Pourquoi le Qatar soutient les mouvements islamistes radicaux dans le monde arabe
Ehud Olmert, ancien Premier ministre israélien, et Hamad Ben Khalifa Al-Thani, émir du Qatar |
Haoues Seniguer, grand spécialiste de l’islamisme et du monde arabe, est catégorique : le Qatar finance les mouvements islamistes dans le monde arabe. Dans un entretien accordé au site Oumma, ce chercheur, qui est sur le point d’éditer un nouveau livre sur l’islamisme politique, a clairement expliqué les raisons pour lesquelles le minuscule émirat féodal dépense annuellement des milliards de dollars dans le financement des mouvements islamistes et salafistes qui sont actuellement au cœur des problèmes que vivent des pays comme la Tunisie, l’Égypte, la Libye et la Syrie. Selon lui, il y a au moins « deux stratégies » derrière ce soutien du Qatar aux mouvements de l'islam politique. La première est directement liée à la nature de l'appareil étatique qatari, « écartelé entre une tendance salafiste et une tendance plutôt islamiste ».
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Cela est le reflet direct « d’une société elle-même très conservatrice qui penche davantage pour l'islamisme issu de la matrice des Frères musulmans, le courant le mieux structuré et implanté aussi bien dans les sociétés majoritairement musulmanes que non-musulmanes », ajoute-t-il. La seconde est son statut de sous-traitant indéfectible d’Israël et des États-Unis, deux États qui manipulent à outrance les mouvements islamistes de par le monde pour déstabiliser les régimes qui leur sont hostiles. « En soutenant financièrement les partis islamistes, en les maintenant sous perfusion économique grandissante, l'émirat sous-traite en quelque sorte leur domestication au profit des grandes puissances (États-Unis et Europe notamment), en s'assurant principalement de leur loyalisme essentiellement libre-échangiste ou néo-libérale», précise ce chercheur qui revient sur la nature du régime qatari qualifié d’«autoritaire et de néo-patrimonial ».
Cet enseignant de science politique à l'IEP de Lyon insiste ainsi sur le caractère « oligarchique » du régime du Qatar « très marqué et empreint d'un stigmate "familialiste", puisqu'il est dominé par quelques personnalités, mais celles-ci ont la particularité d'évoluer autour de la famille Al-Thani, à partir de laquelle s'organise précisément la hiérarchisation des différentes strates du pouvoir central ». « Pour s'enquérir ne serait-ce que de la nature foncièrement autocratique du régime en question, nul besoin d'être grand clerc et de procéder, pour ce faire, à une quelconque exégèse constitutionnelle poussée », a encore relevé ce chercheur qui rappelle dans ce sillage la manière « forte » par laquelle l'actuel émir est arrivé au pouvoir en juin 1995, à savoir un coup d'État contre son propre père. Haoues Seniguer a souligné que cette monarchie est profondément trempée dans la charia qui est exploitée politiquement comme un courant exportable vers les pays arabes pour, notamment, faire face à l’élite militaire qui reste la hantise des monarchies de ce type. Pour ce spécialiste de l’islamisme, la Constitution permanente de l'État du Qatar émise le 8 juin 2004, confirme la nature du régime, notamment dans l'article I qui stipule : « Le Qatar est un pays arabe indépendant. L'islam est sa religion et la charia est la source principale de sa législation. Le chef d'État du Qatar est l'émir et sa position est héréditaire. Il est responsable de la ratification et de la promulgation des lois. »
Il évoque également la discrimination pratiquée à grande échelle contre les citoyens naturalisés qui n’ont absolument aucun droit, ni social ni économique, encore moins politique. Tout cela montre le vrai visage du Qatar qui est très loin d’être un exemple de démocratie comme il le prétend à travers son bras médiatique propagandiste qu’est la chaîne Al Jazeera.
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«… le sang des milliers d’enfants syriens, libyens et yéménites versé à cause des fonds et des médias qataris… ».