Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

vendredi 8 juillet 2011

Le PAD demande l'interdiction du Puea Thai

Les Démocrates du gouvernement sortant en Thaïlande ont déposé ce vendredi 8 juillet une plainte devant la Commission électorale contre le parti de l'opposition Puea Thai déclaré vainqueur des  élections de ce dimanche 3 juillet, et réclament sa dissolution.
Des membres de l'opposition, sous le coup d'une condamnation à cinq ans d'interdiction de toute activité politique, se sont impliqués dans la campagne du Puea Thai, selon Wiratana Kalayasiri, chef de l'équipe de juristes du parti du Premier ministre Abhisit Vejjajiva.
La plainte, qui devrait prendre des mois à être traitée, n'empêchera pas Yingluck Shinawatra, jeune sœur de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, de devenir chef du prochain gouvernement.

mardi 5 juillet 2011

L'inauguration du "Mur des Disparus" à Perpignan, novembre 2007

Oran, le 5 juillet 1962… le "Mur des Disparus", Perpignan

"Le vrai tombeau des morts c'est le cœur des vivants"


Oran, le 5 juillet 1962…

Le 5 juillet 1962, a lieu à Oran une manifestation populaire organisée par le FLN (Front de libération nationale). C'est le jour anniversaire de l’entrée des troupes françaises en Algérie le 5 juillet 1830… et la fin de 132 ans de présence française. L’indépendance de l’Algérie est officielle depuis 2 jours !

En fin de matinée, en centre ville d’Oran, sans que l’on sache vraiment pourquoi, la manifestation populaire  dégénère. De très nombreux Européens, hommes, femmes, enfants de tous âges, sont pris à partie, lynchés et massacrés dans les rues, lieux et édifices publics où ils se sont réfugiés. D’autres, par centaines, sont pris en chasse et enlevés, souvent même à leur domicile. La majorité d'entre eux demeurent, près de cinquante ans après, portés disparus. 2500 à 3000 disparus…  Leur assassinat, leur asservissement ne font aucun doute, comme l’établissent tant les témoignages recueillis que les différentes archives consultées par les historiens.

La police et l’armée des nouvelles autorités algériennes, loin d’assurer la protection des Européens présents dans la ville, prennent souvent une part active aux rapts, rafles et massacres. De leur côté, se conformant aux ordres reçus de De Gaulle depuis Paris, les  troupes françaises stationnées à Oran, encore fortes de plus de 18000 hommes, s'abstiennent de toute intervention. Seuls quelques rares officiers assument courageusement, à titre individuel, la responsabilité de contrevenir aux instructions. Aujourd'hui encore, des centaines de famille n’ont aucune nouvelle des milliers disparus de ce 5juillet 1962. 

Ainsi, le 5 juillet 1962 à Oran, se confirmaient les pires craintes que suscitait le retrait de la France d’Algérie, mettant fin à la coexistence de populations de toutes origines et de confessions diverses, qui n'auraient demandé qu’à vivre ensemble. Abandonnés sans aucune protection, les Français d’Oran ont dû choisir entre l'exode ou la mort. Un exode définitif d'une  terre qui reste à jamais leur seule vraie patrie.

Perpignan, "Murs des disparus", ceux du du 5 juillet 1962 à Oran… et des plus de 150 000 Harkis aux noms "effacés" à jamais


"Murs des disparus" sans sépulture, 2616 noms connus…


"Mur des disparus", gros plan sur quelques noms…


Perpignan, 5 juillet 2011, près du "Mur des disparus" la messe dite par l'abbé Bruno Segondy



Perpignan : le "Mur des disparus", dans le cadre du couvent des Clarisses, transformé en prison par la Révolution en 1791… ce jusqu'en 1989



Témoignage ce 4 juillet 2011 sur le forum  "Chemin de Mémoire des Parachutistes" :
Oran le 5 juillet 1962, ne les oublions pas.

… De la colonne qui avançait péniblement, une femme âgée tenant ses deux petits enfants par la main, leur disait d’un ton rassurant :
- Ne pleurez pas, mes chéris. Nous allons dans le paradis terrestre.
- Celui où vivent Adam et Éve, demanda naïvement la petite fille ?
- Le même, mes petits, car ce beau jardin, c’est ici qu’il existe…

La clameur se répercutait sur la ville durant tout le temps que dura le sinistre chemin de croix, jusqu’au lieu même du supplice. Au Petit Lac, un spectacle insoutenable, inhumain, vint briser ce qui leur restait encore de force.
Des hommes, des femmes, des enfants se jetaient les mains jointes aux pieds de leurs bourreaux, implorant leur pitié en pleurant. Mais aucune générosité n’était à attendre de la part de ces barbares. Les coutelas entrèrent alors dans une danse macabre, ouvrant les gorges, tranchant les têtes de leurs victimes, malgré les cris horribles des familles enlacées dans une dernière étreinte.

Cette boucherie n’était pas encore suffisante pour ces barbares assassins, il fallut montrer ces têtes en trophées à la populace qui hurlait sa joie en poussant des clameurs d’admiration sauvages telles que l’on entend au moment où le taureau, dans l’arène, fait glorieusement face au matador. L’instinct de férocité native s’était, chez tous, réveillé par le cruel supplice, et leurs yeux étincelaient d’ardeur de bêtes fauves assoiffées de sang. Alors, dans une bamboula furieuse, les démons exhibèrent sur des piques sanguinolentes en signe de victoire ces pauvres têtes aux traits crispés qui grimaçaient encore d’un rictus horrible de souffrance. Les yeux, restés ouverts, semblaient vouloir maudire les mains criminelles de leurs bourreaux.

Aux abattoirs, les Arabes pendaient les Européens, vivants, par le palais. D’autres étaient pendus par les pieds puis on leur ouvrait la gorge en laissant ruisseler le sang dans des cuvettes. Comment pardonner … 49 ans après … l’horreur de ce sang pleurant des viandes, ces bouts de cadavre que l’étal tenait suspendus à ses crochets ? Le crime est bien trop grand pour que nous n’en perdions jamais le souvenir.
Suivent de nombreux autres témoignages, pour les lire suivre le lien : "Chemin de Mémoire des Paras"

Pour témoignages sur d'autres sites, liens donnés par  "Chemin de Mémoire des Parachutistes" :
ORAN 5 JUILLET 1962 :  LES RESPONSABILITÉS
ORAN 5 JUILLET 1962 : LE GÉNOCIDE
ORAN 5 JUILLET 1962 : Témoignage (non démenti) d'un vieil Algérien militant FLN en 1962
 

La stèle dédiée aux Harkis au cimetière du Haut-Vernet, à Perpignan
(cette stèle devait être inaugurée le 25 septembre 2011, journée nationale des Harhis)

 

Cérémonie à l’Arc de Triomphe en hommage aux disparus du 5 juillet 1962 à Oran, aux Harkis et autres victimes tombées après le 19 mars 1962

Le 5 juillet 2011 à 18 h 30, à l’initiative du Comité de liaison des Associations Nationales des Rapatriés (CLAN-R), un émouvant hommage a été rendu à l’Arc de Triomphe aux victimes du 5 juillet 1962 et aux Disparus, ainsi qu’aux autres victimes civiles et aux Harkis tombés après le 19 mars.




Aux côtés de M. Denis Fadda président du CLAN-R et de M. Jean Fumaroli président de l'Association des Anciens du Lycée Lamoricière d'Oran (ALLO), de nombreuses personnalités étaient présentes parmi lesquelles Mme le député Jacqueline Irles et MM. les députés Eric Diard, Lionnel Luca, Patrice Calmejane, M. Jean-Pierre Berbérian adjoint à la mairie du 9ème arrondissement de Marseille. Les députés Claude Goasguen et Guy Tessier étaient représentés.

M. Renaud Bachy, Président de la Mission interministérielle aux Rapatriés, au nom de l’État, a déposé une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu.











La Torah du roi : les islamistes n'ont rien inventé

En Israël deux rabbins favorables au livre « La Torah du roi », qui justifie le meurtre de goys (non-juifs), y compris des enfants, prônent une religion qui ne distingue pas le temporel du spirituel, une invention du Christ. 2 500 juifs religieux extrémistes se sont rassemblés lundi 4 juillet devant la Cour suprême à Jérusalem. Ils protestaient contre les interpellations de deux rabbins de leur mouvance.



Le livre Torath Hamelekh (ou Torah du Roi),  publié en 2009 et co-écrit par Elitzur-Hershkowitz et le rabbin Itzhak Shapira de l’implantation d’Yitzhar en Judée-Samarie, traite des règles de guerre et notamment des conditions dans lesquelles des non-Juifs peuvent être tués sans enfreindre les lois religieuses. La Torath Hamelekh reprend les règles religieuses prescrites en vue de la conquête d’Israël alors que le pays était peuplé des peuplades idolâtres. Les rabbins Dov Lior de Kiryat Arba, proche de Hébron (Cisjordanie), et Yaacov Yossef, fils du leader spirituel du parti Shas, Ovadia Yossef, soutiennent l’ouvrage et ses auteurs.

Un grand nombre de rabbins du mouvement sioniste pour la plus part ont signé des motions de soutien aux rabbins Dov Lior et Yaakov Yossef, qui sont des sommités de la Torah. D’autre part la question posée serait la suivante : Est-ce qu’un rabbin qui enseignerait les lois de la guerre en se basant sur les textes du corpus rabbinique serait en infraction avec la loi ? Un grand nombre de rabbins affirment que non, et que ce serait là une ingérence de la politique dans le rôle du rabbin dont la mission est la transmission du savoir rabbinique.

Dans le cadre de cette affaire lors d'une soirée de solidarité avec le livre et ses auteurs, le Rav de Kiriat Arba Dov Lior avait notamment déclaré « qu’il n’était pas question de laisser quelques fonctionnaires donner des directives et décréter ce qui est permis et ce qui est interdit ». Le Rav Lior avait encore souligné que « c’était le rôle des rabbins de rappeler les règles de la loi juive sans craindre les répercussions de leurs propos ».

« Personne ne me bâillonnera ! », triomphe Yaacov Yossef qui dans son fief du quartier pauvre de Schmouel Hanavi à Jérusalem passe pour « un des grands de sa génération ».  Le rabbin Ovadia Yossef, puissant chef spirituel du parti orthodoxe séfarade Shass, ce Haridi (Craignant Dieu) fait cause commune la mouvance dure des colons. Dov Lior, toujours considéré comme un des chefs de file de ce courant, n’a de son côté plus à faire la preuve d'intransigeance, voire de fanatisme… Dans les années 1980, il inspire un « réseau terroriste juif » anti-arabe. Il figure ensuite parmi les rabbins qui jettent l’anathème contre Yitzhak Rabin et légitiment son assassinat en 1995. Pour lui, Baruch Goldstein, ce colon qui a tué 29 fidèles musulmans en prières en 1994 au caveau des Patriarches de Hébron avant d’être abattu, est tout simplement « un saint et un martyr ».

Prochainement une deuxième édition… Le Rav Isaac Shapira, l'auteur de la Torath Hamelekh, a annoncé qu’il s’apprêtait à publier une seconde édition. Et même une troisième : « En raison de la publicité faite autour de mon livre, il va falloir bientôt préparer la troisième édition. Son contenu répond à des questions actuelles, comme par exemple la façon de considérer et de traiter le problème de Gaza d’après la tradition juive la plus authentique ».

dimanche 3 juillet 2011

Incubus : "Pardon me"



Pardon me while I burst
Pardon me while I burst
A decade ago, I never thought I would be.
A twenty three on the verge of spontaneous combustion woe is me
But I guess that it comes with the territory.
An ominous landscape of never-ending calamity.
I need you to hear. I need you to see.
That I have had all I can take
And exploding seems like a definite possibility
To me
So Pardon me while I burst into flames.
I've had enough of the world, and its people's mindless games
So Pardon me while I burn, and rise above the flame
Pardon me, pardon me. I'll never be the same.
Not, two days ago I was having a look in a book
And I saw a picture of a guy fried up above his knees
I said I can relate
Cause lately I've been thinking of combustication as a welcomed vacation from.
The burdens of the planet earth, like gravity, hypocrisy, and the perils of being in 3-D...
And thinking so much differently.
Pardon me while I burst into flames.
I've had enough of the world, and it's people's mindless games
Pardon me while I burn, and rise above the flame
Pardon me, pardon me. I'll never be the same.
Never be the same...yeah.
Pardon me while I burst into flames.
Pardon me, pardon me, pardon me.
So pardon me while I burst into flames.
I've had enough of the world, and it's people's mindless games
So pardon me while I burn, and rise above the flame
Pardon me, pardon me. I'll never be the same.
Pardon me, never be the same. Yeah

samedi 2 juillet 2011

Carl Lang, un discours responsable… avant la présidentielle de 2012

Ce lundi 27 juin, la Droite nationale nationaliste et identitaire était rassemblée à l'initiative de "Synthèse nationale", au Grand amphithéâtre du Centre des conférences, rue de la Fontaine aux Rois à Paris. À ce rassemblement de "Synthèse nationale" étaient présents Annick Martin, Roland Hélie, Jérôme Bourbon, Pierre Vial, Robert Spieler, Carl Lang ainsi que de nombreux autres responsables et orateurs…
Certaines des interventions sont à présent disponibles sur le site de "Synthèse nationale", notamment celles d'Annick Martin vice présidente du Mouvement national républicain, de Robert Spieler délégué général de la Nouvelle droite populaire, de Martine Lehideux du Parti de la France, de Jérôme Bourbon directeur de Rivarol et de Pierre Vial de la Nouvelle droite populaire.
Nous reproduisons ici l'intervention de Carl Lang, président du Parti de la France et futur candidat à l'élection présidentielle de 2012, discours respectable ferme responsable réaliste européen à milles lieues des platitudes dédiabolisatrices approximatrices  démagogiques du FN nouveau…


vendredi 1 juillet 2011

Louis-Ferdinand Céline : pour la plus grande gloire du paria

« Le style de Céline offre un rythme unique en soi, quasi impossible à reproduire. Et puis il y a le pessimisme. Absolu, profond. Et à la fois rigolard. Les gens qui aiment Céline rient du monde qui les entoure mais ne sont pas dupes. Ce sont un peu des vieux enfants. J’en suis un, enfin une. »
Claire Castillon (Les Bulles, éd. Fayard)


La Société d'Études Céliniennes, présidée par Me François Gibault, rendra hommage à Céline pour le cinquantième anniversaire de sa mort vendredi 1er juillet 2011 par le dépôt d'une gerbe sur sa tombe au cimetière des Longs Réages de Meudon à 12h.

Le 1er juillet 1961, à 18 heures : Décès de Louis-Ferdinand Céline, des suites d'une rupture d'anévrisme, et inhumation, trois jours plus tard, au cimetière des Longs Réages à Meudon.

André Halphen, journaliste à Paris-Presse, assistait à la cérémonie funèbre : « Il était 8 h. 45, le mardi 4 juillet 1961. Nous étions une petite vingtaine, y compris une dizaine de jeunes danseuses du cours Lucette Almanzor. [...] On cacha sa mort, mais il y eut "fuite" pourtant. Nimier se chargea de prévenir un petit groupe de fidèles triés "sur le volet" : Marcel Aymé, l'éditeur Claude Gallimard, le journaliste Lucien Rebatet, le metteur en scène Max Revoll, les comédiens Jean-Roger Caussimon et Renée Cosima. [...] La cérémonie fut brève. Lorsque le corbillard quitta la villa Maïtou pour le petit cimetière de Meudon-Bellevue, il fut suivi par une dizaine de voitures. En cinq minutes, le "voyage au bout de la mort" fut bouclé. » [Le Bulletin célinien, juillet-août 1998].

La tombe de Louis)Ferdinand Céline à Meudon : « Céline souhaitait être jeté dans la fosse commune. Mais je n’en ai pas eu le courage » dira Lucette Almansor à la journaliste Gabrielle Rolin [Les Nouvelles Littéraires, 6 février 1969]. C'est, en effet, une décision accablante que celle d'envoyer un homme de qualité dans un pourrissoir anonyme.
Lettres posthumes adressées à Louis-Ferdinand Céline… vous pouvez vous-aussi lui écrire et déposer votre lettre sur sa tombe  : Louis-Ferdinand Céline cimetière des  Longs Réages Meudon

Céline, la gloire du paria

Excellent article signé Bruno de Cessole dans "Valeurs actuelles " de ce jeudi 30 juin, à la veille du cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline :

Source : Valeurs Actuelles :  Céline, la gloire du paria,  signé : Bruno Cessole

Cinquante ans après sa mort, lʼun des plus grands écrivains du XXe siècle demeure un objet de scandale et de polémique. Tant mieux.

Le 1er juillet 1961, dans son pavillon du 25 ter, chemin des Gardes à Meudon, Louis-Ferdinand Destouches alias Céline achevait son voyage terrestre, dix ans après son retour du Danemark en France et lʼamnistie dont il avait bénéficié. Il venait juste de mettre le point final à son dernier livre, Rigodon, dernier volet de la Trilogie allemande. Un an plus tard se réalisait ce quʼil aurait tant voulu voir de son vivant : la parution du Voyage au bout de la nuit et de Mort à crédit dans ce panthéon littéraire quʼest la collection de la Pléiade. Témoignage de reconnaissance de ce quʼil avait apporté à la littérature française.

Avec ce mélange dʼorgueil prophétique et de bouffonnerie qui était sa marque, Céline avait proclamé, dès 1932, à la remise du manuscrit du Voyage au bout de la nuit, la nouveauté révolutionnaire de son œuvre : « Une symphonie littéraire émotive. [...] Du pain pour un siècle entier de littérature [...] et le Goncourt dans un fauteuil pour lʼheureux éditeur qui saura retenir cette œuvre sans pareille, ce moment capital de la nature humaine. »

En 1955, dans son désopilant Entretiens avec le Professeur Y, où il livre les secrets de fabrication de son œuvre, il réaffirmait lʼimportance de la révolution dont il avait été le fourrier : « Je suis quʼun petit inventeur, et que dʼun tout petit truc ! [...] je connais mon infime importance ! [...] Lʼémotion dans le langage écrit !... Le langage écrit était à sec, cʼest moi quʼai redonné lʼémotion au langage écrit ! [...] Cʼest pas quʼun petit turbin je vous jure ! [...] Cʼest infime, mais cʼest quelque chose ! »

Depuis la disparition de lʼécrivain, sa stature et son audience nʼont cessé de croître, à telle enseigne que Céline est lʼauteur français auquel le plus grand nombre de travaux ont été consacrés, tant chez nous quʼà lʼétranger, tandis que ses romans figurent parmi les plus vendus aussi bien dans la Pléiade quʼen collection de poche. À titre anecdotique, Voyage est le livre de poche le plus volé dans les librairies... Si lʼécrivain est reconnu comme lʼun des deux plus grands, avec Proust, de la littérature française du XXe siècle, lʼhomme suscite toujours “haines et passions”, selon le titre du livre de Philippe Alméras, lʼun de ses biographes et exégètes. À preuve, son éviction des “commémorations nationales”, de la part du ministre de la Culture cédant à lʼintimidation de Serge Klarsfeld, capitulation honteuse qui témoigne à la fois de lʼimbécillité congénitale ou de lʼinculture crasse de lʼadministration et de la lâcheté proverbiale de la classe politique. Lʼanecdote montre, si besoin était, que lʼimprécateur le plus forcené de la littérature française ne sera jamais lʼobjet dʼun consensus fade, et que ce mort encombrant, cinquante ans après sa disparition, est plus vivant que bien des momies contemporaines.

Pérenne sujet de scandales et dʼempoignades, lʼauteur de Mort à crédit et de Bagatelles pour un massacre demeure un ferment de divisions et suscite toujours une sorte de sidération. Lʼattestent les nombreux livres qui viennent de paraître à lʼoccasion du cinquantenaire de sa disparition : Céline, la biographie nuancée dʼHenri Godard, le maître dʼœuvre de lʼédition des œuvres littéraires dans la Pléiade, celle, plus politique de Philippe Alméras, Céline entre haines et passions, les deux livres de David Alliot, DʼUn Céline lʼautre et Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux, le recueil dʼentretiens composé par Joseph Vebret, Céline lʼinfréquentable, avec les meilleurs céliniens actuels, de François Gibault à Émile Brami, en passant par Frédéric Vitoux, Éric Mazet, Marc Laudelout et Philippe Sollers. Question centrale : comment concilier le génie littéraire et la morale ? Comment peut-on, à la fois, être lʼauteur dʼune oeuvre puissamment originale, humainement bouleversante, et la bouche dʼombre sacrilège qui proféra invectives et élu cubrations racistes et antisémites ?

Longtemps, une thèse a prévalu, celle des “deux Céline”, le Céline dʼavant et celui dʼaprès Bagatelles pour un massacre, comme si une soudaine conversion avait, en 1937, métamorphosé lʼécrivain sensible à la détresse des humbles en un antisémite enragé et paranoïaque, dénonçant la “persécution” infligée aux goyim par les futurs persécutés. Cette thèse, postulant la folie ou lʼirresponsabilité dʼun homme en proie à lʼébriété verbale (sans même évoquer lʼaccusation – gratuite – de vénalité lancée par Sartre), avait lʼavantage de concilier occultation et morale sociale. Elle permettait aussi dʼexonérer les admirateurs du “premier” Céline – à commencer par Sartre lui-même qui avait inscrit en exergue de La Nausée une citation célinienne tirée de LʼÉglise – du soupçon de complicité ou dʼaveuglement.

Souvent, littérature et morale sʼaccordent mal

Philippe Alméras, dont Pierre-Guillaume de Roux réédite le livre magistral, Céline entre haines et passions, le dévoile, textes à lʼappui : dʼune part, Céline nʼa pas attendu 1937 pour verser dans le racisme ; dʼautre part, on ne saurait voir dans son “délire” une sorte dʼaccès de folie lié à des raisons contingentes. Au vrai, lʼimprécateur solitaire sʼétait imprégné, très tôt, de la vulgate antisémite de la Belle Époque, des textes des Toussenel, Chirac « et autres socialisants qui dénoncent la puissance de lʼor juif », avant que Drumont ne fasse basculer lʼantisémitisme de la gauche vers la droite. Nulle originalité donc – hormis celle du style et de la mise en scène – dans Bagatelles et Les Beaux Draps, mais lʼécho amplifié dʼun antisémitisme largement partagé, à gauche comme à droite, que Céline laïcise dans le fond et la forme.

Tel est le réel occulté quʼAlméras met au jour, révélant du même coup ce paradoxe de « voir lʼoeuvre célinienne défendue contre de prétendus sympathisants par des adversaires déclarés de tout ce à quoi il a cru, incarnant tout ce quʼil a détesté ». Dans sa postface, prenant en compte les découvertes les plus récentes, notamment lʼédition en Pléiade de La correspondance, lʼauteur réaffirme sa position : « les convictions de celui qui dira nʼavoir pas dʼopinions et aucune idée sont en fait aussi précises que précoces » et Céline ne les a jamais reniées, pas plus que Lucien Rebatet les siennes. À rebours du vieil idéalisme grec du kalos kagathos, où le beau se confond avec le bien, il faut admettre quʼun grand créateur peut aussi être un “monstre” et que la littérature et la morale peuvent faire chambre à part. Sur ce point, la majorité des céliniens interrogés par Joseph Vebret en sont dʼaccord : il est absurde de vouloir séparer le Céline romancier et le Céline pamphlétaire, lʼauteur du Voyage et celui de Bagatelles, LʼÉcole des cadavres et de Les Beaux Draps, dont il faut souhaiter lʼédition critique, interdite de par la volonté de Lucette Destouches, la veuve de lʼécrivain, et non de par la loi, comme certains le croient.

Prétendre cataloguer, étiqueter, et donc neutraliser Céline participe dʼun vain combat. À cet égard, le livre de David Alliot, recueil de tous les témoignages sur lʼécrivain, dont beaucoup étaient inédits, en fait foi, qui dévoile combien lʼhomme était grevé de contradictions, de même lʼœuvre, immense bric-à-brac de visions hétéroclites et terrifiantes, contient tout et le contraire de tout. On nʼa pas voulu voir que ce réfractaire inclassable, ce poète enragé, rebelle à toute annexion était dʼabord un écrivain, mi-Diogène mi-roi Lear, visionnaire halluciné qui bouleversa, à lʼégal de Joyce, la forme et lʼidée même de littérature en exprimant, dans une voix jamais entendue jusquʼalors, ce que Bardèche a nommé dans une excellente formule, « lʼinterdit, lʼinnommable, le secret tragique de la bête humaine » et ce, « avec des mots proscrits ». Bruno de Cessole

À lire :  - De David Alliot : "Dʼun Céline lʼautre", Laffont, coll. “Bouquins”, 1 184pages, 30 €; et "Céline, idées reçues sur un auteur sulfureux", Le Cavalier bleu, 172 pages, 19 €. 
- "Céline entre haines et passions", de Philippe Alméras, Pierre-Guillaume de Roux Éditions, 496 pages, 23,90 €.
- "Céline", dʼHenri Godard, Gallimard, 594 pages, 25,50 €. 
- "Céline à rebours", dʼÉmile Brami, Archipoche, 480 pages, 8,50 €. 
- "Céline lʼinfréquentable", de Joseph Vebret, Éditions Jean Picollec, 206 pages, 16 €.

À voir et écouter :  - "Céline vivant. Entretiens-biographie", dʼÉmile Brami, Montparnassse Multimédia, 2 DVD.

Lire l'article publié par le New York Times ce 29 juin 2011 : Céline : The Genius and the Villain

Article d'Isabelle de Rancourt publié sur  L'Acropole.info : Révolte et autres bagatelles : Louis-Ferdinand Céline, regard sur un artiste controversé



jeudi 30 juin 2011

Familiarités présidentielles…

Les familiarités de Nicolas Sarkozy lors de ces déplacements et ailleurs sont bien connues… Souvenons-nous du célèbre  "Casse-toi, pauvre con"… Rien d'étonnant à ce que cette familiarité soit partagée. À Brax ou à l'Élysée…  L'histoire ne dit pas, après quelles manœuvres, quel chantage, en privé seul face à face avec Nicolas, l'outsider François Baroin l'a finalement emporté pour obtenir le poste tant convoité de ministre de l'Économie, en remplacement de Christine Lagarde.

Nicolas Sarkozy agressé aujourd'hui…


[L'agresseur jugé en comparution immédiate a été condamné à six mois de prison avec sursis et libéré dès le lendemain des faits… Notons que selon le Code pénal, il risquait une peine de trois ans de prison ferme et une amende de 45000 euros. Exemplarité du jugement : si la sécurité du Président appelle une telle clémence, quid de la sécurité du citoyen lambda ?]


Nicolas Sarkozy agressé hier… Y trouve-t-il une certaine délectation ?

Nicolas Sarkozy agressé : "Je reviendrai"

La familiarité de Nicolas Sarkozy jugée par des linguistes

En janvier 2010, Solenn de ROYER a interrogé plusieurs linguistes sur l'usage de la familiarité au sommet de l'État. Tous soulignent la nécessité d'adapter son langage à sa fonction.
 L’altercation entre un badaud (« Touche-moi pas, tu me salis ») et le président (« Casse-toi alors, pauvre con, va »), au Salon de l’agriculture, a fait le tour du Net. Cet usage de la familiarité, voire de la vulgarité, au sommet de l’État, est à la fois « inquiétant » et « lourd de conséquence », estiment les linguistes.
Pour Alain Bentolila, le vif échange du Salon de l’agriculture illustre une « incapacité à adapter son registre de langage à sa fonction ». « Il y a deux façons de choisir un registre de langage, analyse le linguiste. S’adapter à une situation donnée et ouvrir la porte à l’émotion, ou avoir conscience de qui l’on est et des obligations liées à son statut. Un chef d’État ne peut pas se contenter du premier registre. »

« La fonction présidentielle déconsidérée »

En outre, tout registre de langue évolue en fonction du degré de connivence entre l’émetteur et le récepteur, poursuit Alain Bentolila. « Quand il y a peu de connivence, on utilise le vouvoiement, des mots plus rares, etc., poursuit le linguiste. Nicolas Sarkozy ne connaissait pas l’homme qui l’interpellait, il aurait dû chercher des mots élaborés pour convaincre, donner une chance au dialogue plutôt que de choisir l’insulte. Le danger, c’est que le président n’accepte le dialogue qu’avec ceux qui sont en accord avec lui ou qui le flattent. »

Auteur d’un ouvrage paru en mars 2010 (Les Mots de Nicolas Sarkozy, Seuil), le linguiste Louis-Jean Calvet rappelle que Jacques Chirac, qui avait reçu un crachat en banlieue parisienne, avait fait mine de ne rien remarquer. « En choisissant l’insulte, son successeur déconsidère la fonction présidentielle », déplore-t-il.

« Stratégie de la vulgarité »
Le directeur de la revue Mots, les langages du politique, Paul Bacot, va plus loin encore, en estimant que Nicolas Sarkozy a adopté volontairement une « stratégie de la vulgarité ». « La vraie rupture est là, poursuit cet enseignant en sciences politiques. En brouillant les pistes et les repères, le chef de l’État finira par rendre acceptable ce qui ne l’était pas, et ce dans n’importe quel domaine, politique, économique ou social. Il s’agit d’un terrorisme symbolique. »

Le professeur de linguistique, Jean Veronis, ne dit pas autre chose : selon lui, la campagne présidentielle a inauguré « une séquence d’abolition des codes et des repères » fondateurs de la société. « Le policier ne doit pas parler comme le voyou, ni le président comme l’homme de la rue. Ce faisant, il affaiblit la fonction et s’affaiblit lui-même. Nul ne peut dire comment cette séquence va se terminer. »

Quoi qu’il en soit, les spécialistes s’accordent pour dire que l’exemple ainsi donné est « catastrophique ». « Le président met les enseignants et les parents dans l’embarras, affirme Louis-Jean Calvet. Comment ces derniers pourront-ils demander aux jeunes de tenir leur langage si le chef de l’État lui-même ne le peut pas ? »

Nicolas Sarkozy, de Henri Guaino à Bernard-Henri Lévy…

Quel meilleur portrait de Nicolas Sarkozy et de son action à l’Élysée que celui dressé par Giuliano Ferrara, ce journalistique italien, ex-membre du Parti communiste, proche collaborateur de Silvio Berlusconi dans les années 1990, directeur du quotidien néoconservateur Il Foglio, éditorialiste à Panorama. Giuliano Ferrara se dit libéral anticonformiste, option catholique anti-avortement.

Enthousiasmé par le candidat de 2007, Giuliano Ferrara dresse un réquisitoire sans concessions contre le président de 2011… (traduction de l'italien proposée par Courrier International)

Je demande pardon à mes lecteurs de Panorama. Bien avant les autres, et tout au long de la fulgurante campagne électorale pour la présidentielle de 2007, j’ai écrit que Nicolas Sarkozy était une bête politique, un innovateur bourré de bonnes idées, un homme courageux, décidé à changer la France et l’Europe. Un jour, lors d’une conférence, à Paris, avec la correspondante de The Economist, je me suis même laissé aller à un plaidoyer sans vergogne pour le candidat Sarkozy. En réalité, il est tout juste un habile homme politique. Il manque de substance et de goût ; à son esprit de prédateur s’ajoute une duplicité éhontée et cynique ; la liste de ses névroses est plus longue qu’un Paris-Marseille. Sans compter qu’il est radicalement incapable de tenir ses promesses.

Peu avant l’élection qui l’opposait à l’insupportable Ségolène Royal, j’ai commencé à me douter que je faisais peut-être fausse route. Mes doutes ont été confirmés par les faits. Si Nicolas Sarkozy fut un candidat exceptionnel, il est un piètre président. Malheureusement. Mon égarement est dû à un extraordinaire personnage de l’ombre, qui a prêté à Sarkozy l’âme et les mots dont l’ego disproportionné du candidat avait besoin. Mais il l’a fait avec élégance, sensibilité culturelle et courage, défiant le politiquement et idéologiquement correct de la culture européenne post-soixante-huitarde. Je parle bien entendu de sa plume ; il s’agit d’Henri Guaino.

Guaino a littéralement inventé, par son inépuisable veine littéraire, le Sarkozy qui a si bien parlé et si mal agi. Il lui a fait dire que les Français devaient travailler plus – bien plus que 35 heures – pour gagner plus et être compétitifs sur le marché, un exemple du libéralisme économique qui faisait et fait toujours scandale dans la France colbertiste. Il lui a fait soutenir que la vieille loi de 1905 sur la laïcité était obsolète, car la foi méritait sa place dans l’espace public.

Par ses mots, il a dilué le gaullisme en y ajoutant des touches d’esprit radical et conservateur, piochant dans le meilleur de la culture humaniste et gauchiste de l’histoire française. Il lui a suggéré la critique de Mai 1968, la nécessité de rétablir le principe d’autorité dans l’école et la société. Il lui a soufflé des idées essentielles sur la politique étrangère, à commencer par le rôle des États-Unis, exportateurs de démocratie et auteurs d’une révolution éclairée sans trace de jacobinisme, dans l’arbitrage des intérêts et des valeurs dans les affaires mondiales. Henri Guaino a tendu à Sarkozy le scénario de l’ouverture à gauche, fer de lance d’une nouvelle manière de gouverner durant sa première année de mandat. Il lui a expliqué, dans de mémorables discours que le candidat s’est contenté de réciter sans en saisir l’essence, à quel point une identité occidentale forte était importante face à la tentation de l’éternelle repentance historique et de la haine de soi qui afflige l’Occident.

Mais tout cela n’était que poudre aux yeux. La politique du chef de l’État a ce je-ne-sais-quoi d’irrémédiablement médiocre, de complaisant et d’artificiel. Il est allé d’échec en échec avant de transposer son arrogante logique de fiasco à l’échelle européenne et internationale. Il s’est notamment lancé, avec toute sa hâte hyperactive, dans une guéguerre des cieux, se prétendant arbitre de la guerre civile en Libye, sous le fallacieux prétexte d’une cause humanitaire. Chers lecteurs, encore une fois, je vous demande pardon. Sarkozy a fait sien le plus virulent nationalisme économique ; on est bien loin de la révolution du marché dans une France assistée, fainéante et étatique. L’Hexagone ne supporte plus la comparaison avec l’Allemagne européiste, son économie est synonyme de faible croissance et de déficit budgétaire colossal, à 8 %. Le gouvernement a lancé une première série de réformes cruciales, grâce à la persévérance de son Premier ministre François Fillon, mais guère plus. Concernant la laïcité, la France a réalisé de grands progrès sous Sarkozy. Des progrès certes, mais sur la mauvaise pente. Par ailleurs, l’ouverture à gauche, qui avait atteint son paroxysme avec les nominations de Bernard Kouchner au ministère des Affaires étrangères et de Dominique Strauss-Kahn au Fonds monétaire international, est morte et enterrée.

La tradition socialiste et humaniste de la France du Front populaire, cette sorte de radicalisme empli de sens de la tradition et d’esprit populaire, a laissé place à un vague populisme médiatique marqué par l’hyperactivité d’un président ringard et bling-bling, selon les expressions consacrées [en français] pour définir sa vulgarité et sa médiocrité. Si la personne de Silvio Berlusconi est théâtrale et digne d’un casting, celle de son homologue français est mondaine, arriviste, tout juste bonne à alimenter les rotatives pour assouvir sa soif d’image et de publicité gratuite, tel un ambitieux sans charme.

Sa politique étrangère, il la doit désormais à BHL, un loustic de la rive gauche homme de spectacle à qui la veste de philosophe ne sied guère. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Bernard-Henri Lévy a critiqué Guaino, inventeur d’un président idéal trahi par le président réel, en s’appuyant sur de ridicules arguments moralisateurs. Le conseiller spécial a alors rétorqué : “Ce petit con prétentieux ne m’intéresse pas. Qui est-il donc ? Qu’a-t-il fait dans sa vie de si extraordinaire pour se permettre de juger ?” Et voilà que Nicolas Sarkozy renie son créateur littéraire et embrasse la version grotesque du pouvoir philosophique des intellos post-soixante-huitards, avec toute sa banalité et son conformisme projeté sur le théâtre de la Méditerranée. Une région que Sarkozy avait d’ailleurs promis de sauver et d’unifier en s’affichant aux côtés de, je vous le donne en mille… Hosni Moubarak.