Un meurtre particulièrement odieux… Un meurtre qui s’inscrit dans une longue série… Mais celui-là dépasse en horreur tous les précédents… La victime, une religieuses de 82 ans qui aimait Madagascar et les Malgaches, leur avait tout donné, leur avait consacré sa vie…
Madagascar reste une île, ses habitants des insulaires, avec tous les défauts des insulaires… Un étranger quelques soient ses efforts, sa bonne volonté y restera toujours un étranger… Les Malgaches, comme beaucoup d’insulaires, considèrent leur île comme la plus belle de la Création… Tout étranger y restera à jamais redevable de l’accueil reçu, quelques soient les conditions de cet accueil… Tout étranger y restera un otage : au mieux seulement cible de chantage, seulement proie privilégiée de la corruption, et bien sûr toujours susceptible d’y laisser tôt ou un peu plus tard sa vie…
Un crime qui vient s’ajouter à la longue série de messages déjà publiés sur ce site dans la rubrique « Madagascar, île de naufrageurs ». Et pourquoi ne pas inclure Madagascar dans notre rubrique « Suicide, mode d’emploi » ? « Suicide, mode d’emploi : allez "vivre" à Madagascar ! »… Vous y dépendrez étroitement de votre entourage malgache le plus proche : épouse, maîtresse, amant, associé, gardien… Ils seront maîtres de la paix que directement ou par intermédiaire vous aurez à acheter… ils seront maîtres de votre vie… C’est par eux qu’immanquablement vous serez trahis…
Dites-vous bien que jamais vous n’aurez, dans le temps, de relation seulement avec un individu… Auront toujours la préséance une famille voire de mauvaises relations pour qui l’étranger ne sera qu’un élément dérangeant, un otage, une proie… Quoique que vous fassiez, d’une façon ou d’une autre, votre comportement vous singularisera, vous enfreindrez inexorablement les règles du fihavanana… Votre générosité ne vous apportera aucun mérite, vos ressources aussi maigres soient-elles seront estimées illimitées… Vous réfugier alors derrière un statut de « poule aux œufs d’or » ? Ce serait illusoire : les Malgaches ne connaissent pas Jean de la Fontaine et encore moins la morale de ses fables…
Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir Extrait des Jubilaires de 2012 |
Sœur Marie Emmanuel Helesbeux, de la communauté de la Providence de Ruillé sur Loir (présente à Madagascar depuis 1964), a été assassinée le 1er mars 2013 à Mandritsara. Elle y travaillait en tant qu'infirmière et avait consacré 60 ans de sa vie en tant que religieuse.
Âgée de plus de 82 ans, Sœur Marie Emmanuel Helesbeux vivait à Madagascar depuis le début des années 1970. Il existe, dans la Grand île, une quarantaine de Sœurs de la Providence de Ruillé sur Loir réparties dans les diocèses de Port-Bergé, Mahajanga et Antananarivo.
Julien Razafimanazato* : "Je voudrais témoigner"
Sœur Emmanuelle a été assassinée, samedi dernier, à Mandritsara, dans le nord de Madagascar, la ville dont je suis originaire.Elle avait 82 ans.Religieuse, de nationalité française, appartenant à la communauté de la Providence, elle était infirmière depuis plus de trente ans à l'hôpital de Mandritsara. Connue de tous, au service de tous, elle apportait soins et réconfort à chacun.J'avais à peine 9 ans lorsque je l'ai rencontrée pour la première fois avec mes parents à l'hôpital. Elle me soigna pendant plusieurs jours avec tendresse et je fus guéri, ce que je n'oublierai jamais.Aujourd'hui ma ville est en deuil, les rideaux sont baissés et la population accompagne Sœur Emmanuelle jusqu'à sa dernière demeure.Ce crime odieux car elle fut assassinée, loin de son domicile, seule et sans défense, est une atteinte à chacun d'entre nous, où que nous soyons, Malgache ou citoyens du monde.*Julien Razafimanazato est né à Mandritsara. Il a été ministre de l'Éducation Nationale. Très engagé, il contribue à la sortie de crise de Madagascar avec la Communauté internationale.
* *
*
« C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le meurtre de Mme Helesbeux, survenu le 1er mars à Madagascar.
Nous présentons nos sincères condoléances à sa famille ainsi qu’à ses proches.
Soeur de la Communauté de la Providence, Mme Helesbeux était pleinement investie auprès de la population de Mandritsara, dans le Nord de Madagascar, où elle travaillait comme infirmière depuis de nombreuses années.
Les services de l’ambassade de France à Madagascar sont en relation avec les enquêteurs du commissariat de Mandritsara. Nous espérons que l’enquête ouverte sur place permettra rapidement de faire la lumière sur ce meurtre particulièrement odieux ».
Philippe Lalliot, porte-parole du Quai d'Orsay
Trois Malgaches ont avoué avoir tué sœur Emmanuel, 82 ans, retrouvée morte samedi matin sur un marché aux zébus à Mandritsara, dans le nord-est de Madagascar, a annoncé ce dimanche la police locale.
« On a arrêté trois personnes, dont un ancien gardien de sœur Emmanuel, entre samedi et ce dimanche matin.
Les trois hommes ont avoué avoir tué la religieuse pour des questions d'argent », a déclaré le commissaire de police de Mandritsara. « Selon l'expertise, elle a été frappée avec une branche d'arbre sur le côté gauche du visage » et son cou portait des traces de strangulation, a ajouté celui-ci. Les trois suspects doivent être déférés mardi au parquet de Mandritsara.
Son gardien s'était accaparé ses biens
Le corps de sœur Emmanuel avait été découvert loin de chez elle, sur un marché aux zébus, samedi à l'aube. À la vue du corps, les habitants ont immédiatement alerté les médecins de l'hôpital public où elle avait travaillé comme infirmière pendant une trentaine d'années.
Soeur Emmanuel avait remis l'équivalent de 170 € à son ancien gardien pour qu'il s'occupe de la vente de quatre maisons lui appartenant mais ce dernier aurait refusé, selon les premiers éléments de l'enquête. L'homme s'était approprié les biens de soeur Emmanuel sans son aval, en les mettant à son propre nom et il ne souhaitait plus vendre les maisons, déjà en location, selon ses premiers aveux recueillis par la police de Mandritsara.
Elle fournissait des médicaments aux plus pauvres
Sœur Emmanuel, qui habitait cette petite ville depuis de nombreuses années, était connue pour sa générosité. À la retraite, elle tenait une pharmacie et continuait d'aider les pauvres en faisant don de vêtements et de vivres. « Elle avait beaucoup de médicaments qu'elle vendait à un dixième du prix du marché », raconte sœur Anne Françoise, une amie de la religieuse. « Tous ceux qui n'avaient pas d'argent venaient la voir, et selon leurs moyens, ils payaient la moitié du prix ou alors ne payaient pas. Maintenant, il n'y aura plus personne pour soigner les nécessiteux gratuitement », a déploré Eric Benty, commissaire de police.
C'était « une femme mince et de petite taille que tout le monde aimait beaucoup à Mandritsara. Maintenant ça devient compliqué car les habitants veulent tuer les coupables », a ajouté le commissaire de police. « Ça fait quarante ans que je la connais, on a construit un pavillon pour lépreux ensemble à Mandritsara, c'était quelqu'un de très dévoué, on est atterré par ce qu'il s'est passé », a déclaré de son côté soeur Claire Dominique, responsable d'un centre de santé à Madagascar.
La population en colère contre les suspects
Des centaines de personnes manifestaient dimanche aux abords du commissariat où les trois hommes sont gardés à vue. « C'est l'émotion qui les anime. Les rues sont noires de monde et on essaie de disperser les manifestants, ils sont très en colère, on a dû renforcer la sécurité autour du commissariat », a déclaré le capitaine commandant de la compagnie territoriale de la gendarmerie.
Après une veillée funéraire au siège de la communauté de la Providence à laquelle appartenait sœur Emmanuel, ce lundi 4 mars ses obsèques ont été célébrées en l’église catholique de Mandritsara où un millier de personnes s’étaient massées sur le parvis en plein soleil.
* *
*
Manifestation contre les meurtriers de sœur Emmanuel
Meurtre d'une sœur : Tension extrême à Mandritsara |
Une personne a été tuée et deux autres blessées ce mardi 5 mars à Mandritsara quand les gardes pénitentiaires de la prison abritant les hommes suspectés d'avoir assassiné sœur Emmanuel ont tiré sur la foule qui manifestait.
"Il y avait plusieurs centaines de personnes, voire plus d'un millier, qui ont failli envahir la prison avec des projectiles, on n'a rien pu faire parce qu'on n'a pas de grenade (lacrymogène), les gardes pénitentiaires ont tiré pour se protéger, il y a eu un mort et deux grièvement blessés", a indiqué le commandant de la compagnie territoriale de la gendarmerie, le capitaine Léon Andriamanantena.
Durant la manifestation, des casseurs armés de pierres et de bâtons ont pillé plusieurs boutiques tandis que les maisons des trois hommes suspectés du meurtre de sœur Emmanuel ont été incendiées dans la nuit de lundi à mardi, selon la police. "Nous n'avons arrêté personne pour éviter la colère de la foule", a noté le commissaire de police Éric Benty.
Un calme précaire est revenu après qu'une quinzaine de manifestants aient obtenu l'autorisation de pénétrer dans l'enceinte de la prison pour vérifier que les trois suspects avaient bien quitté les lieux. Les trois hommes ont été à nouveau transférés "loin, très très loin de Mandritsara lundi soir 4 mars", déclare Éric Benty, refusant plus de précisions.
Des assassins qui sans doute ne doivent la vie sauve qu'au fait que plusieurs journaux étrangers aient largement répercuté la nouvelle de ce crime odieux… Habituellement la police malgache intervient peu face à une foule déchaînée contre des criminels voire de simples voleurs… Il est encore fréquent qu'à Analakely un malfaiteur soit lynché brûlé vif emboudiné dans de vieux pneus…
Madagascar, funeste île de Naufrageurs… nouvel épisode tragique d'une série sans fin…
Madagascar… île des Naufrageurs… Défense de s'échapper…
Suicide, mode d'emploi… et pourquoi pas un millepatte…
Suicide, mode d'emploi… ne pas oublier les crocodiles…
Suicide, mode d’emploi : allez "vivre" à Madagascar !
Madagascar : Deux voleurs lynchés à mort par une foule en colère
Madagascar : Andohalo - Un voleur de voiture lynché par la foule
Farafangana : Quatre bandits lynchés à mort
86 voleurs de bœufs lynchés à mort à Madagascar