Salazar, chef du Portugal nationaliste, l’État nouveau, de 1926 à 1968. Peu connu des nationalistes français il transforma ce petit pays, fort d’un empire gigantesque que beaucoup trouvaient anachronique et que certains convoitaient, en une nation moderne. Et, 40 ans après sa mort, 41% des Portugais le considèrent comme le plus grand de leurs compatriotes, devant le navigateur Vasco de Gama… Loin des clichés véhiculés par les tenants de la pensée unique, cette biographie que nous propose Jean-Claude Rolinat remet les choses à leur place.
Synthèse nationale propose depuis le début de l'année 2012 une collection "Les Bouquins de Synthèse nationale"… Une activité éditoriale destinée à renforcer la formation, à la fois historique, idéologique et culturelle des peuples d'Europe.
Le premier ouvrage de cette collection "Les Bouquins de Synthèse nationale", rédigé Jean-Claude Rolinat a été publié en février 2012. Il est consacré à un homme malheureusement trop peu connu aujourd'hui dans les milieux nationalistes : Antonio de Oliveira Salazar (1889-1970), à la tête du Portugal de 1926 à 1968. Antonio de Oliveira Salazar reste un modèle incontestable de chef politique intègre et soucieux du bien commun.
Profondément catholique, Salazar a conduit le pays avec cette conscience de la primauté du spirituel. Ce qui ne l’empêcha pas d’assainir les finances de l’État portugais en instituant un système corporatif qui fit ses preuves. Mais Salazar a protégé tant qu’il a pu son pays et son peuple de cette mentalité matérialiste qui a envenimé l’Europe de l’Ouest.
« Et si, grâce à un travail encore plus intense, à un dévouement encore plus profond, à un sacrifice encore plus généreux, il est possible de rendre le Portugal plus digne, plus riche et plus aimé, et plus facile et plus heureuse la vie de tous les Portugais, si malgré cela nous n’avons ni converti ni désarmé un seul des ennemis de cette œuvre de salut national, au moins aurons-nous pris sur eux la plus belle vengeance, à la manière chrétienne » écrivait Salazar.
Son exceptionnelle probité et son humilité naturelle le distinguent radicalement des politiciens que nous subissons aujourd'hui. Ainsi, illustration parmi d’autres de cette probité, Salazar président du Conseil portugais réglait-il à l’État le loyer de sa résidence d’été ! Nous sommes loin de la mentalité régnant à l’Élysée…Pourquoi j’ai aimé « Salazar le regretté »
Certains chefs d’État fascinent. On autopsie leur carrière et leur psychisme, pour porter des jugements qui ne sont que celui de l’auteur. Certains autres, plus discrets, restent cachés dans les plis frileux de l’histoire passée. Et puis un jour, on se souvient d’une anecdote, d’une loi ou d’une directive, on tire le fil, et on découd le suaire. On découvre un homme oublié parce qu’il était discret, parce qu’il était discrédité, aux poubelles de l’histoire disait-on. Et on apprend, on se surprend. C’est le cas d’Antonio de Oliveira Salazar. La curiosité éteinte des historiens se réveille alors. Il est encore trop tôt pour scannériser des sagas complètes et objectives, des tentatives heureuses mais non définitives ont eu lieu, mais il faut commencer par le commencement. C’est ce que j’ai aimé dans ce livre.
Aborder ce dictateur en restant simple et lisible est une gageure que Jean-Claude Rolinat a réussie. Ouvrage court, lisible, synthétique mais précis, justifié et référencé, facile à lire. Malgré les épidémies pré-conditionnées, l’auteur ose proposer la description d’une dictature éclairée dépourvue des oripeaux dont on affuble toujours les gouvernements non réellement parlementaires et d’aborder ce sujet en extirpant le diable des idéologies négatives. L’arrivée d’une dictature est toujours le fruit d’un contexte, d’une situation historique qui cristallisa les opinions, les amenant à accepter un régime politique que les démocraties ne peuvent que juger lâchement et sévèrement, lorsque les tempêtes se sont calmées et que le pouvoir leur a été rendu. L’un de ces dictateurs est mal connu : Antonio de Oliveira Salazar, qui régna sur le Portugal pendant 42 ans. Nous apprenons comment il fût amené à prendre en main l’empire portugais menacé, comment il le maintint dans les tempêtes des indépendances, et face à la menace d’une Europe fédérale. Nous apprenons aussi qui était l’homme : certes, séducteur célibataire, mais dévoué d’abord à son pays enraciné dans le christianisme portugais encore intact. Contradictions qu’il convertissait en dynamismes unitaires : tradition et modernité, conservatisme et mouvement, dictature et probité, intégrité, honnêteté, ordre non fascisant. Telle est la source de sa réussite et de la belle image qu’il garde encore aujourd’hui au Portugal. Vertus, bases philosophiques de gestion qui donneraient le haut le cœur aux gouvernements de nos républiques. Patrie unitaire axée sur le bien commun, pouvoir exécutif fort, nationalisme inspiré par une compétition pacifique liée à un néo-corporatisme d’inspiration maurrassienne laissant l’État à sa place, hors du privé dont il ne connaît rien aux ressorts.
Lorsqu’arrivent les tsunamis des indépendances, boursouflés par le vent d’est et celui de Cuba, les résistances, la crise angolaise, la barrière brisée de l’empire, mythe d’une communauté de destin supra-racial qui le protégeait contre les ploutocraties et les marxismes. La question mal connue des états indiens portugais, Ajuda la petite et les poussières d’empire, avec une comparaison judicieuse avec l’Algérie. Puis la « Révolution des œillets », la révolution, opium du peuple. Celui que l’on a en mémoire comme un pantocrator distant et terrible nous apparaît comme un être humain normal, que les vagues du destin déposa à un poste où il s’est convaincu d’avoir à donner le mieux de lui-même à son pays. Certes, l’auteur a la nostalgie de l’homme : n’a-t-il pas baptisé son livre Salazar, le regretté ? Mais il ne s’agit pas d’un résumé hagiographique de la vie de Salazar. Rien n’est caché, par exemple, de l’affaire Delgado, comme des conflits sociaux qui imitaient souvent les méthodes subversives françaises. Ce qui reste, le Portugal post-Salazar, et pour beaucoup de Portugais, le regret. Pas la nostalgie, mais la tristesse de voir leur patrie devenue un petit pays chancelant, étourdi par les maladies européennes.
L’historien qui se penche sur des événements récents prend un risque énorme. Le siècle dernier a été en grande partie le siècle des dictateurs. Le bon sens voudrait que l’on puisse s’y intéresser sans être aussitôt accusé de faire leur apologie. Encore une contradiction positive.
Bernard Chupin, Présent n°7665 du mercredi 15 août 2012
Médias-Presse-Info : Salazar le regretté (Jean-Claude Rolinat)
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