Un Français d'Algérie qui a toujours aimé la France est mort. Alain Mimoun, de son vrai nom Ali Mimoun Ould Kacha, est mort jeudi soir à l’âge de 92 ans à l’hôpital militaire Bégin de Saint Mandé.
Ali Mimoun Ould Kacha est né le 1er janvier 1921 à Maïder (arrondissement du Télagh) dans le département d’Oran. Aîné d'une fratrie de sept enfants, issu d’une famille de modestes agriculteurs, sa mère Halima le destine à une carrière d’instituteur. Il obtient le certificat d’études primaires (avec mention « Bien »), mais on lui refuse malgré tout une bourse. Il s'engage alors dans l'armée au début de la Seconde Guerre mondiale, alors qu'il n'a pas encore 19 ans, et est envoyé sur la frontière belge. Après la débâcle, en 1940, il est pour un temps intégré au 19ème régiment du génie, à Besançon où il se livre à la pratique du sport : football, cyclisme… et enfin à la course à pied. Puis il va à Bourg-en-Bresse où il vient s'entraîner dans le stade. Là, le président du club d'athlétisme local, M. Vilar, le remarque. Il participe au championnat départemental de l'Ain et remporte l'épreuve du 1500 mètres. Muté en Algérie, à Alger, avec le 19ème régiment du génie, il intègre l'équipe de cross-country de l'unité, puis combat contre l'Afrikakorps lors de la Campagne de Tunisie (novembre 1942-mai 1943) sous les ordres du général Giraud. Dès juillet 1943, il participe à la campagne d'Italie comme caporal dans le 83ème bataillon du génie, au sein de la 3ème division d'infanterie algérienne du Corps expéditionnaire français commandé par le maréchal Juin. Grièvement blessé au pied par un éclat d'obus lors de la bataille du mont Cassin le 28 janvier 1944, il évite de justesse l'amputation de sa jambe gauche préconisée par les médecins américains et est soigné à l'hôpital français de Naples qui lui évite cette épreuve, puis participe néanmoins au débarquement de Provence (15 août 1944). Son bataillon y gagnera la Croix de guerre avec quatre citations. Après le conflit, il devient garçon de café au Racing club de France à la Croix-Catelan et habite un modeste deux pièces au 127, avenue Simon-Bolivar à Paris.
Avec Alain Mimoun, immense champion des années 1940 et 1950, c'est un pan de l'histoire de l'athlétisme qui a disparu jeudi soir. Champion olympique le 1er décembre 1956 du marathon, dans la chaleur de Melbourne (36°C à l'ombre), avec un simple mouchoir blanc sur la tête comme seule protection et alors que l'on promettait le titre à son rival éternel et grand ami Emil Zatopek. Après sa victoire en 1956, il déclara : « Je compare ma carrière à un château : ma médaille d'argent de Londres, ce sont les fondations ; mes 2 médailles d'Helsinki, ce sont les murs; ma médaille d'or de Melbourne, c'est le toit. » Mimoun, demeure le plus grand coureur français de tous les temps.
Alain Mimoun a toujours été l'exemple même de l'intégration dans une Algérie française… Alain Minoun, symbole, a su toujours défendre les symboles de la Nation française, le drapeau mais aussi le Coq gaulois !
Le symbole du Coq gaulois a été utilisé pendant des années pour représenter la nation française, il est présent sur les maillots des sportifs dans les compétitions internationales. En 1997, le CNOSF décida de retirer cet emblème du logo officiel. Beaucoup de personnalités se sont élevées contre cette décision ; Mimoun fut leur porte-parole.
Dans les années 1950 et 1960, il était de mise, pour encourager un jeune sportif dans les compétitions, que ses camarades lui lancent : « Allez Mimoun ! ».
Alain Mimoun a une passion pour l'histoire de France perceptible dans l'aménagement de son pavillon de Champigny-sur-Marne (Val-de-Marne) où l'on trouve des références au chevalier Bayard, à Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus et aux papes Jean XXIII et Jean-Paul II. Alain Mimoun est un fervent catholique ; le champion olympique s'est fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze.
Décoré de la Légion d'honneur
Sa soif de reconnaissance légitime d'un pays, la France, qu'il a toujours considéré comme le sien, sera finalement assouvie quand quatre présidents de la République le décoreront de la légion d'honneur : René Coty en 1956 (chevalier), Georges Pompidou en 1972 (officier), Jacques Chirac en 1999 (commandeur) et Nicolas Sarkozy en 2008 (grand officier).
En décembre 2012, le journal l’Équipe, qui l'avait sacré champion des champions en 1949 et 1956, lui avait remis son premier trophée de champion des champions de légende. Lorsqu'il avait reçu chez lui les représentants du journal l’Équipe, à Champigny-sur-Marne, il se remémorait ainsi l'apothéose de sa vie de champion, à Melbourne, au lendemain de la naissance de sa fille Olympe : « Quand le drapeau français a été hissé, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté. Le lendemain, il flottait encore. C'est un destin fantastique, non ? » Assurément Monsieur Mimoun.
Les médias francs-maçons et socialo-communistes ne vont pas s’étendre sur sa vie, l'exemple d'Alain Mimoun n'étant pas leur tasse de thé, lui préférant des histrions raisonneurs crachant dans la soupe… comme Djamel Debouze.