Qui ne risque rien n'est rien… sur le chemin de Damas, alors que les opinions ont cédé face aux faits…
on ne le dit assez : un âge n'en chasse pas un autre, tous les âges qu'on a vécu coexistent à l’intérieur de soi, ils s'empilent, et l'un prend le dessus au hasard des circonstances.

lundi 14 mars 2022

Les grottes bouddhistes d'Ajanta, redécouvertes lors d'une chasse au tigre…



L'Unesco présente les Grottes d’Ajanta comme un patrimoine représentatif d’une des œuvres architecturales majeures de l’art rupestre bouddhique du passé. Les traditions artistiques d’Ajanta sont un exemple rare et important de l’art, l’architecture, la peinture et l’histoire politique, religieuse et socio-culturelle de la société indienne contemporaine. Le développement du bouddhisme manifesté à travers l’architecture, la sculpture et la peinture est unique en soi et témoigne de l’importance d’Ajanta au cœur même de ces activités. En outre, les documents épigraphiques découverts à Ajanta livrent de précieuses informations sur la civilisation contemporaine.

Ces grottes d'Ajanta ont été oubliées alors qu'Ellora, à environ 103 kilomètres, prenait de l'importance, abritant des grottes taillées dans la roche à la fois bouddhistes, indoues, jaïnes. La forêt du Deccan envahissante et étouffant les sculptures a accéléré leur éclipse. Une désolation de près d'un millénaire avant qu'en 1819 un officier de l'Inde britannique, le capitaine John Smith, découvre le site par hasard lors d'une chasse au tigre…  l'excellence de l'art religieux bouddhiste et celle de l'architecture indienne taillée dans la roche sont alors réapparues.
Les grottes d’Ajanta ont été excavées dans un escarpement rocheux vertical longeant la rive gauche de la rivière Waghur, dans les collines d’Ajanta. Elles sont au nombre de trente, y compris celles qui sont inachevées, dont cinq (grottes 9, 10, 19, 26 et 29) sont des chaityagriha (sanctuaires) et le reste, des sangharama ou vihara (monastères).

Des escaliers taillés dans la roche les relient à la rivière. Le travail d’excavation opéré en deux temps, s’est étalé sur quatre siècles. La première phase coïncide avec le règne de la dynastie Satavahana, du IIe au Ier siècles av. JC, tandis que la seconde phase correspond à la branche de Basim sous la dynastie des Vakataka avec leurs feudataires d’Asmaka et Rishika, du Ve au VIe siècles.

En tout, six grottes (grottes 8, 9, 10, 12, 13 et 15A) ont été creusées durant la première phase par les disciples du bouddhisme Hinayana/Theravada prônant la vénération du Bouddha sous une forme aniconique/symbolique. Ces grottes simples et austères sont ornées de peintures murales clairsemées. Les chaityagriha se caractérisent par un plafond voûté, une abside placée à l’extrémité de la nef et une façade percée d’une ouverture en forme de fer à cheval ou chaitya. À l’intérieur, des colonnades séparent la nef centrale des bas-côtés qui continuent derrière l’abside pour la circum-ambulation rituelle. Au centre de l’abside se dresse l’objet du culte symbolisé par un chaitya ou un stupa, également sculpté dans la roche. Les monastères comprennent un hall astylar utilisé comme salle de réunion et une rangée de cellules (vihara) disposées sur trois côtés, où étaient hébergés les moines.

Dans la seconde phase, l’activité rupestre fut dominée par les disciples du bouddhisme mahayana qui vénéraient le Bouddha sous forme iconique/idolâtre. Les grottes primitives furent réutilisées et plusieurs nouveaux abris furent creusés dans la roche. Les formes architecturales de la phase antérieure restèrent inchangées et connurent toutefois un regain de ferveur architecturale et sculpturale. Les parois rocheuses furent embellies de fresques raffinées peintes à tempera ; les piliers, les supports, les montants de porte, les sanctuaires et les façades furent richement décorés de magnifiques sculptures. Les grottes inachevées (grottes 5, 24, 29) illustrent parfaitement les techniques et méthodes d’excavation rocheuse.