Comme depuis plus de 1600 ans, des millions de chrétiens orthodoxes célèbrent la fête de Meskel en Éthiopie. Meskel, la « Croix » en amharique, la langue nationale, est la célébration de la découverte de la Vraie Croix sur laquelle Jésus Christ a été crucifié.
En hommage, on allume des bûchers dans chaque quartier de la ville et dans tout le pays. À Meskel Square, la place principale d'Addis Abéba, la capitale éthiopienne, la fête bat son plein. Des milliers de personnes s'y rassemblent le 27 septembre de chaque année pour une très grande cérémonie religieuse.
Abune Mathias, élu 6ème Patriarche d'Éthiopie le 28 février 2013 |
Au IVème siècle après Jésus-Christ, sainte Hélène, mère du premier empereur romain chrétien, Constantin, serait partie à Jérusalem à la recherche de cette Croix.
Selon des recherches éthiopiennes, un vieil homme lui aurait dit que si elle allumait un bûcher, la fumée lui indiquerait son emplacement. Après avoir trouvé la Croix, sainte Hélène l’aurait divisée en plusieurs morceaux et l'un d'entre eux serait arrivé en Éthiopie au XIVème siècle dans un monastère situé dans les montagnes du Wollo, à l'est du pays.
Lors de la cérémonie, la couleur blanche prédomine. C'est la couleur que porte le patriarche de l'Église éthiopienne mais aussi celle des chrétiens éthiopiens (estimés à 45 millions sur une population d'environ 80 millions). Mais il y a aussi beaucoup de couleurs, du bleu, du rouge, du vert. Chaque tenue correspond à l'un des quartiers de la capitale.
Aujourd'hui le récent successeur de l'aboune Paulos, l'abune Mathias, le patriarche de l'Église éthiopienne conduit la cérémonie accompagné d'autres patriarches orientaux, de Syrie, d'Arménie, d'Inde… La fête atteint son paroxysme lorsque le patriarche éthiopien allume le bûcher. Des pétards et des feux d'artifices éclatent ensuite sur Meskel Square où chacun tient une bougie à la main ajoutant à la magnificence à cette fête. D'autres ensuite allument des buchers « tchibo » chez eux puis chantent des chansons traditionnelles jusque tard dans la nuit.
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Sainte Hélène, impératrice byzantine et mère de l'empereur Constantin (✝ 329)
Fille de domestiques et servante d'auberge, elle avait été choisie comme épouse de second rang par le centurion Constance Chlore qui la répudia vingt ans plus tard lorsqu'il devint César. Il la laissa dans un exil doré à Trèves avec son fils, né en Serbie à Nish. Il épousa une princesse impériale, mais se montra toujours bon pour sainte Hélène. Quand ce fils fut porté au trône impérial de Rome par ses légions stationnées en Gaule sous le nom de Constantin, le nouvel empereur ne cessa de combler d'honneurs sa mère et la fit venir à Rome, lui construisant un palais magnifique, lui conférant des monnaies frappées à son effigie, couronnée du diadème royal. Chrétienne, elle se rend en pèlerinage en Palestine où elle veut recueillir les précieuses reliques de la Passion et où elle lance la construction de trois basiliques pour protéger les Lieux Saints et les "grottes mystiques" chères aux chrétiens : celle de Bethléem, celle où le Christ fut déposé dans l'attente de la Résurrection, celle des enseignements. Elle meurt à Nicomédie au retour de la Terre Sainte. Elle fut transportée à Rome où l'on voit encore au Vatican le sarcophage de porphyre qui contient ses reliques.
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Souvenir personnel…
C'était en septembre 1973… Chaque soir, vers 18 heures, l'on pouvait croiser dans les rues d'Addis-Abeba la voiture de l'empereur Haïlé Sélassié se rendant à l'office religieux… Voici un pauvre billet de cinq dollars éthiopiens relique de cette époque, peu avant la barbarie communiste… qui en Éthiopie comme très souvent ailleurs en Afrique a précédé la sauvagerie sunnite… Asmara et l'Érythrée étaient encore dans l'Empire d'Éthiopie, malgré les chiftas qui dans le nord imposaient aux autorités un couvre-feu sévère…
« Échos de Forto » : un journal clandestin en Érythrée