Aux prises avec une situation extrêmement difficile en Syrie, qui affecte toute la région du Moyen-Orient jusqu’à l’Europe, le dirigeant du pays Bachar al-Assad, s'est entretenu en exclusivité avec les médias russes de la lutte contre le terrorisme et des origines de la crise des réfugiés.
Le président Bachar al-Assad a considéré que le seul vrai pas concret a été réalisé durant la conférence de Moscou 2 et non pas à Genève ou durant la conférence de Moscou 1, ajoutant que même ce pas n’est qu’une étape parmi tant d’autres.
« La crise est grande et on ne peut trouver des solutions en quelques heures ou mêmes en quelques jours. Moscou 2 était un pas de l’avant et nous attendons le prochain pallier qui sera Moscou 3 », a affirmé le président Bachar al-Assad dans un entretien avec plusieurs médias russes : RT, Rossiyskaya Gazeta, Channel 1, Russia 24, RIA Novosti, et NTV channel.
«Je crois que nous devons poursuivre le dialogue avec les blocs et les partis politiques syriens parallèlement avec la lutte contre le terrorisme pour parvenir à une unanimité sur l’avenir de la Syrie », a ajouté Bachar al-Assad.
« La conférence de Moscou 3 tire son importance du fait qu’elle prélude à Genève 3. Les parrains internationaux de Genève n’étaient pas impartiaux, alors que le parrainage russe était impartial et basé sur la loi internationale et les résolutions du Conseil de sécurité », a fait valoir le président Bachar al-Assad qui a jugé important le fait que Moscou 3 surmonte les obstacles survenus à Genève en ce qui concerne l’article sur le commission transitoire.
«Il est difficile pour Genève 3 de réussir sans le succès de Moscou 3», a assuré Bachar al-Assad.
« Nous devons continuer le dialogue pour parvenir à un compromis, mais il est impossible de faire quelque chose de réel alors que les gens sont encore tués et le sang continue à couler », a dit le président Bachar al-Assad qui a ajouté qu’on ne peut rien faire sans vaincre le terrorisme en Syrie, et non pas seulement celui de Daech.
Questionné sur le partage de l’autorité, le président Bachar al-Assad a souligné que le Gouvernement syrien avait partagé le pouvoir avec une partie de l’opposition qui avait accepté cela depuis quelque années et s’était rejoint au Gouvernement.
Répondant à une question sur la crise des réfugiés syriens, le président Bachar al-Assad a assuré que ces réfugiés avaient quitté la Syrie à cause des terroristes, du meurtre et des séquelles du terrorisme qui a détruit l’infrastructure et causé le manque des besoins essentiels, et parce qu’ils veulent travailler et gagner leur pain n’importe où dans le monde.
Le président Bachar al-Assad a critiqué, à cet effet, l’Occident qui déplore les réfugiés et soutient en même temps les terroristes, l’appelant, s’il est vraiment soucieux des réfugiés, de cesser de soutenir les terroristes.
« Chaque personne qui s'exile de Syrie est une perte pour la Patrie. Oui la migration des Syriens est une grande perte », a assuré Bachar al-Assad qui a imputé à l’Europe la responsabilité de cette migration car elle avait supporté le terrorisme et continue à le faire et à donner la couverture aux terroristes, qu’elle nomme « groupes modérés », tient à souligner Bachar al-Assad.
« Bien sûr que l’Europe est coupable. Elle est responsable parce qu’elle supporte le terrorisme. Et elle continue à le faire et à couvrir les extrémistes. Tous ces groupes qui sont présents en Syrie sont des extrémistes ».
Le président a, à cet effet, appelé le peuple syrien à s’unir face au terrorisme et aux terrorises.
« Je crois que dans n’importe quelle société, les partis et les gens patriotiques s’unissent au temps des guerres », a dit le président Bachar al-Assad qui a souligné que des forces qui s’étaient battues contre l’État syrien, combattent aujourd’hui le terrorisme aux côtés de l’État syrien.
Passant à l’initiative iranienne sur la crise en Syrie, le président Bachar al-Assad a affirmé qu’il n’y pas d’initiative mais des idées et des principes d’une initiative reposant essentiellement sur la souveraineté de la Syrie, la décision du peuple syrien et la lutte anti-terroriste.
« Nous croyons que le rôle de l’Iran est important car l’Iran se tient aux côtés de la Syrie aux niveaux politique, économique et militaire, mais les propos sur l’envoi par l’Iran d’une armée ou des forces en Syrie sont erronés », a assuré Bachar al-Assad avant de poursuivre : « L’Iran envoie des équipements militaires et des experts et il est normal que cette coopération se renforce au temps des guerres. Le soutien iranien est pour aider la Syrie face à la guerre farouche qui la vise ».
Quant à l’idée de la création d’une zone tampon au nord de la Syrie, le président Bachar al-Assad a souligné la nécessité de liquider le terrorisme partout en Syrie, assurant que vider la frontière avec la Turquie du terrorisme signifie que le terrorisme est autorisé dans d’autres zones et que de tels propos sont inacceptables, faisant valoir que c’est la Turquie qui soutient aujourd’hui le Front Nosra et Daech en armes, en fonds et en agents terroristes.
« La forte présence de Daech dans la région est sous une couverture occidentale car les pays occidentaux croient que le terrorisme est une carte qu’il peuvent utiliser de temps en temps », a poursuivi le président Bachar al-Assad qui a ajouté que les pays occidentaux veulent utiliser aujourd’hui le Front Nosra face à Daech car celui-ci serait sorti de leur contrôle, mais cela ne veut pas dire qu’il veulent éliminer Daech car s’ils l’avaient voulu ils l’auraient fait.
« Pour nous, le Front Nosra et Daech et tous les réseaux similaires qui portent les armes et tuent les civils sont des organisations extrémistes qui adoptent le terrorisme comme ligne », a insisté le président Bachar al-Assad.
Répondant à une question sur la coopération de la Syrie avec les partenaires régionaux dans la lutte contre le terrorisme, le président Bachar al-Assad a affirmé que la Syrie coopère certainement avec les pays amis, tels que l’Iran et la Russie, ainsi que l’Irak qui fait la cible du terrorisme, « quant aux autres pays, il faut qu’ils disposent de la volonté pour lutter contre le terrorisme et non pas comme ils le font actuellement avec la Coalition internationale sur la lutte contre le terrorisme, conduite par les États-Unis », a-t-il dit.
« Il est impossible que des pays, tels que la Turquie, le Qatar et l’Arabie Saoudite, en plus des pays européens qui couvrent le terrorisme, comme la France et les États-Unis, luttent contre le terrorisme », a précisé Bachar al-Assad qui a ajouté que la Syrie n’aurait pas de problème dans la coopération avec ces pays s’il avaient changé leurs politiques et formé une véritable coalition contre le terrorisme.
Passant à l’état de l’armée syrienne, le président Bachar al-Assad a assuré qu’au temps des guerres, l’armée devient le symbole le plus important pour la société, ajoutant que c’est le soutien populaire à l’armée qui lui assure des volontaires.
« Nous avons, plus que jamais, la volonté de lutter et défendre notre pays face aux terroristes. C’est ce qui a conduit un certain nombre d’hommes armés qui avaient initialement combattu l’État au début de la crise pour différentes raisons, à rejoindre l’État légitime et à mener leur combats aux côtés de l’Armée Arabe Syrienne dans différentes zones », a fait valoir Bachar al-Assad.
Questionné sur les zones contrôlées par Daech, le président Bachar al-Assad a indiqué que les groupes terroristes de Daech tentent de se donner la forme d’un État pour attirer davantage de volontaires qui vivent dans les rêves du passé qu’il y a un État de nature islamique qui œuvre pour la religion, mais ceci est irréel et une forme de tromperie, car l’État n’apparaît pas soudainement dans une société mais il est le fruit de la société et du développement normal de cette société », a noté le président Bachar al-Assad.
« Daech n’est certainement pas un État. Il est un groupe terroriste et en réalité il est la troisième phase de l’ensemble de la politique et le poison idéologique de l’Occident pour réaliser ses objectifs politiques », a préciser le président Bachar al-Assad qui a rappelé que la première phase était les Frères musulmans, alors que la deuxième était al-Qaïda en Afghanistan pour lutter contre l’Union Soviétique. Daech est tout simplement la production occidentale de l’extrémiste », a affirmé Bachar al-Assad.
Répondant à une question sur les Kurdes en Syrie, le président Bachar al-Assad a affirmé que les Kurdes font partie du tissu syrien.
« Les Kurdes sont des patriotes et ils sont intégrés dans la société », a dit le président Bachar al-Assad qui a ajouté que certains partis kurdes ont des revendications, et qu’une partie d’entre elles ont été résolues au début de la crise, mais les autres ne dépendent pas de l’État.
« Nous sommes avec les Kurdes et toute autre composante face aux terroristes et nous n’avons de veto à aucune revendication tant qu’elle entre dans le cadre de l’unité de la terre et du peuple en Syrie », a poursuivi le président Bachar al-Assad.
« Changer la structure d’un pays n’est pas lié au Président ou au Gouvernement mais c’est une question dépendant de la Constitution qui appartient au Peuple, alors tout amendement de la Constitution implique un dialogue national, un référendum et l’approbation du Peuple », a-t-il assuré.
Questionné sur une coordination directe ou indirecte avec la Coalition dans la guerre contre Daech, le président Bachar al-Assad a affirmé qu’il n’y a pas une moindre coordination ou contact entre les deux Gouvernements, syrien et américain, ni entre les deux Armées.
« Ils ne peuvent pas avouer ou accepter la réalité que nous sommes la seule force qui lutte contre Daech sur la terrain », a affirmé le président Bachar al-Assad.
Passant à l’initiative du président russe Vladimir Poutine sur la création d’une Coalition régionale pour la lutte anti-Daech, le président Bachar al-Assad a affirmé que cette Coalition doit regrouper des pays qui croient en la lutte contre le terrorisme.
Questionné sur l’avenir politique de la Syrie et les appels au départ du Président, le président Bachar al-Assad a indiqué que la question n’est pas liée à une personne mais une question de principe pour l’Europe qui veut changer des Président, des États, ou comme ils disent « abattre des régimes » car ils n’acceptent pas la présence des pays indépendants.
« Quel est leur problème avec la Russie ? Avec la Syrie ? Qu’ont-ils contre l’Iran ? Vous remarquerez qu’il s’agit là de trois pays indépendants. Ils veulent que certains dirigeants partent pour les remplacer par des individus qui agissent dans leurs intérêts et non dans celui des peuples ».
« Le président accède au pouvoir via le peuple et les élections et s’il doit partir c’est aussi à travers le peuple et non pas par le biais d’une décision américaine, d’une résolution du Conseil de sécurité ou de la déclaration de Genève », a estimé le président.
Questionné sur « le point décisif » dans la crise en Syrie, le président Bachar al-Assad a indiqué que le point décisif dans ce qui s’est passé en Syrie était la guerre irakienne en 2003 et l’invasion par les États-Unis de l’Irak, précisant que la Syrie était contre cette invasion car elle savait que les choses iraient vers la division et le chaos.
Bachar al-Assad d’ajouter : « Ce qui s’est passé en Syrie dès le début est le résultat normal de la guerre et la situation confessionnelle en Irak, qui ont touché la Syrie, l’autre point moins décisif est l’adoption formelle par l’Occident du terrorisme en Afghanistan au début des années 80 et enfin l’apparition de Daech en Irak, sous la supervision des États-Unis ».
D’autre part, le président Bachar al-Assad a dit : « Dans chaque État des erreurs sont commises tous les jours. Mais elles ne justifient pas ce qui est arrivé. Si ces fautes sont la cause de tout cela, pourquoi ils n’encouragent pas les révolutions dans les États du Golfe, particulièrement en Arabie Saoudite qui ne connaît absolument rien de la démocratie ? Je pense que la réponse est évidente ».
Questionné sur une éventuelle coopération future avec certains leaders occidentaux qui soutiennent le terrorisme en Syrie, le président Bachar al-Assad a indiqué que la mission principale de chaque politicien, Gouvernement, Président et Premier ministre, c’est de travailler dans l’intérêt de leur peuple et de leur pays. Si une réunion ou une poignée de main avec qui que ce soit dans le monde peuvent être bénéfiques pour mon peuple, alors je dois le faire. Que cela me plaise ou non. Donc ce n’est pas à propos de moi, de ce que j’accepte ou de ce qui me plaît. C’est à propos d’agir dans l’intérêt supérieur de mon peuple et de mon pays. Alors oui, je suis prêt à faire n’importe quoi qui verse dans l’intérêt des Syriens ».
Questionné sur la relation entre la Syrie et l’Égypte, le président Bachar al-Assad a assuré qu’elle n’a pas été rompue mêmes durant les dernières années.
« Les deux pays ont une vision conjointe mais la relation entre eux est limité au niveau sécuritaire », a conclu le président Bachar al-Assad.
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