourd'hui en héros face à l'agression de leur patrie. Leur volonté et leur détermination leur assurent une confiance inébranlable en la victoire. Foi en la victoire et la reconstruction, alors que la plupart des participants à cette exposition ont leurs installations dévastées et encore occupées par les groupes terroristes et ne peuvent y accéder. Ils se sont donc réinstallés ailleurs.

L'ennemi détruit. L'ennemi vole et pille. À ceux-là et tous leurs complices et commanditaires, les Alépins répondent : "Allez vous faire foutre… Nous sommes une civilisation ancrée dans les temps les plus anciens de l'Histoire… Nous ne mourrons pas… Notre avenir nous appartient… Nous conquérons des jours meilleurs."

Cette exposition se veut ainsi un défi au gouvernement turc d'Erdogan et à ses agents qui ont voulu la mort de l'industrie d'Alep par la destruction de ses usines et le vol de leurs équipements, butin de guerre transféré en Turquie… sans que ces pillards imbéciles aient les compétences pour mettre en fonction les équipements volés ! 

M. Moustafa Kawaia nous assure que cette manifestation n'est que la première d'une série d'expositions répondant à la ferme détermination de la Chambre d'industrie d'Alep d'appuyer l'industrie textile et de la soie afin de retrouver le plus rapidement possible la meilleure place sur le marché. Une industrie importante dans l'économie nationale syrienne et qui génère de nombreux emplois. La réputation et le prestige de l'industrie textile d'Alep sont garants d'une reconquête rapide des marchés mondiaux


































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En ce début novembre, nouvelle rencontre avec les responsables de la Chambre d"industrie d'Alep, mais cette fois chez eux, à Alep au siège de la Chambre à Al-Shahba El-Djadida [الشهباء الجديدة] !… C'est encore M. Moustafa Kawaia, avec qui nous avions déjà fait connaissance à Damas en mars dernier à l'occasion de l'exposition "Khan de la Soie" à l'hôtel Dama Rose qui nous reçoit au nom du conseil d'administration de la Chambre…  Ensuite M. Moustafa Kawaia nous conduit sur l'un des sites industriels, à Al-Layramoun [الليرمون]… champ de ruines, usines détruites par les agresseurs étrangers… équipements systématiquement démontés et transférés en Turquie… Nous ne pouvons nous attarder à Al-Layramoun. Les combats tout proches font rage… Nous nous replions vers Al-Shahba… Malgré tout, malgré les inquiétudes, la gravité qui se lit sur les visages, nos hôtes ne cessent d'affirmer leur confiance en l'avenir…




















Témoignage de la vitalité d'Alep et du dynamisme de sa Chambre d'Industrie… l'annonce sur son site Facebook, parmi de très nombreuses autres activités, d'un prochain "Salon de l'Emploi" dans les locaux de la faculté d'Architecture !…




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Aleppo industry exhibition in Damascus

http://www.aci.org.sy/

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Bassel Nasri, devant ce qui reste de son entreprise à Alep (Photo DDM/P.C.)


Le soir, beaucoup d'hommes dînent seul, à Alep. Ou se regroupent entre amis au restaurant. Plutôt d'un certain âge, ils sont indifféremment chrétiens, musulmans. « Mon épouse est au Liban, mes enfants au Canada et aux États-Unis », explique Naji Khayyat, guide touristique, la soixantaine. Face à lui attablé chez Wannes, Joseph Tokatli est industriel. Ses trois garçons sont à Montréal. La famille mise en sécurité, comme nombre d'autres, eux sont restés pour garder la maison. Sans travail. « J'ai été mis à la retraite par la guerre. Tout a été volé dans mon entreprise de tuyaux pour l'assainissement », résume Joseph, photos à l'appui. Car « ça n'a jamais été une révolution mais une guerre de destruction de notre histoire et de notre économie », accusent les Alépins croisés, de l'homme de la rue au gouverneur. Datant de 1090, le minaret de la Grande Mosquée est par terre. Le souk voisin, autrefois référence du Moyen-Orient ? Un désastre où, caché sous la poussière, se découvre un fanion vert, au sabre saoudien.

« Révolution » ou « punition » ?

« Quand vous faites la révolution, vous faites attention à préserver l'outil de production, les usines, les infrastructures publiques, les hôpitaux, les écoles, non ? Parce que si vous prenez le pouvoir, il faut que le pays marche, non ? Ici, leur seul projet était de tout détruire. Notre patrimoine mondial, notre industrie » : discours d'une rage récurrente dans cette ville fière d'être l'un des berceaux de l'humanité et ne se supportant pas laminée… alors que la zone industrielle pesait un million de personnes dont « 500 000 emplois directs pour 35 000 manufactures de toutes tailles », chiffre Fares Shehabi, patron de la Chambre d'industrie, évoquant une déstabilisation et des menaces ciblées contre le poumon économique d'Alep, dès 2011 avant l'explosion de 2012.

Le discours des jihadistes salafistes - « à 50 % étrangers, d'après les corps retrouvés » souligne un officiel — « c'était “Nous sommes venus à Alep pour la punir” ». Mais c'est une guerre de pillage programmé que décrivent les entrepreneurs présents. À l'instar de Bassel Nasri, devant les restes de son entreprise de PVC, dans l'immense zone industrielle désormais fantôme de Yeramone, tandis que des tirs d'artillerie et des rafales s'entendent encore à 2 ou 3 km. Ici ? « Tout ce qui pouvait être volé l'a été, ils l'ont démonté sous le contrôle d'ingénieurs et le reste a été mis hors d'usage », dit l'entrepreneur, faisant visiter son usine dévastée. Ils ? L'ASL, al-Nosra, Daech, mais surtout, derrière, la Turquie voisine et islamiste du Premier ministre puis Président Erdogan, accusent les Syriens en zone gouvernementale, dénonçant une nostalgie d'Empire ottoman doublée d'une volonté d'annihiler l'économie d'une Syrie concurrente dont Ankara voulait la tête… Gaziantep, de l'autre côté de la frontière, plaque tournante des jihadistes : « c'est là que nos machines volées ont été vendues », affirme la Chambre d'industrie.

La Turquie : grand voisin en forme de spectre du côté du quartier de Midan, majoritairement arménien et particulièrement visé. «Durant trois ans, tu sortais de la maison, tu ne savais pas si tu rentrerais», dit Tigran Bedrossian, président du Club arménien accueillant une communauté très soudée.

Mémoire arménienne

Appartements crevés, décombres d'une église détruite… plus loin, Saint-Grégoire est intacte. 1915-2015 : une affiche y rappelle le centenaire du Génocide et le souvenir des rescapés qui ont construit ce lieu de culte. « Il y a cent ans, les survivants ont été bien accueillis en Syrie mais l'objectif des rebelles était de dresser les communautés les unes contre les autres. Je suis député d'Alep et 80 % de mes électeurs sont musulmans : nous vivons toujours ensemble. Ils n'ont pas réussi à nous diviser », se félicite le député arménien Jirair Reisian, faisant visiter l'école réservée aux 35 orphelins de la communauté. « C'est sûr que la présence de la Turquie dans le conflit réveille en nous le souvenir du Génocide », constate Tigran…





Avec la Communauté syrienne de France, un moment à Hama où gémissent les norias…



« À la fin d’une brûlante journée de juin 1914, j’étais assis au bord de l’Oronte dans un petit café de l’antique Hama, en Syrie. Les roues ruisselantes qui tournent, jour et nuit, au fil du fleuve pour en élever l’eau bienfaisante, remplissaient le ciel de leur gémissement, et un jeune savant me lisait dans un manuscrit arabe une histoire d’amour et de religion... Ce sont de ces heures divines qui demeurent au fond de notre mémoire comme un trésor pour nous enchanter... »

Lors de ce voyage de novembre 2016, Hama n'aura été qu'une halte de quelques heures… Arrivée en bus depuis Alep à la gare routière… Rapide visite au centre de la ville pour entendre encore gémir les norias… Restauration… Puis minibus en direction de Masyaf…


Il est temps de monter dans le bus, au départ d'Alep pour Hama


En route, encore tout près d'Alep… les combats ne sont pas loin


Sur la route… village traditionnel de la région d'Alep


Restauration sur la route entre Alep et Hama


Gare routière de Hama












Le moment de quitter Hama pour Masyaf est venu… Notre minibus nous attend


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الهلال الأحمر العربي السوري - Croissant Rouge Arabe Syrien

À Hama, accompagnés d'une forte équipe du Croissant Rouge Syrien, visite d'un centre de déplacés installé dans une école réquisitionnée… Contact avec ces enfants peut être encore plus empreint d'émotion que lors de rencontres avec des soldats… Perception de leur malheur actuel mais aussi impossibilité de ne pas penser qu'eux aussi risquent un jour d'être impitoyablement appelés au front… Difficile de retenir quelques larmes… surprises mêmes dans les yeux de la responsable du Croissant Rouge Syrien qui nous guidait, elle pourtant au contact quotidien de ces enfants et de leurs famille… Larmes inopportunes très vite séchées face à l'accueil de ces enfants, leurs jeux, leurs démonstrations d'affection, leur apparente insouciance malgré un fond de grande tristesse… Des enfants qui sont parfois avec leurs parents… mais malheureusement très souvent orphelins… L'islam interdisant toute rupture avec la filiation biologique, l'adoption telle que conçue en Occident est impossible. Ces orphelins pourront certes être aidés, accueillis dans des familles mais resteront toujours pupilles de l'État syrien.




















Ces déplacés, ayant fui massivement les zones investies par le terrorisme - État islamique, al-Nosra et autres groupuscules terroristes tous gavés de Captagon - et leurs exactions, sont malheureusement nombreux à Hama, Damas comme dans les autres grandes villes libres. Leur condition est extrêmement difficile… écoles surpeuplées, maisons surpeuplées… S'ils ne sont pas pris en charge dans des centres d'accueil ils ont à faire face à des prix de loyers en hausse constante du fait de la pression du nombre de déplacés… Si les nourritures ne manquent pas, ces déplacés appauvris n'y ont souvent accès que grâce à la solidarité de leurs nouveaux voisins, les habitants des villes d'accueil ou à des aides publiques… Ce sont sans doute eux, enfants comme adultes, qui ont le plus besoin d'une aide venue de l'extérieur… Les voyages de solidarité organisés par la Communauté Syrienne de France, modestement, peuvent contribuer à les soulager, eux, les plus miséreux ou les plus courageux qui n'ont pas cédé à l'appel néfaste à l'exil, encouragé par la propagande étrangère… Venir en Syrie aider directement ces déplacés, c'est aussi lutter contre une immigration désastreuse…


Avant de quitter Hama, une brève halte s'imposait pour admirer les norias sur les rives de l'Oronte


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حماة


Le fleuve Oronte est appelé en arabe « le fleuve rebelle » parce qu’il coule du nord au sud contrairement aux autres fleuves de la région. C’est un fleuve mythique qui prend sa source au Liban, traverse la Syrie et se jette dans la Méditerranée.
Les norias immenses (certaines atteignent 21 mètres de diamètre) sont fascinantes.

 Elles datent du XIIe siècle. Des godets verticaux recueillent l’eau de l’Oronte et lorsqu’ils sont arrivés au sommet de la roue, ils se déversent dans des godets latéraux d’où l’eau coule dans l’aqueduc. Le mouvement est très lent.
Les enfants s’accrochent aux pales, montent avec la roue et se jettent dans le fleuve. Le bruit du frottement de l’essieu en bois sur la pierre où il est encastré est obsédant mais non désagréable. Chants ou pleurs…




Les norias aujourd'hui dégradées




Norias sur l'Oronte et Palais Azem à Hama, Syrie





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C'était en juillet 2011 (dépêche du 11 juillet)

Damas : Le ministère des AE convoque les ambassadeurs des États-Unis et de France et leur transmet une vive protestation pour leur visite sans autorisation à Hama

Le ministère des Affaires étrangères et des Émigrés, a convoqué les ambassadeurs des États-Unis et de France en Syrie et leur a signifié une vive protestation contre leur visite à Hama, sans avoir obtenu une autorisation du ministère, ce qui représente une violation de la clause 41 de la convention de Genève sur les relations diplomatiques, laquelle implique aux diplomates la non ingérence dans les affaires intérieures des pays auprès desquels ils sont accrédités et leur impose aussi de discuter des questions officielles avec le ministère des Affaires étrangères.
Le ministère a fait savoir que la visite des deux ambassadeur des États-Unis et de la France à Hama constitue une violation flagrante des affaires intérieures de la Syrie et confirme l'existence d'un encouragement et d'un soutien étrangers à tout ce qui est de nature à déstabiliser le pays, au moment où un dialogue national est lancé pour l'édification de la Syrie future.


Avec la Communauté Syrienne de France, à Masyaf siège d'assassins d'un autre temps…



Les familiers du jeu vidéo "Assassin's Creed®" s'imaginent bien connaître le château de Masyaf [مصياف]… Ceux-là aussi, qui en France, se rueront sans doute dans les salles de cinéma dès le 21 décembre prochain jour de la sortie du film Assassin's Creed avec Michael Fassbender…

Pourtant quiconque aura voyagé avec la Communauté syrienne de France aura l'avantage sur tous ces amateurs murés dans le virtuel de leurs jeux vidéos de connaître ce château de Masyaf et d'avoir appris sur son histoire in situ… De plus en voyageant avec la Communauté syrienne de France ils auront eu la satisfaction d'avoir directement manifesté un soutien solidaire concret aux victimes… d'assassins, ceux du temps présent à la solde de la communauté dite "internationale"…



À la fin du XIème siècle, un ordre chiite dissident les ismaéliens Nossaïri - branche chiite qui reconnaît la lignée des successeurs d'Ali jusqu'à IsmaïI, le septième imam - se constitue en Perse et en Syrie sous l'autorité d'Hassan-ibn Sabbah. Ces ismaéliens gagnaient des fidèles à leur cause, aidés secrètement par les califes fatimides du Caire qui partageaient leur croyance.

Hassan ibn Sabbah, après un séjour au Caire, parcourait le nord de la Perse. Il cherchait moins à convaincre de nouveaux adeptes qu'à se rendre
 maître d'une place forte d'où il pourrait régner sur ses fidèles. Ces ismaéliens s'emparèrent ainsi de nombreuses forteresses en montagne, menaçant l'autorité des sunnites Seldjoukides de Perse… En définitive Hassan ibn Sabbah se fixa à Alamout, citadelle inexpugnable au fond d'une vallée isolée, qu'en 1090 il prit par ruse à son gouverneur abbasside. Il consacra les 35 dernières années de sa vie à l'étude et à la prière, reclus dans sa cellule qu'il ne quitta, dit-on, qu'à deux occasions mais depuis son nid d'aigle, il dirigeait une secte d'initiés, des combattants de l'ombre obéissant aveuglément à leur chef. Ce sont les célèbres Hashshashins [حشاشين]. Une sévère discipline faisait d'eux une arme redoutable contre les Abbasides et leurs serviteurs seldjoukides. 

Après la mort de Hassan ibn Sabbah en 1124, une lignée d'imams lui succéda, à la tête d'une véritable principauté qui négociait avec les puissances du temps. Il fallut attendre les invasion des Mongols au XIIIème siècle pour mettre un terme à l'existence politique de la secte. En 1256, les Mongols s'emparèrent d'Alamout, et le dernier imam fut assassiné. II pourtant un de ses fils en réchappa. Il fonda une lignée d'imams d'où sortirent au XIVème siècle les Agha khans.

Au début du XIIème, Hassan ibn Sabbah, le maître d'Alamout, envoie une mission en Syrie. Le pays lui semble propice : plusieurs communautés chiites sont réfugiées dans des montagnes difficiles d'accès, où les fidèles d'Alamout pourront édifier leurs repaires. Quelques décennies plus tard, c'est chose faite : les ismaéliens contrôlent un chapelet de forteresses dans les montagnes, menaçant tout autant les Francs du littoral que les musulmans orthodoxes de l'intérieur. Très vite la secte acquiert une terrible réputation dont les chroniques franques et musulmanes se font les échos épouvantés. Elle s'illustre par une série d'assassinats politiques perpétrés pour son propre compte ou pour celui de riches commanditaires, chrétiens comme musulmans. Nul n'est à l'abri de ces combattants fanatisés : le grand Saladin, qui a déjà échappé à deux attentats, est contraint lorsqu'il est en campagne de passer les nuits au sommet d'une tour de bois. Le pouvoir militaire de la secte ne fut anéanti en Syrie qu'au XIIIème siècle par les Mamelouks peu après la prise d'Alamout, en Perse, par Mongols.

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Élevée sur une colline détachée du djebel Anṣarieh, la forteresse de Masyaf contrôlant la partie méridionale de la plaine du Gharb fut la plus importante des citadelles de la redoutable secte des Assassins, qui l'acquirent vers 1140. Elle servit à plusieurs reprises de résidence à Rachid ed-Din Sinan, le Vieux de la Montagne…

Le Vieux de la Montagne, Rachid ed-Din Sinan, fut envoyé de Perse en Syrie par l'imam de Perse, son compagnon d'études depuis l'enfance. Sinan était chargé d'une mission secrète : succéder à l'actuel chef des ismaéliens de Syrie après sa mort. Il vint en Syrie, vêtu tel un mendiant, évitant les villes de crainte d'être reconnu et arrêté. Arrivé dans la montagne syrienne, il s'installa dans une modeste cabane au pied du château (al-Qalat) Al-Kahf (château de la Grotte) [قلعة الكهف] où résidait le maître des Assassins. Il y resta sept ans, dissimulant le but de sa présence. Apprenant que l'imam était mourant, il se rendit à son chevet et lui présenta la lettre qui le nommait à la tête de la branche syrienne de la secte.

C'était en l'an 1162. Sinan allait régner plus de 30 ans depuis son terrible repaire, s'affranchissant définitivement de la tutelle des ismaéliens de Perse. Il mourut vers 1193, quelques mois après l'assassinat de Conrad de Montferrat, le tout nouveau roi de Jérusalem.

Des recherches archéologiques ont établi que le château de Masyaf avait été construit du temps des Byzantins, au faîte d'une colline calcaire dominant plaines et villages environnants. Était assurée au château une position stratégique de surveillance et contrôle de tout le sud de la dépression du Ghab.

Au pied du djebel Anṣarieh ou Nossaïri, le château de Masyaf est la mieux conservée des forteresses des ismaéliens. Sous la conduite de leur chef le Vieux de la Montagne, ils s'étaient établis à la période des croisades dans d'imprenables nids d'aigle, tel Masyaf conquis en l'an 1141, après la chute de Shayzar (près de l'actuelle Maharda). De là, ils terrorisaient leurs ennemis, musulmans orthodoxes ou Francs du littoral, n'hésitant pas à conclure des alliances momentanées avec tel ou tel au gré de leurs intérêts.

Les assassins étant redoutés dans toute la région pour leur efficacité à éliminer leurs ennemis et parce qu'ils avaient acquis un certain pouvoir politique, les autres puissances du Moyen-Orient les combattirent avec acharnement. Ainsi, Masyaf devenait la cible première pour tous ceux qui eurent le courage de tenter de briser le pouvoir des Assassins. Dans ce combat s'illustra Saladin, premier sultan d'Égypte et de Syrie, et fondateur de la dynastie Ayyoubide.

Le siège de Saladin devant le château de Masyaf en 1176 fut cependant un échec. Selon la légende, alors que Saladin dormait sous Masyaf, un Assassin réussit à s'introduire dans sa tente. Saladin se réveillant aperçut l'intrus fuyant de la tente. Des gâteaux empoisonnés et un poignard avaient été laissés à côté du lit de Saladin et un billet accompagnait ces pâtisseries jurant que Saladin serait tué s'il ne levait pas le siège. Craignant pour sa vie, Saladin choisit de faire la paix avec les Assassins.

Néanmoins, les Assassins n'étaient pas invincibles. En 1260, Masyaf et trois autres forteresses d'Assassins se sont rendues aux envahisseurs mongols. La victoire mongole fut de courte durée. Ils ont été vaincus par les mamelouks à la bataille de 'Ayn Jalut dans la même année. Une fois les Mongols expulsés de Syrie, les Assassins prirent à nouveau le contrôle de Masyaf. Dix ans plus tard, en 1270, ce sont les Mamelouks sous leur sultan, Baybars, qui prennent le contrôle de Masyaf.

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En 2000, des travaux de conservation ont été entrepris sur le château de Masyaf. Ce projet, achevé en 2006, a consolidé et restauré la structure en ruine. De plus, ce projet a permis de mieux comprendre les Assassins qui occupèrent le château. A ainsi été découvert un tunnel censé avoir été un passage d'échappement secret. En outre, un système de canaux conçus pour transporter l'eau de pluie dans des citernes sous le château a également été mis à jour. Cela apporte une preuve supplémentaire que le château a été conçu pour résister à de longues périodes de siège ennemi. Pourtant, le château n'est pas sans ses luxes, comme en atteste la découverte d'une maison de bain traditionnelle.




Soulignons que le château de Masyaf n'existe pas comme un point isolé dans le paysage, mais coexiste avec la vieille ville voisine de Masyaf. Ainsi, le projet de restauration a intégré le contexte urbain du château. Un effort a été fait pour conserver et embellir la vieille ville, rendre attractifs les marchés, autant d'actions et d'autres en faveur du tourisme… Malheureusement les épreuves infligées aujourd'hui à la Syrie laissent en suspens les bénéfices d'une telle opération en faveur des populations locales… dans une région où se concentre encore aujourd'hui la majorité des ismaéliens de Syrie.


Simplicité de la réception d'un hôtel où chacun sera vraiment chez soi


Salwa et Hazem, nos amis d'Ain El-Kroum tout proche sont venus nous accueillir à Masyaf,
lors d'un précédent voyage, membres du Croissant rouge de Syrie,
ils nous avaient accompagnés à Hama dans nos visites auprès des déplacés.


La ville de Masyaf vue de son château




Sur les pentes de la citadelle, ils ont tenu à partager leur maigre pic-nique, quelques tranches d'orange pour chacun






À l'intérieur de la citadelle, comme partout ailleurs sur les sites analogues :
nombreux tunnels et souterrains, abris et voies de communication toujours exploités lors d'une occupation ennemie










Dans la soirée visite aux blessés à l'hôpital de Masyaf


Le hall d'accueil de l'hôpital


Sans doute triste de notre départ si tôt,  il est venu nous dire au-revoir lors de notre petit-déjeuner dans les jardins de l'hôtel

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La citadelle de Masyaf  il y a près d'un siècle… D'importantes restaurations ont été faites entre 2000 et 2006


Références

Châteaux de l'Orient Latin - Les châteaux des Croisés et des Ordres Militaires : Le territoire du Vieux de la Montagne

State of War: Syria’s Crusader Castles and Medieval Fortresses

Le territoire du Vieux de la montagne

Château de Shayzar ou Shaîzar - Qal'at Seijar

La Cannabis nel mondo islamico

À Muhradah [ محردة ], malgré la guerre, la vie ne perd jamais ses droits…
Ancient-Origins : Masyaf Castle, the Seat of the Assassins
Ancient-Origins : The notorious and much feared ancient order of Hashshashins

Ancient-Origins : Deadly Strategies and Ruthless Tactics of the Ancient Assassins

Maurice Barrès à Qadmous : récit de voyage

Facebook : The Syrian Heritage Institute


Ancient Origins, 2014. Masyaf Castle, the Seat of the Assassins [Online]
Available at: http://www.ancient-origins.net/ancient-places-asia/masyaf-castle-seat-assassins-001888

Atlas Obscura, 2014. Musyaf Castle. [Online]
Available at: http://www.atlasobscura.com/places/castle-of-musyaf

Perry, T., 2007. Secrets of Assassins' Fort Unearthed in Syria. [Online]
Available at: http://www.reuters.com/article/2007/07/13/us-syria-castle-assassins-idUSL1114464920070713

Submissions, 2012. Historical Accuracy of Video Games: Assassin’s Creed’s Masyaf. [Online]
Available at: http://www.hbhud.com/2012/03/02/historical-accuracy-of-video-games-assassins-creeds-masyaf/

Tharoor, I., 2012. State of War: Syria’s Crusader Castles and Medieval Fortresses. [Online]
Available at: http://world.time.com/2012/08/08/state-of-war-syrias-crusader-castles-and-medieval-fortresses/slide/masyaf-the-seat-of-the-assassins/

The Institute of Ismaili Studies, 2013. Castle of Masyaf. [Online]
Available at: http://www.iis.ac.uk/view_article.asp?ContentID=105103

Wikipedia, 2014. Assassins. [Online]
Available at: http://en.wikipedia.org/wiki/Assassins

Wikipedia, 2014. Masyaf. [Online]
Available at: http://en.wikipedia.org/wiki/Masyaf

Wikipedia, 2014. Masyaf Castle. [Online]
Available at: http://en.wikipedia.org/wiki/Masyaf_Castle

www.akdn.org, 2014. The Citadel of Masyaf. [Online]
Available at: http://www.akdn.org/publications/hcp_syria_brief4.pdf

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Cities and towns during the Syrian Civil War