« Le Temps des aveux », un film bienvenu qui rappelle la monstruosité des Khmers rouges… Une monstruosité partagée autant avec les islamistes d'aujourd'hui qu'avec le FLN d'hier… Des monstres qui ont eu leurs complices tant en Occident que sur le territoire de la France métropolitaine, tels ces infâmes membres du
"réseau Jeanson" au service des égorgeurs du FLN ou les bobos de Libération faisant l'apologie des Khmers rouges s'emparant de Phnom Penh… comme à présent ces pervers étrangers à l'islam qui participent
servilement et se mettent en scène dans les exécutions de masse perpétrées par des terroristes érigés en un pseudo-État islamique…
Le
« Le Temps des aveux » ne trouvera pas seulement un écho dans les horreurs de l'islamisme contemporain ou du FLN en Algérie, là où le rituel de l’égorgement ou de l'émasculation est tout aussi efficacement remplacé par les coups de bêche ou de bâton des campagnes cambodgiennes profondes… La France franc-maçonne et républicaine a certes connu en son temps ses horreurs campagnardes avec les
noyades de Nantes… «
Le Temps des aveux » après «
La Déchirure » rappelle l’insoutenable horreur du socialo-communisme par l'extermination de tout un peuple brutalement forcé à vivre loin des villes. Excepté un exode trop significatif vers les campagnes - encensé par Libération en avril 1975 ! -, ce film ne manquera d'évoquer chez le spectateur contemporain les malheurs que subit actuellement un pays tel la France, certes de façon moins violente mais assurément plus pernicieuse… Les socialistes d'aujourd'hui ont su tirer les leçons des échecs de leurs précurseurs… Ils avancent moins brutalement et plus lentement mais plus froidement déterminés que les Khmers rouges dans la destruction des fondements de notre civilisation, et tout comme les Khmers rouges en s'appuyant d'abord sur un embrigadement des enfants et une destruction de la famille traditionnelle…
Le dernier film de Régis Wargnier relate la relation entre un ethnologue français capturé par les
Khmers rouges et son geôlier. En salles à partir du 17 décembre 2014.
L’argument : Cambodge, 1971. Alors qu’il travaille à la restauration des temples d’Angkor,
François Bizot, ethnologue français, est capturé par les Khmers rouges. Détenu dans un camp perdu dans la jungle, Bizot est accusé d’être un espion de la CIA. Sa seule chance de salut, convaincre Douch, le jeune chef du camp, de son innocence. Tandis que le Français découvre la réalité de l’embrigadement des Khmers rouges, se construit entre le prisonnier et son geôlier un lien indéfinissable…
Note : Avec
Le Temps des Aveux, Régis Wargnier signe une adaptation du roman
Le Portail de
François Bizot, paru en 2000. Il retrouve l’Asie après avoir mis sur pellicule une tranche de vie de l’Indochine française avec le film Indochine en 1992. Tourné en décors naturels au Cambodge avec un budget estimé à cinq millions d’euros,
Le Temps des aveux sera porté par Raphaël Personnaz (l’acteur a perdu 10 kilos pour le besoin de certaines scènes), Olivier Gourmet et Phoeung Kompheak dans le rôle du geôlier khmer. Il s’agira probablement de l’un des films forts de cette fin d’année. À découvrir sur les écrans français dès ce 17 décembre 2014.
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Carte du Cambodge khmer rouge au centre de détention de Tuol Sleng à Phnom Penh |
Le Cambodge à l'heure des procès contre les Khmers rouges…
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La Une de Libération du 17 avril 1975 |
"Que Libé s'excuse !" "Libération a la mémoire sélective." "Les anciens maos font tout pour oublier leur soutien passé aux Khmers rouges." "Libé n'a jamais fait son aggiornamento."
Depuis des années, systématiquement, des lecteurs, des internautes ou des personnes
rencontrés lors de reportages ou d'interviews ne cessent de rappeler la Une de Libération, le 17 avril 1975 (photo ci-dessus). "Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh", titrait le quotidien créé deux ans plus tôt par des militants maoïstes et la Gauche prolétarienne.
En fait, c'est surtout la Une du lendemain (photo ci-après) qui témoigne
de la satisfaction de Libération et, rétrospectivement, fait mal. 24 heures après la prise de la capitale par les Khmers rouges, le journal titre sur les "sept jours de fête pour une libération".
Sans être présent au Cambodge, le journal rapporte que "par dizaines de milliers, les habitants de Phnom Penh sont descendus jeudi dans les avenues de la capitale pour accueillir les premières unités des forces de libération".
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La Une de Libération du 18 avril 1975 |
L'agence japonaise Kyodo, l'AFP et le correspondant du Monde, P. de Beer, sont cités pour sourcer cet article non signé en une de Libération. En ce mois d'avril 1975, le journal met surtout en exergue la colère des États-Unis et de Henry Kissinger, l'échec de la "doctrine Nixon" et des "mercenaires américains". Et salue, surtout, les Khmers rouges campés en "trouble-fête".
"Une guerre révolutionnaire à l'heure de la détente. Cette formule résume l'originalité et le sens profond de la lutte de libération
nationale menée depuis cinq ans par le peuple cambodgien (sic)
contre l'agression américaine", écrit Patrick Ruel le 17 avril 1975.
Quelques jours plus tard, il parlera de
"calomnies" pour qualifier les premières informations rapportant des cas d'exécutions et d'évacuations massives commises par les troupes de Pol Pot.
Depuis,
Libération n'aurait donc rien dit sur les atrocités commises par les Khmers rouges, aurait jeté dans les poubelles de l'oubli sa sympathie passée pour les communistes radicaux du Kampuchea démocratique. Et n'aurait pas renié ses errements gauchistes et ses aveuglements sur ce chapitre très douloureux du Cambodge.
C'est peut-être séduisant aux yeux de certains, mais c'est inexact. Tardivement (sûrement), le journal a fait part de ses erreurs et de ses
égarements. C'était le 13 février 1985 [bien tard !].
Dans un long commentaire, Patrick Sabatier revenait sur sa
"déchirure". Cette année-là, le journal consacrait plusieurs pages au très beau film de
Roland Joffé, La Déchirure, qui sortait en salles.
"A trop avoir voulu "avoir raison" de cette guerre, on s'est laissé aveugler, on n'a rien vu, rien compris- ou presque", écrivait Patrick Sabatier.
Il poursuivait.
"Nombreux sont aujourd'hui les imbéciles qui peuvent ricaner de tous ceux, journalistes en premier lieu, qui ont applaudi en 1975, à la victoire des Khmers rouges. Rares sont ceux qui, à l'époque, avaient imaginé, ne fut-ce qu'une partie de ce que serait la révolution khmère rouge. Rares aussi ceux qui, dès les premiers récits de réfugiés échappés du Cambodge, ont accepté ce qui devait rapidement s'imposer : l'existence d'un auto-génocide par la combinaison de la famine, du dogmatisme imbécile et des massacres."
Ils sont peu nombreux effectivement à avoir pu témoigner de la folie exterminatrice des Khmers rouges. Comme nous l'avons indiqué à
plusieurs reprises,
François Ponchaud fut l'un de ceux-là.
"Les révolutionnaires ont sans doute des choses autrement importantes à faire en ce moment que de permettre aux journalistes de faire leur
travail", rapporte Sabatier en citant une de ses phrases extraites d'un article de 1975.
Dix ans plus tard, il analyse:
"Les spectateurs du film (la Déchirure)
apprécieront la stupidité de l'auteur de ces lignes. Il a fallu la mort d'un ami aux mains des Khmers rouges, la rencontre avec un Pin Yathai (auteur de l'
Utopie meurtrière),
puis la visite des champs de la mort Khmers rouges et des camps de réfugiés en Thaïlande, au lendemain de l'invasion vietnamienne (en janvier 1979
pour que je regarde en face la vérité de l'aveuglement qui avait été le mien comme celui d'autres. Un aveuglement qui a ses raisons, mais n'a pas d'excuse", écrivait le journaliste de
Libération. Qui concluait :
"Cette déchirure-là ne s'est pas cicatrisée, et elle ne le sera jamais."
Jean Lacouture, qui a également couvert les événements cambodgiens, a confié lui aussi (et il n'est bien sûr pas le seul)
"avoir trop longtemps ignoré la réalité des camps des Khmers rouges", comme il l'a confié à Gilbert et Nicole Balavoine dans un livre d'entretiens publié en février par les éditions Confluences (
Jean Lacouture ou le goût des autres).
Il conclut le chapitre sur le Cambodge, intitulé
"Un trop long silence", par ces phrases:
"Être journaliste, c'est d'abord écrire l'histoire immédiate. L'exercice est périlleux et comporte beaucoup de risques d'erreur. La pratique responsable de ce métier implique la correction de ces erreurs et la révision des points de vue. Cela peut se faire le lendemain, la semaine ou le mois suivant. Pour moi, cela a pris parfois beaucoup plus de temps, mais je l'ai fait. Il y a eu faute professionnelle. La confession n'absout pas le journaliste."
Arnaud Vaulerin
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François Bizot est né à Nancy en 1940… De 1962 à 1965, François Bizot suit les cours de l’École des géomètres de Nancy et les séminaires de G. Condominas, J. Filliozat et A. Bareau à l’EPHE. Il est employé en 1965 par la Conservation d’Angkor, pour s’occuper de l’atelier de restauration et entreprendre le relevé topographique des monuments extérieurs. Parallèlement à ce travail, il est chargé par J. Filliozat d’étudier sur place le bouddhisme des Khmers.
Il est recruté comme membre de l’EFEO en 1976. Après son expulsion du Cambodge par les Khmers rouges, qui mettent à sac les implantations de l’École, il est affecté en Thaïlande. Il établit à Chiang Maï le premier centre de l’EFEO dans ce pays. En 1987, il est nommé chargé de conférences, puis directeur d’études en 1994, à l’EPHE, où il crée la chaire de « Bouddhisme d’Asie du Sud-Est ». Il retourne à Phnom Penh en 1989, pour y préparer la réouverture d’un poste de l’École. En 1994, il est affecté à Vientiane, où il prend bientôt en charge le centre de l’EFEO ouvert l’année précédente par François Lagirarde.
Spécialiste du bouddhisme de la péninsule Indochinoise, il cherche à apporter une réponse à une des premières questions posées par la recherche historique et philologique : l’origine et l’identification des traditions locales. C’est par une longue immersion dans la culture locale et par l’introduction d’une démarche proprement ethnographique dans le champ des études bouddhiques qu’une problématique a pu être posée : pourquoi des communautés bouddhiques affiliées à Ceylan transmettent-elles une doctrine et des règles monastiques contraires à l’orthodoxie cinghalaise ?
Ses enquêtes de terrain lui permettent de découvrir un important corpus de manuscrits en langues vernaculaires, totalement inédits, directement liés aux pratiques rituelles, auxquelles ils servent de support. Ses liens avec les savants locaux lui donnent des clés de lecture insoupçonnables, grâce auxquelles il va pouvoir traduire les premiers grands textes de cette littérature ésotérique. Élargissant ses enquêtes à la Thaïlande, à la Birmanie et au Laos, il montre la profonde unité religieuse et doctrinale de la tradition d’abord étudiée au Cambodge, qui s’étend aux confins de la péninsule.
Ses découvertes l’obligent à élaborer une méthode rigoureuse de reconstitution historique et, tout d’abord, à redéfinir la notion d’« école bouddhique » (nikâya). Ce travail met en évidence l’importance de l’ordination et de l’ajustement monastiques comme facteurs d’appartenance et de légitimité. C’est cette relecture des données indochinoises qui lui fournit les « signes » pertinents nécessaires pour remonter le fil de l’histoire.
L’ensemble de ces travaux a permis de distinguer les écoles d’Asie du Sud-Est de celles de Ceylan, de les rattacher au courant tantrique qui s’est établi dans les derniers siècles du premier millénaire jusqu’en Chine, au Tibet et au Japon, et enfin de montrer que l’indianisation de l’Indochine était intimement liée à l’expansion vers l’Est des doctrines du Vajrayâna.
Il collabore avec des chercheurs français et étrangers (université de Göttingen et de Fribourg) et avec le CNRS (Centre d’étude de l’écriture et Centre de recherche linguistique sur l’Asie orientale). Il crée les polices des alphabets vernaculaires et les nombreux caractères spéciaux nécessaires pour l’édition des manuscrits sur latanier. Ses tâches administratives sont importantes : conventions de coopération avec les gouvernements, programmes de coopération, organisation de colloques (Thaïlande, Laos, Cambodge). En 1989, il dirige le programme : « Fonds pour l’édition des manuscrits » (FEM) au Cambodge, en Thaïlande et au Laos. Il est entre autres responsable éditorial de la collection Textes bouddhiques du Cambodge / du Laos / de Thaïlande, publiée par l’EFEO. En 1998, il est nommé membre du Conseil national des sciences sociales et humaines.
Publications scientifiques
1973 : Histoire du Reamker, Phnom Penh, EFEO, [rééd. Bangkok, 1980, 1983 ; éditions sauvages, Phnom Penh, 1991, 1993].
1976 : Le Figuier à cinq branches, recherches sur le bouddhisme khmer I, Paris, EFEO (PEFEO, 107).
1981 : Le Don de soi-même, recherches sur le bouddhisme khmer III, Paris, EFEO (PEFEO, 130).
1988 : Les Traditions de la pabbajja en Asie du Sud-Est, recherches sur le bouddhisme khmer IV, Göttingen, Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften in Göttingen (Philologisch-Historische Klasse, Folge 3, Nr. 169).
1989 : Ramaker ou l’amour symbolique de Ram et Seta, recherches sur le bouddhisme khmer V, Paris, EFEO (PEFEO, 155).
1992 : Le Chemin de Lanka, Paris, EFEO (Textes bouddhiques du Cambodge, 1, Publication du FEM).
1993 : (avec O. v. Hinüber), La Guirlande de joyaux, Paris, EFEO (Textes bouddhiques du Cambodge, 2, Publication du FEM).
1994 : Le Bouddhisme des Thaïs, brève histoire de ses mouvements et de ses idées des origines à nos jours, Bangkok, Cahiers de France.
1994 : (dir.), Recherches nouvelles sur le Cambodge, Paris, EFEO (Études thématiques, 1).
1996 : (avec F. Lagirarde), La pureté par les mots, Paris, EFEO (Textes bouddhiques du Laos, Publication du FEM).
EFEO : Biographie François Bizot