À l’heure où j’écris ces lignes, M. De Gaulle a dû, une fois encore, prendre la parole. Je ne sais pas ce qu’il a pu dire, affirmer. Je n’y attache aucune importance. Cet homme ne peut plus être cru, même si d’aventure il disait la vérité. Telle est, a dit le Talmud, la punition du Menteur, punition bien douce pour l’instant, car un jour prochain la Justice passera.
Le Nouveau Testament enseigne qu’à la voix de celui qui crie dans le désert, tout ce qui est tortueux devient droit. Charles De Gaulle parle aussi dans le désert, mais avec lui tout ce qui est droit devient tortueux.
Charles De Gaulle a dû, dans son allocution, donner de nouvelles concessions au G.P.R.A., selon une ligne de conduite traduite par André Tardieu de « politique du chien crevé au fil de l’eau ». Il a dû manifester son autosatisfaction par un optimisme de bon aloi. Mais il y a longtemps que l’asile d’aliénés, où l’on trouve beaucoup de paranoïaques, est l’endroit où fleurit le plus d’optimisme. Si une politique se jugeait à ses résultats, nous pourrions penser que le père Ubu a ressuscité. Mais lui au moins était drôle.
Si une politique se jugeait à ses résultats : isolement diplomatique de la France, Paris en état d’alerte, l’Algérie en révolte, il y a longtemps que le peuple français se serait débarrassé du tyran qui le mène au désastre. Nous en avons assez de l’homme providentiel, servi en fait beaucoup plus par le hasard, « sobriquet de la providence ».
Nous en avons assez des mensonges et des sophismes. Nous sommes lassés par cette politique décadente. Devant cette veulerie, cette lâcheté, un homme auquel l’Algérie n’arrivera jamais à manifester assez son immense gratitude s’est élevé : le Général SALAN. Toute une province unanime et unie s’est mise aux ordres de l’homme qui a pris en main les destinées du pays. Lui seul a autorité en Algérie. Car que représentent les olibrius qui plastronnent au camp d’internement administratif du Rocher Noir et leurs factotums locaux…
Ave Raoul SALAN, dans l’Ordre et l’Honneur, nous ferons cette Algérie fraternelle que nous souhaitons toujours avec une foi aussi intacte dans l’avenir.
Cette Algérie, nous la construirons sur 3 principes :
- UN PRINCIPE POLITIQUE
La Paix, c’est la tranquillité dans l’ordre. Qui peut assurer l’ordre, sinon un pouvoir politique non dominé par la haine, c’est-à-dire celui de la République française.
La SOUVERAINETÉ DE LA FRANCE, avec son Armée maintenant la sécurité et son drapeau flottant sur toute l’Algérie, est une exigence fondamentale.
- UN PRINCIPE SOCIAL
L’ordre politique ne saurait être durable en l’absence d’une prospérité économique, facteur de progrès social.
Quel pays, à part la France, pourrait assurer le développement de l’économie algérienne d’ores et déjà liée à l’économie française.
- UN PRINCIPE MORAL
Tout racisme est générateur de guerre. Nous condamnons tout racisme et tout incident opposant les communautés.
Nous souhaitons, exigeons une promotion sociale accélérée des Musulmans et une égalité totale des droits et des devoirs. Et puis nous acceptons toute décentralisation régionale permettant l’adaptation de la législation aux particularismes locaux.
Cette Algérie nous la bâtirons, car nous vaincrons. Sur notre route se dressent encore de nombreux obstacles que nous surmonterons. Au travers des nuages hier si denses et si noirs, commence à filtrer la lumière. Le pilote commence à cheminer avec sécurité et certitude, sa route devient claire. Il maintiendra le cap et connaîtra bientôt l’ivresse du devoir accompli.
Ce devoir c’est :
L’ALGÉRIE FRATERNELLE ET FRANÇAISE.
Courage, On les aura.
Signé : Edmond Jouhaud