… Le deuxième point concerne les développements de la région et notre position vis-à-vis de ce qui a été appelé la coalition internationale contre l'État Islamique. Nous souhaitons bien évidemment préciser notre position vis-à-vis de cette coalition, notre position en tant que mouvement, notre position en tant que Résistance, notre position à travers nos ministres dans le gouvernement libanais, et nous voulons également par là répondre aux distorsions et mensonges dont nous avons été l'objet à ce sujet. Maintenant, s'il y a des gens qui sont incapables de savoir et de comprendre, c'est leur problème, pas le nôtre. Quoi qu'il en soit, nous exposons et expliquons notre position car il s'agit d'un moment historique et crucial.
Premièrement, tout le monde sait que le Hezbollah est opposé à l'État Islamique. J'ai parlé de cela il y a deux mois, assez longuement et de manière détaillée. Nous sommes opposés à ces groupes takfiris meurtriers. Et plus encore, nous les combattons, et nous avons perdu nombre de combattants dans cette lutte.
C'est pour cela que la première chose qui doit être écartée, c'est cette idée de certains qui prétendent que notre position vis-à-vis de la coalition internationale vise à défendre ou à protéger l'État Islamique, ou d'autres idées similaires. C'est une caricature ou une tromperie : cette erreur est soit due à l'ignorance, à une analyse simplificatrice, ou alors à une volonté de tromper.
Non, certainement pas. En ce qui nous concerne, j'ai déjà longuement expliqué que nous considérons l'État Islamique, ces groupes qui tuent et massacrent juste à cause d'une différence de pensée, d'un désaccord politique ou d'un différend organisationnel – nous avons longuement expliqué cela précédemment à maintes occasions – ces groupes constituent une menace pour tous les peuples, tous les gouvernements et toutes les confessions, pas seulement pour les minorités, pour tous les habitants et peuples de cette région.
C'est pour cela que notre position vis-à-vis de ces groupes est une position ferme, claire et définitive. Notre position est claire quant à la nécessité de les combattre et de les repousser, et de préserver les peuples de la région et toute la région du danger qu'ils représentent.
Mais en ce qui concerne l'intervention militaire américaine, ou la constitution d'une coalition internationale dirigée par les États-Unis, c'est là une toute autre question. C'est un sujet qui doit être discuté sous plusieurs angles.
Premièrement, d'une position de principe : il ne fait aucune différence que les Américains viennent s’attaquer à l'État Islamique, ou qu'ils viennent s'attaquer aux Talibans, ou qu'ils viennent s'attaquer à l'ancien régime irakien, ou qu'ils viennent s'attaquer à quiconque où que ce soit, nous (le Hezbollah), par principe – et contrairement à d'autres qui soutiennent l'intervention américaine et sollicitent une telle intervention, par exemple, pour faire tomber tel régime, mais si l'intervention américaine vise à frapper l'État Islamique par exemple, ils y sont opposés ; ou si elle vise à frapper leur groupe, ils y sont opposés. Non ! Nous sommes contre l'intervention militaire américaine, et nous sommes contre une coalition internationale en Syrie, que la cible en soit le régime (comme ce qui se passait il y a un peu plus d'un an), l'État Islamique ou autre chose.
Il y a un principe de base, fondamental, à l’égard de toute intervention militaire américaine, que ce soit sous le couvert d'une coalition internationale, de l'OTAN ou de forces multinationales. Nous avons un principe fondamental qui repose sur des bases et des piliers qui ne varient pas d'un terrain à un autre. Et du fait de notre attachement à ce principe fondamental, lors de divers incidents et à plusieurs occasions par le passé, nous avons été attaqués par le passé à cause de notre position de principe.
C'est donc avant tout à cause de ce principe que nous ne sommes pas favorables (à cette coalition). Et c'est ce que nous avons déclaré au Conseil des ministres par le biais de nos ministres et d'autres alliés. Lorsqu'il s'agira de voter au Conseil des ministres, en tant que parti, nous dirons que nous sommes opposés à ce que le Liban participe à cette coalition.
Quant à ce que le Liban participe à des conférences ou à des rencontres, c'est un autre sujet, qui concerne le gouvernement, le Président de la République, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères. Mais quant aux engagements, ils sont débattus au sein du Conseil des ministres.
Et nous affirmons en premier lieu que nous avons une position de principe (opposée à toute intervention américaine). Eh bien, pourquoi avons-nous cette position de principe ? Considérons donc le développement des événements.
Premièrement, parce que l'Amérique est selon nous la mère du terrorisme. Et si quiconque veut débattre de ce point, nous sommes tout à fait prêts à en discuter. L'Amérique est l'origine du terrorisme dans le monde. Pour tout acte terroriste qu'il peut y avoir dans le monde, recherchez la main de l'administration américaine derrière lui – je ne parle pas du peuple des États-Unis.
Deuxièmement, parce que les États-Unis sont les soutiens absolus de l'État terroriste sioniste. La cause du terrorisme dans notre région est l'existence de l'État d'Israël, qui bénéficie d'un soutien total des États-Unis : sur les plans militaire, sécuritaire, politique, économique, financier, légal – la moindre condamnation est interdite au Conseil de Sécurité par le véto américain dès qu'Israël est concerné.
Troisièmement, parce que les États-Unis ont créé ou contribué à la création de ces mouvements et groupes terroristes takfiris.
Quatrièmement, parce que les États-Unis n'ont pas l'autorité morale nécessaire pour être dignes de diriger une coalition contre le terrorisme. En réalité, ils n'ont jamais disposé de la moindre autorité morale. Ceux qui ont lancé des bombes atomiques contre le peuple japonais, commis des atrocités au Vietnam, qui ont toute cette histoire… Ceux qui tout dernièrement soutenaient Netanyahu durant la guerre de 50 jours contre la bande de Gaza et contre le peuple de Gaza, bombardant, détruisant, tuant des milliers de personnes, blessant des milliers de personnes, et déplaçant de leurs foyers des dizaines de milliers de personnes, ceux-là, cette administration américaine est moralement indigne de se présenter comme combattant le terrorisme ou comme étant à la tête d'une coalition internationale contre le terrorisme.
La question n'a rien à voir avec la lutte contre le terrorisme, absolument rien à voir. Le véritable objectif est le cinquième point, à savoir que cette coalition, comme le déclare le président Obama dans chacun de ses discours, est là pour défendre les intérêts des États-Unis. En quoi est-ce que la défense des intérêts américains nous regarde ? D'autant plus que la majorité de ces intérêts américains, sinon tous, se font aux dépens des intérêts de la région, des peuples de la région et des gouvernements de la région.
Est-ce que nous, le Liban, ou d'autres États, devons participer à une coalition menée par les États-Unis dans une guerre visant à défendre les intérêts américains dans la région ? C'est lui (Obama) qui s'exprime en ces termes, je ne lui attribue pas des propos qu'il n'a pas tenus. Il n'a pas dit qu'ils venaient défendre les minorités, les chrétiens, les musulmans, etc., jamais ! Tous ces massacres se produisent sous les yeux du monde entier, et depuis des années, non pas seulement durant ces quelques derniers mois. Mais ils n'ont pas réagi le moins du monde. Oui, ce n'est que lorsque la situation est devenu tellement grave qu'elle commençait à nuire aux intérêts des États-Unis qu’ils sont intervenus sous le couvert de la coalition internationale qu'ils ont créée. Nous n'avons aucun intérêt à combattre dans une coalition internationale de cette nature, ou à soutenir une coalition qui sert les intérêts américains aux dépens des intérêts des peuples.
Sixièmement, les Libanais ont le droit, de même que les Irakiens, les Syriens et tous les peuples de la région ont le droit de douter des intentions des États-Unis cachées sous cette prise de conscience et ce réveil, cette volonté de réunir le monde entier et de créer une coalition internationale (ce qu'ils ont fait), leur volonté de mener cette guerre qu'ils ont maintenant commencée. Est-ce que vraiment les Américains viennent de se réveiller, est-ce que leurs sentiments humanitaires ont été touchés ? Est-ce qu'ils ont vraiment été choqués par les tueries, les massacres, les déplacements de populations contraintes de fuir leurs maisons, les destructions de mosquées, d'églises, de mausolées, les crucifixions, etc. ? Est-ce que vraiment ils viennent tout juste de prendre conscience de ces réalités, et ont été poussés à créer cette coalition par leurs sentiments humanitaires ?
Ou est-ce qu'au contraire c'est pour les États-Unis l'occasion, le moyen, le prétexte d'occuper à nouveau la région, ou d'imposer la création de bases militaires qui ont été refusées par les Irakiens par le passé, et qu'ils pourraient maintenant à nouveau implanter en Irak ou dans certains pays de la région, ou d'imposer d’autres choix de ce genre ?
Je voudrais simplement rappeler aux Libanais – car c'est un sujet qui a été évoqué par le passé – qu’au début de la guerre de juillet 2006, lorsque nous recevions des messages par des intermédiaires visant à mettre fin à la guerre, on nous avait fait cette offre : premièrement livrez vos armes, toutes les armes de la Résistance ; deuxièmement, libérez les deux prisonniers israéliens sans délai et sans conditions ; et troisièmement, un point très important, acceptez la présence d'une force armée multinationale – pas des forces de la FINUL ou de l’ONU –, des forces multinationales qui seraient présentes dans le sud, le long des frontières entre le Liban et la Palestine, sur les frontières entre le Liban et la Syrie, à l'aéroport, dans les ports et sur les terres libanaises. C'est ce que nous avons rejeté durant la guerre de juillet (2006), et que nous avons fait échouer par le sang, les martyrs, la patience, les larmes, les blessures, les afflictions, la solidarité, etc.
Eh bien, qui nous assure que ce n'est pas ce qu'ils essaient à nouveau de nous imposer avec cette participation à la coalition internationale ? Dès que l'on devient membre de cette coalition internationale, nos aéroports, ports, cieux, eaux et territoires leur seront ouverts pour en faire des bases militaires pour l'OTAN et les États-Unis. Que deviendrait alors le Liban ? Que deviendrait alors le Liban ?
Les Libanais n'ont-ils pas le droit d'avoir des doutes ? De même qu'il y a un grand doute chez les Irakiens, qui se demandent si le but de ce réveil et de cet intérêt subit des États-Unis n'est pas de revenir pour implanter des bases militaires. Ils veulent revenir et créer des bases militaires permanentes, des aéroports, etc. Ils veulent imposer leurs conditions et garantir l'immunité de leurs soldats et officiers, comme ce qu'ils ont fait en Corée du Sud et ailleurs.
C'est pour cela, pour toutes ces raisons et pour d'autres encore que je n'évoque pas pour ne pas être plus long, que nous ne sommes pas favorables, que nous refusons que le Liban participe à la coalition internationale menée par les USA.
Et le Liban n'en a nul besoin. Premièrement, ce n'est pas dans l'intérêt du Liban, et le Liban s'exposerait à des dangers en participant à cette coalition.
Et je ne veux pas dire qu'il s'agit de se tenir à l'écart – je le précise pour qu'on ne nous accuse pas d'inconséquence. C'est tout autre chose. La désintégration au sein de ces groupes est manifeste.
Le Liban s'exposerait à des dangers en participant à cette coalition. Tel est le premier point.
Deuxièmement, le Liban n'a pas besoin de cette coalition. Il n'a pas besoin de participer à cette coalition, il n'a aucun intérêt à le faire.
D'aucuns pourraient objecter que nous affrontons actuellement ce danger au Liban. Mais les Libanais sont capables de faire face à ce danger. Nous sommes capables, en tant que Libanais, de faire face aux terroristes et au terrorisme. Et dès à présent, malgré les divisions politiques, malgré les surenchères politiques, malgré l'incitation sectaire et tout ce dont j'ai parlé dans la première partie, le Liban est toujours capable de faire face à ce danger, même avec ce niveau minimal de cohésion et de coopération au sein du gouvernement libanais – le gouvernement actuel –, oui, le Liban est capable d'y faire face avec son armée, ses forces de sécurité, son peuple, sa détermination et sa patience. Et même à l’avenir, oui, nous les Libanais serons capables de faire face à ce danger.
Oui, et de quoi avons-nous besoin ? Si quelqu'un veut faire appel à la communauté internationale, aux États-Unis ou aux membres de la nouvelle coalition internationale, alors voilà ce que nous demandons :
Premièrement, nous demandons à tous les pays – et pas seulement à ceux-là – de cesser de financer et d'armer les groupes terroristes qui ciblent le Liban et l'intérieur du Liban. Et je ne parle même pas de la Syrie ou de l'Irak, je parle du Liban. Je parle en tant que Libanais, au niveau national. Arrêtez d'armer, de financer, d'entraîner et d'envoyer des combattants qui ciblent le Liban – car cela se poursuit jusqu'à présent, et de la part de pays qui sont membres de cette coalition, cela se poursuit. Mettez-y fin, vous rendriez service au Liban. Vous voulez aider le Liban ? Votre cœur brûle pour le Liban et le peuple libanais ? Vous voulez protéger le Liban du terrorisme ? Voilà la première chose que vous devez faire.
Deuxièmement, soutenez au plus vite l'armée libanaise et les forces de sécurité, car c'est sur elles que tout repose, et que c'est avant tout la responsabilité de l'État.
Troisièmement, aidez le Liban à faire face au problème des réfugiés. Si le problème des réfugiés était résolu, cela éloignerait bien des dangers posés par les terroristes, le terrorisme, la sédition et tous les problèmes qui menacent la situation intérieure du Liban. Si quelqu'un veut aider le Liban, qu'il les aide sur ces trois points : 1/ arrêtez de financer et d'armer les terroristes ; 2/ soutenez et armez au plus vite l'armée libanaise et les forces de sécurité ; 3/ adressez le problème des réfugiés.
Et quant aux Libanais – c'est un point sur lequel je veux insister ce soir –, les Libanais sont capables de faire face à tout danger terroriste qui les cible.
Hier, les terroristes ont regroupé les soldats libanais (otages) dans un endroit, et l'un des terroristes s'est tenu parmi eux et s'est vanté en disant : « Si nous voulons, nous pouvons arriver à Beyrouth en quelques jours. » Non ! Non ! Vous ne pouvez ni parvenir à Beyrouth, ni nulle part. Inutile de nommer toutes les régions du Liban, non !
Les Libanais sont capables de défendre toutes les régions libanaises, à travers leur État, leur armée, leur solidarité, leurs sentiments patriotiques et leur responsabilité nationale – et j’exprime là une conviction absolue –, toutes les régions libanaises doivent être protégées, peuvent être protégées et seront protégées face à tout danger terroriste.
Toute région libanaise ne concerne pas seulement une confession, un parti ou un groupe spécifiques : c'est le territoire libanais, c'est le peuple libanais, ce sont des Libanais. Et tous les Libanais ont la responsabilité de se tenir unis, la main dans la main, pour empêcher que le terrorisme s'étende à toute région libanaise, quelle qu'elle soit.
Et je dis à nouveau que le gouvernement en premier lieu, l'État et l'armée, ainsi que tous les Libanais, nous devons tous être unis derrière l'État, derrière le gouvernement et derrière l'armée. Personne ne doit se comporter en se disant que si le danger terroriste s'étend militairement dans une région, il n'est pas concerné parce que ce n'est pas sa confession, sa région ou son parti politique qui sont attaqués. Ce serait une grave erreur, une erreur fatale.
Les Libanais doivent se rassembler, s'unir, la main dans la main, et ils pourront alors véritablement repousser le danger des terroristes et des takfiris de leur pays. Les Libanais sont forts. Nous sommes forts, nous ne sommes pas faibles, et personne ne peut nous menacer : ni d'une invasion, ni d'une prise de contrôle de territoire, ni de parvenir à Beyrouth ou n'importe où ailleurs. Car nous sommes toujours en vie, et personne ne peut intimider ainsi les Libanais. Et comme je l'ai dit par le passé, nous assumerons toujours nos responsabilités.