Les Camelots du Roi : Une Chevalerie des temps modernes…
Lorsque l'Action Française commença à paraître, en mars 1908, des jeunes gens parmi lesquels les frères Réal del Sarte et les frères Lefèvre décidèrent de la vente à la criée le dimanche à la sortie des Églises du XVIIe arrondissement. Ils eurent bientôt des émules dans les autres quartiers et en province. Un journaliste les appela par dérision "
Les Camelots du Roi" puisqu'ils proposaient leur marchandise aux passants. Les jeunes militants d'AF relevèrent le défi et adoptèrent cette appellation. La vente du journal à la criée, depuis lors, a toujours été la tâche essentielle des Camelots du Roi. Elle contribue à la diffusion des idées royalistes dans le grand public, mais elle est aussi l'école du militantisme. C'est en vendant le journal que le propagandiste apprend à affronter l'adversaire, à discuter avec les sympathisants, à s'astreindre à une discipline librement consentie.
À coté des vendeurs, les Camelots du Roi ont naguère compris des "commissaires" chargés des services d'ordre et des interventions dans la rue ou chez l'adversaire. Les Camelots du Roi se sont voulus des "gendarmes supplétifs" dont la mission première était de mettre "la violence au service de la raison", une violence toujours mesurée d'ailleurs. Si les Camelots du Roi ont été parfois victimes d'agressions mortelles, ils n'ont jamais tué personne.
Martyrs ou voyous, héros ou activistes? Qui étaient-ils vraiment ces Camelots du Roi, toujours "une canne dans la main et dans la poche un bon livre" ?
Pendant la première décennie du vingtième siècle, les royalistes d'Action Française mettaient sur pied cette organisation militante, l'une des plus formidables, l'une des plus originales aussi, et lui assignaient un rôle précis : réconcilier la France avec son Roi, s'opposer aux menées antinationales dont le pays faisait alors l'objet.
Leurs combats de rue défrayèrent la chronique, leurs débâts d'idées passionnèrent plusieurs générations de Français et la modernité de leur action marqua tous les mouvements politiques.
Ces jeunes hommes, artisans, aristocrates, bourgeois, étudiants, ouvriers, n'avaient peur ni des coups ni des mots. Pas plus que des balles. La Grande Guerre décapita pour un temps ce mouvement qui compta alors plus de héros morts que de chefs vivants.
De la seconde guerre mondiale à l'épuration
Jusqu'en 1939, l'Action Française a tenté d'empêcher la guerre car elle savait que la France n'était pas en mesure d'affronter une Allemagne qui avait scellé une alliance avec la Russie soviétique pour dépecer la Pologne. La guerre déclarée, l'AF pratique l'union sacrée, comme en 1914, et soutient les gouvernement successifs. Elle ne cesse de précher la confiance dans l'armée.
Cependant, en juin 1940 c'est l'invasion. La route de Paris est ouverte. Le président de la Ligue d'Action française, le lieutenant-colonel François de Lassus Saint-Geniès tombe au champs d'honneur. L'Action Française se replie à Poitiers où elle publie six numéros, puis ses principaux collaborateurs gagnent Villefranche-de-Rouergue, en attendant de remonter à Limoges après la signature de l'Armistice. Elle y reste quatre mois, puis s'installe à Lyon jusqu'en 1944.
"La Divine surprise" : Maurras salue ainsi le fait que, devant l'étendue de la défaite de la France et la dissolution de l'Etat, le maréchal Pétain se sacrifie pour assurer le pouvoir, nous évitant ainsi un goleiter allemand, qui nous aurait complétement soumit comme à l'Est.
Pendant l'occupation, l'Action française (repliée à Lyon) défend la ligne de "la France seule" : contre le clan des "ja" (les collaborateurs) et le clans des "yes" (la dissidence de Londres) qui ajoutaient le malheur de la guerre civile à celui de l'abaissement de la France, il ne fallait songer qu'à l'unité nationale, pour préparer la revanche. Pour Maurras, l'Allemagne n'a cessé d'être "l'ennemi N°1".
Après l'Armistice, l'Action française a en effet refusé de rentrer à Paris pour ne pas être soumise à la censure allemande. La zone sud, même après son invasion par les Allemands en novembre 1942, bénéficiera toujours d'un régime particulier pour la presse laquelle, jusqu'au bout, n'aura affaire qu'à des censeurs français.
C'est la raison pour laquelle L'Action Française a continué à paraître après 1942. Cependant, au mois d'août 1944, après la percée des forces alliées en Normandie et leur débarquement en Provence, la retraite allemande s'accentue. Le 20 août les Allemands viennent arrêter le Maréchal à Vichy et le déportent de l'autre côté du Rhin. Les bureaux de L'Action Française, au 66 rue de la République, sont pillés. Charles Maurras et Maurice Pujo entrent en clandestinité. Leur collaborateur Louis-François Auphan leur apporte les nouvelles de l'extérieur.
Le préfet régional communiste Yves Farge, qui règne désormais sur Lyon libérée des Allemands en tant que commissaire de la République, est furieux d'apprendre cet entretien. Il fait du chantage sur Auphan en lui disant qu'il sait où se trouve Maurras et il demande que celui-ci vienne le voir. Auphan craint que Maurras et Pujo soient victimes d'une exécution sommaire de la part des F.T.P "les partisans communistes" et leur conseille de se livrer.
Les deux co-directeurs de L'Action Française sont enfermés à la prison Saint-Joseph le 5 septembre 1944.
N'oublions pas que le parti Communiste collabora avec l'Allemagne jusqu'en 1942, date de l'entrée de l'Allemagne en Union Soviétique... Que ceux-ci négocièrent la reparution du journal "l'Humanité" auprès des autorités allemandes...
La France vit alors une révolution sanglante qui vient ternir la joie de la libération du territoire. Partout une pseudo-justice masque des règlements de comptes politiques. Les condamnations à mort s'ajoutent aux exécutions sommaires que les historiens estiment aujourd'hui autour de 40 000.
Maurras et Pujo sont inculpés d'intelligences avec l'ennemi, ce qui est un comble quand on songe que l'Action française n'a cessé, tout au long de son existence, de dénoncer et de combattre le germanisme, et particulièrement son dernier avatar, le nazisme.
Le procès à lieu du 25 au 27 janvier 1945 devant la Cour de Justice du Rhône. Au cours des débats, les accusations portées contre Maurras se révèlent inconsistantes. Paul Claudel qui prétend avoir été dénoncé aux Allemands se garde bien de venir confirmer à la barre son accusation. En revanche, Georges Gaudy, officier en activité, qui appartient à l'Armée d'Afrique et a fait la campagne d'Italie, vient apporter son témoignage sur l'hostilité constante de l'Action française à l'égard de l'Allemagne. La Cour de justice n'en tiendra pas compte. C'est le temps d'une "justice" révolutionnaire.
Le procureur Thomas demande la mort pour Maurras. La sentence tombe le 27 janvier 1945. Maurras est condamné à la réclusion à perpétuité et Maurice Pujo à cinq ans d'emprisonnement. Un groupe d'anciens des Camelots du Roi était résolu à exécuter le procureur Thomas et le président de la Cour de justice si Maurras était fusillé. Ils ont assistés aux audiences déguisés en F.F.I avec brassard tricolore ! On peut penser que cette menace, qui était connue des intéressés, a influé sur le verdict.
Durant son procès, Maurras jettera au visage de ses "juges" indignes le superbe défi : - "Pour moi, cela m'est égal, je suis un viel homme : douze balles dans la peau ou rien... ce n'est rien du tout ! J'ai consacré [à la France] ma vie, mes sueurs, mes forces. Si je pouvais lui donner mon sang, je vous assure que rien ne serait plus glorieux ni plus agéable pour moi..."