Monsieur le Président, hier, comme de nombreux Français, je me suis rendu à Paris pour manifester, non contre des personnes, mais contre une loi inique que je combattrai autant que Dieu me prêtera vie. Je suis prêtre catholique et fier de l’être malgré mon indignité. Certains pensent que la place d’un prêtre n’est pas dans une manifestation. Dans ce cas, nous étions nombreux hier à n’être pas à notre place si j’en juge par les nombreux confrères croisés dans la foule, y compris certains évêques. Mais pourquoi ne serions-nous pas à notre place ? Ne vient-on pas chercher notre bulletin de vote quand il s’agit d’élection ? Sommes-nous devenus des citoyens de second rang ? La place du Pasteur est d’être avec son troupeau, surtout lorsque celui-ci est menacé par des lois qui visent à le détruire.
Il y a un mois, après une autre manifestation, j’ai écris à votre Ministre de l’Intérieur une lettre à laquelle il n’a pas daigné répondre. Dans cette lettre, je disais ceci : « En tant que prêtre catholique, je rencontre beaucoup de personnes, et notamment beaucoup de jeunes qui commencent à être à bout et qui pourtant sont très loin d’être des extrémistes. Je m’efforce, car c’est mon devoir, de les apaiser, mais je sens bien que cela ne va plus être possible très longtemps. Étant donné que vous êtes responsable de l’ordre intérieur du pays, je tiens à vous le signaler, afin que vous ne puissiez dire que vous n’étiez pas au courant. » Ces propos, je vous les adresse cette fois à vous, Monsieur le Président. Ces jeunes sont de plus en plus à bout, mais leur résistance n’est pas celle de ceux qui ont fait Mai 68 ! Ils ne sont pas violents, mais ils sont vigilants et ils veillent. Leur lutte est la défense de la vérité. Ma place est d’être parmi eux, de les former et de les soutenir dans la résistance qu’ils mènent pour préserver leur avenir.
« Les mots ont toujours un sens. Il faut leur donner leur signification. La Résistance, c’était par rapport au nazisme, à l’Occupation », avez-vous déclaré devant des journalistes à l’issue d’une visite au lycée Buffon. Depuis quand le terme “résistance” est-il réservé dans le dictionnaire à une époque de l’Histoire ? A-t-il un label 1939-1945 ? « Nul n’a le droit d’utiliser ces mots, dites-vous, pour défendre des idées – si on peut appeler ça des idées – d’aujourd’hui. » Vous avez bien raison de souligner : « si on peut appeler ça des idées », car pour eux, à la différence de leurs aînés de Mai 68, il ne s’agit pas d’idéologie, mais de réalité, de vérité. Vous avez condamné ceux « qui utilisent les mots de la Seconde Guerre mondiale, la lutte contre le nazisme, à des fins qui n’ont plus rien à voir avec ce que ces mots, justement, ont signifié ». N’y a-t-il plus de dictature de nos jours ? Ou auriez-vous donc peur que ces jeunes vous accusent de dictature ? Trop tard, ils le font déjà, et ce n’est pas moi qui irai leur dire qu’ils ont tort.
Monsieur le Président, si les mots ont un sens, pourquoi le mot “mariage”, qui désigne l’union d’un homme et d’une femme, a-t-il perdu cette signification par votre seule volonté et celle d’un lobby ? Vous avez tout fait pour en pervertir le sens et ainsi permettre à une union qui n’a rien de naturelle d’en prendre le nom, et vous osez dire aujourd’hui à ces jeunes qu’ils n’ont pas le droit d’utiliser le mot de “résistance” ! Oui, Monsieur le Président, les mots ont un sens. Et si vous voulez me traiter d’homophobe parce que j’écris que cette union n’a rien de naturelle, je vous réplique tout de suite en vous disant que je ne m’attaque pas aux personnes (que je respecte), ce que signifie l’accusation d’homophobie, mais à des actes qui, que vous le vouliez ou non, sont intrinsèquement mauvais et ne peuvent en aucun cas être assimilés à l’union matrimoniale.
Monsieur le Président, ces jeunes je les aime et je suis prêt à mourir pour les défendre. Si je leur enseigne que le Christ a dit : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », je leur dit aussi que, par la voix du premier Pape, il a affirmé haut et clair : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes ». Si vous vous attaquez aux jeunes et aux familles, alors il vous faudra d’abord passer sur mon corps et sur les corps de beaucoup de prêtres.
Recevez, Monsieur le Président, l’assurance de mon respect pour votre fonction
et de mes prières pour votre personne.
Abbé François-Marie Blaïn du Poët+